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Tiré à part NodusSciendi.net Volume 15 ième Décembre 2015 Volume 15 ième Décembre 2015 Étude Réunie par Dr. GAHÉ-GOHOUN Rosine Cinthia Maître-Assistant ISSN 2308-7676 Comité scientifique de Revue BEGENAT-NEUSCHÄFER, Anne, Professeur des Universités, Université d'Aix-la-chapelle BLÉDÉ, Logbo, Professeur des Universités, U. Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan BOA, Thiémélé L. Ramsès, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny BOHUI, Djédjé Hilaire, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny DJIMAN, Kasimi, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny KONÉ, Amadou, Professeur des Universités, Georgetown University, Washington DC MADÉBÉ, Georice Berthin, Professeur des Universités, CENAREST-IRSH/UOB SISSAO, Alain Joseph, Professeur des Universités, INSS/CNRST, Ouagadougou TRAORÉ, François Bruno, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny VION-DURY, Juliette, Professeur des Universités, Université Paris XIII VOISIN, Patrick, Professeur de chaire supérieure en hypokhâgne et khâgne A/L ULM, Pau WESTPHAL, Bertrand, Professeur des Universités, Université de Limoges Organisation Publication / DIANDUÉ Bi Kacou Parfait, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan Rédaction / KONANDRI Affoué Virgine, Professeur des Universités, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan Production / SYLLA Abdoulaye, Maître de Conférences, Université Félix Houphouët Boigny, de Cocody-Abidjan 2 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 Sommaire 1- Pr SYLLA Abdoulaye, « Compendieusement vôtre, poétique de l’infiniment petit chez Clément Marot » 2- Dr AKREGBOU Boua Sylvain, « Usages du langage SMS en milieu universitaire ivoirien » 3- Dr ACHIÉ Arthur Modeste, « Espace, altérité et publicité : regard croisé sur Kibibi de Roro » 4- Dr KOUACOU Jacques Raymond Koffi, « Origines, formes et significations de la violence { l’égard des enfants dans l’univers des contes africains de l’orphelin » 5- Dr KOUAME Yao Emmanuel, « Morphologie compositionnelle et sémantique du Gouro » 6- Dr BONI Assié Jean-Baptiste, « Le personnage, un caractère non fondamental dans les scenarii de Honore N’zue » 7- Dr KANAZOE Sénon, « Etude de quelques faits d’appropriation du français en milieu scolaire au Burkina : le cas de l’argot du collégien » 8- Dr DEDOMON Claude, « Du fait divers à la fiction ou la réappropriation du réel dans Nagasaki d’Éric Faye » 9- Dr KPANYAWNE Thadée Balouhib Somda, « L’œuvre littéraire comme école » 10- Dr KADJA Pascal Nambo et Dr KONE Bassémory, « Etude des principaux déterminants de la prévalence du VIH/SIDA en Côte d’Ivoire, enjeux et défis { l’horizon 2020 » 11- Dr DOUA Edmond, « Approche socioculturelle et communicationnelle des médias » 3 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 12- Dr. YAMEOGO Kandayinga Landry Guy Gabriel, « Analyse stylistique de Kareme, pas de caramel ni de caresse de gombo.com » 13- Dr KONAN Richmond Alain, « Agota Kristof ou l’expérience exilique en partage » 14- ANDOBLÉ Marcel, « Représentation de la femme et le mythe de l’amazone : exemple de Assia Djebar, de Calixthe Beyala, de Fatou Keita et de Mariama Bâ » 15- Dr. ZÉBIÉ Yao Constant, « L’intermédialité dans le paradis français de Maurice Bandaman : une écriture « écranique » 16- Dr. KOMENAN Casimir, « The poetics of extreme poverty in John-Maxwell Coetzee’s The Master of Petersburg » 17- Dr. GAHÉ-GOHOUN Rosine Cinthia, « La cosmogonie dans le Timée de Platon, projection contemporaine d’un monde globalisé » 4 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 ESPACE, ALTERITE ET PUBLICITE : REGARD CROISE SUR KIBIBI DE RORO Dr ACHIE Arthur Modeste Université Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo (Côte d’Ivoire) INTRODUCTION La littérature comparée, briseuse de barrières et de frontières, plonge ses pieds en sociologie et explore les épineuses questions du genre et du sexe. A travers les études sur le genre (gender studies) et les minorités sexuelles (queer studies), les réalités socio-culturelles sont abordées et lues sous tous les angles possibles. Des réalités en perpétuelle mutation dans un monde lui même mouvant. Chaque espace, dans sa traversée du temps, construit ou déconstruit son mode de vie. Les migrations d’un point { un autre sont facteurs de transport de mœurs, de civilisation, d’un espace à un autre. Il y a un véritable commerce entre les mondes, source d’influence et aussi de conflit culturel. L’autre, ce grand étranger est espace, espace ambulant. Il va et vient avec son univers, le conjugue ou non avec