Principales maladies diarrhéiques du porc
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Principales maladies diarrhéiques du porc
Santé animale Principales maladies diarrhéiques du porc Dr. méd. vét. Thomas Blanke, Responsable Département santé animale Vital AG Plusieurs maladies diarrhéiques ont gagné en importance ces dernières années. Le présent article est consacré à quelques affections prépondérantes qui s’accompagnent de diarrhée sanglante. Apprenez ce que vous devez savoir à propos de la dysenterie, de l’iléite et la trichurose. Dysenterie et diarrhée à spirochètes (spirochétose) Peu d’agents pathogènes ont autant occupé les vétérinaires et les exploitants que celui de la dysenterie (Brachyspira hyodysenteriae), au cours des trois dernières années. Jusqu’à présent, on a décelé des brachyspires dans une soixantaine d’exploitations. Mais les recherches ciblées nous en font découvrir d’autres presque tous les jours, et le nombre de cas non déclarés est élevé. Tableau clinique et lutte On distingue deux agents pathogènes qui induisent des tableaux cliniques différents. Brachyspira hyodysenteriae provoque une dysenterie accompagnée de diarrhée sanglante. La bactérie se multiplie dans la muqueuse du côlon. Celui-ci se vide entièrement, de façon intermittente; les animaux présentent alors des flancs creux. Les fèces contiennent du sang provenant des lésions de la muqueuse (illustration 1). Le goût du sang salé est très attractif pour les autres animaux qui lèchent parfois avec avidité la région anale de leurs congénères malades et s’infectent ainsi également. L’affection concerne typiquement les porcs à l’engrais dès 50 kg. Tel est le tableau de la dysenterie aiguë. Mais il existe aussi des cas chroniques dans lesquels le pathogène est présent au sein d’un cheptel mais seuls quelques individus sont légèrement malades. Ou alors on ne remarque qu’une baisse des gains de poids et une détérioration de l’indice de consommation. Plusieurs facteurs déterminent le degré de gravité de la dysenterie et l’apparition de la maladie: 1. Plus la pression infectieuse est élevée, plus la maladie est grave. Ainsi, il est très important de minimaliser la pression infectieuse et, au mieux, d’éviter toute contamination dans la porcherie grâce aux mesures suivantes: Illustration 1: région anale souillée de sang 8 • pas d’achat d’animaux infectés. • désinfection, par ex. avec du Venno Vet 1 super. Celle-ci serait même possible dans une porcherie occupée. Vital Aktuell November 2011 Santé animale • lutte systématique contre les mouches et les rongeurs car tous deux transportent l’agent pathogène. • les chiens, les chats et les oiseaux peuvent être vecteurs. Ils n’ont rien à faire dans la porcherie. urgence. Concernant les résistances et selon les données dont nous disposons actuellement en Suisse, d’autres substances actives telles que la tylosine ou les lincosamides semblent n’avoir qu’une efficacité partielle. 2. La maladie peut être déclenchée par le stress, le changement de régime alimentaire ou de climat. Le pathogène reste dans le troupeau malgré l’antibiothérapie. Les mêmes animaux peuvent retomber malades puisqu’ils ne s’immunisent pas. D’où la nécessité impérative d’éviter toute contamination, de réduire la pression infectieuse, de nettoyer et de désinfecter les locaux. Les porcheries d’élevage devraient envisager un assainissement. Nous sommes à la disposition de tous ceux qui souhaitent d’autres informations à ce sujet. 3. La bactérie reste longtemps infectieuse à basse température. La maladie se déclare donc plus souvent en hiver. 4. B. hyodysenteriae peut coexister avec d’autres pathogènes (Brachyspira pilosicoli et / ou Lawsonia intracellularis). Ceux-ci aggravent le tableau clinique. La diarrhée à spirochètes s’est également répandue chez nous. Elle est provoquée par une autre espèce de brachyspire, Brachyspira pilosicoli, et peut déjà apparaître dès 20 kg PV. En règle générale, elle est L’iléite L’iléite, causée par Lawsonia intracellularis, est largement répandue dans nos cheptels porcins depuis 2003. Elle touche les porcelets sevrés ou les gorets d’engraissement. Les animaux malades présentent une diarrhée en bouillie et non sanglante (illustration 2). Mais des animaux âgés de quatre mois peuvent également souffrir de diarrhée sanglante aiguë. La vaccination permet de maîtriser la situation. En thérapie, on emploie surtout la tylosine. Actuellement, nous observons régulièrement des cas pour lesquels le vaccin reste manifestement sans effet. Il pourrait s’agir d’infections mixtes à B. pilosicoli ou B. hyodysenteriae (voir ci-dessus). Cliniquement, ces infections mixtes sont indiscernables des mono-infections. L. intracellularis étant aussi sensible à la tiamuline, nous utiliserions cet antibiotique dont le délai d’attente est court. Illustration 2: diarrhée à Lawsonia: fèces de couleur ciment, typiques beaucoup plus légère. Ici aussi, nous connaissons des cas chroniques qui s’accompagnent surtout de performances insuffisantes. Traitement Le diagnostic confirmé par des analyses est déterminant pour le traitement. Le médicament de choix est la tiamuline. La valnémuline (antibiotique de réserve) ne devrait pas être utilisée s’il n’y a pas Vital Aktuell November 2011 La trichurose Une diarrhée sanglante devrait aussi toujours faire penser à une infestation par les trichures (ver à fouet; illustration 3). Les trichures colonisent à peu près 30 % des cheptels porcins et peuvent devenir un problème si on ne vermifuge pas systématiquement les animaux. La vermifugation fait surtout appel au flubendazole ou au fenbendazole qui doit absolument être distribué pendant plusieurs jours (traitement longue durée). Un seul traitement de courte durée ne suffit pas! 9 Santé animale D’une manière générale, nous avons l’impression que l’on ne vermifuge pas assez. Une vermifugation insuffisante compromet les performances et le rendement des animaux qui régressent, ce qui peut faire la différence entre une porcherie rentable et une autre qui l’est moins. Illustration 3: trichures 10 Vital Aktuell November 2011