Allocution d`ouverture par SEM M`hamed El Khalifa, 5 Février 2001

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Allocution d`ouverture par SEM M`hamed El Khalifa, 5 Février 2001
ALLOCUTION D’OUVERTURE PAR S.E. M. M’HAMED EL KHALIFA
MINISTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DE LA REFORME
ADMINISTRATIVE
DU ROYAUME DU MAROC ET
PRESIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DU CAFRAD
A LA TROISIEME CONFERENCE PANAFRICAINE
DES MINISTRES DE LA FONCTION PUBLIQUE
Windhoek, Namibie
5 Février 2001
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Monsieur le Secrétaire Général Adjoint des Nations-Unies,
Messieurs les Chefs de délégation,
Monsieur le Directeur Général du CAFRAD,
Mesdames et Messieurs,
Permettez moi en premier lieu d’exprimer en mon nom et au nom de mes collègues notre
profonde gratitude à la République de Namibie d’avoir bien voulu abriter la Troisième
Conférence Panafricaine des Ministres de la Fonction Publique et d’avoir consenti des efforts
louables pour l’organiser et lui assurer une réussite pour le bien de l’Afrique.
Le Royaume du Maroc qui a accueilli les deux premières conférences panafricaines en 1994 et
1998 est pleinement conscient que ce n’est pas une mince affaire de convoquer une réunion de
personnalités éminentes composées de ministres de la Fonction Publique, d’experts, de
représentants d’organisations internationales et régionales. Il sait tout aussi bien combien ces
réunions sont très utiles parce qu’elles visent dans une grande mesure à poser des problèmes
communs auxquels sont confrontés les peuples et gouvernements africains dans le domaine de
l’administration publique et engager une discussion à leur sujet. Ce qui mérite notre gratitude.
Nous félicitons en conséquence la République de Namibie, d’avoir pris les dispositions
adéquates pour faciliter notre séjour et assurer plein succès aux travaux de notre Conférence.
Il ne fait aucun doute que notre Conférence représente aujourd’hui un événement majeur eu
égard à l’Administration publique en Afrique. Je voudrais à cet égard exprimer mes vifs
remerciements à tous les organismes qui sont à l’origine de l’organisation de notre Conférence,
notamment au CAFRAD et au Département des Nations Unies pour les Affaires Economiques et
Sociales (DESA).
Je voudrais également présenter mes sincères félicitations et mes remerciements chaleureux au
Gouvernement de l’Afrique du Sud et au Gouvernement de la Guinée Bissau d’avoir exprimé le
vœu d’abriter la présente Conférence souhaitant que l’occasion sera offerte à l’avenir pour la
tenue d’autres conférences dans ces deux pays frères.
J’adresse mes sentiments de considération et de gratitude à mes collègues, les ministres africains,
à Messieurs les experts et représentants des organisations internationales et des organismes
spécialisés d’avoir bien voulu répondre à l’invitation qui leur a été adressée par le CAFRAD.
Mesdames, Messieurs,
Notre première Conférence, tenue à Tanger en juin 1994, a été l’occasion d’explorer les
domaines de coopération entre pays africains dans le domaine de la fonction publique et de la
réforme administrative. Elle a été également l’occasion de mettre en exergue la nécessité d’avoir
une vision évolutive, et commune pour une approche des questions du développement de
l’administration dans notre continent et pour l’établissement d’un lien avec la problématique du
développement économique et social dans tous ses aspects. Cette première Conférence
Panafricaine a été également un forum pour attirer l’attention de la Communauté Internationale
et inviter les organisations internationales et les institutions spécialisées à mobiliser davantage de
soutien à la fonction publique africaine afin de l’aider à renforcer ses capacités de mise en oeuvre
des politiques générales élaborées pour faire face aux besoins des collectivités nationales. A cet
égard, la Déclaration de Tanger a été un message très fort adressé à la Communauté
Internationale qui a donné lieu à l’adoption par l’Assemblée Générale des Nations-Unies de la
Résolution 225/50 mettant l’accent sur le rôle primordial dévolu à la fonction publique en
matière de développement.
Cette résolution recommande le renforcement de l’appui et de l’assistance technique à apporter
aux pays en développement, notamment aux pays africains.
La Deuxième Conférence Panafricaine des Ministres de la Fonction Publique, qui s’est tenue à
Rabat en décembre 1998 sous le thème : « La fonction publique en Afrique, nouveaux défis,
professionnalisme et éthique », a abouti, comme on sait, à la « Déclaration de Rabat » qui a lancé
un appel pour l’élaboration d’une charte de la fonction publique en Afrique comportant un code
de conduite des fonctionnaires.
