Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée

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Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée
DOSSIER DE PRESSE
MUSÉE CANTONAL DES BEAUX-ARTS DE LAUSANNE
Lausanne,
janvier 2014
Vous êtes cordialement invités à participer à la conférence de presse
le jeudi 30 janvier 2014 à 11h
Giacometti, Marini, Richier.
La figure tourmentée
31 janvier - 27 avril 2014
INFORMATIONS
PRATIQUES
Vernissage
Jeudi 30 janvier 2014 à 18h30
Commissaire
de l’exposition
Camille Lévêque-Claudet, conservateur
Contact presse
Loïse Cuendet
[email protected]
Tél. direct: +41 (0)21 316 34 48
Visuels pour la presse sur demande
Adresse
Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne
Palais de Rumine, place de la Riponne 6
CH-1014 Lausanne
Tél.: +41 (0)21 316 34 45
Fax.: +41 (0)21 316 34 46
[email protected]
www.mcba.ch
Horaires
Mardi – mercredi: 11h – 18h
Jeudi: 11h – 20h
Vendredi – dimanche: 11h – 17h
Fermé le lundi
Vendredi saint: 11h – 17h
Lundi de Pâques: 11h – 17h
Tarifs
Adultes: CHF 10.–
Retraités, étudiants, apprentis: CHF 8.–
Jeunes jusqu’à 16 ans: gratuit
Premier samedi du mois: gratuit
Accès
Métro M2: station Riponne – Maurice Béjart
Bus 1, 2: arrêt Rue Neuve
Bus 7, 8: arrêt Riponne
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Giacometti, Marini, Richier.
La figure tourmentée
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L’EXPOSITION
Alors qu’ils prennent leurs distances avec la représentation académique du
corps et avec la tradition figurative illusionniste, Giacometti, Marini et Richier
réfléchissent à des modes nouveaux de figuration, pour exprimer et rendre
leur vision de l’être humain.
Le Suisse Alberto Giacometti, l’Italien Marino Marini et la Française
Germaine Richier débutent leur cursus académique dans leur pays respectif
avant d’être attirés – comme de nombreux artistes – par Paris qui, dans
l’entre-deux-guerres, conserve encore son statut de capitale intellectuelle et
artistique mondiale.
De leurs années d’apprentissage jusqu’à celles de leurs dernières créations, aussi bien dans le domaine de la sculpture que dans ceux des arts
graphiques et de la peinture, la figure demeure l’objet principal de leurs
recherches. Modeler têtes et corps est pour eux source de préoccupations
et de difficultés. Pourtant, dans un contexte dominé par l’abstraction – dont
ils auraient pu emprunter la voie –, Giacometti, Marini et Richier vont persister
dans leur refus de renoncer à la figuration.
L’exposition souhaite montrer, à partir d’exemples choisis dans la production
sculptée de chacun des artistes, comment Giacometti, Marini et Richier,
confrontés à l’impossibilité de persévérer dans une représentation traditionnelle de la figure, proposent de «nouvelles images de l’homme». Ces
images, ils les modèlent dans la terre ou dans le plâtre, à partir des formes
et des genres classiques de la tête, du buste, de la figure en pied et, dans le
cas de Marini, du portrait équestre.
De l’Homme qui chavire d’Alberto Giacometti au Cri de Marino Marini, en
passant par l’Orage de Germaine Richier, l’exposition présente les réponses
que les trois artistes ont pu proposer aux questions de la perception du
corps, de l’expression de l’échelle, de la traduction du mouvement, ou
encore du rapport entre les figures et l’espace.
À une époque où domine l’esthétique du lisse, l’emploi de formes arrondies, et
parfois transparentes, cette exposition invite à réévaluer leurs propositions
plastiques et à faire expérience du combat qu’ils mènent avec la matière,
une matière repoussée ou arrachée, qui conserve l’empreinte du doigt ou
de l’outil.
Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée est l’occasion de voir
réunies à Lausanne 70 sculptures et œuvres graphiques de ces trois
artistes d’importance internationale, en provenance de prestigieuses collections
publiques et privées, suisses et européennes.
