L`AFFICHAGE: utilité et efficacité
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L`AFFICHAGE: utilité et efficacité
IUFM DE BOURGOGNE CONCOURS DE RECRUTEMENT : Professeur des écoles L’AFFICHAGE: utilité et efficacité MICHEL Nathalie Directeur de mémoire : Madame AUBRY Sylviane ANNEE 2003 02STA03774 SOMMAIRE INTRODUCTION page 3 I) GENESE DU MEMOIRE : PREAMBULE page 4 1) Etat des lieux : à propos de l’affichage a) Omniprésence de l’affichage ? b) Un sujet peu abordé 2) Mon expérience de pré-recrutée page 4 page 4 page 4 page 4 a) Enseigner et afficher : impressions et constatations b) Ma démarche pédagogique c) Un sujet pédagogiquement riche page 4 page 5 page 7 3) Le stage de pratique accompagnée : confirmation du sujet et élaboration de sa problématique page 7 Charollais a) Les affichages dans une classe de CE2-CM1-CM2 à Saint Aubin dans le page 7 b) Confirmation du sujet et élaboration de sa problématique page 8 II) L’AFFICHAGE : DEFINITION, ESPACES ET FONCTIONS 1) Définition page 9 page 9 a) Qu’entend-on par affichage ? b) Description formelle c) Richesse de l’affichage page 9 page 9 page 10 2) Les fonctions page 12 a) Valorisation des productions des élèves b) Fonction esthétique c) Fonction administrative d) Fonction didactique 1 page 12 page 13 page 13 page 14 3) Les espaces de vie des affichages dans la classe a) Les murs b) Les vitres c) Le tableau triptyque : le tableau noir ou blanc d) Les divers dispositifs III) QUELLES PERTINENCES DONNER AUX AFFICHAGES DE LA CLASSE ? 1) Conception de l’affichage page 15 page 15 page 15 page 16 page 16 page 17 page 17 a) Démarche à suivre b) Contenu c) Dimension esthétique page 17 page 19 page 19 2) Un support efficace page 21 a) Utilisation de l’affichage b) Un outil pédagogique et transdisciplinaire 3) Place et gestion de l’affichage page 21 page 21 page 26 a) Place de l’affichage b) Gestion de l’affichage page 26 page 26 4) Ecueils à éviter page 27 a) Surnombre b) Sacralisation page 27 page 27 CONCLUSION page 28 BIBLIOGRAPHIE page 29 2 INTRODUCTION Pré-recrutée en 2001-2002, dans une classe de CE1-CE2, à Massilly, dans le département de la Saône et Loire, j’ai été confrontée au problème de l’affichage. J’ai alors commencé à m’interroger sur cette pratique. Je me suis rendue compte qu’afficher était une activité fondamentale. Mais, pour l’avoir vécue, j’ai aussi pu évaluer combien elle était vaine si la conception et l’utilisation des affichages ne répondaient pas à certains principes. Un deuxième temps, le stage de pratique accompagnée sous la conduite d’un IMF, a permis de poursuivre le questionnement engagé quelque temps plus tôt, de constater que les affichages d’une classe pouvaient effectivement jouer le rôle d’outil qui leur revenait. Il m’a surtout permis d’arrêter un point d’étude et de centrer ma réflexion sur: « Comment rendre utiles et efficaces les affichages de la classe ? » Pour mener à bien cette étude, j’organiserai ma réflexion en trois points chronologiques. Je commencerai donc, dans un premier temps, par justifier le choix du sujet sous la forme suivante : genèse du mémoire. J’y retracerai mes deux premières expériences de l’enseignement (mon année de pré-recrutée et le stage de pratique accompagnée). Elles seront, auparavant, précédées d’un état des lieux sur les affichages, en général, à l’école. Ensuite, il s’agira de définir en quoi consiste l’affichage. Cette notion sera notamment renseignée au travers d’une définition et d’une présentation des affichages. Les fonctions et les espaces de vie de ces derniers permettront de compléter ce point. Enfin, je porterai davantage mon attention sur les affichages didactiques. Le fil conducteur sera le suivant : « Quelles pertinences donner aux affichages de la classe ? ». J’y aborderai la conception des affichages, leur rôle d’outil, la place et la gestion de ces derniers et les écueils à éviter. 3 I) GENESE DU MEMOIRE : PREAMBULE 1) Etat des lieux : à propos de l’affichage… a) Omniprésence de l’affichage dans les classes ? Les affichages constituent pour certains enseignants un support, une aide. Ainsi, quand nous rentrons dans leurs salles de classe, nous découvrons des murs couverts d’affiches, affiches qui sont des productions vivantes et de qualité. Ces classes n’ont pas forcément le même profil : elles se distinguent par le niveau (classe d’une école maternelle ou classe d’une école élémentaire), la situation géographique (école située en ville ou retirée à la campagne), la sensibilité (école classée en ZEP ou non), les effectifs (petit, moyen ou grand nombre d’élèves) etc.… : A l’inverse, il existe d’autres pratiques. La place accordée à cet outil peut être différente: quasi inexistant voire inexistant dans certaines classes aux murs blancs ou gris, classes inertes sans traces aucunes de la vie de celles-ci. On peut aussi découvrir, parfois, des outils fixés depuis des années et des outils morts (c'est-à-dire non exploités). Ce sont là des constatations faites à l’occasion d’observations menées dans quelques classes qui retracent les réalités du terrain, les pratiques de l’affichage à l’école. b) Un sujet peu abordé Ces référents muraux, quand ils existent, font à ce point partie de la culture scolaire que nous y réfléchissons moins. D’ailleurs, mes recherches dans différents centres documentaires tels que la bibliothèque de l’IUFM et le CRDP de Mâcon m’ont amenée à mettre en évidence que peu ou pas d’ouvrages abordent ce thème. Tout au plus, certains y consacrent quelques articles…de temps à autre comme par exemple Norbert BABIN et Michel PIERRE dans leur ouvrage intitulé Pour l’école élémentaire,Programmes et pratiques pédagogiques. Il est en tout cas difficile d’établir une bibliographie conséquente à laquelle toute personne s’interrogeant sur l’affichage pourrait se reporter. Je m’interroge : L’affichage fait-il peur ? Est-ce un sujet inintéressant ? De toute évidence, ce sont des questions sans réponse d’où l’intérêt d’y consacrer mon mémoire dans le cadre de ma formation professionnelle. 