L`AFFICHAGE: utilité et efficacité

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L`AFFICHAGE: utilité et efficacité
IUFM DE BOURGOGNE
CONCOURS DE RECRUTEMENT : Professeur des écoles
L’AFFICHAGE:
utilité et efficacité
MICHEL Nathalie
Directeur de mémoire :
Madame AUBRY Sylviane
ANNEE 2003
02STA03774
SOMMAIRE
INTRODUCTION
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I) GENESE DU MEMOIRE : PREAMBULE
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1) Etat des lieux : à propos de l’affichage
a) Omniprésence de l’affichage ?
b) Un sujet peu abordé
2) Mon expérience de pré-recrutée
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a) Enseigner et afficher : impressions et constatations
b) Ma démarche pédagogique
c) Un sujet pédagogiquement riche
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3) Le stage de pratique accompagnée : confirmation du sujet et élaboration de sa
problématique
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Charollais
a) Les affichages dans une classe de CE2-CM1-CM2 à Saint Aubin dans le
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b) Confirmation du sujet et élaboration de sa problématique
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II) L’AFFICHAGE : DEFINITION, ESPACES ET FONCTIONS
1) Définition
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a) Qu’entend-on par affichage ?
b) Description formelle
c) Richesse de l’affichage
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2) Les fonctions
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a) Valorisation des productions des élèves
b) Fonction esthétique
c) Fonction administrative
d) Fonction didactique
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3) Les espaces de vie des affichages dans la classe
a) Les murs
b) Les vitres
c) Le tableau triptyque : le tableau noir ou blanc
d) Les divers dispositifs
III) QUELLES PERTINENCES DONNER AUX AFFICHAGES
DE LA CLASSE ?
1) Conception de l’affichage
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a) Démarche à suivre
b) Contenu
c) Dimension esthétique
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2) Un support efficace
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a) Utilisation de l’affichage
b) Un outil pédagogique et transdisciplinaire
3) Place et gestion de l’affichage
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a) Place de l’affichage
b) Gestion de l’affichage
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4) Ecueils à éviter
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a) Surnombre
b) Sacralisation
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CONCLUSION
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BIBLIOGRAPHIE
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INTRODUCTION
Pré-recrutée en 2001-2002, dans une classe de CE1-CE2, à Massilly, dans le
département de la Saône et Loire, j’ai été confrontée au problème de l’affichage.
J’ai alors commencé à m’interroger sur cette pratique. Je me suis rendue compte qu’afficher
était une activité fondamentale. Mais, pour l’avoir vécue, j’ai aussi pu évaluer combien elle
était vaine si la conception et l’utilisation des affichages ne répondaient pas à certains
principes.
Un deuxième temps, le stage de pratique accompagnée sous la conduite d’un IMF, a
permis de poursuivre le questionnement engagé quelque temps plus tôt, de constater que les
affichages d’une classe pouvaient effectivement jouer le rôle d’outil qui leur revenait.
Il m’a surtout permis d’arrêter un point d’étude et de centrer ma réflexion sur: « Comment
rendre utiles et efficaces les affichages de la classe ? »
Pour mener à bien cette étude, j’organiserai ma réflexion en trois points
chronologiques.
Je commencerai donc, dans un premier temps, par justifier le choix du sujet sous la
forme suivante : genèse du mémoire. J’y retracerai mes deux premières expériences de
l’enseignement (mon année de pré-recrutée et le stage de pratique accompagnée). Elles seront,
auparavant, précédées d’un état des lieux sur les affichages, en général, à l’école.
Ensuite, il s’agira de définir en quoi consiste l’affichage. Cette notion sera notamment
renseignée au travers d’une définition et d’une présentation des affichages. Les fonctions et
les espaces de vie de ces derniers permettront de compléter ce point.
Enfin, je porterai davantage mon attention sur les affichages didactiques. Le fil
conducteur sera le suivant : « Quelles pertinences donner aux affichages de la classe ? ». J’y
aborderai la conception des affichages, leur rôle d’outil, la place et la gestion de ces derniers
et les écueils à éviter.
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I) GENESE DU MEMOIRE : PREAMBULE
1) Etat des lieux : à propos de l’affichage…
a) Omniprésence de l’affichage dans les classes ?
Les affichages constituent pour certains enseignants un support, une aide. Ainsi, quand
nous rentrons dans leurs salles de classe, nous découvrons des murs couverts d’affiches,
affiches qui sont des productions vivantes et de qualité. Ces classes n’ont pas forcément le
même profil : elles se distinguent par le niveau (classe d’une école maternelle ou classe d’une
école élémentaire), la situation géographique (école située en ville ou retirée à la campagne),
la sensibilité (école classée en ZEP ou non), les effectifs (petit, moyen ou grand nombre
d’élèves) etc.… :
A l’inverse, il existe d’autres pratiques. La place accordée à cet outil peut être
différente: quasi inexistant voire inexistant dans certaines classes aux murs blancs ou gris,
classes inertes sans traces aucunes de la vie de celles-ci. On peut aussi découvrir, parfois, des
outils fixés depuis des années et des outils morts (c'est-à-dire non exploités).
Ce sont là des constatations faites à l’occasion d’observations menées dans quelques
classes qui retracent les réalités du terrain, les pratiques de l’affichage à l’école.
b) Un sujet peu abordé
Ces référents muraux, quand ils existent, font à ce point partie de la culture scolaire
que nous y réfléchissons moins. D’ailleurs, mes recherches dans différents centres
documentaires tels que la bibliothèque de l’IUFM et le CRDP de Mâcon m’ont amenée à
mettre en évidence que peu ou pas d’ouvrages abordent ce thème. Tout au plus, certains y
consacrent quelques articles…de temps à autre comme par exemple Norbert BABIN et
Michel PIERRE dans leur ouvrage intitulé Pour l’école élémentaire,Programmes et pratiques
pédagogiques. Il est en tout cas difficile d’établir une bibliographie conséquente à laquelle
toute personne s’interrogeant sur l’affichage pourrait se reporter.
Je m’interroge : L’affichage fait-il peur ? Est-ce un sujet inintéressant ? De toute
évidence, ce sont des questions sans réponse d’où l’intérêt d’y consacrer mon mémoire dans
le cadre de ma formation professionnelle.
2) Mon expérience de pré-recrutée
a) Enseigner et afficher : premières impressions et
premières constatations
Le 12 septembre 2001, j’ai été appelée sur la liste complémentaire du concours de
professeurs des écoles. Deux jours après, j’ai fait ma rencontre avec le métier de professeur
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des écoles en prenant mes fonctions dans une classe de CE1-CE2 (cycle2 et cycle3) à
Massilly.
Au fil des jours, j’ai découvert un peu plus ce si beau métier mais aussi toutes les
difficultés d’enseigner. Outre des problèmes d’organisation des apprentissages, de préparation
de séances, de gestion d’un double niveau…, j’ai fortement constaté mon manque de moyens
pour aborder et vivre sereinement l’affichage.
