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REPUBLIQUE DU BENIN PROJET APPUI-CONSEIL MACRO-ECONOMIQUE POUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE --------------- MINISTERE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES --------------- DIRECTION GENERALE DES AFFAIRES ECONOMIQUES RAPPORT DE MISSION I MPACTS DES CRISES ENERGETIQUE ET ALIMENTAIRE 2007- 2008 SUR LE CADRE MACROECONOMIQUE ET LA PAUVRETE (Version Finale) DOCUMENT DE TRAVAIL JUILLET 2009 Sommaire Sigles et acronymes ................................................................................................................................. 3 Liste des tableaux .................................................................................................................................... 5 Liste des graphiques ................................................................................................................................ 5 Résumé .................................................................................................................................................... 7 Introduction ........................................................................................................................................... 11 I. Méthodologie .................................................................................................................................... 13 A. La revue documentaire .............................................................................................................. 13 B. Enquête auprès des entreprises .................................................................................................. 13 C. Evaluation des effets des crises ................................................................................................. 14 II. Causes des crises énergétique et alimentaire .................................................................................... 18 A. Causes de la crise énergétique ................................................................................................... 19 B. Causes de la crise alimentaire .................................................................................................... 21 III. Mesures prises par le Gouvernement béninois pour faire face aux crises énergétique et alimentaire .......................................................................................................................................................... 24 A. Mesures fiscales ......................................................................................................................... 24 B. Mesures de relance de la production.......................................................................................... 25 C. Analyse critique ......................................................................................................................... 26 IV. Impacts des crises énergétique et alimentaire sur la stabilité du cadre macroéconomique ....... 28 A. Impacts de la crise énergétique .................................................................................................. 28 B. Impacts de la crise alimentaire................................................................................................... 33 C. Effets combinés des crises énergétique et alimentaire ............................................................... 37 V. Impacts des crises énergétique et alimentaire sur la pauvreté .......................................................... 39 A. Analyse des résultats.................................................................................................................. 39 Conclusion et Recommandations........................................................................................................... 40 Annexes ................................................................................................................................................. 45 Annexe 1 : Evolution du taux d’accroissement des recettes fiscales ................................................. 45 Annexe 2 : Impacts des crises sur la situation monétaire .................................................................. 46 Annexe 3 : Méthodologie utilisée pour l’enquête auprès des entreprises .......................................... 48 Annexe 4 : Evolution des importations de 2006 à 2008 .................................................................... 50 Annexe 5 : Evolution des exportations de 2006 à 2008..................................................................... 51 Bibliographie ......................................................................................................................................... 52 2 Sigles et acronymes BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest CEB : Communauté Electrique du Bénin CEN-SAD : Communauté des Etats Sahélo-Sahariens CIE : Compagnie Ivoirienne d’Electricité DGAE : Direction Générale des Affaires Economiques DGDDI : Direction Générale des Douanes et Droits Indirects DGID : Direction Générale des Impôts et des Domaines DGTCP : Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique DPC : Direction de la Prévision et de la Conjoncture DPCI : Direction de la Promotion du Commerce Intérieur EEEAO : Echanges d’Energie Electrique en Afrique de l’Ouest EMICoV : Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages IHPC : Indice Harmonisé des Prix à la Consommation INSAE : Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique MIC : Ministère de l’Industrie et du Commerce MOSARE : Modèle de Simulation et d’Analyse des Réformes Economiques OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement ONASA : Office National d’Appui à la Sécurité Alimentaire OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole PIB : Produit Intérieur Brut PNG : Position Nette du Gouvernement PSRSA : Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole PUASA : Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire SBEE : Société Béninoise d’Energie Electrique 3 SONACOP : Société Nationale de la Commercialisation des produits Pétroliers TCN : Transmission Company of Nigeria TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine VRA : Volta Region Authority WAPP : West African Power Pool 4 Liste des tableaux Tableau N°1 : Récapitulatif des valeurs consensuelles retenues Tableau N°2 : Effet de la crise énergétique sur le volume de production des industries Tableau N°3 : Principaux hypothèses et résultats de simulation sur la crise énergétique Tableau N°4 : Point des pertes de recettes sur les carburants de janvier à juillet 2008 (millions de FCFA) Tableau N°5 : Produits exonérés à la recette Cotonou-Hydrocarbures Tableau N°6 : Point des dépenses liées à la crise énergétique Tableau N°7 : Point des pertes de recettes liées à la crise alimentaire Tableau N°8 : Principaux hypothèses et résultats de simulation sur la crise alimentaire Tableau N°9 : Point des dépenses liées à la crise alimentaire Tableau N°10 : Impacts sur les finances publiques (en millions de FCFA) Tableau N°11 : Impacts sur quelques indicateurs de suivi des OMD Tableau N°12 : Mesures pouvant permettre de contrer les effets des crises énergétique et alimentaire Tableau N°13 : Répartition de l’échantillon de l’enquête Tableau N°14 : Poids des types d’industries selon l’échantillon Tableau N°15 : Poids des fonctions selon l’échantillon Liste des graphiques Graphique 1 : Evolution de l’IHPC en glissement annuel de janvier 2006 à février 2009 Graphique 2: Evolution des prix des produits locaux et importés Graphique 3 : Réaction des entreprises face à la crise énergétique Graphique 4 : Evolution de la part de l’énergie dans le coût de production Graphique 5 : Part des entreprises dont la production a été affectée par la hausse des prix des produits 5 Graphique 6 : Impact de la crise alimentaire sur la croissance économique (variation 2007/2008) Graphique 7 : Evolution du chiffre d’affaires des entreprises en 2007 et 2008 Graphique 8 : Evolution de la part des produits alimentaires dans le coût de production des entreprises Graphique 9 : Variation de l’incidence de la pauvreté Graphique 10 : Variation de la profondeur de la pauvreté Graphique 11: Evolution du taux d’accroissement des recettes des régies financières considérées Graphique 12 : Evolution de mensuelle de la PNG de 2006 à 2008 6 Résumé L’évaluation des impacts des crises énergétique et alimentaire sur le cadre macroéconomique et la pauvreté au Bénin s’inscrit dans le cadre des actions entreprises par le Gouvernement béninois, en collaboration avec les Partenaires Techniques et Financiers, en vue d’apporter une solution efficace et durable aux difficultés auxquelles les populations béninoises sont actuellement confrontées du fait de ces crises. Etant donné que lesdites crises sont d’une envergure internationale, aucun pays n’a été épargné de leurs effets. C’est ce qui amène tous les pays à engager des actions tendant à leur permettre de mieux appréhender les tenants et les aboutissants de ces crises afin de mieux organiser la riposte dans l’intérêt général des populations. La présente étude constitue une étape dans l’ensemble des actions déployées par le Bénin dans le but d’une mitigation des risques liés à ces crises. L’objectif final recherché, à travers cette étude, est d’aboutir à une amélioration des mesures actuellement proposées par le Gouvernement béninois face aux crises énergétique et alimentaire en vue d’accroître de manière concrète la portée desdites mesures. L’approche méthodologique utilisée pour la réalisation de cette étude a consisté à consulter certaines structures de l’Administration Publique (Ministères en charge des Finances, du Développement, du Commerce, de l’Energie, et de l’Agriculture ainsi que la Société Béninoise d’Energie Electrique) et à faire une enquête légère auprès des entreprises. Cette approche s’est basée sur une grille d’analyse qui repose sur des techniques de collecte que sont la recherche documentaire, les enquêtes et les entretiens. Par ailleurs, les impacts macroéconomiques des crises énergétique et alimentaire ont été simulés à l’aide du MOSARE (Modèle de Simulation et d’Analyse des Réformes Economiques) et du module d’Agénor. L’analyse des résultats des investigations menées a montré que les causes des crises énergétique et alimentaire au Bénin sont de deux (02) catégories. Il s’agit des facteurs qui affectent l’offre des produits alimentaires et de l’énergie d’une part, et les facteurs qui affectent la demande en matière de l’énergie et de produits alimentaires d’autre part. 7 Pour ce qui concerne la crise alimentaire, les facteurs qui ont affecté l’offre des produits alimentaires aussi bien sur le plan national qu’international se résument essentiellement aux changements climatiques, à la réduction des stocks en produits alimentaires et à l’accroissement des prix des produits pétroliers ayant pour corollaire l’augmentation des coûts de production et du transport des produits agricoles. Quant aux facteurs affectant la demande de produits alimentaires, ils portent essentiellement sur le développement de l’industrie des biocarburants dans les pays développés et l’augmentation de la demande des pays émergents en produits alimentaires. Pour ce qui est de la crise énergétique, les facteurs affectant l’offre de