De l`attachement paradoxal à l`identification à l`agresseur

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De l`attachement paradoxal à l`identification à l`agresseur
HACHET, A.
Journal International De Victimologie
International Journal Of Victimology
Tome 9, numéro 2 (2011) De l’attachement paradoxal à l’identification à
l’agresseur : Quel devenir pour la victime?
HACHET, A.1 [FRANCE]
Auteur
1
Psychologue, Psychanalyste – Maître de conférences en psychopathologie clinique et criminologie,
LRPC EA 4050, Université de Poitiers
Résumé
Cette réflexion interroge, au moyen de vignettes cliniques, les rapports qu’entretiennent les jeunes
victimes d’agressions sexuelles avec leur agresseur, allant d’un attachement paradoxal à une forme
extrême d’identification à ce dernier. Cette identification engage alors la victime dans une répétition de la
maltraitance. Comment peut-on enrayer un processus de mutation psychique en agresseur de la
personnalité de la victime ? Cet article explore la complexité des mécanismes qui sont à l’œuvre dans ce
phénomène et lance des pistes en termes de prévention.
Mots-clés
Attachement paradoxal, Double révélation, Emprise, Identification à l’agresseur, Pulsion de mort, Trauma
Abstract
The author discusses, through clinical cases, the relationships that the young victims of sexual
molestations establish with their aggressor, which vary from a paradoxical bonding to a pathological type
of “identification with the aggressor”. Because of such identification, the victim reproduces the inflicted
sexual molestation with others. How can we stop this psychological transformation of the personality of
the victim into the aggressor‘s? This paper explores the mechanisms at work in such phenomena and the
ways to prevent its appearance.
Keywords : Paradoxical bonding, Double disclosure, Instinct for mastery, Identification with the
aggressor, Death instinct, Trauma.
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De l’attachement paradoxal à l’identification à l’agresseur
I.
Introduction
Cette réflexion a pour but de mettre
en lumière les mécanismes psychiques qui
interviennent dans la transformation d’une
victime en agresseur. Une recherche
clinique (Hachet, 1998) menée auprès
d’auteurs d’agressions sexuelles et de
jeunes victimes de maltraitances et de viols
a mis en évidence, d’une part, la fréquence
des antécédents de maltraitance et d’abus
sexuels
chez
les
adultes
devenus
maltraitants ou abuseurs, d’autre part,
l’apparition
assez
fréquente
de
comportements d’automutilation ou d’abus
sexuel chez les jeunes victimes, qui se
trouvent poussées à répéter sur leur
entourage
l’agression
(sexuelle
ou
physique) subie. Ce qui caractérise
l’ensemble des cas d’abusés devenus
abuseurs, c’est l’absence de révélation de
l’abus subi (Hachet 1998, 2004, 2008,
2011).
Sur la base de ces faits cliniques,
nous poursuivrons un double objectif :
comprendre le phénomène d’identification à
l’agresseur et prévenir son apparition en
rompant le cycle répétitif de violence qui en
résulte.
Nous proposerons dans un premier
temps une élaboration théorique de ce
phénomène, que nous soumettrons dans un
deuxième temps à l’épreuve de la clinique
au moyen de deux études de cas : une
affaire de viol et une affaire de pédophilie.
II. Réflexions théoriques
De l’attachement paradoxal à l’abuseur à
l’identification à l’agresseur
Le
terme
d’identification
à
l’agresseur fut proposé en 1936 par Anna
Freud, pour insister sur le fait que le moi
d’un sujet dont l’intégrité (physique ou
psychique) est menacée lors d’une
agression déploie une stratégie défensive
qui le pousse à s’identifier à son agresseur :
soit le sujet reprend à son compte
l’agression telle quelle, soit il imite
physiquement ou moralement la personne
de l’agresseur, soit il adopte certains
symboles de puissance qui le désignent.
Dans tous les cas, une inversion de rôles se
produit. Avant que ce phénomène soit
conceptualisé par Anna Freud, Ferenczi
(1932, 1933), à partir de sa réflexion sur « la
confusion des langues », avait envisagé
l’agression sexuelle comme un attentat que
l’abuseur (adulte), qui vit dans un monde de
passion et de culpabilité, inflige à une
victime (enfant) en quête de tendresse. Au
niveau comportemental, cette violence
donne lieu à une soumission totale de la
victime à son agresseur. Cette soumission
s’expliquerait, d’une part, par la peur
éprouvée par la victime, d’autre part, par
son assimilation de la culpabilité de
l’agresseur. Ainsi, en s’identifiant à
l’abuseur, la victime introjecte en même
temps sa culpabilité et la fait sienne. Cette
introjection du comportement de l’abuseur
permet à la victime d’échapper à une
reviviscence de l’expérience d’effondrement
mental (Winnicott, 1974) dans lequel le
trauma l’a initialement précipité. Le recours
au passage à l’acte sexuel permettrait au
sujet de « triompher » du traumatisme subi
en le transformant en « plaisir, orgasme,
victoire » (Stoller, 1973), au moyen d’un
renversement de rôles.
