VIBRATIONS DE BASSE FRÉQUENCE affections du rachis lombaire
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VIBRATIONS DE BASSE FRÉQUENCE affections du rachis lombaire
tableau n° 97 fiche de sécurité H2 F 21 01 VIBRATIONS DE BASSE FRÉQUENCE affections du rachis lombaire 1 La définition de la nuisance et du risque Le nombre de cycles achevés en l’espace d’une seconde est appelé fréquence de la vibration ; cette valeur est exprimée en Hertz (Hz). L’énergie des vibrations transmises par les machines mobiles à l’ensemble du corps de l’opérateur se situe essentiellement aux basses et moyennes fréquences entre 0,5 et 20 Hz. En référence aux normes, les effets (biomécaniques, physiologiques, pathologiques…) sur l’homme sont provoqués par des vibrations de 0,5 et 80 Hz avec une sensibilité maximale aux basses et moyennes fréquences (jusqu’à une vingtaine d’Hz). L’amplitude indique la « force » de la vibration. On peut la déterminer en mesurant le déplacement, la vitesse ou l’accélération. Dans le cas des vibrations transmises à l’homme, pour des raisons pratiques, l’accélération est utilisée pour caractériser l’amplitude du signal (exprimée en m/s 2 ). Le degré d’impulsivité de la vibration s’estime par le facteur de crête qui est le rapport de la valeur crête divisée par la valeur efficace de l’accélération. Les « affections chroniques du rachis lombaire » concernées par le tableau sont la sciatique par hernie discale et la radiculalgie crurale par hernie discale. Selon les définitions de la Société Française de Rhumatologie : La lombalgie pure est une douleur lombaire basse ou lombo-fessière, n’irradiant pas au-dessous du pli cruro-fessier*. La lombosciatique est une douleur lombaire accompagnée d’irradiation complète au membre inférieur jusqu’à son extrémité (orteils ou au moins pied) et selon un trajet radiculaire, ou accompagnée de signes neurologiques déficitaires. La sciatique correspond à une atteinte radiculaire L5 ou S1 (VOIR SCHÉMA2), la cruralgie (ou radiculalgie crurale) à une atteinte radiculaire L3 (face antérieure de la cuisse) ou L4 (face antérieure de la cuisse et antéro-interne de la jambe jusqu’au dos du pied). Dans la cruralgie (en particulier L3), la présence de signes neurologiques déficitaires est d’une importance majeure pour pouvoir affirmer l’atteinte radiculaire. Pour les notions d’anatomie relative à la colonne lombaire se reporter à la fiche H2 F 20 01. En ce qui concerne l’origine discale, elle peut être présumée sur des critères cliniques. Elle peut aussi être établie, dans les cas où la clinique n’est pas suffisamment démonstrative, par les données de l’imagerie (TDM, IRM, ou parfois encore radiculographie) démontrant l’existence d’une hernie discale et surtout d’un conflit discoradiculaire correspondant à l’atteinte radiculaire clinique. Le tableau n°97 du régime général de la Sécurité sociale comporte, dans sa 3 e colonne, une liste limitative (terme signifiant que ce qui n’y est pas expressément désigné n'est pas pris en charge) de travaux susceptibles de provoquer les affections chroniques du rachis lombaire indemnisables. Notons d'emblée que la totalité des activités de cette liste est susceptible de concerner les salariés du BTP. DÉFINITION DES VIBRATIONS QUELQUES REMARQUES Les vibrations sont des oscillations caractérisées par leur amplitude et leur fréquence. Ces oscillations peuvent être plus ou moins impulsives (chocs). La définition précise de l’adverbe habituellement dans l’expression du tableau « travaux exposant habituellement aux vibrations » peut donner lieu à des diffi- 2 Les professions exposées cultés, compte tenu de la polyvalence fréquente des opérateurs de certains de ces matériels. La plupart des engins cités dans le tableau n° 97 relèvent des dispositions de l’article R 233-13-19 du code du travail qui subordonne la conduite de certains équipements de travail à l’obtention d’une autorisation de conduite délivrée par le chef d’entreprise. La procédure de délivrance de cette autorisation prévoit un examen médical d’aptitude du conducteur réalisé par le médecin du travail. Ainsi, il est possible d’estimer que la délivrance par l’employeur de cette autorisation est un argument de présomption de conduite habituelle. Si l’on se réfère à la norme Afnor NF E90401-2 et aux résultats de mesurage de vibrations publiés essentiellement dans les Cahiers de notes documentaires de l’INRS, de