LES ETIREMENTS DANS LE MILIEU CYCLISTE AMATEUR
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LES ETIREMENTS DANS LE MILIEU CYCLISTE AMATEUR
INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES LES ETIREMENTS DANS LE MILIEU CYCLISTE AMATEUR Etude descriptive de la pratique et des données scientifiques de la littérature Travail Ecrit de Fin d’Etudes réalisé par : PONTOREAU ANTOINE En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute Année 2013 – 2014 Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur est illégale. INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES LES ETIREMENTS DANS LE MILIEU CYCLISTE AMATEUR Etude descriptive de la pratique et des données scientifiques de la littérature Sous la direction de Mr Laurent KOSTUR, directeur de mémoire Travail Ecrit de Fin d’Etudes réalisé par : PONTOREAU ANTOINE En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Masseur-Kinésithérapeute Année 2013 – 2014 Remerciements Mr Laurent KOSTUR, directeur de ce TEFE, pour ses conseils et ses réponses. Mes parents, sans qui ces études n’auraient pas été envisageables. Mon frère Julien, pour m’avoir toujours soutenu et cru en moi. L’ensemble des présidents de clubs contactés, qui ont relayé cette enquête à leurs licenciés. Tous les cyclistes ayant pris de leur temps pour participer à cette étude et la faire progresser. Maxime RESBEUT, pour tous nos échanges lors de ces innombrables soirées à travailler ce mémoire. RESUME Contexte : Depuis maintenant une trentaine d’années, les professionnels de santé et du sport se sont intéressés aux étirements. S’ils ont par le début été ouvertement acceptés et préconisés dans toute pratique sportive, le nombre d’études remettant en cause leurs supposés bienfaits ne cesse de croître depuis une quinzaine d’années. Objectif de l’étude : Comparer la pratique des étirements dans le milieu cycliste amateur avec les données scientifiques de la littérature. Plan de rédaction : Pour ce faire, une première partie se compose d’une recherche documentaire sur les effets des étirements dans la littérature, afin d’analyser les recommandations faites à ce sujet. Une enquête est menée dans un deuxième temps à l’aide d’un questionnaire auprès des cyclistes amateurs. Sa visée globale est de présenter les principaux étirements effectués et leurs objectifs. Ceux-ci seront analysés et décrits. Discussion : Cette étude montre que les étirements sont majoritairement utilisés par les cyclistes, mais révèle qu’ils sont rarement employés pour les bonnes raisons et marque donc une absence de corrélation avec les données de la littérature. Un manque de connaissances évident est à noter sur le sujet. Les kinésithérapeutes étant la source d’information la plus citée dans la recherche d’informations par les coureurs, il leur revient de combler ce manque. Conclusion : Le kinésithérapeute joue un rôle essentiel dans la prévention et la transmission des bonnes informations, afin de diminuer la diffusion des croyances populaires liées aux étirements et de préserver l’intégrité physique des sportifs. Mots-clés : étirements, cyclisme, blessures, performance, courbatures, sport ABSTRACT Background : For around thirty years, health and sport professionals have been interested in stretching. Largely accepted and recommended for all kinds of sport practises at their beginning, the number of studies calling into questions their supposed benefits keeps on growing for around fifteen years. Aim of the study : To compare the practice of stretching in amateur cycling environment with scientific data-based literature. Study design : To this end, a first part consists of a literature research about the effects of stretching, in order to analyse the recommendations concerning them. An investigation is conducted in a second phase using a questionary on amateur cyclists. The global objective is to reveal the main effected stretchings and their goals. Those will be analysed and described. Discussion : This study shows that stretching are mostly used by cyclists, but rarely for the right reasons and reveals that there is no correlation between their use and scientific data-based literature. It highlights a clear lack of knowledge about the issue. Physiotherapists being the most cited among the sources of information for the cyclists, it is up to them to fix this lack. Conclusion : Physiotherapists play a major role in prevention and transmission of the right informations, in order to reduce the spread of the popular beliefs associated with stretching and to preserve the integrity of athletes. Key words : stretching, cycling, injuries, performance, sport, muscle soreness SOMMAIRE INTRODUCTION ......................................................................................................................................1 I. CONTEXTE DE L’ETUDE .....................................................................................................................3 A. Rappels de physiologie musculaire ................................................................................................3 1. Organisation du muscle ..............................................................................................................3 2. Modèle mécanique musculaire de HILL ......................................................................................3 3. Caractéristiques fonctionnelles du tissu musculaire...................................................................4 4. Réflexes médullaires ...................................................................................................................4 B. Les différentes catégories d’étirements .........................................................................................5 1. Les étirements passifs ................................................................................................................5 2. Les étirements actifs ...................................................................................................................5 3. Les étirements activo-passifs......................................................................................................5 C. Effets et conséquences physiologiques des étirements .................................................................6 1. Raideur et souplesse musculaire ................................................................................................6 2. Amplitude articulaire ..................................................................................................................7 3. Echauffement et vascularisation ................................................................................................8 4. Prévention des blessures ............................................................................................................8 5. Prévention des courbatures .......................................................................................................9 6. Performance .............................................................................................................................10 7. Récupération ............................................................................................................................12 II. METHODES, RESULTATS, DISCUSSION ...........................................................................................15 A. Méthode et outil ..........................................................................................................................15 1. Choix et objectif de l’outil utilisé ..............................................................................................15 2. Critères d’inclusion et d’exclusion pour la population étudiée ................................................15 3. Rédaction du questionnaire .....................................................................................................15 4. Diffusion du questionnaire .......................................................................................................16 B. Résultats .......................................................................................................................................16 C. Discussion.....................................................................................................................................23 1. Analyse des résultats ................................................................................................................23 2. Forces et faiblesses du travail : critique de la méthodologie ....................................................26 3. Rôle du kinésithérapeute .........................................................................................................27 III. CONCLUSION ................................................................................................................................29 IV. BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................30 ANNEXES INTRODUCTION Initialement créé comme un simple moyen de transport, le vélo est aujourd’hui presque devenu incontournable. Depuis la santé, par le reconditionnement à l’effort, en passant par le simple loisir et jusqu’au sport, le vélo est utilisé de manières diverses et variées. Sport populaire s’il en est - le Tour de France en étant la parfaite illustration - le nombre de licenciés ne cesse d’augmenter en France et porte en 2013 son total à 116.000 adhérents, soit près de 13% d’augmentation depuis cinq ans. Si