ceux qu’il rencontre. La notion d’altérité, dans cette logique prend la dimension d’un rapport de promotion, de publicité des valeurs entre les individus, entre les peuples. Kibibi de Roro est une œuvre musicale qui aborde le thème de l’altérité ainsi que ceux du gender et du queer dans une perspective poétique. Il s’agit d’une chanson qui se veut l’écho d’un amoureux qui sacrifie des années { l’attente d’une femme qui en fin de compte s’avère être un homme. Son auteur Eric Didia alias Robert Levi Provençal ou encore Roro, est d’origine ivoirienne et animateur radio à 5 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 Radio Nostalgie Abidjan. Il fait son entrée en musique en 20091 avec Kenini act 1, album produit par Africabox production. Soutenu par un fond musical Rumba, le texte est déclamé sous forme de slam intercalé par un refrain chanté en lingala, reprenant la mélodie du refrain du titre « Belle » extrait de notre dame de Paris de Garou2. Ce texte sera donc abordé dans une approche comparatiste qui consistera à établir un rapport entre les espaces évoqués et le fonctionnement du genre tout en mettant en exergue la dimension littéraire de l’œuvre musicale. La notion d’altérité qui implique celles du regard et de l’identité s’invitent aussi au cœur du débat. En outre, il y a intérêt { voir comment la création de Roro en temps que média s’érige en canal de publicité ou contre publicité d’idéologies et de valeurs. Cette étude qui imbrique interdisciplinarité (musique-littérature) et culturals studies se fera { partir d’une démarche basée sur l’intergénérecité et la géocritique. La géocritique étant «la science des espaces littéraires »3, « [l’] art d’interpréter les espaces imaginaires »4 et de créer un rapport entre espace imaginaire, fictif, textuel et l’espace réel, afin d’étudier « les interactions entre espace humains et littérature »5. Ainsi en sillonnant les différents lieux du texte de Roro, l’on pourra faire la lumière sur le fonctionnement de la question du genre dans une société bien donnée théâtre de l’histoire chantée. 1 http://roroshowtime.blogspot.com/p/biographie.html GAROU, Daniel LAVOIE, Patrick FIORI, « Belle » in Notre Dame de Paris, Acte 1, 1998, Label : Sony 3 Jean-Marie GRASSIN, « Pour une science des espaces littéraires » dans Bertrand WESTPHAL (dir.), La Géocritique mode d’emploi, Limoges, Presse Universitaire de Limoges, 2000, p. II 4 Jean-Marie GRASSIN, « Pour une science des espaces littéraires » dans Bertrand WESTPHAL (dir.), La Géocritique mode d’emploi, op.cit, p. XIII 5 Bertrand WESTPHAL, « Pour une approche géocritique des textes », dans Bertrand WESTPHAL (dir.), La Géocritique mode d’emploi, op.cit, p. 17 2 6 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 La réflexion sera bâtie sur une logique tripartite. Le premier volet de l’analyse traitera de la littérarité du texte musical en se focalisant sur sa dimension intergénérique. Quant au second, il sera consacré à une étude géocritique qui permettra de repérer les différents espaces évoqués par l’auteur, les analyser et de les mettre ensuite en rapport dans la troisième partie du travail, avec les réalités de gender et queer telles que apparaissant dans le texte de Roro. I. LITTERARITE ET INTERGENERICITE La littérature dans sa définition puise son fondement dans la dimension esthétique de l’œuvre produite. Aussi le littéraire se distingue-t-il de l’utilitaire essentiellement par la touche artistique qui permet d’aller au delà de l’usage habituel fait des matériaux du langage. A ce propos, Georges Mounin dans son Dictionnaire de la linguistique dira que la « littérarité serait à la littérature ce que la langue est à la parole chez Saussure, c'est-à-dire ce que toutes les œuvres de la littérature ont en commun, dans l’abstrait, comme système»6. Et le dominateur commun des œuvres littéraires reste bien entendu l’esthétique. Celle-ci prend forme dans les ruptures que crée l’écrivain avec les règles classiques du langage. A travers une manipulation particulière des signes linguistiques et la convocation, l’invocation de thèmes et termes de toutes origines, il crée des symboles qui encodent son discours et l’expulsent du registre utilitaire normatif. Le discours qui entre en littérature devient une banque de données soumise à lectures diverses, la forme, la structure étant désormais la clé de lecture du fond. La littérature s’avère être langage d’une autre 6 Georges MOUNIN, Dictionnaire de la linguistique, Paris, P.U.F, 1974, pp 205-206 7 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 dimension, « actualisation de la puissance du langage »7 échappant à toute juridiction. Ce qui lui confère un statut que Christine Baron caractérise d’exception. Le critérium de littérarité qui est donc intrinsèquement lié à la capacité de ré-fabrication du langage dans le discours, s’applique { tous les genres littéraires. Démontrer comment le texte musical de Roro répond aux caractéristiques littéraires et ce en prenant la forme de genres divers est l’exercice auquel répond l’analyse qui va suivre. 