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IDEAT A OBTENU LA PLUS FORTE HAUSSE DE DIFFUSION TOTALE OJD DES MAGAZINES DE DÉCORATION DEPUIS CINQ ANS (+28 %) SOURCE BOOK OJD 2007-2012 www.ideat.fr I d é e s - D e s i g n - É v a s i o n - A r c h i t e c t u r e - Te n d a n c e s / N ° 1 0 6 - F é v r i e r 2 0 1 4 - 5 € M 01469 - 106 - F: 5,00 E - RD ’:HIKLOG=^UZUU\:?k@b@a@g@k" Déco : 12 décorateurs français qui comptent Design : le meilleur de la création made in Netherlands City guides : Amsterdam & Rotterdam n o Ba nnee né ! IDEAT, LE MAGAZINE DÉCO NOUVELLE GÉNÉRATION RENCONTRE Marcel Wanders : un papillon au bout du fil © STUDIO MARCEL WANDERS 2013 Désormais agrandi, le prestigieux Stedelijk Museum d’Amsterdam fait sensation du 1er février au 15 juin. Sa généreuse exposition « Marcel Wanders : épinglé au Stedelijk » décrypte en plus de 400 objets ses vingt-cinq années de design. Au programme : beauté, qualité et humour. Tout à son projet, Marcel Wanders a répondu à nos questions au bout du fil mais pas du bout des lèvres. PROPOS RECUEILLIS PAR GUY-CLAUDE AGBOTON Né sans ailes, le papillon Wanders ne les a jamais empêché de pousser. 122 IDEAT 1998 : Coup de tonnerre chez Cappellini ! Wanders crée pour l’éditeur italien des lampes étonnamment sobres. Mais ces Big Shadows font la différence par leur jeu d’échelle. Une exposition vingt-cinq ans après vos débuts, qu’est-ce que cela Qu’il recherche toutes sortes de solutions. Dans l’exposition, vous vous inspire ? trouverez – c’est une idée de la curatrice Ingebord de Roode – une Je suis très, très excité ! C’est une merveilleuse opportunité et j’en suis zone blanche avec l’analyse de dix thèmes comme l’artisanat, les ar- vraiment fier. C’est incroyable d’être reçu dans l’un des musées les plus chétypes ou le travail sur l’échelle. Dans la zone noire, on voit plutôt importants des Pays-Bas. Il est tellement grand… C’est géant, au pro- mon cerveau droit, plus artistique et expérimental. Un lounge est éga- pre comme au figuré ! lement dédié à mon travail de directeur artistique pour Moooi. En préparant cette exposition, avez-vous découvert un autre Pensez-vous avoir gardé un équilibre entre expérimentation et pro- Marcel Wanders ? duction de masse ? Oh là, oui ! En étudiant de près mon travail – ne serait-ce que celui Oui, je crois. L’exposition regorge d’objets fonctionnels et sédui- de ces dernières années –, je me suis découvert sous un nouveau jour. sants. Cette sorte de joie à faire les choses a été une constante de J’ai trouvé dans ce que j’ai revu une sorte de densité pas forcément mon travail. perçue jusque-là. Evidemment, en tant que designer, je suis habitué à penser à de nouvelles typologies, mais la consistance de tout ce tra- Oui mais que ressentez-vous quand le New York Times vous compare vail réalisé m’a surpris. à une « Lady Gaga du design » ? Je pense que Lady Gaga est quelqu’un qui est dans l’innovation pour Si cette exposition était un message, quel serait-il ? tous. Elle enthousiasme plus que d’autres et joue dans la cour des Que le designer est à la recherche de différentes notions de qualité. grands. Vu comme ça, la comparaison est flatteuse… En même temps, IDEAT 123 RENCONTRE 1 2 1/ Comme Starck qu’il admire, Marcel Wanders est sollicité pour enchanter des programmes résidentiels de luxe, comme ici le Quazar à Istanbul. Ouverture prévue en 2015. 2/ A l’hôtel Andaz Prinzengracht d’Amsterdam, tout ce que l’on voit a été pensé par Wanders pour refléter l’esprit de la ville. Un projet de design total ! elle n’est pas étrangère à une certaine forme de superficialité. Com- m’inscris en faux contre cette idée ! bien de temps cela durera-t-il ? De mon côté, depuis mes débuts, je pense faire du bon travail, qui s’inscrit dans la durée. Vous savez, dans Dans les années 1980, Philippe Starck parlait « d’objets qui aiment les le petit monde du design, certains tranchent et c’est bien. Parce que gens ». De votre côté, vous évoquez plutôt des gens qui aiment les le design doit aussi être une chose stimulante et clivante. objets et les gardent… A mes débuts, dans les années 1990, le produit durable était la clef Rend-on assez justice au pragmatisme de votre travail ? On trouve de voûte qui sous-tendait ce que je faisais. Je travaillais avec un par exemple chez Moooi la lampe Bucket signée Studio Job, amu- groupe dont le credo était « A vous pour toujours ». On voulait des- sante mais intelligente… siner des objets qui durent et que les gens gardent. Nous