2) Mon expérience de pré-recrutée a) Enseigner et afficher : premières impressions et premières constatations Le 12 septembre 2001, j’ai été appelée sur la liste complémentaire du concours de professeurs des écoles. Deux jours après, j’ai fait ma rencontre avec le métier de professeur 4 des écoles en prenant mes fonctions dans une classe de CE1-CE2 (cycle2 et cycle3) à Massilly. Au fil des jours, j’ai découvert un peu plus ce si beau métier mais aussi toutes les difficultés d’enseigner. Outre des problèmes d’organisation des apprentissages, de préparation de séances, de gestion d’un double niveau…, j’ai fortement constaté mon manque de moyens pour aborder et vivre sereinement l’affichage. Je me suis retrouvée en situation d’échec dans ma pratique professionnelle, échec à rattacher à plusieurs raisons. Jusqu’ici, je n’avais jamais eu conscience de l’importance des affichages en classe. De plus, je pensais qu’afficher était un acte simple, évident, inné chez tout enseignant. Or, il m’a fallu admettre que c’était une tâche exigeante, complexe qui nécessitait réflexion, cohérence et qu’en aucun cas ce n’était un papillon punaisé. Au cours de cette année, j’ai réalisé toute la complexité de l’affichage. J’ai aussi pu mesurer son inutilité quand il est mal conçu et mal exploité. Certes, afficher est une activité fondamentale et riche mais elle devient vaine si certains paramètres, certaines variables ne sont pas pensés et pris en compte tels que par exemple gestion, place, conception… Ces impressions et constations sont issues d’une démarche pédagogique que je vais expliquer. b) Ma démarche pédagogique Elle peut être découpée en quatre temps : un premier temps qui est celui du constat, un deuxième temps qui est celui du questionnement, un troisième temps qui est celui des remédiations (du moins des tentatives) et un dernier temps qui est celui du bilan. Constat : Dans la mesure où j’ai été affectée en début d’année, j’ai découvert une classe aux murs nus. Tout était donc à faire. Les semaines passaient et les surfaces murales restaient désespérément vides. Une raison à cela : débutante, je ne parvenais pas à tout gérer du moins au début. De plus, sur la remarque de ma mère enseignante, qui en voyant ma classe m’avait fait part de son manque d’âme, j’ai décidé de m’investir davantage dans l’acte d’afficher. J’ai alors été confrontée au problème suivant : mes élèves (6CE1 et 18CE2), pourtant habitués à ce genre de documents (des affichages étaient présents dans leur classe de l’année précédente) ne consultaient et n’utilisaient pas ou peu les référents mis à leur disposition. Leur mise en place ne suffisait pas à leur utilisation. Questionnement Par nécessité, une réflexion concernant l’affichage s’est imposée et engagée. Durant cette période, de nombreuses questions ont émergé. J’en retranscris quelques unes, les plus importantes : « Mes affichages ne sont-ils pas clairs ? » auquel cas cela expliquerait qu’ils ne soient pas consultés par les enfants. « Leur emplacement n’est-il pas pertinent ? » auquel cas cela pourrait expliquer que les élèves ne dirigent pas leur regard vers ces derniers. 5 « Sont-ils mal agencés entre eux ?» auquel cas les enfants sont perdus et ne savent pas où piocher en cas de besoin. Ces questions ont été soumises à mon conseiller pédagogique. Il a fait plusieurs remarques concernant mes affichages. Il a, par exemple, souligné la complexité des contenus que ces derniers renfermaient. Cette remarque fut faite à propos d’une règle sur le ou/où. Il m’a expressément conseillé de mettre des messages chocs c'est-à-dire de proposer un contenu synthétique en recourant à des exemples (pour le ou/où). Il m’a dit qu’il fallait adopter un regard d’enfant et non d’adulte pour juger de leur accessibilité. En effet, l’adulte que j’étais comprenait la règle affichée mais l’enfant à qui elle était destinée ne pouvait se l’approprier. De plus, ayant remarqué qu’ils étaient tous de ma plume (conception et réalisation), il m’a expliqué qu’il fallait impérativement intégrer les élèves. D’autre part, il a été très critique quant à leur emplacement et à leur organisation. Selon lui, il fallait que j’ôte ceux installés dans le fond de la classe. En effet, les élèves en cas de besoin ne penseraient pas à se retourner, ils pourraient même penser que c’est interdit puisque qu’on n’a pas le droit, en temps normal, de se retourner pour discuter avec son camarade ! Et comment leur expliquer la différence ? Pour ceux affichés sur le pan de mur incliné, il fallait que je sois vigilante : ils pouvaient ne pas être accessibles à tous… Enfin, il fallait que je les organise mieux, par exemple en les regroupant par discipline évitant alors l’anarchie régnante ! Remédiations Trois points sur lesquels il fallait que je me concentre firent l’objet de remédiations, qu’il conviendrait de qualifier, par modestie, de tentatives de remédiation : conception, place, organisation. Au sein de ma pratique professionnelle, j’ai donc essayé d’associer davantage mes élèves à la construction de leur référents, non sans mal. En effet, les actions des élèves restaient encore assez limitées. Désormais, je m’efforçais de partir de leurs propositions mais je restais la seule conceptualisatrice des affichages. Pour résumer, les affichages étaient à présent préconçus par les élèves (à titre d’exemple, ce sont eux qui proposaient des phrases pouvant illustrer une règle comme ce fut le cas au sujet du a/à) et conçus par la maîtresse qui s’occupait de la mise en forme et de la version finale en y intégrant les exemples des élèves. Peut-être était-ce un compromis inconscient entre ma pratique antérieure et les remarques de mon conseiller ? Cette nouvelle pratique avait au moins pour mérite de partir des élèves et ainsi de mettre à leur portée des messages davantage porteur de sens. Je me suis aussi attachée à mieux les organiser en regroupant les affichages par niveau d’une part (les affichages des CE1 étaient distincts de ceux du CE2 pour permettre à chaque niveau de mieux se repérer dans cet ensemble) et d’autre part en les regroupant, comme me l’avait préconisé mon conseiller pédagogique, par matière (les affichages concernant la maîtrise de la langue d’un côté, les affichages relevant des mathématiques de l’autre etc.) contribuant ainsi à une utilisation plus certaine. Parallèlement, j’ai porté une attention particulière à l’endroit où je les punaisais : j’ai fait en sorte que les enfants puissent au maximum croiser leur regard et aboli des endroits tels que le fond de la classe, sous le tableau…J’ai alors été confrontée à un autre problème : je manquais de place ! 