1 – L’AUTOBIOGRAPHIE OU LA PUBLICITE DE SOI AU CŒUR DU CHANT L’autobiographe est auteur, narrateur et personnage de son texte. En remplissant simultanément ces trois fonctions, il décide de se dire, ou de re-créer son moi { travers sa plume. Il s’introduit dans le monde fictionnel de l’écriture { travers le paradoxal désir de préserver son identité référentielle. Sur cette base le texte de Roro nous invite à revivre un épisode de sa vie. Les personnages principaux de son récit sont, Kibibi la femme de ses rêves et Roro, le narrateur autodiégétique. En réalité Roro est le diminutif de Robert Levi Provençal pseudonyme de l’animateur radio ERIC DIDIA, auteur de « Kibibi ». Une étude numérique du pronom personnel sujet « je », permet de relever cent quatre (104) fois le mot-outil, marque de la première personne du singulier. Quant au diminutif Roro il apparaît 10 fois et le pseudonyme Robert Levi Provençal une seule fois. Tous les critères du récit autobiographique tels que confinés dans le « pacte autobiographique »8 de Lejeune Philippe sont réunis dans le texte: 1- Au niveau de la mise en forme du langage : il s’agit d’un récit en prose relatant une histoire. 7 Cédric CHAUVIN, « Jean Bessière, Quel statut pour la littérature ? (2001) et Le Roman contemporain ou la Problématicité du monde (2010) », ReS Futurae [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 02 octobre 2012, consulté le 01 octobre 2015. URL : http://resf.revues.org/184 8 Philippe LEJEUNE, Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1975, P. 15 8 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 2- Au niveau du sujet traité : l’histoire relatée concerne la vie personnelle d’un individu existant, Eric Didia 3- Au niveau de la situation de l’auteur : l’auteur Roro est aussi narrateur 4- Au niveau de la position du narrateur : le narrateur Roro est aussi personnage principal Le lien entre le « je », le narrateur, le personnage principal de l’espace fictionnel et le pseudonyme de l’auteur ainsi que son réel nom, éléments référentiels, est établit. Il se dégage { chaque niveau d’identification, une sorte de trinité qui consolide l’idée de l’auteur-narrateur-objet. AUTEUR NOM PSEUDONYME AUTEUR JE NARRATEUR AUTEUR NARRATEUR PERSONNAGE En plus de ces éléments identitaires, il ya convocation d’espaces réels (Villeurbanne, Paris, Rue de la Pompe, Ecole supérieure des arts modernes…) dans le récit de Roro. Ces espaces introduits en fiction par l’auteur sont en partie des lieux fréquentés et visités en réalité par celui-ci à une époque bien donnée de sa vie, selon les informations inscrites dans sa biographie citée plus haut. L’auteur retrace donc { travers une visite fictionnelle de ces lieux un épisode de son existence. Quant à l’authenticité de l’histoire racontée, appelée « pacte référentiel »9 par Lejeune, elle 9 Philippe LEJEUNE, Le pacte autobiographique, Op.cit, P.35 9 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 prend source déjà dans celle de l’identité (auteur=pseudonyme=narrateur= personnage=je).Sur cette base naît la confiance entre l’auteur et le lecteur qui considère le récit comme un pan de la vie réelle de celui-ci. Ici il ne s’agit pas de vérité au sens de reprise strictement conforme d’un instant de la vie de l’auteur. Il est plus question d’une « authenticité en tant qu’elle est la vérité du texte, de l’image du narrateur en train de se peindre et de l’image qu’il veut donner de ce qu’il était { telle ou telle époque de sa vie. »10La "fictionnalisation" née du discours, réécriture et de l’imaginaire qui refaçonne ce moment de l’histoire de l’auteur, ne peuvent rompre ce pacte. Roro a donc trouvé le canal du dévoilement de son être, de ses sentiments, de ses rêves et aussi de ses choix. A travers l’autobiographie il trouve la voie idéale de la mise en public sans masque de ses profondeurs. Il y a désir ardent de publicité chez l’auteur. Et ce { travers trois canaux en un. - La chanson - La forme autobiographique - Et tous les autres espaces médiatiques classiques de diffusion que sont la radio, la télé, internet… Par le medium principal qui est la chanson, il atteint les autres médias. Il en est conscient, lui le