L`impact de digital sur l`immersion dans l - URAM
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L`impact de digital sur l`immersion dans l - URAM
Proceedings of the Marketing Spring Colloquy (MSC) Unit of Research & Applications in Marketing (URAM) Special Volume: 2016, Vol. (5), pp: 77-85 E-ISSN: 2490-4376 Conference Paper L’impact de digital sur l’immersion dans l’expérience de consommation Maher TOUKABRI, Zohra GHALI, Abderrazak GHARBI FSJEG de Jendouba (Université de Jendouba); ISG de Tunis (Université de Tunis), FSEGT de Tunis (Université de Tunis El Manar) E-mail : [email protected] ; [email protected] L’impact de digital sur l’immersion dans l’expérience de consommation Résumé : Désormais, les détaillants estiment que la transformation digitale de leurs entreprises actionne notamment deux leviers de performance : les relations clients et le chiffre d’affaires. De fait, ils utilisent certaines technologies digitales pour personnaliser les expériences consommateurs et offrir aux clients la possibilité de faire du self-service et de s’immerger dans une expérience exceptionnelle. La démonstration de la nature de relation entre cette numérisation des points de vente et le réenchantement de l’expérience client a fait l’o bjectif de cette recherche. A travers une étude exploratoire menée auprès d’une dizaine de clients de certains milieux de distribution à Tunis, nous avons testé cette relation. Les résultats de cette étude montrent qu’aujourd’hui un point de vente digitalisé favorise la stimulation d’achat, réinvente l’expérience de magasinage et induit, par conséquent, à l’immersion dans une expérience de consommation. Mots-clés : Digitalisation, technologie, point de vente, ré-enchantement, immersion, expérience de consommation. Impact of digital in store on immersion in the consumption experience Abstract : Henceforth, the retailers estimate that the digital transformation of their enterprises manipulates two levers of performance notably: the customer’s relations and the turnover. They use some digital technologies to personalizethe consumer’s experiences and to offer to the customers the possibility to make the self-service and to dive in an exceptional experience. The demonstration of the relation nature between this digitalization of the point of-sale and the re-enchantment of the customer’s experience made the objective of this research. Through an exploratory study conducted with a dozen customers from certain quarters to distribution in Tunis, we have tested this relationship. The results of this study show that today a digitalized point of-sale promotes the stimulation of purchase, reinvents the experience of shopping and leads, therefore, to an immersion in an experience of consumption. Keywords: Digitalization; technology; point-of-sale; re-enchantment; immersion; experience of consumption. *Paper presented at the 6th Conference of URAM. Hammamet, Tunisia. 9-0 May, 2014 Proceedings of the Marketing Spring Colloquy, Vol. (5). May, 2016. 77 Maher TOUKABRI, Zohra GHALI, Abderrazak GHARBI L’impact de digital sur l’immersion dans l’expérience de consommation introduction Après avoir longtemps décrié l’impact négatif du développement du ecommerce sur la sécurité des réseaux physiques de points de vente, les spécialistes s’attachent désormais à trouver entre les deux canaux de véritables synergies. Ils estiment que la transformation digitale de leurs entreprises actionne notamment deux leviers de performance : les relations clients et le chiffre d’affaires. Ainsi, les statistiques montrent que les ventes par le e-commerce ne cessent pas d’accroitre. Si plusieurs entreprises ont complètement adopté Internet comme canal de vente, elles cherchent aujourd’hui à capitaliser leurs expériences et à déterminer de nouveaux leviers de création de valeur pour se différencier, accroître leur performance commerciale et augmenter la satisfaction de leurs clients (Fabrice, 2012 ; Henri, 2013). Elles se concentrent essentiellement sur le couplage entre virtuel et réel, afin de capter l’attention de son client et transformer le lèche-vitrine en un réel et authentique (Lubomira, 2013 ; Christophe, 2013). En effet, dans cet univers, l’image est reine ; le partage de vidéos et de photos est devenu une activité cruciale. Le client n’est plus