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ALBERTO
GIACOMETTI
1901_ Naissance à Borgonovo (Stampa) dans les Grisons (Suisse).
1919_ Interruption de ses études secondaires pour entrer à l’École des beaux-arts, puis à l’École des arts et métiers de Genève.
1922_ S’installe à Paris pour étudier la sculpture. Giacometti suit les cours d’Antoine Bourdelle à l’Académie de la Grande Chaumière jusqu’en 1925.
1929_ Par l’intermédiaire de la galeriste Jeanne Bucher, rencontre Jean Cocteau, André Masson et les Noailles. Giacometti se rapproche du groupe surréaliste.
1931_ Participe aux expositions et publications du groupe surréaliste.
1932_ Première exposition personnelle à la Galerie Pierre Colle à Paris.
1934_ Première exposition personnelle à la Julien Levy Gallery à New York.
1935_ Giacometti est exclu du groupe surréaliste.
1936_ Le Palais à 4 heures du matin est acquis par le MoMA. C’est la première œuvre de l’artiste à entrer dans les collections d’un musée. Pierre Matisse devient son galeriste aux États-Unis.
1941_ Rencontre Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Il se rend en Suisse où il restera pendant la guerre. Il partage son temps entre Genève, où il fréquentera le cercle réuni par Albert Skira, Maloja et Stampa.
1945_ Retour à Paris en septembre.
1948_ Rétrospective de son œuvre depuis 1934 à la Pierre Matisse Gallery à New York.
1956_ Rétrospective à la Kunsthalle de Berne et participation à la XXVIIIe Biennale de Venise.
1962_ Exposition personnelle à la XXXe Biennale de Venise, où il remporte le Grand Prix de sculpture. Rétrospective au Kunsthaus de Zurich.
1966_ Meurt le 11 janvier à Coire, dans les Grisons, à l’âge de 64 ans.
MARINO
MARINI
1901_ Naissance à Pistoia, en Toscane (Italie).
1917_ À l’Académie des beaux-arts de Florence, il suit les cours de dessin et de peinture de Galileo Chini. Marini est marqué par une brève rencontre avec Auguste Rodin.
1919_ Premier voyage à Paris. Il découvre les œuvres de l’avant-garde parisienne.
1922_ Étudie la sculpture auprès de Domenico Trentacoste à l’Académie des beaux-arts de Florence. L’art en Italie centrale depuis les Étrusques compte beaucoup dans sa formation artistique.
1929_ Départ pour Milan. Il succède à Arturo Martini à la chaire de sculpture de l’Institut supérieur des industries artistiques de Monza, où il
enseignera jusqu’en 1940.
1934_ Voyage en Allemagne. Il est profondément marqué par la statue équestre de la cathédrale de Bamberg, dite le Cavalier de Bamberg.
1937_ Voyage en Europe. Grand Prix à l’Exposition universelle de Paris.
1941_ Enseigne à l’Académie de Brera à Milan.
1942_ Les violents bombardements d’octobre et la destruction de l’atelier du sculpteur poussent l’artiste à fuir Milan. En décembre, il se réfugie en Suisse, à Tenero, au Tessin. Pendant son exil en Suisse, Marini se rend fréquemment à Zurich et Bâle, où il retrouve Otto Charles Bänninger, Germaine Richier, Fritz Wotruba et Hermann Haller.
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1944_ Exposition avec Richier et Wotruba au Kunstmuseum de Bâle, puis l’année suivante à la Kunsthalle de Berne.
1948_ De retour à Milan après la guerre, il s’installe dans un nouvel atelier et reprend son enseignement à l’Académie de Brera. Consécration à la XXIVe Biennale de Venise où il dispose d’une salle personnelle. Curt Valentin devient son marchand aux États-Unis.
1954_ Décès de Curt Valentin. Pierre Matisse devient son marchand new-
yorkais.
1955_ Participation à la première Documenta de Cassel avec cinq bronzes.