l’énergie au Bénin proviennent de la grande dépendance énergétique du pays vis-à-vis de l’extérieur notamment la Volta Region Authority (VRA) et la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) qui sont les principaux fournisseurs de la CEB. Notons également que les perturbations climatiques sont à la base de cette crise parce qu’ayant causé une baisse considérable du niveau de l’eau du barrage de Nangbéto. Quant aux facteurs affectant la demande de l’énergie, ils sont plutôt d’ordre international et concerne exclusivement l’accroissement de la demande des pays émergents et la forte tension géopolitique au Moyen-Orient et dans d’autres régions productrices de produits pétroliers. En outre, une analyse des mesures prises par le Gouvernement béninois pour contrer ces crises a été faite. Il s’agit des mesures d’allègement fiscal et des mesures de relance de la production agricole. Bien que le poids économique de ces mesures ne soit pas négligeable, il s’est avéré que les mesures prises pour ralentir la hausse du prix des produits alimentaires n’ont pas eu les effets escomptés dans la plupart des cas. Par ailleurs, du point de vue microéconomique, la crise alimentaire a affecté la production des industries agroalimentaires à travers la baisse du chiffre d’affaires en 2007 et 2008. Cette baisse du chiffre d’affaires ne traduit que la baisse de la production car les prix pratiqués par les entreprises étaient en hausse au cours de la période. Sur le plan macroéconomique, les simulations ont indiqué que la perte de croissance imputable à la crise alimentaire est de 1,6 point toutes choses égales par ailleurs. Les effets de la crise alimentaire sur les finances publiques s’évaluent à 8,3 milliards FCFA en termes de pertes de recettes fiscales et à 10,3 milliards FCFA en 8 matière de dépenses supplémentaires. Pour ce qui concerne les effets sur la balance des paiements, les résultats de la simulation à l’aide de MOSARE ont montré une amélioration des balances commerciale et courante d’environ 2% respectivement. En outre, sur le plan microéconomique, la crise énergétique a entrainé une augmentation de la part de l’énergie dans le coût de production de l’ordre de 11 points de pourcentage sur la période 2005-2008. Ce qui a amené les entreprises à augmenter leurs prix de cession d’environ 5 points. Du point de vue macroéconomique, la simulation faite avec le MOSARE a montré que la crise énergétique a causé une perte de croissance de 1,4 point en 2007 et 1.1 en 2008. Les effets de la crise énergétique sur les finances publiques s’évaluent à 27 milliards FCFA pendant les sept (07) premiers mois de l’année 2008. Quant aux effets sur la balance des paiements, les simulations ont montré la dégradation de la balance courante d’environ 1,5% en 2007 et 2008. Pour une meilleure appréciation des impacts de ces crises sur le cadre macroéconomique au Bénin, une évaluation des effets combinés a permis de se rendre compte, sur la base des simulations effectuées avec le MOSARE, que lesdites crises ont engendré une perte de croissance de 2 points et ont contribué à une hausse de l’inflation de 3 points. Ensuite, les crises énergétique et alimentaire ont entrainé en termes de recettes fiscales, une perte de 24,1 milliards FCFA en 2008. Les dépenses, quant à elles, ont connu une augmentation de 44,4 milliards FCFA en 2008 du fait des crises. Ces crises ont eu comme conséquence sur la balance des paiements, une baisse des exportations et une hausse des importations. Ce qui a conduit à une dégradation du déficit commercial de 0,8%, soit 0,2 point du PIB. Enfin, les résultats de l’étude ont montré que les crises énergétique et alimentaire ont contribué à aggraver la pauvreté en 2007 et en 2008 (résultats des micro-simulations faites avec le module d’Agénor). Ce qui s’est traduit par une augmentation de 0,8 point de l’incidence de la pauvreté en 2007 avec un impact beaucoup plus prononcé en milieu urbain. En 2008, cette incidence de la pauvreté a augmenté de 3,3 points et la pauvreté a touché essentiellement le milieu rural. La profondeur de la pauvreté quant à elle a augmenté de 4,3 points pour l’ensemble du pays et de 5,7 points pour le milieu rural. 9 Somme toute, des recommandations ont été formulées pour l’amélioration de la portée des mesures à travers un meilleur ciblage des bénéficiaires et l’identification de politiques appropriées dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture. 10 Introduction La hausse généralisée des prix observée en 2007 et en 2008 a été principalement tirée par l’envolée des prix des produits pétroliers et alimentaires au cours de la période. Cette situation s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs dont les plus importants sont : les changements climatiques, l’accélération de la croissance dans les pays émergents et en développement au cours de la décennie, l’accroissement de la demande des biocarburants, la dépréciation du dollar et la crise financière. Graphique 1 : Evolution de l’IHPC en glissement annuel de janvier 2006 à février 2009 Au Bénin, l’inflation est ressortie à 1,3% en 2007 et à 7,9% en 2008 dépassant ainsi la limite des 3% autorisée par le Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité de l’UEMOA. Cette accélération de l’inflation est tirée par Source : INSAE, mars 2009 la hausse des prix des produits alimentaires et celle des prix des produits pétroliers qui ont connu une variation relativement forte comparée à l’inflation globale (cf. graphique 1). Face à cette situation, le Gouvernement béninois a pris un ensemble de mesures socioéconomiques visant à atténuer l’incidence de cette poussée inflationniste sur le panier de la ménagère. Mais à l’évidence, force est de constater que ces différentes mesures successives prises par le Gouvernement n’ont pas produit tous les effets escomptés. Le Gouvernement, face à ce constat, a décidé d’appliquer dès juillet 2008 la politique de la vérité des prix, accélérant de nouveau l’inflation en 2008 et érodant ainsi le 11 pouvoir d’achat des ménages. Cette situation a eu des implications sur la stabilité du cadre macroéconomique en 2007 et en 2008 d’une part, et sur la pauvreté d’autre part. La présente étude vise à évaluer les implications des crises énergétique et alimentaire sur la stabilité du cadre macroéconomique et sur la pauvreté. Le rapport est structuré en 4 sections. La première section présente un résumé des causes des crises énergétique et alimentaire. Ensuite la seconde section présente une analyse critique des mesures prises par le Gouvernement pour atténuer les effets prévisibles des crises. Enfin, les troisième et quatrième sections tentent d’évaluer les implications des crises énergétique et alimentaire sur les principaux comptes économiques et sur la pauvreté. 12 I. Méthodologie La méthodologie adoptée pour cette étude comporte trois phases à savoir : la recherche documentaire, l’enquête auprès des entreprises (aspect microéconomique) et l’évaluation des effets des crises sur l’économie et le social (aspect macroéconomique). Par ailleurs, afin de mieux cerner les effets des crises, l’étude s’est appuyée sur trois composantes principales : le délestage électrique, la hausse du prix du pétrole et la hausse du prix des produits alimentaires. A. La revue documentaire La phase de revue documentaire a consisté à faire la collecte et à exploiter la documentation existante sur les crises énergétique et alimentaire. Ces documents ont concerné aussi bien le Bénin que les autres pays du monde. Cette phase a permis de faire le point des causes et manifestations des crises ainsi que des mesures prises par les gouvernements pour y faire face. En outre, elle a aussi contribué à faire un tour d’horizon des différentes méthodes utilisées pour évaluer les effets de ces crises. B. Enquête auprès des entreprises L’enquête auprès des entreprises a été essentiellement faite sur la base des entreprises retenues par la DGAE pour son enquête de conjoncture (voir l’annexe 3 pour plus de détail). Elle a permis : - d'apprécier comment, dans un contexte de délestage électrique, la hausse des produits pétroliers a affecté les activités des entreprises notamment en ce qui concerne le coût de production et les quantités produites (période : 2007-2008) ; - d’apprécier comment, la hausse des prix des produits alimentaires a affecté les activités des entreprises notamment agro-alimentaires en ce qui concerne l’approvisionnement en matières premières (intrants), le volume de production et les marges réalisées (ie : les valeurs ajoutées). 13 C. Evaluation des effets des crises Pour estimer les impacts des crises sur le cadre macroéconomique, la méthode statique comparative a été utilisée. Autrement, il s’agit de comparer un scénario de référence (ce qui correspond dans le cadre de cette étude à la situation de crise donc aux derniers comptes économiques produits par les structures de l’administration) avec un scénario de simulation (ce qui correspond à la situation sans crise). L’écart entre les agrégats du compte de référence et ceux du compte de simulation permet de dégager les effets imputables aux crises. Pour ce faire, il a été fait recours au MOSARE (Modèle de Simulation et d’Analyse des Réformes Economiques) pour simuler la situation sans crise (cf. Encadré 1 pour plus de détail sur MOSARE). Encadré 1 : Aperçu du MOSARE Le MOSARE est un modèle de type Presto (modèle de prévision utilisé par l’Agence Française de Développement pour les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest). Il est destiné aux simulations et au cadrage macroéconomique de la loi de Finances au Bénin. Sa fonction essentielle est de réaliser des projections à court terme (de un à trois ans) de l’économie béninoise, de manière à établir un programme soutenable de dépenses et de recettes. Le MOSARE n’est pas un modèle économétrique. Il appartient à la classe des modèles « quasi comptables » conçus pour projeter les données économiques d’un pays ne disposant pas de longues séries. Il respecte le cadre comptable cohérent des comptes nationaux. Les comportements sont principalement traduits par les ratios constants mais modifiables (coefficients techniques, propension à consommer, taux apparent de fiscalité, coefficients budgétaires, taux de marge). Le modèle utilise une structure keynésienne classique (bouclage par les revenus) mais tient compte aussi des principales relations intersectorielles et des secteurs non liés à la demande. Le MOSARE comprend, outre les secteurs de la demande, trois (3) secteurs d’offre : le secteur agricole, le secteur de la réexportation et le secteur « Eau et électricité ». Par ailleurs, les variables exogènes sont regroupées en deux (2) catégories : - les variables concernant l’environnement international, c’est-à-dire principalement les cours de l’euro, du dollar, du naira, et du bath thaïlandais et 14 le prix du coton ainsi que les taux d’intérêt, qui influencent l’endettement et les charges financières ; - les variables de politique économique qui concernent les dépenses publiques (notamment l’investissement public et le salaire), les taux de fiscalité, les emprunts intérieurs et le solde budgétaire. A partir de ces données, le modèle calcule les principaux agrégats macroéconomiques : importations en valeur, PIB, recettes fiscales, amortissements des emprunts, capacités et besoins de financement des agents (en termes de comptabilité nationale et en termes de solde budgétaire et de balance des paiements courant). En ce qui concerne l’estimation des effets des crises sur la pauvreté, il a été également fait appel à la méthode statique comparative. Mais ici, deux outils ont été utilisés à savoir le module d’Agénor et le module de micro simulations. Le module d’Agénor permet d’estimer la tendance de quelques indicateurs des OMD (cf. Encadré 2 pour plus de détail sur le module d’Agénor). Ce module est lié au modèle MOSARE comme l’indique le schéma 1 ci-dessous. 