le cyclisme sur route est un sport peu traumatisant dans l’ensemble (en 1999-2000, 7 consultations chez un professionnel de santé pour 1000 cyclistes sur route (L’état du vélo au Québec en 2005)), il n’est cependant pas de tout repos. Le tronc et les membres supérieurs sont en effet soumis à des pressions et des vibrations qui peuvent provoquer, du fait de leur maintien en position statique durant de longues périodes, de la fatigue musculaire et un surmenage des articulations. Au niveau des membres inférieurs, évidemment très sollicités, les mouvements répétés de pédalage peuvent engendrer des inflammations des articulations, des tendinites et une certaine fatigue musculaire. De toutes ces atteintes corporelles peuvent résulter un engourdissement général, auquel il est conseillé de remédier. Une des solutions à ce problème peut passer par les étirements. Ces derniers ont pendant longtemps été perçus comme indispensables à toute pratique sportive. Ils sont cependant remis en cause depuis une quinzaine d’années, via de très nombreuses études scientifiques. Malgré cela, les pratiques se sont solidement ancrées, et ce, dans le sport en général. Ainsi, autour des bienfaits des étirements se sont installées de nombreuses croyances populaires, telles que la prévention des courbatures et des blessures, une amélioration de la performance, une meilleure récupération après l’effort… Bien souvent, on se rend compte que les connaissances qu’ont les sportifs sur les étirements et leur pratique sont bien différentes d’un individu à l’autre. Partant de ce questionnement, il apparaît comme logique de penser que chacun s’étire selon ce qu’il juge bon d’après les idées reçues. Il revient ainsi aux professionnels de la santé et du sport, et donc, entre autres, aux kinésithérapeutes, de savoir conseiller les sportifs quant à la bonne utilisation des étirements, afin de freiner la propagation de ces croyances, bien souvent erronées, mais malheureusement difficiles à faire changer. 1 Pratiquant le football en club mais possédant pour le vélo une véritable passion, il m’est par conséquent apparu intéressant de me pencher sur ce sujet. De là en est donc découlé la problématique suivante : « Dans quelle(s) mesure(s) la pratique des étirements par les cyclistes amateurs est-elle en corrélation avec les données scientifiques de la littérature ? » L’objectif de ce travail est donc d’analyser la pratique des étirements dans le milieu cycliste amateur et de la confronter à ce que dit la littérature scientifique sur le sujet des étirements et de leurs effets. Des résultats qui s’ensuivront peuvent définir le rôle qu’a le kinésithérapeute dans la transmission des informations à cette population, et à la population sportive en général. Ce mémoire est une étude descriptive, se basant sur un questionnaire. Pour répondre à cette problématique, le travail se décomposera de la façon suivante : Une première partie, présentant quelques notions de physiologie musculaire, détaillant les différents types d’étirements et analysant les données de la littérature quant à leurs effets sur l’individu. Une deuxième partie, réalisée à l’aide d’un questionnaire et présentant les résultats de l’enquête auprès des cyclistes amateurs. Enfin, une comparaison entre ces résultats et les données scientifiques fera office de discussion, dans laquelle sera également évoqué le rôle du kinésithérapeute. 2 I. CONTEXTE DE L’ETUDE A. Rappels de physiologie musculaire 1. Organisation du muscle Le muscle strié squelettique est l’organe effecteur du mouvement. Il est composé d’un corps musculaire, enveloppé d’un fascia, et de tendons permettant de relier ce corps à ses insertions (os ou organes). Il est constitué de fibres musculaires regroupées en faisceaux, se terminant en fibres de collagène au niveau des tendons. Ces fibres sont elles-mêmes constituées de myofibrilles, composée de myofilaments fins d’actine et ceux épais de myosine (Annexe 1). Ces myofilaments sont responsables de la cinétique musculaire par le glissement de l’actine sur la myosine. Les myofibrilles sont donc les éléments contractiles du muscle, leur unité fonctionnelle étant le sarcomère (MARIEB, 2005). Ces sarcomères sont séparés entre eux par des stries Z. Outre l’actine et la myosine, on note la présence de nombreuses autres protéines, parmi lesquelles : La titine (ou connectine), qui régule l’allongement du sarcomère. Elle est reliée aux filaments de myosine. La nébuline, dont le rôle est de réguler la longueur du filament d’actine. La desmine, qui stabilise le sarcomère lors de la contraction musculaire. Il existe différents types de fibres musculaires (GAIN, 2007) : Les fibres de type I : elles sont endurantes, très résistantes à la fatigue mais développent peu de force. Ce sont des fibres lentes, dites « du marathonien ». Les fibres de type IIb : elles sont beaucoup plus fatigables mais développent bien plus de force. Ce sont des fibres rapides, dites « du sprinteur ». Les fibres de type IIa : ce sont des fibres intermédiaires entre les fibres I et IIb. La répartition de ces fibres est fonction de plusieurs facteurs, dont le type de muscle et l’âge, les fibres de type II ayant tendance à diminuer avec le temps. 2. Modèle mécanique musculaire de HILL HILL décrit en 1938 un modèle mécanique du muscle, que SHORTEN actualise en 1987. Ce modèle comprend trois composantes (Annexe 2) : La composante contractile (CC), formée par les ponts d’actine – myosine au niveau du sarcomère. 3 La composante élastique série (CES), qui est constituée de deux parties : une active, qui est la composante contractile ; une passive, le tendon et ses fibres de collagène. La composante élastique parallèle (CEP), composée du sarcolemme (membrane des myofibrilles) et de l’ensemble des enveloppes musculaires (tissu conjonctif). 3. Caractéristiques fonctionnelles du tissu musculaire Le tissu musculaire se définit par plusieurs propriétés qui sont : L’excitabilité : capacité à répondre à un stimulus mécanique, électrique ou chimique. La visco-élasticité : capacité à reprendre sa position initiale après un étirement. L’extensibilité : capacité à se laisser étirer. La contractilité : capacité de pouvoir se raccourcir. La compliance : capacité à emmagasiner de l’énergie élastique potentielle (COULMY, 2007). La raideur : capacité à restituer l’énergie élastique (COULMY, 2007). On distingue dans la raideur deux types de tensions musculaires : la tension passive, produite par la CES (tendons) et la CEP (enveloppes et aponévroses) ; la tension active, qui est proportionnelle à la quantité de ponts actine / myosine dans les sarcomères (GAIN, 2007). De l’addition de ces deux tensions en résulte la courbe tension / longueur (Annexe 3). 4. Réflexes médullaires Le réflexe myotatique : lors d’un étirement non sollicité d’un muscle et de ses fuseaux neuromusculaires, les fibres sensitives apportent des afférences nerveuses au motoneurone α, lequel renvoie via les fibres motrices efférentes l’ordre de contraction au muscle étiré afin de se défendre. Ce réflexe est monosynaptique et n’est pas déclenché lors de l’étirement sportif car celui-ci est progressif et volontaire. Le réflexe d’inhibition réciproque : lors d’un étirement non sollicité d’un muscle agoniste, celui-ci va se contracter grâce au réflexe myotatique comme vu précédemment. Afin de favoriser la coordination intermusculaire, un interneurone inhibiteur va favoriser le relâchement du muscle antagoniste pour permettre la contraction de l’agoniste via un réflexe polysynaptique. Le réflexe myotatique inverse : lorsqu’un muscle est en train de fournir un effort trop important, ce réflexe démarre des organes tendineux de Golgi (situés dans le tendon) dans un objectif de protection du tendon et permet le relâchement musculaire. 4 B. Les différentes catégories d’étirements Selon le Petit Larousse (2014), l’étirement est un « Exercice pratiqué pendant l'échauffement précédant une activité sportive ou pendant la relaxation qui suit celle-ci, et jouant sur la contraction et le relâchement des muscles étirés. » Les étirements existent sous différentes formes, qu’il convient de préciser dans la mesure où elles n’apportent pas les mêmes effets. Le sportif amateur n’ayant pas toujours avec lui une personne à sa disposition, voici les étirements pouvant s’effectuer de manière autonome. GEOFFROY les sépare en trois catégories, selon qu’ils présentent une composante passive, active ou activopassive (GEOFFROY, 2008). 1. Les étirements passifs Les étirements passifs statiques : le muscle ou le groupe musculaire est amené de manière lente et progressive dans la course externe. Deux paramètres sont modifiables : le temps de maintien (de 5 à 60 secondes), ainsi que l’amplitude. Ils sollicitent dans un premier temps la composante contractile, puis dans un second la composante élastique parallèle. Ces étirements sont très répandus dans le milieu sportif. Les postures : le principe est le même mais le temps de maintien est de l’ordre de plusieurs minutes. 2. Les étirements actifs Les étirements actifs statiques : il s’agit de placer le muscle en position d’étirement non maximale puis de le contracter de manière isométrique. Ils sollicitent les jonctions myotendineuses. Les étirements balistiques : ils correspondent à la mise en tension de muscles ou d’une chaîne musculaire par un mouvement pendulaire. Ils s’effectuent durant l’échauffement et doivent se faire de manière progressive à cause des risques de blessures qu’ils représentent. Les étirements activo-dynamiques : ils se définissent par l’étirement du muscle (sousmaximal) ainsi que sa contraction (statique ou faiblement excentrique), suivis d’une phase dynamique concentrique après le relâchement. 