6 Bilan : Ces quelques modifications, apportées dans l’urgence, m’ont semblé être bénéfiques. Face à ce renouveau, les élèves portaient plus d’attention à ce qui était affiché, ils étaient sensibles aux changements apportés. Pour autant, il ne fallait pas y voir des affichages fonctionnels. En effet, les élèves hormis quelques uns ne les consultaient pas régulièrement. Il était donc, à ce stade, difficile de parler d’objectif atteint. En effet, même si des progrès étaient perceptibles dans mon enseignement en fin d’année au moment de constituer le bilan tels que réfléchir à leur emplacement ,à leur regroupement ; des difficultés n’en demeuraient pas moins encore présentes. Les remédiations mises en œuvre demandaient à être améliorées, notamment pour la construction des référents : qu’ils soient davantage des productions d’élèves et qu’on ne sente plus qu’une présence discrète de l’enseignante. De plus, d’autres points méritaient d’être travaillés : par exemple, savoir faire évoluer les affichages au bon moment et à bon escient. c) Un sujet pédagogiquement riche A l’évidence, grâce à cette absence (cf. début d’année) et à toutes ces difficultés rencontrées au cours de mon expérience de pré-recrutée, j’ai mesuré la portée des affichages en classe. Loin d’être un sujet vide, inintéressant et sans rapport avec des pratiques pédagogiques, j’ai éprouvé et admiré cette partie discrète et silencieuse de l’enseignement que constituaient les affichages en classe. J’ai alors pensé que ce sujet (l’affichage) pourrait être le point de départ d’une réflexion. Dans le cadre de ma formation professionnelle, je pourrais y consacrer mon mémoire ; cela me serait bénéfique. Je pourrais partir des obstacles sur lesquels j’ai trébuché, faire un retour réflexif sur ma pratique, une auto-analyse des situations vécues et ainsi fournir des essais de réponse personnels. Je devais y réfléchir… 3) Le stage de pratique accompagnée : confirmation du sujet et élaboration de sa problématique a) Les affichages dans une classe de CE2-CM1-CM2 à Saint Aubin dans le Charollais Le 29 septembre, j’ai renoué avec le terrain pour une période de trois semaines dans le cadre d’un stage dit de pratique accompagnée sous la conduite d’un IMF. En pénétrant dans cette classe, j’ai immédiatement été séduite par l’habillage des murs aussi sobre fût-il ! L’enseignant responsable de ces trois niveaux avait mis en place un système d’affichages très puissant : la puissance de ce système était notamment rendue possible par un agencement propre, ordonné et régulier de ces derniers ainsi que par un 7 contenu très modeste (exemple : 5 (numéro de la règle, il y en avait 18 au total) ou___ou bien/ où___indique le lieu). Sur cette période courte de trois semaines d’observation et de pratique en pointillé, j’ai pu constater que les référents présents dans cette classe jouaient effectivement le rôle d’outil qui leur revenait. Ils étaient à la fois utilisés par les élèves dans des activités précises où l’enseignant entraînait et incitait ses élèves à utiliser ces affichages {Je me souviens de ces dictées destinées aux CE2 où on utilisait (moi-même et mes deux autres collègues ), comme le maître de cette classe, un code, par exemple R6 renvoyant à la règle numéro 6 affichée, pour aider les élèves à orthographier ce qui était demandé ; des corrections de dictées (CE2-CM1-CM2) où les erreurs des élèves étaient signalées en marge par ces mêmes codes, les incitant alors à se reporter aux affichages correspondants et à traiter leurs erreurs par l’intermédiaire de ces derniers.} et dans leur travail, de tous les jours et de tous les instants, quand le besoin s’en faisait ressentir . Les enfants passaient ainsi d’une conduite guidée de l’affichage dans des exercices ponctuels à une conduite auto-régulée de celui-ci dans leurs tâches quelles qu’elles soient. b) Confirmation du sujet et élaboration de sa problématique Grâce à toutes ces données (mon expérience de pré-recrutée et le stage de pratique accompagnée), je sais maintenant avec certitude ce qui va nourrir mon mémoire : l’affichage. Je ressens une envie très forte d’exploiter ce sujet. Je désire particulièrement, dans cette étude, mettre en lumière leur rôle dans la classe et donc apporter des éléments de réponse à la question suivante : « Comment rendre utiles et efficaces les affichages de la classe ? » 8 II) L’AFFICHAGE : DEFINITION, ESPACES ET FONCTIONS Avant d’apporter une réponse à cette question, il peut être utile de définir la notion qui guide cette étude, en s’interrogeant sur les fonctions qui sont assignées aux affichages et par la mise en évidence des espaces où l’on peut les entrevoir. 1) Définition a) Qu’entend-on par affichage ? En général La consultation de définitions données par des dictionnaires, aussi variés que le Petit Larousse ou le Robert Méthodique, offre un point d’appui clair mais insuffisant pour définir précisément cette notion. D’après le Robert Méthodique, l’affichage est l’action d’afficher, de poser des affiches c'est-à-dire des feuilles imprimées destinées à porter quelque chose à la connaissance du public (texte, image) et placardées sur les murs ou des emplacements réservés. Il faut alors remonter à l’origine latine pour découvrir son vrai sens : affichage est un nom féminin issu du latin figere qui signifie fixer; et se pencher sur l’article de l’Encyclopaedia Universalis pour le compléter. Il met également l’accent sur le caractère informatif de l’affiche. Mais, ce qui est pour le moins intéressant, il consacre quelques lignes à son origine. Il précise que «l’affiche est la conséquence lointaine de la nécessité de faire connaître, par affichage, les décisions de l’autorité ou les événements qui intéressent la collectivité.» En tout état de cause, l’affichage est un moyen d’information. A l’école Dans ce contexte, il peut être défini comme toute image ou texte ayant un rapport avec l’école, la classe et les contenus d’enseignement de l’école maternelle et primaire mis à la disposition des élèves pour une durée variable. b) Description formelle La notion d’affichage, en dépit de son apparente évidence et simplicité, n’est pas si facile à cerner. Pour en rendre compte, les interrogations sont nombreuses: « Comment la définir ? », « Sous quels angles l’envisager ? », « Quels aspects prendre en compte ? » En s’intéressant à des critères que je qualifierai soit de critères externes (taille, dimension) soit de critères internes (contenu: écrits, images), on peut tenter de s’en approcher le plus possible. 9 Critères externes La consultation d’affichages, quels qu’ils soient et où qu’ils soient, est riche d’éléments qu’on ne soupçonne pas au premier abord, du moins que l’on ne pense pas à évoquer tellement c’est évident. La question de leur taille, si anodine soit elle, mérite d’être examinée. Elle est loin d’être uniforme. On rencontre, dans les salles de classes, des affichages de petits formats, des affichages de taille moyenne, des affichages géants aux dimensions exceptionnelles ! Toujours concernant la question du gabarit, on peut aussi répertorier plusieurs types : des affichages rectangulaires en hauteur, des affichages rectangulaires en largeur, des affichages carrés etc. Critères internes : L’espace interne de l’affiche, « véritable unité de base de l’affichage », renferme aussi à lui seul des éléments à expliquer afin de compléter notre définition de celle-ci. Les aspects textuels (les écrits) et les aspects icônographiques (les dessins, les photos) sont des éléments caractéristiques de l’affichage Cette zone, vierge à la source, sur laquelle viennent s’entrecroiser ces