Du trauma à la névrose traumatique
Pour comprendre l’origine de ce
phénomène, il faut examiner la notion de
trauma et ses extensions conceptuelles. Le
mot trauma vient du grec et désigne une
blessure qui comporte trois « phases »
(choc violent, effraction et séquelles) et
possède trois caractéristiques (soudaineté,
brutalité et effraction). A ce titre, le
traumatisme
se
définit
comme
les
conséquences
sur
l’ensemble
de
l’organisme d’une lésion résultant d’une
violence extrême qui a fait effraction
(Laplanche, Pontalis, 1967).
HACHET, A.
L’événement
traumatique
correspond à une expérience de vie intense,
à laquelle le sujet est incapable de faire face
de façon adéquate et qui provoque un
bouleversement et des effets pathogènes et
durables dans l’organisation psychique. Cet
événement se produit dans un contexte de
surprise
et
engendre
de
l’effroi.
Conceptualisé par Freud (1920, 1924,
1938), l’effroi (Schreck), l’effroi correspond
très exactement à la détresse réactionnelle
du moi face à une situation de danger à
laquelle il n’était pas préparé. A ce titre,
l’effroi est distinct de la peur, qui suppose un
objet précis (souvent phobogène), ainsi que
de l’angoisse, qui présuppose l’attente
inquiète d’être confronté à une situation de
danger. Corrélativement, l’effroi est subi
passivement par le moi et déborde le
système de pare-excitations.
La névrose traumatique (Freud,
1919) est consécutive à un choc émotif
produit par une situation qui a mis en
danger la sécurité et l’intégrité du sujet.
Deux cas de figure sont possibles : soit le
traumatisme prend une part déterminante
dans la formation symptomatique, soit le
traumatisme intervient comme révélateur
d’une structure traumatique préexistante.
narcissique a alors lieu : celui du sentiment
de
sécurité
(être
protégé
par
l’environnement et soutenu et secouru par
l’entourage),
celui
du
sentiment
d’invulnérabilité et celui du sentiment
d’immortalité.
Faisant effraction dans l’appareil
psychique du sujet, le trauma provoque des
manifestations pathologiques variées : d’un
état aigu d’angoisse à un état durable
marqué par un syndrome de répétition (l’état
de stress post-traumatique connu sous la
dénomination du PTSD : Post Traumatic
Stress Disorder), dont l’évolution favorable
n’est pas spontanée et nécessite une prise
en charge psychologique ciblée, même à
court terme. Il se produit alors une
modification de la personnalité de la victime,
une perte de son équilibre affectif et la mise
en place très rapide de symptômes dont la
fréquence et l’intensité varient d’un sujet à
l’autre :
cauchemars,
hallucinations
visuelles, réminiscence de l’événement,
états
de
dépersonnalisation,
attitude
régressive avec repli sur soi, dépression et
inhibition,
phobies,
troubles
psychosomatiques et du sommeil, inhibition
sexuelle et perte de désir, irritabilité et
sursauts exagérés, troubles neuro-végétatifs
(parmi lesquels une hyper-vigilance) et
sentiment de culpabilité.
L’approche du trauma par Freud et Lacan
Pour Freud (1919), le traumatisme
est un concept qui a une valeur économique
et qui est à l’origine de la névrose. Il s’agit
d’un afflux excessif d’excitation qui dépasse
les capacités de maîtrise et d’élaboration
d’une telle excitation (la théorie de la
séduction). Ce phénomène n’est pas
nécessairement en lien avec une agression
ou une menace vitale, mais il bouleverse
l’ensemble de l’économie psychique, y
compris sa dimension inconsciente.
Lacan (1964) considère que le
trauma est « le réel de la mort ». Dans cette
acceptation, le trauma s’apparente à un
événement extérieur qui représente le sujet
comme mort. Un triple effondrement
378
Les
facteurs
qui
favorisent
l’apparition ou l’installation de cet état sont
l’intensité du traumatisme subi, la trajectoire
de vie, la préexistence de sentiments et
d’émotions restés à l’état brut (« encryptés »
au moyen d’un clivage radical du Moi comme le détaillent Abraham et Torok
(1978) - et impossibles à verbaliser du fait
de la terreur éprouvée de la victime et,
surtout, de la honte éprouvée par
l’agresseur, qui représentait jusqu’alors un
« objet narcissiquement indispensable ») et
le phénomène d’après-coup (lorsqu’un
traumatisme récent réveille un traumatisme
ancien).