professionnel de la communication. Son domaine d’activité est la radio, un média chaud, espace vivant et mouvant. Par ce jeu d’intermédialité, l’auteur se lance dans la promotion de son œuvre qui implique celle de sa personne { travers la forme autobiographique de son chant. Le texte a souvent pris des allures de spot publicitaire présentant des marques de voitures de luxe : « la couleur de sa 10 Jean-Philippe Miraux, L’autobiographie (Ecriture de soi et sincérité), Nathan, Paris1996, p.20 10 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 peau rappelait le cuir coloris des Rolls-Royces Sylver Shadow », « Quelques minutes plus tard, une Rolls-Royce Camargue blanche se gare sur la rue de la pompe », « et puis soudain, gare une Lamborghini diablo orange, couleur d’origine ». Il se met en valeur { travers l’énumération de vêtements de grande marque dont il fait par ricochet la publicité : « Alors ce jour là, je porte un pantalon velours de chez Ralph Lauren, des Mocassins de chez Alden en corps de daim, avec un petit Pull-over de chez Charles de Castelbajac ». En faisant de son chant un espace publicitaire, l’artiste s’inspire des méthodes congolaises de publicité par le chant. Les grands noms de cette musique de propagande sont Papa Wemba à travers particulièrement son œuvre { succès « proclamation »11 et Koffi Olomidé12. Cette stratégie de communication correspond à celle du sponsoring qui consiste à associer l’image d’un produit, d’une entreprise, d’une institution, d’une entité { un événement, une œuvre ou une célébrité afin d’en assurer une vaste visibilité. Roro semble clairement s’être adonné à cet exercice. Et il le dit sans retenue : « Alors elle me dit : qu’est-ce que tu veux boire ? C’est l{ que j’appelle les sponsors mais il n’y a pas de sponsor donc, je ne veux pas dire ce que j’ai bu ce jour l{… ». Son œuvre, son chant est un espace publicitaire à vendre. Son récit et lui deviennent un support de promotion dans lequel il insère artistement les annonceurs souscripteurs. Pour respecter les principes de la création publicitaire, l’auteur rappelle son pseudonyme en fin de chanson en guise de signature, comme cela se fait dans les messages publicitaires : « Attente trois années durant, résultat oko zéro à la ligne ! Ça vous apprendra… ROBERT LEVI PROVENÇAL ». C’est la formule de conclusion qui ferme le message. Son utilité est d’ordre mnémotechnique. En effet la signature vient s’imposer en fin de message 11 Papa WEMBA, Proclamation (1984, à Paris avec Ngashie Niarchos ), album fille de sion, maningo Koffi OLOMIDE, la chicotte à papa skoll mandra manda, Sortie Décembre 2009, Enregistrement Juin et Aout 2009, Genre Musique du Monde, Producteur Sonima Music. Ce titre est une chanson dans laquelle l’artiste fait la publicité de la bière Skoll faite de vodka et d’agrumes 12 11 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 comme la dernière chose à retenir par le prospect, la cible. En général, il s’agit du nom de la marque ou celui du produit présenté. Ici, l’auteur préfère signer son pseudonyme. Comme pour rappeler une dernière fois que c’est de lui qui s’est agi dans le récit chanté, ou encore pour dire qu’il en est l’auteur. Dans tous les cas, l’auteur apparaît dans la configuration de son message comme la marque et le produit en même temps. Cette logique publicitaire est similaire à celle de l’autobiographie dans laquelle l’auteur est simultanément sujet et objet. 2- POESIE LYRIQUE ET ECRITURE DE L’ALTERITE Le récit chanté de l’animateur prend une forme testimoniale. Il rend témoignage de sa vie. Sa vie amoureuse. Le lyrisme qui caractérise son écriture en est la preuve. La réitération du pronom personnel « je» évoquée plus haut (104 fois) est le premier indice de l’épanchement du poète chanteur. A la musicalité des notes des instruments, il mêle celle des mots afin de faire de sa parole une mélodie qui transporte celui qui l’écoute dans la quête idéaliste qui sous-tend sa création. Ici Roro fait cohabiter deux rythmes en faisant le choix de la déclamation. Il y a de prime abord le rythme support. Produit par les instruments il impose la gamme et plante le décor ainsi que le feeling. Ainsi la cadence langoureuse et le genre rumba qui se dégagent laissent subodorer déjà le thème et les épanchements que peut susciter l’œuvre. Ensuite, vient la partie déclamée. Le poète-chanteur, en fonction du rythme et de la mélodie suggérés par l’orchestre, donne un rythme { sa parole. Ce rythme discursif qui épouse celui de la musique insuffle une densité { l’émotion, au sentiment exprimé par l’auteur. Comme les griots africains ou encore les