rapport de mission

Transcription

rapport de mission
REPUBLIQUE DU BENIN
PROJET APPUI-CONSEIL
MACRO-ECONOMIQUE
POUR LA REDUCTION DE
LA PAUVRETE
---------------
MINISTERE DE L’ECONOMIE
ET DES FINANCES
---------------
DIRECTION GENERALE DES
AFFAIRES ECONOMIQUES
RAPPORT DE MISSION
I MPACTS DES CRISES ENERGETIQUE
ET ALIMENTAIRE
2007- 2008 SUR LE CADRE
MACROECONOMIQUE ET LA PAUVRETE
(Version Finale)
DOCUMENT DE TRAVAIL
JUILLET 2009
Sommaire
Sigles et acronymes ................................................................................................................................. 3
Liste des tableaux .................................................................................................................................... 5
Liste des graphiques ................................................................................................................................ 5
Résumé .................................................................................................................................................... 7
Introduction ........................................................................................................................................... 11
I. Méthodologie .................................................................................................................................... 13
A.
La revue documentaire .............................................................................................................. 13
B.
Enquête auprès des entreprises .................................................................................................. 13
C.
Evaluation des effets des crises ................................................................................................. 14
II. Causes des crises énergétique et alimentaire .................................................................................... 18
A.
Causes de la crise énergétique ................................................................................................... 19
B.
Causes de la crise alimentaire .................................................................................................... 21
III. Mesures prises par le Gouvernement béninois pour faire face aux crises énergétique et alimentaire
.......................................................................................................................................................... 24
A.
Mesures fiscales ......................................................................................................................... 24
B.
Mesures de relance de la production.......................................................................................... 25
C.
Analyse critique ......................................................................................................................... 26
IV.
Impacts des crises énergétique et alimentaire sur la stabilité du cadre macroéconomique ....... 28
A.
Impacts de la crise énergétique .................................................................................................. 28
B.
Impacts de la crise alimentaire................................................................................................... 33
C.
Effets combinés des crises énergétique et alimentaire ............................................................... 37
V. Impacts des crises énergétique et alimentaire sur la pauvreté .......................................................... 39
A.
Analyse des résultats.................................................................................................................. 39
Conclusion et Recommandations........................................................................................................... 40
Annexes ................................................................................................................................................. 45
Annexe 1 : Evolution du taux d’accroissement des recettes fiscales ................................................. 45
Annexe 2 : Impacts des crises sur la situation monétaire .................................................................. 46
Annexe 3 : Méthodologie utilisée pour l’enquête auprès des entreprises .......................................... 48
Annexe 4 : Evolution des importations de 2006 à 2008 .................................................................... 50
Annexe 5 : Evolution des exportations de 2006 à 2008..................................................................... 51
Bibliographie ......................................................................................................................................... 52
2
Sigles et acronymes
BCEAO
: Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CEB
: Communauté Electrique du Bénin
CEN-SAD
: Communauté des Etats Sahélo-Sahariens
CIE
: Compagnie Ivoirienne d’Electricité
DGAE
: Direction Générale des Affaires Economiques
DGDDI
: Direction Générale des Douanes et Droits Indirects
DGID
: Direction Générale des Impôts et des Domaines
DGTCP
: Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique
DPC
: Direction de la Prévision et de la Conjoncture
DPCI
: Direction de la Promotion du Commerce Intérieur
EEEAO
: Echanges d’Energie Electrique en Afrique de l’Ouest
EMICoV
: Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages
IHPC
: Indice Harmonisé des Prix à la Consommation
INSAE
: Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique
MIC
: Ministère de l’Industrie et du Commerce
MOSARE
: Modèle de Simulation et d’Analyse des Réformes Economiques
OMD
: Objectif du Millénaire pour le Développement
ONASA
: Office National d’Appui à la Sécurité Alimentaire
OPEP
: Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
PIB
: Produit Intérieur Brut
PNG
: Position Nette du Gouvernement
PSRSA
: Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole
PUASA
: Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire
SBEE
: Société Béninoise d’Energie Electrique
3
SONACOP : Société Nationale de la Commercialisation des produits Pétroliers
TCN
: Transmission Company of Nigeria
TVA
: Taxe sur la Valeur Ajoutée
UEMOA
: Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
VRA
: Volta Region Authority
WAPP
: West African Power Pool
4
Liste des tableaux
Tableau N°1 : Récapitulatif des valeurs consensuelles retenues
Tableau N°2 : Effet de la crise énergétique sur le volume de production des industries
Tableau N°3 : Principaux hypothèses et résultats de simulation sur la crise
énergétique
Tableau N°4 : Point des pertes de recettes sur les carburants de janvier à juillet 2008
(millions de FCFA)
Tableau N°5 : Produits exonérés à la recette Cotonou-Hydrocarbures
Tableau N°6 : Point des dépenses liées à la crise énergétique
Tableau N°7 : Point des pertes de recettes liées à la crise alimentaire
Tableau N°8 : Principaux hypothèses et résultats de simulation sur la crise alimentaire
Tableau N°9 : Point des dépenses liées à la crise alimentaire
Tableau N°10 : Impacts sur les finances publiques (en millions de FCFA)
Tableau N°11 : Impacts sur quelques indicateurs de suivi des OMD
Tableau N°12 : Mesures pouvant permettre de contrer les effets des crises énergétique
et alimentaire
Tableau N°13 : Répartition de l’échantillon de l’enquête
Tableau N°14 : Poids des types d’industries selon l’échantillon
Tableau N°15 : Poids des fonctions selon l’échantillon
Liste des graphiques
Graphique 1 : Evolution de l’IHPC en glissement annuel de janvier 2006 à février
2009
Graphique 2: Evolution des prix des produits locaux et importés
Graphique 3 : Réaction des entreprises face à la crise énergétique
Graphique 4 : Evolution de la part de l’énergie dans le coût de production
Graphique 5 : Part des entreprises dont la production a été affectée par la hausse des
prix des produits
5
Graphique 6 : Impact de la crise alimentaire sur la croissance économique (variation
2007/2008)
Graphique 7 : Evolution du chiffre d’affaires des entreprises en 2007 et 2008
Graphique 8 : Evolution de la part des produits alimentaires dans le coût de
production des entreprises
Graphique 9 : Variation de l’incidence de la pauvreté
Graphique 10 : Variation de la profondeur de la pauvreté
Graphique 11: Evolution du taux d’accroissement des recettes des régies financières
considérées
Graphique 12 : Evolution de mensuelle de la PNG de 2006 à 2008
6
Résumé
L’évaluation des impacts des crises énergétique et alimentaire sur le cadre
macroéconomique et la pauvreté au Bénin s’inscrit dans le cadre des actions
entreprises par le Gouvernement béninois, en collaboration avec les Partenaires
Techniques et Financiers, en vue d’apporter une solution efficace et durable aux
difficultés auxquelles les populations béninoises sont actuellement confrontées du fait
de ces crises. Etant donné que lesdites crises sont d’une envergure internationale,
aucun pays n’a été épargné de leurs effets. C’est ce qui amène tous les pays à engager
des actions tendant à leur permettre de mieux appréhender les tenants et les
aboutissants de ces crises afin de mieux organiser la riposte dans l’intérêt général des
populations. La présente étude constitue une étape dans l’ensemble des actions
déployées par le Bénin dans le but d’une mitigation des risques liés à ces crises.
L’objectif final recherché, à travers cette étude, est d’aboutir à une amélioration des
mesures actuellement proposées par le Gouvernement béninois face aux crises
énergétique et alimentaire en vue d’accroître de manière concrète la portée desdites
mesures.
L’approche méthodologique utilisée pour la réalisation de cette étude a consisté à
consulter certaines structures de l’Administration Publique (Ministères en charge des
Finances, du Développement, du Commerce, de l’Energie, et de l’Agriculture ainsi
que la Société Béninoise d’Energie Electrique) et à faire une enquête légère auprès des
entreprises. Cette approche s’est basée sur une grille d’analyse qui repose sur des
techniques de collecte que sont la recherche documentaire, les enquêtes et les
entretiens. Par ailleurs, les impacts macroéconomiques des crises énergétique et
alimentaire ont été simulés à l’aide du MOSARE (Modèle de Simulation et d’Analyse
des Réformes Economiques) et du module d’Agénor.
L’analyse des résultats des investigations menées a montré que les causes des crises
énergétique et alimentaire au Bénin sont de deux (02) catégories. Il s’agit des facteurs
qui affectent l’offre des produits alimentaires et de l’énergie d’une part, et les facteurs
qui affectent la demande en matière de l’énergie et de produits alimentaires d’autre
part.
7
Pour ce qui concerne la crise alimentaire, les facteurs qui ont affecté l’offre des
produits alimentaires aussi bien sur le plan national qu’international se résument
essentiellement aux changements climatiques, à la réduction des stocks en produits
alimentaires et à l’accroissement des prix des produits pétroliers ayant pour corollaire
l’augmentation des coûts de production et du transport des produits agricoles. Quant
aux facteurs affectant la demande de produits alimentaires, ils portent essentiellement
sur le développement de l’industrie des biocarburants dans les pays développés et
l’augmentation de la demande des pays émergents en produits alimentaires.
Pour ce qui est de la crise énergétique, les facteurs affectant l’offre de l’énergie au
Bénin proviennent de la grande dépendance énergétique du pays vis-à-vis de
l’extérieur notamment la Volta Region Authority (VRA) et la Compagnie Ivoirienne
d’Electricité (CIE) qui sont les principaux fournisseurs de la CEB. Notons également
que les perturbations climatiques sont à la base de cette crise parce qu’ayant causé une
baisse considérable du niveau de l’eau du barrage de Nangbéto. Quant aux facteurs
affectant la demande de l’énergie, ils sont plutôt d’ordre international et concerne
exclusivement l’accroissement de la demande des pays émergents et la forte tension
géopolitique au Moyen-Orient et dans d’autres régions productrices de produits
pétroliers.
En outre, une analyse des mesures prises par le Gouvernement béninois pour contrer
ces crises a été faite. Il s’agit des mesures d’allègement fiscal et des mesures de
relance de la production agricole. Bien que le poids économique de ces mesures ne soit
pas négligeable, il s’est avéré que les mesures prises pour ralentir la hausse du prix des
produits alimentaires n’ont pas eu les effets escomptés dans la plupart des cas.
Par ailleurs, du point de vue microéconomique, la crise alimentaire a affecté la
production des industries agroalimentaires à travers la baisse du chiffre d’affaires en
2007 et 2008. Cette baisse du chiffre d’affaires ne traduit que la baisse de la
production car les prix pratiqués par les entreprises étaient en hausse au cours de la
période. Sur le plan macroéconomique, les simulations ont indiqué que la perte de
croissance imputable à la crise alimentaire est de 1,6 point toutes choses égales par
ailleurs. Les effets de la crise alimentaire sur les finances publiques s’évaluent à 8,3
milliards FCFA en termes de pertes de recettes fiscales et à 10,3 milliards FCFA en
8
matière de dépenses supplémentaires. Pour ce qui concerne les effets sur la balance des
paiements, les résultats de la simulation à l’aide de MOSARE ont montré une
amélioration des balances commerciale et courante d’environ 2% respectivement.
