La communion dans la main

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La communion dans la main
PRIONS, CETTE SEMAINE, EN UNION AVEC L'ÉGLISE
La communion dans la main
Communier dans la main, quoi de plus naturel! Quand on porte à
sa bouche avec respect le pain consacré, on croit entendre le Prenez
et mangez de Jésus. Pourtant cette pratique qui nous vient des
origines a souvent été mise à mal.
Elle l'est encore aujourd'hui dans certains milieux où l'on s'est convaincu que la
pratique de communier directement sur la langue est plus respectueuse. Ce n'est certes
pas le point de vue du ministre qui distribue l'eucharistie, sans compter les inévitables
problèmes d'hygiène publique.
La tradition de la communion dans la main - puisqu'il faut parler de tradition - est
clairement attestée dans la littérature des premiers siècles. Il n'est que de consulter les
catéchèses d'Augustin, d'Ambroise de Milan, de Jean Chrysostome, de Théodore de
Mopsueste ou de Cyrille de Jérusalem. À titre d'exemple, ce dernier rappelle à ceux qui
se présentent pour la première fois à la communion : Ne t'avance pas les paumes des
mains étendues, ni les doigts écartés : mais fais de ta main gauche un trône pour ta main
droite, puisqu'elle doit recevoir le Roi, et dans le creux de ta main, reçois le Corps du
Christ, disant «Amen».
Ailleurs on parlera d'une symbolique qui s'établit entre les mains qui accueillent le
Sauveur et la crèche de Bethléem. Il n'est pas inutile de rappeler qu'une décision du
Concile In Trullo tenu à Constantinople en l'an 692 en présence de plus de 200 évêques
l'affirme clairement : On doit recevoir la sainte communion sur les mains tenues en forme
de croix... (Canon 101).
Voilà qui donne à réfléchir. Mais alors pourquoi s'est-t-on éloigné d'une prescription
aussi précise? La communion dans la main disparaît en Occident à partir des Xe-XIe siècles.
Deux facteurs seraient ici en cause. D'un côté on voit s'opérer une nette distanciation entre le
peuple et la pratique de la communion. Se serait alors progressivement introduit la
pratique de la communion sur la langue.
Mais ce serait davantage la mise en place d'un nouveau rite lors de l'ordination des
prêtres qui serait responsable de ce changement. Depuis le VIIIe siècle, estimant qu'elles
sont destinées à toucher le corps du Christ, les mains du prêtre sont consacrées par une
onction d'huile. Elles reçoivent ainsi une dignité nouvelle, mais du coup, celles des
fidèles se sont retrouvées nettement déclassées et cela bien injustement.
À Vatican II, les Pères conciliaires ont voté à la quasi-unanimité non pas une réforme
de la liturgie, mais bien sa restauration dans l'esprit de la grande tradition. C'est donc tout
naturellement que l'on a redécouvert la communion dans la main.
N'est-il pas geste plus noble et respectueux que de communier en recevant dans ses
mains posées l'une sur l'autre - en forme de croix - le Corps du Christ devenu Pain de vie
et nourriture pour la vie éternelle.
Père Jacques Houle, c.s.v.

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