1962_ Rétrospective qui réunit plus de deux cents œuvres au Kunsthaus de Zurich.
1980_ Meurt le 6 août à Viareggio, à l’âge de 79 ans.
GERMAINE
RICHIER
1902_ Naissance à Grans (Bouches-du-Rhône, France).
1926_ Termine ses études à l’Ecole des beaux-arts de Montpellier. En octobre, elle monte à Paris et fréquente les cours d’Antoine Bourdelle, dont elle devient l’élève particulière.
1929_ Bourdelle meurt en octobre. En décembre, Richier épouse le sculp-
teur suisse Otto Charles Bänninger, praticien de Bourdelle.
1934_ Première exposition personnelle à la Galerie Kaganovitch à Paris.
1937_ Présente ses travaux à l’Exposition universelle et obtient une mé-
daille d’honneur pour sa sculpture La Méditerranée.
1939_ Participe à la Foire internationale de New York. Elle mène une acti-
vité intense à l’atelier et multiplie les rencontres dans le quartier du Montparnasse. En septembre, à la déclaration de la guerre, Richier est en vacances à Zurich où elle décide de rester. Elle retrouve en Suisse durant cette période Alberto Giacometti, Marino Marini, mais aussi Cuno Amiet, Jean Arp, Le Corbusier, Fritz Wotruba et Max Kaganovitch. L’artiste ouvre un atelier et y forme des élèves.
1944_ Expose au Kunstmuseum de Bâle avec Marino Marini, Fritz Wotruba et Arnold D’Altri.
1945_ Participation à une exposition de groupe au Kunsthaus de Zurich ainsi qu’à la Kunsthalle de Berne, avec notamment Marini et Wotruba.
1946_ Partage sa vie entre Zurich et Paris, où elle reprend possession de son atelier. Richier y forme des élèves dont beaucoup viennent de Suisse, où sa notoriété est grande.
1948_ Première exposition personnelle en France après la guerre, à la Galerie Maeght à Paris.
1951_ L’éditeur lausannois André Gonin publie Une saison en enfer et Illuminations de Rimbaud, ouvrages illustrés par des eaux-fortes de Richier.
1954_ Divorce d’avec son premier mari et se remarie avec l’écrivain et poète René de Solier. Première exposition particulière aux États-Unis, à Chicago, à la Allan Frumkin Gallery.
1956_ Exposition au Musée national d’art moderne à Paris.
1959_ Meurt le 31 juillet 1959 à Montpellier.
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LA PUBLICATION
Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée
Textes de Casimiro Di Crescenzo, Angela Lammert,
Camille Lévêque-Claudet et Maria Teresa Tosi
160 pages, 24 x 28 cm, 90 illustrations couleur
Edité par le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne et 5 Continents,
Milan, 2014
Prix : CHF 38.- / € 31.Après l’exposition : CHF 50.Commande au Musée cantonal des Beaux-Arts, frais de port en sus
» Giacometti, Marini et Richier ne peuvent plus représenter l’homme comme
le firent leurs prédécesseurs. L’enseignement de Bourdelle, les recherches
des avant-gardes auxquelles il s’est essayé, ne permettent pas à Giacometti
de restituer dans la matière ce qu’il voit. Les certitudes de Marini et de
Richier sont ébranlées par l’anéantissement de l’image de l’homme après
le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale. Comment, dorénavant,
représenter l’homme «que je vois» ? Telle est la question posée par ces
trois artistes à travers leurs œuvres où se lisent tâtonnements, recherches
et expérimentations, rarement en abandonnant la figuration et presque
toujours à partir des formes traditionnelles de la sculpture. L’abstraction ne
pouvait être pour eux la solution. Giacometti en avait fait l’expérience et en
avait perçu les limites. Marini et Richier ont mené quelques tentatives de
géométrisation des formes frôlant l’abstraction, mais ils ne s’aventurent pas
dans une voie aussi radicale. Pour la première, le modèle est trop important
pour qu’elle puisse y renoncer; quant au second, concevant son art comme
lié au monde contemporain, il ne peut se passer des corps et des têtes dans
lequel celui-ci se reflète. La quête de Giacometti est plastique: sa figure
naît du rapport entre son œil, sa main et l’espace dans lequel elle lui apparaît.