En outre, sur le plan microéconomique, la crise énergétique a entrainé une
augmentation de la part de l’énergie dans le coût de production de l’ordre de 11 points
de pourcentage sur la période 2005-2008. Ce qui a amené les entreprises à augmenter
leurs prix de cession d’environ 5 points. Du point de vue macroéconomique, la
simulation faite avec le MOSARE a montré que la crise énergétique a causé une perte
de croissance de 1,4 point en 2007 et 1.1 en 2008. Les effets de la crise énergétique sur
les finances publiques s’évaluent à 27 milliards FCFA pendant les sept (07) premiers
mois de l’année 2008. Quant aux effets sur la balance des paiements, les simulations
ont montré la dégradation de la balance courante d’environ 1,5% en 2007 et 2008.
Pour une meilleure appréciation des impacts de ces crises sur le cadre
macroéconomique au Bénin, une évaluation des effets combinés a permis de se rendre
compte, sur la base des simulations effectuées avec le MOSARE, que lesdites crises
ont engendré une perte de croissance de 2 points et ont contribué à une hausse de
l’inflation de 3 points. Ensuite, les crises énergétique et alimentaire ont entrainé en
termes de recettes fiscales, une perte de 24,1 milliards FCFA en 2008. Les dépenses,
quant à elles, ont connu une augmentation de 44,4 milliards FCFA en 2008 du fait des
crises. Ces crises ont eu comme conséquence sur la balance des paiements, une baisse
des exportations et une hausse des importations. Ce qui a conduit à une dégradation du
déficit commercial de 0,8%, soit 0,2 point du PIB.
Enfin, les résultats de l’étude ont montré que les crises énergétique et alimentaire ont
contribué à aggraver la pauvreté en 2007 et en 2008 (résultats des micro-simulations
faites avec le module d’Agénor). Ce qui s’est traduit par une augmentation de 0,8 point
de l’incidence de la pauvreté en 2007 avec un impact beaucoup plus prononcé en
milieu urbain. En 2008, cette incidence de la pauvreté a augmenté de 3,3 points et la
pauvreté a touché essentiellement le milieu rural. La profondeur de la pauvreté quant à
elle a augmenté de 4,3 points pour l’ensemble du pays et de 5,7 points pour le milieu
rural.
9
Somme toute, des recommandations ont été formulées pour l’amélioration de la portée
des mesures à travers un meilleur ciblage des bénéficiaires et l’identification de
politiques appropriées dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture.
10
Introduction
La hausse généralisée des prix observée en 2007 et en 2008 a été principalement tirée
par l’envolée des prix des produits pétroliers et alimentaires au cours de la période.
Cette situation s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs dont les plus
importants sont : les changements climatiques, l’accélération de la croissance dans les
pays émergents et en développement au cours de la décennie, l’accroissement de la
demande des biocarburants, la dépréciation du dollar et la crise financière.
Graphique 1 : Evolution de l’IHPC en glissement annuel de
janvier 2006 à février 2009
Au Bénin, l’inflation
est ressortie à 1,3% en
2007 et à 7,9% en
2008 dépassant ainsi
la
limite
des
3%
autorisée par le Pacte
de
convergence,
de
stabilité, de croissance
et de solidarité de
l’UEMOA.
Cette
accélération
de
l’inflation est tirée par
Source : INSAE, mars 2009
la hausse des prix des
produits
alimentaires
et celle des prix des produits pétroliers qui ont connu une variation relativement forte
comparée à l’inflation globale (cf. graphique 1).
Face à cette situation, le Gouvernement béninois a pris un ensemble de mesures socioéconomiques visant à atténuer l’incidence de cette poussée inflationniste sur le panier
de la ménagère. Mais à l’évidence, force est de constater que ces différentes mesures
successives prises par le Gouvernement n’ont pas produit tous les effets escomptés.
Le Gouvernement, face à ce constat, a décidé d’appliquer dès juillet 2008 la politique
de la vérité des prix, accélérant de nouveau l’inflation en 2008 et érodant ainsi le
11
pouvoir d’achat des ménages. Cette situation a eu des implications sur la stabilité du
cadre macroéconomique en 2007 et en 2008 d’une part, et sur la pauvreté d’autre part.
La présente étude vise à évaluer les implications des crises énergétique et alimentaire
sur la stabilité du cadre macroéconomique et sur la pauvreté.
Le rapport est structuré en 4 sections. La première section présente un résumé des
causes des crises énergétique et alimentaire. Ensuite la seconde section présente une
analyse critique des mesures prises par le Gouvernement pour atténuer les effets
prévisibles des crises. Enfin, les troisième et quatrième sections tentent d’évaluer les
implications des crises énergétique et alimentaire
sur les principaux comptes
économiques et sur la pauvreté.
12
I.
Méthodologie
La méthodologie adoptée pour cette étude comporte trois phases à savoir : la recherche
documentaire, l’enquête auprès des entreprises (aspect microéconomique) et
l’évaluation
des
effets
des
crises
sur
l’économie
et
le
social
(aspect
macroéconomique).
Par ailleurs, afin de mieux cerner les effets des crises, l’étude s’est appuyée sur trois
composantes principales : le délestage électrique, la hausse du prix du pétrole et la
hausse du prix des produits alimentaires.
A. La revue documentaire
La phase de revue documentaire a consisté à faire la collecte et à exploiter la
documentation existante sur les crises énergétique et alimentaire. Ces documents ont
concerné aussi bien le Bénin que les autres pays du monde.
Cette phase a permis de faire le point des causes et manifestations des crises ainsi que
des mesures prises par les gouvernements pour y faire face. En outre, elle a aussi
contribué à faire un tour d’horizon des différentes méthodes utilisées pour évaluer les
effets de ces crises.
B. Enquête auprès des entreprises
L’enquête auprès des entreprises a été essentiellement faite sur la base des entreprises
retenues par la DGAE pour son enquête de conjoncture (voir l’annexe 3 pour plus de
détail). Elle a permis :
-
d'apprécier comment, dans un contexte de délestage électrique, la hausse des
produits pétroliers a affecté les activités des entreprises notamment en ce qui
concerne le coût de production et les quantités produites (période : 2007-2008) ;
-
d’apprécier comment, la hausse des prix des produits alimentaires a affecté les
activités des entreprises notamment agro-alimentaires en ce qui concerne
l’approvisionnement en matières premières (intrants), le volume de production
et les marges réalisées (ie : les valeurs ajoutées).
13
C. Evaluation des effets des crises
Pour estimer les impacts des crises sur le cadre macroéconomique, la méthode statique
comparative a été utilisée. Autrement, il s’agit de comparer un scénario de référence
(ce qui correspond dans le cadre de cette étude à la situation de crise donc aux derniers
comptes économiques produits par les structures de l’administration) avec un scénario
de simulation (ce qui correspond à la situation sans crise). L’écart entre les agrégats du
compte de référence et ceux du compte de simulation permet de dégager les effets
imputables aux crises.
Pour ce faire, il a été fait recours au MOSARE (Modèle de Simulation et d’Analyse
des Réformes Economiques) pour simuler la situation sans crise (cf. Encadré 1 pour
plus de détail sur MOSARE).
Encadré 1 : Aperçu du MOSARE
Le MOSARE est un modèle de type Presto (modèle de prévision utilisé par l’Agence
Française de Développement pour les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest). Il
est destiné aux simulations et au cadrage macroéconomique de la loi de Finances au
Bénin. Sa fonction essentielle est de réaliser des projections à court terme (de un à
trois ans) de l’économie béninoise, de manière à établir un programme soutenable de
dépenses et de recettes. Le MOSARE n’est pas un modèle économétrique. Il
appartient à la classe des modèles « quasi comptables » conçus pour projeter les
données économiques d’un pays ne disposant pas de longues séries. Il respecte le
cadre comptable cohérent des comptes nationaux. Les comportements sont
principalement traduits par les ratios constants mais modifiables (coefficients
techniques, propension à consommer, taux apparent de fiscalité, coefficients
budgétaires, taux de marge). Le modèle utilise une structure keynésienne classique
(bouclage par les revenus) mais tient compte aussi des principales relations
intersectorielles et des secteurs non liés à la demande. Le MOSARE comprend, outre
les secteurs de la demande, trois (3) secteurs d’offre : le secteur agricole, le secteur de
la réexportation et le secteur « Eau et électricité ».
Par ailleurs, les variables exogènes sont regroupées en deux (2) catégories :
- les variables concernant l’environnement international, c’est-à-dire
principalement les cours de l’euro, du dollar, du naira, et du bath thaïlandais et
14
le prix du coton ainsi que les taux d’intérêt, qui influencent l’endettement et les
charges financières ;
- les variables de politique économique qui concernent les dépenses publiques
(notamment l’investissement public et le salaire), les taux de fiscalité, les
emprunts intérieurs et le solde budgétaire.
A
partir
de
ces
données,
le
modèle
calcule
les
principaux
agrégats
macroéconomiques : importations en valeur, PIB, recettes fiscales, amortissements
des emprunts, capacités et besoins de financement des agents (en termes de
comptabilité nationale et en termes de solde budgétaire et de balance des paiements
courant).
En ce qui concerne l’estimation des effets des crises sur la pauvreté, il a été également
fait appel à la méthode statique comparative. Mais ici, deux outils ont été utilisés à
savoir le module d’Agénor et le module de micro simulations.
Le module d’Agénor permet d’estimer la tendance de quelques indicateurs des OMD
(cf. Encadré 2 pour plus de détail sur le module d’Agénor). Ce module est lié au
modèle MOSARE comme l’indique le schéma 1 ci-dessous.
15
Schéma 1 : Suivi des indicateurs OMD – Approche macroéconomique
Consommation privée
Modèle macroéconomique
Revenu réel
(MOSARE)
par tête
réelle par tête
Malnutrition
Pauvreté
Mortalité infantile
Scolarisation
Espérance de vie
Dépense publique
Dépense publique de
d’éducation
santé
Source : Réalisé sur la base des travaux d’Agénor et al. (2006)
Encadré 1 : Aperçu du module d’Agénor
Le module d’Agénor est conçu en s’inspirant des travaux d’Agénor et al. (2006)1 qui
postulent que les indicateurs de pauvreté et des OMD dépendent de l’évolution du
cadre macroéconomique et des facteurs structurels.
L’approche retenue dans le module de suivi des indicateurs permet de relier
directement les politiques et variables du cadre macroéconomique (dépenses de santé
et d’éducation, revenu par tête, consommation par tête, etc.) aux indicateurs de
pauvreté et des OMD. Bien que tous les indicateurs des OMD ne soient pas modélisés
pour l’instant, le module explique le comportement de quelques indicateurs des OMD
tels que le taux brut de scolarisation, le taux de mortalité infantile, l’espérance de vie
à la naissance et le taux de malnutrition.
Le taux de scolarisation au primaire est influencé positivement par le revenu réel par
tête, l’urbanisation et les dépenses publiques en éducation. En effet, l’augmentation
du revenu réel par tête et de l’urbanisation tendent à augmenter le taux de
scolarisation car ils contribuent à l’accroissement de la demande en éducation. Par
1
P. R Agénor, N. Bayraktar, E. P. Moreira, K. El Aynaoui (2006), Achieving the Millennium Development Goals in SubSaharan Africa: A Macroeconomic Monitoring Framework, The World Economy
16
ailleurs, l’amélioration des dépenses publiques en éducation est supposée
s’accompagner d’un accroissement des infrastructures et des enseignants, ce qui par
conséquent augmente l’accessibilité à l’éducation primaire.
Les déterminants macroéconomiques de la prévalence de la malnutrition sont la
consommation réelle par tête, le taux de pauvreté et des dépenses publiques en santé2.