nombreuses machines mobiles dans des conditions défavorables peuvent exposer les opérateurs à des valeurs de contraintes vibratoires susceptibles de créer un risque pour la santé si l’exposition est quotidienne et de longue durée (voir tableau de la ND 1616 126-87) (SCHÉMA1). Le tableau n° 97 concerne surtout des situations dans lesquelles les vibrations ont un axe principalement vertical (mais non exclusivement) et sont subies par un sujet assis ou debout, c’est-à-dire par le système « corps entier ». Les vibrations transmises par des machines manuelles au système « main-bras », telles que le brise-béton, ne sont pas prises en compte par ce tableau (voir tableau n°69). Il est évident, en pratique, que l’exposition à des vibrations peut se combiner pour une même personne à des travaux habituels de manutention manuelle de charges lourdes dans le bâtiment, le gros œuvre ou les travaux publics. Elle est alors exposée au même type de maladies du rachis lombaire mais cette fois au titre du tableau n° 98 (Affections chroniques du rachis lombaire provoquées Edition novembre 2002. 1 H2 F 21 01 Matériels concernés Engins et matériels tout terrain : chargeuse, pelleteuse, chargeuse-pelleteuse, niveleuse, rouleau-vibrant, camion-tombereau, décapeuse, chariot élévateur, chargeuse sur pneus ou chenilleuse, bouteur, tracteur agricole ou forestier, Engins et matériels « industriels » : chariot automoteur à conducteur porté, portique, pont-roulant, grue de chantier (mobile et à tour), crible, concasseur, broyeur. fiche de sécurité Type de chantiers Bâtiment et Travaux Publics : terrassement, travaux routiers, canalisations, tunnels, carrières, démolition, manutention… Bâtiment et Travaux Publics : manutention en chantier, en atelier, sur parcs… Travaux Publics : carrières, travaux routiers, industries extractives. Tracteurs routiers et camions monoblocs Bâtiment et Travaux Publics par la manutention manuelle de charges lourdes). naturelle. Elle dépend de l’importance de la masse de l’organe et de l’élasticité des tissus qui l’entourent. Un tel système soumis à des vibrations va amortir leur transmission de part et d’autre de sa fréquence propre. Par contre, lorsque le système est « excité » au voisinage de sa fréquence naturelle, il transmet intégralement le phénomène vibratoire et peut même l’amplifier : on dit alors que le système s’est mis en résonance. 3 ➧ Le mécanisme physiopathologique MÉCANIQUE DE LA VIBRATION Le corps humain peut être considéré comme un système mécanique déformable constitué de différentes entités (tête, thorax et membres supérieurs, bassin) reliées entre elles par des ressorts et des amortisseurs que sont les ligaments, les muscles et, au niveau de la colonne vertébrale, les disques intervertébraux*. Lors de l’exposition de l’ensemble du corps à des vibrations, tous les organes ne réagissent pas de la même façon ; certains organes atténuent la transmission du phénomène et d’autres, au contraire, l’amplifient. En effet, chaque organe suspendu du corps humain possède une fréquence d’oscillation qui lui est propre et que l’on appelle fréquence 2 FACTEURS DONT DÉPENDENT LES EFFETS DES VIBRATIONS Les effets biomécaniques des vibrations sur le corps humain vont dépendre, non seulement de la fréquence d’excitation, mais également de l’activité des muscles, de la posture, de l’amplitude de la vibration, de sa durée et de sa direction. Les vibrations verticales : Chez l’homme assis ou debout, jambes tendues, l’ensemble thorax-abdomen est le plus exposé. La flexion des genoux diminue la transmission des vibrations. La principale résonance du tronc selon l’axe vertical se situe aux alentours de 4 tableau n° 97 Professions et situations exposées conducteurs d’engins conducteurs d’engins, de grues… opérateurs chauffeurs poids lourds à 5 Hz. On observe des mouvements relatifs importants d’étirements et de compressions du système thorax – tête par rapport au séant. Ils résulteraient d’un mouvement de rotation du bassin combiné à des mouvements de rotation des vertèbres lombaires liés à la courbure de la colonne vertébrale à ce niveau. La partie supérieure du thorax et la tête se comportent comme une masse rigide à ces fréquences. Les vibrations horizontales : Elles sont moins bien tolérées que les vibrations verticales, surtout pour les fréquences inférieures à 5 Hz, car ces basses fréquences peuvent entraîner des déplacements