Le coucou du bois d`Orfeuille… - beaumont-les

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Le coucou du bois d’Orfeuille…
Notre chérissable Sud Valentinois, tel l’attachant
ornement de notre bassin de vie, nous suggère ses paysages parfaitement collinaires et joliment
verdoyants à souhaits. Ce sont nos tendres et doux horizons arborés procurant à ces sites
remarquables une paisible et agréable tranquillité humaine. Ce décor consent une belle et lointaine
place à notre magnifique montagne de la Raye tellement bleutée et ouatée parce que annonciatrice du
meilleur des temps ensoleillés. Ce fut exactement ce que je découvrais en venant poser définitivement
mon bagage et celui des miens en ce cher Beaumont, une terre d’excellence plurielle et de haute
distinction. Cette année 1975 fut celle au cours de laquelle j’advenais en ce charmant village
médiéval, aujourd’hui devenu une petite ville suburbaine. Les circonstances de l’existence ayant fait
de moi le compagnon d’une institutrice, nos occupations professionnelles respectives devaient s’unir
dans le temps et dans l’espace, en ce lieu d’existence où il fait si bon vivre en la compagnie d’êtres et
d’amis devenus précieux.
Notre demeure était alors située dans un des
logements de fonction du groupe scolaire, depuis dénommé école Pierre Mendès France. Pendant
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tant d’années, la Pâques survenant, nous dûmes vivre en voisinage immédiat de la traditionnelle
fête au village, les réjouissances foraines bâtant leur plein sur la toute proche place de la Gare pleine
de pommes d’amour, d’autos tamponnant, de baraques à frites, de chenillette des neiges et de
chapiteau de toiles en Comité des Fêtes : Une proximité à la fois effrénée, bruyante, volumineuse
mais bonne enfant dans toute son extrême magnificence festive. Tant d’années en superbe corso de
Beaumont, ces circonstances en vacances de Pâques nous permettaient d’accueillir notre famille.
C’était alors en tout début du mois d’avril, celui du renouveau floréal. Il libère habituellement un
piqué de l’air vivifiant et stimulant. Le bonheur à l’état pur. La température douce et émolliente de la
nature reprend vie en ces jours là. Elle laisse alors s’apprécier des moments de quiétude et de grand
bien-être printanier. C’est l’advenue du fulminant moment des floraisons des forsythias et des
cerisiers, des pêchers et des abricotiers. Notre terroir demeure traditionnellement celui des riches mais
vulnérables arbres fruitiers, ceux de la vallée du Rhône. Le temps est alors à l’optimisme et à
l’intention de profiter de la promenade familiale pour goûter de ces plaisirs simples. Ils mettent en
exergue et flattent tous nos sens devenus réceptifs et en pleine effervescence.
Alors, la promenade commence à s’initier pour fuir
le tumulte forain avec ses excès et ses nuisances qui altèrent les sens et même la patience. Elle invite
les promeneurs à gravir la colline d’Orfeuille du côté du septentrion. Parce qu’en cet avril de
mémoire, la bonne pluie printanière apportait une enviable et vivifiante fraîcheur à qui savait en jouir
de toute son âme charmée. C’était celle que je retrouvais dans ces ravissants rameaux de lilas. Mon
ami Yvan possède toujours une demeure construite au fait de la colline du Puits. Toute sa généreuse
bonté m’invitait alors à cueillir, juste ce qu’il fallait pour ne pas en abuser, un magnifique bouquet de
violets lilas. Venue l’orée du mai en toujours, cette abondante haie aux odoriférantes et jolies fleurs
de la désirable couleur mauve, offre toute sa pleine beauté et embaume le voisinage…Nous sommes
au cœur d’un site verdoyant et fait de splendeur naturelle.
C’est une véritable mais indicible magnificence de
humer cette senteur vive, violacée et fraîche, agréable et émoustillante, mouillante et sucrée, fine et
distinguée. Des effluves tellement chers puisque la destinée humaine fit que ma maman se
prénommait Dalila. Sa fleur favorite était le lila. C’était pour moi un ravissement de l’emmener en
promenade sur la colline du Puits en passant par celle promeneuse d’Orfeuille. La douce averse du
joli mai survenait alors et dans la moiteur de l’atmosphère de ce moi de Marie advenant…Il nous était
loisible et tellement agréable d’écouter le chant monocorde du coucou, celui nichant dans la proche
colline d’Orfeuille. Un fieffé et même indélicat locataire n’ayant même pas payé son loyer et
habitant chez d’autres oiseaux aux plumages différents mais défaits de leur havre nidificateur. Alors,
c’était un véritable et parfait bonheur pour moi, de cheminer sur la crête de la colline du Puits et de
celle d’Orfeuille, le bras chargé par un superbe bouquet de lilas en écoutant dans le lointain, le
silence de l’entour, le chant certes ponctué mais si joli à ouïr de toute pièce…Celui annonciateur du
mai joli, celui de la promesse des meilleures et toutes prochaines cerises. Le temps alors est à
l’optimisme, au plein bonheur d’exister en portant une bienheureuse attention, une félicité de
circonstance, au témoignage oiselier offert par…
Le coucou du bois d’Orfeuille…
Jean d’Orfeuille