Ainsi, lorsque le niveau de la consommation réelle par tête ou des dépenses publiques
augmente, la prévalence de la malnutrition diminue. Par contre, la prévalence de la
malnutrition s’accroît avec l’augmentation de la pauvreté. Il importe également de
souligner que la prévalence de la malnutrition a en retour un effet négatif sur la
croissance économique à travers la baisse de la productivité.
La mortalité infantile est impactée négativement à la pauvreté et positivement au
revenu par tête et aux dépenses publiques de santé3. Par conséquent, il ne suffit pas
seulement de réduire la pauvreté pour améliorer le taux de mortalité infantile mais il
faudra aussi améliorer le niveau du revenu par tête et des dépenses publiques en
matière de santé.
Les dépenses publiques de santé ont un impact positif sur l’espérance de vie, qui est
un indicateur synthétique de l’amélioration des conditions de vie. Par ailleurs, la
réduction de la pauvreté et l’augmentation du revenu par tête s’accompagnent aussi
d’une amélioration de l’espérance de vie4.
L’accès à l’eau potable est une fonction de la densité de la population, du revenu par
tête et des dépenses d’investissement public, notamment en infrastructures. L’effet de
la densité de la population sur l’accès à l’eau potable est positif du fait que le coût par
habitant de la construction d’infrastructures diminue avec une forte densité de la
population. De même, l’augmentation de revenu par tête s’accompagne d’une
amélioration du taux d’accès à l’eau potable parce que la demande pour ce bien
devient forte.
2
Broca and Stamoulis (2003), “Micro- and Macroevidence on the Impact of Undernourishment”, in K.
Taniguchi and X. Wang (eds.), Nutrition Intake and Economic Growth, FAO.
Smith and Haddad (2000), “Explaining Child Malnutrition in Developing Countries: A Cross-country Analysis”,
Research Report No. 111 (International Food Policy Research Institute, May)
3 La mortalité infantile dépend également de la prévalence de la malnutrition et de l’accès à l’eau potable. Mais,
les estimations faites indiquent que le coefficient n’est pas significativement différent de 0.
4 Chakravarty, S. (2003), “A Generalized Human Development Index”, Review of Development Economics, 7
(March).
17
Le module de micro simulations permet d’évaluer les indicateurs de pauvreté. Il est
directement relié au MOSARE à travers trois variables principales : le taux de
croissance économique, l’inflation et le taux de croissance démographique. Ce module
est construit avec les données de l’enquête EMICoV 2006. Son fonctionnement est
résumé par le schéma 2.
Schéma 2 : Suivi des indicateurs de pauvreté – Approche macroéconomique
Simulation réalisée avec
MOSARE
Données d’enquête
Taux de croissance de la
(EMICOV)
consommation par tête
Consommation de
Appliqué à la consommation de
chaque ménage
chaque ménage
Indicateurs de pauvreté
Inflation (Indice des prix)
Seuil de pauvreté
Comparaison au
scénario de base
Source : Réalisé sur la base des travaux d’Agénor et al. (2006)
II.
Causes des crises énergétique et alimentaire
La situation économique au niveau mondial a été marquée en 2007 et en 2008 par la
flambée des prix des produits alimentaires et du cours du pétrole. Contrairement à la
période 2004-2006, les prix de plusieurs matières premières ont connu un boom. Le
cours de pétrole en particulier est passé de 30 dollars le baril en janvier 2003 à environ
18
140 dollars en juin 2008. Les prix des produits alimentaires dont la hausse a débuté
depuis 2006, ont monté en flèche en 2007 et 2008.
A. Causes de la crise énergétique
Au Bénin, la crise énergétique a été caractérisée par la hausse des prix des produits
pétroliers en relation avec la flambée du cours du pétrole et le délestage électrique. Les
facteurs qui sont à la base de cette crise sont multiples et peuvent être classés suivant
deux catégories à savoir les facteurs affectant l’offre et les facteurs affectant la
demande.
Facteurs affectant l’offre de l’énergie.
Sur le plan national : L’énergie électrique consommée au Bénin provient en grande
partie de la Communauté Electrique du Bénin (CEB). La Société Béninoise d’Energie
Electrique (SBEE) ne produit qu’une petite quantité de cette énergie. Les importations
de la SBEE représentent en moyenne 90% des importations totales, qui constituent
environ 88% de la consommation en énergie électrique5. Ainsi, la part de la production
locale représente en moyenne moins de 12% de la consommation totale en énergie
électrique. Il s’en suit alors que le Bénin présente une grande dépendance énergétique
vis-à-vis de l’extérieur.
Pour ce qui concerne les produits pétroliers, les difficultés de trésorerie de la
SONACOP (qui détient le plus large réseau de distribution) l’ont entrainé dans une
situation de l’incapacité de s’approvisionner et d’alimenter le territoire national en
produits pétroliers.
Sur le plan régional : Les facteurs précurseurs de la crise de mars 2006 résident
essentiellement dans le fait que la Volta Region Authority (VRA), le principal
fournisseur d’énergie à la CEB a mis en application des mesures restrictives de
fourniture de l’énergie qui devra désormais se plafonner à la quantité de puissance
contractuelle de 34 MW en lieu et place de la puissance habituellement fournie de 80
MW. Il convient également de noter qu’en dehors de la restriction de la VRA, la
Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) qui est aussi un important fournisseur de la
CEB a, au cours de la même période, réduit considérablement sa fourniture d’énergie
(d’une puissance de 50 MW). Ceci a amené les importations d’énergie de VRA-CIE,
5
L’essentiel des statistiques utilisées dans la partie sur les causes de la crise de l’énergie électrique sont tirées
du document Bilan et Perspectives à court et à moyen termes de l’Economie Nationale – édition 2007
19
qui initialement étaient de 120 MW aux heures de pointe, à la portion congrue
d’environ 34 MW. La capacité des moyens de production disponibles au Bénin et au
Togo, dans le système interconnecté, ne pouvant pas suppléer le déficit d’importation,
des délestages de charges sont devenus nécessaires pour éviter l’effondrement total du
système électrique des deux pays.
En outre, en avril 2006, à Nangbéto, les perturbations climatiques ont causé une baisse
considérable du niveau de l’eau du barrage qui a atteint sa côte minimale. L’arrêt de
production de la centrale hydroélectrique consécutif à cette situation a aggravé la
pénurie d’énergie.
Par ailleurs, malgré les différentes mesures alternatives prises par le Gouvernement
béninois à travers la location, à partir de juin 2006, des groupes AGGREKO et la mise
en service de l’interconnexion CEB-TCN (Transmission Company of Nigeria) en
février 2007, la crise a atteint son paroxysme en mars 2007, lorsque la VRA et la CIE
ont respectivement réduit à 25 MW et 0 MW leurs livraisons.
En ce qui concerne les produits pétroliers, les raffineries de la sous région (Cameroun
et Côte-d’Ivoire) qui approvisionnaient certaines sociétés pétrolières avaient fermé
leurs installations pour cause de révision technique au début de l’année 2005. Ce qui a
entrainé des difficultés d’approvisionnement au niveau des sociétés pétrolières de la
place qui dépendent desdites raffineries.
Sur le plan international : Notons que le nombre insuffisant de puits d’extraction de
pétrole constitue l’une des causes de la flambée des prix des produits pétroliers. En
effet, cette situation est le résultat du fait que les pays producteurs n’investissent plus
dans de nouveaux puits et ne permettent pas aux compagnies internationales de le faire
à des conditions raisonnables.
Facteurs affectant la demande de l’énergie.
Sur le plan national : La consommation d’énergie électrique au Bénin a connu, ces
dernières années, un accroissement de 89%, passant de 311,48 GWH à 589,8 GWH au
cours de la période 1996-2006. Cette situation ne peut nullement expliquer la crise
énergétique qu’a connue le Bénin car le taux de satisfaction de la demande de l’énergie
électrique s’est toujours établi à un niveau relativement très bas.
20
En outre, étant donné que la demande de l’énergie électrique reste essentiellement
domestique, les facteurs induisant la crise sont exclusivement les facteurs liés à l’offre
de l’énergie électrique.
Sur le plan international : En ce qui concerne la flambée des prix des produits
pétroliers, elle a pour origine la forte hausse de la demande mondiale tirée par la forte
croissance des pays émergents comme la Chine et l’Inde (+ 9% en 2008), face à une
offre contrainte par les capacités d’extraction et de raffinage limitées et gérées par un
cartel (OPEP) dont la volonté est de maintenir sa rente en dollar, qui lui, baisse en
tendance.
Par ailleurs, il y a aussi les causes ponctuelles dues à la forte tension géopolitique au
Moyen-Orient : attentats terroristes en Arabie Saoudite, la situation chaotique en Irak,
la crise nucléaire en Iran. Il faut également noter que les troubles sociaux et ethniques
au Nigeria ou en Équateur, des grèves en Norvège, différend politique entre le
Venezuela et les Etats-Unis ont affecté significativement la disponibilité en produits
pétroliers. Les cyclones et ouragans dans le Golf du Mexique participent aussi à cette
crise : Yvan en 2004 et l’ouragan Katrina en 2005, sans compter la spéculation sur les
prix du pétrole.
B. Causes de la crise alimentaire
Les marchés des produits alimentaires sont caractérisés par leur instabilité et subissent
des variations importantes de cours. Ces phénomènes sont souvent de court terme et
n’affectent en général que quelques produits alimentaires à un moment donné.
Cependant, au cours de la période 2007-2008, presque l’ensemble des produits
alimentaires ont été affectés et simultanément. Les facteurs qui sont à la base de la
crise alimentaire sont multiples.
Facteurs affectant l’offre.
Au plan international : Il y a d’abord les facteurs liés aux aléas climatiques qui sont à
la base d’un déclin de la production de céréales dans nombreux pays depuis 2005. La
sécheresse en Australie, des typhons au Bangladesh, des hivers rudes en Chine et au
Vietnam ont engendré de mauvaises récoltes.
21
En outre, la réduction des stocks en produits alimentaires constitue l’un des facteurs
déterminants qui est à la base de la survenance de la crise. En effet, depuis 1995, au
niveau mondial, les stocks de céréales diminuent de 3,4% par an (diminution des
stocks stratégiques détenus par les Gouvernements, accroissement des coûts de
stockage, développement de nouveaux instruments financiers de gestion de risque)
menant à un accroissement de la tension sur les prix des céréales et une plus grande
volatilité à des chocs externes. En 2008, les stocks étaient à leur plus bas niveau
depuis 25 ans. Par exemple, en ce qui concerne le riz, les stocks estimés sont de l’ordre
de 72 millions de tonnes, soit environ 17% de la consommation mondiale annuelle6.
Par ailleurs, comme autres facteurs affectant l’offre des produits alimentaires, il y a
l’accroissement du prix des produits pétroliers et l’augmentation des coûts de la
production et du transport des produits agricoles. En effet, le pétrole étant un facteur
de production important dans l’agriculture, en particulier dans les pays industrialisés,
où elle est fortement motorisée et consommatrice d’intrants, la hausse du prix du baril
se répercute sur le prix du transport, mais aussi sur celui des intrants agricoles
notamment les engrais, de l’irrigation par pompage et de la transformation
agroalimentaire. Par exemple, le prix de certains engrais a augmenté de plus de 160%
entre le début 2007 et le début 2008 et celui du fret a doublé.
Au plan régional : La campagne céréalière 2007/2008 a été relativement mauvaise
dans la sous-région Ouest africaine avec des perturbations climatiques (inondations et
sécheresses) enregistrées au Burkina Faso, au Togo, au Niger, en Côte d’Ivoire et dans
une moindre mesure au Nigéria. Ceci a entrainé dans les différentes capitales de
l’espace sous régionale, des spéculations au niveau des prix des produits vivriers.
