Pourquoi la carence en fer est largement répandue chez les sportifs

Transcription

Pourquoi la carence en fer est largement répandue chez les sportifs
4 ème Iron Academy (17 mars 2011, Hôpital universitaire de Zurich, Suisse)
Les sportifs, groupe à risque – Pourquoi la carence en fer est largement
répandue chez les sportifs et possibilités d’y remédier
Matthias Strupler, Centre suisse des paraplégiques, Institut de médecine du sport, Nottwil, Suisse.
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Résumé
Rétrospective
L’analyse rétrospective de 25 ans de pratique de la médecine du sport révèle qu’à la fin du siècle dernier,
une carence en fer sans anémie ne constituait pas un état pathologique. Dans la revue thérapeutique de 1998,
on déconseille de traiter par substitution une carence en fer sans anémie, car cela n’améliorerait pas les
performances. Dans la pratique, l’expérience montre pourtant qu’il y a 25 ans déjà, les sportifs présentant un
taux de ferritine inférieur à 30 μg/l étaient traités par substitution, et que même les non-sportifs pouvaient tirer
profit d’un tel traitement.
Fréquence
Il semble que la carence en fer est plus fréquente chez les sportives et chez les sportifs d’endurance
que dans la population normale. A partir de quel taux de ferritine considère-t-on qu’un individu présente
une carence en fer? Dans la littérature, une carence en fer est définie comme un taux de ferritine < 20 µg/l,
et le rapport sTfr/ferritine est parfois pris en compte en plus. Si l’on se base sur cette définition, 16 à 25%
des femmes et 5 à 6% des hommes souffrent d’une carence en fer. Ces valeurs se situent dans des plages
similaires dans la population normale. Des études portant sur l’entraînement indiquent cependant que
lors d’entraînements intensifs surviennent à la fois une chute du taux de ferritine et une augmentation des
récepteurs solubles de la transferrine.
Causes
Les causes de la carence en fer sont les suivantes: diminution des apports, p. ex. chez les végétariens,
augmentation des besoins pendant la croissance et lors de la prise de masse musculaire, diminution de
l’absorption lors de la prise d’antiacides ou en cas de maladie coeliaque, perte de sang au cours des
menstruations et, éventuellement, la prise d’AINS ou les ischémies intestinales. De nouvelles études révèlent
que, lors d’une activité sportive, la sécrétion de l’hormone régulatrice du fer (hepcidine) par le foie augmente.
Or, étant donné que l’hepcidine diminue l’absorption du fer et réduit la libération de fer par les macrophages, ce
phénomène peut constituer une cause supplémentaire de la carence en fer chez les sportifs.
Pseudo-anémie
Lors de l’évaluation des taux d’hémoglobine et de ferritine chez les sportifs d’endurance, il faut toujours
prendre en compte le phénomène de la pseudo-anémie. Les efforts de longue durée s’accompagnent au début
d’une modification temporaire du volume plasmatique. Par la suite, des entraînements d’endurance réguliers
entraînent une augmentation durable du volume plasmatique et de la masse d’hémoglobine. Les sportifs
d’endurance peuvent donc présenter des taux d’hémoglobine bas bien que la masse d’hémoglobine absolue soit
normale, voire qu’elle ait augmenté. Le rapport entre la masse d’hémoglobine et le volume sanguin varie chez
les sportifs. La mesure occasionnelle du volume sanguin et de la masse d’hémoglobine est donc indiquée chez
le sportif d’endurance qui présente des taux d’hémoglobine et d’hématocrites bas et des taux de réticulocytes
et de ferritine normaux.
Traitement
Il faut absolument veiller à ce que l’apport nutritionnel soit suffisant. Différentes études montrent que
la carence en fer sans anémie chez le sportif devrait être traitée. On introduit un traitement de substitution
du fer à partir d’un taux de ferritine < 40 μg/l. Avec un traitement de substitution du fer, on peut augmenter
les taux de ferritine jusqu’à 50 μg/l afin d’améliorer les capacités d’endurance. On privilégie d’ordinaire le
traitement par voie orale. Si les taux de fer sont très bas ou bien à l’approche d’une compétition importante,
la voie parentérale est alors indiquée. Des contrôles réguliers en laboratoire doivent être prévus au moins tous
les 6 mois pour les sportifs de haut niveau, pour lesquels la mesure du taux de ferritine doit naturellement
toujours s’accompagner du dosage de la CRP. N’oublions pas toutefois que suite à l’administration de fer par
voie intraveineuse, il faut attendre de huit à douze semaines avant de pouvoir obtenir des mesures du taux de
ferritine valables.
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