Des moutons dans la ville

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Des moutons dans la ville
13/06/12
Des moutons dans la ville
Elena Perez et Lise Wittamer questionnent le conformisme : “Les
Moutons” à la Balsa.
C’est à l’Insas qu’elles se sont connues, développant au fil de leur parcours un
partenariat privilégié. Un séminaire d’improvisation et d’écriture autour de l’univers de
Rodrigo Garcia a fait naître un duo de travail - et deux moutons. Derrière lesquels il n’est
pas interdit de déceler l’ombre du "Génie des alpages", délicieuse et délirante BD de
F’murr.
Le duo, donc. Cette configuration - forme dialectique idéale - permet de confronter une
pensée à une autre, d’observer les similitudes et les oppositions, d’imaginer des
situations diverses, d’en référer à l’imaginaire collectif et au pesant d’humour et
d’absurdité lié au tandem. A qui pensent-elles ? À Laurel et Hardy, à Dewaere et
Depardieu dans "Les Valseuses", à Jennifer Saunders et Joanna Lumley dans "Absolutely
Fabulous". Quant à l’écriture, Elena Perez et Lise Wittamer s’y attellent aussi à deux,
avec pour seules contraintes les leurs.
Et le mouton, dans tout ça ? Souvent tenu pour un animal grégaire, passif, pesant, il est
associé au troupeau ; si l’humain lui ressemble parfois, c’est par sa propension au
conformisme. Pour l’horoscope chinois, en revanche, soulignent les comédiennes, "le
mouton feint de capituler et de se soumettre, puis, il triomphe par son action
subversive".
L’animalité et la bêtise se retrouvent dans le terme de "bête" comme dans le spectacle.
Où les deux moutons, un blanc et un noir, nommés également Corinne, s’autorisent une
impudique spontanéité tout en offrant aux actrices d’aborder la question de l’intelligence,
le rapport de la ville à la campagne, ainsi que la féminité qui n’est ici ni camouflée ni
proclamée.
Plus fragmentaire que linéaire, le scénario des "Moutons" emprunte à divers auteurs - de
Jean-Paul Sartre à Rodrigo Garcia, en passant par Henry Miller - des citations mêlées de
dictons. Pour autant, "nous voulons donner une parole contradictoire et empirique
dénuée de toute vérité moralisante", disent Elena et Lise. "Nos moutons n’acceptent pas
les réponses divines. Ils n’ont qu’un seul référent : l’homme. Et c’est cette fascination qui
les mènera ailleurs. Cet idéal leur permettra au moins de chercher." L’utopie et la
naïveté, le conformisme, la lenteur, voire la paresse, mais aussi l’apparence sont ainsi en
question dans cette création de la Schieve Compagnie, à laquelle prennent également
part Renaud Garnier-Fourniguet (musique), Mathieu Chevallier (scénographie), Olivier
Boudon (conseil artistique).
Auparavant, le 15 juin, Claude Schmitz se sera prêté à l’exercice du dernier "Salon des
refusés" de la saison à la Balsa - "Cérémonie d’adieu ou d’enterrement, vernissage, suite
et fin" - suivi d’une after party avec le groupe ExcuseExcuse.
M. Ba.