3. Les étirements activo-passifs Ce sont les techniques dites PNF (Proprioceptive Neuromuscular Facilitation) qui font appel aux réflexes musculaires. 5 Le contracté – relâché : le muscle est contracté dans une position d’étirement, puis relâché, et enfin étiré, en profitant de son inhibition grâce au réflexe myotatique inverse. Le contracté – relâché avec contraction de l’antagoniste (étirement CRAC) : le principe est le même mais la contraction concerne le muscle antagoniste à celui étiré, le réflexe d’inhibition réciproque de Sherrington étant ici mis en jeu. C. Effets et conséquences physiologiques des étirements 1. Raideur et souplesse musculaire L’un des principaux objectifs des étirements est de diminuer la raideur musculaire, donc d’augmenter la souplesse. ⋄ Sur le court terme La majorité des études semble montrer une baisse de cette raideur (BARRUE-BELOU, 2010 ; COULMY, 2007 ; MAGNUSSON, 1998 ; MORSE et al., 2008), qui ne serait que temporaire puisqu’elle disparaîtrait environ 1h après l’étirement (MAGNUSSON, 1998). ⋄ Sur le long terme Les études sont divergentes et les niveaux de preuve sont faibles. Certains auteurs n’objectivent aucune différence de raideur (MAHIEU et al., 2007 et 2009 ; MAGNUSSON, 1998 ; YLINEN et al., 2009) tandis que certains notent une diminution (GUISSARD & DUCHATEAU, 2004 ; HERDA et al., 2009 ; MARQUES et al., 2009). Peu d’études trouvent une augmentation. D’après CHAN et al. (2001), la durée du protocole aurait un impact, davantage que la durée d’étirement. SHRIER et GOSSAL (2000b) précisent que l’augmentation de la souplesse musculaire serait moins due à une baisse de la raideur musculaire qu’à une tolérance à l’étirement, par inhibition des nocicepteurs. Cette tolérance à l’étirement pourrait à terme constituer un danger pour l’intégrité musculaire. Les techniques PNF seraient les plus « efficaces » pour s’habituer à la douleur. Pour conclure, si aucun consensus n’est imposé, il semble en tout cas admis que la raideur musculaire n’augmente pas avec les étirements, mais que sa diminution n’est pas prouvée. Enfin, WITVROUW et al. (2004) renvoient l’idée qu’il faut analyser le sport pratiqué par l’individu, et que chaque étirement est propre à chacun. Le cyclisme étant un sport comportant peu de mouvements brusques – dans l’ensemble – il n’est pas nécessaire d’avoir à emmagasiner 6 beaucoup d’énergie ni de la restituer de manière brutale. Par conséquent, s’étirer pour gagner en souplesse ne semble pas particulièrement utile. Il convient là encore de prendre en compte les spécificités du coureur : un grimpeur au train ou un rouleur effectuent des mouvements très réguliers, aussi auront-ils moins besoin de raideur qu’un sprinteur ou un puncheur qui demandent dans leurs actions de grandes puissance et explosivité, qu’une trop grande souplesse ne permettrait pas. Ainsi, les étirements statiques sont d’autant plus déconseillés à ce dernier type de coureurs qui n’y trouverait pas d’avantage dans l’objectif d’un gain de souplesse. 2. Amplitude articulaire ⋄ Sur le court terme Une augmentation des amplitudes passives est démontrée par plusieurs études (CHAN et al., 2001 ; GUISSARD et al., 2001 ; GUISSARD & DUCHATEAU 2004 ; MAGNUSSON, 1998). YUKTASIR et KAYA (2009) comparent le stretching statique et les méthodes de PNF (Proprioceptive Neuromuscular Facilitation), et concluent en disant que les deux techniques augmentent les amplitudes articulaires. Des comparaisons ont été menées entre étirements dynamiques et statiques. Il en ressort que les deux auraient tendance à augmenter l’amplitude (AYALA et al., 2012 ; ROBERTS & WILSON, 1999 ; SAMUKAWA et al., 2011). A l’instar de la baisse de raideur musculaire, O’SULLIVAN et al. (2009) ainsi que ZILTENER et al. (2005) indiquent que le gain d’amplitude reste très temporaire et s’estompe rapidement. ⋄ Sur le long terme Les étirements pratiqués durant plusieurs semaines apportent un gain d’amplitude articulaire. De nombreux auteurs préconisent 3 séances par semaine pour une efficacité optimale (FERREIRA et al., 2007 ; HIGGS & WINTER, 2009 ; MAHIEU et al., 2007 et 2009). Les techniques les plus adaptées pour un gain sur le long terme seraient les PNF, telles que le contracté – relâché (COULMY, 2007 ; MITCHELL et al., 2007). FASEN et al. (2009) comparent dans leur étude les étirements actifs et passifs durant 8 semaines : les actifs donnent les meilleurs résultats après 4 semaines, les passifs après 8. Il apparaît donc qu’à long terme, les méthodes les plus efficaces soient les étirements passifs et les PNF. 7 Là encore, tout comme pour la compliance musculaire, le gain d’amplitude sur le long terme se fait davantage par une tolérance à l’étirement, qui permet de gagner un peu plus à chaque séance. 3. Echauffement et vascularisation L’effort musculaire se réalise de manière optimale avec un muscle chaud, passant donc par l’élévation de sa température interne. L’échauffement est donc un préalable nécessaire à l’activité, là où les étirements ne le sont pas forcément. En effet, bien qu’ils soient largement répandus durant la pratique de l’échauffement, de nombreux auteurs remettent en cause l’utilisation des étirements passifs (ALTER, 1996 ; COMETTI, 2003 ; ZILTENER et al., 2005). Ces derniers provoquent en effet une compression des capillaires sanguins musculaires, engendrant par là même un effet ischémiant qui n’est pas de nature à augmenter la température interne du muscle. Ils sont les plus à proscrire pour une recherche d’élévation de température. Certaines études soulignent que les étirements activo-dynamiques sont à privilégier : le travail concentrique qui suit l’allongement aurait un rôle de pompe musculaire, augmentant ainsi l’afflux sanguin et donc la température (GEOFFROY, 2008 ; GREMION, 2005 ; SHRIER, 2004). Il convient cependant de noter que, de l’avis général, aucun type d’étirement n’est vraiment à même d’augmenter la température musculaire ; tout au mieux, celle-ci ne diminue pas. La manière sûre d’y parvenir reste l’échauffement. 4. Prévention des blessures Il est courant de voir que la croyance selon laquelle les étirements avant l’activité aident à prévenir les blessures est assez répandue dans la pratique sportive de tous les jours. Là encore, les études remettent largement en cause cette idée reçue, certaines ne leur attribuant aucun rôle de prévention, d’autres leur donnant même la propriété d’augmenter le risque. S’il a été prouvé que l’échauffement permet effectivement de prévenir les blessures par l’élévation de la température musculaire (SAFRAN et al., 1988), il n’en est pas de même pour les étirements statiques qui, nous l’avons vu précédemment, font baisser – ou tout du moins, stagner – cette température. Ainsi, le rôle de prévention des lésions des étirements statiques avant l’effort n’est pas admis. C’est ce que soulignent YEUNG et al. (2011) dans leur revue de littérature, incluant plus de 30.000 coureurs à pied. Les sujets s’étiraient de manière statique avant l’effort, avec ou sans échauffement : la diminution des blessures n’a pas été prouvée. 8 De nombreuses revues de littérature corroborent ce point (HERBERT & GABRIEL, 2002, ; HERBERT, 2008 ; THACKER et al., 2004 ; WELDON & HILL, 2003). Ces études, prenant en compte différents types d’étirements, convergent toutes vers le fait qu’ils ne constituent pas un rôle préventif et ce, qu’ils soient effectués avant ou après l’activité. La revue de WELDON et HILL montre cependant que plusieurs études relayent l’idée d’une diminution des blessures de type musculo-tendineux. Ces travaux étant d’une méthodologie assez faible, ces informations restent cependant à relativiser. SHRIER (2000a) indique qu’une grande partie des blessures survient dans des amplitudes naturelles en phase excentrique, et qu’il est par conséquent inutile de chercher à les augmenter dans les sports ne nécessitant pas d’amplitudes extrêmes, ce qui est le cas pour le cyclisme. D’autre part, la tolérance à l’étirement peut être dangereuse sur le long terme : l’individu s’habituant à la douleur, les nocicepteurs ne sont plus aussi vigilants et le risque de se blesser augmente donc (SHRIER & GOSSAL, 2000b) 5. Prévention des courbatures Les courbatures sont des douleurs musculaires, la plupart du temps sans gravité, survenant souvent après un effort inhabituel et / ou intense. Leur apparition est retardée d’environ 24-48h après l’effort et leur durée peut être de l’ordre de plusieurs jours. Elles sont également appelées DOMS (Delayed Onset Muscle Soreness). ⋄ Sur le court terme Les courbatures, contrairement aux croyances, ne sont pas dues à une accumulation d’acide lactique dans le muscle, mais à des micro-lésions des sarcomères qui sont la conséquence d’un allongement trop important, le plus souvent suite à un travail excentrique (BARRUE-BELOU, 2010 ; HERBERT, 2008). Etirer un muscle revenant à allonger des sarcomères préalablement étirés de par l’activité excentrique, le risque est donc d’abîmer davantage la structure musculaire en majorant ces lésions. Ainsi, les études et les revues de littérature déconseillent l’utilisation des étirements dans l’optique de prévenir les courbatures (BARRUE-BELOU, 2010 ; GREMION, 2005 ; HERBERT, 2008 ; HERBERT et al., 2011). ZILTENER et al. (2005) conseillent