FORMATION SUR LE FILM LA MORT AUX TROUSSES d`Alfred
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FORMATION SUR LE FILM LA MORT AUX TROUSSES d`Alfred
FORMATION SUR LE FILM LA MORT AUX TROUSSES d’Alfred Hitchcock Le mercredi 20 octobre 2010, l’association Collège au Cinéma 37 a invité à Tours Nachiketas Wignesan, professeur de cinéma, rédacteur de documents pédagogiques et animateur de radio, pour parler aux enseignants du film La Mort aux trousses programmé pour les élèves de 4ème/3ème en Indreet-Loire. I - BIOGRAPHIE D’ALFRED HITCHCOCK Hitchcock, surnommé « Maître du suspense », a réalisé 53 films à suspense (thriller en anglais). Son premier film à suspense est L’Homme qui en savait trop. Le livre de référence sur le réalisateur est Hitchcock / Truffaut qui regroupe des entrevues entre les deux réalisateurs. Anecdote (http://hitchcock.alienor.fr/jeunesse.html) : L'anecdote la plus célèbre sur l'enfance du petit Alfred est l'épisode du commissariat de police qui fut raconté, entre autres, par Patricia Hitchcock, la fille de Sir Alfred. Le père d'Alfred Hitchcock était un grand nerveux à l'humour difficile. Lorsque Alfred était âgé de quatre ou cinq ans, il l'envoya au commissariat (car le père y connaissait le commissaire) avec une lettre. Après lecture de la lettre, le commissaire enferma le petit Alfred durant quelques minutes dans la cellule du poste de police ! En dehors du coté traumatisant de l'incident, la punition reçue par ce gamin de cinq ans fut des plus profitables pour le cinéma, car la terreur qu'inspirait à Hitchcock les policiers se retrouve dans la majorité de ses films. En 1914, année de la mort de son père (Hitchcock a alors quatorze ans), il quitte le collège St Ignatius et part étudier à la School of Engineering and Navigation de Londres. Après l'obtention de son diplôme, il trouve un emploi au département « publicité » de la société W.T. Henley Telegraphic. À l'occasion, il écrit des nouvelles pour une revue que publient ses collègues. Quelques citations : - L'angoisse n'est pas supportable sans l'humour. C'est le mélange qui fait le plaisir. - Ce qui me fait le plus peur ? Les petits enfants. - Une femme de mystère est quelqu'un qui a une certaine maturité et dont les actes parlent plus fort que les mots. - Un film n’est pas une tranche de vie, c’est une tranche de gâteau. - Demander à un homme qui raconte des histoires de tenir compte de la vraisemblance me paraît aussi ridicule que de demander à un peintre figuratif de représenter les choses avec exactitude. - La durée d'un film devrait être directement liée à la capacité de la vessie humaine. - Il n'y a pas de terreur dans un coup de fusil, seulement dans son anticipation. - Un meurtre sans des ciseaux qui brillent est comme des asperges sans sauce hollandaise. Sans goût. - Tout ce qui est dit et non montré est perdu pour le spectateur. - Le théâtre, c’est la vie ; ses moments d’ennui en moins. - Le hockey sur glace est un savant mélange de glisse acrobatique et de Seconde Guerre mondiale. - Pour rouler au hasard, il faut être seul. Dès qu'on est deux, on va toujours quelque part. - Les femmes sont comme le suspense. Plus elles éveillent l'imagination, plus elles suscitent d'émotions. - Les femmes font les meilleurs psychanalystes jusqu'à ce qu'elles tombent amoureuses. Elles font alors les meilleurs patients. - Les acteurs devraient être traités comme du bétail. - Je filme les scènes de meurtres comme des scènes d’amour, et les scènes d’amour comme des scènes de meurtres… Document Association Collège au Cinéma 37 Effet Koulechov : Projection de la séquence au cours de laquelle Hitchcock explique l’effet Koulechov : http://www.youtube.com/watch?v=hCAE0t6KwJY&feature=related : Vers 