Lire l`interview d`Hervé Van der Straeten, parue dans le numéro 100

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Lire l`interview d`Hervé Van der Straeten, parue dans le numéro 100
Automne 2012
n° 100 – CHF 10.-
100
9 771662
619008
100% collector, 100% tendance,
100% inspirant, 100% iconique,
100% luxe, 100% ... Trajectoire
N°
100
Retour sur 20 ans de talents...
L’ÉCLECTIQUE
DESIGN
96 TRAJECTOIRE AUTOMNE 2012
HVanervé
der
Straeten
Joaillier ou designer, Hervé Van der Straeten est passé
maître dans l’art de la surprise. Ce créateur formé aux
Beaux-Arts de Paris – célèbre notamment pour avoir dessiné le flacon du parfum J’adore de Dior – expose ses
créations, éditées dans ses propres ateliers, sous le titre
« Dissonances ». Il nous reçoit dans sa galerie du Marais
pour évoquer ses inspirations. —
l’art de la
dissonance
Texte Paul-Henry Bizon | Photos Cécil Mathieu > Courtesy Galerie Van der Straeten
Que vouliez-vous exprimer sous ce terme « Dissonances » ?
Il y a toujours dans mon travail cette notion de
mouvement et d’irrégularité. Pour cette exposition, j’ai encore poussé le curseur d’un cran
en créant des pièces où tout est en biais.
D’habitude, il y a quand même un semblant
de verticale ou une horizontale… Ici, on n’a
plus de repères au niveau des formes. J’ai
plutôt travaillé l’oblique. Et puis, pour les matières, j’ai également poussé le curseur en
travaillant les contrastes : la pierre associée
à un matériau filandreux, ou très fin ou très
coloré…
Quelles pièces vous tiennent particulièrement à
cœur dans l’exposition ?
C’est toujours une question difficile parce que
l’exposition est conçue comme un ensemble.
L’œil passe d’une chose transparente à une
chose très massive. Je tiens à ce rythme un
peu musical, surprenant. Mais j’aime particulièrement la console verte parce qu’elle
regroupe toutes les caractéristiques de l’exposition, liée aux rapports entre matières et
couleurs. J’aime également le lustre et l’utilisation de l’albâtre, à la fois pour sa réflexion et
sa transparence. On a vraiment une impression de légèreté avec une lumière qui joue
de façon intéressante dans le lustre. Et puis
peut-être le meuble bleu. Il est étonnant, un
peu mystérieux.
Quel est le rôle des tableaux dans l’exposition ?
C’est le travail de l’artiste anglais Jason Mar-
tin, représenté par la galerie Thaddaeus Ropac. Je pensais que c’était intéressant de
créer un dialogue entre mes pièces, qui sont
toujours en mouvement, et sont des géométries, pas agressives, mais pensées sous
forme de blocs irréguliers et assez décidés,
et ce mouvement ondulatoire, fluide et sensuel.
A Bâle, on a pu découvrir votre collaboration
avec Ruinart ?
Avec Ruinart, je suis resté très libre. Ils voulaient collaborer avec moi et je leur ai proposé
de faire un seau pour trois bouteilles. J’avais
envie de réaliser un très bel objet, à la fois
festif et généreux. On l’a réalisé avec les ateliers de haute orfèvrerie de Christofle. C’est
un jeu sur la lumière et le contraste entre la
bouteille, qui est très ronde, très lumineuse,
et les facettes très acérées du seau. Il y a
également une sorte de petite coupelle avec
des ailettes qui captent un peu la lumière et
la renvoie pour magnifier la particularité du
blanc de blanc. A Bâle, nous avions placé le
seau dans une pièce carrée dont les facettes
reprenaient le jeu de miroirs. —
TRAJECTOIRE AUTOMNE 2012
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