importants de l’ensemble thorax-bassin. Les vibrations horizontales peuvent provoquer également des mouvements importants de la tête, vers 2 à 3Hz, chez le sujet assis. EFFETS DES VIBRATIONS « CORPS ENTIER » SUR L’ORGANISME Les vibrations vont être à l’origine d’alternance de compressions et d’étire- tableau n° 97 ments des disques intervertébraux et provoquer des microtraumatismes, d’autant plus importants que la position est asymétrique. Il faut y ajouter les chocs successifs lésant les surfaces articulaires et les contractions musculaires intempestives à l’origine d’une fatigue des muscles paravertébraux assurant le maintien de la stabilité vertébrale. Cependant, bien que l’on sache que les vibrations combinées à des contraintes posturales peuvent provoquer des pathologies lombaires, il n’a jamais été possible d’établir une relation linéaire entre l’amplitude de l’exposition et ses effets à partir des études épidémiologiques disponibles. De plus, la lombalgie est une affection touchant plus des deux tiers de la population générale, d’origine multifactorielle, ce qui rend difficile l’établissement d’un lien direct de cause à effet avec la seule exposition vibratoire. Une norme permet d’évaluer ce risque: la norme Afnor NF E 90-401-2 (avril2000), qui définit deux limites d’exposition quotidienne. En dessous de ces limites, les enquêtes épidémiologiques n’ont pas montré d’accroissement significatif de risque de lombalgie chez les populations exposées comparées à des populations équivalentes non exposées. L’évaluation de l’exposition nécessite la détermination des accélérations équivalentes et des durées d’exposition. 4 ➧ La pathologie professionnelle LE DIAGNOSTIC CLINIQUE ET RADIOLOGIQUE Dans la plupart des affections chroniques du rachis lombaire, la douleur est un des signes fonctionnels directement accessible à l’examen clinique et à partir duquel le médecin doit fonder son diagnostic. On parlera de lombalgie commune, en opposition aux lombalgies secondaires à une cause organique particulière (telle une infection, une tumeur, une affection rhumatismale inflammatoire, une affection métabolique). Même si cette douleur peut parfois orienter le diagnostic, son manque de spécificité fait qu’il est souvent difficile d’apprécier sa source précise. Elle est essentiellement engendrée par l’irritation de structures sensibles, identiques d’un étage à fiche de sécurité l’autre de la colonne vertébrale : os, disques intervertébraux, articulations, structures nerveuses, musculaires, tissulaires, tendineuses, ligamentaires. Dans la quasi-totalité des cas, la douleur est supposée être d’origine mécanique par son intensité, augmentée à l’effort et diminuée au repos. Ainsi, dans les lombalgies chroniques, des circonstances particulières réveillent la douleur : mauvaise posture, effort, mouvements incontrôlés… C’est pourquoi beaucoup d’auteurs considèrent que le milieu professionnel, avec ses contraintes répétées, peut constituer un facteur favorisant le passage à la chronicité. Dans la lombosciatique et la radiculalgie crurale, seules prises en compte dans le tableau, des irradiations (à caractère lancinant) dans les membres inférieurs s’associent à la douleur locale rachidienne souvent très intense. En cas d’irradiation sciatique, la lombalgie est associée à une douleur descendant dans la fesse, la face postérieure de la cuisse et de la jambe, ainsi que dans le pied, ceci dans les formes les plus complètes. Ces douleurs sciatiques, fréquentes en pathologie professionnelle, touchent le territoire innervé par les racines du nerf sciatique L5 ou S1 (SCHÉMA 2). Dans la sciatique dite L5, le disque intervertébral situé entre L4 et L5 comprime la racine L5, créant une douleur qui descend de la face postéro-externe de la cuisse à la face postérieure ou externe du mollet, et se propage jusqu’au dos du pied et au gros orteil (SCHÉMA 2). Dans le cas de la sciatique dite S1, le disque intervertébral situé entre L5 et S1 comprime la racine S1, créant une douleur qui siège à la face postérieure de la cuisse et de la jambe, au talon, et se propage jusqu’au bord externe du pied et aux deux ou trois derniers orteils (SCHÉMA 2). Dans la radiculalgie crurale, la douleur lombaire est associée à une douleur descendant dans la fesse, le pli de l’aine, la face antérieure de la cuisse jusqu’au genou. Elle est moins fréquente que l’irradiation sciatique, mais peut