De l’attachement paradoxal à l’identification à l’agresseur
La
répétition
du
trauma comme
manifestation de la pulsion de mort
Freud (1920) postule que la
compulsion de répétition du trauma, bien
qu’elle soit l’indice de l’amorce d’un travail
d’élaboration psychique, est davantage
l’œuvre de la pulsion de mort que de la
pulsion de vie.
Par définition, la pulsion est un
concept limite entre le psychisme et le
somatique. Il s’agit d’un représentant
psychique des excitations qui sont issues de
l’intérieur du corps et parviennent au
psychisme. Freud (1915) montre que la
pulsion est une poussée (au sens d’une
quantité d’énergie psychique à laquelle
l’organisme doit faire face) dont la source
est corporelle (somatique). Elle se dirige
vers un objet (réel ou fantasmatique ou une
partie du corps) et tend vers un but (la
satisfaction).
Freud (1915) montre que la pulsion
peut subir plusieurs destins : le passage de
l’activité à la passivité, le renversement
dans le contraire au niveau du but (comme
dans le voyeurisme/exhibitionnisme) ou au
niveau du contenu (l’amour se transforme
en haine), le retournement sur la personne
(la pulsion change alors d’objet : au lieu de
se diriger vers l’autre, elle se dirige vers le
sujet), le refoulement et la sublimation.
Si le refoulement permet au moi de
mettre à l’écart du conscient, dans
l’inconscient, les représentants des pulsions
dont la satisfaction, bien que susceptible de
procurer du plaisir, risquerait de provoquer
du déplaisir à l’égard d’autres exigences (le
surmoi), la sublimation permet de dévier ou
de déplacer le but des pulsions sexuelles ou
agressives vers un nouveau but (non sexuel
et non agressif), en visant des activités
socialement valorisées. Comme le formulent
Laplanche et Pontalis (1967), il s’agit alors
de transposer les composantes narcissique,
érotique et agressive de la libido dans une
œuvre artistique ou intellectuelle ou dans
les relations sociales.
Par ailleurs, Freud (1929) tient les
pulsions agressives de l’être humain pour
une disposition instinctive, primitive et
autonome. Surtout, sa première théorie des
pulsions, qui opposait les pulsions du Moi
(d’autoconservation, en lien avec les
besoins vitaux) à celles de la libido (pulsions
sexuelles qui visent à sauvegarder
l’espèce), fut en 1920 remplacée par une
seconde théorie opposant désormais, dans
une lutte permanente, une pulsion de vie
(Eros) et une pulsion de mort (Thanatos).
Cette dernière se dirige soit contre l’objet
(sadisme),
soit
contre
soi-même
(masochisme) et se caractérise par
l’automatisme de répétition et l’agressivité.
En ce qui concerne les personnes
victimes d’agression sexuelle, c’est cette
dimension répétitive, propre à la pulsion de
mort, qui scelle leur « destin », dans la
mesure où elle rend problématique tant
l’élaboration
du
trauma
que
son
dépassement.
Peut-on
parler
victime/agresseur ?
de
couple
En référence aux travaux de Fattah
(1989, 1994), nous estimons que l’étude du
couple « victime/agresseur » passe par une
lecture psychosociale des interactions
circulaires et dynamiques qui sont au cœur
de l’identification à l’agresseur. Cet auteur
insiste tant sur l’originalité que sur la
complexité des rapports de la victime à son
agresseur, en particulier lorsque la victime
se transforme en agresseur. Il accorde un
intérêt particulier au contexte de la
rencontre de la victime avec son agresseur,
qui est loin de résulter d’un pur hasard. Non
figés, les rôles de victime et d’agresseur
sont mobiles, voire réversibles, d’où l’intérêt
de parler davantage d’un état de
victimisation que d’un statut de victime.
Fattah (1994) considère que la
victimisation et le comportement agressif
sont les deux faces de la même médaille.
Par conséquence, il est impossible
d’acquérir une bonne connaissance de l’une
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HACHET, A.
si l’on ignore l’autre. D’autant plus que l’on
ne peut guère parler, en ce qui concerne les
victimes et les agresseurs, de deux
populations distinctes, mais plutôt d’un
couple où les rôles se chevauchent plus ou
moins, de façon dynamique, au risque de
l’interchangeabilité. C’est le sentiment
d’injustice qui serait le moteur du
phénomène de transformation de victime en
agresseur. En
d’autres
termes, ce
comportement agressif serait réactionnel à
une expérience traumatique vécue avec un
sentiment fort d’injustice. Parmi les
exemples évoqués par Fattah (1994)
figurent la vengeance, la vendetta et les
règlements de compte. Les autres facteurs
propices à l’apparition de ce cycle sont la
désensibilisation, l’absence d’empathie et le
besoin de se venger. Parmi les mécanismes
à l’œuvre dans la transformation de la
victime en bourreau, Fattah (1994) cite
l’apprentissage, l’imitation et l’identification à
l’agresseur. Ainsi, le vécu de victimisation et
la conscience d’avoir été victimisé seraient
donc à l’origine de l’apparition du
comportement criminel, dans un lien direct
de cause à effet.