troubadours d’Occident, qui en dialoguant avec les instruments tels que le balafon, la cora ou encore la vielle et la lyre, partageaient leur profondeur, Roro crée la symbiose entre ses mots et les notes musicales pour produire un seul et même discours : poésie. Il convoque les mots en se laissant guider par ses émotions. Les exclamations et les 12 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 interjections qui abondent en témoignent : « ya ! Kibibi ! », « hé ! hé ! Quand vais-je voir Kibibi ? », « Kibibi je t’aime oh ! ». Il se laisse emporter quelque fois pour se perdre dans l’oralité : « Qui appelle là? Qui appelle là? Qui appelle là? », « Ha bon! Ce soir ? Ce soir? ». Ainsi, il fait vaciller son texte entre poésie symbolique pleine d’images et oralité foyer d’émotions. Son discours est aussi profondément marqué par la diglossie. Il entremêle le lingala à la langue française : « Ya ba pleures nini! ya ba larmes! », « Tout doucement, ya ba déhanchements nini… Oké linguissa! oké linguissa! ah! Kibibi nayê! ». L’artiste se sert de cette technique langagière dans un premier temps pour respecter l’esprit du genre musical rumba qui est une musique d’origine congolaise. Dans une autre perspective, le poète retrouve en ses mots, toute la substance émotionnelle recherchée. Et il les emploie avec une diction qui les rend plus mélodieux que les mots français. Est-ce une affirmation et une valorisation de la langue africaine ou une simple fantaisie artistique ? La première hypothèse n’est pas à écarter. Si Roro fait un usage abondant des éléments de la culture française notamment, la langue (le français), la mélodie du refrain (Notre Dame de Paris) et l’espace de son récit (Paris), il ne renie cependant pas ses origines africaines. Il aborde la question de l’altérité, tel que vue par les comparatistes, en valorisant sa culture { travers celle de l’autre. Il met fin à la phobie qui inspire une attitude de rejet de l’autre ainsi qu’{ la manie qui elle met au devant les acquis culturels de l’autre au détriment du nôtre. Il ya dans l’œuvre de Robert Levi Provençal un dialogue, une symbiose des richesses, des valeurs occidentales et africaines qui crée la symphonie poétique. Nous sommes dans la philie qui caractérise l’écriture de l’altérité selon la vision comparatiste. En réalité l’artiste s’est inscrit dans cette perspective dès l’instant où il a décidé, en tant qu’artiste ivoirien de se lancer dans une aventure musicale congolaise. Dans sa déclamation, il épouse l’accent congolais. La convocation des éléments de l’oralité ivoirienne « coagulation !» permet néanmoins 13 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 de retracer ses origines. Roro est un poète ivoirien qui tombe amoureux d’une femme à Paris. A voir de près, il n’est pas amoureux que de Kibibi à Paris, mais plutôt de Kikibi et Paris. Roro dans sa création musicale jette un regard à double sens. Un premier, sur la culture congolaise, et un autre rivé sur la société française. Il aborde l’altérité sous un angle binoculaire. Et rapproche dans sa démarche deux espaces, deux cultures historiquement opposés sur diverses questions. II. ESPACE REFERENTIEL ET CREATION ARTISTIQUE L’espace référentiel est l’espace réel, existant dans la sphère sociale. Il est donc le reflet concret de l’espace fictionnel, imaginaire que convoque l’auteur dans son œuvre. Dans le texte musical de Roro, le récit chanté répond aux critères de la construction fictionnelle qui en narratologie se fonde sur les trois catégories que sont l’espace, le temps et les personnages. L’espace ici est tissé { partir de toponymes13(nom de lieu) ramenant essentiellement à un repère locatif occidental. Le narrateur fait mention des endroits bien connus dans le plan topographique français. Il s’agit de : « France, Paris, Rue la Pompe, Villeurbanne, Ecole supérieure des arts modernes, 16 ème Avenue Malakoff, 25 Avenue des Champs Elysée, Charles De Gaulle et Avenue Foch ». Les actions de son récit se déroulent exclusivement dans ce pays de l’Europe de l’ouest qui n’est pas le sien. L’essentiel des sèmes caractéristiques de la topolèxemie14 sont présents. Les sèmes désigno-nominatifs (France, Paris, Rue la Pompe, Villeurbanne, Ecole supérieure des arts modernes, 16 ème Avenue Malakoff, 25 Avenue des Champs Elysée, Charles De Gaulle et Avenue Foch) qui nomment les endroits évoqués le démontrent. Il ya un sème historique important qui permet d’établir la référentialité entre tous les espaces fictionnels du 13 Bi Kacou DIANDUE, Topolectes 1, Paris, Publibook, 2005, P.18 Bi Kacou DIANDUE, Topolecte 1, Op. cit, P. 22, (Le topolexème est un toponyme dont la fonctionnalité renvoie à un espace extratextuel précis.) 