1921, les cinéastes Lev Koulechov et Vsevolod Poudovkine effectuent une expérience révolutionnaire afin d'expliquer le rôle puissant du montage cinématographique sur l'esprit humain et la façon dont ce dernier réagit par associations d'idées. En quoi consiste alors cette expérience de Koulechov qui sera décisive dans la compréhension des mécanismes psychiques face à l'image animée ? Étapes de réalisation 1. En premier lieu, Koulechov sélectionne, dans un film d'Evgueni Bauer, trois gros plans de l'acteur Ivan Mosjoukine dans lesquels il adopte un jeu relativement neutre et égal. Son regard est dirigé vers le hors champ. 2. Dans un second temps, Koulechov monte les trois gros plans avec d'autres plans différents les uns des autres : une assiette de soupe sur une table, une femme morte dans un cercueil, une petite fille s'amusant. 3. Lorsque Koulechov propose à des spectateurs chacun des plans de Mosjoukine ajustés aux plans de l'assiette, de la femme et de la petite fille, et qu'il les interroge sur le jeu de l'acteur, les spectateurs affirment avoir apprécié la justesse de celui-ci pour exprimer successivement la faim, la tristesse et la tendresse. 4. L'effet Koulechov (appelé aussi effet-K) prouve la fonction créatrice du montage cinématographique dans le simple assemblage de deux images : le montage crée une analogie entre les images qui n’ont pas le même sens alors que les images isolées sont objectives, dépourvues d’émotions. 5. Psychologiquement, l'effet-K produit dans le regard du spectateur une substitution à l'acteur et à son regard, comme un déplacement des émotions. (Source : www.commentfaiton.com) Le Mac-Guffin : Ce terme désigne en réalité la péripétie principale autour de laquelle s’organise l’action, ce après quoi tout le monde court. Le Mac-Guffin crée le mouvement et le suspense, mais en lui-même il n’est rien. Sans doute revient-il à Hitchcock d’avoir démontré, mieux que quiconque, qu’au cinéma seule la course compte, non l’arrivée. Deux exemples célèbres de Mac-Guffin sont la bouteille de Bordeaux remplie d’uranium des Enchaînés (1946) et dans La Mort aux trousses, Georges Kaplan lui-même qui, parce qu’il n’existe pas, est le Mac-Guffin idéal (Source : Dossier pédagogique du CNC). II - LA MORT AUX TROUSSES (1959) Hitchcock disait que ce film était une fable de l’absurde qui se déroulait pendant la Guerre froide. C’est le 23ème film d’Hitchcock mais également le plus long et le plus cher dont il a eu le « final cut ». Ce film sera le modèle du film d’action moderne comme James Bond contre Dr No : c’est grâce à ce film que la notion de « film d’action » a été créée. Code Hays (1934 - 1967) Le code Hays est un code d'autocensure régissant la production des films, établi par le sénateur William Hays, président de l'Association of Motion Picture Producers et The Motion Picture Producers and Distributors of America, en mars 1930 et appliqué à partir de 1934. Ce texte, qui fait suite à l'affaire Fatty Arbuckle (http://www.udenap.org/groupe_de_pages_08/arbuckle_fatty.htm, ndlr), restera en vigueur jusqu'en 1966. Ce code oblige les réalisateurs à montrer des personnages positifs. (Source : http://ann.ledoux.free.fr/pmwiki/pmwiki.php?n=Main.CodeHays) Un réalisateur ne pouvait pas filmer un baiser qui durait plus de trois secondes. Dans beaucoup de films, le héros ne sait pas qu’il est le héros. Extrait de la dernière scène (2 h 10 min 42 sec) Le code Hays étant en vigueur, la scène du baiser est écourtée : elle se prolonge par l’image du train qui pénètre dans le tunnel ; cette allusion clairement phallique est un contournement habile du code Hays. Pour Hitchcock, il avait tourné un cauchemar que les spectateurs regardaient. Hitchcock disait « L'angoisse