Je me suis retrouvée en situation d’échec dans ma pratique professionnelle, échec à
rattacher à plusieurs raisons. Jusqu’ici, je n’avais jamais eu conscience de l’importance des
affichages en classe. De plus, je pensais qu’afficher était un acte simple, évident, inné chez
tout enseignant. Or, il m’a fallu admettre que c’était une tâche exigeante, complexe qui
nécessitait réflexion, cohérence et qu’en aucun cas ce n’était un papillon punaisé.
Au cours de cette année, j’ai réalisé toute la complexité de l’affichage. J’ai aussi pu
mesurer son inutilité quand il est mal conçu et mal exploité. Certes, afficher est une activité
fondamentale et riche mais elle devient vaine si certains paramètres, certaines variables ne
sont pas pensés et pris en compte tels que par exemple gestion, place, conception…
Ces impressions et constations sont issues d’une démarche pédagogique que je vais
expliquer.
b) Ma démarche pédagogique
Elle peut être découpée en quatre temps : un premier temps qui est celui du constat, un
deuxième temps qui est celui du questionnement, un troisième temps qui est celui des
remédiations (du moins des tentatives) et un dernier temps qui est celui du bilan.
Constat :
Dans la mesure où j’ai été affectée en début d’année, j’ai découvert une classe aux
murs nus. Tout était donc à faire. Les semaines passaient et les surfaces murales restaient
désespérément vides. Une raison à cela : débutante, je ne parvenais pas à tout gérer du moins
au début. De plus, sur la remarque de ma mère enseignante, qui en voyant ma classe m’avait
fait part de son manque d’âme, j’ai décidé de m’investir davantage dans l’acte d’afficher.
J’ai alors été confrontée au problème suivant : mes élèves (6CE1 et 18CE2), pourtant
habitués à ce genre de documents (des affichages étaient présents dans leur classe de l’année
précédente) ne consultaient et n’utilisaient pas ou peu les référents mis à leur disposition.
Leur mise en place ne suffisait pas à leur utilisation.
Questionnement
Par nécessité, une réflexion concernant l’affichage s’est imposée et engagée. Durant
cette période, de nombreuses questions ont émergé.
J’en retranscris quelques unes, les plus importantes : « Mes affichages ne sont-ils pas
clairs ? » auquel cas cela expliquerait qu’ils ne soient pas consultés par les enfants.
« Leur emplacement n’est-il pas
pertinent ? » auquel cas cela pourrait expliquer que les élèves ne dirigent pas leur regard vers
ces derniers.
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« Sont-ils mal agencés entre
eux ?» auquel cas les enfants sont perdus et ne savent pas où piocher en cas de besoin.
Ces questions ont été soumises à mon conseiller pédagogique. Il a fait plusieurs
remarques concernant mes affichages.
Il a, par exemple, souligné la complexité des contenus que ces derniers renfermaient. Cette
remarque fut faite à propos d’une règle sur le ou/où. Il m’a expressément conseillé de mettre
des messages chocs c'est-à-dire de proposer un contenu synthétique en recourant à des
exemples (pour le ou/où). Il m’a dit qu’il fallait adopter un regard d’enfant et non d’adulte
pour juger de leur accessibilité. En effet, l’adulte que j’étais comprenait la règle affichée mais
l’enfant à qui elle était destinée ne pouvait se l’approprier.
De plus, ayant remarqué qu’ils étaient tous de ma plume (conception et réalisation), il m’a
expliqué qu’il fallait impérativement intégrer les élèves.
D’autre part, il a été très critique quant à leur emplacement et à leur organisation. Selon lui, il
fallait que j’ôte ceux installés dans le fond de la classe. En effet, les élèves en cas de besoin ne
penseraient pas à se retourner, ils pourraient même penser que c’est interdit puisque qu’on n’a
pas le droit, en temps normal, de se retourner pour discuter avec son camarade ! Et comment
leur expliquer la différence ? Pour ceux affichés sur le pan de mur incliné, il fallait que je sois
vigilante : ils pouvaient ne pas être accessibles à tous…
Enfin, il fallait que je les organise mieux, par exemple en les regroupant par discipline évitant
alors l’anarchie régnante !
Remédiations
Trois points sur lesquels il fallait que je me concentre firent l’objet de remédiations,
qu’il conviendrait de qualifier, par modestie, de tentatives de remédiation : conception, place,
organisation.
Au sein de ma pratique professionnelle, j’ai donc essayé d’associer davantage mes
élèves à la construction de leur référents, non sans mal. En effet, les actions des élèves
restaient encore assez limitées. Désormais, je m’efforçais de partir de leurs propositions mais
je restais la seule conceptualisatrice des affichages.
Pour résumer, les affichages étaient à présent préconçus par les élèves (à titre d’exemple, ce
sont eux qui proposaient des phrases pouvant illustrer une règle comme ce fut le cas au sujet
du a/à) et conçus par la maîtresse qui s’occupait de la mise en forme et de la version finale en
y intégrant les exemples des élèves.
Peut-être était-ce un compromis inconscient entre ma pratique antérieure et les remarques de
mon conseiller ? Cette nouvelle pratique avait au moins pour mérite de partir des élèves et
ainsi de mettre à leur portée des messages davantage porteur de sens.
Je me suis aussi attachée à mieux les organiser en regroupant les affichages par niveau
d’une part (les affichages des CE1 étaient distincts de ceux du CE2 pour permettre à chaque
niveau de mieux se repérer dans cet ensemble) et d’autre part en les regroupant, comme me
l’avait préconisé mon conseiller pédagogique, par matière (les affichages concernant la
maîtrise de la langue d’un côté, les affichages relevant des mathématiques de l’autre etc.)
contribuant ainsi à une utilisation plus certaine.
Parallèlement, j’ai porté une attention particulière à l’endroit où je les punaisais : j’ai fait en
sorte que les enfants puissent au maximum croiser leur regard et aboli des endroits tels que le
fond de la classe, sous le tableau…J’ai alors été confrontée à un autre problème : je manquais
de place !
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Bilan :
Ces quelques modifications, apportées dans l’urgence, m’ont semblé être bénéfiques.
Face à ce renouveau, les élèves portaient plus d’attention à ce qui était affiché, ils étaient
sensibles aux changements apportés. Pour autant, il ne fallait pas y voir des affichages
fonctionnels. En effet, les élèves hormis quelques uns ne les consultaient pas régulièrement.
Il était donc, à ce stade, difficile de parler d’objectif atteint. En effet, même si des
progrès étaient perceptibles dans mon enseignement en fin d’année au moment de constituer
le bilan tels que réfléchir à leur emplacement ,à leur regroupement ; des difficultés n’en
demeuraient pas moins encore présentes.