Au plan national : Les inondations et les poches de sécheresse notées par endroit au
cours de la campagne 2007/2008 au Bénin, notamment les abondantes pluies
enregistrées pendant le mois d’août ont affecté la production agricole, notamment la
production céréalière dans certaines localités du Bénin.
6
Frédéric Jenny, 2008, Crise alimentaire, interventions règlementaires et institutions de marché
22
Enfin, les conditions des autres marchés de la sous-région ouest africaine ont entrainé
l’augmentation de la propension des producteurs béninois à exporter leur production
vivrière vers les pays voisins pour raison de prix plus attrayants. Pour ce qui concerne
la destination spécifique qu’est le Nigéria, les éleveurs béninois préfèrent désormais
écouler leur cheptel (bœufs et moutons) sur ce marché au détriment du marché
national à cause d’une hausse de la demande et des conditions de prix plus attrayantes
offertes par le marché nigérian.
Facteurs affectant la demande.
Au plan international : Le développement de l’industrie des biocarburants dans les
pays développés en réponse à la hausse continue du cours du pétrole a créé un nouveau
lien entre les marchés de l’énergie et des produits agricoles. L’augmentation
continuelle des prix de l’énergie a tiré à la hausse la demande de biocarburants, et par
conséquent, leurs prix. Cela a fait augmenter de manière directe la demande et les prix
des cultures utilisées comme matières premières dans la production de biocarburants,
et de manière indirecte, sans doute aussi les prix des autres cultures qui sont en
concurrence avec elles pour les terres et les autres ressources. Par exemple,
l’augmentation de la production de l’éthanol fait à base du maïs a contribué à la hausse
de la production globale de maïs d’environ 0,75% au cours de la campagne 20062007. Malgré cet accroissement de la production, il est noté non seulement une hausse
des prix du maïs mais aussi des autres produits alimentaires, et à un degré moindre des
huiles alimentaires.
Par ailleurs, l’augmentation de la demande des produits alimentaires dans les pays
émergents sous l’effet de l’amélioration du revenu des ménages a favorisé la flambée
des prix des produits alimentaires.
23
III.
Mesures prises par le Gouvernement béninois pour faire face aux crises
énergétique et alimentaire
Tableau 1 : Récapitulatif des valeurs consensuelles retenues
Face à l’accélération
de
Unité de
mesure
Matériaux de construction
Clinker
Ciment
Fer à béton
Produits alimentaires
Blé
Farine de blé
Pâtes alimentaires
Riz blanchi 50% brisure
Lait en poudre
Lait concentré non sucré
170g
Lait concentré sucré autre
que Belle Hollandaise 1 kg
Concentré de tomate
Valeur consensuelle
CAF retenue (en
FCFA)
Tonne
Tonne
Mm
4 000
0
0
Sac
Sac
Carton
sac de
50kg
Sac
carton de
48 boites
Carton
0
0
0
2 000
carton de
50 boites
177
Source : DGDDI
0
6 490
0
l’inflation
aux
due
crises
énergétique
et
alimentaire,
le
Gouvernement
béninois a pris des
mesures qui peuvent
être regroupées en
deux catégories. Il
s’agit des mesures
fiscales
et
des
mesures de relance
de la production.
A. Mesures fiscales
Les mesures fiscales sont pour l’essentiel des mesures de court terme, couvrant en
général une période de trois mois et visant à contenir aussi bien la hausse des prix des
produits de grande consommation importés que des produits locaux.
La première série de mesures fiscales prises le 30 novembre 2007 couvrent la période
de décembre 2007 à mars 2008 et portent sur :
la réduction de la valeur consensuelle (cf. tableau 1) devant servir de base au
calcul des prélèvements douaniers et fiscaux pour les produits suivants : le blé,
la farine du blé, le riz blanchi, le lait, le sucre, les pâtes alimentaires, la tomate,
les produits pétroliers, le ciment, le clinker, les sacs d’emballage de ciment et
le fer à béton. Cette réduction de la valeur consensuelle concerne aussi bien
les nouvelles importations enregistrées au cours de la période que les stocks
existants au niveau des entreprises. Dans ce dernier cas, l’administration
fiscale accorde des crédits d’impôt aux entreprises bénéficiaires ;
24
l’homologation de prix des produits concernés sur la période à travers la
détermination des prix à pratiquer aux niveaux gros et détails ainsi que le
contrôle de l’application sur les marchés.
Certaines de ces mesures ont été renouvelées les 30 mars et 09 avril 2008. Il s’agit
entre autres :
du maintien des prix des produits pétroliers à leur niveau antérieur résultant
d’un nouvel ajustement des valeurs consensuelles et de la subvention
consentie par l’Etat en faveur des produits pétroliers ;
de la commercialisation du stock tampon du maïs constitué par l’ONASA dans
la perspective de la période de soudure 2008 au prix unique de 165 FCFA le
kilogramme sur toute l’étendue du territoire ;
de la reconduction pour une période de 3 mois, à compter du 1er avril 2008 des
mesures d’allègement fiscal sur les produits suivants : le maïs, la farine de blé,
le pain, le riz blanchi ordinaire 25% brisure, le lait, le concentré de tomate, les
pâtes alimentaires, le fer à béton, le ciment et les produits pétroliers.
B. Mesures de relance de la production
Les mesures de relance de la production agricole visent à garantir au Bénin une
sécurité alimentaire durable. Elles concernent principalement :
la promotion de la production végétale à cycle court notamment la pomme de
terre, le riz, le maïs, les produits maraîchers. A cet effet, le Gouvernement a
mis en place le Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire
(PUASA) ;
l’incorporation des farines locales dans la fabrication du pain afin de réduire le
prix du pain ;
le renforcement du rôle de l’ONASA en matière de sécurité alimentaire par le
déblocage de 480 millions FCFA au profit de l’ONASA pour la constitution
de stock tampon de produits vivriers, notamment le maïs et le sorgho dans les
zones de production ayant dégagé des excédents commercialisables. Ce stock
permettra, entre autres, de : (i) mieux faire face à la pénurie alimentaire qui
pointe à l’horizon de la soudure 2008 ; (ii) offrir aux producteurs agricoles
25
l’opportunité de vendre leur surplus de maïs et de sorgho ; (iii) approvisionner
en temps opportun les zones déficitaires ;
la finalisation et la mise en œuvre du Plan Stratégique de Relance du Secteur
Agricole (PSRSA) ;
la réfection des pistes indispensables à l’évacuation des produits des zones
excédentaires ;
la création d’une commission nationale chargée d’élaborer la politique
nationale en matière de consommation qui prend en compte tous les secteurs à
savoir, produits alimentaires, eau, gaz, électricité, autres combustibles, santé,
transport et communication, articles d’habillement et enseignement ;
la commande de centrales électriques d’une capacité totale de 80 MWH.
C. Analyse critique
Les matériaux de construction ne sont pas directement concernés par les crises
énergétique et alimentaire. A cet effet, les mesures prises par le Gouvernement
concernant ces produits ne rentrent pas dans le cadre de l’atténuation des crises
énergétique et alimentaire. En effet, la défiscalisation des matériaux de construction
vise à promouvoir entre autres la politique des grands travaux et à accélérer les
travaux de construction entrant dans la préparation du Sommet de la CEN-SAD,
organisé à Cotonou en juin 2008. En conséquence, dans l’évaluation des impacts des
crises énergétique et alimentaire, il ne serait pas pris en compte les effets liés à la
défiscalisation des matériaux de construction.
L’application des mesures prises par le Gouvernement pour ralentir la hausse des prix
des produits alimentaires n’a pas eu tous les effets escomptés. En effet, malgré la
baisse de la valeur consensuelle des produits alimentaires et la suppression de la
TVA pour certaines denrées alimentaires, les prix des produits alimentaires ont
constamment augmenté depuis septembre 2007 (voir graphique 1). Cette situation
peut être expliquée par :
le faible contrôle des prix au niveau des détaillants et l’insuffisance des
contrôleurs de prix. Les contrôles effectués par le Ministère en charge du
26
commerce sont faits essentiellement au niveau de grossistes et des semigrossistes ;
l’insuffisance de mesures de court terme touchant directement les denrées
alimentaires produites localement telles que le maïs, le sorgho, etc. Or, les
denrées alimentaires importées ne représentent que 8% du panier de la
ménagère contre 31% pour les produits locaux, dont la contribution à
l’accélération de l’inflation n’est pas négligeable. Selon la Direction de la
Prévision et de la Conjoncture, l’inflation « alimentaire » observée au dernier
trimestre 2007 est essentiellement locale comme l’indique le graphique cidessous7.
Graphique 2 : Evolution des prix des produits locaux et importés
145
135
Produits locaux
Produits importés
125
115
105
janv-98
janv-00
janv-02
janv-04
janv-06
janv-08
Source : INSAE, juin 2008
7
DPC, le Gouvernement béninois face à l’inflation du 4ème trimestre 2007, janvier 2008
27
IV.
Impacts des crises énergétique et alimentaire sur la stabilité du cadre
macroéconomique
Les crises énergétique et alimentaire
ont impacté le cadre macroéconomique à
travers leurs effets sur l’inflation, la croissance, les finances publiques, la balance des
paiements et la situation monétaire. Cette section évalue les impacts directs des crises
énergétique et alimentaire sur trois comptes économiques à savoir les comptes
nationaux, les comptes extérieurs et les finances publiques. La situation monétaire
n’a pas été traitée ici compte tenu de la difficulté méthodologique pour distinguer
séparément les effets des crises énergétique et alimentaire. Mais l’annexe 2 présente
les effets combinés des crises sur la situation monétaire.
A. Impacts de la crise énergétique
Tableau 2 : Effets de la crise énergétique sur le volume de
production des industries
200607/2005
-0,2
2008/2006-07
2008/2005
Industries
-2,3
26,3
alimentaires
Industries textiles
-17,9
-1,8
-25,6
Industries
-3,1
-22,8
-30,1
chimiques
Autres industries
0,5
14,8
14,0
Total industries
-2,7
1,8
12,4
Source : Enquête réalisée par la DGAE, mars 2009
Production et prix : Sur
le plan microéconomique,
les délestages électriques
et la hausse des prix des
produits
pétroliers
ont
impacté négativement la
production des entreprises.
L’analyse
recueillies
des
données
auprès
des
entreprises enquêtées indique que la production en volume a diminué de 2,7% entre
la période 2006-2007 et l’année 2005, considérée comme une période normale. Force
est de souligner que la période 2006-2007 a été marquée par les délestages
électriques avec une faible hausse des prix des produits pétroliers sur le marché
béninois contrairement à l’année 2008 où les délestages électriques ont continué et
les prix des produits pétroliers ont augmenté. En 2008, la production en volume a
augmenté de 1,8% par rapport à 2006-2007 selon les entreprises enquêtées et de
12,4% par rapport à la période normale (cf. tableau 4).
Par ailleurs, la hausse du prix des produits pétroliers a contribué à l’augmentation des
coûts de production des entreprises en ce sens que la part de l’énergie dans le coût de
production a connu une augmentation de 11 points de pourcentage sur la période
28
2005-2008, passant de 14% en 2005 pour atteindre 25% en 2008. Cette situation a
amené 80% des entreprises enquêtées à s’ajuster en réduisant leur marge bénéficiaire
contre 20% qui ont augmenté leur prix de cession.