n'est pas supportable sans l'humour. C'est le mélange qui fait le plaisir. » Document Association Collège au Cinéma 37 Il avait quatre idées pour débuter le film : Première idée : Le film commençait devant l’usine FORD et le spectateur voyait la construction d’une voiture à la chaîne du début à la fin de sa production et quand on ouvrait la portière de la voiture à la fin de la chaîne, un corps en tombait. Deuxième idée : Hitchcock voulait tourner à l’ONU. Pendant l’assemblée, un personnage essayait de réveiller le délégué du Pérou mais il était mort. Hitchcock n’a pas eu les autorisations pour tourner à l’Organisation des Nations Unies pour des raisons de sécurité. Troisième idée : Il voulait tourner dans le désert Quatrième idée : il voulait tourner au Mont Rushmore Métamorphoses de Roger Thornhill AVANT Cynique Fils de maman Garçon Menteur (publicitaire) Pas d’identité – Kaplan Au début il est passif (taxi) Un seul costume gris Vaniteux Manipulé Casanier APRES Sympa Eve Kendall Homme Il est en quête de la vérité Thornhill Actif, c’est lui qui décide Chemise blanche, pantalon noir Simple Manipulateur Aventurier Au début du film, il cherche toujours à joindre sa mère et demande même à sa secrétaire de la joindre. Sa mère occupe même son esprit pendant un rendez-vous d’affaires et il décide de faire une pause pour envoyer un télégramme à sa mère : c’est à ce moment que Thornhill va être pris pour Georges Kaplan. Thornhill commence à grandir lorsqu’il essaye le costume de Kaplan trop petit pour lui dans sa chambre d’hôtel (25 min 45 sec). Dans cette scène, le spectateur peut s’apercevoir d’un faux raccord. C’est au moment où Thornhill parle à Elsie, la femme de ménage. Loi des 30 degrés : pour la même valeur de plan, il faut dépasser 30 degrés pour faire un autre plan. Si le deuxième plan est pris avec moins de 30° d’écart avec le premier, on aura l’impression d’une saute d’image lors du montage. Ainsi, pour faire un deuxième plan, il faut soit changer de plan en respectant la règle des 30°, soit changer d’axe. (Source : http://www.jeldora.fr/cours/chtech/cours.pdf) Scène entre Thornhill et Eve Kendall dans la chambre d’hôtel de Chicago (1 h 13 min) Thornhill dit : « Petit garçon, j’interdisais à ma mère de me déshabiller. » Eve Kendall : « Vous êtes un grand garçon maintenant. » Au début du film, il porte un costume gris sur le fond gris du taxi et ensuite à la gare (39 minutes), il est en gris alors que le train en arrière plan est lui-même gris. Il commence à prendre du relief à l’arrivée à Chicago lorsqu’il est gris mais cette fois, sur un mur blanc. A la fin du film, on ne voit plus que lui car il est habillé en blanc. Scène du train (42 min 47 sec) Dans cette scène, le cadrage montre toute la manipulation d’Eve. Hitchcock disait : « Je film les scènes de meurtres comme des scènes d’amour, et les scènes d’amour comme des scènes de meurtres… » Au début du film, Thornhill joue un jeu avec peu d’expressions ce qui lui vaut la remarque de Philip Vandamm « Vous devriez faire les actors’ Studios. » Titre du film North by Northwest Ce titre annonce l’idée d’un trajet non rectiligne avec plein d’accidents. C’est une référence shakespearienne, d’Hamlet : « I am but mad north-north-west » qui signifie « Je suis fou que quand le vent m’apporte nord nord-ouest ». Visionnement d’une séquence au cours de laquelle Hitchcock parle du suspense : http://www.youtube.com/watch?v=-Xs111uH9ss Scène de l’avion (1 h 03 min 40 sec) Le suspense est créé dans cette scène par la durée (8 minutes) et la construction très longue. Quand Eve laisse Thornhill à la garde de Chicago, il se dirige vers sa mort. Document Association Collège au Cinéma 37 Normalement, une scène d’angoisse c’est la nuit