F. Quatrième session >>> DEVELOPPER ET ECHANGER LES

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BONNES PRATIQUES
1. "Meilleures pratiques" des entreprises – M. DELAISSE, CBR-
Ciment Belgique
L’ENTREPRISE
CBR Ciment Belgique produit et commercialise 3,2 millions de tonnes de ciment par an. CBR emploie
actuellement 930 personnes. Notre entreprise fait partie du Groupe Heidelberger Zement, qui figure
parmi les leaders mondiaux en production de ciment. Le Groupe est présent dans plus de 50 pays et
emploie 36.000 collaborateurs, répartis au sein de 1.600 sites de production. Le présent exposé se
limite aux pratiques de nos activités en Belgique c'est-à-dire celles de 5 centres de fabrication de
clinker et/ou de ciment, d’une unité de préparation d’un combustible de substitution - le Resofuel -, et
de 6 sites d’extraction.
La fabrication du ciment s’effectue en trois étapes :
1. l’extraction des matières premières en carrière – si nécessaire avec utilisation d’explosifs - ;
2. la fabrication du clinker, constituant de base du ciment, en combinant à très haute
température un mélange judicieusement dosé de quatre éléments minéraux majeurs ( CaO,
SiO2, Al2O3, Fe2O3 ) ;
3. le ciment est produit par broyage de clinker, du sulfate de calcium ( régulateur de prise ), de
cendres volantes, du filler ou du laitier. CBR s’illustre par ailleurs par la fabrication d’un ciment
particulier : le ciment blanc.
SPÉCIFICITÉS DE L’ACTIVITÉ
Il est utile à ce stade de l’exposé de présenter quelques traits caractéristiques de nos activités :
-
-
Nos activités sont très proches de leur région. Les usines sont situées à proximité de gisement
de calcaire, des voies fluviales et des entreprises sidérurgiques ( le laitier de haut fourneau est
le composant essentiel du ciment de haut fourneau ).
Il y a peu, les pressions environnementales exercées par nos activités étaient principalement
dues aux émissions de poussières ;
La majorité de nos activités sont localisées dans des zones habitées ( village de Harmignies,
ville de Antoing,…) ;
La substitution d’énergies non renouvelables par des déchets combustibles caractérise nos
activités et suscite des préjugés liés à leur utilisation ;
Enfin, nos activités utilisent des matières premières secondaires ( laitier de haut fourneau,
cendres volantes,…) en lieu et place de matières non renouvelables extraites en carrière.
LES FACTEURS D’INCERTITUDES ET N.I.M.B.Y.
Ces facteurs ou variables ont eu un impact très important sur la stratégie de notre organisation. Plus
que d’autres, suite à l’utilisation de déchets – dès 1985 pour les déchets dangereux -, en substitution
à des ressources non renouvelables, notre société s’est retrouvée confrontée à des incertitudes
liées à la prolifération de réglementations environnementales adoptées à l’échelon européen.
Si l’objectif de réduire les risques inhérents à la l’utilisation du potentiel énergétique et/ou matière du
déchet est un objectif tout à fait respectable, il n’en demeure pas moins que sous ce couvert, nous
assistons à une véritable utilisation de la législation à des fins économiques. L’objectif étant de réduire
la valorisation de déchets combustibles en cimenterie au profit d’incinérateurs de déchets industriels
localisés en dehors de la région.
Etant donné que l’impact environnemental est d’abord visible au niveau local – poussières, charroi,
bruit – les riverains ont été un deuxième facteur d’incertitudes.
Celui-ci s’est traduit par la pression des politiques – principalement les partis dans l’opposition – qui
s’est exprimée au travers de groupes environnementaux locaux créés pour la cause et des médias. Il
est important de signaler que grâce à la mise en place d’une stratégie préventive intégrant les
préoccupations locales, nous n’avons jamais, actuellement, connu d’opposition populaire de masse
lors des demandes de permis de valorisation des déchets ou des permis d’extraction. Les opposants,
lors des réunions de concertations organisées dans le cadre du système d’évaluation des incidences
sur l’environnement – environ 11 études d’incidences réalisées en près de 5 ans –, étaient
essentiellement représentés de personnes non riveraines des sites d’exploitation.
Selon notre expérience, les réunions de concertation ne constituent pas un lieu approprié pour des
discussions sereines et constructives entre les différentes parties si elles ne sont pas précédées de
rencontres informelles et préalables entre opposants et l’auteur de projet.
Les enjeux liés d’une part aux incertitudes engendrées par la pression des riverains, des groupes
environnementaux ainsi que des médias et d’autre part, à la législation, sont énormes. Parmi ces
enjeux, citons le refus ou la limitation de la valorisation des déchets, le risque de nuire à l’image de
marque, les investissements complémentaires importants,.. Un des choix possibles pour CBR aurait pu
consister à ignorer les riverains avec tout ce que cela aurait pu comporter comme conséquences
économiques et sociales pour l’entreprise.