Les remédiations mises en œuvre demandaient à être améliorées, notamment pour la
construction des référents : qu’ils soient davantage des productions d’élèves et qu’on ne sente
plus qu’une présence discrète de l’enseignante.
De plus, d’autres points méritaient d’être travaillés : par exemple, savoir faire évoluer les
affichages au bon moment et à bon escient.
c) Un sujet pédagogiquement riche
A l’évidence, grâce à cette absence (cf. début d’année) et à toutes ces difficultés
rencontrées au cours de mon expérience de pré-recrutée, j’ai mesuré la portée des affichages
en classe.
Loin d’être un sujet vide, inintéressant et sans rapport avec des pratiques
pédagogiques, j’ai éprouvé et admiré cette partie discrète et silencieuse de l’enseignement que
constituaient les affichages en classe.
J’ai alors pensé que ce sujet (l’affichage) pourrait être le point de départ d’une
réflexion. Dans le cadre de ma formation professionnelle, je pourrais y consacrer mon
mémoire ; cela me serait bénéfique. Je pourrais partir des obstacles sur lesquels j’ai trébuché,
faire un retour réflexif sur ma pratique, une auto-analyse des situations vécues et ainsi fournir
des essais de réponse personnels. Je devais y réfléchir…
3) Le stage de pratique accompagnée :
confirmation du sujet et élaboration de sa problématique
a) Les affichages dans une classe de CE2-CM1-CM2
à Saint Aubin dans le Charollais
Le 29 septembre, j’ai renoué avec le terrain pour une période de trois semaines dans le
cadre d’un stage dit de pratique accompagnée sous la conduite d’un IMF.
En pénétrant dans cette classe, j’ai immédiatement été séduite par l’habillage des murs
aussi sobre fût-il ! L’enseignant responsable de ces trois niveaux avait mis en place un
système d’affichages très puissant : la puissance de ce système était notamment rendue
possible par un agencement propre, ordonné et régulier de ces derniers ainsi que par un
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contenu très modeste (exemple : 5 (numéro de la règle, il y en avait 18 au total) ou___ou bien/
où___indique le lieu).
Sur cette période courte de trois semaines d’observation et de pratique en pointillé, j’ai pu
constater que les référents présents dans cette classe jouaient effectivement le rôle d’outil qui
leur revenait.
Ils étaient à la fois utilisés par les élèves dans des activités précises où l’enseignant entraînait
et incitait ses élèves à utiliser ces affichages {Je me souviens de ces dictées destinées aux CE2
où on utilisait (moi-même et mes deux autres collègues ), comme le maître de cette classe, un
code, par exemple R6 renvoyant à la règle numéro 6 affichée, pour aider les élèves à
orthographier ce qui était demandé ; des corrections de dictées (CE2-CM1-CM2) où les
erreurs des élèves étaient signalées en marge par ces mêmes codes, les incitant alors à se
reporter aux affichages correspondants et à traiter leurs erreurs par l’intermédiaire de ces
derniers.} et dans leur travail, de tous les jours et de tous les instants, quand le besoin s’en
faisait ressentir .
Les enfants passaient ainsi d’une conduite guidée de l’affichage dans des exercices ponctuels
à une conduite auto-régulée de celui-ci dans leurs tâches quelles qu’elles soient.
b) Confirmation du sujet et élaboration de sa
problématique
Grâce à toutes ces données (mon expérience de pré-recrutée et le stage de pratique
accompagnée), je sais maintenant avec certitude ce qui va nourrir mon mémoire : l’affichage.
Je ressens une envie très forte d’exploiter ce sujet. Je désire particulièrement, dans
cette étude, mettre en lumière leur rôle dans la classe et donc apporter des éléments de
réponse à la question suivante : « Comment rendre utiles et efficaces les affichages de la
classe ? »
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II) L’AFFICHAGE : DEFINITION, ESPACES
ET FONCTIONS
Avant d’apporter une réponse à cette question, il peut être utile de définir la notion qui
guide cette étude, en s’interrogeant sur les fonctions qui sont assignées aux affichages et par
la mise en évidence des espaces où l’on peut les entrevoir.
1) Définition
a) Qu’entend-on par affichage ?
En général
La consultation de définitions données par des dictionnaires, aussi variés que le Petit
Larousse ou le Robert Méthodique, offre un point d’appui clair mais insuffisant pour définir
précisément cette notion. D’après le Robert Méthodique, l’affichage est l’action d’afficher, de
poser des affiches c'est-à-dire des feuilles imprimées destinées à porter quelque chose à la
connaissance du public (texte, image) et placardées sur les murs ou des emplacements
réservés.
Il faut alors remonter à l’origine latine pour découvrir son vrai sens : affichage est un
nom féminin issu du latin figere qui signifie fixer; et se pencher sur l’article de
l’Encyclopaedia Universalis pour le compléter. Il met également l’accent sur le caractère
informatif de l’affiche. Mais, ce qui est pour le moins intéressant, il consacre quelques lignes
à son origine. Il précise que «l’affiche est la conséquence lointaine de la nécessité de faire
connaître, par affichage, les décisions de l’autorité ou les événements qui intéressent la
collectivité.»
En tout état de cause, l’affichage est un moyen d’information.
A l’école
Dans ce contexte, il peut être défini comme toute image ou texte ayant un rapport avec
l’école, la classe et les contenus d’enseignement de l’école maternelle et primaire mis à la
disposition des élèves pour une durée variable.
b) Description formelle
La notion d’affichage, en dépit de son apparente évidence et simplicité, n’est pas si
facile à cerner. Pour en rendre compte, les interrogations sont nombreuses: « Comment la
définir ? », « Sous quels angles l’envisager ? », « Quels aspects prendre en compte ? »
En s’intéressant à des critères que je qualifierai soit de critères externes (taille, dimension)
soit de critères internes (contenu: écrits, images), on peut tenter de s’en approcher le plus
possible.
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Critères externes
La consultation d’affichages, quels qu’ils soient et où qu’ils soient, est riche
d’éléments qu’on ne soupçonne pas au premier abord, du moins que l’on ne pense pas à
évoquer tellement c’est évident.
La question de leur taille, si anodine soit elle, mérite d’être examinée. Elle est loin d’être
uniforme. On rencontre, dans les salles de classes, des affichages de petits formats, des
affichages de taille moyenne, des affichages géants aux dimensions exceptionnelles !
Toujours concernant la question du gabarit, on peut aussi répertorier plusieurs types :
des affichages rectangulaires en hauteur, des affichages rectangulaires en largeur, des
affichages carrés etc.
Critères internes :
L’espace interne de l’affiche, « véritable unité de base de l’affichage », renferme aussi
à lui seul des éléments à expliquer afin de compléter notre définition de celle-ci.