Celle de Marini et Richier est philosophique: ils fouillent la matière pour
trouver l’essence de l’homme. Que voit notre œil de spectateur ? Un être
hybride, une tête minuscule, une figure élancée, un corps tourmenté, des
traits déchirés: un homme dont l’essence, l’identité, la matérialité, la taille et
la place dans l’espace sont repensés.
Camille Lévêque-Claudet, Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée,
«La figure en question», p. 17.
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LE PARCOURS
Section 1
Traditions
et ruptures
Pendant leur formation académique et auprès du maître à l’atelier, les trois
artistes copient et modèlent le corps humain d’après nature. Germaine
Richier introduit dans son travail des notes discordantes, notamment par un
traitement irrégulier des surfaces dans des œuvres plus proches des nus
sculptés d’Edgar Degas que des corps lisses et froids d’Aristide Maillol.
Alberto Giacometti multiplie les aller-retour entre travail de mémoire et
d’après modèle tout en mettant les courants d’avant-garde au service de sa
quête: représenter l’homme tel qu’il le voit.
Section 2
Du mouvement
au déséquilibre
L’expression du mouvement est très importante dans les œuvres de
Germaine Richier, notamment dans ses figures hybrides où le mouvement
est matérialisé par un savant et original système de fils métalliques. Dans
l’œuvre d’Alberto Giacometti L’homme traversant une place par un matin
de soleil, la figure est en mouvement, avançant dans l’espace. Déstabilisé,
renversé ou perdant l’équilibre, l’Homme qui chavire est interrompu dans sa
marche par la chute. Alors que dans les années 1930 les figures équestres
de Marino Marini avancent dans un mouvement sûr et régulier, dans les
années de l’après-guerre cavaliers et montures sont inexorablement déstabilisés par le poids des évènements.
Section 3
Corps fragmenté,
corps écorché
Alberto Giacometti, Marino Marini et Germaine Richier abandonnent très
vite les surfaces lisses et les formes cernées. La belle matière est mise à
mal. Comme leurs contemporains Fautrier ou Dubuffet, ils se confrontent
physiquement avec les matériaux. Les trois artistes fragmentent le corps.
Alors que chez Richier la fragmentation se fait mutilation violente, chez
Marini il s’agit d’une approche plus esthétique, reflet de son intérêt pour les
restes archéologiques. Avec le fragment, Giacometti s’engage dans une
nouvelle étape de sa quête, lui qui, lorsqu’il est confronté à la vision d’une
figure proche, ne peut plus voir simultanément toutes les parties du corps et
n’en perçoit plus que les détails.
Section 4
L’équilibre instable
Contrairement aux groupes équestres de Marino Marini et à l’Homme qui
chavire d’Alberto Giacometti, L’Orage et L’Ouragane de Germaine Richier
sont solidement ancrés dans le socle. Toutefois, les jambes des deux êtres
semblent bien minces pour supporter des corps aussi massifs, déportés
vers l’arrière. Leur équilibre paraît précaire, comme celui des Femme de
Venise de Giacometti, figures élancées transperçant l’espace, poussées
vers l’avant par leurs pieds triangulaires. Le Jongleur de Marini est, lui, dans
une position encore plus instable: son corps, en partie désarticulé, n’est
plus retenu que par la pointe de ses pieds. Combien de temps va-t-il encore
parvenir à tenir cet équilibre ? Cette question constitue le fil conducteur
entre ces œuvres.