15 Schéma 1 : Suivi des indicateurs OMD – Approche macroéconomique Consommation privée Modèle macroéconomique Revenu réel (MOSARE) par tête réelle par tête Malnutrition Pauvreté Mortalité infantile Scolarisation Espérance de vie Dépense publique Dépense publique de d’éducation santé Source : Réalisé sur la base des travaux d’Agénor et al. (2006) Encadré 1 : Aperçu du module d’Agénor Le module d’Agénor est conçu en s’inspirant des travaux d’Agénor et al. (2006)1 qui postulent que les indicateurs de pauvreté et des OMD dépendent de l’évolution du cadre macroéconomique et des facteurs structurels. L’approche retenue dans le module de suivi des indicateurs permet de relier directement les politiques et variables du cadre macroéconomique (dépenses de santé et d’éducation, revenu par tête, consommation par tête, etc.) aux indicateurs de pauvreté et des OMD. Bien que tous les indicateurs des OMD ne soient pas modélisés pour l’instant, le module explique le comportement de quelques indicateurs des OMD tels que le taux brut de scolarisation, le taux de mortalité infantile, l’espérance de vie à la naissance et le taux de malnutrition. Le taux de scolarisation au primaire est influencé positivement par le revenu réel par tête, l’urbanisation et les dépenses publiques en éducation. En effet, l’augmentation du revenu réel par tête et de l’urbanisation tendent à augmenter le taux de scolarisation car ils contribuent à l’accroissement de la demande en éducation. Par 1 P. R Agénor, N. Bayraktar, E. P. Moreira, K. El Aynaoui (2006), Achieving the Millennium Development Goals in SubSaharan Africa: A Macroeconomic Monitoring Framework, The World Economy 16 ailleurs, l’amélioration des dépenses publiques en éducation est supposée s’accompagner d’un accroissement des infrastructures et des enseignants, ce qui par conséquent augmente l’accessibilité à l’éducation primaire. Les déterminants macroéconomiques de la prévalence de la malnutrition sont la consommation réelle par tête, le taux de pauvreté et des dépenses publiques en santé2. Ainsi, lorsque le niveau de la consommation réelle par tête ou des dépenses publiques augmente, la prévalence de la malnutrition diminue. Par contre, la prévalence de la malnutrition s’accroît avec l’augmentation de la pauvreté. Il importe également de souligner que la prévalence de la malnutrition a en retour un effet négatif sur la croissance économique à travers la baisse de la productivité. La mortalité infantile est impactée négativement à la pauvreté et positivement au revenu par tête et aux dépenses publiques de santé3. Par conséquent, il ne suffit pas seulement de réduire la pauvreté pour améliorer le taux de mortalité infantile mais il faudra aussi améliorer le niveau du revenu par tête et des dépenses publiques en matière de santé. Les dépenses publiques de santé ont un impact positif sur l’espérance de vie, qui est un indicateur synthétique de l’amélioration des conditions de vie. Par ailleurs, la réduction de la pauvreté et l’augmentation du revenu par tête s’accompagnent aussi d’une amélioration de l’espérance de vie4. L’accès à l’eau potable est une fonction de la densité de la population, du revenu par tête et des dépenses d’investissement public, notamment en infrastructures. L’effet de la densité de la population sur l’accès à l’eau potable est positif du fait que le coût par habitant de la construction d’infrastructures diminue avec une forte densité de la population. De même, l’augmentation de revenu par tête s’accompagne d’une amélioration du taux d’accès à l’eau potable parce que la demande pour ce bien devient forte. 2 Broca and Stamoulis (2003), “Micro- and Macroevidence on the Impact of Undernourishment”, in K. Taniguchi and X. Wang (eds.), Nutrition Intake and Economic Growth, FAO. Smith and Haddad (2000), “Explaining Child Malnutrition in Developing Countries: A Cross-country Analysis”, Research Report No. 111 (International Food Policy Research Institute, May) 3 La mortalité infantile dépend également de la prévalence de la malnutrition et de l’accès à l’eau potable. Mais, les estimations faites indiquent que le coefficient n’est pas significativement différent de 0. 4 Chakravarty, S. (2003), “A Generalized Human Development Index”, Review of Development Economics, 7 (March). 17 Le module de micro simulations permet d’évaluer les indicateurs de pauvreté. Il est directement relié au MOSARE à travers trois variables principales : le taux de croissance économique, l’inflation et le taux de croissance démographique. Ce module est construit avec les données de l’enquête EMICoV 2006. Son fonctionnement est résumé par le schéma 2. Schéma 2 : Suivi des indicateurs de pauvreté – Approche macroéconomique Simulation réalisée avec MOSARE Données d’enquête Taux de croissance de la (EMICOV) consommation par tête Consommation de Appliqué à la consommation de chaque ménage chaque ménage Indicateurs de pauvreté Inflation (Indice des prix) Seuil de pauvreté Comparaison au scénario de base Source : Réalisé sur la base des travaux d’Agénor et al. (2006) II. Causes des crises énergétique et alimentaire La situation économique au niveau mondial a été marquée en 2007 et en 2008 par la flambée des prix des produits alimentaires et du cours du pétrole. Contrairement à la période 2004-2006, les prix de plusieurs matières premières ont connu un boom. Le cours de pétrole en particulier est passé de 30 dollars le baril en janvier 2003 à environ 18 140 dollars en juin 2008. Les prix des produits alimentaires dont la hausse a débuté depuis 2006, ont monté en flèche en 2007 et 2008. A. Causes de la crise énergétique Au Bénin, la crise énergétique a été caractérisée par la hausse des prix des produits pétroliers en relation avec la flambée du cours du pétrole et le délestage électrique. Les facteurs qui sont à la base de cette crise sont multiples et peuvent être classés suivant deux catégories à savoir les facteurs affectant l’offre et les facteurs affectant la demande. Facteurs affectant l’offre de l’énergie. Sur le plan national : L’énergie électrique consommée au Bénin provient en grande partie de la Communauté Electrique du Bénin (CEB). La Société Béninoise d’Energie Electrique (SBEE) ne produit qu’une petite quantité de cette énergie. Les importations de la SBEE représentent en moyenne 90% des importations totales, qui constituent environ 88% de la consommation en énergie électrique5. Ainsi, la part de la production locale représente en moyenne moins de 12% de la consommation totale en énergie électrique. Il s’en suit alors que le Bénin présente une grande dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur. Pour ce qui concerne les produits pétroliers, les difficultés de trésorerie de la SONACOP (qui détient le plus large réseau de distribution) l’ont entrainé dans une situation de l’incapacité de s’approvisionner et d’alimenter le territoire national en produits pétroliers. Sur le plan régional : Les facteurs précurseurs de la crise de mars 2006 résident essentiellement dans le fait que la Volta Region Authority (VRA), le principal fournisseur d’énergie à la CEB a mis en application des mesures restrictives de fourniture de l’énergie qui devra désormais se plafonner à la quantité de puissance contractuelle de 34 MW en lieu et place de la puissance habituellement fournie de 80 MW. Il convient également de noter qu’en dehors de la restriction de la VRA, la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) qui est aussi un important fournisseur de la CEB a, au cours de la même période, réduit considérablement sa fourniture d’énergie (d’une puissance de 50 MW). Ceci a amené les importations d’énergie de VRA-CIE, 5 L’essentiel des statistiques utilisées dans la partie sur les causes de la crise de l’énergie électrique sont tirées du document Bilan et Perspectives à court et à moyen termes de l’Economie Nationale – édition 2007 19 qui initialement étaient de 120 MW aux heures de pointe, à la portion congrue d’environ 34 MW. La capacité des moyens de production disponibles au Bénin et au Togo, dans le système interconnecté, ne pouvant pas suppléer le déficit d’importation, des délestages de charges sont devenus nécessaires pour éviter l’effondrement total du système électrique des deux pays. En outre, en avril 2006, à Nangbéto, les perturbations climatiques ont causé une baisse considérable du niveau de l’eau du barrage qui a atteint sa côte minimale. L’arrêt de production de la centrale hydroélectrique consécutif à cette situation a aggravé la pénurie d’énergie. Par ailleurs, malgré les différentes mesures alternatives prises par le Gouvernement béninois à travers la location, à partir de juin 2006, des groupes AGGREKO et la mise en service de l’interconnexion CEB-TCN (Transmission Company of Nigeria) en février 2007, la crise a atteint son paroxysme en mars 2007, lorsque la VRA et la CIE ont respectivement réduit à 25 MW et 0 MW leurs livraisons. En ce qui concerne les produits pétroliers, les raffineries de la sous région (Cameroun et Côte-d’Ivoire) qui approvisionnaient certaines sociétés pétrolières avaient fermé leurs installations pour cause de révision technique au début de l’année 2005. Ce qui a entrainé des difficultés d’approvisionnement au niveau des sociétés pétrolières de la place qui dépendent desdites raffineries. Sur le plan international : Notons que le nombre insuffisant de puits d’extraction de pétrole constitue l’une des causes de la flambée des prix des produits pétroliers. En effet, cette situation est le résultat du fait que les pays producteurs n’investissent plus dans de nouveaux puits et ne permettent pas aux compagnies internationales de le faire à des conditions raisonnables. Facteurs affectant la demande de l’énergie. Sur le plan national : La consommation d’énergie électrique au Bénin a connu, ces dernières années, un accroissement de 89%, passant de 311,48 GWH à 589,8 GWH au cours de la période 1996-2006. Cette situation ne peut nullement expliquer la crise énergétique qu’a connue le Bénin car le taux de satisfaction de la demande de l’énergie électrique s’est toujours établi à un niveau relativement très bas. 20 En outre, étant donné que la demande de l’énergie électrique reste essentiellement domestique, les facteurs induisant la crise sont exclusivement les facteurs liés à l’offre de l’énergie électrique. Sur le plan international : En ce qui concerne la flambée des prix des produits pétroliers, elle a pour origine la forte hausse de la demande mondiale tirée par la forte croissance des pays émergents comme la Chine et l’Inde (+ 9% en 2008), face à une offre contrainte par les capacités d’extraction et de raffinage limitées et gérées par un cartel (OPEP) dont la volonté est de maintenir sa rente en dollar, qui lui, baisse en tendance. Par ailleurs, il y a aussi les causes ponctuelles dues à la forte tension géopolitique au Moyen-Orient : attentats terroristes en Arabie Saoudite, la situation chaotique en Irak, la crise nucléaire en Iran. Il faut également noter que les troubles sociaux et ethniques au Nigeria ou en Équateur, des grèves en Norvège, différend politique entre le Venezuela et les Etats-Unis ont affecté significativement la disponibilité en produits pétroliers. Les cyclones et ouragans dans le Golf du Mexique participent aussi à cette crise : Yvan en 2004 et l’ouragan Katrina en 2005, sans compter la spéculation sur les prix du pétrole. B. Causes de la crise alimentaire Les marchés des produits alimentaires sont caractérisés par leur instabilité et subissent des variations importantes de cours. Ces phénomènes sont souvent de court terme et n’affectent en général que quelques produits alimentaires à un moment donné. Cependant, au cours de la période 2007-2008, presque l’ensemble des produits alimentaires ont été affectés et simultanément. Les facteurs qui sont à la base de la crise alimentaire sont multiples. Facteurs affectant l’offre. Au plan international : Il y a d’abord les facteurs liés aux aléas climatiques qui sont à la base d’un déclin de la production de céréales dans nombreux pays depuis 2005. La sécheresse en Australie, des typhons au Bangladesh, des hivers rudes en Chine et au Vietnam ont engendré de mauvaises récoltes. 