d’éviter tout particulièrement les étirements statiques dans la mesure où ce sont ceux-ci qui ont la plus grande action sur l’allongement du muscle. Il est intéressant de noter que les études se rejoignent sur le fait que les étirements ne contribuent pas à diminuer les courbatures, qu’ils soient placés aussi bien avant, pendant ou après l’effort 9 (BUROKER & SCHWANE, 1989 ; JOHANSSON et al., 1999 ; WESSEL & WAN, 1994 ; WIEMANN & KAMPHOVNER, 1995). L’étude de MCHUGH et al. (1999) est intéressante : trois groupes, de raideur musculaire différente, ont exécuté une séance de travail pliométrique. Le groupe le plus raide était celui qui a ressenti le plus de courbatures, tandis que le groupe le plus souple n’a éprouvé aucune douleur. La sensation de bien-être que ressentent les individus courbaturés lorsqu’ils s’étirent peut de nouveau être expliquée par l’inhibition des nocicepteurs (SHRIER & GOSSAL, 2000b). Cette sensation est donc trompeuse puisqu’au lieu de diminuer les courbatures, celles-ci s’en retrouvent majorées. ⋄ Sur le long terme HERBERT et al. (2011) traitent du fait que l’apparition des courbatures peut être diminuée sur le long terme par l’effet des étirements. En effet, ceux-ci, de par le gain de souplesse qu’ils procurent, sont à même de diminuer les dommages musculaires typiques des efforts excentriques. Auparavant, l’idée avait été partagée par PREVOST (2005) qui indiquait que les muscles les plus susceptibles de voir apparaître des courbatures sont les plus raides. 6. Performance L’amélioration de la performance étant un point régulièrement évoqué des supposés avantages que procureraient les étirements, de nombreux travaux ont étudié la question. ⋄ Sur le court terme La majorité des études se sont penchées sur des performances concernant les sauts verticaux et les sprints, donc des efforts explosifs. TSOLAKIS et BOGDANIS (2012) soulignent que, couplés à 5 minutes d’échauffement, des étirements statiques longs (45s) font baisser la hauteur de saut tandis que des courts (15s) n’apportent aucune différence. HOUGH et al. (2009) indiquent pour leur part que les étirements statiques avant l’exercice diminuent la performance de sauts tandis que les dynamiques l’augmentent. YAPICOGLU et al. (2013) trouvent également de leur côté une amélioration de la hauteur avec un échauffement comportant des étirements dynamiques, mais aucun changement n’est en revanche constaté avec les statiques. LITTLE et WILLIAMS (2006) montrent chez des footballeurs professionnels que les étirements statiques inclus dans un échauffement ne modifient pas la vitesse de course, tandis que les 10 dynamiques l’augmentent. FAVERO et al. (2009) concluent eux en disant que dans le cadre d’un échauffement, les étirements dynamiques diminuent la vitesse sur un sprint de 40m. Concernant le cyclisme, WOLFE et al. (2011) affirme que les étirements statiques sont à proscrire en amont d’un effort modéré à vélo. Dans leur revue de littérature de 106 études, KAY et BLAZEVICH (2012) indiquent que les étirements statiques avant l’exercice, s’ils durent moins de 60 secondes, ne nuisent pas à la performance sportive, sans pour autant l’augmenter. Les pratiques de terrain n’excédant que très rarement la minute, il conclut par le fait qu’ils peuvent être inclus dans un programme d’échauffement. MCHUGH et COSGRAVE (2010), ayant rassemblé 37 études, indiquent que les étirements statiques avant l’effort diminuent la force mais que cette diminution est atténuée s’ils sont couplés à un échauffement. Enfin, dans sa revue systématique de 23 articles, SHRIER (2004) est lui plus radical en montrant que 22 études trouvent une baisse ou une absence de différence dans la performance. Les étirements statiques, balistiques et PNF ont été pris en compte, et les sujets étaient des deux sexes, enfants ou adultes, sportifs ou sédentaires. Cette baisse de performance dans des efforts explosifs peut s’expliquer par le phénomène de « creeping » (WYDRA, 1997) : la structure du tendon est organisée de manière torsadée. Lors d’étirements statiques, les tensions subies ont pour conséquence de modifier cette organisation : les fibres de collagène se détendent, induisant ainsi une diminution de raideur musculaire. Or, cette raideur est essentielle pour restituer rapidement l’énergie nécessaire lors de tels efforts : la performance s’en voit donc diminuée. Ce phénomène est réversible mais nécessite un certain délai ; il est donc par conséquent déconseillé de s’étirer de manière statique avant ce type d’épreuve. Pour résumer, il semble que les performances à court terme soient diminuées par les étirements statiques. Il apparaît que les étirements dynamiques les diminuent beaucoup moins, ne les modifient pas, voire même les augmentent. Les études sur ce dernier type d’étirements étant proportionnellement bien plus faibles, il convient de les relativiser. ⋄ Sur le long terme Toujours dans sa revue de 2004, SHRIER indique que sur les 9 études portant sur le long terme, 7 relèvent des effets positifs, les 2 autres ne notant pas de différence. HANDEL et al. (1997) 11 trouvent, après un programme de 6 semaines de PNF, une augmentation de plus de 20% du moment de force maximal. Les études sur le long terme ne sont pas nombreuses et BARRUE-BELOU (2010) limite les apports précédents en considérant que la question pose encore beaucoup d’interrogations. 7. Récupération COMETTI (2003) considère que 3 aspects sont à prendre en compte concernant la récupération. L’élimination des éventuels déchets musculaires, facilitée par une augmentation de la vascularisation. La prévention et / ou la diminution des courbatures Le relâchement musculaire, passant par une diminution de la raideur. Comme vu précédemment, les étirements ne favorisent pas la vascularisation, entraînant la compression des capillaires sanguins. Tout au mieux la stabilisent-ils, mais de l’avis général, ils sont à proscrire, particulièrement les étirements statiques. On peut noter que MASTEROVOI (1964), cité par COMETTI (2003), avance qu’un moyen d’élever la température consisterait en des contractions de 20 à 50% de la force maximale. Toutefois, la grande majorité des études tend donc à les déconseiller. Concernant les courbatures, cela a également été expliqué auparavant, qu’ils soient placés avant ou après l’effort, les étirements ne sont – à court terme – en rien des acteurs dans leur prévention ou leur diminution. A propos du relâchement musculaire, les données sont ici de nature un peu confuse. En effet, les travaux de GUISSARD et al. (1988) affirment que les étirements favorisent le relâchement, et que les techniques les plus efficaces pour l’obtenir sont les techniques PNF. Or, nous avons vu que ces dernières présentent un travail excentrique, lequel est le plus favorable à l’apparition des courbatures, s’éloignant de l’idée de la récupération. Une séance d’étirements après l’effort reste toutefois pour beaucoup d’individus un moment agréable, un rituel de détente lors duquel ils se sentent à l’aise. L’explication de SHRIER et GOSSAL (2000b) semble toujours être la règle, à savoir le phénomène de « stretch tolerance » : l’individu s’habitue à aller de plus en plus loin par l’inhibition de ses nocicepteurs, lui procurant ce sentiment agréable. 12 Résumé général des effets des étirements ⋄ Avant l’effort Les étirements avant l’effort ne sont pas des garants de l’augmentation de la température intra-musculaire, en particulier les étirements statiques : au contraire, ils la diminuent. Ainsi, leur utilisation isolée dans le but d’échauffer le muscle avant l’effort est erronée : l’échauffement reste la base solide. Seuls les étirements activo-dynamiques semblent ne pas avoir d’effets abaisseurs, tandis que les étirements balistiques servent davantage au rodage articulaire. Ils diminuent la raideur mais ceci n’est que temporaire et il convient à chaque sportif de jauger le degré de raideur ou souplesse qu’il va nécessiter dans son activité. Aussi, les sports explosifs à type de sauts, accélérations, n’ont pas besoin d’augmenter leur souplesse car cette dernière va altérer leurs performances. L’amélioration des performances, justement, est un facteur souvent cité pour les effets bénéfiques des étirements. Pourtant, la majorité des études n’est pas en leur faveur avant l’exercice, en particulier là encore pour les étirements statiques, à cause de la baisse de raideur qu’ils engendrent. Les activo-dynamiques ont un rôle contesté, mais sont en tout cas moins délétères que les statiques. Il est cependant à noter que les sports requérant de grandes amplitudes nécessitent des étirements pour pouvoir les atteindre. Concernant la prévention des courbatures, de nombreuses études s’accordent à dire que les étirements ne remplissent pas ce rôle préventif s’ils sont placés avant l’exercice, tout particulièrement les statiques. Effectivement, ceux-ci ont une action sur les mêmes structures musculaires affectées par le travail excentrique, qui est le plus à même de développer des courbatures. Les effectuer avant l’effort avancerait donc les lésions survenant pendant l’exercice. A l’instar de la prévention des courbatures, celle des blessures n’est toujours pas admise actuellement. Il semblerait au contraire que les étirements les majoreraient, et rendraient les muscles moins vigilants à cause de l’effet du « stretch tolerance », expliqué plus haut. ⋄ Après l’effort Pareillement à leur utilisation avant l’effort, les étirements post-exercice sont à proscrire pour prévenir les courbatures. Si l’activité a été inhabituellement intense, les fibres musculaires sont déjà lésées et ajouter des étirements en surplus ne va faire que majorer les courbatures. C’est là le paradoxe puisque l’on se sent généralement mieux après avoir étiré un muscle courbaturé : cela est dû à l’effet inhibitif des nocicepteurs. La sensation de détente que les étirements provoquent est donc trompeuse. 