En revanche, dans le cas particulier
des victimes d’abus sexuels devenues
abuseurs, ce lien de causalité est plus
complexe et moins direct. En effet, le
comportement
d’abus
réactionnel
à
l’agression subie apparaît le plus souvent de
façon différée dans le temps et il ne vise pas
l’agresseur, mais une personne (enfant)
totalement étrangère à la situation
d’agression initiale.
De la répétition à la double révélation
L’intensité du phénomène répétitif
qui sous-tend l’identification à l’agresseur
varie selon l’âge de la victime lors de l’abus,
sa maturité psychique, le rôle de l’entourage
et l’existence ou non d’un lien de parenté
avec l’agresseur. Rappelons que pour Freud
(1914),
la
répétition
remplace
la
remémoration : il s’agit d’une autre façon de
se souvenir. Ici, le souvenir se manifeste
380
sous la forme d’actes. La victime n’est pas
consciente du fait qu’elle est en train de
répéter un vécu de maltraitance. En d’autres
termes, tout se passe à un niveau
inconscient, où la victime ignore le lien
direct entre son comportement actuel
d’agression ou d’abus et l’expérience de
victimisation qu’elle a subie. Ce n’est que
dans l’après-coup que cette personne peut
prendre conscience de ce lien.
Mais la répétition ne s’arrête pas à
l’acte. Elle concerne également le choix de
la victime par l’agresseur, qui est loin d’être
le fruit du hasard. En effet, des similitudes
semblent exister, d’une part, entre la victime
et son agresseur, d’autre part, entre la
victime « primaire » (c’est-à-dire la personne
abusée ou maltraitée devenue abuseur ou
maltraitante) et la victime « secondaire »
(c’est-à-dire la nouvelle cible de la
maltraitance). Ces ressemblances se situent
à plusieurs niveaux : social, familial et
psychique. Elles constituent le facteur
déclenchant
du
cycle
victimisation/agression. La vulnérabilité de
la victime (son jeune âge, le fait qu’elle soit
issue d’une famille éclatée, l’absence d’un
environnement
contenant,
etc.)
est
essentielle dans le choix de l’agresseur,
d’autant plus que la vulnérabilité de la
« cible » lui rappelle sa propre vulnérabilité.
Comme le note Safouan (2005), la victime
est dès le début perçue par son agresseur
comme un reflet narcissique de lui-même.
Ainsi, de nombreux pédophiles qui furent,
enfants, victimes d’agressions sexuelles
développent une fixation sur des enfants du
même âge que celui qu’ils avaient lorsqu’ils
furent abusés. Dans certains cas, la victime
va jusqu’à nourrir un attachement paradoxal
à son abuseur (Hachet, 2004).
La révélation de l’abus, qui n’est
presque jamais spontanée, joue un rôle
déterminant dans la possibilité d’élaborer le
traumatisme qui en a résulté. On observe
que cette révélation de l’abus par la victime,
quel qu’en soit le contexte, déclenche de
façon quasi-immédiate chez les agresseurs
qui ont subi des expériences passées de
De l’attachement paradoxal à l’identification à l’agresseur
viol ou de maltraitance la révélation de ces
expériences traumatisantes. On note aussi
que ces dernières n’avaient été portées à la
connaissance de l’entourage familial ou de
la justice.
Ce phénomène, que nous appelons
« double révélation », a fait l’objet d’une
étude exploratoire (Hachet, 1998) et d’une
recherche scientifique (Hachet, 2004, 2006),
sur la base d’une expérience clinique en
victimologie
et
auprès
d’auteurs
d’agressions
sexuelles
suivis
en
psychothérapie en milieu carcéral. La
double révélation pose essentiellement la
question du sens que pourrait revêtir la
répétition du traumatisme subi, avec une
transposition dans le temps et une inversion
de rôles. Au delà d’une tentative
d’élaboration psychique du traumatisme,
nous pouvons nous interroger sur cette
quête de reconnaissance de la légitimité
d’une souffrance jusqu’alors non avouée,
car inavouable. Nous nous trouvons ici au
cœur d’un cercle vicieux, où l’agresseur se
glisse dans le rôle de victime et où la victime
se glisse dans le rôle de bourreau, dans un
rapport d’identification mutuelle et de double
narcissique.
