resume analytique - Banque Centrale de Madagascar

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RESUME ANALYTIQUE
RESUME ANALYTIQUE
Les évolutions de l’environnement économique international n’ont pas engendré de
facteurs de risques potentiels pouvant ébranler la stabilité financière.
En 2013, l’économie mondiale demeurait encore atone avec un taux de croissance de 2,18 pour cent
contre 2,12 pour cent en 2012. L’environnement économique international était marqué par la détente des cours
des matières premières dont l’énergie, par la dépréciation du dollar, par la vigueur économique des principaux
partenaires commerciaux du pays, et par l’amélioration sensible des conditions monétaires et financières.
Dans l’ensemble, ces évolutions n’ont pas engendré de facteurs de risques potentiels pouvant ébranler la stabilité
financière. Elles ont au contraire réduit la vulnérabilité externe du pays. La cartographie des risques qui ressort
de l’évaluation montre que les risques identifiés émanaient plutôt de la conjoncture interne et de la structure
économique et financière du pays.
Au niveau de l’économie domestique, la crise politico-économique qui prévalait et le
retard dans la normalisation des relations avec les partenaires techniques et financiers
traditionnels ont affecté un pan des fondamentaux économiques…
Le taux de croissance réel du PIB s’est effrité, en s’établissant à 2,4 pour cent en 2013, après avoir atteint
3 pour cent en 2012. La situation sur le marché de travail demeure chaotique, et le déficit public
(base engagement) s’est davantage creusé, passant de 1,2 pour cent du PIB en 2012 à 1,8 pour cent en 2013.
En revanche, le taux d’inflation est resté modéré (6,3 pour cent en 2013 et 5,8 pour cent en 2012), et le niveau du
déficit courant extérieur a légèrement reculé.
Les activités économiques ont pâti notamment du recul des investissements dont le taux est de
15,7 pour cent du PIB en 2013, loin du niveau de 40,3 pour cent en 2008. Les investissements publics ont été
pénalisés par l’insuffisance des financements extérieurs qui les couvrent en grande partie. Le contexte de crise
a amplifié le degré d’aversion aux risques des opérateurs privés, aussi bien nationaux qu’étrangers (IDE),
et limité les opportunités d’affaires. Le ralentissement économique s’est accompagné d’une hausse du taux de
chômage.
La réduction du déficit courant extérieur est attribuée aux effets combinés de l’allègement du coût
des importations, suscité par le repli des prix des matières premières, la dépréciation du dollar sur les marchés
internationaux, et de la bonne tenue des exportations, expliquée par le dynamisme des demandes
des partenaires commerciaux. Il y a toutefois lieu de signaler la nette dépendance des exportations aux
opérations des zones franches industrielles, très sensibles à la conjoncture nationale, et de celles des
compagnies d’extractions minières, dont certaines ne sont pas soumises aux obligations de rapatriement de
devises.
La dégradation du déficit public est imputable principalement au tarissement des recettes fiscales, et à la
rareté des aides extérieures, compte tenu du retard dans la reprise des relations avec les partenaires techniques
et financiers traditionnels. Mais une expansion des dépenses de l’Etat est aussi notée. Le « gap » a été financé
pour l’essentiel par l’endettement intérieur, à travers l’accumulation d’arriérés de paiements (21,4 milliards
d’ariary), l’émission de BTA évaluée à 30,4 milliards d’ariary, et le recours aux avances statutaires auprès de la
Banque Centrale de Madagascar à hauteur de 33,4 milliards d’ariary. L’accumulation d’arriérés aurait fragilisé la
trésorerie et la capacité de remboursement des entreprises concernées. Le financement par les BTA, souscrits
majoritairement par le secteur bancaire présentait un risque d’éviction au détriment des entreprises privées,
d’autant plus que les emprunts à l’extérieur leur sont encore prohibés. Enfin, le recours aux avances statutaires
auprès de la Banque Centrale, à l’instar du financement par les BTA, est une source de création monétaire,
et constitue un facteur expansif pour l’inflation. Néanmoins, le taux d’inflation est resté contenu. En marge des
facteurs exogènes évoqués supra, cette situation est expliquée par les subventions sur les prix des produits
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pétroliers, de l’eau et de l’électricité, ainsi que par leurs effets induits, à savoir la destruction monétaire,
contrepartie de l’amenuisement des réserves de change internationales.