seul, il peut se reposer sur l’avis de centaines, de millions de consommateurs. Il peut à son tour faire écouter sa voix comme jamais auparavant (Christophe, 2013 ; Henri, 2013). A travers le e-commerce, le consommateur a accès, ces dernières années, à une offre très large voire pléthorique et n’est pas contraint par les ruptures de stock. Il est devenu extrêmement gâté et capricieux (Fabrice, 2012). Il recherche donc la même diversité, le même plaisir et la même rapidité en magasin. Mais, elle reste une condition nécessaire et non suffisante (Henri, 2013). En effet, au-delà de ces avantages fournit par l’Internet au commerce, le client cherche, désormais, un contact humain, un conseil d’un vendeur, une conversation directe, etc., même si le client a préparé son achat sur le web (Rochet, 2013). Le consommateur d’aujourd’hui, cherche alors une ambiance qu’il ne peut pas retrouver ailleurs (Roederer, 2008). D’où vient l’idée de ré-enchanter et de réinventer le concept du magasin à travers une dichotomie entre le réel et le numérique, entre le physique et le digital (During, 2010). Ceci peut passer par tels dispositifs pour accompagner le client à chaque étape de son achat : accueil, information, orientation, présentation du catalogue d’offres, sélection de produits ou services, commande et paiement, retrait, après-vente… (Henri, 2013). Il s’agit, par exemple des écrans géants immersifs, des tablettes pour consulter et partager des avis, de la géolocalisation à l’intérieur de la boutique, de smartphones pour passer de commandes, etc. De ce fait, il devient intéressant pour les retailers de ne pas négliger ce canal et d’affiner leur stratégie marketing pour réussir l’interconnexion de leur stratégie de points de vente avec leur stratégie digitale. Il est également capital pour ces spécialistes de parvenir à évaluer l’impact du digital sur les performances de leurs points de vente : le trafic généré en point de ventes, l’accompagnement dans la décision d’achat et l’enrichissement de l’expérience de consommation sont par exemple des indicateurs importants à suivre pour évaluer le succès de cette stratégie. Proceedings of the Marketing Spring Colloquy, Vol. (5). May, 2016. 78 Maher TOUKABRI, Zohra GHALI, Abderrazak GHARBI Notre objectif principal à travers cette investigation est de comprendre le processus mettant en exergue le rôle de cette digitalisation (numérisation) des points de vente dans le ré-enchantement de l’expérience de consommation client et par conséquent l’immersion dans l’expérience de consommation vécue en magasin. Nous avons trouvé intérêt de traiter ce sujet du fait que les travaux de recherche antérieurs ayant étudié ce thème sont rares, même, à notre sens, ce terrain de recherche est encore inexploité. Nous avons donc eu l’enthousiasme d’explorer ce terrain tout en soulignant les difficultés rencontrées telles que l’issue théorique très pauvre, le nombre très réduits des points de vente digitalisés dans le contexte Tunisien ainsi que le nombre restreint des technologies utilisées. Ainsi, notre question fondamentale de cette investigation qui forme l’objet de notre problématique est la suivante : dans quelle mesure la digitalisation d’un point de vente permet de ré-enchanter l’expérience client et par conséquent l’immersion dans l’expérience de consommation. Pour traiter cette problématique, nous essayerons, au niveau de la partie théorique, de clarifier, dans un premier temps, le concept de digitalisation du point de vente à travers l’étude de certaines technologies utilisées dans les espaces marchands, leurs utilités et leurs attractivités pour le client. Dans un deuxième temps, nous étudierons la relation entre la digitalisation de point de vente et le ré-enchantement de l’expérience, une telle expérience que cherche le consommateur lors de sa visite d’un point de vente (Holbrook et Hirshman, 1982 ; Bouchet et Pulh, 2006 ; Carton, 2004). La partie empirique de notre recherche présente une synthèse des données collectées sur le terrain. Nous commencerons par une brève description de la méthodologie employée lors de la collecte des données, pour poursuivre avec une présentation des principaux résultats obtenus. Ainsi, étant donné le caractère exploratoire de cette investigation, nous avons adopté une méthode de recherche