21 En outre, la réduction des stocks en produits alimentaires constitue l’un des facteurs déterminants qui est à la base de la survenance de la crise. En effet, depuis 1995, au niveau mondial, les stocks de céréales diminuent de 3,4% par an (diminution des stocks stratégiques détenus par les Gouvernements, accroissement des coûts de stockage, développement de nouveaux instruments financiers de gestion de risque) menant à un accroissement de la tension sur les prix des céréales et une plus grande volatilité à des chocs externes. En 2008, les stocks étaient à leur plus bas niveau depuis 25 ans. Par exemple, en ce qui concerne le riz, les stocks estimés sont de l’ordre de 72 millions de tonnes, soit environ 17% de la consommation mondiale annuelle6. Par ailleurs, comme autres facteurs affectant l’offre des produits alimentaires, il y a l’accroissement du prix des produits pétroliers et l’augmentation des coûts de la production et du transport des produits agricoles. En effet, le pétrole étant un facteur de production important dans l’agriculture, en particulier dans les pays industrialisés, où elle est fortement motorisée et consommatrice d’intrants, la hausse du prix du baril se répercute sur le prix du transport, mais aussi sur celui des intrants agricoles notamment les engrais, de l’irrigation par pompage et de la transformation agroalimentaire. Par exemple, le prix de certains engrais a augmenté de plus de 160% entre le début 2007 et le début 2008 et celui du fret a doublé. Au plan régional : La campagne céréalière 2007/2008 a été relativement mauvaise dans la sous-région Ouest africaine avec des perturbations climatiques (inondations et sécheresses) enregistrées au Burkina Faso, au Togo, au Niger, en Côte d’Ivoire et dans une moindre mesure au Nigéria. Ceci a entrainé dans les différentes capitales de l’espace sous régionale, des spéculations au niveau des prix des produits vivriers. Au plan national : Les inondations et les poches de sécheresse notées par endroit au cours de la campagne 2007/2008 au Bénin, notamment les abondantes pluies enregistrées pendant le mois d’août ont affecté la production agricole, notamment la production céréalière dans certaines localités du Bénin. 6 Frédéric Jenny, 2008, Crise alimentaire, interventions règlementaires et institutions de marché 22 Enfin, les conditions des autres marchés de la sous-région ouest africaine ont entrainé l’augmentation de la propension des producteurs béninois à exporter leur production vivrière vers les pays voisins pour raison de prix plus attrayants. Pour ce qui concerne la destination spécifique qu’est le Nigéria, les éleveurs béninois préfèrent désormais écouler leur cheptel (bœufs et moutons) sur ce marché au détriment du marché national à cause d’une hausse de la demande et des conditions de prix plus attrayantes offertes par le marché nigérian. Facteurs affectant la demande. Au plan international : Le développement de l’industrie des biocarburants dans les pays développés en réponse à la hausse continue du cours du pétrole a créé un nouveau lien entre les marchés de l’énergie et des produits agricoles. L’augmentation continuelle des prix de l’énergie a tiré à la hausse la demande de biocarburants, et par conséquent, leurs prix. Cela a fait augmenter de manière directe la demande et les prix des cultures utilisées comme matières premières dans la production de biocarburants, et de manière indirecte, sans doute aussi les prix des autres cultures qui sont en concurrence avec elles pour les terres et les autres ressources. Par exemple, l’augmentation de la production de l’éthanol fait à base du maïs a contribué à la hausse de la production globale de maïs d’environ 0,75% au cours de la campagne 20062007. Malgré cet accroissement de la production, il est noté non seulement une hausse des prix du maïs mais aussi des autres produits alimentaires, et à un degré moindre des huiles alimentaires. Par ailleurs, l’augmentation de la demande des produits alimentaires dans les pays émergents sous l’effet de l’amélioration du revenu des ménages a favorisé la flambée des prix des produits alimentaires. 23 III. Mesures prises par le Gouvernement béninois pour faire face aux crises énergétique et alimentaire Tableau 1 : Récapitulatif des valeurs consensuelles retenues Face à l’accélération de Unité de mesure Matériaux de construction Clinker Ciment Fer à béton Produits alimentaires Blé Farine de blé Pâtes alimentaires Riz blanchi 50% brisure Lait en poudre Lait concentré non sucré 170g Lait concentré sucré autre que Belle Hollandaise 1 kg Concentré de tomate Valeur consensuelle CAF retenue (en FCFA) Tonne Tonne Mm 4 000 0 0 Sac Sac Carton sac de 50kg Sac carton de 48 boites Carton 0 0 0 2 000 carton de 50 boites 177 Source : DGDDI 0 6 490 0 l’inflation aux due crises énergétique et alimentaire, le Gouvernement béninois a pris des mesures qui peuvent être regroupées en deux catégories. Il s’agit des mesures fiscales et des mesures de relance de la production. A. Mesures fiscales Les mesures fiscales sont pour l’essentiel des mesures de court terme, couvrant en général une période de trois mois et visant à contenir aussi bien la hausse des prix des produits de grande consommation importés que des produits locaux. La première série de mesures fiscales prises le 30 novembre 2007 couvrent la période de décembre 2007 à mars 2008 et portent sur : la réduction de la valeur consensuelle (cf. tableau 1) devant servir de base au calcul des prélèvements douaniers et fiscaux pour les produits suivants : le blé, la farine du blé, le riz blanchi, le lait, le sucre, les pâtes alimentaires, la tomate, les produits pétroliers, le ciment, le clinker, les sacs d’emballage de ciment et le fer à béton. Cette réduction de la valeur consensuelle concerne aussi bien les nouvelles importations enregistrées au cours de la période que les stocks existants au niveau des entreprises. Dans ce dernier cas, l’administration fiscale accorde des crédits d’impôt aux entreprises bénéficiaires ; 24 l’homologation de prix des produits concernés sur la période à travers la détermination des prix à pratiquer aux niveaux gros et détails ainsi que le contrôle de l’application sur les marchés. Certaines de ces mesures ont été renouvelées les 30 mars et 09 avril 2008. Il s’agit entre autres : du maintien des prix des produits pétroliers à leur niveau antérieur résultant d’un nouvel ajustement des valeurs consensuelles et de la subvention consentie par l’Etat en faveur des produits pétroliers ; de la commercialisation du stock tampon du maïs constitué par l’ONASA dans la perspective de la période de soudure 2008 au prix unique de 165 FCFA le kilogramme sur toute l’étendue du territoire ; de la reconduction pour une période de 3 mois, à compter du 1er avril 2008 des mesures d’allègement fiscal sur les produits suivants : le maïs, la farine de blé, le pain, le riz blanchi ordinaire 25% brisure, le lait, le concentré de tomate, les pâtes alimentaires, le fer à béton, le ciment et les produits pétroliers. B. Mesures de relance de la production Les mesures de relance de la production agricole visent à garantir au Bénin une sécurité alimentaire durable. Elles concernent principalement : la promotion de la production végétale à cycle court notamment la pomme de terre, le riz, le maïs, les produits maraîchers. A cet effet, le Gouvernement a mis en place le Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) ; l’incorporation des farines locales dans la fabrication du pain afin de réduire le prix du pain ; le renforcement du rôle de l’ONASA en matière de sécurité alimentaire par le déblocage de 480 millions FCFA au profit de l’ONASA pour la constitution de stock tampon de produits vivriers, notamment le maïs et le sorgho dans les zones de production ayant dégagé des excédents commercialisables. Ce stock permettra, entre autres, de : (i) mieux faire face à la pénurie alimentaire qui pointe à l’horizon de la soudure 2008 ; (ii) offrir aux producteurs agricoles 25 l’opportunité de vendre leur surplus de maïs et de sorgho ; (iii) approvisionner en temps opportun les zones déficitaires ; la finalisation et la mise en œuvre du Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRSA) ; la réfection des pistes indispensables à l’évacuation des produits des zones excédentaires ; la création d’une commission nationale chargée d’élaborer la politique nationale en matière de consommation qui prend en compte tous les secteurs à savoir, produits alimentaires, eau, gaz, électricité, autres combustibles, santé, transport et communication, articles d’habillement et enseignement ; la commande de centrales électriques d’une capacité totale de 80 MWH. C. Analyse critique Les matériaux de construction ne sont pas directement concernés par les crises énergétique et alimentaire. A cet effet, les mesures prises par le Gouvernement concernant ces produits ne rentrent pas dans le cadre de l’atténuation des crises énergétique et alimentaire. En effet, la défiscalisation des matériaux de construction vise à promouvoir entre autres la politique des grands travaux et à accélérer les travaux de construction entrant dans la préparation du Sommet de la CEN-SAD, organisé à Cotonou en juin 2008. En conséquence, dans l’évaluation des impacts des crises énergétique et alimentaire, il ne serait pas pris en compte les effets liés à la défiscalisation des matériaux de construction. L’application des mesures prises par le Gouvernement pour ralentir la hausse des prix des produits alimentaires n’a pas eu tous les effets escomptés. En effet, malgré la baisse de la valeur consensuelle des produits alimentaires et la suppression de la TVA pour certaines denrées alimentaires, les prix des produits alimentaires ont constamment augmenté depuis septembre 2007 (voir graphique 1). Cette situation peut être expliquée par : le faible contrôle des prix au niveau des détaillants et l’insuffisance des contrôleurs de