composantes, permet donc de régler la mise en scène des formes textuelles et des formes icônographiques qui alors s’appuient l’une sur l’autre pour multiplier les effets ou se compléter. c) Richesse de l’affichage Notre définition de l’affichage, si elle se veut la plus exacte possible, se doit d’être complétée par une approche de sa diversité d’un point de vue institutionnel Inventaire Il existe une grande variété d’affichages. Pour se la représenter, il est nécessaire de passer par une énumération de ces derniers et ainsi d’établir un inventaire. Mes visites dans les classes (stages IUFM, ATP, année pré-recrutée) me permettent de dresser le tableau suivant : on trouve des reproductions d’œuvres d’art, des règles de vie, des cartes géographiques, des tableaux de service, des productions d’élèves, des documents régulant l’utilisation des ordinateurs,de la BCD, des frises historiques, des listes des graphies des sons étudiés, des bandes numériques, des tableaux de conjugaisons, des tables de multiplication, le plan d’évacuation des locaux, le règlement intérieur de l’ école, l’emploi du temps, la liste des élèves, des affiches culturelles, des posters, la liste des chants et des poèmes, les progressions de l’enseignant etc.…. A ce stade, on se rend parfaitement compte, en termes de contenus, de l’ampleur que recouvre la notion d’affichage. Classification : Parmi ces affichages, il est possible d’établir une classification permettant alors de voir un peu plus clair. 10 On peut, à l’instar de N. Babin et M. Pierre dans Programmes, Instructions Conseils pour l’école élémentaire, distinguer trois grandes familles d’affiches. J’apporterai une touche personnelle en prenant appui sur des photos réalisées lors de mon premier stage en responsabilité dans une classe de MS et GS à Cluny, afin de rendre cette partie théorique la plus proche possible des réalités du terrain. Les affichages réglementaires tels que l’emploi du temps, les progressions, la liste des élèves etc. Les affichages fonctionnels tels que les tableaux de conjugaison, les listes de graphies de sons étudiés etc. Les affichages décoratifs tels que les productions d’élèves, les reproductions d’œuvre d’art etc.…. Pour aller plus loin (les affichages fonctionnels) On peut opérer une sous-classification au sein des affichages dits fonctionnels .Ils peuvent, à leur tour, être classés selon leur durée d’exposition. 11 Parmi ces affichages, certains pourront être qualifiés de permanents, d’autres de temporaires et d’autres encore d’évolutifs. En effet, certains affichages fonctionnels sont des repères quotidiens pour les élèves qui y ont recours quasiment tous les jours tels que le calendrier, l’alphabet, la bande numérique en maternelle. D’autres affichages sont présents seulement à un moment donné dans l’année. Citons, par exemple, les traces écrites de séances reproduites sur affiche qui reflètent ce qui a été fait. Enfin, il y a ceux qui se construisent tout au long de l’année : de nouvelles données s’y ajoutent régulièrement. La liste des mots connus qui augmentent au fur et à mesure au cycle 2 en fait partie. 2) Les fonctions remplies par les affichages Il convient aussi de réfléchir aux différentes fonctions qu’ils peuvent remplir, aux rôles qui leur sont assignés. a) La valorisation des productions des élèves : Certains affichages sont destinés à mettre en évidence les réussites des élèves. Réussite est ici entendue au sens large et désigne par là toutes les réalisations d’enfants. Tout type de production peut donc être affichée. Mais, ce sont souvent des dessins, des peintures réalisés par les enfants qui sont affichés. J’ai par exemple accroché les productions de mes élèves au cours de mon premier stage en responsabilité en MS-GS : en effet, suite à l’analyse d’une peinture de Robert Delaunay intitulée Rythme et Joie de vivre, 1930, je les ai invités à peindre à la manière de R. Delaunay et, j’ai ensuite mis en valeur leurs réalisations en les affichant dans la classe. J’ai procédé de la même façon pour les productions obtenues en travail manuel. 12 Les comptes rendus de sorties éducatives peuvent également être valorisés par voie d’affichage. Je me souviens, par exemple, de l’exposition organisée par une de mes collègues l’année dernière à l’occasion de la fête des écoles. Elle portait sur le voyage que nous avions effectué quelque temps plus tôt dans le cadre d’un projet communément appelé « classe découverte » en rapport avec le projet d’école. Ces élèves avaient réalisé des panneaux affiches retraçant tout le séjour (l’écluse, la station d’épuration, le barrage, la vie au centre d’hébergement etc.) avec photographies, écrits personnels ou écrits collectifs (en groupe), documents divers rapportés de cette classe découverte (dépliants, prospectus etc.). b) Fonction esthétique Ici le but est, tout en cherchant à familiariser les enfants avec les arts, d’éduquer le regard de chacun et de « décorer » la classe de reproduction de tableaux, de sculptures et autres œuvres de référence que le maître leur a présentés et fait découvrir. Les élèves (MS-GS) dont j’avais la charge au mois de décembre ont vécu cette expérience. J’avais fixé, au dos de la commode, la reproduction de Robert Delaunay sur laquelle nous travaillions. J’ai ressenti une immense satisfaction en voyant le plaisir que ce référent procurait aux élèves : ils passaient de longs moments à le contempler. Il est donc important et fortement souhaitable de s’attacher à développer l’affichage esthétique qui concourt à l’éducation artistique. D’autres documents, à visée essentiellement décorative, peuvent créer un environnement agréable et accueillant et ainsi personnaliser le lieu de vie qu’est la classe. Il peut, par exemple, s’agir de posters, de photographies. On trouve en effet fréquemment, dans les écoles maternelles, des posters de l’école des loisirs. c) La fonction administrative Une attitude est commune à l’ensemble des enseignants qu’ils soient en poste en maternelle ou au primaire. Chez chacun, on trouve généralement les documents suivants : le règlement intérieur de l’école, l’emploi du temps, la liste des élèves (voir ci-dessous), les progressions des enseignants, le planning d’utilisation de certains locaux communs. 