qualitative se basant essentiellement sur un ensemble d'entrevues auprès d'un échantillon réduit (Andréani et Conchon, 2002, BourgeonRenault, 2008). Cela signifie que l’échantillon de clients étudié (17clients) n’est pas obligatoirement représentatif de la population. C'est pourquoi nous avons choisi de présenter les résultats sous la forme d'une synthèse. Le lecteur devra donc considérer ces résultats comme des tendances plutôt que comme des faits statistiquement valides (Andréani et Conchon, 2002). Nous finirons ce travail par certaines limites et voies futures de l’investigation. Vers la conceptualisation digitalisation d’un point de vente de Digitaliser un point de vente (digital in store) veut dire le numériser. La digitalisation des entreprises n’est plus un concept abstrait. De nombreuses entreprises ont aujourd’hui commencé à développer cette transformation numérique: de l’intention d’investir à l’intégration complète dans la stratégie globale de l’entreprise (Hannebicque, 2012). Ainsi, la numérisation a touché tous les départements au sein de l’entreprise. Elle modifie les objectifs et l’organisation des services communications et marketing, mais transforme également le fonctionnement des autres départements : informatiques, commerciaux, distribution… Elle forme le cœur d’une transformation profonde de réseaux de Proceedings of the Marketing Spring Colloquy, Vol. (5). May, 2016. 79 Maher TOUKABRI, Zohra GHALI, Abderrazak GHARBI distribution. Il s’agit de mettre en œuvre des outils digitaux permettent de mieux découvrir les offres et services sur le lieu de vente. Le digital se répartit, jusqu’à ce jour, principalement en cinq catégories d’outils (Henri, 2013) : les smartphones, les tablettes, les bornes interactives, le mobilier intelligent et les écrans interactifs. L’utilisation de ces technologies dépend de la nature du point de vente et des services proposés. Ainsi, un point de vente culturel, très concurrencé par le e-commerce, privilégie un parcours client animé et ludique pour inciter les consommateurs à se déplacer, une chaîne de restauration utilise davantage les bornes interactives et smartphones pour faciliter la prise de commande de ses clients et éviter une attente trop longue en caisse. Un point de vente dédié à l’électroménager met en avant, normalement, du mobilier intelligent pour tester les avantages produits et des écrans interactifs pour promouvoir la marque et l’offre (Rochet, 2013). De plus, dans un point de venteconseil, comme une agence de voyages, des tablettes accompagnent les vendeurs dans leur rôle de conseillers et des écrans animés font défiler l’offre du moment. Ainsi, plusieurs professionnels et chercheurs dans ce domaine( Rochet, 2013 ; Fabrice, 2012 ; Hannebicque, 2012) considèrent que le digital in store est présent dans les trois étapes du parcours d’achat du consommateur : avant-vente (orientation dans le magasin, découverte des offres et de l’univers de la marque, test des produits, conseil), vente (praticité de paiement, gain de temps, paiement autonome), après-vente (accession rapide au SAV, souscription à de nouveaux services, suivi des commandes). Exploité de manière adaptée et efficace, le digital in store contribue à réinventer l’expérience client et à ré-enchanter le point de vente (During, 2010). En effet, le client peut ainsi naviguer dans le catalogue, découvrir et détailler les produits, les configurer si nécessaire… reproduisant ainsi en boutique les usages du e-commerce, sans les contraintes de stockage et d’exposition. Ainsi, plusieurs enseignes ont équipé leurs magasins de bornes permettant de naviguer dans le catalogue, comparer et choisir ses produits, avec la possibilité d’imprimer un ticket de retrait marchandise. Face à des consommateurs surinformés, les vendeurs gagnent également en efficacité : via des tablettes ou encore des bornes évoluées, ils s’appuient sur une information produit enrichie, à jour, et peuvent se concentrer sur l’écoute et le conseil. Mieux, dans certains réseaux, ils accèdent au profil et à l’historique d’achat du client, adaptant ainsi le discours en fonction de l’interlocuteur. Intégrés dans le parcours client, ces outils permettent de mieux guider le consommateur jusqu’à l’acte d’achat et d’améliorer ainsi le taux de transformation. De digital in store