En somme, les revenus de l’ensemble des agents économiques, en particulier les ménages, les entreprises
non financières et l’Etat se sont détériorés au cours de l’année 2013. Toutefois, l’impact de cette détérioration
en termes de menace à la stabilité financière serait limité, compte tenu du faible taux de bancarisation
de la population, de l’importance de l’économie informelle, et donc de la marginalité du système financier dans
l’appui au développement économique du pays. Par contre, la récurrence et l’envergure du déficit public et
surtout ses modalités de financement pourraient à terme avoir des conséquences importantes sur les finances
publiques et les agrégats monétaires. Toujours est-il que le taux d’endettement public et le niveau d’endettement
à Madagascar sont parmi les moins élevés en Afrique subsaharienne.
… ce contexte a terni la situation des agents non financiers, sans que cela constitue
une menace potentielle à la stabilité financière du secteur bancaire.
Le patrimoine financier des ménages à Madagascar est composé principalement de dépôts bancaires, et
dans une moindre mesure de dépôts à la caisse d’épargne et de placements en assurance-vie. Leur endettement
financier est exclusivement bancaire et s’est significativement renforcé. Pourtant, l’étroitesse du marché
immobilier, la marginalité de la part des crédits à l’habitat, et la fixité des taux d’intérêt pour ce produit font que
les risques y associés sont minimes pour le secteur bancaire. D’ailleurs, la proportion des créances douteuses
et litigieuses sur l’ensemble de l’encours est limitée pour ce segment de marché, bien qu’en accroissement.
L’exposition des ménages vis-à-vis du secteur de la microfinance s’est, par contre, consolidée.
Le niveau d’endettement des entreprises non financières, intégralement bancaire également, a enregistré une
hausse plus conséquente. Cependant, il reste peu significatif pour être un facteur d’instabilité au secteur
bancaire. De plus, une grande partie des entreprises où se concentrent les risques bancaires sont
des compagnies étrangères traditionnelles, financièrement solides et ne présentant pas de difficulté
de remboursement sur le court terme.
Le faible développement du système financier, dominé par le secteur bancaire, et
l’interconnexion limitée entre les différentes institutions financières réduisent les risques
systémiques.
En 2013, le système financier à Madagascar se trouve encore à un stade embryonnaire. L’actif du secteur
financier représente 31,6 pour cent du PIB. Les institutions financières sont dominées par le secteur bancaire,
lui-même peu développé. Ce secteur demeure cependant bien capitalisé, rentable et liquide. L’actif du secteur
bancaire représente 74,4 pour cent de l’ensemble de l’actif du système financier et son ratio de solvabilité
avoisine les 15 pour cent, largement supérieur au seuil minimum réglementaire de 8 pour cent. Les poids
respectifs du secteur des assurances, du secteur de la microfinance, et du secteur des pensions, en termes
d’actifs, d’acteurs et de bénéficiaires demeurent modiques. Par ailleurs, les marchés financiers se limitent aux
marchés de court terme que sont le marché monétaire, le marché interbancaire et le marché de changes.
Le marché financier à moyen et long terme est presque inexistant, en l’absence de marché des actions et de
marché obligataire.
Le secteur bancaire est composé de banques appartenant à des groupes étrangers dotés de solidité
financière. Cette situation, conjuguée aux restrictions en matière de réglementation de change, réduit
la vulnérabilité du secteur vis-à-vis des facteurs de risques tant nationaux qu’internationaux. Le contexte de crise
politico-économique qui prévalait a renforcé l’aversion aux risques des banques et les a amené à se réorienter
vers des actifs plus sûrs (fly to quality), en occurrence les BTA et les dépôts auprès de la BCM et à focaliser
leurs financements au profit de grandes firmes multinationales. Le secteur se trouve ainsi dans une situation
de concentration des risques essentiellement sur l’Etat et sur ces firmes. Ce degré de concentration élevé est
un risque significatif à court terme car la défaillance d’un de ces acteurs impactera fortement l’ensemble du
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système bancaire dans la mesure où généralement ceux-ci sont des clients communs de plusieurs banques.
En outre, la qualité des emprunteurs s’est dégradée entraînant un surcroit de provision pour les banques.
Mais compte tenu de la rentabilité des actifs, du niveau des fonds propres et du taux des créances douteuses et
litigieuses associé avec un niveau adéquat de provisionnement, le risque global de crédit est limité. Par ailleurs,
le risque de transformation est contenu par le fait que les prêts sont octroyés essentiellement pour des maturités
courtes. L’ensemble des ratios prudentiels est généralement respecté.