En coordination étroite avec la présidence de la Conférence, des Nations-Unies et du CAFRAD,
un groupe de travail composé des représentants de la Tunisie, du Benin, du Burkina Fasso, du
Cameroun, du Gabon, de l’Ouganda, de l’Ethiopie,, de l’Afrique du Sud, de la Namibie, de
Madagascar et du Maroc, ainsi que des experts, a été constitué avec mandat d’élaborer un projet
de Charte de la fonction publique à soumettre à la Conférence Panafricaine des Ministres de la
Fonction Publique en vue de l’adopter.
Après une série de réunions, soit à New York (novembre 1999), soit à Tanger (janvier 2000) le
projet de charte a reçu sa version définitive et a été envoyé par le CAFRAD aux pays africains.
Les grands principes que renferme cette charte soumise à notre adoption se résument comme
suit:
•= définition de règles et normes susceptibles de régir tous les pays africains sans
discrimination aucune ;
•= établissement de distinction entre les dispositions régissant l’administration et celles
concernant les fonctionnaires ;
•= renforcement de la transparence, de l’éthique et du professionnalisme au sein des
administrations africaines ;
•= prise de conscience du rôle important dévolu à la fonction publique et préservation de
sa réputation ;
•= encouragement à conduire des changements dans le comportement et amélioration
des pratiques.
Par l’élaboration de cette charte, les pays africains visent à établir de nouvelles relations entre
l’administration publique et son environnement, dans le but de relever les défis du
développement et de s’adapter aux mutations profondes qui caractérisent le nouveau millénaire.
La réalisation de cet objectif dépendra du degré d’application par nos pays des dispositions
contenues dans la charte ainsi que de la modernisation des législations et réglementations
relatives à la fonction publique.
Mesdames, Messieurs,
La tenue de la Troisième Conférence Panafricaine dont l’objectif principal est l’adoption de la
Charte africaine de la fonction publique en Afrique, émane de la volonté de poser la
problématique du développement des systèmes de la fonction publique et de la réforme
administrative, ainsi que de la simplification des procédures administratives dans le cadre de
mutations profondes que connaît le continent africain et que connaît le reste du monde à un
rythme bien plus soutenu.
Il devient nécessaire de réfléchir sur de nouvelles bases pour développer notre service publie,
accroître sa mise à niveau, et permettre aux politiques de réforme administrative menées par nos
pays de s’adapter aux exigences actuelles. C’est précisément l’un des objectifs assigné à cette
Conférence qui pose une problématique majeure liée à la moralisation du service publie comme
préalable à la réforme de la fonction publique en Afrique.
Le développement ne peut intervenir dans un climat de maladministration. Il est grand temps que
l’éthique et la transparence soient les premières préoccupations à réaliser dans nos politiques de
réforme. Quelle que soit la nature ou la gravité des problèmes dont souffrent nos administrations,
ravi quelle que soit la rigidité des contraintes sociales, des croyances culturelles et de leur force
de pénétration dans les rouages administratifs, rien ne peut infirmer l’idée majeure selon laquelle
le respect du fondement moral du service public est une nécessité absolue. L’établissement de
relations de confiance entre administrations et citoyens et l’instauration de nouveaux rapports
avec le secteur privé peuvent permettre la création d’un environnement approprié sur la base
duquel l’entreprise africaine contribuera à l’effort général de développement. L’adoption par les
administrations africaines d’une politique de moralisation du service publie et l’enracinement de
comportements culturels trouvant leur racine dans le patrimoine de notre civilisation africaine
pourraient accélérer un flux d’investissements étrangers et attirer des capitaux dont nos pays ont
un besoin urgent pour renforcer leurs infrastructures et parachever la construction de leurs
économies nationales. Le respect de valeurs comme l’intérêt général, l’observance de la loi par
l’administration, le souci de ne pas dilapider les deniers publics sont autant de principes
susceptibles d’instaurer de nouveaux rapports entre les systèmes africains et leur environnement
dans le but de promouvoir la bonne gouvernance.