être aussi d’origine professionnelle. Le plus souvent, elle est en rapport avec une atteinte de l’étage lombaire L3 ou L4 (SCHÉMA 3). Lors de l’examen médical, on fera préci- H2 F 21 01 ser au patient le trajet de la douleur et ses caractéristiques. L’examen neurologique permet de rechercher des signes de souffrance nerveuse, sciatique ou crurale : ◗ diminution ou abolition des réflexes rotuliens et/ou achilléens ; ◗ diminution ou perte de la sensibilité ; ◗ déficit moteur si le malade se plaint de dérobement du membre inférieur à la marche ou à la descente des escaliers. On recherchera également une amyotrophie* par la mesure des différents périmètres musculaires et d’autres signes cliniques. Cet examen permettra au médecin et au chirurgien de préciser le traitement à envisager. TRAITEMENTS Traitement médical : Toujours choisi en première intention, le traitement médical comprend : ◗ l’administration en comprimés ou par injection d’anti-inflammatoires, d’antalgiques et de décontracturants, ◗ le recours si nécessaire aux infiltrations, ◗ la mise en œuvre de la rééducation fonctionnelle. 9 malades sur 10 guérissent en quelques semaines avec le traitement médical et fonctionnel. Un délai de 6 à 8 semaines est nécessaire avant d’envisager d’autres thérapeutiques plus «agressives». En fonction de cet examen clinique et de l’état général du salarié, le médecin décide d’effectuer ou non des examens complémentaires, en particulier radiologiques. Il s’agit alors de la radio simple, pour rechercher une cause non mécanique (infection des vertèbres etc.), ou du scanner (tomodensitométrie) voire de l’IRM (imagerie par résonance magnétique), essentiellement destinée à poser l’indication d’un acte chirurgical. Le repos au lit ne doit être prescrit que si la douleur le nécessite. Il ne doit pas être trop prolongé. Il faut conseiller aux patients de rester aussi actifs que possible, en poursuivant leurs activités de la vie quotidienne. L’arrêt de travail doit être adapté à l’intensité de la douleur et au type de travail exercé. Parallèlement, le patient doit réapprendre à utiliser son dos et à maîtriser le positionnement du bassin et de la colonne lombaire dans les gestes de la vie quotidienne. Tout geste brusque, se 3 H2 F 21 01 fiche de sécurité pencher en avant, en arrière ou latéralement, est à éviter. Pour ramasser un objet, le sujet devra s’il le peut, plier les genoux et non le buste. Il doit apprendre à utiliser son environnement afin d’alléger les contraintes subies par son rachis lombaire. Par exemple : appui d’une partie du corps sur un élément mobilier, un mur etc. De même, on recommandera aux lombalgiques de ne pas manipuler sans précaution des charges lourdes. La reprise de l’activité professionnelle pourra s’appuyer sur des stages de réentraînement à l’effort voire une prise en charge dans le cadre de « l’École du dos ». Traitement chirurgical : ➜ LA CHIRURGIE PEUT ÊTRE ENVISAGÉE : ◗ en urgence, devant une paralysie et/ou des troubles sphinctériens* ; ◗ à froid, en cas d’échec d’un traitement médical bien conduit. Actuellement, la microchirurgie vidéoassistée est un progrès incontestable. Cette chirurgie donne 90 % de bons résultats. Elle nécessite une parfaite justesse de son indication, c’est-à-dire l’authentification d’un conflit disco-radiculaire* (en pratique, une hernie discale importante décelée à l’IRM ou à la TDM). En cas de récidive herniaire, une nouvelle intervention peut être tentée avec 70 % de bons résultats. Malgré la chirurgie, des douleurs lom- baires, parfois invalidantes, peuvent persister après l’intervention, posant alors de difficiles problèmes à la reprise du travail. Ces avancées chirurgicales ont permis de réduire l’utilisation d’autres techniques (nucléolyse et nucléotomie). ➜ LA NUCLÉOLYSE ET LA NUCLÉOTOMIE : La chimio-nucléolyse consiste à injecter une enzyme végétale (la papaïne) dans le disque intervertébral afin d’entraîner son ramollissement et donc celui de la hernie. La nucléotomie permet d’enlever à l’aide d’un tube de faible calibre appelé nucléotome la partie centrale du disque intervertébral d’où la hernie discale est issue. 