Prévention BTP_contrefaçon_juil15
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Prévention BTP_contrefaçon_juil15
____ 4 I Actualités I —E: I L1’J La contrefaçon gagne du terrain La contrefaçon de matériaux et équipements qui touche aujourd’hui tous les secteurs de la construction est un fléau d’une nouvelle nature. Il fait peser, sur les entreprises, un risque grave d’un point de vue économique, mais aussi humain. Une riposte doit s’organiser. Des panneaux photovoltaïques qui prennent feu, un disque dia manté qui explose et tue un com pagnon, des attaches d’échafau dages qui cèdent... La liste des accidents dus à des matériels contrefaits s’allonge tous les jours. Et avec elle, l’accroissement des accidents du travail et du coût économique de la contrefaçon. « La situation est grave, critique même, explique Pierre Delval, le président de Waito International, organisation qui traque au ni- 3questionsà.... . . veau mondial les trafics illicites. Depuis cinq ou six ans elle s’est considérablement dégradée dans des zones géographiques que l’on ne peut qualifier de pays en déve loppement. C’est le cas des Etats Unis, de l’Australie, mais aussi de la France où la crise économique a amplifié la pression sur les entre prises qui doivent s’inscrire dans une logique du moins-disant». En effet, l’étude réalisée en 2014 pour le compte de l’Observatoire contre les trafics illicites de matériaux et . . . . d’équipements (Octime) auprès de 6 000 entrepreneurs, révèle que plusieurs secteurs sont véritable ment sinistrés (voir tableau). Les professionnels de la plomberie, de la couverture et du génie clima tique se disent touchés à 75 % par la prolifération de matériaux et équipements contrefaisants, juste devant les électriciens (31 %). Un milliard d’euros Les conséquences et le préjudice pour l’entreprise, comme pour le client final, peuvent être considé rables. Des vannes quart de tour défectueuses, des tuyaux en PVC PALJL SEIGNOLLE, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SIDAMO ET PRÉSIDENT DE LA SECTION « PRODUITS DIAMANTÉS » DU CISMA’ I Nous devons intensifier notre communication vers les utilisateursfinaux » 2’ 2’2 « Les disques diamantés sont-iLs particuLièrement touchés par La contrefaçon? Il s’agit moins d’un problème de contrefaçon communication auprès de l’utilisateurflnal en partenariat avec la Capeb et la FFB. que de non-conformité. Les outils diamantés sont dangereux par nature, Même lorsqu’ils sont conformes, [es risques sont bien réels. Il est donc inutile de les accentuer en utilisant des produits qui ne sont pas conformes à la norme EN 132362 et qui peuvent néanmoins représenter entre 30 et 50% des disques en service! La norme est en cours de révision. Qu’est-ce De quels moyens disposent les fabricants pour aLerter les professionneLs? Au cours des trois dernières éditions de Batimat, nous avons réalisé des contrôles sur [es stands afin de sensibiliser [es fabricants et les distributeurs. Aujourd’hui, nous devons intensifier notre Prévention btp — Numéro 188 Juillet-Août — 2015 ENTREPRENEURS ET ARTISANS. CONTREFAÇONS & NON-CONFORMITÉS AYEZ LES BONS RÈFLEXES! Lø 4, s4,œMew,Is,Ô,,t,e., 44,14* «‘-O4 Co14,,fl,4,,.9,*TCO4,acedk.,W l&I,4,* que ceLa impLique pour La profession? La norme EN 13236, revue et transcrite au niveau communautaire, s’appliquera au plus tard début 2016. Mais nous avons choisi d’être réactifs et d’anticiper la mise en oeuvre de la nouvelle norme en nous engageant dès à présent à retirer de nos catalogues les produits qui ne satisfont pas à ces nouvelles exigences. ‘Syndicat des équipements pour construction, infrastructures, sidérurgie et manutention. ‘La norme EN 13236 européenne est en vigueur depuis août2001. Elle définit les vitesses maximales d’utilisation, les résistances minimales ô la rupture des disques diamantés, l’information de l’utilisateur et les marquages obligatoires. — 4, j OMR»flON = I t Depuis Le début du mois de juin, la FFB met à disposition des entreprises du bâtiment une brochure d’information sur la contrefaçon. Is