vers l’immersion et le ré-enchantement de l’expérience de consommation Au-delà de ces fonctions d’information et d’incitation à l’acte d’achat, la digitalisation peut jouer d’autres rôles et contribuer ainsi à l’amélioration et le ré-enchantement de l’expérience client (Roederer, 2008 ; During, 2010). Ainsi, le digital in store (digitalisation des points de vente) contribue à réinventer l’expérience client en améliorant le parcours client tout au long de son acte d’achat, en optimisant le taux de conversation et de passage en caisse (Deniaud, 2012 ; Fabrice, 2012), en favorisant le gain de temps, …Autrement en transposant les avantages du web dans le monde physique pour une expérience client plus complète. Proceedings of the Marketing Spring Colloquy, Vol. (5). May, 2016. 80 Maher TOUKABRI, Zohra GHALI, Abderrazak GHARBI De même le digital in store favorise la théâtralisation du point de vente et rend l’espace de vente spectaculaire. Plusieurs exemples peuvent être illustrés dans ce cadre. Ainsi, « Au stand Citroën du Mondial de l’automobile 2012, l’écran cylindrique full HD géant et la salle de cinéma 4D qui proposait une expérience unique aux côtés de Sébastien Loeb, ont agi comme un aimant auprès des visiteurs. Le côté spectaculaire du stand a été renforcé par des sols interactifs avec projections d’hologrammes et des miroirs intelligents faisant apparaître des visuels de la nouvelle gamme en surimpression. La superposition d’une image avec descriptif produit à un objet, via la technologie du digital glass, a apporté de la pédagogie, traduisant l’univers et le savoir-faire à la française de la marque »1. Aujourd’hui la plupart des sites marchands cherchent à mobiliser des technologies qui sont considérés comme des contextes dans lesquels les clients peuvent faire l’expérience spectaculaire en ligne sans craindre la perturbation des éléments extérieurs. Ils sont désormais conçus pour permettre de vivre des expériences virtuelles grâce au développement des technologies immersives (Carù et Cova, 2006). Ces sites sont des cadres enclavés, sécurisés et thématisés (Carù et Cova, 2003, 2006 ; Firat et Dholakia, 1998) où l’expérience d’immersion peut éventuellement avoir lieu. Ils théâtralisent alors le décor, mettent en scène l’histoire raconté par le site, stimulent les cinq sens ainsi que les interactions entre les consommateurs et leur environnement numériques. La combinaison de ces trois tendances 1 http://lecercle.lesechos.fr/entrepreneur/marketing- communication/221163619/dispositifs-digitauxpoints-vente-revolution-experien conduit les consommateurs à vivre des expériences de consommation immersives jugées comme gratifiantes et agréables (Filser, 2002). Les technologies déployées par ses sites donnent alors, du sens à l’expérience, par la production simultanée et interactive de réponses cognitives et émotionnelles (Ladwein, 2004). Le consommateur devient à la fois acteur et spectateur de l’expérience : « il n’est pas extérieur au processus mais l'objet même de l'expérience de visite ; il est conjointement sujet agissant et objet de la transformation » (Hetzel, 2002). Il inter réagit avec les marques et les produits offerts par les entreprises (Cova et Cova, 2009) dans les environnements et les contextes digitalisés qu’elles lui mettent à disposition. Considérées comme interactives, explorables et visualisables en temps réel, la numérisation des points de vent apportent, donc, plus de réalisme à l’environnement du site en diminuant les contraintes majeures causées par le manque de contact physique entre les consommateurs et les produits en ligne (Suh et Lee, 2005). Méthodologie de la recherche Ainsi, étant donné le caractère exploratoire de cette investigation, nous avons adopté une méthode de recherche qualitative se basant essentiellement sur un ensemble d'entrevues auprès d'un échantillon réduit (Andréani et Conchon, 2002, Bourgeon-Renault, 2008). Cela signifie que l’échantillon de clients étudié (17clients) n’est pas obligatoirement représentatif de la population. C'est pourquoi nous avons choisi de présenter les résultats sous la forme d'une synthèse. Proceedings of the Marketing Spring Colloquy, Vol. (5). May, 2016. 