ne nous pla- Personne de sérieux ne saurait oublier le pragmatisme du design. çions pas uniquement sur un plan écologique ; on voulait que ces créa- Quoique j’avoue parfois travailler à des objets pour la simple raison tions puissent compter pour les gens parce qu’ils les appréciaient. que j’aime ça. Bien sûr, je valorise des produits qui compteront pour Habité par cette idée, je cherchais par tous les moyens à créer cet at- les gens en remplissant leur fonction. En même temps, les objets ne tachement entre les gens et les objets que je faisais. peuvent pas être que pragmatiques. En ce moment, le design tend à l’être jusqu’à la dilution. Bon sang ! Mais une piscine n’est pas une Que souhaitait Marcel Wanders débutant ? bonne piscine parce que vous pouvez nager dedans ! Un vase n’est pas Concevoir des objets durables qui touchent le cœur des gens. Et je n’ai un beau vase parce que vous pouvez y mettre des fleurs. La raison pas changé. Cela dit, rien n’est éternel. Mais aujourd’hui, les designers pour laquelle nous aimons les objets, c’est leur design. La raison pour se sentent plus concernés par l’impact de leurs créations sur la planète. laquelle ils fonctionnent, c’est leur design. La fonction est fondamentale. C’est la moindre des choses, comme une politesse. Mais ce Les designers hollandais empruntent volontiers au passé. Franche- n’est pas la raison pour laquelle nous aimons les objets. Certains ment, n’est-ce pas vous qui avez initié ce mouvement ? journalistes pensent que le design, c’est uniquement la fonction. Je Absolument. J’ai découvert il y a longtemps que rien ne vieillit plus 124 IDEAT 3 4 3/ Editée chez Flos, la suspension Zeppelin (2005) en résine « cocoon » pulvérisée illustre bien la volonté du designer de séduire en plus d’éclairer. 4/ Marcel au bout du fil ? Sans nez de clown, mais avec son regard visonnaire ! vite que la nouveauté. J’essaie donc de créer des objets qui ont l’air A quoi doit-on veiller quand on est le designer/directeur artistique formidables, pas qui ont l’air dernier cri. Dans le monde du design, je d’un label comme Moooi ? suis une exception. En tenant compte d’éléments du passé, j’aime La chose la plus délicate, c’est d’être une locomotive tout en restant densifier les produits en y intégrant toutes sortes de métaphores. Il près des gens. C’est très facile d’être innovant mais il ne faut pas per- s’agit pour moi de « vitaliser » les objets de la culture dans laquelle dre de vue le public. On peut heureusement faire des choses pas- je vis ou que j’observe. Je pense que cela a pu influencer certains… sionnantes sans négliger l’environnement des acheteurs, avec leurs en- et je m’en réjouis vu qu’aujourd’hui, bien malin celui qui saura dis- fants qui jouent ou les grands-parents qui passent. La qualité de tinguer le design de ce qu’il était il y a vingt ans, tellement il est de- notre production doit aussi être accessible financièrement. venu minimal et abstrait. Qu’est-ce qui n’a jamais bougé chez Moooi ? L’Hotel Andaz Prinzengracht à Amsterdam a-t-il été pour vous l’oc- Le respect pour le design. Mais aussi notre intention de communiquer casion d’un projet total, au sens de contrôle intégral ? notre passion, je dirais même notre amour de la créativité ! Ça, ça n’a Quand on travaille sur un hôtel, on évolue toujours entre les pas changé. De même que le respect des personnes qui travaillent contraintes (à la fois techniques et légales) et le contrôle artistique avec nous, clients et fournisseurs compris. Nous sommes une com- total. C’est tout à fait normal ! Au moment où on s’attaque à un tel pagnie jeune, encore proche de ce qu’elle était au départ. chantier, il faut être à l’écoute attentive du propriétaire de l’établissement mais il faut aussi prendre l’entière responsabilité du design. Une fois l’exposition inaugurée, quel sera votre prochain grand projet ? Nous l’avons fait ici à Amsterdam comme à Miami ou ailleurs. A Ams- Justement, le jour de l’inauguration, je vais présenter une application terdam, l’idée était de bien donner l’impression d’arriver dans cette pour iPhone. Ce sera une grande première pour moi. Cela m’intéresse ville et dans aucune autre. Tous les espaces évoquent la ville. Pas seu- beaucoup de voir comment cela va évoluer. L’idée de partager au- lement par des messages lisibles. Ce doit être ressenti, du visuel à trement ce que nous faisons avec les gens, ici en Hollande et partout l’émotionnel. dans le monde, cela me parle, mais alors, vraiment ! • IDEAT 125