5 ➧ Démarches de prévention (LOI DU 31 DÉCEMBRE 1991 - PRINCIPES GÉNÉRAUX DE PRÉVENTION) PRÉVENTION TECHNIQUE Elle doit permettre de limiter autant qu’il est techniquement possible les effets des vibrations de basse et moyenne fréquences transmises au corps entier. L’action de prévention devra également tenir compte des contraintes posturales. Éviter le risque : > Symptomatologie topographique (SCHÉMA 2) Radiculopathie (atrophie, parésie) Douleur tableau n° 97 Éviter le risque « du mal de dos » inhérent aux vibrations produites par les engins, les tracteurs routiers et les camions et éviter le risque lié aux postures reviendrait soit à télécommander les engins, soit à réduire leur utilisation au strict minimum. Or la mécanisation croissante, en particulier dans les travaux publics, pour diminuer les délais d’exécution des travaux et parallèlement pour atténuer la pénibilité de nombreuses tâches manuelles est irréversible. Les solutions de prévention ne peuvent donc être trouvées que grâce à l’évaluation du risque et aux mesures qui en découleront pour y pallier. Évaluer le risque qui ne peut être évité : Si la nuisance, en l’occurrence « les vibrations », ne peut être supprimée, le risque induit peut être considérablement atténué. Dans un premier temps, la prévention primaire, qui consiste à réduire sensiblement l’amplitude vibratoire des engins, relève du fabricant qui devra procéder à une mesure des vibrations verticales et horizontales pour : ◗ estimer les risques encourus par les personnes exposées ; ◗ établir un diagnostic en vue de remédier à une amplitude vibratoire trop importante ; > Radiculalgie crurale Paresthésies Réflexes diminués ou abolis (SCHÉMA 3) Névralgie crurale L3 Rotulien L4 L4 L5 S Caractérisée par des douleurs intenses, souvent diurnes et nocturnes, à type de brûlures L3 L4 L5 L5 Ischio-Jambier S L3 L4 S1 Achiléen L4 L5 S DR Siège : face antérieure de la cuisse (L3) face antéro-interne de la jambe (L4) 4 tableau n° 97 ◗ évaluer l’efficacité des systèmes antivibratiles existants. Toutes ces études permettront l’élaboration d’une gamme de matériels adaptée aux différents types de travaux et faciliteront le choix de l’acheteur. Dans un second temps, l’entreprise devra définir des temps d’exposition après évaluation du risque lié aux postures et aux efforts générés par l’emploi de ces matériels. Combattre le risque à la source : Pour les engins et les véhicules tout-terrain, la réduction des vibrations à la source repose sur : ➜ l’entretien des pistes et voies de circulation: ◗ Sur les chantiers et carrières, l’entretien régulier des pistes à l’aide d’une niveleuse constitue un bon moyen de réduire les vibrations transmises à l’engin. ◗ Dans les ateliers et les entrepôts, la réduction des vibrations passe par un bon entretien de la couche de roulement (bouchage des nids de poules, soin apporté aux raccordements,…). ◗ Sur les chantiers de bâtiments (par exemple pavillonnaires), l’exécution des VRD (voies et réseaux divers) avant le démarrage des travaux de bâtiment proprement dits est de nature à diminuer les nuisances dues aux vibrations. ➜ la diminution de la transmission des vibrations en intercalant des dispositifs de suspension entre l’homme et la machine. Dans un véhicule, la transmission des vibrations au conducteur peut être réduite par un choix judicieux des pneumatiques et enfin par l’option de châssis ou de cabines bénéficiant de suspensions efficaces sur les basses fréquences pour réduire les vibrations dues au roulement. Il peut également être intéressant d’isoler dynamiquement certains équipements des engins : godet des chargeuses, attelages suspendus de remorque… L’utilisation de coussins spécialement conçus pour réduire la transmission des vibrations et améliorer l’assise peut être intéressante. Adapter le travail à l’homme. Le principe conduit à : ◗ Aménager l’accès au poste de conduite pour éviter les contorsions au début et en fin de poste et les sauts de la cabine à l’origine de chocs subis par la colonne vertébrale après une longue période de fiche de sécurité conduite immobile (marchepieds, rampes…). ◗ Choisir le matériel en adéquation avec le travail à réaliser : en particulier, un matériel sous-dimensionné est susceptible de générer un niveau de vibrations supérieur à celui obtenu avec un matériel convenablement adapté. ◗ Éventuellement, limiter les temps d’exposition sur les machines. À cet égard, rappelons que tous les engins ne sont pas équivalents en termes de sollicitations de l’organisme (voir chapitre 2) (SCHÉMA N° 1). Ceci doit être pris en compte lors de l’affectation du personnel sur les différents matériels. Tenir compte de l’évolution de