prix. Les contrôles effectués par le Ministère en charge du 26 commerce sont faits essentiellement au niveau de grossistes et des semigrossistes ; l’insuffisance de mesures de court terme touchant directement les denrées alimentaires produites localement telles que le maïs, le sorgho, etc. Or, les denrées alimentaires importées ne représentent que 8% du panier de la ménagère contre 31% pour les produits locaux, dont la contribution à l’accélération de l’inflation n’est pas négligeable. Selon la Direction de la Prévision et de la Conjoncture, l’inflation « alimentaire » observée au dernier trimestre 2007 est essentiellement locale comme l’indique le graphique cidessous7. Graphique 2 : Evolution des prix des produits locaux et importés 145 135 Produits locaux Produits importés 125 115 105 janv-98 janv-00 janv-02 janv-04 janv-06 janv-08 Source : INSAE, juin 2008 7 DPC, le Gouvernement béninois face à l’inflation du 4ème trimestre 2007, janvier 2008 27 IV. Impacts des crises énergétique et alimentaire sur la stabilité du cadre macroéconomique Les crises énergétique et alimentaire ont impacté le cadre macroéconomique à travers leurs effets sur l’inflation, la croissance, les finances publiques, la balance des paiements et la situation monétaire. Cette section évalue les impacts directs des crises énergétique et alimentaire sur trois comptes économiques à savoir les comptes nationaux, les comptes extérieurs et les finances publiques. La situation monétaire n’a pas été traitée ici compte tenu de la difficulté méthodologique pour distinguer séparément les effets des crises énergétique et alimentaire. Mais l’annexe 2 présente les effets combinés des crises sur la situation monétaire. A. Impacts de la crise énergétique Tableau 2 : Effets de la crise énergétique sur le volume de production des industries 200607/2005 -0,2 2008/2006-07 2008/2005 Industries -2,3 26,3 alimentaires Industries textiles -17,9 -1,8 -25,6 Industries -3,1 -22,8 -30,1 chimiques Autres industries 0,5 14,8 14,0 Total industries -2,7 1,8 12,4 Source : Enquête réalisée par la DGAE, mars 2009 Production et prix : Sur le plan microéconomique, les délestages électriques et la hausse des prix des produits pétroliers ont impacté négativement la production des entreprises. L’analyse recueillies des données auprès des entreprises enquêtées indique que la production en volume a diminué de 2,7% entre la période 2006-2007 et l’année 2005, considérée comme une période normale. Force est de souligner que la période 2006-2007 a été marquée par les délestages électriques avec une faible hausse des prix des produits pétroliers sur le marché béninois contrairement à l’année 2008 où les délestages électriques ont continué et les prix des produits pétroliers ont augmenté. En 2008, la production en volume a augmenté de 1,8% par rapport à 2006-2007 selon les entreprises enquêtées et de 12,4% par rapport à la période normale (cf. tableau 4). Par ailleurs, la hausse du prix des produits pétroliers a contribué à l’augmentation des coûts de production des entreprises en ce sens que la part de l’énergie dans le coût de production a connu une augmentation de 11 points de pourcentage sur la période 28 2005-2008, passant de 14% en 2005 pour atteindre 25% en 2008. Cette situation a amené 80% des entreprises enquêtées à s’ajuster en réduisant leur marge bénéficiaire contre 20% qui ont augmenté leur prix de cession. L’analyse des résultats de l’enquête indique que les entreprises ont diminué leur marge bénéficiaire d’environ 8 points entre 2005 (période considérée comme normale) et 2006-2007 (période de délestage électrique) puis l’ont augmenté de 4 points entre 2007 et 2008 (période de délestage électrique et de flambée du cours du pétrole). Cette hausse de la marge bénéficiaire entre 2007 et 2008 est consécutive à la hausse du prix des produits pétroliers. En ce qui concerne l’augmentation des prix de cession, l’enquête révèle que les entreprises ont haussé leur prix de 6 points suite aux délestages électriques et de 5 points du fait de la hausse des prix des produits pétroliers. Ces résultats peuvent justifier dans une certaine mesure, le niveau d’inflation observée au cours de cette période. Graphique 3 : Réactions des entreprises face à la crise énergétique Graphique 4 : Evolution de la part de l’énergie dans le coût de production 30% Prix de cession 25% 20% 15% 10% Marge bénéficiaire 5% 0% 0% 20% 40% 60% 80% Source : Enquête réalisée en mars 2009 100% 2005 2006/07 2008 Source : Enquête réalisée en mars 2009 Sur le plan macroéconomique, l’évaluation de l’impact de la crise énergétique faite avec le MOSARE suggère que si le Bénin n’avait pas connu cette crise, le taux de croissance économique serait amélioré au moins d’un point en 2007 et en 2008, portant ainsi la croissance économique respectivement à 6,0% et 6,4%. Les estimations indiquent une perte de croissance de 1,4 point en 2007 et 1,1 point en 2008 sur la base des hypothèses consignées dans le tableau 3 ci-dessous. En effet, la perte de croissance enregistrée en 2007 s’explique, entre autres, par la baisse des importations d’énergie électrique. Cette baisse a été compensée par une augmentation 29 de la production de la SBEE ainsi que des entreprises et des ménages. En conséquence, les importations des produits pétroliers et des groupes électrogènes ont fortement accru ; augmentant ainsi les charges au niveau des entreprises et réduisant le pouvoir d’achat des ménages. En 2008, bien que les importations d’énergie électrique aient augmenté, le délestage électrique n’a pas été complètement résorbé. Cette situation a été aggravée par la hausse des cours des produits pétroliers engendrant ainsi l’inflation. De fait, les coûts de production ont encore augmenté (cf. graphique 7) et le pouvoir d’achat des ménages s’est réduit. Tableau 3 : Principaux hypothèses et résultats des simulations sur la crise énergétique Situation sans crise : scénario de simulation (2) 2007 2008 2007 2008 Principales hypothèses 60,8 70,5 60,8 66,8 1,20 1,30 1,20 1,28 529,6 567,4 580,0 672,3 Résultats 2 455,3 2 745,3 2 486,3 2 805,8 241,2 281,1 244,7 288,2 2 214,1 2 464,2 2 214,1 2 464,2 526,0 596,5 526,0 594,6 206,9 193,0 206,9 192,1 319,2 403,5 319,2 403,5 646,3 677,0 646,3 677,5 1 007,7 1 057,5 1 002,9 1 052,0 21,7 13,4 21,7 13,4 2 641,6 2 974,7 2 677,4 3 039,4 Situation avec crise : scénario de référence (1) 2006 Cours du pétrole Indice des prix administrés Vente électricité SBEE Consommation publique privée FBCF publique privée Exportations Importations Variation de stock PIB 64,3 1,08 533,6 2 187,2 237,5 1 949,7 481,1 120,6 360,5 498,1 731,0 24,6 2 460,1 Croissance économique Inflation 3,8 3,8 4,6 1,3 5,0 7,9 6,0 1,3 6,1 7,6 Variations (1) - (2) 2007 2008 0,0% 0,0% -8,7% 5,5% 2,0% -15,6% -1,2% -1,4% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,5% 0,0% -1,3% -2,2% -2,5% 0,0% 0,3% 0,5% 0,0% -0,1% 0,5% 0,0% -2,1% -1,4 0,0 -1,1 0,3 Sources : INSAE et auteurs Finances publiques : La crise énergétique a conduit le Gouvernement à prendre des mesures visant à réduire les fréquences de délestages électriques et les prix des produits pétroliers. A cet effet, les produits pétroliers ont bénéficié tout comme les produits alimentaires des exonérations et subventions. 30 Le soutien accordé aux produits pétroliers sur les sept premiers mois de l’année 2008 a coûté au Gouvernement un montant total d’environ 27 milliards FCFA (cf. tableau 5), soit environ 1% du PIB. Depuis mars 2008, il devient de plus en plus coûteux au Gouvernement de soutenir les prix des produits pétroliers. De 2,5 milliards en février, le coût de ce soutien a plus que doublé trois mois plus tard, en s’établissant à près de 5,3 milliards en juin et à plus de 5,1 milliards FCFA en juillet. Tableau 4 : Point des pertes de recettes sur les carburants de janvier à juillet 2008 (millions de FCFA) Essence Pétrole GPL Gasoil Total Janvier 629,9 514,0 Février 629,9 353,3 Mars 629,9 481,8 Avril 629,9 770,9 Mai 916,2 803,0 Juin 1 546,0 1 124,3 Juillet 1 717,8 770,9 Total 6 699,6 4 818,2 Source : MIC/DPCI 63,8 45,0 45,0 45,0 7,5 37,5 41,3 285,1 1 781,4 1 425,1 1 870,5 2 494,0 2 494,0 2 583,1 2 583,1 15 231,2 2 989,1 2 453,3 3 027,2 3 939,8 4 220,7 5 290,9 5 113,1 27 034,1 Tableau 5 : Produits exonérés à la recette CotonouHydrocarbures Subvention directe 126,7 126,7 126,7 566,2 688,2 2 009,3 1118,5 4 762,2 Cette évaluation du coût du soutien aux prix des produits pétroliers faite par le Ministère de l’Industrie et du Commerce intègre les moins perçus Produits Montant Gasoil 11,685 Pétrole 2,167 Essence 1,677 Butane 0,417 Total 15,945 Source : DGDDI, février 2009 au niveau du cordon douanier sur les hydrocarbures et les subventions directes et croisées. Les pertes de recettes douanières sont estimées à 15,9 milliards FCFA (cf. tableau 6), soit 3,1% des recettes fiscales. Ainsi, les subventions aux prix des produits pétroliers ont coûté au Gouvernement 11 milliards de francs CFA dont 4,8 milliards pour les subventions directes et le reste (6,2 milliards) pour les subventions croisées entre produits pétroliers. Ces appuis aux produits pétroliers ont été complétés par des subventions à la SBEE et à la SONACOP afin de maintenir le niveau de la production locale d’énergie 31 électrique et de garantir la disponibilité des produits pétroliers sur le marché. A cet effet, le Gouvernement a déboursé 52,5 milliards FCFA (cf. tableau 7) dont 14 milliards FCFA en 2006, 15,4 milliards en 2007 et 23 milliards FCFA en 2008 pour faire face à la crise énergétique. Ces dépenses représentent 2,9% des dépenses publiques totales en 2006, 2,6% en 2007 et 3,4% en 2008. Tableau 6 : Point des dépenses liées à la crise énergétique Nature de la dépense Apurement des dettes de la SBEE vis-à-vis de la CEB en 2006 Total 2006 en % des dépenses totales en % du PIB Soutien financier de l’Etat pour l’apurement des dettes de la SBEE visà-vis de la CEB et compensation des surcoûts liés à l’achat de combustibles en 2007 Fonds mis à la disposition de la SBEE dans le cadre de la livraison de gasoil par la SONACOP en 2007 Total 2007 en % des dépenses totales en % du PIB Réhabilitation de la Centrale d’Akpakpa en 2008 Location d’une centrale d’énergie électrique en 2008 Subvention du Gouvernement au coût de production thermique au cours de l’année 2008 Fonds mis à la disposition de la SBEE dans le cadre de la livraison de gasoil par la SONACOP en 2008 Total 2008 en % des dépenses totales en % du PIB Total Source : DGTCP, mars 2009 Montant en milliards FCFA 14,000 14,000 2,92 0,57 9,354 6,100 15,454 2,64 0,59 3,055 1,968 3,310 14,751 23,084 3,38 0,78 52,538 Balance des paiements. Du fait des subventions et de la baisse de la valeur consensuelle, il est difficile d’évaluer l’impact de la crise énergétique en 2008 sur la balance des paiements à partir des données de l’INSAE et des Douanes. Les simulations ont été faites alors avec le MOSARE. La crise énergétique caractérisée par le délestage électrique et la flambée du cours du pétrole, a induit en 2007 et 2008 une forte augmentation des importations des produits pétroliers et des groupes électrogènes. Ainsi, les importations de biens ont 32 augmenté d’environ 1% en 2007 et 2008. Par ailleurs, les exportations ont connu une évolution à la baisse du fait de la perte de compétitivité prix induite par l’accélération de l’inflation. Il s’en suit alors une dégradation de la balance courante d’environ 1,5% en 2007 et 2008. B. Impacts de la crise alimentaire Production et prix. Du point de vue microéconomique, la crise alimentaire a affecté la production des industries agroalimentaires. En effet, selon les résultats de l’enquête effectuée auprès des entreprises agroalimentaires, 60% des entreprises ont affirmé que la hausse des prix des produits alimentaires a affecté leur production en volume en 2008, contre 53% en 2007 et 20% en 2006. En outre, la crise alimentaire a contribué à la baisse du chiffre d’affaires en 2007 et 2008 chez 53% des entreprises enquêtées (cf. graphique 4). Cette baisse du chiffre d’affaires ne traduit que la baisse de la production car les prix pratiqués par les entreprises étaient en hausse au cours de la période. Graphique 5 : Part des entreprises dont la production a été affectée par la hausse des prix des produits Graphique 6 : Impact de la crise alimentaire sur la croissance économique (variation 2007/2008) Produits alimentaires PIB au prix constant 20% 2008 15% Non 2007 10% Oui 5% 0% 2006 Produits alimentaires PIB au prix constant -5% 0% 20% 40% 60% Source : Enquête réalisée en mars 2009 80% 100% Source : Enquête réalisée en mars 2009 Par ailleurs, cette hausse des prix des produits alimentaires s’est traduite par une augmentation de la part de ces produits dans les coûts de production. De 62% en 2006, la part des produits alimentaires dans le coût de production des entreprises est passée à 66% en 2007 et à 73% en 2008 (cf. graphique 5). Cette augmentation est essentiellement imputable à la hausse de 34% des prix de ces produits de base entre 2006 et 2008 d’après les entreprises enquêtées. 