49 La blonde plantureuse sous l`objectif du paparazzi

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49 La blonde plantureuse sous l`objectif du paparazzi
Aurore Fossard : La blonde plantureuse sous l’objectif du paparazzi : évolution d’un sujet du grand et du petit écran
La blonde plantureuse sous l’objectif du paparazzi :
évolution d’un sujet du grand et du petit écran
Aurore Fossard - Université Lyon 2
Dès ses débuts, le cinéma a fait du photographe un personnage. Les photographes d’atelier, amateurs, de mode ou reporters de guerre ont pu révéler dans la fiction les multiples facettes
de la photographie, permettant ainsi à un regard rétrospectif d’en observer les évolutions techniques et sociales. Étudier le personnage du paparazzi à l’écran revient non seulement à
réfléchir à la construction d’un personnage filmique, mais aussi à étudier l’univers d’un photographe à la profession singulière. Cet univers, composé de l’appareil photographique et son sujet, fait du personnage du paparazzi l’instance d’un regard aux enjeux multiples. Pour
l’heure nous proposons d’interroger les impacts de ce regard sur un sujet privilégié de façon
récurrente par le paparazzi dans la fiction : la femme blonde plantureuse. Celle aux formes
pulpeuses, généreuses, celle qui par sa blondeur « possède la valeur dominante de séduction
érotique »1 mais aussi une certaine « authenticité »2, une valeur précieuse aux yeux de
l’homme blanc. Il existe de nombreux articles et essais sur la représentation des femmes au
cinéma et sur la femme fatale en particulier3. En partant de cette littérature, nous procèderons
à une étude comparée de deux cas spécifiques qui marquent les bornes chronologiques de
l’histoire de la représentation du paparazzi à l’écran et qui permettent d’analyser la manière dont la présence du paparazzi modèle le sujet dans la fiction. Parce qu’« il n’est pas nécessaire de se limiter aux œuvres reconnues afin de comprendre l’Histoire du cinéma »4, le
personnage du paparazzi nous transporte du grand au petit écran, d’une Palme d’Or au Festival de Cannes à une série télévisée qui s’éteint après une saison et demie. Au-delà de
l’intérêt épistémologique d’un tel corpus, cet écart des genres est également significatif d’une certaine évolution du personnage. Aussi notre premier mouvement visera-t-il l’analyse d’une séquence de La Dolce Vita, film réalisé par Federico Fellini en 1960 et Palme d’Or au festival 1
Serge Toubiana, « Qu’est-ce qu’un grand cinéaste de la chevelure ? » in Brune/Blonde, La Cinémathèque
française/SkiraFlammarion, 2010, p16.
2
Richard Dyer, « Marilyn Monroe et la sexualité » in Le Star-Système hollywoodien, Paris, L’Harmattan, 2004. p74.
3
Entre autres, Bram Dijkstra, Les idoles de la perversité. Figures de la femme fatales dans la culture fin de
siècle, Paris, Seuil, 1992 ; Claire Johnston (ed.), Notes on Women’s Cinema, London, Society for Education in
Film and Television, 1975 ; Zeenah Saleh, « Résurgences du mythe de la blonde fatale dans le cinéma
hollywoodien des années 80 » in Melvin Strokes, Gilles Ménégaldo (et al), Cinéma et mythe, Poitiers, La
Licorne, 2002 ; etc.
4
David BORDWELL. Film and the Historical Return. mars 2005. Disponible (en ligne)
http://www.davidbordwell.net/essays/return.php. Consulté le 16 septembre 2010.
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