Lettre LAMY - Refuser la misère

Les participants à la marche Le Croisic-Paris
pour le refus de la misère
et pour la souveraineté alimentaire
Antony, le 16 octobre 2012
Lettre ouverte
à M. Pascal LAMY
Directeur Général
Organisation Mondiale du Commerce (OMC)
Rue de Lausanne 154,
1202 Genève, Suisse
Copie : José Bové, Karima Delli, Députés européens
Monsieur le Directeur Général,
La moitié des habitants de la planète sont agriculteurs dont les trois quarts travaillent encore à la
main. Leur permettre de vivre dignement de leur travail est un enjeu majeur, pour que la violence ne soit pas
la seule alternative de millions de pauvres, menacés d’exil vers les bidonvilles des grandes métropoles. Sur
les marchés du Sud, l'afflux de denrées agricoles produites dans les pays industrialisés ou émergents ruine
l'agriculture vivrière et déstructure les économies locales. Partout sur la planète, exploitations minières ou
forestières, grands barrages, zones touristiques, monocultures hyper-intensives d’exportation à base d’OGM
ou production d’agrocarburants remplacent les cultures vivrières. L'accaparement des ressources naturelles
par les investisseurs privés et publics représente chaque année plus de 40 millions d’hectares de terres
arables et menace les populations les plus vulnérables.
La marche non-violente JanSatyagraha, organisée en octobre 2012 par le mouvement indien Ekta
Parishad.1 , a rassemblé plusieurs dizaines de milliers d’exclus, petits paysans, paysans sans terre, tribaux,
Intouchables, femmes. Ils demandent le droit de cultiver une parcelle ou de vivre dans leur forêt, et la mise
en place effective de la réforme agraire et du Forest Rights Act obtenus à la suite d’une première marche de
25 000 personnes en octobre 2007.
Cette marche et son soutien international sont un événement historique. Sont mises en avant les
questions fondamentales actuelles : accès aux ressources naturelles (terre, eau, semences, forêts, etc.),
souveraineté alimentaire, dettes des pays pauvres, place des plus démunis dans nos sociétés, rôle des
femmes, mais aussi démocratie participative, choix d’un modèle de vie et de développement durable et
équitable pour tous. C’est pourquoi la marche indienne est soutenue par de très nombreux mouvements
écologiques et alternatifs, des associations de défense des droits humains, de solidarité internationale, de
lutte contre l’exclusion, mais aussi par des personnalités comme Olivier de Schutter, rapporteur de l’ONU
sur les problèmes d’alimentation.
La marche indienne est la première étape d’une initiative internationale, Global Movement
(Colombie et Brésil, Sénégal, Kenya et Nigeria, Inde et Népal), qui promeut l’action non-violente dans le
domaine du droit à la terre. Notre marche vers Paris (500 km) s’inscrit dans une mobilisation
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ektaparishad.com
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internationale qui inclut 34 repas solidaires à travers le monde organisés le 15 septembre, une marche
Montpellier-Carcassonne, un parcours à vélo Nancy-Paris, une marche franco-suisse Cruseilles-Genève, une
marche franco-belges Lille-Bruxelles, une marche franco-allemande Lahr-Offenburg, et des actions dans
divers pays européens.2
Notre marche 3 est partie le 21 septembre 2012 des marais salants de Guérande – en référence à la
Marche du sel de Gandhi en 1930 - avec Anand Gokani, arrière-petit-fils du Mahatma. Elle rejoindra le
mouvement ATD Quart-Monde à la Salpétrière le 17 octobre et arrivera sur le parvis du Trocadéro durant
l’après-midi. Sur ce parvis, le 17 octobre 1987, il y a 25 ans, le père Joseph Wresinski inaugurait en
présence de 100 000 personnes une dalle qui proclame "Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la
misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré". Vous
trouverez en annexe une liste des organisations et associations impliquées dans cette marche au niveau local
ou national.
Par la marche, nous faisons entendre la voix de millions de citoyens et de centaines d’associations
qui, en France, veulent contribuer à une démocratie participative et à la définition d’une nouvelle culture
fondée sur le respect de l’homme et de la nature et sur la résolution non-violente des conflits.
Les objectifs de notre marche, développés dans l’annexe ci-jointe, sont les suivants :
1) Le premier objectif est de soutenir le mouvement Ekta Parishad et la marche JanSatyagraha.
2) Au-delà des objectifs indiens, les objectifs principaux de la mobilisation internationale sont :
- le droit d'accès des peuples autochtones aux ressources naturelles (terre, eau, semences, forêt, etc.).
- le droit à la souveraineté alimentaire.
Nous vous demandons de bien vouloir mettre à l’ordre du jour des travaux de l’OMC des dispositions
selon lesquelles le droit à la souveraineté alimentaire doit primer sur les droits du commerce et de
l’investissement.
Nous vous serions obligés de bien vouloir nous recevoir à Genève, de préférence à partir du 18 octobre.
Nous pourrons ainsi vous exprimer de vive voix nos objectifs et nos demandes et faire part aux marcheurs et
aux associations partenaires de vos réactions et projets d’action. Vous trouverez ci-dessous les coordonnées
auxquelles vous pouvez prendre contact avec nous.
Dans cette attente, nous vous prions de croire, Monsieur le Directeur Général, à l’assurance de notre
détermination citoyenne et de notre respectueuse considération.
Pour les marcheurs
Gilles Changeon, initiateur de la marche, Président de l’association La Paix en marche, membre du
Conseil d’Admistration de l’association Gandhi International
(22, avenue du Général Foy – 49300 Angers, mobile : 06 86 21 32 81)
Étienne Godinot, Secrétaire de Gandhi International, Président de l’Institut de recherches sur la
Résolution Non-violente des Conflits
(4, rue Joseph Brossard – 01000 Bourg en Bresse, fixe : 04 74 21 27 33, mobile : 06 13 05 01 39)
Jean-Pierre Dardaud, Secrétaire général de Jeunesse Initiatives Non-violentes (JINOV), vieux
compagnon de lutte de Rajagopal depuis plusieurs décennies.
(Les Lisambardières -72500 Luceau, fixe : 02 43 79 41 99, mobile : 06 25 29 72 97)
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gandhi2012.org ; ektaeurope.org,
marchecontrelamisere.fr
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Pièces jointes :
- Objectifs de la marche
- Organisations impliquées dans la préparation et le déroulement de la marche
- Compte-rendu de la rencontre de St Antoine-l’Abbaye sur le thème « Quels chemins pour une économie
non-violente ? » et sur les objectifs de la mobilisation internationale d’octobre 2012.
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