33 Graphique 7 : Evolution du chiffre d’affaires des entreprises en 2007 et 2008 Stagnant A la baisse A la hausse 0% 20% 40% 60% Graphique 8 : Evolution de la part des produits alimentaires dans le coût de production des entreprises 74% 72% 70% 68% 66% 64% 62% 60% 58% 56% 2006 Source : Enquête réalisée en mars 2009 Tableau 27 : Point des pertes de recettes liées à la crise alimentaire Exonérations accordées (en milliards FCFA) Produits alimentaires 7,896 exonérés Concentré de tomate 1,953 2007 2008 Source : Enquête réalisée en mars 2009 Sur le plan macroéconomique, les principales hypothèses de simulation utilisées découlent des constats ci-dessus et sont résumées dans le tableau 8. Pâte alimentaire 1,731 Les prix des produits alimentaires Farine de blé 1,567 ont connu une augmentation de Lait 1,224 17,6% en 2008 contre une baisse de Riz blanchi 1,119 Grains de blé 0,302 0,6% et 0,5% respectivement en Evaluation de stock 0,422 2007 et en 2006. Mais, cette hausse Grains de blé 0,101 des prix des produits alimentaires Lait 0,057 Pate, tomates, etc. 0,053 Riz 0,212 niveau des céréales, qui ont connu Total 8,318 une flambée de 60% en 2008. Les en % des recettes fiscales en % du PIB 1,62 0,28 Sources : DGDDI, DGID, février 2009 est encore plus remarquable au simulations réalisées sur cette base avec le MOSARE indiquent que la perte de croissance économique imputable à la crise alimentaire est de 1,6 points toutes choses égales par ailleurs. Autrement dit, si le Bénin n’avait pas subi cette crise alimentaire, le taux de croissance en 2008 serait de 5,6% contre les 4,0% estimés pour cette année. En effet, la flambée des prix des denrées alimentaires aurait contribué à la réduction du 34 pouvoir d’achat des ménages, entrainant ainsi une contraction de la consommation finale des ménages en volume d’environ 2,0%. D’autre part, elle aurait contribué à l’accélération de l’inflation de 2,5%, induisant ainsi une perte de compétitivité – prix pour l’économie béninoise, mesurée par le taux de change réel et par conséquent une baisse des exportations en volume d’environ 1 point. Tableau 8 : Principaux hypothèses et résultats des simulations sur la crise alimentaire Situation sans crise : scénario de simulation (2) 2007 2008 2007 2008 Principales hypothèses Situation avec crise : scénario de référence (1) 2006 Prix aux producteurs céréales tubercules Indice des prix administrés Consommation publique privée FBCF publique privée Exportations Importations Variation de stock PIB Croissance économique Inflation 95 69 1,08 129 97 1,20 2 187,2 237,5 1 949,7 481,1 120,6 360,5 498,1 731,0 24,6 2 460,1 3,8 3,8 Variations (1) - (2) 2007 2008 129 97 1,20 78 96 1,27 0,0% 0,0% 0,0% 74,1% 1,2% 2,8% 2 455,3 241,2 2 214,1 526,0 206,9 319,2 646,3 1 007,7 21,7 2 641,6 135 98 1,30 Résultats 2 745,3 281,1 2 464,2 596,5 193,0 403,5 677,0 1 057,5 13,4 2 974,7 2 455,3 241,2 2 214,1 526,0 206,9 319,2 646,3 1 007,7 21,7 2 641,6 2 771,0 284,2 2 464,2 597,0 193,2 403,5 674,5 1 050,0 13,4 3 005,9 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,9% 1,1% 0,0% 0,1% 0,1% 0,0% -0,4% -0,7% 0,0% -1,0% 4,6 1,3 5,0 7,9 4,6 1,3 6,6 5,4 0,0 0,0 -1,6 2,5 Sources : INSAE et auteurs Finances publiques. Pour faire face à la crise alimentaire, le Gouvernement a pris des mesures visant à : i) réduire les effets de la crise sur les prix des produits alimentaires, ii) à reconstituer les stocks de l’ONASA et iii) à relancer la production. Ces mesures ont impacté aussi bien les recettes fiscales que les dépenses. Le coût total de ces mesures sur les finances publiques est évalué à 18,6 milliards FCFA, contribuant ainsi à la dégradation du déficit budgétaire (base ordonnancement) d’environ 19%. L’évaluation des pertes de recettes liées à la crise alimentaire est de 8,3 milliards FCFA, soit 1,6% des recettes fiscales en 2008 (cf. tableau 2). Ces pertes de recettes 35 concernent essentiellement la défiscalisation par le biais d’une série d’exonérations dont notamment la réduction de la valeur consensuelle de calcul des prélèvements douaniers sur les produits alimentaires, l’évaluation des stocks existants à la date d’entrée en vigueur des mesures prises et la délivrance des crédits d’impôts pour ces stocks. La réduction de la valeur consensuelle a couté environ 8 milliards FCFA à l’Etat béninois tandis que la délivrance des crédits d’impôts sur les stocks s’est traduite par un manque à gagner de 422 millions FCFA. En ce qui concerne les dépenses publiques imputables à la crise alimentaire, elles sont essentiellement liées à la relance de la production agricole et à la reconstitution du stock de l’ONASA. Ces dépenses sont évaluées à 10,3 milliards FCFA soit 1,5% des dépenses totales (cf. tableau 3). Tableau 9 : Point des dépenses liées à la crise alimentaire Nature de la dépense Mise à disposition de fonds pour l’organisation d’une tournée ministérielle d’information et de sensibilisation sur la cherté de la vie, du 05 au 12 janvier 2008, sur toute l’étendue du territoire national Mise à disposition de fonds pour la constitution d’un stock complémentaire de mille tonnes de maïs pour la soudure alimentaire au titre de l’année 2008 Mise à disposition de fonds dans le cadre du renforcement du stock de sécurité alimentaire Mise à disposition de fonds pour l’organisation, le lundi 14 juillet 2008 d’une journée de réflexion sur la cherté de la vie avec toutes les composantes de la nation Mise à disposition de fonds au profit de l’Office National de Soutien des Revenus Agricoles du MAEP dans le cadre du préfinancement par le budget national du programme d’urgence d’appui à la sécurité alimentaire Aménagement de la Vallée de l’Ouémé Total Montant en milliards FCFA 0,096 0,235 1,800 0,030 6,121 2,000 10,281 en % des dépenses totales 1,51 en % du PIB Source : DGTCP, mars 2009 0,35 Balance des paiements. L’analyse des statistiques collectées auprès de la BCEAO, de l’INSAE et de la DGDDI montre que globalement les importations des produits alimentaires ont augmenté en volume et en valeur en 2007 et en 2008 accompagné d’une baisse des prix (cf. annexe 4). Il en est de même pour les exportations (cf. annexe 5). Cette amélioration du commerce extérieur notamment en 2008, peut être expliquée par la baisse de la valeur consensuelle des produits alimentaires, notamment le riz représentant plus de 55% des importations de produits alimentaires, 36 qui a encouragé les importations. Par ailleurs, la baisse de la valeur consensuelle a induit également une forte hausse de la réexportation de riz, passant de 1,7% des exportations de produits alimentaires en 2007 à 4,1% en 2008. Au regard de ces statistiques, il est difficile de déduire l’impact de la hausse des prix des produits alimentaires sur la balance des paiements. Pour ce faire, il a été procédé à une simulation à l’aide du MOSARE, de la hausse des prix des produits alimentaires sur la balance des paiements en se fondant sur les hypothèses citées plus haut. Les résultats montrent que l’augmentation des prix des produits alimentaires de 17,6% entraine une baisse en valeur des exportations et des importations de biens respectivement de 0,3% et 0,9% du fait de la contraction de la demande. Il en résulte une amélioration des balances commerciale et courante d’environ 2% respectivement. C. Effets combinés des crises énergétique et alimentaire Production et prix : Au regard des développements précédents et des canaux identifiés, les simulations ont été réalisées uniquement sur l’année 2008. En effet, au cours de l’année 2008 l’économie béninoise a été affectée par les crises énergétique et alimentaire tandis que 2007 a été marqué essentiellement par la crise de l’énergie électrique. Les résultats des simulations montrent une perte de croissance de 2 points du fait des crises énergétique et alimentaire. Cette perte de croissance est imputable Tableau 10 : Impacts sur les finances publiques (en milliards FCFA) Montant Pertes de recettes liées aux crises 24,077 Crise alimentaire 8,132 Crise énergétique 15,945 en % des recettes fiscales 4,70 en % du PIB 0,81 Dépenses liées aux crises 44,454 Crise alimentaire 10,281 Crise énergétique 34,173 en % des dépenses totales 6,49 en % du PIB 1,49 Déficit budgétaire lié aux crises 68,531 en % du déficit budgétaire total 66,29 en % du PIB 2,30 Source : Calculs des auteurs essentiellement à une baisse de la demande intérieure, notamment de la consommation des ménages, du fait de l’accélération de l’inflation et de la hausse des coûts de production. En effet, les crises ont contribué à une hausse de l’inflation de 3 points. Par investissements ailleurs, et les les 37 exportations ont également reculé en relation avec la perte de compétitivité prix. Finances publiques : Les crises énergétique et alimentaire ont impacté significativement les finances publiques. En termes de recettes fiscales, elles se sont traduites en 2008 par une perte de 24,1 milliards FCFA soit, 4,7% des recettes fiscales. Quant aux dépenses, elles ont connu une augmentation de 44,4 milliards en 2008, soit 1,5% du PIB, du fait des subventions et autres dépenses. Au total, le déficit budgétaire s’est dégradé de 2,3% du PIB (cf. tableau 8), pour s’établir à 3,5% du PIB en 2008. Balance des paiements : Les résultats des simulations réalisées avec le MOSARE indiquent que les crises énergétique et alimentaire ont eu pour conséquences une baisse des exportations et une hausse des importations. En effet, les exportations ont connu une baisse en 2008 du fait de la hausse des coûts de production induite par la flambée des cours du pétrole et des produits alimentaires d’une part, et le délestage électrique enregistré au cours de l’année d’autre part. Par ailleurs, la hausse des importations s’explique par la demande des produits alimentaires et énergétiques pour faire face à la faible offre des céréales et de l’électricité sur le marché local. En somme, les crises énergétique et alimentaire ont contribué à dégrader le déficit commercial de 0,8%, soit 0,2 point du PIB. En ce qui concerne la balance courante, elle s’est dégradée du fait des crises de 1,1% car, outre la dégradation de la balance commerciale, les balances des services et des revenus se sont aussi dégradées. 