13 Ce genre d’affichages joue aussi son rôle : il permet de connaître le fonctionnement et l’organisation de la classe. Il est important de conclure ce chapitre par une dernière précision. Cet ensemble administratif, indispensable pour le maître, est imposé par les textes et la hiérarchie. d) La fonction didactique D’autres affichages que ceux précédemment nommés ont une visée essentiellement didactique. Ils sont multiples : alphabet, bandes numériques, règles de grammaire, conjugaison, table de multiplication etc. Ces affichages ne jouent pas tous le même rôle : on peut les répartir dans plusieurs catégories : support d’apprentissage, outil d’aide, outil analogique, trace écrite etc. C’est un point qui sera développé ultérieurement (cf. III). La fonction didactique des ces derniers est essentielle. En effet, ils sont directement liés à la pratique de la classe et aux apprentissages qui s’y rapportent et jouent ainsi un rôle dans les acquisitions des élèves. J’ai pu mettre en place des référents de ce type. Je peux proposer quelques exemples afin d’enrichir ce point du mémoire : j’ai installé une bande numérique qui nous était très utile au moment des rituels lorsque nous comptions les élèves mangeant à la cantine et à la maison. 14 J’ai aussi installé, sous formes d’étiquettes, les jours parallèlement à un travail sur la semaine. 3) Les espaces de vie des affichages dans la classe Il n’y a pas d’endroits qui sont spécifiquement réservés aux affichages. On peut toutefois en répertorier quelques uns. Les murs sont les premiers à être utilisés. Viennent ensuite les vitres qui peuvent être sollicitées. Le tableau peut aussi faire office de support d’affichages. Reste à citer tous les dispositifs mis en place qui permettent de présenter des référents quels qu’ils soient. a) Les murs Généralement, les murs sont les premiers à être investis et recouverts d’affiches. Cela s’explique naturellement par la surface lisse qu’ils proposent offrant alors un vaste panorama. Précisons à cet effet que tous les pans de murs peuvent être exploités et mis à contribution. Il faut toutefois veiller au risque de surcharge. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement. b) Les vitres Les surfaces vitrées peuvent être utilisées, avec mesure évidemment pour ne pas amoindrir la luminosité de la salle de classe. Les vitres peuvent recevoir toutes sortes de documents comme, par exemple, le règlement intérieur qui peut ainsi être vu et lu par tous les parents. 15 Ce support peut être astucieusement utilisé pour coller des dessins de vitraux (vitraux est ici entendu au sens de : technique d’assemblage de morceaux de papiers colorés et transparents pour former une décoration sans connotations religieuses). c) Le tableau triptyque : le tableau « noir » ou « blanc » Cela peut paraître curieux de le citer puisque sa fonction première est d’y écrire à la craie ou au stylo véléda. Mais une autre utilisation peut lui être consacrée, celle de supports d’affichages divers temporaires ou permanents. J’ai par exemple au cours de mon stage en GS, réservé une partie du tableau installé face aux élèves pour y aimanter une grande affiche de Noël (voir ci-dessous) : les élèves la complétaient au fil des jours en collant des mots Noël (précédemment étudié dans sa graphie majuscule) apportés de la maison et découpés dans des publicités, à ma demande. Cet exercice avait pour but de poursuivre l’étude de ce mot dans ses autres graphies (cursive et script) à partir des apports des élèves. d) Les divers dispositifs Selon l’ingéniosité de chacun, des stratagèmes peuvent être trouvés afin d’augmenter la surface d’affichages et la rendre par la même aussi plus attrayante. S’il existe des poutres dans l’espace dans lequel on évolue, on peut pourquoi pas les habiller ! Il est possible de tirer des fils au niveau du plafond (en hauteur pour éviter les accidents) sur lesquels on fixe des travaux d’élèves, en général des productions issues du travail manuel. Ils jouent alors le rôle de mobiles. Un système tout autre appelé «manège tournant» peut aussi être mis en place. Il s’agit d’un emboîtement de boîtes à chaussures sur des tubes avec des espaces réservés entre chacunes des boîtes. L’enfant peut à sa guise faire tourner ces boîtes. Ce procédé a été découvert en visionnant une cassette réalisée par l’IUFM de Mâcon s’intitulant Essayer d’écrire en GS : un outil. Ce manège a été utilisé en tant qu’outil au service d’une activité de production écrite. 16 III) QUELLES PERTINENCES DONNER AUX AFFICHAGES DE LA CLASSE ? Mémoire de travail, support d’apprentissage, outil d’aide, outil analogique, il faut maintenant réfléchir aux affichages didactiques afin d’apporter des éléments de réponse au problème soulevé au début de cette étude : « Comment rendre utiles et efficaces les affichages de la classe ? » 1) Conception de l’affichage a) Démarche à suivre Si nous voulons, dans la classe, disposer de supports de qualité, nous devons être attentifs à leur élaboration. Quelle démarche alors adopter ? Pour une efficacité optimale des affichages, l’enseignant doit ne pas perdre de vue qu’ils sont avant tout des outils-élèves, non des papillons punaisés, et que les enfants doivent construire leurs connaissances. Quelle utilisation ultérieure ? L’enseignant doit donc, dans un premier temps, donner à ses élèves les moyens de réfléchir à la pertinence des affichages envisagés : « A quoi vont-ils servir ? » Il est nécessaire d’identifier les intentions qui président à leur fabrication et à leur mise en place dans l’espace classe. Il faut toujours avoir en mémoire qu’un affichage répond à une fonction donnée : trace écrite de séances qui reflète ce qui a été fait et constitue une mémoire du travail, outil d’aide (pour un élève en situation de doute à un moment donné), outil d’apprentissage (connaissances disciplinaires), outil analogique (à partir duquel l’enfant se construit des connaissances). Nous reviendrons sur ce point un peu plus tard. Qui produit ? D’autre part, l’enseignant doit favoriser l’activité de ses élèves. Dans Faire la classe à l’école élémentaire, Bernard REY stipule : « Il n’est pas inutile que certains référents aient été construits par les élèves eux-mêmes. » Les affichages doivent donc être élaborés autant que possible avec le concours des élèves. La rédaction est prise en charge soit par les élèves soit par l’enseignant (surtout en maternelle). Ces considérations étant posées, je vais maintenant les illustrer en relatant une séance de construction d’affiches. 17 Illustration : Projet eau et glace, séance n°3 trace écrite, de la glace vers l’eau Suite à un travail sur la glace en découverte du monde en MS-GS au mois de décembre, j’ai demandé aux élèves de proposer des moyens de garder en mémoire les connaissances acquises. Ils ont tous été unanimes pour constituer des affiches avec « des écritures » selon leurs mots. Les enfants, dans une seconde phase, ont rappelé oralement les différentes activités auxquelles ils avaient participées et les découvertes effectuées. Les propositions ont été notées, au fur et à mesure, au tableau. Ils ont ensuite organisé et structuré ce qu’ils voulaient que j’écrive. Cette structuration des connaissances a été laborieuse. Je les ai guidés au travers de trois questions : « Qu’est-ce qu’un glaçon ? », « Pourquoi ça fond ? », « Comment faire fondre un glaçon ? » Les affiches ont été réalisées : j’ai écrit, sous dictée à l’adulte, la recette du glaçon et la recette pour faire fondre un glaçon ; des élèves ont dessiné et collé leurs dessins pour illustrer. La fonction de l’affiche a donc été clairement identifiée par les élèves : elle a été un moyen de restituer et de réorganiser des informations réunies suite à une recherche. 