Section 5
Pomone
Pendant la guerre, Germaine Richier est à Zurich, où elle a installé son
atelier. Elle continue à travailler sur l’irrégularité de la matière et crée ses
premières œuvres hybrides. Marino Marini ne se réfugie dans le Tessin qu’à
la toute fin de l’année 1942, après le bombardement de Milan. En Suisse,
le sculpteur multiplie les Pomone en plâtre, qu’il exposera à Bâle en 1944
et à Berne en 1945. C’est très certainement à son ami Marini que Richier
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emprunte le motif de ses Pomone. Dans les années 1950, Alberto Giacometti
dessinera un corps féminin par-dessus une reproduction de l’une des
Pomone de l’artiste italien, une figure comme il les voit, fine, élancée, les
pieds rapprochés.
Section 6
Réduire la taille
En décembre 1941, Alberto Giacometti quitte Paris pour Genève, où il
restera jusqu’en septembre 1945. Dans sa chambre-atelier de l’Hôtel de
Rive, il travaille à de toutes petites sculptures. Depuis plusieurs années,
l’artiste avait tendance à diminuer toujours plus la taille de ses têtes et de
ses figures pour retrouver et restituer la distance avec laquelle il les avait
observées, une démarche indissociable de sa quête: rendre la réalité de sa
vision. Pour voir une figure dans sa totalité, Giacometti ne parvient plus à
faire autre chose que se tenir au loin. Trop proche, il ne voit que les détails.
Section 7
Têtes et bustes
Lorsqu’il travaille à un portrait, Alberto Giacometti s’attache à rendre son
modèle tel qu’il lui apparaît. Saisir les caractéristiques physiques et psychologiques s’avère un objectif très vite abandonné, car impossible à atteindre.
Marino Marini traque lui aussi la qualité de présence du modèle, et non son
apparence extérieure. Toutefois, contrairement à Giacometti, sa démarche
s’accompagne de la volonté de pénétrer la psychologie de l’individu. Alors
que pour Marini le portrait témoigne de son époque, Giacometti dégage
ses modèles de toute temporalité. À la différence de Giacometti qui, à force
de les sculpter, finit par ne plus reconnaître ses proches, Richier parvient,
elle, à rendre le caractère et les traits de son modèle.
Section 8
La figure
dans l’espace
Pour restituer l’espace entre son œil et ce qu’il voit, Alberto Giacometti
positionne ses sculptures sur des socles imposants, puis sur des plateaux
ou dans des cages. Giacometti utilise de telles structures afin de contenir
ses formes dans des espaces clairement définis. Au contraire, lorsqu’il
supprime ces structures, il laisse la figure s’imposer dans l’espace du spectateur. Chez Germaine Richier, les fonds peints créent un nouvel espace,
avec lequel la sculpture interagit de manière différente. C’est une autre proposition faite par l’artiste pour matérialiser l’espace, tout comme l’utilisation
de fils métalliques tendus entre les extrémités des membres de ses figures.
Les figures équestres de Marino Marini transpercent elles aussi l’espace,
créant des lignes dynamiques, métaphores des tensions entre l’homme et
la monture.
En 1950, Giacometti réunit plusieurs figures sur des plateaux. Elles
semblent pouvoir être déplacées comme les pièces d’un jeu d’échec pour
créer de nouvelles interactions entre elles et avec l’espace. Richier provoque
cette même dynamique interactive quand elle dispose ses formes sur
l’espace virtuel d’une table figée dans le bronze.
Section 9
Géométrisation
des formes,
dissolution
des corps
Marino Marini disloque les formes et traite le bronze comme des plaques
de métal grossièrement découpées, dont les angles viennent s’entrechoquer.
La géométrisation des formes ne relève pas ici d’une simplification esthétisante. Elle traduit la vision cauchemardesque d’un passé dévasté par le
conflit, et d’un avenir dans lequel il est devenu difficile pour l’artiste d’avoir
foi. Alberto Giacometti dissout quant à lui la forme dans la matière. Il établit
un continuum entre une masse de glaise et le visage qui en émerge.