Les aspects textuels (les écrits) et les aspects icônographiques (les dessins, les photos)
sont des éléments caractéristiques de l’affichage
Cette zone, vierge à la source, sur laquelle viennent s’entrecroiser ces composantes, permet
donc de régler la mise en scène des formes textuelles et des formes icônographiques qui alors
s’appuient l’une sur l’autre pour multiplier les effets ou se compléter.
c) Richesse de l’affichage
Notre définition de l’affichage, si elle se veut la plus exacte possible, se doit d’être
complétée par une approche de sa diversité d’un point de vue institutionnel
Inventaire
Il existe une grande variété d’affichages. Pour se la représenter, il est nécessaire de
passer par une énumération de ces derniers et ainsi d’établir un inventaire.
Mes visites dans les classes (stages IUFM, ATP, année pré-recrutée) me permettent de
dresser le tableau suivant : on trouve des reproductions d’œuvres d’art, des règles de vie, des
cartes géographiques, des tableaux de service, des productions d’élèves, des documents
régulant l’utilisation des ordinateurs,de la BCD, des frises historiques, des listes des graphies
des sons étudiés, des bandes numériques, des tableaux de conjugaisons, des tables de
multiplication, le plan d’évacuation des locaux, le règlement intérieur de l’ école, l’emploi du
temps, la liste des élèves, des affiches culturelles, des posters, la liste des chants et des
poèmes, les progressions de l’enseignant etc.….
A ce stade, on se rend parfaitement compte, en termes de contenus, de l’ampleur que
recouvre la notion d’affichage.
Classification :
Parmi ces affichages, il est possible d’établir une classification permettant alors de
voir un peu plus clair.
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On peut, à l’instar de N. Babin et M. Pierre dans Programmes, Instructions Conseils
pour l’école élémentaire, distinguer trois grandes familles d’affiches. J’apporterai une touche
personnelle en prenant appui sur des photos réalisées lors de mon premier stage en
responsabilité dans une classe de MS et GS à Cluny, afin de rendre cette partie théorique la
plus proche possible des réalités du terrain.
Les affichages réglementaires tels que l’emploi du temps, les progressions, la liste des
élèves etc.
Les affichages fonctionnels tels que les tableaux de conjugaison, les listes de graphies de
sons étudiés etc.
Les affichages décoratifs tels que les productions d’élèves, les reproductions d’œuvre d’art
etc.….
Pour aller plus loin (les affichages fonctionnels)
On peut opérer une sous-classification au sein des affichages dits fonctionnels .Ils
peuvent, à leur tour, être classés selon leur durée d’exposition.
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Parmi ces affichages, certains pourront être qualifiés de permanents, d’autres de
temporaires et d’autres encore d’évolutifs.
En effet, certains affichages fonctionnels sont des repères quotidiens pour les élèves qui y ont
recours quasiment tous les jours tels que le calendrier, l’alphabet, la bande numérique en
maternelle. D’autres affichages sont présents seulement à un moment donné dans l’année.
Citons, par exemple, les traces écrites de séances reproduites sur affiche qui reflètent ce qui a
été fait. Enfin, il y a ceux qui se construisent tout au long de l’année : de nouvelles données
s’y ajoutent régulièrement. La liste des mots connus qui augmentent au fur et à mesure au
cycle 2 en fait partie.
2) Les fonctions remplies par les affichages
Il convient aussi de réfléchir aux différentes fonctions qu’ils peuvent remplir, aux
rôles qui leur sont assignés.
a) La valorisation des productions des élèves :
Certains affichages sont destinés à mettre en évidence les réussites des élèves.
Réussite est ici entendue au sens large et désigne par là toutes les réalisations d’enfants.
Tout type de production peut donc être affichée. Mais, ce sont souvent des dessins, des
peintures réalisés par les enfants qui sont affichés.
J’ai par exemple accroché les productions de mes élèves au cours de mon premier stage en
responsabilité en MS-GS : en effet, suite à l’analyse d’une peinture de Robert Delaunay
intitulée Rythme et Joie de vivre, 1930, je les ai invités à peindre à la manière de R. Delaunay
et, j’ai ensuite mis en valeur leurs réalisations en les affichant dans la classe. J’ai procédé de
la même façon pour les productions obtenues en travail manuel.
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Les comptes rendus de sorties éducatives peuvent également être valorisés par voie
d’affichage. Je me souviens, par exemple, de l’exposition organisée par une de mes collègues
l’année dernière à l’occasion de la fête des écoles.
Elle portait sur le voyage que nous avions effectué quelque temps plus tôt dans le cadre d’un
projet communément appelé « classe découverte » en rapport avec le projet d’école. Ces
élèves avaient réalisé des panneaux affiches retraçant tout le séjour (l’écluse, la station
d’épuration, le barrage, la vie au centre d’hébergement etc.) avec photographies, écrits
personnels ou écrits collectifs (en groupe), documents divers rapportés de cette classe
découverte (dépliants, prospectus etc.).
b) Fonction esthétique
Ici le but est, tout en cherchant à familiariser les enfants avec les arts, d’éduquer le
regard de chacun et de « décorer » la classe de reproduction de tableaux, de sculptures et
autres œuvres de référence que le maître leur a présentés et fait découvrir.
Les élèves (MS-GS) dont j’avais la charge au mois de décembre ont vécu cette
expérience. J’avais fixé, au dos de la commode, la reproduction de Robert Delaunay sur
laquelle nous travaillions. J’ai ressenti une immense satisfaction en voyant le plaisir que ce
référent procurait aux élèves : ils passaient de longs moments à le contempler. Il est donc
important et fortement souhaitable de s’attacher à développer l’affichage esthétique qui
concourt à l’éducation artistique.
D’autres documents, à visée essentiellement décorative, peuvent créer un
environnement agréable et accueillant et ainsi personnaliser le lieu de vie qu’est la classe. Il
peut, par exemple, s’agir de posters, de photographies. On trouve en effet fréquemment, dans
les écoles maternelles, des posters de l’école des loisirs.
c) La fonction administrative
Une attitude est commune à l’ensemble des enseignants qu’ils soient en poste en
maternelle ou au primaire.
Chez chacun, on trouve généralement les documents suivants : le règlement intérieur de
l’école, l’emploi du temps, la liste des élèves (voir ci-dessous), les progressions des
enseignants, le planning d’utilisation de certains locaux communs.
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Ce genre d’affichages joue aussi son rôle : il permet de connaître le fonctionnement et
l’organisation de la classe.
Il est important de conclure ce chapitre par une dernière précision. Cet ensemble
administratif, indispensable pour le maître, est imposé par les textes et la hiérarchie.
d) La fonction didactique
D’autres affichages que ceux précédemment nommés ont une visée essentiellement
didactique.
Ils sont multiples : alphabet, bandes numériques, règles de grammaire, conjugaison, table de
multiplication etc.
Ces affichages ne jouent pas tous le même rôle : on peut les répartir dans plusieurs
catégories : support d’apprentissage, outil d’aide, outil analogique, trace écrite etc. C’est un
point qui sera développé ultérieurement (cf. III).
