Parti Socialiste Fédération d`Eure et Loir
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Parti Socialiste Fédération d’Eure et Loir Contribution aux « Cahiers de la Présidentielle » « Apprendre pour s’émanciper » La société a beaucoup changé en trente ans, pas l’école ! Les enfants ne sont plus les mêmes, ils n’ont plus les mêmes besoins. Ils ont accès facilement à de multiples informations, dans tous les domaines. Force est de constater que, du coup, à l’école, ils s’ennuient, ils décrochent, ils sont frustrés et le plus souvent en échec, pour un trop grand nombre. Les enquêtes successives nous montrent que l’école française s’est dégradée, augmentant l’écart entre les bons élèves (qui restent parmi les meilleurs des pays de l’OCDE) et les élèves en difficulté (qui sont parmi les plus faibles des pays de l’OCDE), parce que le système favorise les plus favorisés et laisse de côté les plus défavorisés. L’école française est de tous les pays de l’OCDE, celle qui accroît le plus les inégalités sociales. Le système scolaire français est excellent pour trier et sélectionner mais très mauvais pour remédier. (cf. Rapport de J.P.Delahaye « Grande pauvreté et réussite scolaire »). Par ailleurs, le manque de perspective d’emploi à l’issu de l’école conforte parents et enfants (surtout les plus défavorisés) dans l’idée que l’école ne sert à rien. L’école doit donc avoir pour objectif principal de favoriser la réussite de chaque élève, quel que soit son milieu d’origine, et cela pour des raisons à la fois humaines, républicaines et économiques. Comment l’école peut-elle faire en sorte que l’élève puisse avoir tous les outils utiles à sa propre réussite ? Nos débats nous ont amenés à quelques suggestions. 1°) A l’école L’école maternelle et primaire : c’est là qu’il faut commencer. Des locaux plaisants, qui valorisent les élèves; du matériel adapté. Des effectifs allégés surtout dans les écoles des quartiers défavorisés ; Des enseignants en supplément, dans la classe, pour les enfants à difficultés spécifiques ; Une pédagogie adaptée et individualisée qui favorise : la responsabilité des élèves face aux apprentissages, le travail de groupe, le mouvement des élèves la recherche, le questionnement permanent, la parole : débats, argumentation, apprentissage oral d’une langue… la fin des notes, de l’évaluation permanente, du redoublement (la mise en place des cycles doit être poursuivie) et la valorisation des erreurs. Le travail à la maison : nous savons que seuls les enfants aidés à la maison peuvent faire un travail efficace. Les plus défavorisés sont encore, là, pénalisés. C’est en classe que l’essentiel du travail doit être fait. Lorsque les conditions à la maison ne sont pas favorables, le travail personnel, si nécessaire, devrait être fait à l’école avec un accompagnement. Le collège Le collège souffre de son manque de moyens, de son manque d’autonomie (le système est très centralisé, très hiérarchique et très contraignant). Peu de marge de manœuvre, peu de possibilité de pérenniser les projets, peu de possibilité de donner du temps aux enseignants pour le travail en équipe, pour la remédiation. Il faudrait, selon nous une plus grande autonomie des établissements pour gérer le temps (séquences modulables), l’espace (groupes modulables), les effectifs (travaux en groupe de besoins). Selon nous, l’école devrait : en finir avec les cours magistraux et favoriser, comme à l’école primaire, le questionnement, la recherche des élèves, les travaux en groupe, en finir avec les notes, l’évaluation permanente, alléger les programmes pour mettre en place des possibilités d’activités diverses : activité manuelle, cuisine, participation à la vie collective, moments de débats divers, apprendre, non pas avec des manuels, mais par l’expérimentation, le respect des autres, la tolérance… arrêter de classer les établissements et de les comparer les uns aux autres. Parce que la réussite des élèves passe aussi par l’accès à la culture, des moyens devraient être alloués, en conséquence, pour que les collèges développent les pratiques artistiques et permettent à tous les élèves de participer à des sorties culturelles ou voyages pédagogiques. Le lycée Le lycée nous semble trop tôt spécialisé. Les élèves subissent l’orientation en filière professionnelle comme un échec. Ce sont par ailleurs le plus souvent les milieux les plus défavorisés que l’on retrouve dans ces filières. Nous pourrions imaginer un lycée unique, avec un tronc commun identique pour tous et un enseignement spécialisé vers le professionnel, le technologique ou le général, et même l’apprentissage, suivant les goûts, choix d’orientation et capacités des élèves. Les locaux des lycées devraient être aménagés pour accueillir cette polyvalence. Ainsi tous les élèves pourraient avoir accès à certaines disciplines comme l’économie et la philosophie, et avoir les possibilités en enseignement général pour poursuivre des études après leur bac, quel qu’il soit. On pourrait aussi imaginer des temps de pause. En France, nous avons tendance à toujours vouloir aller vite. Il est très difficile pour un jeune de s’inscrire à du post-bac s’il est sorti du système. Les bacheliers gagneraient à passer du temps à « faire » des choses : voyager, s’engager, travailler… avant de choisir des filières d’études supérieures. Pour cela, des bourses pourraient faciliter ces actions pour les jeunes en difficulté. Plus globalement : La formation des enseignants devrait être beaucoup plus axée sur la pédagogie, les techniques d’approche de la diversité des élèves, les techniques de remédiation, la psychologie de l’enfant et de l’adolescent, la gestion des groupes…. Des modules spécifiques devraient concerner l’enseignement en zone prioritaire. Par ailleurs, les salaires devraient être fortement revalorisés ( la valorisation d’une profession passe aussi par sa grille de salaire), et des primes plus importantes devraient être allouées aux enseignants nommés dans des établissements de zone prioritaire. 2°) L’après école Les activités proposées hors temps scolaires sont trop inégales suivant les moyens des villes, les structures d’accueil,… et là encore accroissent les inégalités sociales. Il faut harmoniser ces pratiques en donnant les moyens aux collectivités d’assurer gratuitement, l’accès de tous à des activités péri-scolaires. Par ailleurs, l’école ne peut pas travailler seule. Il faut renforcer un travail en harmonie avec tous les acteurs : parents, associations, territoires… Conclusion L’échec massif n’est pas dû au hasard, il est le résultat d’un manque de prise en charge par le système. Nous devons cesser d’être fatalistes et préférer la solidarité pour une école inclusive et la réussite de tous les élèves. On n’a pas d’autre choix aujourd’hui, que de refonder en profondeur notre école. Parce que ces jeunes sont les adultes de demain, sont les citoyens de demain. Si nous voulons une société sereine et juste, nous devons faire en sorte que tous les élèves deviennent des citoyens libres, responsables, doués de raison, autonomes, insérés, respectueux, tolérants et fraternels.