Le secteur de la microfinance apparaît plus fragile par rapport au système bancaire bien que sa situation
financière se soit améliorée, si on se réfère à la croissance de son produit net bancaire. Le secteur encourt
deux risques majeurs : primo, le risque de liquidité généré par la transformation des ressources, majoritairement
de court terme, conjuguée aux difficultés de financement dues à la réticence des banques et des actionnaires,
et par l’impossibilité de recourir au refinancement auprès de la BCM; secundo, le risque de crédit a augmenté
face aux problèmes rencontrés par les emprunteurs amplifiés par la crise. En fait, le développement récent du
secteur traduit l’évolution palpable des prêts plus risqués, dont en particulier ceux en faveur du secteur agricole
volatil, et envers lesquels les banques se sont graduellement désintéressées.
Le secteur des assurances a poursuivi sa progression mais reste encore peu développé. Le taux de
pénétration du secteur est inférieur à 1 pour cent du PIB. L’assurance non-vie accapare près de trois quart des
activités. Le secteur hérite d’une situation financière vigoureuse malgré le recul de 1,9 pour cent du taux de
croissance du résultat net consolidé en 2013. Il est caricaturé toutefois par la solidité financière d’une compagnie
qui occupe une position dominante sur le marché, et une certaine frilosité de la situation financière des autres,
laquelle pourrait hypothéquer à terme leur aptitude à honorer les engagements envers les assurés. Au niveau
consolidé, les ratios prudentiels sont respectés en dépit des difficultés rencontrées par certaines compagnies.
En outre, le secteur rencontre un problème de diversification de ses actifs de placement, ce qui génère une forte
concentration des risques sur les actifs immobiliers et les BTA, faute d’alternatives. Néanmoins, le secteur ne
présente pas de risques majeurs pouvant impacter la stabilité du système financier dans l’immédiat.
S’agissant du secteur des pensions, la principale problématique réside au niveau du déficit structurel
caractérisant les caisses de retraite de l’Administration publique ; les cotisations couvrent à peine les dépenses
réelles ; ce déficit pèse lourdement sur le budget général de l’Etat. De même, un risque de déséquilibre financier
guette la caisse de retraite du secteur privé sur le moyen et long terme, en raison de la détérioration de la qualité
de ses actifs financiers, en dépit de son apparente solidité financière actuelle. Par ailleurs, l’inexistence d’une
entité en charge du suivi et du contrôle prudentiel du secteur présente un risque de défaillance majeur.
Les interconnexions entre les institutions financières restent faibles. Les relations entre les banques,
les assurances, la caisse de retraite du secteur privé et le secteur de la microfinance se résument
essentiellement à des opérations de dépôts et de prêts. Les liens capitalistiques entre les secteurs ne sont pas
significatifs. Le secteur des assurances détient des titres de propriété dans le secteur bancaire, mais d’une
importance marginale.
Les marchés existants sont dans l’ensemble liquides, ne présentent pas de risques
de crédit majeurs et demeurent peu volatils…
Au niveau des marchés, la surliquidité du secteur bancaire au cours de l’année couvrait les besoins
de liquidité du marché interbancaire. Elle allégeait par ailleurs le recours des banques à la Banque Centrale
pour les opérations de refinancement et a permis d’aligner plus ou moins les prix des transactions au taux
directeur.
Concernant le marché des BTA, l’insuffisance d’acteurs est un facteur de renchérissement et de concentration
du marché. En outre, le marché secondaire est inefficient. En réalité, 95% des transactions sur ce marché
représente des livraisons à jour +2 par les banques aux particuliers. De plus, une forte volatilité des taux a été
observée, témoignant de l’influence du secteur bancaire sur le marché et de la dépendance de l’Etat
à son égard. Le risque de crédit est en revanche moindre, car les actifs en question sont des titres souverains.
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Le marché des changes (appelé aussi marché interbancaire de devises ou MID) est en général liquide et
n’a pas connu de fortes fluctuations. Néanmoins, cette situation est attribuée en grande partie aux interventions
de la Banque Centrale (buy back). La poursuite des interventions à la vente de la BCM, face à l’insuffisance
des offres de devises, risque de réduire davantage son matelas de réserves, de détériorer à terme la crédibilité
et l’image du pays et de renchérir son coût d’endettement extérieur. Elle risque de biaiser les cours officiels
comparativement aux cours réels des transactions, de ternir l’efficience du marché et de briser la confiance
des opérateurs. L’éventuel arrêt des interventions de la BCM, par contre pourrait entraîner de brusques
ajustements par la dépréciation de l’ariary, entraînant une augmentation des coûts des importations et par
conséquent une inflation significative sur le très court terme.