13 Leurs effets supposés sur la récupération est également fausse pour l’élimination des déchets, dans la mesure où celle-ci n’est pas permise par l’effet constricteur des vaisseaux sanguins des étirements statiques. En revanche, ils permettent de relâcher le muscle et de redonner une certaine mobilité aux articulations enraidies par l’activité. ⋄ A distance de l’effort Le principal objectif des étirements effectués à un certain intervalle d’une activité sportive est d’augmenter la souplesse et les amplitudes articulaires. La littérature est unanime sur ce point : quel que soit le type d’étirements employés, leur utilisation sur le long terme est en effet efficace. Les études montrent cependant que les plus utiles sont les étirements type activo-passifs type PNF, tels que le contracté – relâché. Enfin, la pratique régulière d’étirements aurait à long terme un effet bénéfique sur la prévention des courbatures puisque ce sont les muscles les plus souples qui sont les moins susceptibles de développer des courbatures. Là encore, il convient à chaque sportif d’évaluer le degré de souplesse que requiert son activité. Pour conclure cette 1e partie, les étirements présentent quelques avantages et, utilisés à bon escient, peuvent être une aide au quotidien du sportif. Cependant, il convient de les relativiser et de se méfier de leurs nombreux bienfaits reportés dans les croyances populaires. 14 II. METHODES, RESULTATS, DISCUSSION A. Méthode et outil 1. Choix et objectif de l’outil utilisé Afin de présenter un aperçu le plus fiable possible de la pratique de terrain, cette enquête se devait de réunir un grand nombre de réponses, pour soumettre ces dernières aux données de la littérature. Ainsi, de manière à pouvoir toucher rapidement un large public, le questionnaire a été choisi. L’objectif de ce questionnaire est donc multiple : Chiffrer la proportion de cyclistes effectuant des étirements Evaluer le ou les types d’étirements qu’ils pratiquent Situer le ou les moments où ils les exercent Savoir dans quel(s) objectif(s) les pratiquent-ils Objectiver leurs connaissances à propos des étirements 2. Critères d’inclusion et d’exclusion pour la population étudiée La population concernée pour ce questionnaire se constitue de cyclistes amateurs, hommes et femmes, pratiquant leur sport en compétition, allant des cadet(te)s jusqu’aux vétérans. Voici la synthèse des critères d’inclusion et d’exclusion. Critères d’inclusion Pratiquer le cyclisme sur route en compétition Faire partie d’un club depuis au moins un an Etre âgé d’au moins 15 ans Pratique ou non des étirements Critères d’exclusion Etre âgé de plus de 60 ans Etre professionnel 3. Rédaction du questionnaire Ce questionnaire comporte 15 questions, comprenant un total de 21 questions : 2 sont en effet doubles (8a, 8b…) et 2 sont triples (10a, 10b, 10c…). 12 sont fermées et 3 ouvertes. Il est constitué de 4 parties : 15 La 1e concerne le profil identitaire de l’individu (âge et sexe) La 2e détaille la pratique du cyclisme en lui-même La 3e s’intéresse à la pratique des étirements La 4e a pour but de rendre compte des connaissances – supposées ou réelles – qu’ont les coureurs à propos des étirements Il a ensuite été testé auprès de 6 proches, qui m’ont fait part de leurs impressions quant à sa clarté et sa facilité de compréhension. Les questions portant sur la description des étirements ont ainsi été revues, avant de soumettre le questionnaire à mon directeur de mémoire, qui a autorisé son envoi. Il est présenté en Annexe 4. 4. Diffusion du questionnaire Afin de réunir le plus large échantillon possible, 407 présidents de clubs ont été contactés. Ces clubs se situent à travers toute la France, aucune distinction de niveau n’ayant été faite, allant du départemental au national, l’important étant que la structure comporte des coureurs amateurs. Sa diffusion s’est faite via Internet afin d’obtenir facilement et rapidement des retours. B. Résultats Le délai pour remplir le questionnaire était de 3 semaines. Malgré le nombre conséquent de clubs contactés, peu de retours ont proportionnellement été reçus. Ainsi, seules 132 réponses me sont parvenues. 14 étaient incomplètes et / ou comportaient des réponses erronées et n’ont par conséquent pu être prises en compte ; l’enquête porte donc au final sur un total de 118 retours. Les résultats complets sont présents en Annexe 5. Le tableau 1 récapitule les questions 1, 2 et 4 et présente l’âge des individus ainsi que le nombre de kilomètres roulés par an. L’écart-type à la moyenne et les extrêmes sont indiqués. Echantillon total Hommes Femmes n = 118 n = 116 n=2 Age (ans) ± SD 31,3 ± 12,4 31,5 ± 12,5 30 ± 9 Extrêmes 15 - 60 15 - 60 21 - 39 Kms par an 9547 ± 5079 9652 ± 5056 3500 ± 1500 Extrêmes 2000 - 25000 2000 - 25000 2000 - 5000 Note : SD = Standard deviation (Ecart-type) 16 3. Années de pratique du cyclisme en club 19% Plus de 20 ans 26% De 10 à 20 ans 25% De 5 à 10 ans 30% De 1 à 5 ans 0 5 10 15 20 25 30 5. Catégories d'âge des individus 33% Vétérans 32% Seniors 16% Espoirs 10% Juniors 8% Cadet(te)s 0 5 10 15 20 25 30 35 On note que près des 2/3 des interrogés (65%) sont des adultes de plus de 21 ans. 6. Niveau de pratique 16% National 37% Régional 47% Départemental 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 7. Votre club dispose-t-il d'un entraîneur diplômé ? 71% Oui 29% 71% des interrogés possèdent un entraîneur diplômé au sein de leur club. 17 Non 8a. Pratiquez-vous les étirements ? 66% Oui 34% Non Près des 2/3 des coureurs interrogés déclarent s’étirer. 8b. Pourquoi ne pratiquez-vous pas les étirements ? Je n'en ai pas le temps 40% 50% Je n'en éprouve pas le besoin 10% Autre Parmi les 40 personnes ne s’étirant pas, 50% disent ne pas en éprouver le besoin, et 10% ne pas en avoir le temps. Dans les 40% ayant évoqué d’autres raisons, les principales sont la négligence et l’absence de connaissances sur le sujet. Concernant les questions 9, 10a à 10c, 11a à 11c et 15b, la somme des pourcentages est supérieure à 100 car plusieurs choix de réponses étaient possibles pour une seule et même question. 9. A quel moment effectuez-vous les étirements ? 40% A distance d'une sortie 63% Après une compétition 19% Avant une compétition 87% Après un entraînement 17% Avant un entraînement 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 En regroupant entraînement et compétition, 90% des sujets qui s’étirent le font après une sortie, contre seulement 27% avant et 40% à distance des sorties. 18 10a. Types d'étirements pratiqués avant une sortie Balistiques 14% Activo-passifs 14% 19% Activo-dynamiques 38% Actifs statiques 43% Passifs statiques 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 La part d’étirements statiques avant une sortie est dominante, les passifs statiques et actifs statiques se détachant assez nettement (respectivement 43 et 38%). Les activo-dynamiques sont peu utilisés (19%), tandis qu’avec 14%, les activo-passifs et balistiques pointent en dernière position. 10b. Types d'étirements pratiqués après une sortie 10% Balistiques 9% Activo-passifs 14% Activo-dynamiques 44% Actifs statiques 59% Passifs statiques 0 10 20 30 40 50 60 Les étirements statiques se détachent encore plus nettement après une sortie (passifs 59%, actifs 44%), tandis que les activo-dynamiques, balistiques et activo-passifs régressent tous par rapport à leur utilisation avant les sorties. 10c. Types d'étirements pratiqués à distance d'une sortie 10% Balistiques 16% Activo-passifs 19% Activo-dynamiques 26% Actifs statiques 68% Passifs statiques 0 10 20 30 40 50 60 70 Enfin, l’écrasante majorité des coureurs s’étirant à distance des sorties le font avec des passifs statiques (68%). On peut donc noter que, quel que soit le moment considéré, les étirements les plus utilisés sont sans conteste les passifs statiques. 19 11a. Visées des étirements effectués avant une sortie 5% Autre 29% Prévention des courbatures 14% Rituel 48% Détente / Effet antalgique 33% Prévention des blessures 24% Amélioration de la performance 86% Diminution de la raideur musculaire / Gain de souplesse 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Une grande majorité (86%) indique vouloir gagner en souplesse et diminuer la raideur avant la sortie. Suivent la recherche de l’effet antalgique à 48%, la prévention des blessures à 33%, celle des courbatures à 29%, et l’amélioration de la performance pour près d’1/4 d’entre eux (24%). Les effectuer pour le rituel reste minoritaire (14%). Dans les autres raisons invoquées, un coureur a indiqué vouloir lutter contre une sciatique L5 – S1. 11b. Visées des étirements effectués après une sortie 1% Autre 64% Prévention des courbatures 19% Rituel 29% Détente / Effet antalgique 24% Prévention des blessures 77% Meilleure récupération 71% Diminution de la raideur musculaire / Gain de souplesse 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Après la sortie, 3 objectifs se détachent très nettement : le 1er est une meilleure récupération à 77%, le 2nd une diminution de la raideur (71%), et le 3e la prévention des courbatures à 64%. La prévention des blessures n’est citée que dans ¼ des cas (24%). L’autre raison est également la lutte contre la sciatique. 