la technique : Depuis le 1er janvier 1995, les constructeurs de matériels ont l’obligation, en référence à la « Directive Machines », de réduire les vibrations au niveau le plus bas possible compte tenu de l’état de la technique. En effet, le décret n° 92-767 du 29 juillet 1992, applicable depuis le 1er janvier 1995, donne obligation aux fabricants de «fournir aux acheteurs une information dans les notices d’instruction sur les intensités vibratoires émises par toute machine mobile transmettant des vibrations supérieures à 0,5 m/s2 ». De plus, « le siège doit être conçu pour réduire au niveau le plus bas possible les vibrations transmises au conducteur». En conséquence, il convient de choisir un nouveau matériel ou bien d’adapter des systèmes antivibratiles plus efficaces, notamment en ce qui concerne les sièges à suspension. Remplacer ce qui est dangereux par ce qui est moins dangereux ou pas dangereux : ◗ Aménager le poste de conduite de telle sorte que les contraintes n’accélèrent pas l’évolution vers les lombalgies. ◗ Inciter à modifier, changer les sièges. On trouve encore souvent dans les engins de chantier des sièges à suspension qui amplifient les vibrations au lieu de les réduire. Le siège à suspension doit être choisi en fonction des caractéristiques dynamiques des véhicules. Il faut savoir qu’un siège adapté (dernier étage de suspension et parfois le seul étage de suspension existant dans les chariots élévateurs) permet dans certains cas de réduire de moitié le niveau vibratoire. Dans les gros engins de chan- H2 F 21 01 tier, on ne peut pas espérer une réduction supérieure à 10-20 %. Il est important que le siège soit correctement réglé au poids du conducteur pour éviter les possibilités de talonnement. Planifier la prévention : ◗ Planifier les interventions de maintenance et d’entretien. Ne pas attendre le vieillissement et l’usure des pièces des moteurs dont le mauvais fonctionnement pourrait accroître l’intensité vibratoire. Les remplacer par des pièces neuves de même qualité et de même efficacité. ◗ Vérifier très régulièrement l’état des suspensions dans leur intégralité. ◗ Ne pas hésiter à remplacer un siège « fatigué » par un autre encore mieux adapté. Prendre des mesures de protections collectives en priorité sur les protections individuelles : ➜ Protections collectives (citées ci-dessus). ➜ Protections individuelles: ◗ Ceinture lombaire éventuelle, après avis du médecin du travail. L’utilisation d’une ceinture lombaire ne doit pas revêtir un caractère systématique (la ceinture lombaire n’est pas un EPI). En effet, d’une part leur efficacité pour réduire l’astreinte vibratoire n’a jamais été démontrée et d’autre part, un port quotidien peut avoir des conséquences néfastes sur la musculature. Seuls certains critères médicaux justifient la prescription d’une ceinture de maintien lombo-abdominale. De même, certains travaux exposant fortement aux vibrations, comme la conduite prolongée d’engins de terrassement sur des terrains particulièrement accidentés, peuvent également constituer une indication raisonnable. Informer, former des salariés : Les problèmes de vibrations étant complexes, ils peuvent être abordés à travers l’action du CHSCT lorsqu’il existe. ◗ Informer tous les salariés des risques liés aux vibrations. ◗ Former les salariés à appliquer les règles de prévention pour toutes les autres tâches qui les exposeraient au risque de «mal de dos», notamment les efforts de manutention manuelle. Expliquer aux salariés l’importance de bien régler le siège. PRÉVENTION MÉDICALE Le médecin du travail doit, en plus de son action sur le terrain : 5 H2 F 21 01 ◗ donner un avis médical sur les autorisations de conduite par la délivrance de leur aptitude médicale à la conduite, ◗ sensibiliser les salariés au cours de la visite médicale par des documents, fiches sur les conditions de travail, ◗ promouvoir l’apprentissage gestuel en situation réelle de travail, ◗ encourager le salarié à pratiquer régulièrement une activité physique adaptée. Lorsqu’un salarié a été opéré d’une hernie discale, l’accueil du salarié en visite de reprise du travail doit être préparé (intérêt de la visite de préreprise du travail). Cependant, la reprise du travail peut être délicate. Le médecin du travail peut mettre en œuvre des moyens spécifiques fiche de sécurité de façon à permettre le maintien dans l’emploi du salarié, en particulier les aides apportées par l’AGEFIPH (Association nationale pour la gestion des fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) et la Cotorep (Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel). 