dans une ruelle et dans ce film, c’est tout le contraire, la scène se passe en plein jour et dans un désert. Avant que l’avion arrive, Thornhill aurait pu mourir trois fois avec le passage des voitures (une noire et une blanche) et du camion. Il « meurt » une dernière fois en arrêtant le camion avant que l’avion ne le percute. Cette scène dégrade le personnage de Thornhill : son costume gris est sali. Il peut devenir le héros en s’habillant en blanc. Dans cette scène, la caméra ne l’observe plus ; elle est avec lui dans sa course. Eve Kendall change Roger Thornhill en homme : il a suivi le schéma initiatique du garçon qui devient un homme. Projections de trois extraits de films : Extrait de Spiderman de Sam Raimi (2001) En une nuit, Peter Parker se métamorphose après que l’araignée l’ait piqué. Extrait The Lodger d’Alfred Hitchcock (1927) Histoire de Jack l’Eventreur Extrait du film Sueurs froides d’Alfred Hitchcock (1958) Nous voyons la caméra qui se retire pour dire que l’homme ne voit pas les choses en face. Nicolas Carli-Basset, vice-président de l’association Collège au Cinéma 37, remercie Nachiketas Wignesan d’être venue à Tours pour présenter aux enseignants son analyse du film La Mort aux trousses. Quelques sites utiles http://www.abc-lefrance.com/fiches/mortauxtrousses.pdf : Fiche technique sur le film http://www.site-image.eu/index.php?page=film&id=156&partie=Synopsis Fiche sur le film avec des pistes de travail du CRAC (Centre de Recherche et d’Action Culturelle de Valence) http://www.cinemaparlant.com/fichespeda/fp_mortauxtrousses.pdf : Fiche pédagogique réalisée par Cinéma Parlant http://www.crdp.ac-lyon.fr/IMG/pdf/fichemortauxtrousses.pdf Fiche pédagogique réalisée par Marcel Lognon, responsable Cerise CRDP de Lyon http://www.crdp.ac-lyon.fr/IMG/pdf/fiche_peda.pdf : Fiche pédagogique réalisée par J.-F. Martinon http://www.ac-nice.fr/docazur/spip.php?article125 : Analyse filmique réalisée par le groupe de travail de Grasse http://www.objectif-cinema.com/analyses/059.php : Analyse du film par Marc Lepoivre http://www.cineclubdecaen.com/realisat/hitchcock/mortauxtrousses.htm : Fiche pédagogique du Ciné Club de Caen http://www.ia49.ac-nantes.fr/39371602/0/fiche___pagelibre/&RH=49ped_artcine Fiches pédagogiques réalisées par l’académie de Nantes http://www.aclimoges.fr/musique/Pedagogie/College/Auditions/Cours/3eme/LaMortAuxTrousses/LaMortAuxTrouss es.htm Pistes pédagogiques sur la musique du film (niveau collège) http://www.lesyeuxverts.com/archives/documents/college/college_lamortauxtrousses.pdf : Analyse filmique http://www.filmsite.org/nort.html Critique du film en anglais http://etablissements.ac-amiens.fr/0601178e/quadriphonie/spip.php?article181 Questionnaire sur le film réalisé par Angelina Caussé http://www.acstrasbourg.fr/sections/enseignements/secondaire/pedagogie/les_disciplines/lettres/image__cinema/cinema/college_au_cinema/questionnaire_hitchc/downloadFile/attachedFile_1/Hitchcock_qu estionnaire_V2.pdf?nocache=1271440348.97 Dossier pédagogique réalisé par Carine Hassler du collège Gambetta à Riedisheim http://missiontice.ac-besancon.fr/educationmusicale/spip.php?article199 Séquences pédagogiques par Dominique Goillot, Académie de Besançon Document Association Collège au Cinéma 37 http://www.cnc.fr/CNC_GALLERY_CONTENT/DOCUMENTS/ecole_college_lyceens/dossiers/lyceens/l yceens_mortAuTrousses.pdf : Dossier pédagogique Lycéens au cinéma rédigé par Jean-Philippe Tessé http://www2.cndp.fr/secondaire/bacmusique/trousses/presentation.htm Pistes pédagogiques sur la musique du film (niveau lycée) http://webetab.ac-bordeaux.fr/Pedagogie/Musique/pdf/%20troussesb02.pdf Tableau musical du film La Mort aux trousses Document Association Collège au Cinéma 37