14 14 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 récit de Roro et leurs équivalents réels. Il ressort en substance des premiers mots de son texte : « Printemps 1985 Villeurbanne, jeune étudiant en France ». En effet cette date et l’école évoquées correspondent à des aspects réels de la vie de l’homme des médias, selon les informations contenues dans son autobiographie15. Roro parle effectivement de la France et plus précisément de Paris et de ses secteurs. Ces espaces sont avant tout des topomorphèmes16 caractérisés pour la plupart par le luxe. Le 16 ème, les champs Elisée, le Fouquet pour ne citer que ces endroits, sont des lieux réputés pour leur classe et leur prestige. Le Fouquet demeure l’un des plus grands restaurants français dont la renommée va au-delà des frontières du pays. L’auteur dans sa description spatiale semble privilégier de tels topomorphèmes. « Là où passaient les princes, les souverains et les présidents, elle était toujours là ». Le locatif « là où » est un topomorphème qui puise son caractère dans la présence des princes, souverains et présidents à ces endroits. Vu la qualité de ces personnalités, l’on peut aussi imaginer celle des lieux qu’elles fréquentent. Le personnage de Kibibi qui fascine le poète évolue donc dans ce biotope feutré. Elle côtoie des endroits raffinés et habite un appartement de la même envergure. Bon écoute, viens on va manger dans un grand restaurant, on va aller au Fouquet et puis après on va aller chez moi. Je vais te montrer ce qu'on appelle maison ici! Roro!… nous sommes bien sûr dans le parking de l'immeuble de la résidence de KIBIBI, avenue Foch… Eh bien! On rentre comme ça, on prend l'ascenseur, on rentre dans la maison et je m'assoie sur le fauteuil. Canapé croco éza! KIBIBI! L'argent est trop, l'argent est beaucoup, l'argent est nécessaire! 15 http://roroshowtime.blogspot.com/p/biographie.html, Op. cit Bi Kacou DIANDUE, Topolecte 1, Op. cit, P.23, (Le topomorphème est la désignation caractérielle de la spatialité dans un actant d’un texte donné. Il met en avant le caractère de l’espace qu’il désigne) 16 15 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 Même les espaces mobiles qui assurent son déplacement sont des véhicules de luxe : « Quelques minutes plus tard, une Rolls-Royce Camargue blanche se gare sur la rue de la pompe. La portière s'ouvre et j'aperçois un pied de Mocassin Chanel en peau de lézard. C'est magnifique! Et quand je regarde ce pied je suis terrifié! Soudain elle sort de la voiture. Eh Seigneur! C'est Kibibi! » A sa première apparition elle est identifiée à bord d’une Rolls-Royce et la seconde fois { l’intérieur d’une autre voiture aussi somptueuse que la première, une Lamborghini diablo. « Et puis soudain, gare une Lamborghini diablo orange, couleur d'origine. Trop kitoko! Je la vois descendre. » Les données topolectales repérées dans le récit permettent d’établir un lien entre le caractère des espaces, des environnements vitaux de nos personnages et leur nature. En d’autres termes comment le texte de Roro aborde t-il la question du genre et du queer, à travers un encodage de l’espace ? Tel est le point auquel sera consacrée la dernière partie de ce travail. III. TRANSGRESSIVITE SPATIALE, HOMOSEXUALITE ET LUXURE Gender et queer studies sont les études sur le genre et les minorités sexuelles. A travers ces questions qui relèvent de prime abord de la sociologie, la littérature comparée vient confirmer l’inexistence de barrières dans son champ d’action. Pour rappel, la question du genre a considérablement évolué aujourd’hui. Le système patriarcal qui a pendant longtemps régné au cœur de la majorité des sociétés a toujours soutenu que la détermination du genre est liée à la nature du sexe et demeure un phénomène purement biologique. La vision patriarcale fait de l’homme le maître du couple et lui confère des pouvoirs liés à un certain statut de « sexe fort » 16 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 qui prend appui sur des croyances religieuses et des aprioris physiques et psychologiques. Ce système qui se veut hétérosexuel milite pour le mariage mixte source de procréation et de perpétuation de l’espèce humaine. A l’opposé de cette logique, s’élèvent des voix d’une autre tonalité, celles des minorités sexuelles qui ont une lecture différente de la question du genre et de la sexualité. Pour ces derniers, si le sexe est biologique, le genre quant { lui s’acquiert. Devenir femme ou homme n’est donc pas lié { l’organe génital féminin (vagin) ou masculin (pénis). Tout est une