Face à ces faits théorico-cliniques,
seule
la
révélation
précoce
d’une
expérience de maltraitance, d’abus ou de
victimisation, paraît pouvoir enrayer de
façon
décisive
le
cycle
victimisation/agression et, par là même,
impulser le dénouement du cercle identitaire
vicieux dans lequel sont enfermés
l’agresseur et la victime.
Discussion
Au terme de cette première partie,
trois hypothèses peuvent être avancées :
D’abord,
le
phénomène
d’identification d’une victime à son
agresseur par le recours à l’acte serait une
tentative ratée d’élaboration psychique du
traumatisme subi (en reproduisant l’acte de
viol ou de maltraitance de façon inversée, la
victime devient agresseur).
- Ensuite, le choix de la victime
s’effectuerait
en
miroir :
l’agresseur
percevrait la victime comme un double
narcissique.
- Enfin, la révélation précoce par la
victime de l’agression subie permettrait de
prévenir, d’une part, l’installation chez la
victime d’un lien d’attachement paradoxal à
l’agresseur, qui la maintient sous l’emprise
de celui-ci ; et d’autre part, la reproduction
mimétique et répétitive de l’agression. Pour
créer les conditions optimales d’une
élaboration
réussie
du
traumatisme
correspondant, cette révélation précoce de
l’abus doit être soutenue d’une action
judiciaire à l’encontre de l’agresseur.
III. Etudes de cas
L’attachement paradoxal à l’agresseur : Mlle
C. et son beau-père
Mlle C. est une mineure de moins de
16 ans, reçue dans le cadre d’une expertise
psychologique et mère d’un nourrisson.
Lorsqu’elle s’est trouvée sur le point
d’accoucher, elle a confié à sa mère avoir
été violée à plusieurs reprises par son beaupère, qui l’avait mise enceinte. Suite à cette
révélation, sa mère déposa plainte pour le
viol de sa fille à l’encontre de son excompagnon, dont elle venait de se séparer.
Mlle C. déclara avoir été violée de façon
répétitive par son beau-père, dès l’âge de
11 ans. Ce dernier avait pris l’habitude de la
rejoindre dans sa chambre lorsque sa mère
était couchée et lui imposait des rapports
sexuels complets. Mlle C. évoqua une
fausse couche survenue peu de temps
après le début des viols. Elle motiva son
silence d’alors par un sentiment de honte et
par sa peur de voir son beau-père quitter sa
mère. C’est la découverte très tardive (au
moment de l’accouchement) de sa
grossesse qui a obligé la jeune fille à sortir
de son mutisme.
Journal International De Victimologie 2011; 9(2) : 381
HACHET, A.
Suite au dépôt de plainte, le beaupère de Mlle C. fut mis en examen et placé
en détention provisoire pour viol sur mineure
de 15 ans par personne ayant autorité. S’il
reconnut être le père de l’enfant dont sa
belle-fille venait d’accoucher, il nia toute
notion de viol ou de contrainte imposée à la
victime. Selon lui, celle-ci était consentante.
Au lendemain de son accouchement,
Mlle C. sollicita une nouvelle audition auprès
du magistrat. Elle est alors revenue sur ses
déclarations : elle a accrédité la version du
beau-père et fait part de son souhait de
retirer la plainte déposée par sa mère à
l’encontre de cet homme. Ses premières
déclarations auraient été motivées, d’après
elle, par la jalousie qu’elle disait avoir
éprouvée lorsqu’elle apprit que son beaupère vivait avec une jeune femme après sa
séparation d’avec sa mère.
Mlle C. n’a connu aucun problème
de santé au cours de son enfance et eut un
développement normal. Aînée de sa fratrie,
elle a une sœur cadette et un demi-frère.
Ses parents se sont séparés lorsqu’elle
avait 9 ans et elle a conservé un contact
occasionnel avec son père. Sa mère fit une
dépression réactionnelle à cette séparation :
« Il est parti avec une autre femme. En plus,
je venais de perdre mon père, auquel j’étais
très attachée », précisa-t-elle. Peu de temps
après, cette femme s’est pourtant remise en
ménage, avec un homme plus jeune : le
beau-père de Mlle C., âgé de 30 ans. Le
départ précipité de ce dernier après 6 ans
de vie commune a été (de nouveau) mal
vécu par la mère de Mlle C. : « J’étais
déçue, car j’aurais voulu avoir un enfant de
lui et, finalement, j’apprends qu’il en a fait un
à ma fille ! ». Cette femme déclara ne
jamais s’être doutée de ce que sa fille
subissait de la part de cet homme, bien
qu’elle ait « avoué » avoir remarqué un
changement de comportement chez elle peu
de temps après l’arrivée de celui-ci dans
leur vie : « Elle se refermait sur elle, pleurait
souvent et passait son temps à dormir. Je
ne pouvais pas le deviner, puisqu’elle ne
disait rien », ajouta-t-elle.