Nous avons opté pour une véritable stratégie d’ouverture sur l’extérieur avec, pour implication, la
réduction de l’incertitude liée à l’effet N.I.M.B.Y. Celle-ci s’est exprimée dans la stratégie
environnementale mise sur pied dès 1995 à l’occasion du renouvellement de l’ensemble des permis.
STRATÉGIE POURSUIVIE PAR CBR
Une étude effectuée par l’Institut d’Administration et de Gestion (U.C.L.) situait en 2000 la stratégie
environnementale de CBR comme tendant vers « l’Excellence » ; niveau le plus élevé dans le modèle
de Roome (1992 )1.
Il s’agit d’une stratégie de leader qui vise l’excellence commerciale et environnementale par le
développement de solutions d’avant-garde. Cette stratégie est clairement définie et s’inscrit dans la
perspective du développement durable. Concrètement, cette stratégie s’exprime au travers de neuf
pôles d’actions dont la mise en œuvre contribue à l’instauration d’un système industriel qui génère,
d’une part davantage de produit avec de moins en moins de ressources, et d’autre part, un impact
moindre sur la biosphère. Ainsi, un tel système industriel, par analogie avec la nature, peut être
comparé à un écosystème. Concrètement, pour réduire les incertitudes et les conséquences d’un effet
N.I.M.B.Y., CBR a développé les actions suivantes :
-
1
une modification de la structure de l’organisation,
une stratégie de communication,
des systèmes d’information environnementale,
des investissements dans de nouvelles technologies
Roome N. (1992) “ Developing environmental management strategies”, Business Strategy and the Environment, Vol.1, Part. 1,
Spring 1992, pp. 11-23.
MODIFICATION DE LA STRUCTURE DE L’ORGANISATION
En 1995, CBR a décidé de créer un département centralisé en charge de la gestion de l’environnement
et des ressources naturelles. Ce service, constitué actuellement de 4 personnes, a mis en place une
stratégie de communication et de transparence des activités. A cet effet, des outils spécifiques ont été
développés afin de permettre, de réunir et de diffuser l’information nécessaire.
A STRATEGIE DE COMMUNICATION
Notre politique environnementale souligne explicitement la stratégie de communication vis-à-vis du
facteur local – à savoir, l’instauration d’un dialogue permanent avec les autorités locales ou régionales,
les riverains et les associations environnementales.
Notre objectif a été de réduire l’inquiétude des riverains à l’égard, principalement, de l’utilisation de
déchets comme combustibles. C’est ainsi que nous avons pu développer un capital confiance vis-à-vis
de la population et des autorités locales. Notre stratégie de communication environnementale repose
sur deux priorités :
-
la mise en commun de la politique environnementale par l’ensemble des travailleurs de la
société ;
la bonne compréhension de la démarche environnementale par tous les partenaires
économiques et sociaux, ainsi que par les riverains, les organisations non gouvernementales
et les autorités .
LE PERSONNEL (OUVRIERS, EMPLOYÉS ET CADRES )
Le personnel des usines est en contact direct avec le voisinage et a une mission d’ « ambassadeur »
de l’entreprise à l’égard de l’extérieur. Pour diffuser l’information auprès du personnel, une multitude
de moyens ont été mis en œuvre. Une revue interne reprend les thèmes traitant de l’environnement,
de la sécurité et de la qualité, et ce, grâce à des articles rédigés de manière à répondre à des
interpellations qui pourraient être émises par l’extérieur. Un rapport environnemental est aussi
distribué de même qu’un vade-mecum relatif aux « gestes verts ». Enfin, des informations régulières
sont diffusées en usine lors des conseils d’entreprises, des Comités de prévention et de protection des
travailleurs ainsi que des réunions de cadre,..
C’est ainsi que, préalablement à la destruction par valorisation dans nos fours, de farines animales
issues des différentes crises ( PCB et BSE ), les travailleurs ont été informés sur la nature des déchets
qui allaient y être valorisés. Durant toute la durée de la valorisation, de nombreux articles
d’information sur la composition des farines, sur les émissions dans l’atmosphère, ainsi que sur les
mesures de protection,… ont été distribués à l’ensemble du personnel.
Cette information périodique et précise a permis de développer les capacités des membres du
personnel à réagir avec discernement aux situations de crise. Il existe également dans la brochure
d’accueil des nouveaux engagés, un point intitulé « notre environnement ». Enfin, la formation en
matière d’environnement est en cours de développement. Jusqu’à présent seuls certains cadres et
employés ont eu accès à des formations diverses sur l’environnement.