question de volonté, de choix et d’état d’esprit. Vivre comme un homme, se vêtir dans les tenues du genre, s’adonner { des habitudes qui y sont liées et les assumer, suffit pour l’être. Au nom de cette liberté générique ceux-ci prônent une liberté dans le choix du partenaire sexuel d’où la revendication du mariage homosexuel. Dans l’œuvre de Roro la question est abordée sous divers angles : transgenrisme homosexualité et transgressivité spatiale, classe socio-économique et homosexualité. Roro est étudiant africain, ivoirien à Paris. Il y est envoyé par ses parents : « Printemps 1985 Villeurbanne, jeune étudiant en France ». En tant qu’entité sociale, il est le représentant d’une culture, de toute une civilisation et de ses réalités. Il est donc contenant d’une somme d’idéologies, d’habitudes, de croyances et de normes acquises depuis sa naissance. Roro est donc espace. Par son accession au monde occidental, il passe d’un espace A { un espace B, différent du premier. Il y a donc hétérogénéité des espaces marquée par les différences toponymiques et surtout par leur fonctionnalité. Même si le texte ne nomme pas explicitement les origines de Roro, des indices tels que les sèmes historiques évoqués plus haut le montrent. Il est donc ambassadeur de sa terre d’origine et charrie ses grandes valeurs. Roro dans cette optique décode certains signes de ce monde qui l’accueille pour une initiation nouvelle, avec les clés acquises dans une initiation originelle précédente. Il découvre 17 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 Kibibi dans les grands médias et lui voue presqu’un culte sans la connaître réellement. Pour lui c’est une femme, et une femme d’un physique exceptionnel. Rien que par la description qu’il fait d’elle, l’on peut mesurer sa fascination. « Mais ceux qui l'ont vue ont forcement été cristallisés. Kibibi! Son visage était magnifique. La couleur de sa peau rappelait le cuir coloris des Rolls-Royces sylver Shadow. Et son corps était dessiné telle une guitare venue d'ailleurs. J'ai rêvé d'elle, au point où toutes les filles que je rencontrais, oh! bien, je les appelais: ya! Kibibi ». C’est bel et bien d’une femme et non des moindres qu’il s’agit dans la description de l’auteur-narrateur-personnage, « C'était la plus belle femme du monde ». Il utilise vingt sept (27) fois le pronom personnel féminin de la troisième personne du singulier « elle », pour désigner Kibibi. Des adjectifs qualificatifs tels que « belle » et « magnifique » lui serve quand il veut la dépeindre. Le détail morphologique du personnage de Kibibi la présente comme l’une des meilleures créatures esthétiquement structurées du genre féminin. « Je regarde son corps, elle était trop belle. Je me demande si DIEU a dessiné toutes les femmes de la même façon, de la même manière». Kibibi avait tout d’une femme mais en réalité, c’était un être transidentitaire, un transgenre selon le modèle « MTF », male to female c'est-à-dire homme vers femme. Un homme devenu femme. Il l’assume et le vit pleinement. Les milieux qu’il fréquente sont instruits de sont statut. « Là où passaient les princes, les souverains et les présidents, elle était toujours là. Je me demandais ce qu'elle faisait là bas … Les gens ont même dit qu'elle était péripatéticienne. Elle sortait avec tout le monde, elle se donnait aux riches mais jamais à ceux qui n'avaient rien». 18 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 Kibibi évolue dans une société occidentale où les minorités sont intégrées et vivent librement leur différence. Le coming out 17 comme le conçoit Eve Kosofsky Sedgwick dans sa théorie sur « la sortie du placard » est donc admis. Il peut afficher son choix et le vivre pleinement. Il se refait donc un genre à sa convenance et se comporte selon. Sur le plan physiologique, vestimentaire, etc., il épouse les normes du genre féminin. Pour Kibibi se faire désirer comme une femme est en effet naturel, il exige même la chasteté et la fidélité à Roro comme conditions pour céder à ses avances. « Tu vois, je vais te faire une fleur, eh! Te faire une faveur même. Je prends ton numéro de téléphone, mais je vais te demander de faire une chose, me rester fidèle pendant trois ans sans toucher aucune femme de la terre. Penser, penser, penser à moi. Et si tu réussis à faire ça et bien, je te ferai une magnifique surprise mon petit. Sois patient, tu verras, la chance fera le reste ». Quand il accepte de passer { l’acte avec son admirateur, il y va comme une femme. Se laisse découvrir comme une femme. Et pousse Roro à explorer son corps et à se convaincre de sa féminité. « Roro viens! Viens! Touche ma joue! Je touche la joue de Kibibi. Touche mon nez! Je touche le nez de Kibibi. Touche mes seins! Je touche les seins de Kibibi. Touche mon ventre! Je touche le ventre de Kibibi. Ya ba plat comme platinium! éhé! nayé! Alors Roro tu veux de moi? ». Kibibi n’a pas de complexe, il est dans sa peau et son rôle de femme. Cependant, la victime ici est Roro. Après deux années de rêve et trois années de chasteté, au total cinq ans de fantasme, il découvre au moment tant attendu de sa vie, qu’il est tombé 17 Perreau, Bruno, Eve Kosofsky Sedgwick, in gss.revues.org/378. Consulté en juillet 2015. 