18 b) Contenu On va s’intéresser à la forme du signifié et non au signifié lui-même. Le message des affiches doit être simplifié au maximum : clair, concis, et synthétique. Il s’agit de proposer des contenus porteurs de sens. A titre d’exemple, le contenu d’un affichage mémoire d’un travail (en sciences) proposera uniquement les conclusions et non toutes les étapes de la recherche (hypothèses, expérimentation, verbalisation etc.). Les affiches réalisées sur l’eau et la glace ont seulement retranscrit les conclusions suivantes: Les glaçons : ils sont froids, ils glissent, ils sont durs, ils fondent, deviennent petits et on a de l’eau La chaleur : elle fait fondre les glaçons Pour faire fondre un glaçon : on remue le récipient avec le glaçon dedans ; on le tient dans la main ; on attend : Sur le radiateur, il a tout fondu Sur la commode, il a presque fondu Dehors, il n’a pas fondu S’il s’agit d’une règle de grammaire, on se contentera uniquement d’exemples, en aucun cas on ne reformulera ladite règle. c) Dimension esthétique La dimension esthétique de l’affichage est importante. Deux paramètres doivent être pris en compte : lisibilité et visibilité. « Selon quels critères esthétiques fabriquer une affiche ? » On peut citer quelques règles à respecter pour une efficacité optimale des affichages. La couleur Il faut être rigoureux dans le choix des couleurs sur une affiche au fond blanc. Certaines ne sont pas visibles comme le jaune, le bleu clair. On devra autant que possible éviter les tons pastel qui sont plus difficiles à percevoir. De même, la couleur du fond et des écrits doivent s’accorder : par exemple, pas d’écrits orange sur un fond jaune ; il est préférable d’utiliser du noir. 19 La couleur des affiches est, elle aussi, importante pour une bonne visibilité. Il faut chercher un contraste entre la couleur de l’affiche et l’endroit où elle va être affichée : pas d’affiches blanches sur des murs blancs, pas d’affiches roses sur une porte orange etc. La couleur peut enfin être utilisée pour mettre en valeur certains éléments ou pour opposer les éléments entre eux. (On peut se reporter à l’image des jours de la semaine II, 2, d : ils ont chacun une couleur différente de façon à distinguer le lundi du mardi etc. De plus, ces couleurs correspondent à une comptine apprise parallèlement: « Lundi matin, j’ai vu la petite souris grimper sur mon lit, elle avait mis son bel habit violet »etc.) La typographie C’est un élément clé. Il faut une écriture soignée que ce soit celle d’un élève ou de l’enseignant. Il faut ensuite utiliser une taille de « police » suffisamment importante (ne pas écrire trop petit). Il faut encore avoir une écriture linéaire (écrire droit) qui est un exercice difficile aussi bien pour les élèves que les enseignants encore inexpérimentés. D’autres aspects formels peuvent être cités. On peut varier les écritures : majuscules pour les titres, cursive pour le corps etc. On peut souligner certains éléments, en encadrer d’autres etc. Organisation générale : règle de présentation Notre attention doit aussi se porter sur la disposition, l’organisation des éléments dans l’affiche. Il faut qu’ils soient repérables, identifiables. On aère alors au maximum par des espaces entre chaque point. On utilise aussi des indices typographiques, par exemple des astérix, pour signaler les changements ou les points sur lesquels il faut se pencher (cf. image de la trace écrite sur l’eau et la glace précédemment). On peut aussi numéroter les étapes etc. 20 2) Un support efficace a) Utilisation de l’affichage Donner du sens L’affichage est un outil pour l’enseignant, l’élève et le groupe, aux services des apprentissages et non un simple élément décoratif (nous reviendrons sur cette notion d’outil ultérieurement). Les enfants doivent alors mesurer le rôle joué par les affichages didactiques Dans cette perspective, il faut avertir les élèves que l’affichage est une aide et un outil auquel ils peuvent se reporter chaque fois qu’ils en ressentent le besoin. De plus, il est nécessaire de leur définir le terme d’aide : s’aider par l’affichage n’est pas tricher, copier. Ce n’est pas non plus échouer. Il ne faut donc pas hésiter à leur dire et à leur répéter qu’ils ont droit de se servir de tout ce qui est affiché dans la classe. De même, il faut régulièrement leur rappeler l’existence de ces panneaux et les renseignements qu’ils contiennent. Je ne développerai pas davantage, ayant déjà consacré quelques lignes à ce sujet en 1) conception de l’affichage quelle utilisation ultérieure ? Mais cela ne suffit pas pour que les élèves les utilisent. Inciter à l’utiliser Tous les élèves ne se réfèrent pas spontanément aux panneaux d’affichages. Un élève ne les utilisera que si on lui a appris à le faire. Bernard REY s’attarde justement sur ce point dans Faire la classe à l’école élémentaire (page 85): « pour être des aides authentiques de l’apprentissage, il faut qu’ils soient utilisés réellement par les élèves dans des activités précises et qu’on leur apprenne systématiquement à le faire. » L’affichage doit alors être pensé et accompagné de situations qui vont aider à son utilisation. Cet apprentissage individuel et/ou collectif est guidé et régulier. Au cours d’un exercice d’orthographe dans une classe de cycle 3 avec le groupe des CE2 (stage de pratique accompagnée), j’ai consacré un exercice à l’utilisation des référents de la classe. Les élèves avaient pour tâche de recopier une phrase donnée : Les enfants qui sont nés sous le signe du bélier seront très énergiques. Nous avons fait le point : « A quoi dois-je penser en la recopiant ? » La question des accents est apparue : nous les avons répertorier à partir de la règle 18 affichée. C’est seulement, quand les élèves savent prendre des indices de la sorte, que les affichages, qui les entourent, représentent un outil aux services de leurs apprentissages. b) Un outil pédagogique et transdisciplinaire Il s’agit maintenant de marquer l’intérêt des affichages dans la classe, à la vue des élèves. Ils permettent de poursuivre des objectifs pédagogiques et accompagnent les domaines disciplinaires. 