38 V. Impacts des crises énergétique et alimentaire sur la pauvreté A. Analyse des résultats Sur la base de l’évaluation des effets des crises énergétique et alimentaire sur le cadre macroéconomique en 2008, les estimations ont été effectuées à l’aide des modules de micro simulation et d’Agénor décrits dans la méthodologie. Graphique 9 : Variation de l’incidence de la pauvreté 5,0 4,0 Graphique 10 : Variation de la profondeur de la pauvreté 6,0 5,0 Urbain Rural Bénin Urbain Rural Bénin 4,0 3,0 3,0 2,0 2,0 1,0 1,0 0,0 0,0 2007 2008 Source : Calcul des auteurs, Mai 2009 2007 2008 Source : Calcul des auteurs, Mai 2009 L’analyse des résultats montre que les crises énergétique et alimentaire ont contribué à aggraver la pauvreté en 2007 et en 2008. En effet, l’incidence de la pauvreté, c'està-dire le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté, a augmenté de 0,8 point en 2007 (cf. graphique 8). Cet impact est beaucoup plus ressenti en milieu urbain qu’en milieu rural. Cette situation se justifie par le fait que l’année 2007 a été marquée essentiellement par la crise énergétique. En 2008, l’incidence de pauvreté a augmenté de 3,3 points et la pauvreté a touché essentiellement le milieu rural. Par ailleurs, ces crises ont contribué à augmenter l’écart entre les riches et les pauvres (cf. graphique 8) ; la profondeur de la pauvreté ayant augmenté de 4,3 points pour l’ensemble du pays et de 5,7 points pour le milieu rural (cf. graphique 9). Tableau 11 : Impacts sur quelques indicateurs de suivi OMD 2007 2008 Taux de malnutrition 0,0% 6,2% Taux de mortalité (pour 1 000 naissances) 0,3% 0,6% Espérance de vie à la naissance 0,0% -0,1% Source : Calculs des auteurs Pour faire les simulations, il a été supposé que les dépenses de santé et d’éducation n’ont pas été touchées par les effets des crises 39 énergétique et alimentaire. Les résultats indiquent pour 2008 une augmentation de 6 points du taux de malnutrition, de 0,3 point pour le taux de mortalité infantile et un recul de 0,1 point de l’espérance de vie à la naissance (cf. tableau 9). Conclusion et Recommandations Les crises énergétique et alimentaire qu’ont subies le monde et le Bénin en particulier, en 2007 et 2008, ont plusieurs sources. Au nombre de celles-ci on peut citer, les changements climatiques, la réduction des stocks en produits alimentaires, l’accroissement des prix des produits pétroliers, le développement de l’industrie des biocarburants dans les pays développés, et l’augmentation de la demande des pays émergents en produits alimentaires. Au Bénin, la crise énergétique est essentiellement due à la très forte sensibilité du pays aux chocs extérieurs en la matière du fait de sa grande dépendance vis-à-vis de la VRA et de la CIE par l’entremise de la CEB. La hausse des prix des produits alimentaires et des produits pétroliers a affecté de manière sensible l’économie béninoise. Elle s’est manifestée par une forte inflation et un ralentissement de la croissance. Ce qui a contribué à une dégradation substantielle du panier de la ménagère. Face à cette situation, les mesures prises par le Gouvernement béninois pour contrer les effets de ces crises, bien qu’ayant de coûts significatifs sur les finances publiques, n’ont totalement pas eu les résultats escomptés. Les raisons qui sont à la base de cette situation résident pour l’essentiel dans le ciblage des bénéficiaires ainsi que dans la mise en œuvre desdites mesures. Les crises énergétique et alimentaire devraient servir d’opportunité pour réduire la pauvreté rurale par la mise en place de politique agricole appropriée. Ce qui permettrait d’avoir une autosuffisance alimentaire en vue de garantir la sécurité alimentaire aux populations. Mais tout cela n’est possible qu’à la condition que le Bénin prenne des mesures appropriées en liaison avec les causes structurelles sousjacentes de la vulnérabilité. En effet, le Gouvernement béninois devrait mettre en place des mesures spécifiques qui réduisent la vulnérabilité du pays à de futures 40 crises des prix et sa prédisposition face à l’amenuisement des ressources énergétiques. La solution ne devant pas être unique, des mesures suivantes peuvent servir de références à des actions à mener. Ces mesures sont répertoriées dans le tableau 12 ciaprès : 41 Tableau 12 : Mesures pouvant permettre de contrer les effets des crises énergétique et alimentaire N° MESURES DE COURT TERME I I.1 MESURES DE MOYEN ET LONG TERMES Crise alimentaire Accroître les dépenses publiques dans le secteur de l’agriculture et Fournir un soutien aux petits exploitants par le renforcement de leurs améliorer les approches de gestion des projets et programmes afin de capacités en matériels, en ressources financières à travers les actions générer l’offre. A cet effet, il s’agira de mener les actions telles que : la comme : la création d'un Fonds National de Développement Agricole, la mise en œuvre des projets en maîtrise d'ouvrage délégué, le création d’une banque agro-industrielle, la mise en place d'une institution renforcement du suivi administratif, la promotion des agences financière spécialisée dans le financement des promoteurs agricoles, etc. spécialisées en matière d'exécution des projets et programmes, etc. I.2 Renforcer les actions de maîtrise de l’eau pour réduire la dépendance Cibler de manière adéquate les dépenses du secteur agricole, afin de de l’agriculture béninoise des variations climatiques à travers des fournir les services publics nécessaires et de toucher les petits producteurs actions telles que la poursuite de la mise en valeurs des vallées, la à travers les actions comme : le ciblage des filières prioritaires, le poursuite de la promotion de la culture irriguée, etc. développement de grandes zones de production des filières prioritaires, le développement des fermes semencières pour les variétés à haut rendement, la promotion du label des produits agricoles béninois etc. I.3 Associer le privé à la multiplication des boutiques témoins (du type Investir dans des programmes de protection sociale afin de permettre aux points de vente de l’ONASA) populations de faire face à leurs besoins de base, de protéger leurs moyens d’existence contre des menaces potentielles et d’améliorer leurs droits et leur statut social I.4 Réduire au minimum l’utilisation des mesures commerciales (telles Renforcer, au niveau national et régional, les mesures de lutte contre les que les interdictions d’exportation et les exonérations fiscales) qui sont changements climatiques afin de mieux protéger les producteurs à travers contre les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et la mise en œuvre effective de la stratégie nationale de lutte contre les N° MESURES DE COURT TERME MESURES DE MOYEN ET LONG TERMES qui biaise l’information envoyée aux producteurs, sapant ainsi les changements climatiques, le renforcement des actions du projet de lutte perspectives de développement de l’agriculture à moyen et long terme contre la désertification du MEPN et en renforçant la coopération régionale en matière de lutte contre les changements climatiques I.5 Poursuivre les activités de sécurisation foncière à travers les actions comme "Projet Accès au foncier" du programme MCA-BENIN. II II.1 Crise énergétique Utiliser de façon optimale des ressources énergétiques locales Renforcer les activités au sein du cadre de concertation sur les questions disponibles actuellement telle la réhabilitation des groupes de la SBEE d’énergie que constitue le WAPP (West African Power Pool) ou EEEAO d’une puissance totale de 22 MW (Echanges d'Energie Electrique en Afrique de l'Ouest) afin d’utiliser de manière efficiente les 180 millions de dollars US de la Banque Mondiale pour la résolution des problèmes énergétiques de la région Accélérer les travaux d’aménagement hydroélectrique d’Adjarala qui est II.2 un projet à buts multiples mais destiné principalement à la production d’électricité. D’un coût estimé à 107,4 milliards F CFA, ce projet va contribuer au renforcement de la disponibilité de l’énergie électrique au Bénin et au Togo par une production annuelle en énergie électrique de 366 GWh avec un prix de revient de kWh évalué à 36,4 F CFA (pour ta=10%). II.3 Acquérir et installer les 8 turbines à gaz (TAG) de 2 x (4 x 10 MW) à Valoriser le potentiel hydroélectrique du fleuve Ouémé. Des études qui Maria-Gléta. Ce projet qui constitue une porte de sortie à la crise étaient faites par COYNE & BELLIER en juin 1999 avaient indiqué que énergétique mériterait une attention et un suivi particuliers de la part le schéma d’aménagement optimal comprend la construction de cinq (05) des autorités béninoises afin qu’il aboutisse dans les meilleurs délais barrages totalisant une énergie moyenne annuelle de 1.092 GWh, une N° MESURES DE COURT TERME MESURES DE MOYEN ET LONG TERMES énergie garantie de 992 GWh et une puissance installée de 283 MW. Les sites qui offrent des caractéristiques intéressantes sont : Ketou-Dogo, Vossa, Béthel et Olougbé. II.4 Renforcer la production de l’énergie électrique à partir des énergies renouvelables. II.5 Mettre en place un cadre incitatif pour l’installation des producteurs indépendants dans le domaine de l’énergie électrique Annexes Annexe 1 : Evolution du taux d’accroissement des recettes fiscales Avant d’évaluer le coût global des différentes mesures fiscales prises par le Gouvernement, il est important d’étudier le comportement des recettes des impôts ainsi que les recettes douanières, ces dernières années. Le graphique ci-après met en évidence l’évolution du taux de croissance des recettes des régies financières. Graphique 11 : Evolution du taux d’accroissement des recettes des deux régies financières considérées 25% 20% 15% 10% Recettes douanières Recettes des Impôts 5% Recettes fiscales 0% 200 8 200 7 200 6 200 5 Source : DPC, février 2009 L’examen de ce graphique montre que le taux de croissance des recettes fiscales a connu une baisse en 2008 par rapport à 2007. En effet, cette baisse a été beaucoup plus marquée au niveau des recettes douanières qui sont passées d’un taux d’accroissement de 20,6% en 2007 à un taux de croissance de 11,5% en 2008. Même si la baisse n’a pas été remarquable au niveau des recettes des impôts, il importe tout de même de noter que le rythme de croissance observé en 2006 et 2007, a légèrement baissé en 2008. Somme toute, les recettes fiscales ont enregistré une baisse de leur taux d’accroissement en 2008 même si elles ont augmenté en valeur. Cette baisse du rythme de croissance des recettes est en partie imputable aux crises énergétique et alimentaire qui ont amené l’Etat à renoncer à une part considérable de ses recettes fiscales. 