L’analyse des résultats de l’enquête indique que les entreprises ont diminué leur
marge bénéficiaire d’environ 8 points entre 2005 (période considérée comme
normale) et 2006-2007 (période de délestage électrique) puis l’ont augmenté de 4
points entre 2007 et 2008 (période de délestage électrique et de flambée du cours du
pétrole). Cette hausse de la marge bénéficiaire entre 2007 et 2008 est consécutive à la
hausse du prix des produits pétroliers.
En ce qui concerne l’augmentation des prix de cession, l’enquête révèle que les
entreprises ont haussé leur prix de 6 points suite aux délestages électriques et de 5
points du fait de la hausse des prix des produits pétroliers. Ces résultats peuvent
justifier dans une certaine mesure, le niveau d’inflation observée au cours de cette
période.
Graphique 3 : Réactions des entreprises face à la
crise énergétique
Graphique 4 : Evolution de la part de l’énergie
dans le coût de production
30%
Prix de
cession
25%
20%
15%
10%
Marge
bénéficiaire
5%
0%
0%
20%
40%
60%
80%
Source : Enquête réalisée en mars 2009
100%
2005
2006/07
2008
Source : Enquête réalisée en mars 2009
Sur le plan macroéconomique, l’évaluation de l’impact de la crise énergétique faite
avec le MOSARE suggère que si le Bénin n’avait pas connu cette crise, le taux de
croissance économique serait amélioré au moins d’un point en 2007 et en 2008,
portant ainsi la croissance économique respectivement à 6,0% et 6,4%. Les
estimations indiquent une perte de croissance de 1,4 point en 2007 et 1,1 point en
2008 sur la base des hypothèses consignées dans le tableau 3 ci-dessous. En effet, la
perte de croissance enregistrée en 2007 s’explique, entre autres, par la baisse des
importations d’énergie électrique. Cette baisse a été compensée par une augmentation
29
de la production de la SBEE ainsi que des entreprises et des ménages. En
conséquence, les importations des produits pétroliers et des groupes électrogènes ont
fortement accru ; augmentant ainsi les charges au niveau des entreprises et réduisant
le pouvoir d’achat des ménages.
En 2008, bien que les importations d’énergie électrique aient augmenté, le délestage
électrique n’a pas été complètement résorbé. Cette situation a été aggravée par la
hausse des cours des produits pétroliers engendrant ainsi l’inflation. De fait, les coûts
de production ont encore augmenté (cf. graphique 7) et le pouvoir d’achat des
ménages s’est réduit.
Tableau 3 : Principaux hypothèses et résultats des simulations sur la crise énergétique
Situation sans crise
: scénario de
simulation (2)
2007
2008
2007
2008
Principales hypothèses
60,8
70,5
60,8
66,8
1,20
1,30
1,20
1,28
529,6
567,4
580,0
672,3
Résultats
2 455,3
2 745,3
2 486,3 2 805,8
241,2
281,1
244,7
288,2
2 214,1
2 464,2
2 214,1 2 464,2
526,0
596,5
526,0
594,6
206,9
193,0
206,9
192,1
319,2
403,5
319,2
403,5
646,3
677,0
646,3
677,5
1 007,7
1 057,5
1 002,9 1 052,0
21,7
13,4
21,7
13,4
2 641,6
2 974,7
2 677,4 3 039,4
Situation avec crise : scénario
de référence (1)
2006
Cours du pétrole
Indice des prix administrés
Vente électricité SBEE
Consommation
publique
privée
FBCF
publique
privée
Exportations
Importations
Variation de stock
PIB
64,3
1,08
533,6
2 187,2
237,5
1 949,7
481,1
120,6
360,5
498,1
731,0
24,6
2 460,1
Croissance économique
Inflation
3,8
3,8
4,6
1,3
5,0
7,9
6,0
1,3
6,1
7,6
Variations (1) - (2)
2007
2008
0,0%
0,0%
-8,7%
5,5%
2,0%
-15,6%
-1,2%
-1,4%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,5%
0,0%
-1,3%
-2,2%
-2,5%
0,0%
0,3%
0,5%
0,0%
-0,1%
0,5%
0,0%
-2,1%
-1,4
0,0
-1,1
0,3
Sources : INSAE et auteurs
Finances publiques : La crise énergétique a conduit le Gouvernement à prendre des
mesures visant à réduire les fréquences de délestages électriques et les prix des
produits pétroliers. A cet effet, les produits pétroliers ont bénéficié tout comme les
produits alimentaires des exonérations et subventions.
30
Le soutien accordé aux produits pétroliers sur les sept premiers mois de l’année 2008
a coûté au Gouvernement un montant total d’environ 27 milliards FCFA (cf. tableau
5), soit environ 1% du PIB. Depuis mars 2008, il devient de plus en plus coûteux au
Gouvernement de soutenir les prix des produits pétroliers. De 2,5 milliards en février,
le coût de ce soutien a plus que doublé trois mois plus tard, en s’établissant à près de
5,3 milliards en juin et à plus de 5,1 milliards FCFA en juillet.
Tableau 4 : Point des pertes de recettes sur les carburants de janvier à juillet 2008
(millions de FCFA)
Essence
Pétrole
GPL
Gasoil
Total
Janvier
629,9
514,0
Février
629,9
353,3
Mars
629,9
481,8
Avril
629,9
770,9
Mai
916,2
803,0
Juin
1 546,0
1 124,3
Juillet
1 717,8
770,9
Total
6 699,6
4 818,2
Source : MIC/DPCI
63,8
45,0
45,0
45,0
7,5
37,5
41,3
285,1
1 781,4
1 425,1
1 870,5
2 494,0
2 494,0
2 583,1
2 583,1
15 231,2
2 989,1
2 453,3
3 027,2
3 939,8
4 220,7
5 290,9
5 113,1
27 034,1
Tableau 5 : Produits exonérés
à la recette CotonouHydrocarbures
Subvention
directe
126,7
126,7
126,7
566,2
688,2
2 009,3
1118,5
4 762,2
Cette évaluation du coût du soutien aux prix des
produits pétroliers faite par le Ministère de
l’Industrie et du Commerce intègre les moins perçus
Produits
Montant
Gasoil
11,685
Pétrole
2,167
Essence
1,677
Butane
0,417
Total
15,945
Source : DGDDI, février 2009
au niveau du cordon douanier sur les hydrocarbures
et les subventions directes et croisées. Les pertes de
recettes douanières sont estimées à 15,9 milliards
FCFA (cf. tableau 6), soit 3,1% des recettes fiscales.
Ainsi, les subventions aux prix des produits
pétroliers ont coûté au Gouvernement 11 milliards
de francs CFA dont 4,8 milliards pour les
subventions directes et le reste (6,2 milliards) pour les subventions croisées entre
produits pétroliers.
Ces appuis aux produits pétroliers ont été complétés par des subventions à la SBEE et
à la SONACOP afin de maintenir le niveau de la production locale d’énergie
31
électrique et de garantir la disponibilité des produits pétroliers sur le marché. A cet
effet, le Gouvernement a déboursé 52,5 milliards FCFA (cf. tableau 7) dont 14
milliards FCFA en 2006, 15,4 milliards en 2007 et 23 milliards FCFA en 2008 pour
faire face à la crise énergétique. Ces dépenses représentent 2,9% des dépenses
publiques totales en 2006, 2,6% en 2007 et 3,4% en 2008.
Tableau 6 : Point des dépenses liées à la crise énergétique
Nature de la dépense
Apurement des dettes de la SBEE vis-à-vis de la CEB en 2006
Total 2006
en % des dépenses totales
en % du PIB
Soutien financier de l’Etat pour l’apurement des dettes de la SBEE visà-vis de la CEB et compensation des surcoûts liés à l’achat de
combustibles en 2007
Fonds mis à la disposition de la SBEE dans le cadre de la livraison de
gasoil par la SONACOP en 2007
Total 2007
en % des dépenses totales
en % du PIB
Réhabilitation de la Centrale d’Akpakpa en 2008
Location d’une centrale d’énergie électrique en 2008
Subvention du Gouvernement au coût de production thermique au cours
de l’année 2008
Fonds mis à la disposition de la SBEE dans le cadre de la livraison de
gasoil par la SONACOP en 2008
Total 2008
en % des dépenses totales
en % du PIB
Total
Source : DGTCP, mars 2009
Montant en milliards
FCFA
14,000
14,000
2,92
0,57
9,354
6,100
15,454
2,64
0,59
3,055
1,968
3,310
14,751
23,084
3,38
0,78
52,538
Balance des paiements. Du fait des subventions et de la baisse de la valeur
consensuelle, il est difficile d’évaluer l’impact de la crise énergétique en 2008 sur la
balance des paiements à partir des données de l’INSAE et des Douanes. Les
simulations ont été faites alors avec le MOSARE.
La crise énergétique caractérisée par le délestage électrique et la flambée du cours du
pétrole, a induit en 2007 et 2008 une forte augmentation des importations des
produits pétroliers et des groupes électrogènes. Ainsi, les importations de biens ont
32
augmenté d’environ 1% en 2007 et 2008. Par ailleurs, les exportations ont connu une
évolution à la baisse du fait de la perte de compétitivité prix induite par l’accélération
de l’inflation. Il s’en suit alors une dégradation de la balance courante d’environ
1,5% en 2007 et 2008.
B. Impacts de la crise alimentaire
Production et prix. Du point de vue microéconomique, la crise alimentaire a affecté
la production des industries agroalimentaires. En effet, selon les résultats de
l’enquête effectuée auprès des entreprises agroalimentaires, 60% des entreprises ont
affirmé que la hausse des prix des produits alimentaires a affecté leur production en
volume en 2008, contre 53% en 2007 et 20% en 2006. En outre, la crise alimentaire a
contribué à la baisse du chiffre d’affaires en 2007 et 2008 chez 53% des entreprises
enquêtées (cf. graphique 4). Cette baisse du chiffre d’affaires ne traduit que la baisse
de la production car les prix pratiqués par les entreprises étaient en hausse au cours
de la période.
Graphique 5 : Part des entreprises dont la production a
été affectée par la hausse des prix des produits
Graphique 6 : Impact de la crise alimentaire sur la
croissance économique (variation 2007/2008)
Produits alimentaires
PIB au prix constant
20%
2008
15%
Non
2007
10%
Oui
5%
0%
2006
Produits alimentaires
PIB au prix constant
-5%
0%
20%
40%
60%
Source : Enquête réalisée en mars 2009
80%
100%
Source : Enquête réalisée en mars 2009
Par ailleurs, cette hausse des prix des produits alimentaires s’est traduite par une
augmentation de la part de ces produits dans les coûts de production. De 62% en
2006, la part des produits alimentaires dans le coût de production des entreprises est
passée à 66% en 2007 et à 73% en 2008 (cf. graphique 5).
Cette augmentation est essentiellement imputable à la hausse de 34% des prix de ces
produits de base entre 2006 et 2008 d’après les entreprises enquêtées.
33
Graphique 7 : Evolution du chiffre d’affaires des
entreprises en 2007 et 2008
Stagnant
A la baisse
A la hausse
0%
20%
40%
60%
Graphique 8 : Evolution de la part des produits
alimentaires dans le coût de production des
entreprises
74%
72%
70%
68%
66%
64%
62%
60%
58%
56%
2006
Source : Enquête réalisée en mars 2009
Tableau 27 : Point des pertes de recettes liées à la
crise alimentaire
Exonérations
accordées (en
milliards FCFA)
Produits alimentaires
7,896
exonérés
Concentré de tomate
1,953
2007
2008
Source : Enquête réalisée en mars 2009
Sur le plan macroéconomique, les
principales
hypothèses
de
simulation utilisées découlent des
constats ci-dessus et sont résumées
dans le tableau 8.