20 11c. Visées des étirements effectués à distance d'une sortie 3% Autre 29% Prévention des courbatures 16% Rituel 32% Détente / Effet antalgique 35% Meilleure récupération 77% Diminution de la raideur musculaire / Gain de souplesse 0 10 20 30 40 50 60 70 80 A distance des sorties, l’objectif très majoritaire est le gain de souplesse (77%). Suivent de manières sensiblement égales la récupération, la détente et la prévention des courbatures. Un assouplissement du bassin constitue l’autre raison. 12. Muscles étirés 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 85% 27% 45% 56% 76% 85% 42% 6% 3% 21% 3% 17% Sans surprise, on retrouve ici tous les grands muscles des membres inférieurs. Ainsi, 85% étirent les quadriceps et les ischio-jambiers, 76% les triceps suraux et 56% les fessiers. Les adducteurs, les paravertébraux, les psoas-iliaques et les muscles de la région cervicale sont également régulièrement cités. Les autres muscles étirés sont les abdominaux, cités une fois. 21 13. Aviez-vous connaissance des différents types d'étirements ? 15% Oui 58% 27% Plus ou moins Non On note que les différents étirements possibles ne sont connus que d’1/4 de la population interrogée (27%), tandis que ces connaissances sont partielles chez 58% des coureurs. 14. Pensez-vous effectuer vos étirements en corrélation avec les données scientifiques ou les faites-vous par simples croyances populaires, selon les idées que vous avez reçues ? 47% 53% Démarche scientifique Croyances populaires / Idées reçues Plus de la moitié des coureurs (53%) admettent ne pratiquer les étirements qu’en vigueur des « mythes » ancrés dans les pratiques sportives concernant le sujet. 15a. Vous-êtes vous déjà informé(e)s à propos de ce que disent les données scientifiques sur la pratique des étirements ? 65% Oui 35% Non Les effets des étirements sont une source d’intérêt chez les cyclistes dans la mesure où ces derniers sont 65% à s’être déjà renseignés. 22 15b. Auprès de qui vous êtes-vous renseignés par rapport aux effets des étirements ? 10% Autre 39% Magazines, documentation écrite 35% Internet 57% Kinésithérapeutes 20% Médecins 22% Autres coureurs 51% Entraîneurs 0 10 20 30 40 50 60 Enfin, deux groupes de personnes se détachent dans les sources de consultations : les entraîneurs pour la moitié des coureurs (51%) et les kinésithérapeutes à 57%. Internet et la documentation écrite sont également consultés (35 et 39%), ainsi que les médecins à 20% et l’échange entre coureurs (22%). Les autres sources sont les professeurs de sport, les ostéopathes ainsi que l’expérience personnelle. C. Discussion 1. Analyse des résultats ⋄ Etirements avant les sorties On constate qu’une immense majorité des coureurs (86%) s’étirant avant les sorties le fait dans un souci de diminution de raideur, de gain de souplesse. Or, nous l’avons vu dans la 1e partie, rendre le muscle plus souple avant l’effort n’est pas ce qui semble le plus utile en cyclisme, bien qu’il faille prendre en compte le profil du coureur. L’utilisation des étirements statiques chez 63% d’entre eux a de plus tendance à diminuer la performance, effet confirmé par la littérature. Pourtant, 24% des coureurs les utilisent afin de l’améliorer. 33% des individus s’étirent pour prévenir les blessures, alors que la très grande majorité des études a démontré que ces étirements n’ont pas de rôle de prévention, pouvant au contraire augmenter le risque. Ce dernier se retrouve même majoré à cause du « stretch tolerance », 48% cherchant en effet le côté antalgique des étirements. Quant aux 29% recherchant la prévention des courbatures, il a là aussi été démontré que les étirements avant l’effort ne les préviennent pas. D’autre part, seuls 19% des cyclistes utilisent les étirements activo-dynamiques, alors que ces derniers sont les moins délétères avant l’exercice : contrairement aux étirements statiques qui vont 23 diminuer la température intra-musculaire et donc minorer les effets de l’échauffement, les activodynamiques semblent au moins la stabiliser. La pratique des étirements avant l’effort ne semble donc pas en corrélation avec ce que dit la littérature. Toutefois, il est à noter que seuls 27% des coureurs ayant répondu à ce questionnaire s’étirent à ce moment-là. ⋄ Etirements après les sorties Le 1er effet recherché est une meilleure récupération, citée par 77% des coureurs s’étirant après les sorties. Or, les étirements statiques prévalant largement (59% font des passifs statiques, 43% des actifs statiques), ces individus ne favorisent pas leur récupération, dans la mesure où ceux-ci diminuent la vascularisation et donc l’élimination des toxines. De plus, ils majorent l’apparition des courbatures, alors que 64% s’étirent justement pour les prévenir : c’est donc ici tout l’effet inverse qui est obtenu, les études ayant démontré leur effet amplificateur après l’effort. En revanche, 71% effectuent les étirements pour diminuer la raideur due à l’activité, et c’est là un point plutôt en accord avec les connaissances scientifiques. En effet, comme le souligne GUISSARD (2000), « les étirements passifs seront recommandés en phase de récupération car ils vont rendre leur extensibilité aux muscles et tendons, leur mobilité aux articulations ». Le cyclisme étant un sport dont les mouvements sont dans l’ensemble réguliers et d’amplitude à peu près constante, il sera utile de « dérouiller » les articulations, restées des heures durant dans les mêmes amplitudes. Cela rejoint par ailleurs le côté détente recherché par 29% des interrogés puisqu’ils libèrent les muscles des tensions accumulées. ⋄ Etirements à distance des sorties Le gain de souplesse est l’objectif largement prépondérant quand les étirements sont effectués à distance des sorties : il est ainsi cité par 77% des coureurs s’étirant à ce moment. Ceci rejoint ainsi les données de la littérature puisque les étirements augmentent la souplesse et les amplitudes articulaires sur le long terme quand ils sont pratiqués régulièrement. En revanche, les étirements les plus utilisés sont les passifs statiques, à 68% ; s’ils sont effectivement efficaces pour améliorer la souplesse, ce sont les étirements type PNF qui sont les plus à même de le faire, or les coureurs ne sont que 16% à les employer à distance des sorties. Concernant la prévention des courbatures, citée à 29%, cela semble là encore en accord avec la littérature puisque les étirements, en rendant les muscles plus souples et donc moins raides, auraient un effet bénéfique à long terme sur la prévention. 24 ⋄ Connaissances à propos des étirements Les coureurs ne sont que 27% à connaître les 5 types d’étirements détaillés dans cette étude. Cette faible connaissance est illustrée par l’utilisation massive des étirements statiques, l’étirement « de base », très largement répandu, et ce, dans de nombreux sports. Ainsi, il n’apparaît pas particulièrement surprenant de constater la faible proportion de cyclistes utilisant les étirements activo-dynamiques, activo-passifs ou bien balistiques. L’un des objectifs de ce mémoire est d’évaluer si les coureurs s’étirent selon une démarche scientifique ou selon les croyances populaires. On constate ici que les réponses sont équilibrées, mais que les croyances populaires l’emportent à 53%. Au vu des nombreuses confusions quant à leur pratique des étirements, il apparaît comme légitime de penser que parmi les 47% de coureurs pensant suivre une démarche scientifique, cette démarche est erronée chez certains. Il semble donc impératif que les sportifs soient informés des données actuelles afin de pouvoir pratiquer de manière correcte les étirements. Synthèse générale Ainsi, pour résumer cette analyse, la pratique des étirements par les coureurs cyclistes amateurs n’est pas en accord avec les données scientifiques de la littérature pour ce qui concerne la prévention des courbatures et des blessures – avant comme après l’effort - ; l’amélioration de la performance avant l’exercice (même si cet objectif est cité de manière minoritaire) ; l’aide à la récupération post-effort. Les étirements utilisés ne sont également pas les plus à même de réaliser les objectifs de ce pour quoi ils sont cités : en effet, les étirements statiques sont les plus majoritairement utilisés, et ce, que ce soit avant, après ou à distance des sorties. En revanche, la pratique est en accord avec la littérature pour ce qui est des étirements après les sorties afin de diminuer la raideur accumulée pendant l’effort et de remobiliser l’articulation. Elle rejoint également les études pour les étirements à distance des sorties dans l’objectif de gagner en souplesse et de prévenir les courbatures sur le long terme. 