45 Annexe 2 : Impacts des crises sur la situation monétaire Les crises énergétique et alimentaire ont eu des implications sur la situation monétaire, notamment sur les avoirs extérieurs nets et le crédit intérieur. Du fait de ces deux crises, les avoirs extérieurs nets ont connu un ralentissement, passant d’une augmentation moyenne de 145 milliards FCFA en 2006-2007 à 32 milliards en 2008. Ce ralentissement est imputable essentiellement à la baisse de plus de 16 milliards observée au niveau des banques primaires. Ce qui souligne que ces banques primaires ont dû puiser dans leurs réserves pour soutenir les importations en 2008. Le crédit intérieur, sous l’effet de ces crises a connu un bond passant d’une baisse moyenne de 16 milliards en 2006-2007 à 241 milliards en 2008. Cette hausse est assignable au crédit à l’économie, tirée par les crédits à court terme. Ces crédits assimilables aux crédits commerciaux ont enregistré une hausse moyenne de 112 milliards en 2006-2007. Ce qui témoigne le besoin de financement ressenti par les entreprises pour l’achat des groupes électrogènes en période de délestage et l’approvisionnement en produit pétrolier. En 2008, ce besoin de financement a légèrement baissé à 97 milliards à cause des exonérations accordées sur l’importation de certains produits par le Gouvernement du fait de la crise alimentaire. La Position Nette créditrice du Gouvernement qui est la deuxième composante du crédit à l’économie s’est dépréciée de fin 2007 à 2008 sous l’effet des deux crises combinées (graphique N°11). Cette dépréciation fait suite aux nombreuses mesures qui ont coûté environs 70 milliards au Gouvernement béninois dans le cadre de la maîtrise des deux crises. 46 Graphique 12 : Evolution mensuelle de la PNG de 2006 à 2008 La masse monétaire n’est pas restée en marge des séquelles de ces deux crises. Elle a consigné une hausse de 152,54 milliards de 2006 à 2007 et cette hausse s’est accentuée de 2007 à 2008 pour s’inscrire à 265,39 milliards. Cette situation est le résultat de la flambée des prix observée au cours de la période des crises, surtout entre 2007 et 2008. Cette tendance de la masse monétaire surtout liée à la crise alimentaire a amené la Banque Centrale, chargée d’appliquer la politique monétaire du Gouvernement, à réviser ces taux directeurs le 16 août 2008. En effet, pour ralentir le taux de crédits, le taux d’escompte a été relevé de deux points pour être fixé à 6,75%, et celui de pension a été relevé de 0,50% pour s’établir à 4,75%. Or il est plus que probable que si la masse monétaire augmente plus vite que la croissance du PIB, l'inflation va suivre. 47 Annexe 3 : Méthodologie utilisée pour l’enquête auprès des entreprises Objectif de l’enquête L’enquête auprès des entreprises sur l’évaluation des effets des crises énergétique et alimentaire sur l’activité économique vise à mesurer l’impact de ces crises sur la production des entreprises, les difficultés enregistrées et les mesures prises par les entreprises pour y faire face. De manière spécifique, il s’agit d’évaluer les implications du délestage électrique, de la hausse des prix des produits pétroliers et de la hausse des prix des produits alimentaires sur l’activité économique. Base de sondage Cette enquête concerne 60 entreprises du secteur de l’industrie, du commerce, de l’artisanat, de l’hôtellerie et du transport. Les entreprises retenues dans le champ de l’enquête sont les entreprises qui font partir des bases de sondage des enquêtes de conjoncture de la Direction Générale des Affaires Economiques, de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique et du Ministère de l’Industrie. Les entreprises retenus dans les secteurs de l’industrie, du commerce, de l’hôtellerie et du transport sont ceux qui ont réalisé les productions (ou chiffre d’affaires) les plus importants au cours des deux dernières années (2004-2005) avant les crises. Quant à l’artisanat 10 grandes unités de production de soudure, de couture, de mécanique et de menuiserie sont tirées par tirage aléatoire simple à Cotonou et dans les environs. Tableau 13 : Répartition de l’échantillon de l’enquête Secteurs Nombre d’entreprises Autres industries 10 Industrie agroalimentaire 18 Commerce 8 Artisanat 10 Transport 6 Hôtel 8 Total 60 Source : Calculs à partir des résultats de l’enquête 48 Les industries enquêtées ont été éclatées suivant la typologie des industries que l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) utilise pour la production de l’Indice de Production Industrielle. Ainsi sur la base de la pondération de l’IPI et des données recueillies sur la production des entreprises au cours de l’enquête, nous avons obtenu la pondération suivante : Tableau 14 : Poids des types d’industries selon l’échantillon type d'industrie Pondération Industrie alimentaire 51% Industrie textile 15% Industrie chimique 5% Autres industries 29% Ensemble 100% Source : Calculs à partir des résultats de l’enquête Cette pondération a été utilisée dans la suite du travail pour calculer les variations pondérées des productions réalisées par les entreprises avant, pendant et après les crises. Les entreprises enquêtées sont également réparties suivant les grandes fonctions de l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation avec une pondération basée toujours sur celle réalisée par l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE). Cette répartition est réalisée pour faciliter le calcul de la moyenne pondérée des prix pratiqués par les entreprises au cours des périodes de crises. Tableau 15 : Poids des fonctions selon l’échantillon FONCTION POIDS PRODUIT ALIMENTAIRE BOISSON ET TABAC 46,84 LOGEMENT EAU GAZ 11,67 ARTICLE D'HABILLEMENT 8,48 HOTEL 11,91 TRANSPORT 12,32 BIENS ET SERVICE DIVERS 8,79 TOTAL 100,00 Source : Calculs à partir des résultats de l’enquête 49 Annexe 4 : Evolution des importations de 2006 à 2008 Viandes et abats comestibles Poissons et crustacés, mollusques et autres invertébrés aquatiques Lait et produits de la laiterie, œufs d'oiseaux, miel naturel produits Légumes, plantes, racines et tubercules alimentaires Fruits comestibles; écorces d'agrumes ou de melons Café thé mate et épices Céréales Produits de la minoterie, malt; amidons et fécules; inulines Graisses et huiles animales ou végétales; produits de leur dissociation Préparations de viandes, de poissons ou de crustacés, de mollusques Sucres et sucreries Cacao et ses préparations Préparations à base de céréales, de farines, d'amidons, de fécules Préparations de légumes, de fruits ou d'autres parties de plantes Préparations alimentaires diverses Boissons, liquides alcooliques et vinaigres Tabacs et succédanés de tabac fabriqués Total produits alimentaires Total importations Variation des importations en valeur 2006 2007 2008 -8,8% 59,9% 50,3% Variation des importations en volume 2006 2007 2008 4,0% 34,7% 36,0% 2006 -12,4% Variation des prix 2007 18,7% 2008 10,4% 17,0% 14,3% 22,9% 25,5% 16,2% 22,4% -6,7% -1,6% 0,4% -4,7% 33,9% 2,1% -3,7% 43,5% -14,7% -1,0% -6,7% 19,6% 13,9% -16,8% 452,0% -13,9% -17,7% 484,0% 32,3% 1,1% -5,5% 10,6% -26,0% 11,7% 61,1% -8,1% 74,9% 30,7% -4,3% -18,2% 68,1% -78,9% 8,4% 84,3% 27,0% 71,9% 15,2% 101,2% 0,9% -34,2% 250,2% 3,1% -12,6% -27,7% 1,7% 13,4% -52,4% -19,0% 8,0% 4,6% 122,4% 9,8% -3,8% 68,6% -1,6% 8,8% 31,9% 74,5% 29,4% 27,4% 90,3% 40,2% 25,5% -8,3% -7,7% 1,5% -5,8% 33,7% -11,7% 82,6% -17,0% 26,8% 23,1% 72,6% 31,7% 37,6% 19,2% 38,3% 60,0% -12,5% 8,5% 6,9% 77,2% 79,3% -31,6% 12,1% -36,2% 14,1% -5,1% 16,9% 15,2% -2,6% -26,5% -0,8% 51,6% 60,2% 6,9% 88,8% 51,9% -7,2% -19,7% 5,5% -42,6% 12,2% 239,5% 19,6% -26,2% 21,8% 1,9% -0,2% 144,7% 56,8% 16,6% 48,9% -43,7% 12,5% 38,7% -23,7% -36,7% -18,2% 26,7% 12,4% 31,1% 32,0% 19,4% 40,1% -4,0% -5,9% -6,4% 67,6% 14,4% 11,0% -14,2% 48,0% 47,7% 24,1% 12,0% -7,2% 70,7% 18,0% 6,3% -29,9% 54,0% 42,0% 9,6% 13,5% 2,1% -1,8% -3,1% 4,4% 22,4% -3,9% 4,1% 13,2% -1,3% -9,1% Source : Calculs faits sur la base des données de l’INSAE Annexe 5 : Evolution des exportations de 2006 à 2008 Variation des exportations en valeur 2006 2007 2008 Viandes et abats comestibles Poissons et crustacés, mollusques et autres invertébrés aquatiques Lait et produits de la laiterie, œufs d'oiseaux, miel naturel produits Légumes, plantes, racines et tubercules alimentaires Fruits comestibles; écorces d'agrumes ou de melons Café thé mate et épices Céréales Produits de la minoterie, malt; amidons et fécules; inulines Graisses et huiles animales ou végétales; produits de leur dissociation Préparations de viandes, de poissons ou de crustacés, de mollusques Sucres et sucreries Cacao et ses préparations Préparations à base de céréales, de farines, d'amidons, de fécules Préparations de légumes, de fruits ou d'autres parties de plantes Préparations alimentaires diverses Boissons, liquides alcooliques et vinaigres Tabacs et succédanés de tabac fabriqués Total produits alimentaires Total exportations Variation des exportations en volume 2006 2007 2008 2006 Variation des prix 2007 2008 -8,7% -70,1% -92,0% 75,2% 91,9% -89,9% -47,9% -84,4% -20,9% -8,9% -95,4% 1563,8% -50,2% -72,4% 395,1% 82,7% -83,1% 236,0% 28,8% -0,6% -2,9% 107,4% 7,8% -15,2% -37,9% -7,7% 14,5% -19,4% 392,0% 44,1% 174,1% 23510,3% 33,2% -47,1% 189,1% -6,1% 245,9% 54,3% 156,0% 54977,9% 20,1% -57,4% 143,9% -14,2% 42,2% -6,6% 7,1% -57,1% 10,9% 24,0% 18,5% -47,0% -12,1% -46,2% -29,3% -16,5% -52,4% -25,0% 5,2% 13,0% 62,5% 26,4% 74,5% 70,9% 21,7% 27,7% -4,9% 3,8% 36,7% 74,9% 53,5% -21,2% 64,4% 51,1% -17,7% 6,4% 1,6% -4,3% 22,2% -74,3% 3,5% -51,5% 18,0% -47,0% 62,6% -58,1% 32,2% 781,1% 177,8% -67,9% 41,5% -60,5% -41,5% 30,7% -6,6% 2128,6% -81,2% 781,9% 42,3% -72,0% 293,5% 76,6% -32,7% 124,1% -19,4% 78,6% 28,1% -23,8% -33,7% 12,7% 11,3% -48,2% 11,2% 20,4% 56,8% 8,8% -20,9% -32,6% 56,3% 5,4% -54,4% 19,3% 3,6% 13,9% 17,7% -3,7% -1,6% -27,9% 5,6% 13,4% -6,8% 16,2% Source : Calculs faits sur la base des données de l’INSAE Bibliographie Aline ROCH Madeline TROUSSEAU Fabrice PIAT, 2008, l’impact des chocs pétroliers sur les politiques énergétiques, les stratégies d’économie d’énergie, et les perspectives à venir BiPEN, 2007, Impact de la crise de l’énergie électrique sur l’économie béninoise CADTM, 2008, Retour sur les causes de la crise alimentaire mondiale Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO), 2006, La souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest : des principes à la réalité DPC, 2008, Evaluation des Pertes de Recettes suite aux Mesures prises par le Gouvernement pour contenir la Flambée des Prix DPC, 2008, le Gouvernement béninois face à l’inflation du quatrième trimestre 2007 FMI, 2008, Food and Fuel Prices—Recent Developments, Macroeconomic Impact, and Policy Responses An Update Frédéric Jenny, 2008, Crise alimentaire, interventions règlementaires et institutions de marché OCDE/FAO, 2008, les perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2008-2017 Rapport de performance du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, 2007. Société Béninoise d’Energie Electrique, 2006, Etude complémentaire de la demande d’énergie électrique South Centre, 2008, FOOD AND ENERGY CRISIS: TIME TO RETHINK DEVELOPMENT POLICY World Bank, 2008, Double Jeopardy: Responding to High Food and Fuel Prices World Bank, 2008, Implications of Higher Global Food Prices for Poverty in LowIncome Countries 52 This document was created with Win2PDF available at http://www.win2pdf.com. The unregistered version of Win2PDF is for evaluation or non-commercial use only. This page will not be added after purchasing Win2PDF.