Alexandre BÉLISLE (1856-1923) À sa mort, le journal anglophone

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Alexandre BÉLISLE (1856-1923) À sa mort, le journal anglophone
Alexandre BÉLISLE (1856-1923)
À sa mort, le journal anglophone de Worcester, Massachusetts où
Alexandre Bélisle avait œuvré toute sa vie, qualifiait ce dernier d’un des
plus éminents citoyens francophones de la ville.
Né en 1856 à Sainte-Victoire au Québec, Alexandre Bélisle était venu
enfant à Worcester avec sa famille. Étant l’aîné de la famille, il dut quitter l’école à l’âge de dix
ans pour travailler dans une des grandes usines de chaussures de cette ville. Douze ans plus tard,
il devint gérant du journal Le Travailleur dont le fondateur-rédacteur était Ferdinand Gagnon,
celui que Bélisle lui-même appellera par la suite « le véritable créateur sur des bases solides du
journalisme canadien des États-Unis ». Après la mort inopinée de Ferdinand Gagnon, Bélisle
fonda, en 1893, son propre journal, L’Opinion publique, avec son frère Eugène, tout en
travaillant comme courtier d’assurances. Tous les frères Bélisle (ils étaient quatre) s’associèrent
plus tard pour fonder la Bélisle Printing and Publishing Company. Alexandre en fut président
toute sa vie.
Alexandre Bélisle s’impliqua à fond comme citoyen de sa ville adoptive. Il fut élu au conseil
municipal, le premier Franco-Américain à atteindre ce poste. Il y servit un mandat de quatre ans,
de 1888 à 1892. Nommé directeur du conseil d’administration de la bibliothèque municipale par
le conseil municipal pour un mandat de six ans, de 1905 à 1911, il devint président de ce même
conseil en 1910, après avoir servi comme secrétaire pendant deux ans. Durant sa présidence, il
encouragea la construction de succursales de la bibliothèque dans chaque quartier de la ville. Il
servit aussi comme membre du conseil d’administration de deux banques de Worcester. Il fut
membre du Economic Club, des Worcester Continentals, de la Worcester Historical Society et de
la Worcester County Mechanics’ Association. Loin de négliger ses compatriotes franco-
américains en faveur des œuvres de la ville, Alexandre Bélisle faisait aussi partie de l’Union
Saint-Jean-Baptiste d’Amérique (USJB) et de 1’Association canado-américaine (ACA).
À sa mort, outre ses trois fils, il laissait trois frères : Eugène, consul des États-Unis à
Limoges, Georges, avocat, et Hector, surintendant des écoles publiques de la ville de Fall River.
Pendant toute sa vie, Alexandre Bélisle s’était attaché à réunir toute la documentation qui lui
tombait sous la main sur l’histoire des Français en Amérique du Nord. Pendant ses nombreux
voyages, il avait fait la connaissance de journalistes de langue française qui, comme lui,
travaillaient à maintenir le fait français aux États-Unis. Sa maison, où deux pièces étaient
remplies de documentation, devint une bibliothèque hors pair. Enfin, en 1911, il put publier son
chef-d’œuvre, un volume qui fait date dans l’histoire des Franco-Américains et auquel il donna
le titre suivant : Histoire de la presse franco-américaine et des Canadiens-Français aux ÉtatsUnis. C’est un livre riche de renseignements de toutes sortes y compris « un historique des
journaux publiés par des Français à New York, en Louisiane et ailleurs ». On peut le consulter
avec profit, même de nos jours.
Non content d’avoir réuni et fait paraître cette vaste compilation, Bélisle publiera par la suite,
en 1920, une documentation sur les activités professionnelles, politiques et sociales des FrancoAméricains de la ville de Worcester, ouvrage qu’il intitula, Livre d’or des Franco-Américains de
Worcester, Massachusetts. Dans sa préface à ce livre, l’écrivaine Corinne Rocheleau qualifie
l’auteur de « chercheur infatigable et éditeur patient ». Chose rarissime à l’époque, Bélisle avait
été invité, au début du siècle, à prononcer un discours sur les Canadiens français devant la
prestigieuse Worcester Society of Antiquity. Ajoutons qu’il collabora avec Charles Nutt, historien
de la ville de Worcester, en composant les biographies des Franco-Américains qui figurent dans
le volumineux History of Worcester and its People (New York, 1919).
Alexandre Bélisle, mort en 1923, avait su se faire respecter, non seulement par ses
compatriotes, immigrés comme lui, mais, tâche ô combien plus difficile, par ceux au milieu
desquels il était venu s’installer avec sa famille. I1 avait su mériter son prestige par ses propres
efforts. Rendons hommage à ceux qui savent surmonter tant de difficultés pour réussir leur vie
d’homme.
Claire QUINTAL
ŒUVRE
- Histoire de la presse franco-américaine et des Canadiens-Français aux États-Unis.
Comprenant l’historique de l’émigration des Canadiens-Français aux États-Unis, leur
développement, et leur progrès. Worcester, MA : Ateliers typographiques de L’Opinion
publique, 1911. 434p. et 14 p. en annexe.
- « The French Canadians in the Development of Our Country », in Proceedings of the
Worcester Society of Antiquity, vol. 23, 1907.
- Nutt, Charles. History of Worcester and its People. New York : [n.p], 1919. Alexandre Bélisle
rédigea les esquisses biographiques des Franco-Américains qui figurent dans ce volume.
- Livre d’or des Franco-Américains de Worcester, Massachusetts. Worcester, MA : Compagnie
de Publication Bélisle, [1920]. 364p.
BIBLIOGRAPHIE
- Shaw, Robert K., ed. « Alexander Bélisle » Publications, New Series, vol. II, n° 1, Worcester,
MA : Worcester Historical Society, April 1936.
- Therriault, Sœur Mary-Carmel. La littérature française de Nouvelle-Angleterre. Montréal :
Fides, 1946.
Nous sommes très reconnaissants envers le professeur Kenneth-J. Moynihan (1944-2014),
professeur émérite d’histoire au Collège de 1’Assomption, Worcester, Massachusetts, pour son
assistance professionnelle.