21 Un outil pédagogique « Qu’apportent les affichages dans la classe ? » Ils présentent des intérêts pédagogiques et constituent donc par là un précieux outil. « Quels rôles jouent-ils dans les apprentissages ? » Selon les situations, les affiches peuvent être une mémoire du travail effectué, un support d’apprentissage, un outil d’aide, un outil analogique. Mémoire de travail : L’affichage est souvent utilisé lors de la phase de structuration sous forme de trace écrite qui synthétise les recherches. Avec des élèves de GS, dont j’avais la charge au mois de mars, nous avons effectué un travail sur la montagne. Nous avons ensemble fait part, à travers un dessin, de nos premières représentations sur la mer et la montagne (Séance n°1). Puis, nous avons appris à différencier deux types de paysage en effectuant un classement de photos de mer et de montagne dans tous leurs états (mer calme, déchaînée, sable fin, falaise / montagne enneigée, couverte de fleurs etc.) (Séance n°2). Dans une troisième séance, nous avons appris à lire un paysage de montagne (notion de plans), celui de l’Alpe d’Huez. Et enfin, nous nous sommes intéressés à la géographie physique de la montagne. Sous forme de jeu (fenêtres placées sur des éléments tels que pic, glacier, chaîne de montagne etc. à ouvrir), nous avons acquis un vocabulaire spécifique propre à la montagne. A l’issue de ce travail, nous avons constitué des affiches récapitulant toutes nos découvertes. 22 Support d’apprentissage: L’affichage est aussi un outil pour agir. Il permet de poursuivre des objectifs pédagogiques. L’affichage peut être le point de départ d’une situation d’apprentissage. Utilisé sous cette forme, il a un certain intérêt : il sensibilise les élèves, il est déclencheur d’une motivation, et les élèves prennent plus rapidement part à l’activité. Cette pratique m’est apparue très bénéfique pour travailler l’enchaînement des ponts avec des élèves de GS en vue d’acquérir le geste graphique des lettres n et m en cursive. Les élèves de cette classe savaient faire des ponts (pré requis) mais leur difficulté principale était de les enchaîner correctement. Il a donc fallu consacrer un temps à l’enchaînement des ponts sans rompre le rythme et à tracer d’un seul coup de crayon pour obtenir un geste sûr. La séance s’est déroulée de la façon suivante : l’affiche de la petite souris a été affichée au tableau et a été accompagnée de deux questions : « Qu’est-ce que j’ai affiché ? »(Une petite souris), « Comment est-ce que j’ai fait pour la dessiner ? » La deuxième question est la plus intéressante à développer : je voulais que les élèves mettent en évidence les ponts collés (pour faire le deuxième pont on remonte sur le premier et ensuite on redescend etc.). Après avoir décortiqué notre petite souris, nous nous sommes essayés, d’abord en l’air puis au tableau avec la consigne suivante : « Pour avoir une jolie souris, il faut faire des ponts collés. » L’affichage peut aussi être utilisé en cours d’apprentissage. La peinture Rythme et joie de vivre, 1930 de Robert Delaunay (cf. photo II, 2, b) a été utilisée (MS-GS en décembre) une première fois pour recueillir les impressions des élèves, puis une deuxième fois pour analyser l’œuvre (les formes, les couleurs etc.) Outre des objectifs pédagogiques, l’affichage permet de développer des compétences transversales comme l’accès à l’autonomie. Elle peut être favorisée par l’affichage du menu de la journée. J’ai vu cette pratique en stage de pratique accompagnée. Un tableau papier était réservé au déroulement de la journée, le maître y faisait apparaître les grands axes de travail de la journée pour chaque niveau de classe (CE2-CM1-CM2). Ce dispositif permettait à la fois au maître de gérer le groupe et aux élèves de gérer leurs apprentissages et de se situer dans le temps proche. C’était un outil d’organisation. Il permettait aussi la mise en place plus rapide de travaux autonomes : sur ce tableau, étaient inscrits les manuels utilisés, les numéros d’exercices. 23 Outil d’aide, outils de référence: Les affichages peuvent aussi être une aide pour les élèves en situation d’apprentissage et constituent alors des outils de référence. Les enfants y font appel en fonction de leurs besoins respectifs et dans des tâches précises. Ces outils de référence sont mis en place en fonction des objectifs pédagogiques et dès lors qu’ils ont été l’objet d’activités spécifiques. Suite à un travail sur le voyage d’une lettre en MS-GS en décembre (plier la lettre, la mettre dans une enveloppe, cacheter l’enveloppe, écrire l’adresse au milieu, coller un timbre en haut et à droite et la poster), nous avions constitué une affiche mémoire. Au cours d’un exercice de réinvestissement, (Les enfants disposaient de leur lettre personnelle pour le père noël; d’enveloppes ; de timbres et savaient qu’ils pouvaient me solliciter pour les écrits.) j’ai observé leurs attitudes. Certains se référaient spontanément au panneau affiché, en se déplaçant parfois. Ils allaient y chercher les indices leur permettant de réaliser l’exercice. D’autres n’en éprouvaient pas le besoin. Pour certains enfants, qui rencontraient des difficultés dans l’ordre des tâches à accomplir, je leur indiquai l’existence du panneau et si besoin, je les accompagnai dans son utilisation. De même, dans la classe où j’ai effectué un remplacement de trois semaines au mois de mars (GS), les six premiers chiffres et les constellations qui s’y rapportent étaient affichées. Ils servaient de référence lors de jeux mathématiques autonomes. Outil analogique : Certains affichages sont des documents ressources pour les élèves, les ORA (outils de référence analogique). Ce sont des outils à partir desquels les enfants se construisent des connaissances, résolvent des problèmes. 24 Au cours de mes deux stages en maternelle, je me suis rendue compte que souvent, les enfants ont ou prennent conscience des règles de fonctionnement de l’écrit, reconnaissent des sons semblables dans des mots différents et reconstituent ou déchiffrent des mots nouveaux à partir de syllabes identifiées. Les élèves s’appuient, en général, sur des écrits courts et très familiers : les étiquettes de prénoms, le calendrier des jours, le calendrier des mois, le répertoire de mots (cf. photo ci-dessus). J’ai plusieurs exemples à relater pour nourrir ma réflexion. Durant le stage de décembre, les élèves ont décodé partiellement le mot SAPIN proposé à l’étude. Ils ont identifié le SA de SAPIN par analogie avec le SA de SAMEDI. Auparavant, nous avions tapé samedi dans les mains et nous avions vu que les lettres S et A donnaient le son SA Durant le stage de mars, mes élèves sont parvenus à encoder le mot CARNAVAL (mot nouveau) à partir de syllabes identifiées CA_ NA_VA. Il s’agissait d’écrire le titre d’une affiche découverte en séance1 (mise en évidence du thème, des documents la constituant et choix d’un titre). En amont, nous avions travaillé sur le son A et sur la segmentation des syllabes à partir des prénoms VALENTIN, CAMILLE, NATHALIE. Nous avions isolé les syllabes initiales, écouté le son qu’elles produisaient et vu comment ces sons se transcrivaient. Les essais d’encodage ont été intéressants : certains sont parvenus à encoder le mot sans erreur, d’autres ont écrit CANAVA, CANAVAL etc. Ces essais ont été repris et le mot correct a été écrit par un élève sur l’affiche. 