l`histoire, les histoires et le journalisme

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l`histoire, les histoires et le journalisme
Daniel Stucki
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ORIALEDITORIALED
L’HISTOIRE,
LES HISTOIRES
ET LE JOURNALISME
Il y a beaucoup d’anniversaires dans ce numéro.
Toutes catégories confondues et quelles que soient
les susceptibilités des uns et des autres prétendants, quand le No 1 du prestige horloger célèbre
son 175e, il n’est pas vraiment question de le passer sous silence. Loin de ces jalons stratosphériques il y a ceux qui atteignent leur majorité ou
ceux qui soufflent tout juste leur 10e bougie. Ils
n’en n’ont pas moins de mérite, car cela relève
de la performance dans une décade truffée de
chausse-trappes. Nous parlons donc aussi de
ceux-là. Mais comme nous n’avons pas l’esprit
chagrin, nous n’évoquerons pas ceux, déjà disparus, qui ne la souffleront jamais.
Si vous ajoutez le rendez-vous attendu et toujours
éclairant de notre rubrique historique et tous les
articles qui d’une manière ou d’une autre font référence au passé, cela fait beaucoup d’Histoire assurément dans ce magazine. C’est un choix et nous
l’assumons, qui reflète une dimension fondamentale et féconde de l’horlogerie.
Dans un précédent magazine dont je ne maîtrisais
pas tous les paramètres, on m’avait fait ce
reproche rédhibitoire au bout d’une douzaine d’années : il y a trop d’Histoire, il faut changer de formule, celle-ci est passéiste. Une figure tutélaire de
l’horlogerie suisse, à laquelle ces propos avaient
été rapportés, avait secoué la tête, levé les yeux
aux ciel en éclatant de rire : « Notre succès avec
cette marque, ou avec celle-ci, est avant tout fondé
sur l’histoire… »
La recette comporte évidemment d’autres épices
que les horlogers utilisent aussi: la créativité, l’innovation et la maîtrise technique. Et pour napper le
tout: le marketing. Du coup on revient à l’Histoire qui
permet naturellement de raconter des histoires, élément basique et recherché de la communication.
La plupart des marques l’ont évidemment compris
et exploitent largement le filon, assaisonnent du
suave ingrédient les plats qu’elles mijotent. Elles en
usent abondamment et parfois en abusent, prenant
quelques libertés avec la réalité historique, faisant
preuve soudain d’une belle imagination ou devenant
curieusement amnésiques, selon les périodes
considérées de leur propre histoire. C’est pourquoi
nous confions toujours l’Histoire aux historiens, à
ceux qui ne craignent pas de plonger profondément
dans les écrits, les documents, sinon les parchemins. Et pour les périodes récentes, nous n’hésitons
pas à aller aux sources, recueillir les témoignages
de ceux qui ont vécu au plus près ou de l’intérieur
les épisodes créatifs, techniques, industriels qui ont
conduit à des développements, des réalisations, de
nouveaux produits. Recueillir, confronter, transmettre. C’est un métier, qui a aussi ses règles et qu’on
appelle le journalisme.
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watch around no 018 automne 2014 - hiver 2015 |
Jean-Philippe Arm

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