25 2. Forces et faiblesses du travail : critique de la méthodologie ⋄ Forces Afin de mener au mieux cette enquête, le choix d’un questionnaire a été réalisé. Celui-ci permet de cibler les différents thèmes souhaités, tout en étant concis, plutôt rapide et simple d’accès. Son envoi par internet a en outre permis de collecter rapidement un nombre conséquent de retours. Au final, ce sont 118 réponses que j’ai pu analyser, donnant dès lors un aperçu de la population cycliste amateur générale. Il convient cependant de noter que si ces retours ont été nombreux, leur quantité reste proportionnellement faible au vu des 400 clubs contactés. Le fait d’avoir ciblé un seul et même sport rend les réponses d’autant plus cohérentes que la pratique des individus reste globalement la même et sollicite les mêmes parties du corps. L’analyse des résultats aurait en effet été plus délicate si, par exemple, le questionnaire avait été adressé à des judokas et des kayakistes, lesquels n’ont pas la même pratique. Le questionnaire a été envoyé à des clubs à travers toute la France, évitant ainsi toute éventuelle disparité de pratique entre régions. De même, toute la population amateur a été ciblée, allant de l’échelon national jusqu’au départemental, afin de ne pas se focaliser sur un seul niveau de pratique. Enfin, chaque type d’étirements a été expliqué et illustré dans le questionnaire envoyé aux coureurs, afin de maximiser leur bonne compréhension des différentes pratiques et donc de diminuer les risques de confusion. ⋄ Faiblesses S’il présente certains avantages, le choix d’un questionnaire par internet présente également de nombreuses limites. Tout d’abord, bien que les différents types d’étirements aient été expliqués et illustrés, rien n’indique que les coureurs les aient parfaitement compris. De même, rien ne permet d’assurer la véracité de leurs réponses, dans la mesure où ils ont pu se renseigner sur internet tout en répondant afin d’avoir des réponses pertinentes, et donc ne pas indiquer leurs pratiques réelles. Aussi, effectuer des entretiens directement avec les coureurs aurait été la solution idéale afin de pouvoir échanger de manière optimale et récolter les réponses les plus fiables possibles. Cependant, pour des raisons évidentes d’organisation et de temps, il aurait été impossible de mener à bien autant d’entretiens que je n’ai eu de retours. De plus, j’aurais été contraint de me limiter aux coureurs des environs. 26 Cette étude aurait également pu être plus ciblée quant à la relation entre le moment de pratique des étirements et leurs effets. En effet, pour que les résultats soient les plus révélateurs possibles de la pratique, il aurait fallu demander, pour chaque moment (avant, après ou à distance des sorties), quel(s) étai(en)t le(s) type(s) d’étirement(s) effectué(s) et, là encore, évaluer l’objectif recherché pour chaque type cité. Cependant, un tel questionnaire aurait été beaucoup plus long que celui proposé et aurait pu provoquer de l’ennui chez les interrogés, engendrant ainsi l’éventualité de ne pas le remplir jusqu’au bout. 3. Rôle du kinésithérapeute Nous l’avons vu précédemment, une importante proportion de coureurs pense effectuer leurs étirements de manière correcte, en corrélation avec les données scientifiques, mais cette donnée est au final trompeuse. Pour autant, ils ne sont pas à blâmer car, de ce paradoxe, en découle une question : quelle est la véracité de leurs sources ? Dès lors, le rôle qu’endossent les professionnels de santé et du sport devient prépondérant. Ceci est d’autant plus vrai que, parmi les 65% d’individus déclarant s’être déjà renseignés quant aux données de la littérature, ils sont 51% à citer les entraîneurs et 57% les kinésithérapeutes. Ces deux catégories arrivant largement en tête (devant Internet, la documentation écrite, les médecins), elles se doivent d’être au fait des évolutions des données sur les étirements afin de conseiller les coureurs sur leur bonne utilisation. Il est à noter que cet intérêt se retrouve dans cette étude : les coureurs ont en effet massivement demandé à recevoir les résultats de ce mémoire, puisqu’ils sont 81% à avoir laissé leur adresse e-mail. De cet intérêt, couplé au visible manque de connaissances sur le sujet, apparaît une logique : les kinésithérapeutes ont clairement un rôle de prévention et de transmission de savoirs quant à la bonne pratique des étirements. Malheureusement, cet apport est limité dans la mesure où les structures cyclistes amateurs ne possèdent que très rarement un kinésithérapeute à leur service. En revanche, 71% des interrogés possèdent au sein de leurs clubs des entraîneurs diplômés, il appartient dès lors à ces derniers d’être une source sûre de conseils, et de se tenir au courant des données scientifiques, mais là n’est pas l’objet du présent travail. Ainsi, aux questions des coureurs doivent être apportées des réponses précises par les kinésithérapeutes, fondées sur les données de la littérature. L’individu lambda n’a que très peu connaissance de l’existence de bases de données telles que PubMed, The Cochrane Library, ScienceDirect etc, que le kinésithérapeute a appris à utiliser lors de son cursus pour développer ses connaissances fondées sur les études scientifiques. Or, quand ils se renseignent sur internet ou dans la documentation écrite, c’est-à-dire sans contact direct avec un interlocuteur, les coureurs peuvent 27 parfois tomber sur des articles n’ayant peu ou aucune fiabilité, rédigés de manière douteuse et n’avançant aucune source pour justifier leur argumentation. Ces individus lambda n’ayant, en général, pas été formés à l’esprit critique scientifique, il est donc possible qu’ils assimilent ces notions qu’ils considèreront comme véridiques et qui peuvent ne pas l’être. Les sportifs professionnels sont au fait des évolutions car c’est pour eux leur manière d’être toujours plus performants, qu’ils ont du temps à y consacrer et qu’ils possèdent un encadrement sportif autour d’eux leur permettant d’être au courant des données actuelles, mais cela est bien différent dans le milieu amateur. Lors d’échanges avec le kinésithérapeute, il appartient donc à ce dernier d’aider les coureurs à démêler le vrai du faux et lui faire part de ce qui est bon ou non pour sa pratique sportive, afin que celle-ci s’effectue dans les meilleures conditions possibles. Partant de cette base, il convient d’extrapoler cette méthodologie de travail. Si les coureurs cyclistes ne représenteront qu’une faible proportion des sportifs que kinésithérapeute sera amené à côtoyer, ce dernier doit être à même non pas de ne conseiller que le cycliste, mais bien la population sportive en général, et ce, que cela concerne les étirements ou tout autre pratique sportive. Pour conclure, c’est de cette manière que pourra éventuellement s’opérer un changement de mentalité concernant les étirements. Cette pratique sportive est désormais tellement ancrée dans les mœurs qu’il apparaît difficile de faire évoluer son utilisation sur le terrain. Les sportifs ne changeront pas leurs habitudes du jour au lendemain, sur de simples mots venant contredire leur pratique qu’ils jugent bonne. Freiner les mauvaises routines est d’autant plus compliqué qu’elles sont relayées à tort et à travers par des entraîneurs n’ayant parfois aucune connaissance mais apprenant eux-mêmes aux sportifs qu’ils ont en charge ces croyances populaires erronées, contribuant ainsi à prolonger les mythes généralement associés aux étirements. C’est donc là tout le rôle du kinésithérapeute : freiner les mauvaises habitudes liées à la pratique des étirements en assumant un objectif de prévention, d’information et de transmission de savoirs en s’appuyant sur les bases fortes des données scientifiques de la littérature. 28 III. CONCLUSION L’étirement dans le sport est un domaine qui s’est généralisé ces trente dernières années, propageant de nombreux mythes quant à ses effets, mais depuis remis en cause par les études scientifiques. La problématique de ce travail était donc d’évaluer dans quelle(s) mesure(s) la pratique des étirements par les cyclistes amateurs est-elle en corrélation avec les données scientifiques de la littérature. Un échantillon de 118 retours exploitables provenant de toute la France a servi de base à cette enquête via un questionnaire. Il en ressort deux idées fortes : la première est que la pratique des étirements par les cyclistes amateurs n’est en général pas en accord avec les données de la littérature ; la deuxième, que ce manque de corrélation semble provenir d’un déficit de connaissances sur le sujet. Les idées reçues sur les étirements sont nombreuses et pour la plupart fausses. Changer des habitudes ancrées depuis plusieurs décennies et influer la mentalité des sportifs n’est pas une affaire aisée. En ce sens, l’accès simplifié aux données scientifiques via une page expliquant chaque type d’étirements, leurs effets et leurs actions sur le système musculaire pourrait par exemple être mise à disponibilité sur les sites internet des fédérations sportives. L’information viendrait alors d’un organisme ayant une certaine autorité, ce qui aurait probablement pour effet de faciliter son acceptation, en même temps que de toucher un public le plus large possible. Les études portant sur le cyclisme et les étirements étant très restreintes, il serait également intéressant de voir la littérature se pencher sur le sujet et réaliser des études comparant leur pratique entre le milieu amateur et le milieu professionnel. Concernant l’approche masso-kinésithérapique, ce travail m’aura apporté plusieurs choses. Tout d’abord, s’il était admis pour moi que les étirements colportaient des bienfaits qui n’étaient pas forcément avérés, cette étude m’en a montré la pleine mesure et permis de juger leurs effets positifs et négatifs, améliorant ainsi fortement la connaissance que j’avais du sujet. Ensuite, il m’aura montré le rôle essentiel que joue le kinésithérapeute dans la prévention et la transmission de ces savoirs à la population sportive. Ceci pouvant être extrapolé aux techniques sportives - ou non - et aux pathologies en général, ce travail m’ouvre enfin à la réflexion suivante, qui est de garder constamment un certain esprit critique scientifique, afin de toujours prodiguer les meilleurs soins possibles aux patients et de préserver ainsi leur intégrité. 