La fonction didactique des ces derniers est essentielle. En effet, ils sont directement
liés à la pratique de la classe et aux apprentissages qui s’y rapportent et jouent ainsi un rôle
dans les acquisitions des élèves.
J’ai pu mettre en place des référents de ce type. Je peux proposer quelques exemples
afin d’enrichir ce point du mémoire : j’ai installé une bande numérique qui nous était très utile
au moment des rituels lorsque nous comptions les élèves mangeant à la cantine et à la maison.
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J’ai aussi installé, sous formes d’étiquettes, les jours parallèlement à un travail sur la semaine.
3) Les espaces de vie des affichages dans la classe
Il n’y a pas d’endroits qui sont spécifiquement réservés aux affichages. On peut
toutefois en répertorier quelques uns.
Les murs sont les premiers à être utilisés. Viennent ensuite les vitres qui peuvent être
sollicitées. Le tableau peut aussi faire office de support d’affichages. Reste à citer tous les
dispositifs mis en place qui permettent de présenter des référents quels qu’ils soient.
a) Les murs
Généralement, les murs sont les premiers à être investis et recouverts d’affiches. Cela
s’explique naturellement par la surface lisse qu’ils proposent offrant alors un vaste panorama.
Précisons à cet effet que tous les pans de murs peuvent être exploités et mis à contribution. Il
faut toutefois veiller au risque de surcharge. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement.
b) Les vitres
Les surfaces vitrées peuvent être utilisées, avec mesure évidemment pour ne pas
amoindrir la luminosité de la salle de classe.
Les vitres peuvent recevoir toutes sortes de documents comme, par exemple, le règlement
intérieur qui peut ainsi être vu et lu par tous les parents.
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Ce support peut être astucieusement utilisé pour coller des dessins de vitraux (vitraux
est ici entendu au sens de : technique d’assemblage de morceaux de papiers colorés et
transparents pour former une décoration sans connotations religieuses).
c) Le tableau triptyque : le tableau « noir » ou
« blanc »
Cela peut paraître curieux de le citer puisque sa fonction première est d’y écrire à la
craie ou au stylo véléda. Mais une autre utilisation peut lui être consacrée, celle de supports
d’affichages divers temporaires ou permanents.
J’ai par exemple au cours de mon stage en GS, réservé une partie du tableau installé
face aux élèves pour y aimanter une grande affiche de Noël (voir ci-dessous) : les élèves la
complétaient au fil des jours en collant des mots Noël (précédemment étudié dans sa graphie
majuscule) apportés de la maison et découpés dans des publicités, à ma demande. Cet
exercice avait pour but de poursuivre l’étude de ce mot dans ses autres graphies (cursive et
script) à partir des apports des élèves.
d) Les divers dispositifs
Selon l’ingéniosité de chacun, des stratagèmes peuvent être trouvés afin d’augmenter
la surface d’affichages et la rendre par la même aussi plus attrayante.
S’il existe des poutres dans l’espace dans lequel on évolue, on peut pourquoi pas les
habiller !
Il est possible de tirer des fils au niveau du plafond (en hauteur pour éviter les accidents) sur
lesquels on fixe des travaux d’élèves, en général des productions issues du travail manuel. Ils
jouent alors le rôle de mobiles.
Un système tout autre appelé «manège tournant» peut aussi être mis en place. Il s’agit
d’un emboîtement de boîtes à chaussures sur des tubes avec des espaces réservés entre
chacunes des boîtes. L’enfant peut à sa guise faire tourner ces boîtes. Ce procédé a été
découvert en visionnant une cassette réalisée par l’IUFM de Mâcon s’intitulant Essayer
d’écrire en GS : un outil. Ce manège a été utilisé en tant qu’outil au service d’une activité de
production écrite.
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III) QUELLES PERTINENCES DONNER
AUX AFFICHAGES DE LA CLASSE ?
Mémoire de travail, support d’apprentissage, outil d’aide, outil analogique, il faut
maintenant réfléchir aux affichages didactiques afin d’apporter des éléments de réponse au
problème soulevé au début de cette étude : « Comment rendre utiles et efficaces les
affichages de la classe ? »
1) Conception de l’affichage
a) Démarche à suivre
Si nous voulons, dans la classe, disposer de supports de qualité, nous devons être
attentifs à leur élaboration. Quelle démarche alors adopter ? Pour une efficacité optimale des
affichages, l’enseignant doit ne pas perdre de vue qu’ils sont avant tout des outils-élèves, non
des papillons punaisés, et que les enfants doivent construire leurs connaissances.
Quelle utilisation ultérieure ?
L’enseignant doit donc, dans un premier temps, donner à ses élèves les moyens de
réfléchir à la pertinence des affichages envisagés : « A quoi vont-ils servir ? » Il est nécessaire
d’identifier les intentions qui président à leur fabrication et à leur mise en place dans l’espace
classe. Il faut toujours avoir en mémoire qu’un affichage répond à une fonction donnée : trace
écrite de séances qui reflète ce qui a été fait et constitue une mémoire du travail, outil d’aide
(pour un élève en situation de doute à un moment donné), outil d’apprentissage
(connaissances disciplinaires), outil analogique (à partir duquel l’enfant se construit des
connaissances). Nous reviendrons sur ce point un peu plus tard.
Qui produit ?
D’autre part, l’enseignant doit favoriser l’activité de ses élèves. Dans Faire la classe à
l’école élémentaire, Bernard REY stipule : « Il n’est pas inutile que certains référents aient été
construits par les élèves eux-mêmes. » Les affichages doivent donc être élaborés autant que
possible avec le concours des élèves.
La rédaction est prise en charge soit par les élèves soit par l’enseignant (surtout en
maternelle).
Ces considérations étant posées, je vais maintenant les illustrer en relatant une séance
de construction d’affiches.
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Illustration : Projet eau et glace, séance n°3 trace écrite, de la glace vers l’eau
Suite à un travail sur la glace en découverte du monde en MS-GS au mois de
décembre, j’ai demandé aux élèves de proposer des moyens de garder en mémoire les
connaissances acquises. Ils ont tous été unanimes pour constituer des affiches avec « des
écritures » selon leurs mots.
Les enfants, dans une seconde phase, ont rappelé oralement les différentes activités
auxquelles ils avaient participées et les découvertes effectuées. Les propositions ont été
notées, au fur et à mesure, au tableau.
Ils ont ensuite organisé et structuré ce qu’ils voulaient que j’écrive. Cette structuration
des connaissances a été laborieuse. Je les ai guidés au travers de trois questions : « Qu’est-ce
qu’un glaçon ? », « Pourquoi ça fond ? », « Comment faire fondre un glaçon ? »
Les affiches ont été réalisées : j’ai écrit, sous dictée à l’adulte, la recette du glaçon et la
recette pour faire fondre un glaçon ; des élèves ont dessiné et collé leurs dessins pour illustrer.
