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Les cahiersc o m p é t i t i v i t é Le monde de l’innovation et de la compétitivité / STRATéGIES de la (PUBLICITE) Tout l’art de la disruption Les idées feront toujours la différence Concept Produit, campagne, innovation… : la rupture est à l’ordre du jour. Mais au sein du groupe TBWA, depuis 1991, c’est une philosophie de chaque instant connue sous le nom de disruption. Focus sur la « disruption 2.0 » avec Nicolas Bordas, président de TBWA\France. Publicité TBWA pour la SNCF, avec le personnage « Idix ». depuis toujours. Pour la SNCF, notre « idée » porte même un nom, « Idix », un petit personnage qui incarne l’idée que l’on protège, que l’on arrose pour la faire grandir… Pour rester efficace, la disruption doit aussi évoluer… Elle doit s’épanouir dans un monde globalisé et « digitalisé » qui transforme et élargit les champs d’action, via Internet en pivot. Nous sommes à l’ère de la « disruption 2.0 » où il est plus difficile d’émerger. L’attention et la disponibilité des gens sont plus fragmentées. Nous avons mis en place une nouvelle méthode mondiale, appelée « Media Arts » qui est la disruption puissance 2. Il s’agit d’être aussi inventif dans la façon délivrer le message que dans le message lui-même. Et cela produit des « ovnis » comme notre affiche « Vertical football » pour Adidas au Japon, où deux footballeurs jouent suspendus dans le vide à 150 mètres de hauteur pour illustrer le fameux « impossible is nothing » ! Cela implique une nouvelle méthode de travail. Avant le brief créatif, le « planneur » stratégique collabore désormais avec les gens des médias, créant un nouveau métier appelé « Audience planner ». Hors communication, le groupe TBWA a aussi créé « Disruption Consultancy », une société mondiale de conseil pour innover dans tous les secteurs. Propos recueillis par Carole Aïach-Soussan n Les doudous de Brandt venus du Web ? Un tunnel sous l’Atlantique pour Voyages-Sncf.com ? Des coups de maître décapants de l’agence DDB que ses dirigeants, Bertrand Suchet et Jean-Luc Bravi, voient comme des « idées rebondissantes dont les consommateurs peuvent se saisir et s’approprier ». « Ouf, c’est un peu la fin de la cacophonie ! », se réjouissent en cœur Bertrand Suchet et Jean-Luc Bravi, les présidents de DDB. Ces deux dernières années, outre le boom digital, les annonceurs réclamaient du 360° à tout va, voulant décliner leur concept par le biais de tous les canaux © DR tive age. William Taylor, fondateur du magazine Fast Company, l’emploie constamment dans son livre Mavericks at Work ! Comment le phénomène de disruption se traduit-il concrètement ? Le sportif américain Dick Fosbury en est la meilleure incarnation : alors que tout le monde sautait en ventral ou en ciseaux, il a inventé le saut en rouleau dorsal, et est devenu, grâce à cette technique, médaille d’or aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968 ! Dans la communication, il y a deux façons de briser les conventions. Soit par l’innovation produit, comme la lessive liquide qui succède à la poudre, soit par un « parler différent », comme Skip qui ose un « salissez-vous » ou Dove qui met en scène des femmes rondes et non des top-models ! Apple fonctionne sur ce modèle © DR Tout le monde fait aujourd’hui de la « disruption » sans forcément savoir d’où ce mot tire ses racines. Quelle est son histoire ? En français, il s’agit d’un terme technique signifiant court-circuit ! Côté communication, le concept a été inventé par Jean-Marie Dru, aujourd’hui président mondial de TBWA. Cette démarche vise à avoir plus souvent des idées plus efficaces en posant un principe : « la différence qui fait l’efficacité vient d’abord du message ». L’élément majeur consiste à identifier les conventions existantes pour s’en écarter, voire les briser, et maximiser la différence. La disruption, c’est savoir dire : « et si… ? ». Aujourd’hui, il y a une vraie consécration du concept. Le gourou du management américain Tom Peters a écrit un ouvrage baptisé Re-Imagine ! Business Excellence in a disrup- création Initiative Pour la troisième année consécutive, l’Assemblée nationale s’unit à l’Association des Agences-Conseils en Communication (AACC) pour l’organisation du Prix de la Campagne Citoyenne qui sera décerné le 17 janvier. Son instigateur, Bernard Brochant, Député-maire de Cannes, conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, est aussi un homme de pub. Fort de son expérience d’ancien président d’Havas et de DDB Worldwide, il en explique les enjeux. ONG », « Organismes gouvernementaux et assimilés », « Collectivités locales et territoriales », « Entreprises du secteur public ou privé ». Le jury, constitué exclusivement de députés et de publicitaires, évalue chacune des campagnes selon une grille de critères : qualité du message de fond et de la forme, pertinence et contribution au regard de l’intérêt général, justesse de ton, etc. Il s’agit bien entendu de récompenser la qualité de la communication du thème citoyen, et non de porter un jugement de valeur sur la cause ellemême ou son niveau de priorité. Chaque catégorie étant couronnée par un prix, le Grand Prix récompense la campagne qui, toutes catégories confondues, se révèle la meilleure. © DR