Article Protection de la vigne : de nombreuses expérimentations

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Article Protection de la vigne : de nombreuses expérimentations
L’auxiliaire bio
N°30 - Mars 15
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Viticulture
Protection de la vigne : de nombreuses expérimentations
Lors de Millésime Bio 2015, SudVinBio et l’IFV ont organisé plusieurs conférences sur la protection de la vigne. Retours
sur des expérimentations menées pour lutter contre la flavescence dorée, le mildiou et la pourriture grise.
Article paru dans la revue Biofil n°98, mars-avril 2015, www.biofil.fr
Nicolas Constant, de SudVinBio,
estime qu’il n’y aura jamais un seul
moyen de lutte pour combattre la flavescence dorée (FD). C’est un cumul
de différentes approches qui permettront d’enrayer la propagation de la
maladie. Julien Chuche, de l’Inra de
Bordeaux, présente certaines pistes
de la recherche.
Confusion vibratoire
La communication entre les mâles et
les femelles de la cicadelle de la FD
(Scaphoideus titanus) ne s’effectue
pas par des phéromones mais par
des ondes vibratoires. Des recherches
en Italie ont été menées pour essayer
de comprendre les communications
entre ces insectes. L’objectif est de
perturber ces communications afin
d’éviter la rencontre et l’accouplement. Lors d’une étude en plein
champ, les chercheurs accrochent, en
bout de rang, au fil de palissage, un
générateur de vibrations (branché sur
le secteur) qui le fait vibrer et transmet une onde. L’expérience a été
menée sur une distance de 940 cm.
Tous les 110 cm, des filets contenant
des couples de cicadelles sont disposés sur la vigne. Les insectes sont
prélevés après l’expérience afin d’observer si les femelles sont fécondées.
Sans confusion vibratoire, on note
20 % de femelles vierges. Dès qu’elle
est mise en œuvre, on arrive à un
taux qui oscille entre 80 % et 100 %
de femelles non fécondées. À l’heure
actuelle, le principal blocage de cette
technique très efficace est de pouvoir
disposer de diffuseurs de vibrations
autonomes en énergie et dont le
coût économique soit acceptable par
le viticulteur. De plus, la technique ne
s’applique que sur des vignes palissées.
AGROBIO
Push and Pull
Les techniques de « push and pull »
poussent les insectes de la culture à
protéger vers un autre environnement qui ne pose pas de problème
de transmission de la maladie. Julien
Chuche a réalisé des essais en petite
cage pour tester différents produits.
Par exemple, l’Acys (ex Grape Anthocyanis), une poudre d’anthocyanes
et de polyphénols extraits de raisins
rouges, en solution acide ou basique,
permet de rendre la culture moins
attractive en perturbant la reconnaissance visuelle. D’autres substances,
comme l’huile de neem, donnent un
mauvais goût à la vigne et modifient
la prise alimentaire. Enfin, des tests
ont été réalisés en pulvérisant de la
kaolinite calcinée sur la vigne, afin de
créer une barrière physique. Statistiquement, seul ce dernier essai a eu
une efficacité et a diminué significativement la population de cicadelle :
70 % des insectes ont préféré les
vignes non traitées à la kaolinite.
Amélioration variétale
Enfin, l’amélioration variétale est une
option envisagée. En effet, le phytoplasme se multiplie plus ou moins
vite selon les cépages. Par exemple,
Merlot, Syrah et Magdeleine sont peu
sensibles à la maladie alors que Sauvignon, Cabernet Sauvignon et Chardonnay le sont très fortement.
Prêle contre mildiou
Intéressons-nous à présent au
mildiou. Patrice Marchand de l’Itab
présente des essais réalisés avec la
prêle pour combattre la maladie.
Rappelons d’abord que la prêle a
été autorisée en agriculture conventionnelle le 1er juillet 2014, et qu’une
demande pour son autorisation en
bio a été formulée en août 2014 et
traitée par le Cnab (Inao).
Contrairement à certaines rumeurs
parfois répandues, des tests effectués par Montpellier SupAgro et l’Inra
d’Avignon prouvent que la prêle ne
présente pas de risques de mortalité
Mieux comprendre la cicadelle de la FD
De nombreuses recherches sur la biologie et l’écologie de Scaphoideus titanus apportent de précieuses informations pour adapter les
moyens de lutte :
-- Plus l’hiver est froid, plus les éclosions des œufs de S. titanus sont
synchrones, et moins les stades de développement se chevauchent.
-- Lorsque S. titanus se contamine avec le phytoplasme après l’avoir
ingéré, 30 jours sont nécessaires avant que l’insecte puisse contaminer à son tour un autre cep. Ainsi, de l’éclosion jusqu’aux premiers
stades larvaires, même si la larve est contaminée, elle ne peut contaminer à son tour.
-- Les mâles de S. titanus sont plus porteurs du phytoplasme que les
femelles. Ils ont aussi une meilleure efficacité de transmission. En
effet, ils piquent plus souvent dans le phloème. Or, le phytoplasme
ne se trouve que dans la sève élaborée du phloème.
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sur les abeilles : le seuil de 4 % de mortalité cumulée n’est jamais dépassé.