La fonction de l’affiche a donc été clairement identifiée par les élèves : elle a été un moyen de
restituer et de réorganiser des informations réunies suite à une recherche.
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b) Contenu
On va s’intéresser à la forme du signifié et non au signifié lui-même. Le message des
affiches doit être simplifié au maximum : clair, concis, et synthétique. Il s’agit de proposer
des contenus porteurs de sens.
A titre d’exemple, le contenu d’un affichage mémoire d’un travail (en sciences)
proposera uniquement les conclusions et non toutes les étapes de la recherche (hypothèses,
expérimentation, verbalisation etc.).
Les affiches réalisées sur l’eau et la glace ont seulement retranscrit les conclusions suivantes:
Les glaçons : ils sont froids, ils glissent, ils sont durs, ils fondent, deviennent petits et
on a de l’eau
La chaleur : elle fait fondre les glaçons
Pour faire fondre un glaçon : on remue le récipient avec le glaçon dedans ; on le
tient dans la main ; on attend : Sur le radiateur, il a tout fondu
Sur la commode, il a presque fondu
Dehors, il n’a pas fondu
S’il s’agit d’une règle de grammaire, on se contentera uniquement d’exemples, en aucun cas
on ne reformulera ladite règle.
c) Dimension esthétique
La dimension esthétique de l’affichage est importante. Deux paramètres doivent être
pris en compte : lisibilité et visibilité.
« Selon quels critères esthétiques fabriquer une affiche ? » On peut citer quelques règles à
respecter pour une efficacité optimale des affichages.
La couleur
Il faut être rigoureux dans le choix des couleurs sur une affiche au fond blanc.
Certaines ne sont pas visibles comme le jaune, le bleu clair. On devra autant que possible
éviter les tons pastel qui sont plus difficiles à percevoir. De même, la couleur du fond et des
écrits doivent s’accorder : par exemple, pas d’écrits orange sur un fond jaune ; il est préférable
d’utiliser du noir.
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La couleur des affiches est, elle aussi, importante pour une bonne visibilité. Il faut
chercher un contraste entre la couleur de l’affiche et l’endroit où elle va être affichée : pas
d’affiches blanches sur des murs blancs, pas d’affiches roses sur une porte orange etc.
La couleur peut enfin être utilisée pour mettre en valeur certains éléments ou pour
opposer les éléments entre eux. (On peut se reporter à l’image des jours de la semaine II, 2, d :
ils ont chacun une couleur différente de façon à distinguer le lundi du mardi etc. De plus, ces
couleurs correspondent à une comptine apprise parallèlement: « Lundi matin, j’ai vu la petite
souris grimper sur mon lit, elle avait mis son bel habit violet »etc.)
La typographie
C’est un élément clé. Il faut une écriture soignée que ce soit celle d’un élève ou de
l’enseignant. Il faut ensuite utiliser une taille de « police » suffisamment importante (ne pas
écrire trop petit). Il faut encore avoir une écriture linéaire (écrire droit) qui est un exercice
difficile aussi bien pour les élèves que les enseignants encore inexpérimentés.
D’autres aspects formels peuvent être cités. On peut varier les écritures : majuscules pour les
titres, cursive pour le corps etc. On peut souligner certains éléments, en encadrer d’autres etc.
Organisation générale : règle de présentation
Notre attention doit aussi se porter sur la disposition, l’organisation des éléments dans
l’affiche. Il faut qu’ils soient repérables, identifiables. On aère alors au maximum par des
espaces entre chaque point. On utilise aussi des indices typographiques, par exemple des
astérix, pour signaler les changements ou les points sur lesquels il faut se pencher (cf. image
de la trace écrite sur l’eau et la glace précédemment). On peut aussi numéroter les étapes etc.
20
2) Un support efficace
a) Utilisation de l’affichage
Donner du sens
L’affichage est un outil pour l’enseignant, l’élève et le groupe, aux services des
apprentissages et non un simple élément décoratif (nous reviendrons sur cette notion d’outil
ultérieurement). Les enfants doivent alors mesurer le rôle joué par les affichages didactiques
Dans cette perspective, il faut avertir les élèves que l’affichage est une aide et un outil
auquel ils peuvent se reporter chaque fois qu’ils en ressentent le besoin. De plus, il est
nécessaire de leur définir le terme d’aide : s’aider par l’affichage n’est pas tricher, copier. Ce
n’est pas non plus échouer.
Il ne faut donc pas hésiter à leur dire et à leur répéter qu’ils ont droit de se servir de tout ce qui
est affiché dans la classe. De même, il faut régulièrement leur rappeler l’existence de ces
panneaux et les renseignements qu’ils contiennent.
Je ne développerai pas davantage, ayant déjà consacré quelques lignes à ce sujet en 1)
conception de l’affichage quelle utilisation ultérieure ?
Mais cela ne suffit pas pour que les élèves les utilisent.
Inciter à l’utiliser
Tous les élèves ne se réfèrent pas spontanément aux panneaux d’affichages. Un élève
ne les utilisera que si on lui a appris à le faire.
Bernard REY s’attarde justement sur ce point dans Faire la classe à l’école élémentaire (page
85): « pour être des aides authentiques de l’apprentissage, il faut qu’ils soient utilisés
réellement par les élèves dans des activités précises et qu’on leur apprenne systématiquement
à le faire. » L’affichage doit alors être pensé et accompagné de situations qui vont aider à son
utilisation.
Cet apprentissage individuel et/ou collectif est guidé et régulier.
Au cours d’un exercice d’orthographe dans une classe de cycle 3 avec le groupe des
CE2 (stage de pratique accompagnée), j’ai consacré un exercice à l’utilisation des référents de
la classe. Les élèves avaient pour tâche de recopier une phrase donnée : Les enfants qui sont
nés sous le signe du bélier seront très énergiques. Nous avons fait le point : « A quoi dois-je
penser en la recopiant ? » La question des accents est apparue : nous les avons répertorier à
partir de la règle 18 affichée.
C’est seulement, quand les élèves savent prendre des indices de la sorte, que les
affichages, qui les entourent, représentent un outil aux services de leurs apprentissages.
b) Un outil pédagogique et transdisciplinaire
Il s’agit maintenant de marquer l’intérêt des affichages dans la classe, à la vue des
élèves. Ils permettent de poursuivre des objectifs pédagogiques et accompagnent les domaines
disciplinaires.
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Un outil pédagogique
« Qu’apportent les affichages dans la classe ? » Ils présentent des intérêts
pédagogiques et constituent donc par là un précieux outil.
« Quels rôles jouent-ils dans les apprentissages ? » Selon les situations, les affiches peuvent
être une mémoire du travail effectué, un support d’apprentissage, un outil d’aide, un outil
analogique.