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AGENDA
VISITES À LA
LAMPE DE POCHE
ARRÊTS
SUR IMAGE
JEUNE PUBLIC
Découvrez autrement les œuvres, éclairées par la lampe de poche du
guide.
jeudis 20 février et 20 mars à 20h (sur inscription)
jeudi 13 mars à 18h30, Giacometti : entre immobilité et mouvement
jeudi 27 mars à 18h30, Secrets du bronze
Un livret-découverte pour parcourir l’exposition (dès 7 ans, gratuit)
En famille au Musée
visites complices pour les enfants dès 6 ans et leur famille
dimanches 9 mars et 13 avril à 15h
Pâkomuzé : ateliers de modelage
Faire surgir de la matière des figures humaines ou animales pour mieux
percer le mystère des sculptures de Giacometti, Marini et Richier.
Atelier suivi d’une visite de l’exposition.
jeudi 24 et vendredi 25 avril 2014, de 10h à 12h30 (6-9 ans) et de 14h à
16h30 (10-13 ans).
CHF 10.- (sur inscription)
VISITES
COMMENTÉES
PUBLIQUES
jeudi 13 février à 18h30
jeudi 27 février à 18h30
jeudi 6 mars à 12h30
samedi 22 mars à 15h
jeudi 10 avril à 18h30
lundi 21 avril (Lundi de Pâques), à 15h
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IMages presse
Alberto giacometti
Tous droits réservés. Autorisation de reproduction aux conditions suivantes: Reproduction intégrale et inchangée des œuvres. Les légendes doivent
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doit mentionner: «Tous droits réservés. Sans autorisation, la reproduction ainsi que toute utilisation des œuvres autre que la consultation individuelle et
privée sont interdites».
1
2
Alberto Giacometti, Petit buste de Silvio sur double socle, 19431944, bronze, 18,5 × 12,5 × 11,2 cm. Suisse, collection particulière.
Épreuve 0/8. AGD 1033.
© Succession Alberto Giacometti / 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Lausanne, MCBA / Nora Rupp
Alberto Giacometti, La Cage (première version), 1949-1950, bronze,
90,6 × 37,6 × 34,3 cm. Riehen/Basel, Fondation Beyeler.
Épreuve Fondation Ernst Beyeler.
© Succession Alberto Giacometti / 2013, ProLitteris, Zurich
Photo: Robert Bayer, Basel
De 1941 à septembre 1945, Alberto Giacometti est installé à
Genève. Silvio, son neveu, est l’un des rares modèles qu’il fait
poser. À cette époque, l’artiste tente de retranscrire dans la matière
ce qu’il voit, la matérialité de ses modèles et leur taille. Il est nécessaire alors pour lui d’éloigner ses modèles pour mieux les voir:
têtes et corps finissent par devenir minuscules.
Pour restituer l’espace créé entre son œil et ce qu’il voit, Alberto
Giacometti positionne ses têtes et ses figures sur des socles surdimensionnés ou superposés, puis sur des plateaux ou dans des
cages. L’artiste associe ici figure et tête dans un rapport d’échelle
nouveau, faisant fi de la perspective traditionnelle. S’il fait cœxister
les personnages dans un même espace, ceux-ci semblent cependant s’ignorer, spatiale interrogation du rapport entre les êtres.
3
4
Alberto Giacometti, Homme qui chavire, 1950, bronze,
60 × 22 × 36 cm. Paris, musée d’Orsay, dépôt au musée Granet/
Aix-en-Provence, donation de Philippe Meyer, 2000. Épreuve 3/6.
AGD 1026
© Succession Alberto Giacometti / 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : RMN-Grand Palais / Michèle Bellot
Alberto Giacometti, Femme de Venise V, 1956, bronze,
110 × 13,5 × 31 cm. Wuppertal, Von der Heydt-Museum.
Épreuve 6/6.
© Succession Alberto Giacometti / 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Von der Heydt-Museum Wuppertal
Cette figure en déséquilibre se distingue de celles créées par
Alberto Giacometti depuis son retour à Paris, en septembre 1945:
des femmes debout, les jambes rapprochées et des hommes
avançant résolument dans l’espace. Les écrivains existentialistes
verront dans cette œuvre l’emblème d’un courant de pensée.
