Denis Dujour, de fourneaux en fourneaux
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Denis Dujour, de fourneaux en fourneaux
18/04/13 Denis Dujour, de fourneaux en fourneaux Denis Dujour, de fourneaux en fourneaux LE MONDE ECONOMIE | 15.04.2013 à 12h23 Pierre Jullien Denis Dujour, chef du restaurant Au Goût Dujour, à Paris (XVe). | DR Demi-chef de partie, chef de partie, second de cuisine, chef de cuisine associé, chef de cuisine et, enfin, à la tête de son propre restaurant, Denis Dujour , 46 ans, patron du Goût Dujour (http://www.au-gout-dujour.com/) , dans le 15e arrondissement de Paris, a gravi tous les échelons du métier, après un parcours classique qui le voit décrocher un CAP de cuisine en 1988 et un BTS d'hôtellerie-restauration en 1991. Le Monde.fr a le plaisir de vous offrir la lecture de cet article habituellement réservé aux abonnés du Monde.fr. Profitez de tous les articles réservés du Monde.fr en vous abonnant à partir de 1€ / mois Sa vocation - plus que de son nom, qui vaudrait pourtant tous les certificats de prédestination - lui est venue de son père, "qui cuisinait très bien" et lui a donné l'envie de passer derrière les fourneaux. Avec, aussi, un idéal : "J'imaginais un restaurant uniquement pour les amis." Il touche rapidement les limites de ce rêve, car il faut bien gagner sa vie ! Il enchaîne alors les expériences. Il s'inspire d'un chef qu'il admire, Michel Guérard, à la tête des Prés d'Eugénie, à Eugénie-les-Bains (Landes). Même s'il ne www.lemonde.fr/emploi/article/2013/04/15/denis-dujour-de-fourneaux-en-fourneaux_3159893_1698637.html 1/3 18/04/13 Denis Dujour, de fourneaux en fourneaux l'a jamais côtoyé, "tout son parcours a été lié à Michel Guérard", constate-t-il. Il a en effet travaillé avec Didier Oudill , à Biarritz, qui a longtemps été chef de Michel Guérard ;; avec Jacques Chibois , à Grasse, fidèle lui aussi de M. Guérard, et avec Jean-Michel Diot , à New York , qui a été second de ce grand chef. Chaque cuisinier a ses spécialités. Jacques Chibois, par exemple, est renommé pour la qualité de ses légumes. Denis Dujour sera ainsi "aux légumes" chez celui- ci pendant près d'un an : les asperges, les artichauts, les champignons, les herbes, n'ont guère de secrets pour lui. SES CLASSES À LONDRES Il fait ses classes : demi-chef de partie à ses débuts à Londres à l'Hôtel Four Seasons , il se frotte à la cuisine d'hôtel, ouvert sept jours sur sept, où l'on travaille surtout le soir. " Je démarre aux entrées froides puis deviens chef de partie aux entrées chaudes ". Il y acquiert technique et discipline. " On était quinze en cuisine. On ne peut pas faire cette cuisine lorsque l'on se retrouve seul dans son propre établissement ", explique-t-il. A New York, il apprend les cuissons - poissons, viandes, et donc les sauces et les jus - à raison de 130 couverts par service pour trois services quotidiens, sans relâche. En Espagne , en 1999-2000, il devient chef de cuisine et établit la carte d'un restaurant français à Madrid. Et conduit une équipe pour la première fois... Il reste rarement plus de deux ans dans un même restaurant : "On se fatigue, des tensions peuvent se créer avec les propriétaires, on a envie d'avoir les coudées franches." Et, depuis le départ, il sait qu'il ouvrira son affaire à lui. "C'est un travail d'artisan. A un moment, on a envie de se poser , de se mettre à l'épreuve : qu'est- ce qu'on sait faire ?" Le manque de capitaux le conduit à s'associer avec deux investisseurs pour diriger la cuisine des Alchimistes dans le 2e arrondissement de Paris, pendant quatre ans. Dernière étape avant d'avoir , enfin, "son" affaire. Aujourd'hui maître chez lui, tout est différent. Le quartier Beaugrenelle est en pleine mutation depuis son installation en 2008, constate-t-il. SON RIZ AU LAIT Ce n'est que maintenant qu'il commence à avoir une clientèle d'habitués, celle qui traverserait Paris pour déguster son riz au lait et crème pistache, éclats de meringue ou sa terrine de campagne – " trois jours de travail". S'il fait la cuisine qu'il aime, "assez classique", il "revisite" un pot-au-feu aux courges butternut et aux topinambours. Il se heurte aux habitudes de mal-bouffe, aux phénomènes de mode , qui voient les restaurants "japonais" se multiplier . Le plus difficile dans ce métier, pour Denis Dujour ? " Etre régulier, constant d'un www.lemonde.fr/emploi/article/2013/04/15/denis-dujour-de-fourneaux-en-fourneaux_3159893_1698637.html 2/3 18/04/13 Denis Dujour, de fourneaux en fourneaux service à un autre, aussi bien en cuisine que pour les vins, l'accueil, sans hésiter à se remettre en question, s'adapter aux goûts et aux moyens des clients". En attendant, à lui de trouver des solutions pour continuer à ne travailler qu'avec des produits frais, de saison – il attend avec impatience les fraises, framboises et petits pois -, sans four à micro-ondes, en évitant le steak-frites, tout en ménageant ses effets de surprise. C'est ainsi que pour 24 euros à midi – entrée, plat, dessert – j'ai opté pour un œuf poché, bouillon de poule et tomates confites ;; un paleron braisé – fondant - aux aromates et sa polenta crémeuse et hésité entre un baba au rhum, compotée d'abricot et crème fouettée et une soupe de kiwis et sorbet banane. Pour tenir ses prix, crise économique oblige, il a remisé à plus tard son envie de travailler le rouget, le saint-pierre et de servir des châteauneuf-du-pape ou des condrieu s'il veut continuer à proposer des menus à moins de 30 euros. Il n'a pas pour autant abdiqué tout rêve de montée en gamme, qui lui permettrait de proposer des produits plus nobles et d'étoffer son personnel. www.lemonde.fr/emploi/article/2013/04/15/denis-dujour-de-fourneaux-en-fourneaux_3159893_1698637.html 3/3