19 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 amoureux d’un homme. Et ce, seulement { la vue du sexe de Kibibi. C’est un sexe masculin, pareil au sien. Il est choqué. Il est originaire d’une sphère sociale très patriarcale où le sexe est le premier critère de détermination du genre. Dans sa culture d’hétérosexuel, les hommes vont avec les femmes. L’homosexualité encore moins le transgenrisme n’est admis. La transgressivité spatiale a ici pour conséquence directe, le conflit des mœurs. Les réalités culturelles et les habitudes sexuelles s’entrechoquent. Les échanges, les partages prônés par la conception comparatiste de l’altérité sont ici remises en cause. Si l’auteur dans la description de l’espace parisiens à travers ses rues et ses sites fait l’apologie, voire la publicité de la capitale européenne la plus convoitée par les africains, il semble présenter un tableau plutôt noir, tordu de ses mœurs à travers le thème des minorités sexuelles qu’il aborde sous forme de choc. Le coming out du personnage de Kibibi qui se vit sans problème en milieu prestigieux parisiens avec des personnalités d’envergure, ainsi que le train de vie de celui-ci qui ressort à travers le caractère de ses différents espaces, sont des éléments qui rangent d’après le texte de Roro, les minorités sexuelles dans une classe assez selecte de la société française. Une telle peinture vient jeter les bases d’une étude plus poussée sur les caractères spatiaux et le fonctionnement du genre et de la sexualité dans les sociétés. L’homosexualité est elle une pratique qui prolifère plus dans les milieux socio-économiques élevés ? Si oui quelles pourraient en être les causes et les influences sur les autres franges de la société ? Telles sont quelques points de réflexions sur lesquels peuvent aboutir les suggestions de Roro quant { l’emploi qu’il fait des topomorphèmes dans son récit chanté. 20 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 CONCLUSION Le texte musical de Roro a été un prétexte pour éplucher quelques grandes notions de la littérature comparée, notamment l’altérité, les cutural studies, l’interdisciplinarité et ce par le biais de l’intergénérécité et la géocritique en tant que démarches. Dans la logique de la formule comparatiste X et Y, il a semblé nécessaire de repérer des indices littéraires dans la chanson de l’animateur avant d’y étudier autre chose. Une littérarité qui s’est laissée saisir { travers la dimension autobiographique du texte et le lyrisme poétique qui ont servi aussi de canaux de publicité pour l’artiste. En outre, les espaces convoqués par Roro ont permis de voir comment le genre et la sexualité sont appréhendés dans deux mondes différents qui sont l’Occident et l’Afrique. Dans un jeu de paradoxe, d’amour et de rejet, de philie et de phobie l’auteur a présenté les données du fonctionnement non hypocrite de l’altérité. L’idée d’une homogénéité des cultures et idéologies semble utopique. Les critères du grand rendez-vous du donner et du recevoir prôné par Senghor restent donc à redéfinir. Cependant dans une autre perspective, Roro semble vouloir démontrer que les valeurs n’ont pas la même portée symbolique selon les espaces. Pour les accepter et les comprendre, il faut un effort d’intégration qui passe obligatoirement par une initiation préalable qui donne accès aux clés de décryptage des codes socio-culturels qui se créent et se recréent dans le temps. Au total, la réponse { toute question sur l’autre se trouve dans l’union sacrée du couple EspaceTemps. BIBLIOGRAPHIE DIANDUE Bi Kacou, Topolecte 1, Paris, Publibook, 2005 21 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676 LEJEUNE Philippe, Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1975 MIRAUX Jean-Philippe, L’autobiographie (Ecriture de soi et sincérité), Paris, Nathan, 1996 MOUNIN Georges, Dictionnaire de la linguistique, Paris, P.U.F, 1974 WESTPHAL Bertrand (dir.), La Géocritique mode d’emploi, Limoges, Presse Universitaire de Limoges, 2000 22 Volume 15 ième Décembre 2015 ISSN 2308-7676