RESUME DIFFERENCE D`AGE ET INTERSUBJECTIVITE DANS LA

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RESUME DIFFERENCE D`AGE ET INTERSUBJECTIVITE DANS LA
RESUME
DIFFERENCE D’AGE ET INTERSUBJECTIVITE DANS LA FRATRIE
L’impact de l’intériorisation du Moi et de l’Autre chez l’aîné dans l’élaboration d’une relation intersubjective
avec son cadet
©Mélanie CONTAULT (2011). En ligne sur detour.unice.fr
Mémoire de Master 1 sous la direction de Lydia Chabrier
L’appartenance à une fratrie se manifeste par le tissage d’une histoire commune entre
frère et sœur. Il faut du temps pour rencontrer l’Autre, le reconnaître et en faire un
partenaire unique et privilégié. Si la fratrie offre la possibilité de ressource nouvelle au sein
du cercle familial, elle peut également constituer un frein au développement d’un des
membres qui la composent. L’arrivée d’un frère ou d’une sœur est un évènement
d’apparence heureuse, mais qu’en est-il réellement du côté de l’aîné ? Comment une
relation de qualité intersubjective va-t-elle pouvoir être élaborée avec un partenaire obligé,
et suivant le niveau d’intériorisation du Moi et de l’Autre chez l’aîné au moment de cette
modification d’environnement ? La problématique a été analysée en lien avec la théorie du
détour de Michel Cariou. Si le concept de fratrie est fondé sur le fait d’avoir au moins un des
deux parents en commun, ce qui nous a permis de définir la fratrie dans notre mémoire c’est
son intersubjectivité.
L’application théorique de notre problématique nous a permis de formuler deux
hypothèses générales qui nous ont permis de continuer notre investigation sur le terrain
cette fois-ci. Premièrement, la différence d’âge entre les deux enfants de la fratrie devrait
être un élément déterminant de la mise en place d’une relation intersubjective stable au
sein de la fratrie. Plus l’aîné aura intériorisé la différenciation du Moi et de l’Autre et plus il
devrait être capable d’initier et d’élaborer une relation de qualité intersubjective avec son
cadet. Deuxièmement, nous nous attendons à retrouver chez les aînés le même type de
relation à l’Autre dans ses relations amicales et dans ses relations de couple que celui
élaboré à l’intérieur du cercle fraternel.
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Notre investigation s’est faite sur des aînés de fratrie de deux enfants âgés au moment
de nos entretiens d’au moins 24 ans. La constitution des échantillons s’est organisée selon
trois critères d’intériorisation du Moi et de l’Autre : le premier échantillon était composé
d’aînés n’étant pas encore entrés dans la différenciation du Moi et de l’Autre lors de l’arrivée
de leur cadet, le second était composé d’aînés étant dans la première phase du détour
Moi/Autre, et le troisième était constitué d’aînés étant dans la seconde phase de ce détour
lors de l’arrivée du cadet.
L’élaboration d’un entretien semi-directif nous a permis d’évaluer d’une part le niveau
d’intersubjectivité des sujets à l’intérieur de la fratrie et, d’autre part, le niveau
d’intersubjectivité à l’extérieur de la fratrie. Cette évaluation a été possible grâce à la mise
en place d’une grille d’analyse composée de dix items (référence au passé, évaluation du
cadet, attitude vis-à-vis du cadet, positionnement face à la comparaison au cadet, position
de sujet dans la fratrie, avenir de la fratrie, nature de la relation amicale, considération de
l’Autre dans l’amitié, engagement dans la relation de couple, élaboration du partenaire et
position de sujet dans le couple) cotés soit en instrumentalité, soit en intersubjectivité
partielle, soit en intersubjectivité complète. Cette recherche s’était donnée comme double
objectif de vérifier si le niveau d’intériorisation du Moi et de l’Autre chez l’aîné lors de
l’arrivée de son cadet pouvait avoir un lien avec l’élaboration d’une relation de qualité
intersubjective avec ce dernier ; et d’évaluer si nous retrouvions le type de relation à l’Autre
élaboré au sein de la fratrie à l’extérieur de la fratrie. Les résultats ont confirmé notre
première hypothèse générale (r = .79 ; p = .002). En ce qui concerne notre seconde
hypothèse, il existe bien une corrélation entre le niveau d’intériorisation du Moi et de l’Autre
lors de l’arrivée du cadet et l’élaboration de relation intersubjective à l’extérieur de la fratrie
(r = .48 ; p = .10), mais le seuil de significativité ne nous permet pas de garantir la validité du
lien. Nous pouvons expliquer cela d’une part par la petite taille de notre échantillon (12
sujets) et, d’autre part, par le fait que le développement ne soit pas linéaire. De plus, une
relation intersubjective se construit à deux et, selon le partenaire, la qualité de la relation
peut être différente.
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L’élaboration et l’appropriation de ce travail de recherche nous ont permis de relever
certaines spécificités qui offrent de nouvelles perspectives de recherche sur les fratries. Les
sujets évoquent souvent l’éducation et les valeurs inculquées par leurs parents comme
faisant partie intégrante de la qualité de la relation fraternelle. Il serait intéressant de faire
une recherche spécifique sur le rôle des parents dans la qualité de la relation entre frères et
sœurs.
Le sexe de l’enfant détermine la manière dont les parents vont le guider dans son
rapport à son corps propre et dans son rapport aux autres. À partir de là, nous pourrions
envisager que le sexe des membres de la fratrie pourrait en partie déterminer la qualité et le
mode de relation entre aînés et cadets.
Il serait intéressant de considérer plus précisément le niveau d’élaboration du Moi et
de l’Autre chez les aînés de fratrie. Un questionnaire sur le niveau de structuration
psychique des sujets pourrait constituer une suite à la présente recherche.
Les aînés de fratrie avec une faible différence d’âge et qui était dans le détour de la
communication émotionnelle lors de l’arrivée de leur cadet ne sont pas parvenus à élaborer
une relation de qualité intersubjective avec ce dernier. Nous nous sommes posés la question
de savoir s’il y avait un rapport avec d’éventuelles carences au premier détour. Une mère
moins disponible n’aurait pas permis d’assurer à l’enfant la sécurité de base dont il a besoin
dans sa construction identitaire. Ainsi, la carence d’élaboration de la relation avec le cadet
pourrait s’expliquer par une mauvaise intériorisation du premier détour, qui aurait eu des
répercussions sur l’élaboration ultérieure du Moi et de l’Autre.
La question de la jalousie pourrait être travaillée de manière plus spécifique. Quelle
fonction recouvre-t-elle dans la dynamique de développement des membres de la fratrie.
Quel est son impact dans le phénomène de différenciation des frères et sœurs selon la
différence d’âge et l’implication des parents dans la valorisation des compétences et qualités
de leurs enfants.
Enfin de nombreux sujets ont émis l’idée que leur relation se passait mieux, que les
conflits étaient moindres depuis leur départ du domicile familial. Il serait envisageable de
travailler sur le rôle de la séparation dans l’élaboration des conflits fraternels.
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