382
A partir de 12 ans, Mlle C. fut sujette
à des crises de spasmophilie et souffrit de
troubles du comportement alimentaire. En
surcharge pondérale, elle fut surprise par la
découverte de sa grossesse : « Comme je
suis ronde de nature, je ne me suis aperçue
de rien, sauf le jour de l’accouchement ».
L’absence de toute sensation ou prise de
conscience en lien avec son vécu de
maternité évoque plutôt chez Mlle C. un
déni de grossesse.
Lors de son examen psychologique,
Mlle C. affirma n’avoir eu qu’un seul rapport
sexuel, de surcroît consenti, avec son beaupère à l’âge de 15 ans : « J’étais d’accord et
ça ne m’a pas traumatisée » précisa-t-elle.
Elle paraissait investir son rôle de mère
auprès de son fils, qui porte son nom : «Ce
n’est pas sa faute, le pauvre petit. Il est trop
mignon » expliqua-t-elle. Mlle C. évoqua
toutefois un problème de rivalité avec sa
mère autour de cet enfant : « Elle me trouve
trop jeune pour m’occuper de mon fils. Je
veux bien le lui laisser, mais elle le sollicite
trop et lui fait trop de câlins. On s’en occupe
à deux ».
Discussion
La non-révélation précoce du viol
subi par Mlle C. a contribué à l’enfermer
dans un lien d’attachement paradoxal à son
abuseur, telle qu’en témoigne son attitude
de rétractation après sa première révélation,
au lendemain de son accouchement. En
effet , Mlle C. se trouve, d’une part, sous
l’influence d’un conflit de loyauté qui la
pousse à réaliser le fantasme de sa mère
d’avoir un enfant avec son jeune
compagnon, d’autre part, sous l’effet d’un
attachement paradoxal vis-à-vis de son
agresseur. Cet attachement particulier dont
la
résonance
oedipienne
est
intéressante à souligner - s’expliquerait par
les rapports de séduction et d’emprise
(Dorey, 1981) exercés par l’agresseur, sorte
de substitut du père manquant.
De l’attachement paradoxal à l’identification à l’agresseur
Pour mieux comprendre les enjeux
du comportement de rétractation de Mlle C.,
nous nous rapprocherons de la notion de
« conflit de loyauté » définie par Ivan
Boszormenyi-Nagy (1973). Pour cet auteur,
la loyauté se réfère à un système relationnel
qui relie un sujet à un autre ou à un groupe
(familial) et elle implique une fidélité
inconditionnelle à l’égard des règles
énoncées ou implicites (non dits, secrets de
famille) définies par ce groupe. La loyauté
participe de la constitution même de
l’identité du sujet. En grande partie
inconsciente, elle comporte une dimension
transgénérationnelle, en lien avec un
ensemble
d’injonctions,
voire
de
transactions, familiales intériorisées, et elle
s’articule à la notion de dette. BoszormenyiNagy (1973) distingue : la loyauté verticale
(parents-enfants),
qui
comporte
une
dimension asymétrique, donc imposée ; la
loyauté horizontale (entre amis ou fratrie),
qui comporte une dimension symétrique,
donc choisie ou recherchée (situation
d’échec scolaire ou professionnel par
loyauté envers la fratrie) ; la loyauté clivée,
qui survient lorsqu’un enfant - dès lors
« parentifié » - prend une place de parent.
Boszormenyi-Nagy (1973) explique que la
« parentification »
n’est
pas
toujours
problématique pour le développement
psychologique de l’enfant. Lorsqu’elle est
équilibrée, cette attitude favorise l’accès à la
responsabilité et à l’autonomie. En
revanche,
la
parentification
devient
pathologique lorsque les exigences de
loyauté qu’elle impose dépassent le niveau
de développement intellectuel et de maturité
psychique. C’est précisément ce que l’on
observe dans le cas de Mlle C., dont la
rétractation est la conséquence d’un
« conflit de loyauté » envers sa mère (une
femme fragile et dépressive).
Boszormeny-Nagy (1973) montre
qu’un conflit de loyauté naît d’une
impossibilité intrapsychique de choisir entre
deux situations et de partager des
sentiments
envers
deux
personnes.
Impliquant
la
connaissance
et
la
reconnaissance d’un lien, la loyauté devient
confuse si ce lien se trouve perverti par
l’effet de non-dits ou de secrets de famille.