… de même, les infrastructures de marché mises en place permettent au système
financier d’accomplir ses rôles et fonctions économiques clés, en dépit des quelques
lacunes identifiées.
Le système RTGS et de la télécompensation, mis en place en 2009, sont conformes aux Principes
fondamentaux pour le système de paiement d’importance systémique. Cependant, malgré la modernisation
du système de paiement, le maintien des échanges dans les chambres de compensation manuelle peut
constituer un frein aux réformes entreprises qui avaient pour optique la sécurisation des transactions d’une part et
la réduction des délais de règlement des opérations d’autre part. En outre, les dispositifs de sécurisation
des infrastructures du MID ainsi que les procédures de traitement des opérations sont appropriés pour garantir
la bonne fin des transactions. Toutefois, l’absence d’un « backup » de la salle de marché interbancaire
de devises pourrait affecter la continuité des activités, en cas d’incident majeur.
Par ailleurs, les cadres légaux et réglementaires mis en place pour les contrôles et les supervisions au niveau
microprudentiel sont en ligne avec les standards internationaux, en particulier pour le secteur bancaire et
le secteur de la microfinance. Ils présentent en revanche des lacunes pour le secteur des assurances et les fonds
de pension. En outre, des failles réglementaires ont été relevées dans le domaine des assurances, le secteur des
pensions et du marché obligataire.
Globalement, les risques systémiques à toutes les échelles seraient peu importants,
en cas d’avènement de crise pouvant affecter un des maillons du système…
Si tels sont les risques internes à chaque compartiment du système financier, l’évaluation montre que
les risques systémiques aux différents échelles demeurent contenus. Les risques systémiques au sein du secteur
bancaire sont faibles, malgré la dominance de quelques établissements. Les interconnexions entre les banques
sont en fait peu significatives compte tenu du volume restreint des échanges au sein du marché interbancaire.
Le plus grand risque porte sur les expositions communes, dans la mesure où plusieurs banques ont souvent
les mêmes débiteurs, à savoir l’Etat et des grandes firmes.
Au sein du secteur des assurances, il existe une compagnie de taille systémique qui détient plus de la moitié
du marché. Néanmoins, cette dernière est dotée d’une situation financière saine et solide et est en mesure
de respecter les ratios prudentiels requis.
Des risques systémiques liés à l’interconnexion au sein du système financier pourraient également surgir.
En effet, la plupart des banques sont actionnaires majoritaires de certaines institutions de microfinance.
Les problèmes touchant ces dernières pourraient ainsi impacter le secteur bancaire. Or, la situation en 2013 a
mis en lumière la bonne santé du secteur de la microfinance, limitant ainsi ce risque.
Enfin, les risques systémiques découlant des interconnexions entre le système financier et le secteur réel
semblent pour le moment circonscrits. Ainsi, le risque d’éventuelles sorties massives de capitaux pouvant être
initiées par les résidents est limité par les restrictions sur les mouvements de capitaux. En revanche, le contexte
d’incertitude n’incite pas l’afflux de capitaux étrangers.
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De même, le risque d’augmentation excessive du prix des actifs, née d’un éventuel excès de crédit paraît
improbable, compte tenu de la situation économique du pays et de l’exiguïté des marchés financiers et
immobiliers. Le risque systémique lié au cycle économique est minime au regard de la faible contribution du
système financier à la croissance du PIB.
…néanmoins,
certains obstacles au développement du système financier sont
recensés ; ainsi, des recommandations sont avancées.
Quoiqu’il en soit, certains obstacles au développement du système financier ont été recensés parmi lesquels
l’accessibilité et la densité du système, le coût des services financiers, la disponibilité des informations sur
les emprunteurs notamment sur les entreprises, l’environnement juridique des affaires (droits de propriété
fonciers, coût exorbitant des procédures judiciaires, partialité des jugements). A ces points s’ajoutent l’instabilité
politique, la corruption, les défaillances en termes de compétences techniques, ou encore l’insécurité.
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