Le retour de Rabbi Jacob

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Le retour de Rabbi Jacob
Laurence Haloche
29/08/2008 | Mise à jour : 16:52 | Commentaires
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Ultimes répétitions du spectacle mis en scène par Patrick Timsit et mis en musique par
Vladimir Cosma. (Jean-Michel Voge/Le Figaro Magazine)
Trente-cinq ans après, le film de Gérard Oury devient une comédie
musicale. A deux semaines de la première au Palais des congrès,
rencontre sur scène avec Patrick Timsit et l'équipe du spectacle.
Trente-cinq ans qu'on se repasse en boucle la scène de l'usine de chewing-gum
ou la fameuse danse hassidique lancée par un autoritaire « Silence ! Rabbi
Jacob, ille va danser ! » Trente-cinq ans qu'on s'échange ces répliques cultes du
patrimoine cinématographique populaire français : « Vous êtes juif, Salomon ? »,
« Quoi, c'était Farès ? C'est effarant ! » et autres : « Non, pas la pentire, la
pentire : l'animal ! » Immortalisé par Louis de Funès, le personnage de Victor
Pivert appartient au cercle très fermé des emmerdeurs magnifiques - Félix,
Pinot, Pignon - qu'on aime à vouloir retrouver, revoir, réentendre. Nostalgie d'un
comique à la française, où les gags se jouent des différences...
Or, notre époque a plus que jamais besoin de se divertir, de prolonger la
légende, de refaire l'histoire. Juste par plaisir. Le producteur Charles Talar l'a
bien compris, qui, en 2002, lançait pour la première fois l'idée de faire une
comédie musicale des Aventures de Rabbi Jacob. Très vite, il obtenait l'accord de
Gérard Oury et la caution de Vladimir Cosma, prêt à reprendre ses partitions. Six
ans seront toutefois nécessaires pour monter le projet. « Ils ont mis toutes les
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chances de leur côté, assure Danièle Thompson, coscénariste du long-métrage.
Ni mon père ni moi n'aurions accordé notre bénédiction à quelque chose qui
aurait pu risquer d'être médiocre. » Disparu il y a deux ans, le maître ne verra
pas l'adaptation de l'une de ses comédies les plus réussies, mais sans doute
aurait-il été surpris de constater à quel point une oeuvre enracinée dans la
mémoire collective peut donner, même en dehors du champ de la caméra, de
nouvelles boutures.
A quelques semaines de la première au Palais des congrès, toute l'équipe
s'active sur la scène des répétitions. Chargé de la mise en scène, Patrick Timsit
ajuste, micro en main, le positionnement d'un danseur, d'un décor, affine la
coiffure seventies d'un comédien. « Je ne suis pas le rabat-joie de service, mais
ma responsabilité est d'assurer, avec tous les talents qui m'entourent, une
fluidité sur l'ensemble du show. » Depuis début juillet, ils sont 35 acteurs,
danseurs et musiciens, âgés de 18 à 72 ans, à répéter sans relâche. Ce matin-là,
Vladimir Cosma compose encore un dernier duo. « C'est troublant de revenir sur
quelque chose de parfait comme le film, avoue-t-il, mais j'ai tout de suite su
que, sur un sujet aussi universel et toujours d'actualité, je pouvais aller plus loin
en racontant en musique ce qui n'était qu'ébauché dans le scénario. » Ainsi a-t-il
puisé son inspiration dans la mixité ethno-culturelle qu'impose le destin «
patchwork-religieux » de Victor Pivert, homme d'affaires raciste qui, pris en
otage par un rebelle révolutionnaire arabe, finit par lui offrir sa fille en mariage
avec la bénédiction d'un rabbin.
Brodée sur le canevas d'origine, la musique, plus actuelle, s'enrichit notamment
d'un conteur raggamuffin soutenu par une rythmique pop. L'audace est de mise,
et ça paye déjà. Le clip du titre générique du spectacle, Le Rabbi Muffin, chanté
par MC Solaar, remporte actuellement un joli succès sur internet. C'est avec
cette même volonté de mêler les genres que le chorégraphe Najib Guerfi a, lui
aussi, fait cohabiter jazz, danse contemporaine, urbaine et hip-hop... Sans
oublier les traditions juives, incontournables. Pas question de se priver du tube
dansé de la rue des Rosiers qui, repris par Valérie Lemercier en 2006 à la
cérémonie des Césars, peut dérider une salle en deux temps, trois mouvements.
Chorégraphe avec la compagnie Kol Aviv de ce morceau de bravoure, Ilan Zaoui
se souvient des cours qu'il donnait en 1973 à Louis de Funès : « C'était un grand
professionnel, consciencieux, infatigable. Il faut du tempérament pour aller au
bout de cette danse difficile et très physique. On riait beaucoup pendant les
répétitions, comme on a beaucoup ri avec Eric Métayer, qui se livre au même
exercice, redimensionné pour la scène et un peu plus long. »
Certains rôles peuvent être durablement cannibalisés par un interprète. Il fallait
l'énergie d'un artiste comme l'interprète inoubliable et « moliérisé » d'Un monde
fou (30 personnages en une heure !) pour oser se mesurer au souvenir laissé
par Louis de Funès.
Un Victor Pivert plus candide et plus mesquin
« L'important est de ne pas aller sur le terrain de l'autre, mais de se différencier,
explique l'acteur qui a fait ses armes à la Ligue d'improvisation française. Mon
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Victor Pivert est plus candide, plus mesquin, plus veule aussi. Avec lui, je vais
courir le 100 mètres, à ma façon, en espérant arriver dans les mêmes temps que
de Funès ! » Il suffit de le voir répéter une figure de be-bop, jambes en l'air sur
le dos de Marianne James, pour imaginer les nombreux fous rires pris pendant
les répétitions. « N'allez pas croire pour autant qu'on forme une joyeuse colonie
de vacances ! plaisante l'interprète de Germaine Pivert, plus connue comme
jurée de la « Nouvelle Star » après avoir été une magistrale Ulrika von Glotte
dans L'Ultima Récital. On a tous fait des choses avant. Il y a beaucoup de
caractères ici, beaucoup de nombrils, mais nous travaillons tous pour mettre nos
compétences au service exclusif du spectacle : le premier, à Paris, qui peut
légitimement porter le nom de comédie musicale et non de musicale comédie. »
Deux heures de show, un budget de l'ordre de celui de Notre-Dame de Paris, 13
tableaux chorégraphiés, 14 chansons, dont certaines accompagnées par cinq
musiciens en live, un karaoké gestuel... Rabbi Jacob ne pinaille pas sur les
moyens. « Silence ! C'est sûr, le public, ille va danser ! » L. H.
Les Aventures de Rabbi Jacob, du 16 septembre au 30 novembre 2008 au Palais
des congrès. En tournée en province à partir du 15 janvier 2009.
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