Lorsque les attentes familiales vis-à-vis d’un
enfant, investi d’un « legs » et d’une
« mission », sont floues ou contradictoires,
elles génèrent un conflit de loyauté dans
son psychisme. A ce titre, l’observation de
Mlle C. montre qu’en réalisant le fantasme
maternel de porter l’enfant de son ami, elle
cède son enfant à sa mère pour équilibrer la
balance des loyautés entre générations (sur
le mode « il me l’a fait (l’enfant) à moi, mais
je te le donne »). En faisant ce don à sa
mère fragile, Mlle C. cherche à la protéger,
mais aux dépens de sa propre santé
mentale !
L’identification à l’agresseur : Alexandre (un
pseudonyme) et son oncle
Alexandre, âgé de 7 ans, et son
oncle sont reçus dans le cadre d’une
expertise psychologique. Alexandre a fait
l’objet d’un signalement pour des faits
d’agression sexuelle subis de la part de son
oncle, Mr D, âgé de 30 ans. L’enquête
judiciaire a révélé que cet homme a par le
passé commis des attouchements sexuels
sur d’autres petits garçons du cercle familial,
dont un cousin et le frère aîné d’Alexandre.
Ces faits cessèrent le jour où les
attouchements furent révélés par l’une des
victimes (le cousin) à des parents. Cette
révélation, frappée du sceau du secret par
la famille, ne donna cependant lieu à
aucune suite judiciaire. Si Mr D se vit
interdire tout contact avec la jeune victime
qui avait dénoncé ses agissements, il
continua à abuser en toute impunité de ses
deux neveux : Alexandre et, avant lui, son
frère aîné (9 ans). En effet, ce dernier avait
également fait l’objet, vers l’âge de 7 ans,
de sévices sexuels de la part de Mr D, au
sujet desquels il garda le silence. Alexandre,
lui, fut amené à révéler, lors d’une dispute
avec un camarade d’école, les viols subis
de la part de son oncle. Faite en milieu
scolaire, cette révélation fit aussitôt l’objet
d’un signalement et donna lieu à des
poursuites judicaires.
Journal International De Victimologie 2011; 9(2) : 383
HACHET, A.
L’examen
psychologique
d’Alexandre met en évidence un ensemble
de manifestations pathologiques qui ont pu
être reliés à l’agression sexuelle : un état
d’agitation à caractère hypomaniaque sur le
plan
psychomoteur,
des
symptômes
phobiques associés à une angoisse
d’intrusion corporelle, telle que la peur
d’aller aux toilettes, et des troubles du
sommeil (réveils nocturnes et cauchemars).
Alexandre présente également un état
d’excitation sexuelle, qui se manifeste par
un comportement de masturbation compulsif
et par des attouchements sexuels qu’il a fait
subir à des petits garçons, dont son jeune
frère (5 ans). Ces actes laissaient craindre
une reproduction par lui du comportement
de son abuseur.
Ce dernier est une personne très
immature, solitaire, timide et introvertie. Il
est décrit par son entourage comme un
homme taciturne, distant, renfermé et peu
communicatif. Troisième de sa fratrie de six
(une sœur et quatre frères), Mr D est le seul
à ne pas avoir quitté le domicile familial. Il
n’a aucune vie sociale (copains, sorties,
etc.) et il n’a jamais entretenu de relations
amoureuses avec une femme.
Suite à la révélation des faits par
Alexandre, Mr D a révélé avoir lui-même été
victime d’agressions sexuelles, de la part
d’un prêtre, lorsqu’il était âgé de 6-7 ans.
Cet élément a pu être vérifié au cours de
l’enquête. Mr D expliqua ainsi que depuis
cette agression, il ressentait une attirance
sexuelle pour les jeunes garçons, à
l’exception de tout autre objet sexuel. Il
confirma alors n’avoir eu aucun rapport
sexuel avec des adultes, hommes ou
femmes.
Mr D confia également qu’il avait failli
entreprendre un cursus religieux pour
devenir prêtre (comme son abuseur).
L’ensemble de ces éléments indique la
présence d’un processus d’identification à
l’agresseur, tant par rapport à la vocation
(prêtre) de ce dernier que par rapport à son
comportement d’abuseur, que Mr D a répété
384
sur des garçons de l’âge qu’il avait lorsqu’il
fut agressé.
La révélation d’Alexandre, plus
efficace que la première - car ayant
échappé à une mise au secret par la famille
et donné lieu à une action judiciaire à
l’encontre de son agresseur - a permis
d’enclencher une nouvelle révélation, cette
fois-ci du côté de l’agresseur et concernant
sa propre victimisation, subie au même âge
que celui de ses victimes.