6 ➧ L’enjeu économique Le « mal de dos », avec ses degrés de gravité, est reconnu comme un important problème de santé au travail. De ce > Valeur moyenne des accélérations équivalentes au poste de conduite tableau n° 97 fait, il implique un enjeu économique non négligeable pour tous : ◗ pour le travailleur « malade », sous forme de souffrance, perte de ses capacités physiques, voire inaptitude ; ◗ pour l’employeur, sous forme de coûts directs (cotisations accidents du travail – maladies professionnelles) et indirects induits par l’absentéisme et ses conséquences (par exemple, l’absence d’un chef d’équipe qui va désorganiser le fonctionnement de l’équipe, l’appel d’un remplaçant ou d’un intérimaire à former etc.). Ce tableau permettra un recensement des affections chroniques du rachis lombaire qui grèvent lourdement la santé des travailleurs du BTP. (ND 1616 126-87) (SCHÉMA 3) DR accélération équivalente (m/s2) 6 fiche de sécurité tableau n° 97 – Affections du rachis lombaire provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences – 7➧ La réglementation Désignation des maladies Sciatique par hernie discale L4-L5 ou L5-S1 avec atteinte radiculaire de topographie concordante. H2 F 21 01 Date de création : 16 février 1999 – Tableau n° 97 du régime général – (Décret du 15 février 1999) Délai de prise en charge 6 mois (sous réserve d’une durée d’exposition de 5 ans) Radiculalgie crurale par hernie discale L2-L3 ou L3-L4 ou L4-L5, avec atteinte radiculaire de topographie concordante. Liste limitative des travaux susceptibles de provoquer des maladies Travaux exposant habituellement aux vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier : – par l’utilisation ou la conduite des engins et véhicules tout terrain : chargeuse, pelleteuse, chargeusepelleteuse, niveleuse, rouleau vibrant, camion tombereau, décapeuse, chariot élévateur, chargeuse sur pneus ou chenilleuse, bouteur, tracteur agricole ou forestier ; – par l’utilisation ou la conduite des engins et matériels industriels : chariot auto-moteur à conducteur porté, portique, pont roulant, grue de chantier, crible, concasseur, broyeur ; – par la conduite de tracteur routier et de camion monobloc. En 1999, 111 maladies professionnelles, toutes professions confondues, ont été reconnues au tableau n° 97 dont 25 dans le secteur du BTP (24 sciatiques et 1 radiculalgie crurale). > TEXTES RÉGLEMENTAIRES ■ Décret n° 92-767 du 29 juillet 1992 – Article R. 233-84 – Annexe 1. > NORMALISATION ■ FD CR 12349 (1996) : Guide concernant les effets des vibrations sur la santé du corps humain. ■ NF E N ISO 7096 (2000) : Engin de terrassement. Évaluation en laboratoire des vibrations transmises à l’opérateur par le siège. ■ NF E 90-401-2 (2001) : Vibrations et chocs mécaniques. Évaluation de l’exposition des individus à des vibrations globales du corps – Risques pour la santé. ■ NF R 18-401 (1990) : Véhicules routiers. Vibrations transmises par les sièges des véhicules de plus de 12 tonnes de poids total autorisé en charge (P.T.A.C.). ■ U O3-040 (1990) : Tracteurs agricoles à roues. Siège du conducteur. Mesurage en laboratoire des vibrations transmises. ■ NF EN 1032 (1997) : Vibrations mécaniques. Essai des machines mobiles dans le but de déterminer l’intensité vibratoire transmise à l’ensemble du corps. ■ NF EN 12096 (1997) : Vibrations mécaniques. Déclaration et vérification des valeurs d’émission vibratoire. ■ NF EN 30326-1 (1994) : Vibrations mécaniques. Méthode en laboratoire pour l’évaluation des sièges de véhicules. Partie 1 : exigences de base. > ONT PARTICIPÉ À CETTE ÉTUDE ■ RÉDACTEURS : ◗ Dr J.C. Abécassis (C. Régional Paris-Ilede-France) ◗ Dr J.P. Barbier (AMT. BTP de Saône et Loire) ◗ Dr J.P. Baud (C. Régional Rhône-Alpes) ◗ Dr J.F. Boulat (C. National) ◗ Dr V. Delorge (C. Régional Aquitaine) ◗ Dr A Poirier (C. Régional Normandie) ◗ M A. Lebrech (Ex-ingénieur au Service technique du C. National) ■ RELECTEURS : ◗ Dr G. Artus (C. Régional Auvergne) ◗ Dr N. Chemin (Mme) (C. Régional Limousin-Poitou-Charentes) ◗ Dr J.Y. Dubré (C. Régional Pays-de-laLoire) ◗ Pr. P. Frimat (C. Régional Nord-Picardie) ◗ Dr L. Gucève (C. Régional Alsace-Moselle) ◗ Dr F. Matha (C. Régional LanguedocRoussillon) ◗ Dr G. Péguin (C Régional Sud-Est) ◗ Dr A. Pelé (C. Régional Bretagne) ◗ Dr C. Robert (Mme) (C. Régional Centre) ◗ Dr G. Serrano-Duchalet (Mme) (C. Régional Midi-Pyrénées) ◗ Mme D. Picard (Ergonome au Service études et recherches appliquées du C. National) ◗ M. G. Dieudonné (Ingénieur au Service études et recherches appliquées du C. National) ◗ M. P. Donati (Chef du Laboratoire Prévention Technique des Machines - INRS) 7 H2 F 21 01 > BIBLIOGRAPHIE ■ Notes documentaires INRS : ND 1616126-87, ND 2011-162-96, ND 1889148-92, ND 1869-146-92 ■ Les sièges à suspension pneumatique Cemagref, BTMA n° 59, juillet-août 1991, D. Tran Ngoc, P. Boulanger, P. Donati ■ Les sièges à suspension pour chariots élévateurs, INRS, Fiche pratique de sécurité ED 42 ■ Les vibrations au poste de travail AISS, publié par le Comité international pour la recherche, 1989 ■ La conduite sans les secousses, Spécial caristes, Comment régler votre siège, INRS ED 1373 (1992) ■ La conduite sans les secousses, Spécial mécaniciens, Comment choisir et entretenir un siège à suspension pour chariot élévateur, INRS ED 1372 (1992) ■ Confort vibratoire dans les véhicules fiche de sécurité industriels et les engins de chantier, P. Donati, P. Boulanger, J.P. Galmiche, INRS ED 1403 (1993) ■ Evaluation et prévention des vibrations mécaniques transmises à l’ensemble du corps ou aux membres supérieurs, P. Donati, Encyclopédie Médicochirurgicale 16-518-A-10, n° 112 (1996) ■ Le mal de dos. Docteurs V. Hazebroucq, S. Rozenberg, P. Bourgeois, Professeur R. Juvin, Prophyl Santé, n° 13, mars 1999, pages 6-35 ■ Capacités fonctionnelles lombaires, lombalgies et contraintes professionnelles. Etudes de la manutention manuelle, des vibrations et des postures prolongées, Docteur D.Flenghi, Notes scientifiques et techniques de l’INRS, NS 0127 (1995), 191 pages ■ Radiculalgies crurales et sciatiques discales, V. Stoffel, Revue du praticien, Médecine générale, Tome 12, n° 437 (9.11.1998) tableau n° 97 ■ Décret n° 99-95 du 15 février 1999 modifiant et complétant les tableaux de maladies professionnelles annexés au livre IV du code de la Sécurité sociale (J.O. du 16 février 1999, pages 2423-1224) et commentaires, Docteurs A. Leprince, J.P. Meyer, P. Donati, Documents pour le médecin du travail, n° 77, 1er trimestre 1999 (tableaux n° 97 et n° 98, pages 57 à 62) ■ Evaluation de la contrainte lombaire en milieu de travail, P. Broutin-Dronsart, Notes scientifiques et techniques de l’INRS NS 0129 (1995), 175 pages ■ Rachialgies en milieu professionnel, Quelles voies de prévention ? Expertise collective, Editions Inserm (1995), 193 pages ■ Fiche « Vibrations », J.P. Barbier, Fiches actualisées de nuisances (FAN), Groupement national des médecins du BTP (GNMBTP) > GLOSSAIRE ◗ Ambulatoire : qui n’exige pas l’hospitalisation. ◗ Amyotrophie : diminution de volume des muscles. ◗ Conflit disco-radiculaire : conflit entre le disque malade et une racine nerveuse. ◗ Crêtes iliaques : crêtes osseuses situées à la partie supérieure de l’os du bassin appelé os iliaque. ◗ Cruralgie : douleur siégeant à la cuisse. Par extension, irritation des racines du nerf crural. ◗ Disques intervertébraux : formations interosseuses unissant deux corps vertébraux constituées par un segment périphérique fibreux et par une zone centrale gélatineuse appelée noyau pulpeux. ◗ Flatulence : accumulation de gaz dans le tube digestif provoquant un ballonnement abdominal et des troubles digestifs. ◗ Hertz : unité de mesure de la fréquence des vibrations. ◗ IRM : Imagerie par résonance magnétique. ◗ Lombalgies : douleurs de la région lombaire. 8 ◗ Lombo-sacrée (douleur) : douleur siégeant au niveau des vertèbres lombaires basses et du sacrum (au-dessus du coccyx). ◗ Lombo-sciatalgies : douleurs de la région lombaire s’accompagnant d’irradiation sur le trajet du nerf sciatique (membre inférieur). ◗ Ostéophytes hypertrophiques : développements osseux exubérants au voisinage d’une articulation malade (signe d’arthrose). ◗ Radiculalgie : douleur due à l’irritation des racines des nerfs rachidiens. ◗ Sciatique : syndrome provoquant une douleur le long du nerf sciatique. ◗ Tachycardie : accélération du rythme cardiaque. ◗ TDM : Tomodensitométrie, appelée plus communément scanner. ◗ Troubles menstruels : anomalie des règles chez les femmes. ◗ Troubles sphinctériens : perte de tonicité des sphincters (entraînant par exemple une incontinence…).