Vous n’êtes pas sans partager l’opinion que les capacités managériales des administrations
africaines sont en deçà des ambitions de nos gouvernants et des attentes de nos peuples. En dépit
des efforts de modernisation consentis Ici et là, la dimension du professionnalisme est quasiabsente de nos politiques de réforme, qu’il s’agisse du recrutement, de la formation ou de la
préparation des diplômés à accéder à la fonction publique, ou encore du déroulement de plan de
carrière ou du recyclage et du perfectionnement. En évoquant à cette Conférence la question de
l’éthique et celui du rôle dévolu aux instituts et écoles de formation administrative, nous n’avons
cessé de souligner la nécessité de relever le niveau des compétences techniques des agents et
l’importance de considérer le professionnalisme dans l’action administrative en mettant l’accent
sur la responsabilité du service publie de bien s’acquitter de sa tâche. D’où le besoin de revoir de
fond en comble les politiques de recrutement, la gestion des ressources humaines et le rôle des
instituts de formation administrative.
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais à cette occasion, rendre hommage au travail accompli par le CAFRAD, notamment à
ses efforts visant à traduire dans les faits le contenu de la Déclaration de Rabat. C’est ainsi que le
CAFRAD a organisé la conférence africaine des directeurs de la fonction publique, qui s’est
tenue à Abuja avec l’appui financier du Gouvernement Nigérian, ainsi qu’un séminaire sur la
gestion des ressources humaines tenu à Tanger (Maroc).
Le CAFRAD a également publié deux études sur l’éthique dans les administrations publiques. Il
a tenu à Tanger, un colloque, en collaboration avec le DESA, sur l’éthique.
Toutes ces actions sont des exemples à mettre à l’actif du CAFRAD malgré les difficultés
auxquelles est confronté cet organisme.
Je lance donc un appel, du haut de cette tribune, à tous les Etats membres, aux organisations
internationales et régionales et aux institutions spécialisées pour fournir tout l’appui nécessaire à
cet organisme pour qu’il continue à accomplir sa tâche, dans l’intérêt de notre cher Continent et
de son avenir.
Mesdames, Messieurs,
Plusieurs points à l’ordre du jour seront discutés au cours de deux prochains jours, dont le plus
important est, probablement l’adoption de la Charte de la Fonction Publique en Afrique.
Si l’adoption de cette Charte est en soi un acte positif, elle ne pourra être utile que si nous nous
engageons à traduire son contenu et ses principes dans les faits au sein de nos services publics.
Je demeure persuadé que nous sommes tous déterminés à relever les défis auxquels sont
confrontés nos pays et à mettre en œuvre de nouveaux critères de professionnalisme et :d’éthique
dans nos diverses administrations ainsi qu’à faire de la Charte une référence pour d’autres
régions du monde.
Cette Conférence, qu’accueille la République de Namibie, et pour laquelle nous lui adressons
nos vifs remerciements, est considérée, à juste titre, comme un grand évènement pour tous les
pays africains. Le Royaume du Maroc, qui n’a cessé de défendre les causes africaines et de
veiller à établir des relations fraternelles et courtoises avec tous les pays africains frères, est fier à
son tour - Roi, gouvernement et peuple - de voir se tenir cette grande manifestation, à l’échelle
du continent~ à laquelle nous souhaitons qu’elle aboutisse à des recommandations dignes des
attentes de nos Pays et des défis que ceux-ci doivent relever.
Mesdames, Messieurs,
Avant de terminer, je voudrais, une fois encore, exprimer ma profonde gratitude à la République
de Namibie d’avoir bien voulu accueillir cette Conférence ; je voudrais citer en particulier S.E .
Monsieur Hage G. Geingob, Premier Ministre de Namibie qui a rehaussé de sa présence cette
grande manifestation africaine.
Je voudrais également exprimer mes remerciements les plus sincères à Monsieur Nitin Desai,
Secrétaire Général adjoint des Nations-Unies pour les affaires Economiques et Sociales, pour le
soutien que son département a accordé pour la réussite de ce grand rassemblement et pour
l’intérêt qu’il porte aux questions de l’administration africaine.
Je voudrais rendre un hommage appuyé à la coopération continue qui caractérise les relations de
travail entre le DESA et le. CAFRAD, souhaitant que cette coopération ira en s’affirmant
compte-tenu de ses retombées sur les administrations africaines.
Je remercie également Mesdames et Messieurs les Ministres, Messieurs les experts et les
représentants des institutions spécialisées et l’ensemble des participants d’avoir bien voulu
assister à cette séance inaugurale malgré leurs préoccupations.
Je reste convaincu, Mesdames, Messieurs, que vos réflexions vont contribuer, sans nul doute à
souligner l’importance de renforcer les mesures visant à raffermir et propager les valeurs
d’éthique et de professionnalisme au sein de la fonction publique en Afrique.
Je vous remercie de votre attention.