Pâte alimentaire
1,731
Les prix des produits alimentaires
Farine de blé
1,567
ont connu une augmentation de
Lait
1,224
17,6% en 2008 contre une baisse de
Riz blanchi
1,119
Grains de blé
0,302
0,6% et 0,5% respectivement en
Evaluation de stock
0,422
2007 et en 2006. Mais, cette hausse
Grains de blé
0,101
des prix des produits alimentaires
Lait
0,057
Pate, tomates, etc.
0,053
Riz
0,212
niveau des céréales, qui ont connu
Total
8,318
une flambée de 60% en 2008. Les
en % des recettes
fiscales
en % du PIB
1,62
0,28
Sources : DGDDI, DGID, février 2009
est encore plus remarquable au
simulations réalisées sur cette base
avec le MOSARE indiquent que la
perte de croissance économique
imputable à la crise alimentaire est de 1,6 points toutes choses égales par ailleurs.
Autrement dit, si le Bénin n’avait pas subi cette crise alimentaire, le taux de
croissance en 2008 serait de 5,6% contre les 4,0% estimés pour cette année. En effet,
la flambée des prix des denrées alimentaires aurait contribué à la réduction du
34
pouvoir d’achat des ménages, entrainant ainsi une contraction de la consommation
finale des ménages en volume d’environ 2,0%. D’autre part, elle aurait contribué à
l’accélération de l’inflation de 2,5%, induisant ainsi une perte de compétitivité – prix
pour l’économie béninoise, mesurée par le taux de change réel et par conséquent une
baisse des exportations en volume d’environ 1 point.
Tableau 8 : Principaux hypothèses et résultats des simulations sur la crise alimentaire
Situation sans crise :
scénario de
simulation (2)
2007
2008
2007
2008
Principales hypothèses
Situation avec crise : scénario
de référence (1)
2006
Prix aux producteurs
céréales
tubercules
Indice des prix administrés
Consommation
publique
privée
FBCF
publique
privée
Exportations
Importations
Variation de stock
PIB
Croissance économique
Inflation
95
69
1,08
129
97
1,20
2 187,2
237,5
1 949,7
481,1
120,6
360,5
498,1
731,0
24,6
2 460,1
3,8
3,8
Variations (1) - (2)
2007
2008
129
97
1,20
78
96
1,27
0,0%
0,0%
0,0%
74,1%
1,2%
2,8%
2 455,3
241,2
2 214,1
526,0
206,9
319,2
646,3
1 007,7
21,7
2 641,6
135
98
1,30
Résultats
2 745,3
281,1
2 464,2
596,5
193,0
403,5
677,0
1 057,5
13,4
2 974,7
2 455,3
241,2
2 214,1
526,0
206,9
319,2
646,3
1 007,7
21,7
2 641,6
2 771,0
284,2
2 464,2
597,0
193,2
403,5
674,5
1 050,0
13,4
3 005,9
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,9%
1,1%
0,0%
0,1%
0,1%
0,0%
-0,4%
-0,7%
0,0%
-1,0%
4,6
1,3
5,0
7,9
4,6
1,3
6,6
5,4
0,0
0,0
-1,6
2,5
Sources : INSAE et auteurs
Finances publiques. Pour faire face à la crise alimentaire, le Gouvernement a pris
des mesures visant à : i) réduire les effets de la crise sur les prix des produits
alimentaires, ii) à reconstituer les stocks de l’ONASA et iii) à relancer la production.
Ces mesures ont impacté aussi bien les recettes fiscales que les dépenses. Le coût
total de ces mesures sur les finances publiques est évalué à 18,6 milliards FCFA,
contribuant ainsi à la dégradation du déficit budgétaire (base ordonnancement)
d’environ 19%.
L’évaluation des pertes de recettes liées à la crise alimentaire est de 8,3 milliards
FCFA, soit 1,6% des recettes fiscales en 2008 (cf. tableau 2). Ces pertes de recettes
35
concernent essentiellement la défiscalisation par le biais d’une série d’exonérations
dont notamment la réduction de la valeur consensuelle de calcul des prélèvements
douaniers sur les produits alimentaires, l’évaluation des stocks existants à la date
d’entrée en vigueur des mesures prises et la délivrance des crédits d’impôts pour ces
stocks. La réduction de la valeur consensuelle a couté environ 8 milliards FCFA à
l’Etat béninois tandis que la délivrance des crédits d’impôts sur les stocks s’est
traduite par un manque à gagner de 422 millions FCFA.
En ce qui concerne les dépenses publiques imputables à la crise alimentaire, elles
sont essentiellement liées à la relance de la production agricole et à la reconstitution
du stock de l’ONASA. Ces dépenses sont évaluées à 10,3 milliards FCFA soit 1,5%
des dépenses totales (cf. tableau 3).
Tableau 9 : Point des dépenses liées à la crise alimentaire
Nature de la dépense
Mise à disposition de fonds pour l’organisation d’une tournée ministérielle
d’information et de sensibilisation sur la cherté de la vie, du 05 au 12 janvier 2008,
sur toute l’étendue du territoire national
Mise à disposition de fonds pour la constitution d’un stock complémentaire de
mille tonnes de maïs pour la soudure alimentaire au titre de l’année 2008
Mise à disposition de fonds dans le cadre du renforcement du stock de sécurité
alimentaire
Mise à disposition de fonds pour l’organisation, le lundi 14 juillet 2008 d’une
journée de réflexion sur la cherté de la vie avec toutes les composantes de la nation
Mise à disposition de fonds au profit de l’Office National de Soutien des Revenus
Agricoles du MAEP dans le cadre du préfinancement par le budget national du
programme d’urgence d’appui à la sécurité alimentaire
Aménagement de la Vallée de l’Ouémé
Total
Montant en
milliards FCFA
0,096
0,235
1,800
0,030
6,121
2,000
10,281
en % des dépenses totales
1,51
en % du PIB
Source : DGTCP, mars 2009
0,35
Balance des paiements. L’analyse des statistiques collectées auprès de la BCEAO,
de l’INSAE et de la DGDDI montre que globalement les importations des produits
alimentaires ont augmenté en volume et en valeur en 2007 et en 2008 accompagné
d’une baisse des prix (cf. annexe 4). Il en est de même pour les exportations (cf.
annexe 5). Cette amélioration du commerce extérieur notamment en 2008, peut être
expliquée par la baisse de la valeur consensuelle des produits alimentaires,
notamment le riz représentant plus de 55% des importations de produits alimentaires,
36
qui a encouragé les importations. Par ailleurs, la baisse de la valeur consensuelle a
induit également une forte hausse de la réexportation de riz, passant de 1,7% des
exportations de produits alimentaires en 2007 à 4,1% en 2008.
Au regard de ces statistiques, il est difficile de déduire l’impact de la hausse des prix
des produits alimentaires sur la balance des paiements. Pour ce faire, il a été procédé
à une simulation à l’aide du MOSARE, de la hausse des prix des produits
alimentaires sur la balance des paiements en se fondant sur les hypothèses citées plus
haut. Les résultats montrent que l’augmentation des prix des produits alimentaires de
17,6% entraine une baisse en valeur des exportations et des importations de biens
respectivement de 0,3% et 0,9% du fait de la contraction de la demande. Il en résulte
une
amélioration
des
balances
commerciale
et
courante
d’environ
2%
respectivement.
C. Effets combinés des crises énergétique et alimentaire
Production et prix : Au regard des développements précédents et des canaux
identifiés, les simulations ont été réalisées uniquement sur l’année 2008. En effet, au
cours de l’année 2008 l’économie béninoise a été affectée par les crises énergétique
et alimentaire tandis que 2007 a été marqué essentiellement par la crise de l’énergie
électrique.
Les résultats des simulations montrent une perte de croissance de 2 points du fait des
crises énergétique et alimentaire. Cette perte de croissance est imputable
Tableau 10 : Impacts sur les finances publiques (en
milliards FCFA)
Montant
Pertes de recettes liées aux crises
24,077
Crise alimentaire
8,132
Crise énergétique
15,945
en % des recettes fiscales
4,70
en % du PIB
0,81
Dépenses liées aux crises
44,454
Crise alimentaire
10,281
Crise énergétique
34,173
en % des dépenses totales
6,49
en % du PIB
1,49
Déficit budgétaire lié aux crises
68,531
en % du déficit budgétaire total
66,29
en % du PIB
2,30
Source : Calculs des auteurs
essentiellement à une baisse
de la demande intérieure,
notamment
de
la
consommation des ménages,
du fait de l’accélération de
l’inflation et de la hausse des
coûts de production. En effet,
les crises ont contribué à une
hausse de l’inflation de 3
points.
Par
investissements
ailleurs,
et
les
les
37
exportations ont également reculé en relation avec la perte de compétitivité prix.
Finances publiques : Les crises énergétique et alimentaire
ont impacté
significativement les finances publiques. En termes de recettes fiscales, elles se sont
traduites en 2008 par une perte de 24,1 milliards FCFA soit, 4,7% des recettes
fiscales. Quant aux dépenses, elles ont connu une augmentation de 44,4 milliards en
2008, soit 1,5% du PIB, du fait des subventions et autres dépenses. Au total, le déficit
budgétaire s’est dégradé de 2,3% du PIB (cf. tableau 8), pour s’établir à 3,5% du PIB
en 2008.
Balance des paiements : Les résultats des simulations réalisées avec le MOSARE
indiquent que les crises énergétique et alimentaire ont eu pour conséquences une
baisse des exportations et une hausse des importations. En effet, les exportations ont
connu une baisse en 2008 du fait de la hausse des coûts de production induite par la
flambée des cours du pétrole et des produits alimentaires d’une part, et le délestage
électrique enregistré au cours de l’année d’autre part. Par ailleurs, la hausse des
importations s’explique par la demande des produits alimentaires et énergétiques
pour faire face à la faible offre des céréales et de l’électricité sur le marché local. En
somme, les crises énergétique et alimentaire ont contribué à dégrader le déficit
commercial de 0,8%, soit 0,2 point du PIB.
En ce qui concerne la balance courante, elle s’est dégradée du fait des crises de 1,1%
car, outre la dégradation de la balance commerciale, les balances des services et des
revenus se sont aussi dégradées.
38
V.
Impacts des crises énergétique et alimentaire sur la pauvreté
A. Analyse des résultats
Sur la base de l’évaluation des effets des crises énergétique et alimentaire sur le cadre
macroéconomique en 2008, les estimations ont été effectuées à l’aide des modules de
micro simulation et d’Agénor décrits dans la méthodologie.
Graphique 9 : Variation de l’incidence de la
pauvreté
5,0
4,0
Graphique 10 : Variation de la profondeur de la
pauvreté
6,0
5,0
Urbain
Rural
Bénin
Urbain
Rural
Bénin
4,0
3,0
3,0
2,0
2,0
1,0
1,0
0,0
0,0
2007
2008
Source : Calcul des auteurs, Mai 2009
2007
2008
Source : Calcul des auteurs, Mai 2009
L’analyse des résultats montre que les crises énergétique et alimentaire ont contribué
à aggraver la pauvreté en 2007 et en 2008. En effet, l’incidence de la pauvreté, c'està-dire le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté, a augmenté
de 0,8 point en 2007 (cf. graphique 8). Cet impact est beaucoup plus ressenti en
milieu urbain qu’en milieu rural. Cette situation se justifie par le fait que l’année
2007 a été marquée essentiellement par la crise énergétique.