25 Dans cette même classe, le mot MER a été décodé par analogie avec MERCREDI. Un outil transdisciplinaire Comme nous avons pu le constater, l’affichage trouve sa place dans de nombreuses activités. Son utilisation peut être étendue à plusieurs disciplines : maîtrise de la langue, arts visuels, découverte du monde etc. De plus, le référent est une aide dont l’enfant peut se servir quelle que soit la tâche et pas seulement dans le cadre de l’activité pour laquelle elle a été construite. 3) Place et gestion de l’affichage a) Place de l’affichage Dans le champ visuel de l’élève L’incitation n’explique pas tout dans le recours aux affichages. La place du référent est importante pour son utilisation, elle est même déterminante. S’ils sont mal placés, les élèves ne penseront pas à les utiliser. Il est difficile de donner une règle générale s’appliquant à tous. C’est à chacun, en fonction de sa classe, de juger des endroits les plus adaptés pour que le regard de leurs élèves tombe sur les affiches. On peut toutefois faire quelques remarques. Des lieux privilégiés seront déterminés pour les affiches importantes et fréquemment utilisées. A l’inverse des lieux seront bannis: sous le tableau où elles ne seront accessibles que pour les élèves du premier rang, au fond de la classe obligeant les élèves à se retourner, en contre-jour les rendant invisibles, dans un endroit à faible luminosité ne les mettant pas en valeur. Au cours du deuxième stage en GS, j’ai favorisé le dessus du tableau pour deux raisons : le soleil l’éclairait et c’était un endroit accessible aux élèves de leur place assise et au moment des regroupements. Organisation spatiale L’affichage doit être organisé spatialement. Le désordre est contre-productif. L’enseignant compose alors soigneusement le paysage de sa classe. Il convient de sérier des panneaux par disciplines et de les organiser dans l’espace en fonction de leur rôle et de leur importance. C’est ainsi que les affichages en lecture et mathématiques seront autour du tableau et les affichages d’exposés collectifs plutôt au fond de la classe. b) Gestion de l’affichage Une bonne gestion des outils pédagogiques contribue à une plus grande efficacité de l’école. 26 Durée « Combien de temps laisser les affichages? » Il faut veiller à leur actualité, c’est ce qui fait leur intérêt. Il faut alors collectivement et régulièrement procéder au « ménage » de sa classe, à son rangement, afin de réactualiser les affichages pédagogiques : éliminer les affichages trop anciens sur lesquels les regards des élèves errent sans intérêt, les éléments non indispensables. D’autre part, les aides doivent être ponctuelles. On ne peut parler d’acquisition chez les élèves que lorsqu’ ils sont autonomes à l’égard de ces outils de référence. Evolution L’affichage est évolutif, il suit le fil des apprentissages des élèves, les nouveaux centres d’intérêt qui demandent à être valorisés, l’évolution des acquisitions des élèves. 4) Ecueils à éviter a) Surnombre Il ne faut pas pour autant tapisser sa classe d’affiches. Un danger qui guette l’affichage est de vouloir que toutes les notions travaillées en classe figurent sur les murs. Le foisonnement n’est pas un gage de qualité pédagogique. Il faut donc porter une attention permanente à ces derniers, car trop d’affichages créent une fatigue visuelle au détriment de leur efficacité. Ils doivent résulter d’un choix raisonné. L’affichage TUE l’affichage. b) Sacralisation Réfléchir aux apports de l’affichage dans la classe est utile mais il ne faut pas pour autant en faire un objet sacralisé. L’affichage n’est pas le seul outil pédagogique de la classe. Il en existe d’autres: le classeur-outil, les différents manuels, le dictionnaire .Il faut aussi penser à les utiliser. 27 CONCLUSION Dès à présent, je mesure l’écart entre mon ancienne pratique de l’affichage et l’expérience que j’ai pu acquérir dans l’acte d’afficher au cours des différents stages organisés par l’IUFM. Je suis davantage armée pour vivre sereinement l’affichage. Donc, au terme de ce travail, on peut répondre au problème soulevé initialement : « Comment rendre utiles et efficaces les affichages de la classe ? » On peut restituer les éléments constitutifs de la réflexion sous forme de conseils à suivre pour une efficacité optimale des affichages : -construire les affichages avec les élèves. -faire identifier la fonction de l’affiche envisagée par et avec les élèves: mémoire de travail, outil d’aide etc. -proposer un contenu clair et synthétique -veiller à ce que les affiches soient lisibles et visibles -faire un apprentissage de l’affichage : apprendre à s’en servir -ne jamais perdre de vue qu’il est un outil pédagogique et transdisciplinaire -réfléchir à son emplacement dans la classe -penser à l’actualiser : le mettre au goût du jour -ne pas surcharger sa classe d’affiches -penser qu’il y a d’autres outils Toutefois, ce mémoire n’est que le début d’une réflexion (qui enrichira mes pratiques futures.) Sur une période aussi courte que celle des stages, on ne peut effectivement pas mesurer tous les enjeux d’un tel sujet. Aussi, faut il être dans sa propre classe pour entrevoir toute la dimension de l’affichage. 28 BIBLIOGRAPHIE REY Bernard, Faire la classe à l’école élémentaire, Pratiques et enjeux pédagogiques BABIN Norbert et PIERRE Michel, Pour l’école élémentaire : Programmes et pratiques pédagogiques, Hachette Education TERRIEUX Josette, PIERRE Régine et BABIN Norbert, Pour l’école maternelle : Programmes, Projets, Activités, Hachette Education THIVOLET Marc, Encyclopaedia Universalis, tome 1, Affiche RIOULT Jean « les affichages en classe », JDI n°3, novembre 1999 BOUCQ-ROIGT Pascale, DUBREUIL Françoise, Prendre sa classe en mains, Nathan Pédagogie DEGAY Paul, Le guide pratique de l’instituteur, istra La Classe 29 RESUME : Confrontée au problème de l’affichage en tant que pré-recrutée, ce sujet m’a interpellée. J’ai alors réfléchi aux principes à mettre en œuvre pour une efficacité optimale des affichages de la classe. Je me suis penchée sur la construction de ces derniers, sur leur rôle d’outils et sur la nécessité d’apprendre aux élèves à s’en servir. J’ai également abordé la question de leur emplacement et de leur gestion. Quelques dérives possibles ont été signalées. MOTS CLES : Outil pédagogique Support visuel Affiche 30