Discussion
L’identification à l’agresseur, tant
chez Alexandre (vis-à-vis de son oncle) que
chez son oncle (vis-à-vis du prêtre abuseur),
témoigne d’un échec du travail d’élaboration
psychique du trauma : dans les deux cas,
une situation d’abus, avec inversion de rôle,
s’est reproduite. Une élaboration réussie du
traumatisme, au sens psychanalytique,
impliquerait la transformation du vécu de
l’excitation
(ici
sexuelle)
en
une
représentation. Or, la reproduction de l’abus
ramène plutôt l’événement traumatique sur
une scène réelle : une mise en acte. Si la
répétition, comme le souligne Freud (1914),
est une forme de souvenir, elle signe
néanmoins l’échec de sa représentation au
niveau psychique et fait donc obstacle au
travail de remémoration et de perlaboration.
Dans ce cas de figure, la répétition est un
moyen de défense - à l’instar du déni - qui
lutte contre l’émergence du souvenir de
l’événement traumatique, sur le mode : « On
ne me l’a pas fait subir, puisque c’est moi
qui le fais subir à d’autres ». L’élaboration
qui permet le passage de l’excitation à la
représentation a bel et bien échoué, dans la
mesure où elle est remplacée par une
décharge, via une reproduction réelle de
l’événement traumatique. A travers la
répétition, la victime, devenue agresseur,
tente de rétablir de l’ordre dans sa vie
psychique - éclatée par l’agression vécue et de donner un sens à un acte insensé. En
d’autres termes, la victime reproduit le
comportement
de
l’agresseur
pour
De l’attachement paradoxal à l’identification à l’agresseur
comprendre ses motivations, ceci jusqu’à se
confondre avec lui. En parallèle, au moyen
de cette répétition, la victime tente à la fois
de se saisir et de se soustraire à l’emprise
de son agresseur.
En fait, la « confusion de langues »
(Ferenczi, 1933) entre la victime et son
agresseur s’installe dès le début de leur
rencontre, qui enferme et aliène la victime
dans le désir de son séducteur. Souvent cité
comme critère de l’intolérable par les
victimes d’agressions sexuelles, le silence
de leur agresseur durant l’acte d’abus est
alourdi par son regard égaré et écrasé par
la honte. Ce regard renvoie la victime à sa
propre honte et scelle sa soumission totale
à son agresseur. Ne pouvant plus exister en
dehors du désir de son séducteur,
Alexandre abuse de ses petits camarades et
devient séducteur après avoir été séduit ;
d’où l’installation d’un cercle vicieux, dont
seule la révélation (parole accréditée par le
tiers social) garantit la rupture.
incapable d’exister en dehors du désir de
son abuseur, la victime soit se réapproprie
l’abus (comme le fit Mlle C.), soit reproduit
l’abus (comme le firent Alexandre et son
oncle). Dans ce dernier cas de figure, la
métamorphose identitaire de la victime en
agresseur devient une source permanente
d’angoisse, que seul le passage à l’acte
permet d’apaiser. Cet apaisement est
éphémère, car le passage à l’acte suscite à
nouveau un sentiment de culpabilité ! La
victime devenue abuseur est ainsi aux
prises avec une situation sans issue. Seule
la révélation précoce de l’abus par la victime
est susceptible de rompre ce cercle vicieux.
Affirmons donc en dernier lieu qu’il est
indispensable de proposer une prise en
charge psychothérapique adéquate pour
impulser et accompagner au mieux
l’élaboration des effets psychiques de cette
révélation, tant pour les victimes que pour
les abuseurs ex-victimes.
Références
IV. Synthèse et conclusion
Ces deux observations cliniques
illustrent la complexité du lien qui existe
entre une victime à son abuseur, allant d’un
attachement paradoxal (comme dans le cas
de Mlle C.) à une reproduction de l’acte
d’abus par identification à l’agresseur
(comme dans le cas d’Alexandre). A chaque
fois, le lien pathologique (par attachement
ou identification) à l’agresseur non
seulement empêche l’élaboration psychique
du traumatisme par la victime, mais engage
de plus celle-ci dans un cercle vicieux
marqué par la répétition et l’aliénation dans
le désir de l’autre. Par ailleurs, nous avons
vu que le choix de la victime par l’abuseur
est déterminé par sa fragilité (un manque de
père, en ce qui concerne Mlle C.) ou par sa
ressemblance narcissique avec l’abuseur
(l’âge, en ce qui concerne Alexandre). Sous
l’emprise de son agresseur, la victime est
aliénée dans le désir et la honte de ce
dernier, qu’elle fait sienne ; ce qui scelle sa
soumission totale à l’agresseur. Dès lors
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