En 2008, l’incidence de pauvreté a augmenté de 3,3 points et la pauvreté a touché
essentiellement le milieu rural. Par ailleurs, ces crises ont contribué à augmenter
l’écart entre les riches et les pauvres (cf. graphique 8) ; la profondeur de la pauvreté
ayant augmenté de 4,3 points pour l’ensemble du pays et de 5,7 points pour le milieu
rural (cf. graphique 9).
Tableau 11 : Impacts sur quelques indicateurs
de suivi OMD
2007 2008
Taux de malnutrition
0,0% 6,2%
Taux de mortalité (pour 1
000 naissances)
0,3% 0,6%
Espérance de vie à la
naissance
0,0% -0,1%
Source : Calculs des auteurs
Pour faire les simulations, il a été
supposé que les dépenses de santé
et
d’éducation
n’ont
pas
été
touchées par les effets des crises
39
énergétique et alimentaire. Les résultats indiquent pour 2008 une augmentation de 6
points du taux de malnutrition, de 0,3 point pour le taux de mortalité infantile et un
recul de 0,1 point de l’espérance de vie à la naissance (cf. tableau 9).
Conclusion et Recommandations
Les crises énergétique et alimentaire
qu’ont subies le monde et le Bénin en
particulier, en 2007 et 2008, ont plusieurs sources. Au nombre de celles-ci on peut
citer, les changements climatiques, la réduction des stocks en produits alimentaires,
l’accroissement des prix des produits pétroliers, le développement de l’industrie des
biocarburants dans les pays développés, et l’augmentation de la demande des pays
émergents en produits alimentaires. Au Bénin, la crise énergétique est
essentiellement due à la très forte sensibilité du pays aux chocs extérieurs en la
matière du fait de sa grande dépendance vis-à-vis de la VRA et de la CIE par
l’entremise de la CEB.
La hausse des prix des produits alimentaires et des produits pétroliers a affecté de
manière sensible l’économie béninoise. Elle s’est manifestée par une forte inflation et
un ralentissement de la croissance. Ce qui a contribué à une dégradation substantielle
du panier de la ménagère.
Face à cette situation, les mesures prises par le Gouvernement béninois pour contrer
les effets de ces crises, bien qu’ayant de coûts significatifs sur les finances publiques,
n’ont totalement pas eu les résultats escomptés. Les raisons qui sont à la base de cette
situation résident pour l’essentiel dans le ciblage des bénéficiaires ainsi que dans la
mise en œuvre desdites mesures.
Les crises énergétique et alimentaire devraient servir d’opportunité pour réduire la
pauvreté rurale par la mise en place de politique agricole appropriée. Ce qui
permettrait d’avoir une autosuffisance alimentaire en vue de garantir la sécurité
alimentaire aux populations. Mais tout cela n’est possible qu’à la condition que le
Bénin prenne des mesures appropriées en liaison avec les causes structurelles sousjacentes de la vulnérabilité. En effet, le Gouvernement béninois devrait mettre en
place des mesures spécifiques qui réduisent la vulnérabilité du pays à de futures
40
crises des prix et sa prédisposition face à l’amenuisement des ressources
énergétiques.
La solution ne devant pas être unique, des mesures suivantes peuvent servir de
références à des actions à mener. Ces mesures sont répertoriées dans le tableau 12 ciaprès :
41
Tableau 12 : Mesures pouvant permettre de contrer les effets des crises énergétique et alimentaire
N°
MESURES DE COURT TERME
I
I.1
MESURES DE MOYEN ET LONG TERMES
Crise alimentaire
Accroître les dépenses publiques dans le secteur de l’agriculture et Fournir un soutien aux petits exploitants par le renforcement de leurs
améliorer les approches de gestion des projets et programmes afin de capacités en matériels, en ressources financières à travers les actions
générer l’offre. A cet effet, il s’agira de mener les actions telles que : la comme : la création d'un Fonds National de Développement Agricole, la
mise en œuvre des projets en maîtrise d'ouvrage délégué, le création d’une banque agro-industrielle, la mise en place d'une institution
renforcement du suivi administratif, la promotion des agences financière spécialisée dans le financement des promoteurs agricoles, etc.
spécialisées en matière d'exécution des projets et programmes, etc.
I.2
Renforcer les actions de maîtrise de l’eau pour réduire la dépendance Cibler de manière adéquate les dépenses du secteur agricole, afin de
de l’agriculture béninoise des variations climatiques à travers des fournir les services publics nécessaires et de toucher les petits producteurs
actions telles que la poursuite de la mise en valeurs des vallées, la à travers les actions comme : le ciblage des filières prioritaires, le
poursuite de la promotion de la culture irriguée, etc.
développement de grandes zones de production des filières prioritaires, le
développement des fermes semencières pour les variétés à haut
rendement, la promotion du label des produits agricoles béninois etc.
I.3
Associer le privé à la multiplication des boutiques témoins (du type Investir dans des programmes de protection sociale afin de permettre aux
points de vente de l’ONASA)
populations de faire face à leurs besoins de base, de protéger leurs moyens
d’existence contre des menaces potentielles et d’améliorer leurs droits et
leur statut social
I.4
Réduire au minimum l’utilisation des mesures commerciales (telles Renforcer, au niveau national et régional, les mesures de lutte contre les
que les interdictions d’exportation et les exonérations fiscales) qui sont changements climatiques afin de mieux protéger les producteurs à travers
contre les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et la mise en œuvre effective de la stratégie nationale de lutte contre les
N°
MESURES DE COURT TERME
MESURES DE MOYEN ET LONG TERMES
qui biaise l’information envoyée aux producteurs, sapant ainsi les changements climatiques, le renforcement des actions du projet de lutte
perspectives de développement de l’agriculture à moyen et long terme
contre la désertification du MEPN et en renforçant la coopération
régionale en matière de lutte contre les changements climatiques
I.5
Poursuivre les activités de sécurisation foncière à travers les actions
comme "Projet Accès au foncier" du programme MCA-BENIN.
II
II.1
Crise énergétique
Utiliser de façon optimale des ressources énergétiques locales Renforcer les activités au sein du cadre de concertation sur les questions
disponibles actuellement telle la réhabilitation des groupes de la SBEE d’énergie que constitue le WAPP (West African Power Pool) ou EEEAO
d’une puissance totale de 22 MW
(Echanges d'Energie Electrique en Afrique de l'Ouest) afin d’utiliser de
manière efficiente les 180 millions de dollars US de la Banque Mondiale
pour la résolution des problèmes énergétiques de la région
Accélérer les travaux d’aménagement hydroélectrique d’Adjarala qui est
II.2
un projet à buts multiples mais destiné principalement à la production
d’électricité. D’un coût estimé à 107,4 milliards F CFA, ce projet va
contribuer au renforcement de la disponibilité de l’énergie électrique au
Bénin et au Togo par une production annuelle en énergie électrique de 366
GWh avec un prix de revient de kWh évalué à 36,4 F CFA (pour ta=10%).
II.3
Acquérir et installer les 8 turbines à gaz (TAG) de 2 x (4 x 10 MW) à Valoriser le potentiel hydroélectrique du fleuve Ouémé. Des études qui
Maria-Gléta. Ce projet qui constitue une porte de sortie à la crise étaient faites par COYNE & BELLIER en juin 1999 avaient indiqué que
énergétique mériterait une attention et un suivi particuliers de la part le schéma d’aménagement optimal comprend la construction de cinq (05)
des autorités béninoises afin qu’il aboutisse dans les meilleurs délais
barrages totalisant une énergie moyenne annuelle de 1.092 GWh, une
N°
MESURES DE COURT TERME
MESURES DE MOYEN ET LONG TERMES
énergie garantie de 992 GWh et une puissance installée de 283 MW. Les
sites qui offrent des caractéristiques intéressantes sont : Ketou-Dogo,
Vossa, Béthel et Olougbé.
II.4
Renforcer la production de l’énergie électrique à partir des énergies
renouvelables.
II.5
Mettre en place un cadre incitatif pour l’installation des producteurs
indépendants dans le domaine de l’énergie électrique
Annexes
Annexe 1 : Evolution du taux d’accroissement des recettes fiscales
Avant d’évaluer le coût global des différentes mesures fiscales prises par le
Gouvernement, il est important d’étudier le comportement des recettes des impôts
ainsi que les recettes douanières, ces dernières années. Le graphique ci-après met en
évidence l’évolution du taux de croissance des recettes des régies financières.
Graphique 11 : Evolution du taux d’accroissement des recettes des deux régies
financières considérées
25%
20%
15%
10%
Recettes douanières
Recettes des Impôts
5%
Recettes fiscales
0%
200
8
200
7
200
6
200
5
Source : DPC, février 2009
L’examen de ce graphique montre que le taux de croissance des recettes fiscales a
connu une baisse en 2008 par rapport à 2007. En effet, cette baisse a été beaucoup
plus marquée au niveau des recettes douanières qui sont passées d’un taux
d’accroissement de 20,6% en 2007 à un taux de croissance de 11,5% en 2008. Même
si la baisse n’a pas été remarquable au niveau des recettes des impôts, il importe tout
de même de noter que le rythme de croissance observé en 2006 et 2007, a légèrement
baissé en 2008. Somme toute, les recettes fiscales ont enregistré une baisse de leur
taux d’accroissement en 2008 même si elles ont augmenté en valeur. Cette baisse du
rythme de croissance des recettes est en partie imputable aux crises énergétique et
alimentaire qui ont amené l’Etat à renoncer à une part considérable de ses recettes
fiscales.
45
Annexe 2 : Impacts des crises sur la situation monétaire
Les crises énergétique et alimentaire
ont eu des implications sur la situation
monétaire, notamment sur les avoirs extérieurs nets et le crédit intérieur. Du fait de
ces deux crises, les avoirs extérieurs nets ont connu un ralentissement, passant d’une
augmentation moyenne de 145 milliards FCFA en 2006-2007 à 32 milliards en 2008.
Ce ralentissement est imputable essentiellement à la baisse de plus de 16 milliards
observée au niveau des banques primaires. Ce qui souligne que ces banques
primaires ont dû puiser dans leurs réserves pour soutenir les importations en 2008.
Le crédit intérieur, sous l’effet de ces crises a connu un bond passant d’une baisse
moyenne de 16 milliards en 2006-2007 à 241 milliards en 2008. Cette hausse est
assignable au crédit à l’économie, tirée par les crédits à court terme. Ces crédits
assimilables aux crédits commerciaux ont enregistré une hausse moyenne de 112
milliards en 2006-2007. Ce qui témoigne le besoin de financement ressenti par les
entreprises pour l’achat des groupes électrogènes en période de délestage et
l’approvisionnement en produit pétrolier. En 2008, ce besoin de financement a
légèrement baissé à 97 milliards à cause des exonérations accordées sur l’importation
de certains produits par le Gouvernement du fait de la crise alimentaire. La Position
Nette créditrice du Gouvernement qui est la deuxième composante du crédit à
l’économie s’est dépréciée de fin 2007 à 2008 sous l’effet des deux crises combinées
(graphique N°11). Cette dépréciation fait suite aux nombreuses mesures qui ont coûté
environs 70 milliards au Gouvernement béninois dans le cadre de la maîtrise des
deux crises.