81 Maher TOUKABRI, Zohra GHALI, Abderrazak GHARBI Le lecteur devra donc considérer ces résultats comme des tendances plutôt que comme des faits statistiquement valides (Andréani et Conchon, 2002). En effet, une revue préliminaire de la littérature sur le marketing expérientiel nous a permis de formuler le guide d’entrevue (Andréani et Conchon, 2002). Ce guide d’entretien est formé d’un ensemble de questions reparties en un ensemble de thèmes. Il a également été traduit en arabe afin de mieux communiquer avec certains clients. Les personnes que nous avons eu le plaisir de les interroger dans le lieu de vente confirment que ont déjà utilisé certains outils numérisés sur le lieu de vente avant d’acheter le produit ou les services. D’abord la majorité des clients rencontrés expriment leur plaisir de visiter des enseignes numérisés « je me sens très content de voir ce genre de technologie dans nos points de vente ici en Tunisie». « C’est bien de poursuivre le rythme, c’est intéressent, c’est amusant, ça fait plaisir…. », se sont des expressions exprimant les sentiments des clients en manipulant ces technologies. Quant à la question sur la valeur ajoutée de ces technologies pour le point de vente et pour les clients, les interrogées stipulent qu’elles ont complété ce que la vente en ligne n’a pas pu le faire en l’occurrence l’expérience vécue par le client. En effets, ces répondants considèrent que quand le client attend d’une enseigne qu’elle soit accessible 24 h sur 24, 7 jours sur 7, pour lui permettre de commander partout, où il veut, quand il veut, le magasin ne peut plus exister indépendamment de l’expérience Internet. Le point de vente physique devient le prolongement tangible du digital, autant qu’il va de plus en plus embarquer le digital dans ses murs. Analyse des résultats L’analyse des réponses des interrogés nous a permis de dégager un ensemble des points essentiels. D’abord, il fallait dire que les clients interrogés sont rencontrés dans les lieux de vente des produits technologiques (7 clients et un détaillant), de prêt-à porter (5 clients et un détaillant), la restauration (3clients) et les jeux (2 clients). Le nombre des technologies intégrées dans ces lieux est très restreint. D’ailleurs les technologies adoptées dans les surfaces de vente en Tunisie sont réduites. Elles se limitent à des écrans interactifs, mur-écran tactile et points de commande. L’analyse des résultats des entretiens nous ont permis de dégager un ensemble des points. De même les détaillants qui ont répondu à notre enquête estiment que la transformation digitale de leur entreprise actionne notamment deux leviers de performance : les relations clients et le chiffre d’affaires. De fait, ils utilisent déjà les technologies digitales pour personnaliser les expériences consommateur et offrir au client la possibilité de faire du self-service. Ainsi, les retaillers interrogés analysent les données digitales pour mieux cibler le marketing (comprendre la motivation des consommateurs) et pour personnaliser leurs communications marketing (adapter le discours, le support et la fréquence des communications aux attentes de chaque individu). Ces utilisations traditionnelles, Pour vérifier pratiquement cette relation positive entre le digital in store et le ré-enchantement de l’expérience client, nous avons essayé de collecter les informations au moyen d'une recherche qualitative auprès d’une dizaine(17) de clients dans des milieux commerciaux sur Tunis ainsi qu’auprès deux détaillants. Proceedings of the Marketing Spring Colloquy, Vol. (5). May, 2016. 82 Maher TOUKABRI, Zohra GHALI, Abderrazak GHARBI caractéristiques du secteur, sont indispensables, mais pas suffisantes. Les clients interrogés stipulent que l’intégration de ces technologies a permis d’innover la nature de relation avec l’enseigne et de donner un nouveau sens à la visite du magasin. De même, ils considèrent qu’au sein d’un point de vente digitalisé, ils peuvent profiter aussi bien de digital et du réel à travers, d’une part, le conseil, l’aide, l’information et l’orientation des vendeurs, et d’autre part, l’instantanéité, la démonstration et la rapidité et la technicité de la technologie. De même, les clients interrogés révèlent qu’avec la digitalisation, le lieu de distribution devient un lieu ou l’on divertit, conseille, accompagne, étonne, guide et fait partager un savoir. C’est un milieu ou se ré-enchante à chaque