Halte à l`invasion de pub !

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Halte à l`invasion de pub !
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SOCIÉTÉ
Le Parisien
Lundi 12 mai 2014
Halte à l’invasion de pub !
ENVIRONNEMENT. Les panneaux qui défigurent les entrées de ville font enfin l’objet de sanctions.
Les préfets devront sévir et, pour la première fois, la justice a ordonné d’en supprimer.
IMPOSSIBLE D’Y ÉCHAPPER le
long des nationales, sur le mobilier
urbain et même sur des bâches de
chantier en format XXL. Parce qu’elles les assimilent à une pollution visuelle, les organisations non gouvernementales de protection de l’environnement traquent sans relâche les
panneaux publicitaires qui pullulent
dans l’Hexagone et dont beaucoup
sont illégaux. A commencer par la
plupart de ces préenseignes qui signalent telle station-service ou tel hôtel.
Rares sont les procédures qui
aboutissent. Alors autant dire que la
condamnation en avril par le tribunal
d’instance de Mâcon (Saône-et-Loire)
d’une société d’affichage et d’un marchand de quads pour avoir installé
des panneaux illégaux sonne comme
une victoire pour les associations
France Nature Environnement (FNE)
et Agir pour les paysages. Dans la
foulée, elles ont obtenu le démontage
de plusieurs dizaines de supports publicitaires sur injonction du préfet.
« C’est la première fois que la justice condamne directement des sociétés qui exploitent ou bénéficient de
panneaux publicitaires illégaux »,
souligne FNE, déplorant que « la réglementation reste bafouée dans de
nombreux départements ». Les deux
associations ont relevé en Saône-etLoire plus de 150 panneaux illégaux
dans les seules communes de Gueugnon, Paray-le-Monial et Digoin.
Une nouvelle loi, plus restrictive,
doit entrer en application le 13 juillet
2015 (lire ci-dessous). Pas de quoi
tout régler pour autant. « Elle est si
complexe et soumise à tellement
d’exceptions que de nombreux élus
n’y comprennent rien alors que c’est
à eux et aux préfets d’être garants de
son application, déplore le porte-parole d’Agir pour les paysages, Michel
Blain. Beaucoup d’acteurs locaux
considèrent par ailleurs que la publicité est indispensable à l’activité économique. Lorsqu’on signale à un
préfet des panneaux illégaux le long
d’un axe routier, son réflexe est malheureusement trop souvent de
considérer que ce n’est pas grave. »
La chasse est ouverte
Cet argument de «soutien» à l’économie locale est mis en avant par les
annonceurs, notamment ceux du
Syndicat national de la publicité extérieure (SNPE). « Cela va nuire aux petites entreprises locales et renforcer
les grosses machines », déplorait son
délégué général en 2010, lors du vote
de la loi Grenelle 2. Il pointait aussi le
manque à gagner pour les agriculteurs qui « auront à subir la suppression des loyers des annonceurs :
entre 150 et 200 € annuels par préenseigne installée sur leur terrain».
Le vent est pourtant en train de
tourner. Dans une note adressée le
25 mars aux préfets, l’ex-ministre de
l’Ecologie Philippe Martin les appelle
à « renforcer les opérations de police
à l’encontre des dispositifs en infraction » afin « d’améliorer le cadre de
vie, notamment des entrées de ville,
avec une limitation et un encadrement de l’affichage publicitaire ». Par
ailleurs, plusieurs maires à peine
élus, comme celui de Montgeron (Essonne), ont décidé eux aussi de s’attaquer au trop-plein de pub. La chasse est bel et bien ouverte.
FRÉDÉRIC MOUCHON
EN MATIÈRE de panneaux
publicitaires, la loi va se durcir.
Les préenseignes. Ces panneaux
situés le long des routes, destinés à
signaler certaines activités aux
automobilistes, devront se mettre
en conformité avec la loi de
juillet 2010 qui entrera en
application le 13 juillet 2015. Hors
agglomération, seules les activités
en relation avec la fabrication ou la
vente de produits du terroir, les
activités culturelles et les
monuments historiques ouverts à la
(LP/Arnaud Journois.)
CE QUE DIT LA LOI
Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), hier. A partir du 13 juillet 2015, une nouvelle loi, plus restrictive, régira l’implantation des panneaux publicitaires aux abords des routes.