LES CITOYENS, LES AUTORITÉS PUBLIQUES
Primordiaux, les échanges avec les riverains s’inscrivent dans un contexte de proximité : coups de
téléphone, courriers relatifs à un paramètre environnemental, visites d’usine, comité
d’accompagnement, diffusion de documents officiels,… Par ailleurs, les chefs d’exploitation participent
à la vie sociale de la région où ils habitent.
Cette volonté de transparence est à la base de la rédaction du premier rapport environnemental publié
en 3 langues et distribué dans plus d’une cinquantaine de pays. Ce rapport a été congratulé par
l’ « Award » du meilleur rapport environnemental belge.
Dans le deuxième rapport environnemental, une étude scientifique portant sur notre contribution au
réchauffement climatique réalisée par une université du pays, a constitué un élément fort dans une
information objective des citoyens.
Enfin, dans le troisième rapport nous avons franchi un pas complémentaire en matière de
transparence puisque nous avons demandé à une université de développer des indicateurs de
performance qui reposent sur des fondements scientifiques. En effet, les indicateurs habituels qui sont
agrégés font souvent l’objet de controverses parce qu’ils présupposent qu’on accorde un poids aux
différents impacts pris en compte avant leur agrégation.
Cela a essentiellement pour effet d’engendrer une méfiance du citoyen à l’égard des résultats
présentés par l’industriel. L’université a dès lors proposé une méthode dans laquelle il n’est plus
question de fixer a priori des valeurs aux différents poids fonction des objectifs de l’entreprise.
LES SYSTEMES D’INFORMATION ENVIRONNEMENTALE
Pour informer ses interlocuteurs avec justesse – riverains, autorités,..- des progrès environnementaux
accomplis, nous avons développé des outils spécifiques ou éco-outils. L’éco-outil le plus souvent cité
est l’audit environnemental. Nous nous sommes engagés dans une procédure de mise en place de la
norme ISO14001 pour les usines à clinker et ciment. Il s’agit de la suite logique des 11 études
d’incidences réalisées par CBR et dans lesquelles on analyse les effets prévisibles des activités ou
projets d’activités sur l’environnement. En 1999, une université a mis au point un LCA permettant
d’évaluer avec précision les émissions de CO2 liées à la fabrication du ciment. Les résultats de cette
étude ont été diffusés dans le rapport environnemental 1999.
CBR a également participé avec KPMG et la Région wallonne à une étude visant à mettre en place une
méthodologie d’évaluation des dépenses environnementales dans une entreprise.
CBR a aussi confié à une université la mission d’élaborer un outil de gestion destiné à systématiser
l’évaluation de ses performances, ainsi qu’à mesurer et illustrer de manière significative et accessible,
tous les progrès réalisés. Ces indicateurs reposent sur des fondements théoriques sains tant en
termes scientifiques que techniques. Ainsi, des indicateurs donnent une image représentative des
pressions exercées par l’entreprise sur l’environnement. D’autres indicateurs concernent quant à eux
les relations extérieures. De tels indicateurs pourraient être mis en place par les autorités afin
d’évaluer l’évolution de l’effet N.I.M.B.Y.
Dans l’optique de donner au public, un reflet global simple des performances environnementales de
l’entreprise, le premier indicateur d’écologie industrielle ( baromètre vert de l’entreprise ) a été créé.
CBR en 2000 a atteint une cote de 96,8% soit la meilleure performance depuis 10 ans. Cette étude
peut être consultée dans le rapport environnemental 2000.
INVESTISSEMENTS DANS DE NOUVELLES TECHNOLOGIES
Les nuisances pour les riverains sont connues et les exploitations mettent en œuvre les moyens
nécessaires pour les atténuer. Il ne nous aurait pas été possible d’éviter un effet N.I.M.B.Y. si nous
n’avions pas manifesté la volonté de réduire nos rejets de poussières. Préalablement aux demandes
de nouveaux permis, des investissements importants ont été effectués afin d’atténuer les incidences
de nos activités sur l’environnement local. C’est ainsi que près de 30 millions EURO ont été investis
dans les meilleures technologies disponibles pour réduire les émissions de poussières aux cheminées.
La qualité de vie des riverains s’en est trouvée significativement améliorée.
En conclusion, la mise en place d’une stratégie préventive incluant des investissements nous a permis
de réduire l’incertitude liée à la pression des riverains.
La prise en compte des préoccupations locales, en l’occurrence des préoccupations écologiques, fait
désormais partie de la finalité économique de notre entreprise. Il apparaît que la composante
économique, les relations locales et l’écologie ne sont pas antinomiques mais au contraire doivent aller
de pair.
S.A. Cimenteries CBR
SERVICE ENVIRONNEMENT & RESSOURCES NATURELLES
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