visite une expérience de choix et d’achat et ou on se sente plus impliqué, connecté et ému. Autrement, un milieu ou on peut s’immerger dans une expérience profonde extraordinaire et exceptionnelle qui fait oublié ce que se passe au monde extérieur. Conclusion, limites futures de la recherche et voies Nous avons montré, à travers cette investigation, que le digital in store (digitalisation des points de vente) contribue à réinventer l’expérience client en améliorant le parcours du consommateur tout au long de son acte d’achat. Notre étude sur ce sujet révèle que le digital in store est en plein essor. Les commerces sont toujours de plus en plus nombreux à s’équiper et multiplier les stratégies d’utilisation du digital pour attirer le plus de consommateurs possible et leur faire vivre de belles expériences d’achat. Ces technologiessont beaucoup plus intégrées dans les pays industrialisés qu’en Tunisie, lieu de notre étude. Néanmoins, nous avons trouvé certains points de vente dans différents secteurs d’activités qui ont été digitalisé afin d’introduire plus de dynamisme et d’attractivité de l’espace de vente et pour faciliter l’acte de choix et d’achat du consommateur. Ainsi, le digital in store est présent dans les trois étapes du parcours d’achat du consommateur: avant-vente, vente et après-vente. Exploité de manière adaptée et efficace, le digital in store peut contribuer à réinventer l’expérience client et à réenchanter le point de vente après avoir immerger le consommateur dans une expérience de consommation agréable et inoubliable. De ce fait, nous pouvons dire que le lieu de vente est le lieu unique ou peut se combiner l’expérience physique (essayer de toucher le produits, se rassurer via l’expertise vendeur) et une expérience digitale (s’informer sur les produits, se rassurer). Donc, nous pouvons dire que repenser le rôle et la place de son magasin physique, valoriser ses différences, rendre tangible l’intangible, théâtraliser le lieu de vente pour créer du lien et de l’émotion, c’est aussi repenser les comptes d’exploitation de ses magasins et leur modèle économique. Notre contribution présente, sans doute, des limites aussi bien sur le plan théorique qu’empirique. Ainsi, le terrain de digitalisation du point de vente et son rôle dans la stimulation de l’expérience de consommation est nouveau et encore inexploité théoriquement, ce que justifie la pauvreté de la base théorique de notre recherche qui se limite généralement à écrits issus des tables rondes, des séminaires au niveau des cadres professionnels ou à des articles de presse. Sur le plan empirique, notre étude se Proceedings of the Marketing Spring Colloquy, Vol. (5). May, 2016. 83 Maher TOUKABRI, Zohra GHALI, Abderrazak GHARBI limite à une étude exploratoire auprès d’un échantillon trop réduit de clients dans des points de vente trop restreint qui utilisent des technologies trop réduites (vitrine tactile, scanner en code barre, scanner de carte de fidélité, …). Une étude auprès d’un nombre plus important de clients pour vérifier la pertinence de ces résultats, ou une mesure des réactions des clients vis-à-vis de ces technologies feront éventuellement des voies futures de recherche. Bibliographie Andréani J-C et Conchon F. (2002), Les techniques d'enquête expérientielles: vers une nouvelle génération de méthodologies qualitatives, Revue Française du Marketing, N°189-190, 515. Bouchet P. et Pulh M. (2006), L’expérience vécue: un autre regard sur l’analyse du comportement du consommateur, Actes des 5èmes journées normandes de recherche sur la consommation, Caen. 23-24 Mars. Bourgeon-Renault D. (2008), Marketing expérientiel et hyper réalité dans le domaine de la culture, Actes du 7ème congrès international des tendances du marketing, Venise, 1-19. Carton A. 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Ajoutent-elles de la valeur à la visite de ce point de vente ? comment ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………… 5. Permettent-elles d’enrichir l’expérience de choix et d’achat ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………… 6. Ces technologies permettent d’elles d’enrichir la relation avec le point de vente visité ? ……………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………… Proceedings of the Marketing Spring Colloquy, Vol. (5). May, 2016. 85