BIG ONES : Un bilinguisme réaliste et un souci de la diversité
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BIG ONES : Un bilinguisme réaliste et un souci de la diversité
Metro – 22 février 08 BIG ONES : Un bilinguisme réaliste et un souci de la diversité Faut-il nécessairement être bilingue pour travailler dans la fonction publique ? Certainement pas. L'unilinguisme constitue évidemment un handicap sur le marché du travail en général, mais dans la fonction publique fédérale, si le service est bilingue, le fonctionnaire, lui, peut parfaitement être unilingue. En principe, la langue ne doit donc pas constituer une barrière pour un emploi dans la fonction publique. Il y a des exceptions cette règle pour un faible pourcentage de fonctionnaires travaillant Bruxelles, dont le bilinguisme est récompensé par l'octroi d'une prime. Le problème, dj aigu, du recrutement des policiers bruxellois, se pose de faon criante depuis un arrêt de la Cour constitutionnelle imposant aux candidats policiers désirant travailler Bruxelles l'obligation de présenter un diplôme de bilinguisme. Alain Goergen, responsable du recrutement et de la sélection de la Police intègre, est donc bien placé pour évoquer cette question. Il faut avoir une vision très réaliste du bilinguisme. C'est une compétence que l'on ajoute, et donc un filtre supplémentaire lors de la sélection. Il faut évaluer dans quelle mesure il apporte une plus-value, que nous valorisons d'ailleurs par l'octroi d'une prime substantielle (de l'ordre de 125 ? net par mois). Nous investissons beaucoup dans les formations pour aider le personnel qui travaille Bruxelles acquérir la maîtrise de la seconde langue, mais le problème ne se résoudra pas en un jour. Il faut aussi entamer une réflexion sur l'enseignement des langues. Des formations internes La Police n'est pas la seule soutenir les efforts des collaborateurs qui cherchent progresser dans la seconde langue. La Défense propose des formations internes pour tous les membres du personnel dont la fonction requiert le bilinguisme. Pour les officiers, le bilinguisme fait par exemple partie des critères de sélection. Les sous-officiers peuvent être unilingues, mais certaines tâches spécifiques nécessitent la maîtrise de la seconde langue. Parfois, cette seconde langue peut d'ailleurs être l'anglais, comme pour les prévisionnistes météo, explique Peter Scheurwegen. Et son collègue Ludo Meulebrouck d'ajouter : La maîtrise de la seconde langue doit être considère comme une plusvalue, parce qu'une personne qui connaît les deux langues aura plus d'opportunités. C'est un plus pour cette personne, mais aussi pour son employeur. Dans les entreprises de transport, c'est bien entendu des membres du personnel qui sont en contact avec les usagers que l'on attend un certain bilinguisme. Au sein du Groupe SNCB, le bilinguisme est nécessaire pour exercer certaines fonctions d'accueil ou pour devenir accompagnateur de train. Nous effectuons des tests de langue limités, visent vérifier si les candidats ont le potentiel pour apprendre la deuxième langue. Pendant leur formation, ils doivent ensuite réussir un test du Selor , explique Mireille Protin (responsable du recrutement pour le Groupe SNCB). Mais ce n'est pas toujours vident, comme le souligne Lieve Rohaert, de la STIB : Si nous devions exiger le bilinguisme, je pense que nous ne pourrions plus recruter beaucoup de chauffeurs, explique-t-elle. Il est vrai que 85% des chauffeurs de la STIB sont d'origine allochtone. On touche toute la problématique de la mise l'emploi des jeunes d'origine allochtones. Souvent peu scolarisés et ne maîtrisant pas une deuxième langue nationale, ils sont les plus fragilisés sur le marché de l'emploi. Durant la formation de six semaines l'issue de laquelle ils peuvent devenir chauffeur de bus ou de tram, ils ont l'occasion d'acquérir les bases qui leur permettent d'avoir un contact correct avec le client. La langue n'est d'ailleurs pas le seul élément de ce contact. L'attitude que l'on affiche est également primordiale, souligne Lieve Rohaert. Un travail de longue haleine Qu'est ce que cela signifie, être allochtone ?, s'interroge Peter Scheurwegen (Défense). Je préfère parler de bi culturalité. Les jeunes d'origine allochtone qui ont un bagage scolaire suffisant n'prouvent aucune difficulté s'intégrer sur le marché du travail. Le problème se situe parmi ceux qui sont peu scolarisés. Vis--vis de cette catégorie de jeunes, nous avons aussi un problème de notoriété ; nous avons du mal leur faire savoir ce que nous faisons et ce que nous avons leur offrir. C'est un travail de longue haleine. Comme en témoignent les Chartes de la diversité, auxquelles souscrivent les employeurs publics, ceux-ci attachent une grande importance cette problématique. La diversité concerne d'ailleurs toutes les minorités, rappelle Alain Goergen. Initialement, la politique de diversité de la Police visait donc aussi les femmes, ainsi que la communauté homosexuelle. A cet égard, il souligne l'importance de l'effet boule de neige. Plus les femmes voient des policiers féminins dans la rue, plus elles se disent 'pourquoi pas moi ?' Actuellement 30% du personnel recruté est féminin. La STIB est un bastion d’hommes, regrette pour sa part Lieve Rohaert. Dans l'espoir d'augmenter le nombre de femmes dans son effectif, la société de transport public bruxelloise vient d'ailleurs d'instaurer le régime de travail mi-temps pour les chauffeurs. On entend souvent parler de la difficulté des examens linguistiques du Selor. Son administrateurdélégué, Marc Van Hemelrijck, la relativise et renvoie la balle dans le camp de ceux qui passent les examens. Les examens linguistiques sont peut-être difficiles, mais il existe tant de faons de s'y préparer que je m'tonne de cette réputation. Le site web du Selor offre des possibilités de tester et d'évaluer sa progression, mais elles ne sont pas assez exploites. La plupart des candidats qui viennent passer ces examens sont des récidivistes. Ils viennent cinq, six, voire huit fois, sans que l'on constate le moindre progrès. Il y a des organisations, telles que des CPAS bruxellois, qui doivent avoir du personnel bilingue, mais qui n'investissent pas du tout dans la connaissance des langues. Ces examens demandent un effort, de la part des personnes qui passent l'examen, mais aussi de leur employeur, qui doit les stimuler et les soutenir. Est-ce que les agressions contre les accompagnateurs de trains affectent le nombre de candidatures ce poste ? Marianne Louette, Harchies Mireille Protin (SNCB Holding) : Cette fonction est très prise par les jeunes, en raison du contact avec la clientèle. Les solutions au problème des agressions sont structurelles et lies l'éducation. Heureusement, il ne constitue pas un frein au recrutement, mais le Groupe prend ce phénomène très au sérieux. Plus largement, le danger que comporte certaines fonctions ou missions la police ou la défense freine-t-il, voire attire-t-il, les jeunes ? Peter Scheurwegen (Défense) : Environ 95 % des fonctions pourvoir la Défense sont opérationnelles et comportent certains risques. J'espère que les candidats acceptent ces risques, mais qu'ils ne postulent pas précisément parce que ces risques sont présents. Nous faisons aussi tout pour minimaliser ces risques. Alain Goergen (Police) : Cette question souligne l'importance de l'objectivité lors du recrutement. Il faut bien expliquer quels sont les risques de la fonction et évaluer les motivations du candidat. Par ailleurs, lorsqu'un évènement dramatique se produit, tel que la mort de notre collègue Kitty Beersel il y a quelques semaines, cela met les risques en lumière, mais cela montre aussi l'importante solidarité qui existe entre tous les collègues.