Mémoire de travail :
L’affichage est souvent utilisé lors de la phase de structuration sous forme de trace
écrite qui synthétise les recherches.
Avec des élèves de GS, dont j’avais la charge au mois de mars, nous avons effectué un
travail sur la montagne.
Nous avons ensemble fait part, à travers un dessin, de nos premières représentations sur la
mer et la montagne (Séance n°1). Puis, nous avons appris à différencier deux types de
paysage en effectuant un classement de photos de mer et de montagne dans tous leurs états
(mer calme, déchaînée, sable fin, falaise / montagne enneigée, couverte de fleurs etc.) (Séance
n°2). Dans une troisième séance, nous avons appris à lire un paysage de montagne (notion de
plans), celui de l’Alpe d’Huez. Et enfin, nous nous sommes intéressés à la géographie
physique de la montagne. Sous forme de jeu (fenêtres placées sur des éléments tels que pic,
glacier, chaîne de montagne etc. à ouvrir), nous avons acquis un vocabulaire spécifique propre
à la montagne.
A l’issue de ce travail, nous avons constitué des affiches récapitulant toutes nos découvertes.
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Support d’apprentissage:
L’affichage est aussi un outil pour agir. Il permet de poursuivre des objectifs
pédagogiques.
L’affichage peut être le point de départ d’une situation d’apprentissage. Utilisé sous
cette forme, il a un certain intérêt : il sensibilise les élèves, il est déclencheur d’une
motivation, et les élèves prennent plus rapidement part à l’activité.
Cette pratique m’est apparue très bénéfique pour travailler l’enchaînement des ponts avec des
élèves de GS en vue d’acquérir le geste graphique des lettres n et m en cursive. Les élèves de
cette classe savaient faire des ponts (pré requis) mais leur difficulté principale était de les
enchaîner correctement. Il a donc fallu consacrer un temps à l’enchaînement des ponts sans
rompre le rythme et à tracer d’un seul coup de crayon pour obtenir un geste sûr.
La séance s’est déroulée de la façon suivante : l’affiche de la petite souris a été affichée au
tableau et a été accompagnée de deux questions : « Qu’est-ce que j’ai affiché ? »(Une petite
souris), « Comment est-ce que j’ai fait pour la dessiner ? » La deuxième question est la plus
intéressante à développer : je voulais que les élèves mettent en évidence les ponts collés (pour
faire le deuxième pont on remonte sur le premier et ensuite on redescend etc.). Après avoir
décortiqué notre petite souris, nous nous sommes essayés, d’abord en l’air puis au tableau
avec la consigne suivante : « Pour avoir une jolie souris, il faut faire des ponts collés. »
L’affichage peut aussi être utilisé en cours d’apprentissage. La peinture Rythme et joie
de vivre, 1930 de Robert Delaunay (cf. photo II, 2, b) a été utilisée (MS-GS en décembre) une
première fois pour recueillir les impressions des élèves, puis une deuxième fois pour analyser
l’œuvre (les formes, les couleurs etc.)
Outre des objectifs pédagogiques, l’affichage permet de développer des compétences
transversales comme l’accès à l’autonomie. Elle peut être favorisée par l’affichage du menu
de la journée. J’ai vu cette pratique en stage de pratique accompagnée. Un tableau papier était
réservé au déroulement de la journée, le maître y faisait apparaître les grands axes de travail
de la journée pour chaque niveau de classe (CE2-CM1-CM2).
Ce dispositif permettait à la fois au maître de gérer le groupe et aux élèves de gérer leurs
apprentissages et de se situer dans le temps proche. C’était un outil d’organisation. Il
permettait aussi la mise en place plus rapide de travaux autonomes : sur ce tableau, étaient
inscrits les manuels utilisés, les numéros d’exercices.
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Outil d’aide, outils de référence:
Les affichages peuvent aussi être une aide pour les élèves en situation d’apprentissage
et constituent alors des outils de référence. Les enfants y font appel en fonction de leurs
besoins respectifs et dans des tâches précises.
Ces outils de référence sont mis en place en fonction des objectifs pédagogiques et dès lors
qu’ils ont été l’objet d’activités spécifiques.
Suite à un travail sur le voyage d’une lettre en MS-GS en décembre (plier la lettre, la
mettre dans une enveloppe, cacheter l’enveloppe, écrire l’adresse au milieu, coller un timbre
en haut et à droite et la poster), nous avions constitué une affiche mémoire. Au cours d’un
exercice de réinvestissement, (Les enfants disposaient de leur lettre personnelle pour le père
noël; d’enveloppes ; de timbres et savaient qu’ils pouvaient me solliciter pour les écrits.) j’ai
observé leurs attitudes. Certains se référaient spontanément au panneau affiché, en se
déplaçant parfois. Ils allaient y chercher les indices leur permettant de réaliser l’exercice.
D’autres n’en éprouvaient pas le besoin. Pour certains enfants, qui rencontraient des
difficultés dans l’ordre des tâches à accomplir, je leur indiquai l’existence du panneau et si
besoin, je les accompagnai dans son utilisation.
De même, dans la classe où j’ai effectué un remplacement de trois semaines au mois
de mars (GS), les six premiers chiffres et les constellations qui s’y rapportent étaient
affichées. Ils servaient de référence lors de jeux mathématiques autonomes.
Outil analogique :
Certains affichages sont des documents ressources pour les élèves, les ORA (outils de
référence analogique). Ce sont des outils à partir desquels les enfants se construisent des
connaissances, résolvent des problèmes.
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Au cours de mes deux stages en maternelle, je me suis rendue compte que souvent, les
enfants ont ou prennent conscience des règles de fonctionnement de l’écrit, reconnaissent des
sons semblables dans des mots différents et reconstituent ou déchiffrent des mots nouveaux à
partir de syllabes identifiées. Les élèves s’appuient, en général, sur des écrits courts et très
familiers : les étiquettes de prénoms, le calendrier des jours, le calendrier des mois, le
répertoire de mots (cf. photo ci-dessus).
J’ai plusieurs exemples à relater pour nourrir ma réflexion.
Durant le stage de décembre, les élèves ont décodé partiellement le mot SAPIN proposé à
l’étude. Ils ont identifié le SA de SAPIN par analogie avec le SA de SAMEDI. Auparavant,
nous avions tapé samedi dans les mains et nous avions vu que les lettres S et A donnaient le
son SA
Durant le stage de mars, mes élèves sont parvenus à encoder le mot CARNAVAL (mot
nouveau) à partir de syllabes identifiées CA_ NA_VA. Il s’agissait d’écrire le titre d’une
affiche découverte en séance1 (mise en évidence du thème, des documents la constituant et
choix d’un titre).
En amont, nous avions travaillé sur le son A et sur la segmentation des syllabes à partir des
prénoms VALENTIN, CAMILLE, NATHALIE. Nous avions isolé les syllabes initiales,
écouté le son qu’elles produisaient et vu comment ces sons se transcrivaient.