29 IV. BIBLIOGRAPHIE ALTER, M.J., 1996. Science of flexibility. Champaign : Human kinetics. AYALA, F., SAINZ DE BARANDA, P., DE SAINTE CROIX, M., SANTONJA, F., 2012. Comparison of active stretching technique in males with normal and limited hamstring flexibility. Physical therapy in sport, 14 (2), pp. 98-104. BARRUE-BELOU, S., 2010. Les étirements du sportif : revue de littérature et perspectives de recherche. Kinésithérapie scientifique, 511, pp. 31-44. BUROKER, K.C., SCHWANE, J.A., 1989. Does postexercise static stretching alleviate delayed muscle soreness ? The physician and sportsmedicine, 17, pp. 65-83. CHAN, S.P., HONG, Y., ROBINSON, P.D., 2001. 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Les critères d’inclusion sont : Pratiquer le cyclisme sur route en compétition Faire partie d’un club depuis au moins un an Etre âgé d’au moins 15 ans Pratique ou non des étirements Les critères d’exclusion sont : Etre âgé de plus de 60 ans Etre professionnel PROFIL IDENTITAIRE 1. Quel est votre sexe ? Homme Femme 2. Quel âge avez-vous ? LE CYCLISME ET VOUS 3. Depuis combien de temps pratiquez-vous le cyclisme en club ? De 1 à 5 ans De 5 à 10 ans De 10 à 20 ans Plus de 20 ans 4. Combien de kilomètres environ roulez-vous par an ? 5. Dans quelle catégorie d’âge vous situez-vous cette saison ? Cadet(te)s Juniors Espoirs Séniors Vétérans 6. A quel niveau pratiquez-vous le cyclisme en compétition ? 7. Votre club dispose-t-il d’un entraîneur diplômé ? Oui Non PRATIQUE DES ETIREMENTS 8a. Pratiquez-vous les étirements ? Oui Non 8b. Si non, pourquoi ? Je n’en ai pas le temps Je n’en éprouve pas le besoin Autre (précisez) Le questionnaire est désormais terminé si vous avez répondu non. Poursuivez si vous avez répondu oui. 9. A quel moment les effectuez-vous ? Avant l’entraînement Après l’entraînement Avant la compétition Après la compétition A distance d’une sortie 10a. Si vous vous étirez avant une sortie (entraînement / compétition), quel(s) type(s) d’étirements pratiquez-vous ? Passifs statiques Actifs statiques Activo-dynamiques Activo-passifs Balistiques Description de chaque type d’étirements TOUTES LES ILLUSTRATIONS PROVIENNENT DE L’OUVRAGE “GUIDE PRATIQUE DES ETIREMENTS - 5e EDITION” DE CHRISTOPHE GEOFFROY. L’AUTEUR A ETE CONTACTE ET A AUTORISE L’UTILISATION DE SES IMAGES. - Passif statique : C’est un allongement global ou spécifique de courte durée (10 à 20 secondes) effectué passivement et lentement, dans une amplitude maximale ou sous-maximale. On utilise l’action de la pesanteur, combinée ou non à une force extérieure. Exemple pour le quadriceps - Actif statique : Le muscle est étiré de manière sous-maximale puis, sans relâcher l’étirement, est contracté activement de manière isométrique (la position ne change pas). Exemple pour le quadriceps - Activo-dynamique : C’est la combinaison d’un allongement sous-maximal avec un travail statique (= isométrique) ou légèrement excentrique (le muscle s’allonge) d’un muscle ou groupe musculaire, immédiatement suivi d’un travail dynamique concentrique. Exemple pour le quadriceps - Activo-passif : Le muscle est étiré et simultanément contracté de manière isométrique, puis relâché quelques secondes sans varier la position, et enfin étiré davantage. L’exercice peut ensuite être répété plusieurs fois à partir de la position finale pour gagner chaque fois un peu plus en longueur. Exemple pour le quadriceps - Balistique : Le muscle est étiré par un mouvement pendulaire d’un membre qui crée par sa vitesse une force suffisante à l’allongement. Exemple pour le quadriceps : on se surélève sur une marche, une jambe dans le vide, en faisant progressivement osciller cette dernière d’avant en arrière. Le quadriceps se retrouve étiré lorsque la jambe est en arrière. 10b. Si vous vous étirez après une sortie (entraînement / compétition), quel(s) type(s) d’étirements pratiquez-vous ? Passifs statiques Actifs statiques Activo-dynamiques Activo-passifs Balistiques 10c. Si vous vous étirez à distance d’une sortie (entraînement / compétition), quel(s) type(s) d’étirements pratiquez-vous ? Passifs statiques Actifs statiques Activo-dynamiques Activo-passifs Balistiques 11a. Si vous vous étirez avant une sortie (entraînement / compétition), dans quel(s) but(s) le faitesvous ? Diminution de la raideur musculaire / Gain de souplesse Amélioration de la performance Prévention des blessures Détente / Effet antalgique Rituel Prévention des courbatures Autre 11b. Si vous vous étirez après une sortie (entraînement / compétition), dans quel(s) but(s) le faitesvous ? Diminution de la raideur musculaire / Gain de souplesse Meilleure récupération Prévention des blessures Détente / Effet antalgique Rituel Prévention des courbatures Autre 11c. Si vous vous étirez à distance d’une sortie (entraînement / compétition), dans quel(s) but(s) le faites-vous ? Diminution de la raideur musculaire / Gain de souplesse Meilleure récupération Détente / Effet antalgique Rituel Prévention des courbatures Autre 12. Quels sont les muscles étirés ? Quadriceps Psoas-iliaque (fléchisseur de hanche) Ischio-jambiers (arrière de la cuisse) Adducteurs Fessiers Triceps suraux (mollets) Paravertébraux (muscles du dos) Trapèzes Pectoraux Muscles de la région cervicale Muscles des bras et avant-bras Autres (précisez) CONNAISSANCES A PROPOS DES ETIREMENTS 13. Aviez-vous connaissance des différents types d’étirements existants ? Oui Plus ou moins Non 14. Pensez-vous effectuer vos étirements en corrélation avec les données scientifiques ou les faites-vous par simples croyances populaires, selon les idées que vous avez reçues ? Démarche scientifique Croyances populaires / Idées reçues 15a. Vous-êtes vous déjà informé(e)s à propos de ce que disent les données scientifiques sur la pratique des étirements ? Oui Non 15b. Si oui, auprès de qui ? Entraîneurs Autres coureurs Médecins Kinésithérapeutes Internet Magazines, documentation écrite Autre (précisez) Merci d’avoir pris de votre temps pour remplir ce questionnaire. Si vous souhaitez connaître les résultats de cette enquête, je vous prie de bien vouloir me communiquer votre adresse mail. Ils seront disponibles lorsque ce mémoire sera validé, c'est-à-dire fin Juin. PONTOREAU Antoine Annexe 5 : Résultats de l’étude 3. Depuis combien de temps pratiquez-vous le cyclisme en club ? De 1 à 5 ans 35 De 5 à 10 ans 29 De 10 à 20 ans 31 Plus de 20 ans 23 5. Dans quelle catégorie d'âge vous situez-vous cette saison? Cadet(te)s 10 Juniors 12 Espoirs 19 Seniors 38 Vétérans 39 6. A quel niveau pratiquez-vous le cyclisme en compétition ? Départemental 55 Régional 44 National 19 7. Votre club dispose-t-il d'un entraîneur diplômé ? Oui 84 Non 34 8a. Pratiquez-vous les étirements ? Oui 78 Non 40 8b. Si non, pourquoi ? Je n'en ai pas le temps Je n'en éprouve pas le besoin Autre 4 20 16 9. A quel moment les effectuez-vous ? Avant l'entraînement 13 Après l'entraînement 68 Avant une compétition 15 Après une compétition 49 A distance d'une sortie 31 10a. Si vous vous étirez avant une sortie (entraînement / compétition), quel(s) type(s) d’étirements pratiquez-vous ? Passifs statiques 9 Actifs statiques 8 Activo-dynamiques 4 Activo-passifs 3 Balistiques 3 10b. Si vous vous étirez après une sortie (entraînement / compétition), quel(s) type(s) d’étirements pratiquez-vous ? Passifs statiques 41 Actifs statiques 31 Activo-dynamiques 10 Activo-passifs 6 Balistiques 7 10c. Si vous vous étirez à distance d'une sortie (entraînement / compétition), quel(s) type(s) d’étirements pratiquez-vous ? Passifs statiques 21 Actifs statiques 8 Activo-dynamiques 6 Activo-passifs 5 Balistiques 3 11a. Si vous vous étirez avant une sortie (entraînement / compétition), dans quel(s) but(s) le faites-vous ? Diminution de la raideur musculaire / Gain de souplesse 18 Amélioration de la performance Prévention des blessures Détente / Effet antalgique Rituel Prévention des courbatures Autre 5 7 10 3 6 1 11b. Si vous vous étirez après une sortie (entraînement / compétition), dans quel(s) but(s) le faites-vous ? Diminution de la raideur musculaire / Gain de souplesse 50 Meilleure récupération Prévention des blessures Détente / Effet antalgique Rituel Prévention des courbatures Autre 54 17 20 13 45 1 11c. Si vous vous étirez à distance d'une sortie (entraînement / compétition), dans quel(s) but(s) le faites-vous ? Diminution de la raideur musculaire / Gain de souplesse 24 Meilleure récupération Détente / Effet antalgique Rituel Prévention des courbatures Autre 11 10 5 9 1 12. Quels sont les muscles étirés ? Quadriceps Psoas - iliaque Adducteurs Fessiers Triceps suraux Ischio-jambiers 66 21 35 44 59 66 Paravertébraux Trapèzes Pectoraux 33 5 2 Muscles de la Muscles des bras région cervicale et avant-bras 16 13 Autre 1 13. Aviez-vous connaissances des différents types d'entraînement ? Oui 21 Plus ou moins 45 Non 12 14. Pensez-vous effectuer vos étirements en corrélation avec les données scientifiques ou les faites-vous par simples croyances populaires, selon les idées que vous avez reçues ? Démarche scientifique 37 Croyances populaires 41 15a. Vous-êtes vous déjà informé(e)s à propos de ce que disent les données scientifiques sur la pratique des étirements ? Oui 51 Non 27 15b. Si oui, auprès de qui ? Entraîneurs Autres coureurs Médecins Kinésithérapeutes Internet 26 11 10 29 18 Magazine, documentation écrite 20 Autre 8