y__1i,LI1 I 1 LES METIERS TOUCHES PAR LA CONTREFAÇON Les EPI, cible de choix Acheter 45 euros une paire de chaussures de sécurité qui en vaut normalement le double peut être tentant. Notamment pour des compagnons qui se voient allouer un budget pour l’achat de leurs EPI. Ils deviennent alors des cibles de choix pour des achats en ligne et « [ow-cost », Pourtant, ils ne sont pas les seuls à alimenter le marché de la contrefaçon qui connaît un réel essor. Des casques, chaussures ou gants douteux peuvent aussi se retrouver sur les rayons des fournisseurs, à l’instar de cette grande surface du bâtiment qui a dû détruire des milliers de chaussures de sécurité non conformes. De plus en plus d’actions sont conduites pour sensibiliser les entreprises et leurs compagnons. L’objectif est de démontrer par [‘exemple, et au travers de « crash tests», la différence de comportement entre un casque répondant aux normes en vigueur et son équivalent issu des circuits de contrefaçon. Un prix anormalement bas constitue aussi pour les EPI un signal d’alerte à ne pas négliger. non conformes entraînent une sinistralité en forte croissance, encore trop souvent couverte par des assureurs qui jouent le règle ment à l’amiable pour éviter de lever un tabou. « Les entreprises sont prises à la gorge. Nous devons, bien entendu, communiquer auprès d’elles pour les sensibiliser, mais un des leviers pour faire reculer ce fléau passe par les assureurs », insiste Pierre Delval qui évalue à près d’un milliard d’euros le mar ché de la contrefaçon dans le bâti ment. Un phénomène qui touche aussi bien les TPE, les PME que les leaders du secteur. prises à sécuriser leurs achats et les inciter à prendre toutes les garan Gros-oeuvre Menuiserie Couverture ties nécessaires, en premier lieu Charpente Plomberie auprès de leurs fournisseurs. Le Génie climatique chef d’entreprise, comme ses sala I I -1L’I’i .1 IIIJ 1 114 1_Ib’J II 1 riés, doit vérifier que les matériaux et équipements sont conformes à la commande et qu’ils disposent du bon marquage commercial et de sécurité », complète pour sa part Sensibilisation des salariés Gérard Boulanger, en charge de cet épineux dossier au sein de la • Politique d’achat sécurisée Fédération française du bâtiment • Argument commercial (FFB). Cette dernière vient, par ailleurs, d’éditer un document • Aucune action sous la forme de douze questionsréponses à destination des entre prises de bâtiment pour les aider il .t.i’i I .i ‘Iii I I *iii iii à mieux se prémunir. La multi plication des achats sur Internet, le plus souvent auprès d’officines n’ayant pas pignon sur rue, des prix anormalement bas, ou en core une offre proposée « en lots» • Procédure amiable doivent alerter les entreprises. Saisine de l’autorité En cas de problème, Gérard publique Boulanger pointe du doigt ce qu’il • Aucune action appelle une -< culture de l’arran gement » qui prétend résoudre la situation financièrement. «C’est Source: Enquête nationale contrefaçon SMA FFB octobre 2014 une façon de cacher la poussière sous le tapis, mais l’entrepreneur t Les plombiers chauffagistes sont parmi les métiers les ne doit pas oublier que sa responsa plus touchés par la contrefaçon. bilité sera enjeu en cas d’accident o ou de sinistre qui pourra toucher son client. Sans parler, bien enten du, des risques liés à la sécurité des salariés lorsque la contrefaçon et sensibiliser les entreprises touche des EPI », prévient-il. concourent à lever un coin du voile Même si les différentes actions sur un sujet tabou, la bataille est menées à la fois pour évaluer le encore loin d’être gagnée.. plus précisément possible le risque PIERRE DESCHAMPS . . - Q S’assurer de la traçabilité des produits Pour les professionnels, la riposte doit être à la hauteur de l’imagina tion sans limite des réseaux crimi nels et mafieux qui font prospérer ces marchés parallèles. « Nous FAUX 4 Le marquage CE, même s’il n’a pas vocation à être une garantie, peut Lui aussi être détourné. VRAI devons absolument aider les entreJuilLet-Août 2015 — Numéro 188—Prévention btp