Les essais d’encodage ont été intéressants : certains sont parvenus à encoder le mot sans
erreur, d’autres ont écrit CANAVA, CANAVAL etc. Ces essais ont été repris et le mot
correct a été écrit par un élève sur l’affiche.
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Dans cette même classe, le mot MER a été décodé par analogie avec MERCREDI.
Un outil transdisciplinaire
Comme nous avons pu le constater, l’affichage trouve sa place dans de nombreuses
activités. Son utilisation peut être étendue à plusieurs disciplines : maîtrise de la langue, arts
visuels, découverte du monde etc.
De plus, le référent est une aide dont l’enfant peut se servir quelle que soit la tâche et
pas seulement dans le cadre de l’activité pour laquelle elle a été construite.
3) Place et gestion de l’affichage
a) Place de l’affichage
Dans le champ visuel de l’élève
L’incitation n’explique pas tout dans le recours aux affichages. La place du référent est
importante pour son utilisation, elle est même déterminante. S’ils sont mal placés, les élèves
ne penseront pas à les utiliser.
Il est difficile de donner une règle générale s’appliquant à tous. C’est à chacun, en
fonction de sa classe, de juger des endroits les plus adaptés pour que le regard de leurs élèves
tombe sur les affiches. On peut toutefois faire quelques remarques. Des lieux privilégiés
seront déterminés pour les affiches importantes et fréquemment utilisées. A l’inverse des
lieux seront bannis: sous le tableau où elles ne seront accessibles que pour les élèves du
premier rang, au fond de la classe obligeant les élèves à se retourner, en contre-jour les
rendant invisibles, dans un endroit à faible luminosité ne les mettant pas en valeur.
Au cours du deuxième stage en GS, j’ai favorisé le dessus du tableau pour deux
raisons : le soleil l’éclairait et c’était un endroit accessible aux élèves de leur place assise et au
moment des regroupements.
Organisation spatiale
L’affichage doit être organisé spatialement. Le désordre est contre-productif.
L’enseignant compose alors soigneusement le paysage de sa classe. Il convient de sérier des
panneaux par disciplines et de les organiser dans l’espace en fonction de leur rôle et de leur
importance.
C’est ainsi que les affichages en lecture et mathématiques seront autour du tableau et les
affichages d’exposés collectifs plutôt au fond de la classe.
b) Gestion de l’affichage
Une bonne gestion des outils pédagogiques contribue à une plus grande efficacité de
l’école.
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Durée
« Combien de temps laisser les affichages? »
Il faut veiller à leur actualité, c’est ce qui fait leur intérêt. Il faut alors collectivement et
régulièrement procéder au « ménage » de sa classe, à son rangement, afin de réactualiser les
affichages pédagogiques : éliminer les affichages trop anciens sur lesquels les regards des
élèves errent sans intérêt, les éléments non indispensables.
D’autre part, les aides doivent être ponctuelles. On ne peut parler d’acquisition chez les élèves
que lorsqu’ ils sont autonomes à l’égard de ces outils de référence.
Evolution
L’affichage est évolutif, il suit le fil des apprentissages des élèves, les nouveaux
centres d’intérêt qui demandent à être valorisés, l’évolution des acquisitions des élèves.
4) Ecueils à éviter
a) Surnombre
Il ne faut pas pour autant tapisser sa classe d’affiches. Un danger qui guette l’affichage
est de vouloir que toutes les notions travaillées en classe figurent sur les murs. Le
foisonnement n’est pas un gage de qualité pédagogique.
Il faut donc porter une attention permanente à ces derniers, car trop d’affichages créent
une fatigue visuelle au détriment de leur efficacité. Ils doivent résulter d’un choix raisonné.
L’affichage TUE l’affichage.
b) Sacralisation
Réfléchir aux apports de l’affichage dans la classe est utile mais il ne faut pas pour
autant en faire un objet sacralisé. L’affichage n’est pas le seul outil pédagogique de la classe.
Il en existe d’autres: le classeur-outil, les différents manuels, le dictionnaire .Il faut aussi
penser à les utiliser.
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CONCLUSION
Dès à présent, je mesure l’écart entre mon ancienne pratique de l’affichage et
l’expérience que j’ai pu acquérir dans l’acte d’afficher au cours des différents stages organisés
par l’IUFM. Je suis davantage armée pour vivre sereinement l’affichage.
Donc, au terme de ce travail, on peut répondre au problème soulevé initialement :
« Comment rendre utiles et efficaces les affichages de la classe ? »
On peut restituer les éléments constitutifs de la réflexion sous forme de conseils à suivre pour
une efficacité optimale des affichages :
-construire les affichages avec les élèves.
-faire identifier la fonction de l’affiche envisagée par et avec les élèves:
mémoire de travail, outil d’aide etc.
-proposer un contenu clair et synthétique
-veiller à ce que les affiches soient lisibles et visibles
-faire un apprentissage de l’affichage : apprendre à s’en servir
-ne jamais perdre de vue qu’il est un outil pédagogique et transdisciplinaire
-réfléchir à son emplacement dans la classe
-penser à l’actualiser : le mettre au goût du jour
-ne pas surcharger sa classe d’affiches
-penser qu’il y a d’autres outils
Toutefois, ce mémoire n’est que le début d’une réflexion (qui enrichira mes pratiques
futures.)
Sur une période aussi courte que celle des stages, on ne peut effectivement pas mesurer tous
les enjeux d’un tel sujet. Aussi, faut il être dans sa propre classe pour entrevoir toute la
dimension de l’affichage.
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BIBLIOGRAPHIE
REY Bernard, Faire la classe à l’école élémentaire, Pratiques et enjeux pédagogiques
BABIN Norbert et PIERRE Michel, Pour l’école élémentaire : Programmes et pratiques
pédagogiques, Hachette Education
TERRIEUX Josette, PIERRE Régine et BABIN Norbert, Pour l’école maternelle :
Programmes, Projets, Activités, Hachette Education
THIVOLET Marc, Encyclopaedia Universalis, tome 1, Affiche
RIOULT Jean « les affichages en classe », JDI n°3, novembre 1999
BOUCQ-ROIGT Pascale, DUBREUIL Françoise, Prendre sa classe en mains, Nathan
Pédagogie
DEGAY Paul, Le guide pratique de l’instituteur, istra La Classe
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RESUME :
Confrontée au problème de l’affichage en tant que pré-recrutée, ce sujet m’a interpellée. J’ai
alors réfléchi aux principes à mettre en œuvre pour une efficacité optimale des affichages de
la classe. Je me suis penchée sur la construction de ces derniers, sur leur rôle d’outils et sur la
nécessité d’apprendre aux élèves à s’en servir. J’ai également abordé la question de leur
emplacement et de leur gestion. Quelques dérives possibles ont été signalées.
MOTS CLES :
Outil pédagogique
Support visuel
Affiche
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