46
Graphique 12 : Evolution mensuelle de la PNG de 2006 à 2008
La masse monétaire n’est pas restée en marge des séquelles de ces deux crises. Elle a
consigné une hausse de 152,54 milliards de 2006 à 2007 et cette hausse s’est
accentuée de 2007 à 2008 pour s’inscrire à 265,39 milliards. Cette situation est le
résultat de la flambée des prix observée au cours de la période des crises, surtout
entre 2007 et 2008. Cette tendance de la masse monétaire surtout liée à la crise
alimentaire a amené la Banque Centrale, chargée d’appliquer la politique monétaire
du Gouvernement, à réviser ces taux directeurs le 16 août 2008. En effet, pour
ralentir le taux de crédits, le taux d’escompte a été relevé de deux points pour être
fixé à 6,75%, et celui de pension a été relevé de 0,50% pour s’établir à 4,75%. Or il
est plus que probable que si la masse monétaire augmente plus vite que la croissance
du PIB, l'inflation va suivre.
47
Annexe 3 : Méthodologie utilisée pour l’enquête auprès des entreprises
Objectif de l’enquête
L’enquête auprès des entreprises sur l’évaluation des effets des crises énergétique et
alimentaire sur l’activité économique vise à mesurer l’impact de ces crises sur la
production des entreprises, les difficultés enregistrées et les mesures prises par les
entreprises pour y faire face. De manière spécifique, il s’agit d’évaluer les
implications du délestage électrique, de la hausse des prix des produits pétroliers et
de la hausse des prix des produits alimentaires sur l’activité économique.
Base de sondage
Cette enquête concerne 60 entreprises du secteur de l’industrie, du commerce, de
l’artisanat, de l’hôtellerie et du transport. Les entreprises retenues dans le champ de
l’enquête sont les entreprises qui font partir des bases de sondage des enquêtes de
conjoncture de la Direction Générale des Affaires Economiques, de l’Institut
National de la Statistique et de l’Analyse Economique et du Ministère de l’Industrie.
Les entreprises retenus dans les secteurs de l’industrie, du commerce, de l’hôtellerie
et du transport sont ceux qui ont réalisé les productions (ou chiffre d’affaires) les plus
importants au cours des deux dernières années (2004-2005) avant les crises. Quant à
l’artisanat 10 grandes unités de production de soudure, de couture, de mécanique et
de menuiserie sont tirées par tirage aléatoire simple à Cotonou et dans les environs.
Tableau 13 : Répartition de l’échantillon de l’enquête
Secteurs
Nombre d’entreprises
Autres industries
10
Industrie agroalimentaire
18
Commerce
8
Artisanat
10
Transport
6
Hôtel
8
Total
60
Source : Calculs à partir des résultats de l’enquête
48
Les industries enquêtées ont été éclatées suivant la typologie des industries que
l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) utilise pour
la production de l’Indice de Production Industrielle. Ainsi sur la base de la
pondération de l’IPI et des données recueillies sur la production des entreprises au
cours de l’enquête, nous avons obtenu la pondération suivante :
Tableau 14 : Poids des types d’industries selon l’échantillon
type d'industrie
Pondération
Industrie alimentaire
51%
Industrie textile
15%
Industrie chimique
5%
Autres industries
29%
Ensemble
100%
Source : Calculs à partir des résultats de l’enquête
Cette pondération a été utilisée dans la suite du travail pour calculer les variations
pondérées des productions réalisées par les entreprises avant, pendant et après les
crises.
Les entreprises enquêtées sont également réparties suivant les grandes fonctions de
l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation avec une pondération basée toujours
sur celle réalisée par l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique
(INSAE).
Cette répartition est réalisée pour faciliter le calcul de la moyenne pondérée des prix
pratiqués par les entreprises au cours des périodes de crises.
Tableau 15 : Poids des fonctions selon l’échantillon
FONCTION
POIDS
PRODUIT ALIMENTAIRE BOISSON ET TABAC
46,84
LOGEMENT EAU GAZ
11,67
ARTICLE D'HABILLEMENT
8,48
HOTEL
11,91
TRANSPORT
12,32
BIENS ET SERVICE DIVERS
8,79
TOTAL
100,00
Source : Calculs à partir des résultats de l’enquête
49
Annexe 4 : Evolution des importations de 2006 à 2008
Viandes et abats comestibles
Poissons et crustacés, mollusques
et autres invertébrés aquatiques
Lait et produits de la laiterie, œufs
d'oiseaux, miel naturel produits
Légumes, plantes, racines et
tubercules alimentaires
Fruits comestibles; écorces
d'agrumes ou de melons
Café thé mate et épices
Céréales
Produits de la minoterie, malt;
amidons et fécules; inulines
Graisses et huiles animales ou
végétales; produits de leur
dissociation
Préparations de viandes, de
poissons ou de crustacés, de
mollusques
Sucres et sucreries
Cacao et ses préparations
Préparations à base de céréales, de
farines, d'amidons, de fécules
Préparations de légumes, de fruits
ou d'autres parties de plantes
Préparations alimentaires diverses
Boissons, liquides alcooliques et
vinaigres
Tabacs et succédanés de tabac
fabriqués
Total produits alimentaires
Total importations
Variation des importations en valeur
2006
2007
2008
-8,8%
59,9%
50,3%
Variation des importations en volume
2006
2007
2008
4,0%
34,7%
36,0%
2006
-12,4%
Variation des prix
2007
18,7%
2008
10,4%
17,0%
14,3%
22,9%
25,5%
16,2%
22,4%
-6,7%
-1,6%
0,4%
-4,7%
33,9%
2,1%
-3,7%
43,5%
-14,7%
-1,0%
-6,7%
19,6%
13,9%
-16,8%
452,0%
-13,9%
-17,7%
484,0%
32,3%
1,1%
-5,5%
10,6%
-26,0%
11,7%
61,1%
-8,1%
74,9%
30,7%
-4,3%
-18,2%
68,1%
-78,9%
8,4%
84,3%
27,0%
71,9%
15,2%
101,2%
0,9%
-34,2%
250,2%
3,1%
-12,6%
-27,7%
1,7%
13,4%
-52,4%
-19,0%
8,0%
4,6%
122,4%
9,8%
-3,8%
68,6%
-1,6%
8,8%
31,9%
74,5%
29,4%
27,4%
90,3%
40,2%
25,5%
-8,3%
-7,7%
1,5%
-5,8%
33,7%
-11,7%
82,6%
-17,0%
26,8%
23,1%
72,6%
31,7%
37,6%
19,2%
38,3%
60,0%
-12,5%
8,5%
6,9%
77,2%
79,3%
-31,6%
12,1%
-36,2%
14,1%
-5,1%
16,9%
15,2%
-2,6%
-26,5%
-0,8%
51,6%
60,2%
6,9%
88,8%
51,9%
-7,2%
-19,7%
5,5%
-42,6%
12,2%
239,5%
19,6%
-26,2%
21,8%
1,9%
-0,2%
144,7%
56,8%
16,6%
48,9%
-43,7%
12,5%
38,7%
-23,7%
-36,7%
-18,2%
26,7%
12,4%
31,1%
32,0%
19,4%
40,1%
-4,0%
-5,9%
-6,4%
67,6%
14,4%
11,0%
-14,2%
48,0%
47,7%
24,1%
12,0%
-7,2%
70,7%
18,0%
6,3%
-29,9%
54,0%
42,0%
9,6%
13,5%
2,1%
-1,8%
-3,1%
4,4%
22,4%
-3,9%
4,1%
13,2%
-1,3%
-9,1%
Source : Calculs faits sur la base des données de l’INSAE
Annexe 5 : Evolution des exportations de 2006 à 2008
Variation des exportations en valeur
2006
2007
2008
Viandes et abats comestibles
Poissons et crustacés, mollusques et
autres invertébrés aquatiques
Lait et produits de la laiterie, œufs
d'oiseaux, miel naturel produits
Légumes, plantes, racines et tubercules
alimentaires
Fruits comestibles; écorces d'agrumes
ou de melons
Café thé mate et épices
Céréales
Produits de la minoterie, malt;
amidons et fécules; inulines
Graisses et huiles animales ou
végétales; produits de leur dissociation
Préparations de viandes, de poissons
ou de crustacés, de mollusques
Sucres et sucreries
Cacao et ses préparations
Préparations à base de céréales, de
farines, d'amidons, de fécules
Préparations de légumes, de fruits ou
d'autres parties de plantes
Préparations alimentaires diverses
Boissons, liquides alcooliques et
vinaigres
Tabacs et succédanés de tabac
fabriqués
Total produits alimentaires
Total exportations
Variation des exportations en volume
2006
2007
2008
2006
Variation des prix
2007
2008
-8,7%
-70,1%
-92,0%
75,2%
91,9%
-89,9%
-47,9%
-84,4%
-20,9%
-8,9%
-95,4%
1563,8%
-50,2%
-72,4%
395,1%
82,7%
-83,1%
236,0%
28,8%
-0,6%
-2,9%
107,4%
7,8%
-15,2%
-37,9%
-7,7%
14,5%
-19,4%
392,0%
44,1%
174,1%
23510,3%
33,2%
-47,1%
189,1%
-6,1%
245,9%
54,3%
156,0%
54977,9%
20,1%
-57,4%
143,9%
-14,2%
42,2%
-6,6%
7,1%
-57,1%
10,9%
24,0%
18,5%
-47,0%
-12,1%
-46,2%
-29,3%
-16,5%
-52,4%
-25,0%
5,2%
13,0%
62,5%
26,4%
74,5%
70,9%
21,7%
27,7%
-4,9%
3,8%
36,7%
74,9%
53,5%
-21,2%
64,4%
51,1%
-17,7%
6,4%
1,6%
-4,3%
22,2%
-74,3%
3,5%
-51,5%
18,0%
-47,0%
62,6%
-58,1%
32,2%
781,1%
177,8%
-67,9%
41,5%
-60,5%
-41,5%
30,7%
-6,6%
2128,6%
-81,2%
781,9%
42,3%
-72,0%
293,5%
76,6%
-32,7%
124,1%
-19,4%
78,6%
28,1%
-23,8%
-33,7%
12,7%
11,3%
-48,2%
11,2%
20,4%
56,8%
8,8%
-20,9%
-32,6%
56,3%
5,4%
-54,4%
19,3%
3,6%
13,9%
17,7%
-3,7%
-1,6%
-27,9%
5,6%
13,4%
-6,8%
16,2%
Source : Calculs faits sur la base des données de l’INSAE
Bibliographie
Aline ROCH Madeline TROUSSEAU Fabrice PIAT, 2008, l’impact des chocs
pétroliers sur les politiques énergétiques, les stratégies d’économie d’énergie, et les
perspectives à venir
BiPEN, 2007, Impact de la crise de l’énergie électrique sur l’économie béninoise
CADTM, 2008, Retour sur les causes de la crise alimentaire mondiale
Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO), 2006, La souveraineté alimentaire
en Afrique de l’Ouest : des principes à la réalité
DPC, 2008, Evaluation des Pertes de Recettes suite aux Mesures prises par le
Gouvernement pour contenir la Flambée des Prix
DPC, 2008, le Gouvernement béninois face à l’inflation du quatrième trimestre 2007
FMI, 2008, Food and Fuel Prices—Recent Developments, Macroeconomic Impact,
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Frédéric Jenny, 2008, Crise alimentaire, interventions règlementaires et institutions de
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OCDE/FAO, 2008, les perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2008-2017
Rapport de performance du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche,
2007.
Société Béninoise d’Energie Electrique, 2006, Etude complémentaire de la demande
d’énergie électrique
South Centre, 2008, FOOD AND ENERGY CRISIS: TIME TO RETHINK
DEVELOPMENT POLICY
World Bank, 2008, Double Jeopardy: Responding to High Food and Fuel Prices
World Bank, 2008, Implications of Higher Global Food Prices for Poverty in LowIncome Countries
52
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