À l’occasion de la XVIIIe Biennale de Venise, Alberto Giacometti
crée une série de figures féminines élancées et frontales, selon un
prototype mis en place dans la seconde moitié des années 1940. À
la fois épaisses vues de face et fines vues de profil, poussées vers
l’avant par leurs pieds triangulaires et aussi tirées vers le haut, dans
un équilibre précaire, elles semblent le jouet de forces contraires.
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IMAGES PRESSE
Marino marini
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privée sont interdites».
5
Marino Marini, Ritratto di Germaine Richier [Portrait de Germaine
Richier], 1945, bronze, 58 × 43 × 30,5 cm.
Pistoia, Fondazione Marino Marini.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Mauro Magliani
Germaine Richier et Marino Marini se rencontrent vraisemblablement à Paris dans les années 1930, mais c’est pendant leur exil
en Suisse que se développe une amitié véritable. Ensemble, ils
exposent à Bâle en 1944 et à Berne l’année suivante. Marini
réalisera deux portraits de Richier, des images intimes et sereines.
6
Marino Marini, Il Grido [Le Cri], 1962, bronze, 76,8 × 125,3 × 66,5 cm.
Pistoia, Fondazione Marino Marini.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Mauro Magliani
Avec Il Grido, Marino Marini pousse au plus loin la tension entre
l’homme et le cheval. Les corps ne se fondent plus, les formes se
brisent. De ces décombres surgit une figure hybride, un nouveau
centaure, construction précaire de plaques de métal qui viennent
s’entrechoquer.
7
8
Marino Marini, Piccolo cavaliere [Petit cavalier], 1950, bronze,
39 × 43 × 23,3 cm. Pistoia, Fondazione Marino Marini.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Mauro Magliani
Marino Marini, Cavaliere [Cavalier], 1953, bronze,
137,5 × 83 × 101 cm. Florence, Museo Marino Marini.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Mauro Magliani
Fasciné lors d’un voyage en Allemagne en 1934 par le Cavalier de la cathédrale de Bamberg, Marino Marini fait de la figure équestre l’un de ses
thèmes de prédilection. Après la Seconde Guerre mondiale, l’artiste charge cavaliers et montures d’une tension exacerbée jusqu’au déséquilibre et à la
chute. Ces images sont l’expression toute personnelle de l’expérience du chaos de la guerre, et de l’absence de foi envers l’avenir.
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germaine richier
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privée sont interdites».
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Germaine Richier, La Mante, 1946, bronze, 158 × 56 × 78 cm.
Genève, Galerie Jacques de la Béraudière.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Droits réservés
Germaine Richier, L’Orage, 1947-1948, bronze, 190 × 77 × 55 cm.
Humlebæk, Louisiana Museum of Modern Art, don de la famille
Richier.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Droits réservés
Des épaules, un torse et des hanches féminines auxquels s’accrochent des membres terminés par des pattes crochues: l’association et la combinaison des ces éléments fonctionnent d’autant
mieux – ou dérangent d’autant plus – qu’individuellement ils existent
dans la nature. Dans une situation d’attente, son mouvement retenu,
La Mante s’apprête à attaquer.
Germaine Richier propose ici d’emprunter au rayon des phénomènes météorologiques. La face brute, le visage fendu, le corps
écorché, la figure revient-elle, tâtonnante, de toutes les catastrophes naturelles ou sort-elle de la terre dont, de la paume de ses
mains, elle puise les forces ?
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Germaine Richier, La Fourmi, 1953, bronze, 99 × 88 × 66 cm.
Musée de Grenoble.
© 2013, ProLitteris, Zurich
Photo : Musée de Grenoble
Affiche
Design: Werner Jecker
Pour donner vie et réalité à l’espace compris entre les extrémités et
les articulations de certaines de ses sculptures, Germaine Richer
a imaginé un système de fils qui les relient. Ces fils soulignent le
mouvement et le retiennent tout à la fois. Surtout, ils invitent le
spectateur à prendre conscience de l’espace qu’ils balisent.
Dossier de presse
Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée
mcb-a Lausanne
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