L’autre idée reçue serait de croire que
la prêle n’a aucune efficacité contre
le mildiou. Or, « il existe dans la littérature de nombreux essais positifs »,
affirme Patrice Marchand. Des résultats d’essais in vitro dans le cadre du
projet Casdar 4P affichent clairement
que la prêle a un effet antigerminatif,
voire antisporulant. Des tests in vitro
de la Société de viticulture du Jura
complètent ces résultats en montrant que la prêle freine l’éclosion
des œufs (ou oospores) de mildiou
au printemps. Des essais sur 2011,
2012 et 2013 indiquent qu’en pulvérisant de la prêle au pied du cep,
on peut gagner entre 9 et 13 jours
avant la remontée du mildiou sur
la vigne. Pour résumer, la prêle n’a
pas une action curative. Elle a peutêtre une action préventive grâce à la
silice qu’elle contient. Mais son action
antisporulante est prouvée.
Test de deux produits
contre le botrytis
Resaq Viti Bio, créé en 2011 par le Vinopôle de Bordeaux et qui regroupe une
dizaine de partenaires techniques1, se
fixe comme objectifs d’acquérir des
références en viticulture biologique
pour les diffuser ensuite au sein de la
filière. Depuis 2014, le réseau s’intéresse à la pourriture grise, une des
trois grandes maladies de la vigne.
Deux produits de bio-contrôle contre
botrytis (Botrytis cinerea), pathogène
responsable de la maladie, sont testés.
Botector et Armicarb
En 2014, 18 essais sont réalisés, par
les viticulteurs eux-mêmes sur des
parcelles de 0,5 et 0,8 ha. Les conditions météorologiques des parcelles
sont variables ainsi que les cépages
(notamment merlot, sauvignon blanc,
sémillon, sensibles à la maladie). La
volonté est d’être au plus proche des
conditions de productions.
Le premier produit, Botector® (Aureobasidium Pullulans en matière active),
1
agit par compétition spatiale. Il prend
place avant le Botrytis, empêchant
celui-ci de se développer. Le second,
Armicarb® (bicarbonate de potassium), a une action physique en modifiant le pH de l’eau libre et créant un
choc osmotique. Les deux produits
doivent être appliqués en conditions
humides, après la pluie pour Botector®, mais avant pour Armicarb®. Trois
traitements maximum sont préconisés, selon la météo et le lessivage.
Pour Botector®, le premier traitement
s’effectue lors de la fermeture de la
grappe, mais à la véraison pour Armicarb®. L’application idéale proposée
dans les essais est de 150-200 l/ha sur
la zone des grappes.
Il est demandé aux viticulteurs de
traiter avec le produit tout en gérant
des mesures prophylactiques : effeuillage, gestion des tordeuses.
Résultats prometteurs
Une notation de la fréquence et de
l’intensité botrytis s’effectue à la floraison, puis 3 fois à partir de la véraison et jusqu’à la récolte.
D’autres mesures sont effectuées :
expression végétative, compacité
des grappes, charge, entassement du
feuillage dans la zone des grappes,
mais aussi nombre de jours de pluie
après véraison, cumul de pluie, ou
encore perforations de tordeuses.
2014 n’a pas été une année propice
au botrytis, avec des mois de septembre octobre très secs, ce qui relativise les résultats des essais. Concernant Botector®, deux sites révèlent
une efficacité significative sur la fréquence de botrytis mais pas sur l’intensité de l’attaque. Avec Armicarb®,
un site présente une efficacité significative sur la fréquence et l’intensité
de l’attaque. Ces parcelles sont celles
où le traitement a été appliqué au bon
moment, sans lessivage. Ces essais
restent prometteurs même si l’on ne
peut pas tirer de grandes conclusions
à l’heure actuelle. Résaq Viti Bio, fort
de son partenariat, va continuer les
essais sur les trois prochaines années,
en essayant d’améliorer toujours
plus les protocoles.
Frédérique Rose
Article paru dans la revue Biofil n°98,
mars-avril 2015, www.biofil.fr
Invitation groupe d'échange viticulteurs 16/17
secteur Matha-Cognac-Burry-Rouillac
Dans le secteur géographique de Matha – Cognac – Burry – Rouillac
(périmètre d’environ 15 kms de rayon) plusieurs viticulteurs ressentent
le besoin de se retrouver pour échanger sur les pratiques de chacun et
souhaitent impulser une dynamique collective locale.
Le GAB 17, vous convie à une réunion d’échanges le mercredi 1er avril
de 10h à 12h à la salle de la Mairie de Sonnac (4 rue des Vallons 17160
Sonnac). Ce sera l’occasion pour le groupe de viticulteurs 16/17 de se
retrouver et d’échanger sur les thématiques et problématiques qui
vous posent question. A la suite de ce temps d’identification de vos
besoins nous envisagerons ensemble des actions à mettre en place.
Déroulé de la matinée :
- Identification de vos besoins
- Définir ensemble les actions à mettre en place
- Infos : formations à venir
N’hésitez pas à contacter le GAB 17 au 05/46/32/09/68 pour plus d’informations et pour préciser votre venue.
www.vinopole.com/resaq-vitibio/1324-partenaires.html
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