Comment cette initiative est-elle née ? Le constat que j’ai pu faire lors mon arrivée à l’Assemblée nationale était celui d’une absence totale de communication et d’échange entre le Quel regard portez-vous sur cette monde de la publicité et celui des dé3e édition ? A-t-elle suscité une importante participation ? putés. Mon ambition en créant ce prix Lors de sa première édition, était à la fois de faire découvrir les le Prix de la Campagne Citoyenne métiers de publicitaire et de commuavait enregistré près de 80 candinicant et de valoriser l’implication et datures. Cette année, une centaine le travail quotidien des députés. Une Bernard Brochant, ancien président de campagnes ont concouru. Le belle occasion de faire se rencontrer, à d’Havas et de DDB Worldwide, plus marquant reste l’évolution du l’Assemblée nationale, cœur de notre instigateur du Prix de démocratie, des personnalités politila Campagne Citoyenne. niveau de qualité des campagnes qui nous sont présentées et l’intéques, des hommes d’entreprises, des rêt que suscite ce prix. Au départ, il constituait personnalités de la communication. Et je tiens à une sorte de curiosité à l’Assemblée nationale. remercier les présidents de l’Assemblée nationale Aujourd’hui, de nombreuses demandes des déqui successivement ont soutenu ce projet. Ce prix putés nous parviennent pour participer au jury. s’est révélé un excellent moyen de bâtir un pont De leur côté, les publicitaires travaillent souvent entre ces deux univers. La connexion s’est faite gratuitement pour réaliser ces campagnes sur les naturellement et certains députés ont ainsi eu causes citoyennes ou humanitaires. Et les médias l’opportunité d’approcher des agences à qui, par accordent gracieusement des espaces pour la difla suite, ils ont décidé de confier des campagnes. fusion des lauréats. Comment la sélection s’organise-t-elle ? Les participants peuvent concourir dans Propos recueillis par Betty Mamane n quatre catégories : « Associations caritatives et IV Le blog également à l’honneur Nouveau type d’idées, nouvelle mécanique, nouvelle rhétorique. Il y a une culture du net dans les couloirs, insufflée par Alexandre Hervé et Sylvain Thirache, directeurs de la Création, et récemment renforcée par l’arrivée de l’influent blogueur Thomas Clément. « Il a une cartographie spontanée du web en tête, il sait d’office où se trouve la communauté qu’il faut toucher pour que notre idée soit amplifiée et influence d’autres communautés. » Du coup, l’agence s’est illustrée ces dernières années par des coups de maître utilisant la Toile et la rumeur. Le plus détonnant a été réalisé pour Voyages Sncf : la marque a investi la moitié « Le Répertoire de Mathieu », publicité signée DDB pour Bouygues Telecom. du budget de communication dans le lancement d’une fausse rumeur de communication existant, comme si cela était baptisée Transatlantys, annonçant la construction une fin en soi et non un moyen. « On parlait de la d’un tunnel sous l’Atlantique reliant Paris à Newcuisine, pas de ce qui il y avait dans l’assiette ! », York en 8 heures ! Tout cela afin de démontrer que schématise Jean-Luc Bravi. Aujourd’hui, le marVoyages-Sncf.com ne vend pas que des voyages ché plus mature est revenu au cœur des choses, en train. Un succès qui a donné l’envie à d’autres. à l’essentiel : l’idée. C’est toujours et encore les Ainsi, Brandt, grande marque populaire, a utilisé la idées qui font la différence. Ce qui a changé, c’est Toile pour séduire ses clients. Résultat : un grand l’usage qu’on en fait. « L’idée est aujourd’hui le casting de doudous et une création attendrissante début de quelque chose, pas la fin. Chez DDB, on où la peluche élue passe à la machine en seulese demande d’emblée si elle va “engager” avec le ment 45 mn… Et en 2008 ? Toujours la certitude consommateur. C’est-à-dire s’il va pouvoir jouer que les meilleures idées font avancer le marché. Carole Aïach-Soussan n avec, partager, construire, interagir… » Pour une publicité citoyenne Qu’est destiné à couronner le prix de la Campagne Citoyenne ? Il récompense les meilleures campagnes publicitaires diffusées au cours de l’année écoulée, portant sur une thématique citoyenne (caritative, humanitaire, sociétale...) et ce, quelle que soit la nature d’activité de l’émetteur de la campagne. Peut y concourir toute campagne diffusée dans au moins un « grand média » (TV, radio, affichage, presse magazine ou quotidienne) qui, au-delà de son objectif particulier, vise à contribuer ou à modifier une attitude ou un comportement dans l’intérêt général et collectif. Plus palpitant encore, les réponses moins « classiques » aux briefs des annonceurs. Avant, il y avait des propositions évidentes en fonction de chaque type d’annonceurs. Aujourd’hui, à l’ère du « média neutral », pas de systématique… Du marketing viral pour le recrutement de l’Armée de Terre, DDB s’est rapprochée des femmes pour l’Audi TT Roadster avec une compilation « road movie » portée par l’égérie du sound design, Béatrice Ardisson. A l’image de Face Book et My Space, « le répertoire de Mathieu », la nouvelle communication de Bouygues Telecom, met en scène un véritable réseau social de téléphonie mobile qui va jusqu’à représenter ses propres avatars. - 17 janvier 2008 -