le Spartak Moscou, le club le plus rock`n`roll d`Union soviétique. Un
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le Spartak Moscou, le club le plus rock`n`roll d`Union soviétique. Un
Hors-Série SF72-10 11/12/09 1:48 Page 190 SO FOOT 190 POLITIQUE Spartak attaque Les frères Starostin étaient quatre. Quatre garçons dans le vent qui ont révolutionné un football russe ultrapolitisé en créant la première ONG du pays: le Spartak Moscou, le club le plus rock’n’roll d’Union soviétique. Un avantgardisme que Lavrenti Beria, un des bouchers de Staline, a pourtant bien tenté de foutre en l’air. Par Gauthier de Hoym / photos: DR “Nikolaj n’aurait jamais accepté de poste de haut fonctionnaire dans un quelconque ministère ‘militaire’: il avait une aversion pour les uniformes et les saluts avec les talons tapant sur le sol (sic)” Curletto, auteur d’un livre sur le Spartak i Lavrenti Beria est géorgien. Il est aussi patron des services secrets russes depuis 1938 (il le sera jusqu’en 1953, ndlr), connu pour avoir été le chef d’orchestre d’une partie des purges staliniennes. En ce jour de septembre 1939, il en a après les frangins Starostin –Nikolaj, Aleksandr, Andrej et Petr– et leur fichu Spartak. On est le 30 du mois, et l’on rejoue la demi-finale de la coupe de Russie. “Rejoue” car, en fait, le Spartak Moscou a remporté la compétition quinze jours plus tôt, et il faut être honnête: ça n’a pas plu, mais alors pas plu du tout, à Beria. Il a donc usé de son influence pour convaincre le Comité de la culture physique de revenir sur sa décision –ce dernier avait pourtant validé la victoire du Spartak–, sous prétexte qu’en demi-finale, le but victorieux du club moscovite ne serait pas totalement rentré dans les cages du Dinamo Tbilissi, son adversaire. Deux points importants à évoquer alors: évidemment, rien ne prouve que le fameux ballon ne soit pas rentré, et, surtout, Beria est un supporter fidèle de Tbilissi, équipe dans laquelle il effectua, lui-même, ses premiers pas de footballeur. De ses nombreux souvenirs de vestiaire, un seul reste pourtant gravé dans sa mémoire: l’humiliation que lui a fait subir Nikolaj, l’aîné des quatre Starostin, sur le terrain, lors d’un match disputé dans les années 20 –genèse de sa haine envers les frères “Spartacus”. Logiquement, le remake de la demi-finale est la copie conforme de l’originale. Et le Spartak s’adjuge, au bout du compte, la coupe de Russie. Furieux, Beria quitte le stade avant même la fin de la partie, jurant qu’il finirait par avoir la peau de ces renégats. Aversion pour les uniformes et les saluts militaires Sa frustration est d’autant plus vive que le Spartak martyrise aussi le Dinamo de Moscou. Un club dont il est, depuis 1938… président honoraire! La fonction de chef du NKVD (futur KGB) allant de pair avec la présidence du Dinamo. Pire: le club, pourtant champion en 1936 et 1937, se fait damer le pion par le Spartak depuis que Beria est à sa tête. Avec deux doublés consécutifs (1938 et 1939), le Spartak Moscou rafle toutes les mises, alors qu’il n’est pas issu du sérail gouvernemental. “Le Spartak était un modèle d’entreprise sportive alternatif, dynamique et beaucoup plus démocratique que le Dinamo de Moscou, soutenu par les services secrets, ou le CSKA, soutenu par l’armée. Contrairement à ces équipes, il n’était pas lié à des hauts fonctionnaires militaires mais était dirigé uniquement par des athlètes”, explique Alessandro Curletto, auteur italien de Spartak Mosca, Storie di calcio e potere nell’URSS di Stalin. Un postulat auquel les Starostin ne veulent en aucun cas déroger lorsqu’ils décident de fonder le club en 1922 sous le nom de MKS (1). Il sera une émanation de la Société des sports des volontaires. En creux, une institution civile qui prend ses distances avec un pouvoir qui a tendance à se croire partout chez lui. “Nikolaj n’aurait jamais accepté de poste de haut fonctionnaire du ministère des Sports ou de fonction dans un quelconque ministère ‘militaire’. Ses mémoires témoignent d’ailleurs d’une aversion pour