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MARKETING Distribution Les MDD réagissent Depuis ces deux dernières années, les marques de distributeurs (MDD) voient leur croissance ralentir. Quelles sont les raisons de ce phénomène ? Quelle(s) stratégie(s) mettent-elles en place pour le contrer ? Par Sophie Billon A lors que 84 % des caddies des consommateurs français contiennent des produits à marque de distributeur (MDD), ces dernières continuent à perdre du terrain en 2015, selon une étude présentée par Nielsen en janvier dernier. « Leur croissance est à 1 % quand les marques 28 . PETMARKET N°253 nationales enregistrent +4 % ». Elles ne gagnent plus de parts de marché. Et ce, même si le nombre de références ne cesse d’augmenter. Pour expliquer ce repli, plusieurs raisons sont avancées par les spécialistes : les marques locales (régionales en tête) prennent de plus en plus de place, ce à quoi s’ajoute le souhait des Français d’avoir un choix très large et donc de disposer d’un grand nombre de références dans les linéaires. Pour les consommateurs, les MDD sont perçues comme une alternative pour économiser, mais attention, la qualité se doit d’être également au rendez-vous. En effet, et c’est là le paradoxe, elles doivent être d’aussi bonne qualité que les « vraies marques » mais en affichant des prix moins élevés. Bien que les MDD soient parfaitement intégrées dans notre quotidien, elles restent particulièrement stratégiques. Les distributeurs généralistes comme spécialisés éprouvent bien des difficultés à s’exprimer et préfèrent rester discrets sur le sujet. Proposer des produits à forte valeur ajoutée Au fil des années et des différentes crises, ce type de références avait tendance à bien réagir et à voir ses ventes progresser, mais ce n’est plus le cas actuellement. L’institut de sondage spécialiste de la statistique Nielsen constate que « les leviers traditionnels de croissance se font au profit des marques nationales et vont à l’encontre des MDD. La guerre des prix réduit l’écart entre le prix des marques MARKETING nationales et les MDD, ce qui n’est pas profitable à ces dernières ». Pourtant, aujourd’hui, les MDD ne se contentent plus d’être des copieurs. Elles cherchent aussi à apporter des nouveautés dans les rayons. Elles sont gérées comme de « vraies » marques. Ce phénomène se confirme d’autant plus au cœur des rayons consacrés aux animaux. Chaque distributeur dispose de sa marque (ou de ses marques) possédant ses codes et son propre nom, et existent comme des entités à part entière. Ainsi, Canaillou, la MDD Animalis, Maxi Zoo ou Tom&Co, toutes commercialisent des produits – des croquettes à la litière pour les chats en passant par le foin pour les rongeurs, les friandises, la nourriture pour poissons ou oiseaux… – qu’ils ont élaborés et tous les secteurs du rayon sont concernés. Principal élément mis en avant par les enseignes : leur professionnalisme et la bonne connaissance des attentes de leurs clients. Sur un segment aussi stratégique que le pet food – environ un quart des ventes de la grande distribution Alors que les produits à MDD se situaient auparavant en moyenne gamme, ils se déclinent désormais du discount au premium. d’Intermarché pour les chiens, cohabite dans les linéaires avec des marques comme César, Pedigree, Canigou… et a même créé une communauté sur Facebook qui regroupe près de 102 000 membres. Même constat du côté des enseignes spécialisées en jardinerie et en animalerie, où la volonté de proposer des produits à forte valeur ajoutée est importante. De Jardiland à Truffaut en passant par (en valeur) sont des MDD – elles misent sur leur démarche qualité, la collaboration d’un vétérinaire, les recherches et autres éléments nutritionnels pour se démarquer. Une hypersegmentation de l’offre Dans la même étude, Nielsen affirme que « l’offre redevient le nouveau levier différenciateur pour les enseignes, d’où l’urgence Des linéaires bien fournis, notamment en produits à MDD, chez MaxiZoo. de les défendre et de développer les gammes en magasin ». Pour cela, les professionnels doivent en passer par l’hypersegmentation et cibler davantage les produits qu’ils proposent. Alors que les produits à MDD se situaient auparavant en moyenne gamme, ils se déclinent désormais du discount au premium. Selon l’institut de sondage, « un article MDD premium est plus additif que la MDD standard et la MDD bio est plus additive que la MDD standard ». Ce sont d’ailleurs ces deux catégories qui parviennent le mieux à s’en sortir. Premium et bio sont les seules à afficher un chiffre d’affaires en progression, respectivement, de +1,7 % et de +5,5 %. La distribution s’appuie aussi sur la communication pour essayer de gagner des parts de marché. Les marques nationales livrent une véritable guerre des prix et une course aux promotions qui tendent à réduire les écarts de prix. Les MDD, qui ont parfois bien du mal à tenir la distance, mettent en place d’autres outils pour résister. Ainsi, parmi les solutions payantes, les réductions, via la carte de fidélité du magasin, spécialement sur les produits issus de l’enseigne, se généralisent. Pour les observateurs, les MDD, notamment concernant les produits pour les animaux, ont encore une belle marge de progression et devraient être en mesure de redresser la barre d’ici à quelques mois. n Quand Monoprix repositionne sa MDD Alors que l’enseigne disposait déjà de plusieurs MDD – Monoprix Gourmet, Monoprix La Forme, Monoprix Vert, Monoprix Bio !, Monoprix Bien Vivre – elle a décidé, en 2011, de lancer une nouvelle déclinaison, appelée tout simplement Monoprix. Au total, 2 000 références ont adopté un nouveau packaging en s’appuyant sur un thème pop art original. Le distributeur a souhaité faire raconter une histoire à chacun de ses produits. Formes simples, codes couleurs vifs associés à un message décalé et/ou humoristique, tels sont les éléments retenus pour améliorer la visibilité. Cette campagne, initiée par l’agence Havas City, illustre la volonté de l’enseigne d’affirmer son identité, les MDD représentant environ 20 % de son chiffre d’affaires. Ce vent de renouveau souffle aussi sur le rayon animaux. Ainsi, des mentions telles que « Votre chat va adorer la chair de poule » sur des pâtées pour chats à la volaille, « Votre chien va être toutou content » sur les sachets de croquettes au bœuf pour chiens ou « Pour des chats de bonne compagnie » sur les paquets de litière viennent égayer les emballages. Tous ces changements visent à changer l’image de l’enseigne auprès des consommateurs, à renforcer le lien avec eux et à s’inscrire de façon durable dans leur quotidien. Et le concept semble les séduire, puisque le rayon animaux compte régulièrement de nouvelles références « maison ». Mars 2016 . 29