Intervention Pierre Karleskind

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Intervention Pierre Karleskind
Session du Conseil régional de Bretagne
15, 16 et 17 décembre 2014
Discours de politique générale
Intervention de Pierre Karleskind
Monsieur le Président, chers collègues,
Nous voici donc arrivés à l'ultime session budgétaire de notre mandat. L'exercice n'est à nouveau
pas simple. Il nous faudra avec des moyens en baisse continuer de répondre aux besoins de la
Bretagne pour assurer son présent et préparer son avenir : la formation des nos jeunes et de nos
moins-jeunes, le transport régional, la grande vitesse ferroviaire, la recherche, l'enseignement
supérieur, le très haut débit, la transition énergétique avec en particulier les énergies marines
renouvelables.
Nul doute qu'au cours de cette session, après les présentations éclairantes du Rapporteur général, ou
même avant d'ailleurs, moultes récriminations à l'égard du gouvernement, du président de la
république, de cette majorité régionale, que sais-je encore, viendront des différents bancs, y compris
de ceux de cette majorité, dénonçant la mise à contribution des collectivités à hauteur de 11
milliards d'euros pour le redressement des finances publiques. Alors oui, cela est beaucoup quand
on sait que les collectivités mettent en œuvre 70 % des investissements hors défense de notre pays.
C'est beaucoup quand on sait le rôle que nous jouons dans la solidarité au plus profond de nos
territoires. Cela peut paraître beaucoup aussi,en proportion par rapport à l'effort global réalisé qui
est de 50 Milliards. Mais il y a des récriminations qui, je l'avoue, semblent être une mauvaise
adaptation de l'étrange cas du Docteur Jekil et de Mister Hyde.
Un docteur Jekil qui vous dit combien cela est dommageable, combien cela va altérer durablement
le lien social. Et un Mister Hyde qui vous propose une cure d’amincissement autrement plus
drastique : ainsi a t on pu entendre Monsieur Baroin qui pousse la chansonnette contre un
gouvernement qui en demande trop aux communes (c'était pratique pour se faire élire président de
l'AMF), c'est qu'il a peut-être oublié que son allié l'UDI propose 80 milliards d'€ d'économies et que
son propre parti, l'UMP propose 150 milliards d'économies. A ce niveau, ce sont des larmes et du
sang qu'ils nous promettent.
Et puis sur une dette qui atteint 2000 milliards d'euros, ceux-là même oublient peut-être que leur
gestion des dépenses publiques a contribué à l'augmenter à un rythme inégalé au cours du
quinquennat précédent (celui de Nicolas Sarkozy) avec une hausse de 600 milliards !
Mais c'était la crise ! Mais oui, d'ailleurs, il faut rendre hommage à la persévérance de Mme
Malgorn qui n'a eu de cesse de nous le répéter depuis 2010. C'est la crise ! Mais c'est toujours la
crise et pourtant il faut bien nous résoudre à une évidence, c'est que nous ne pouvons plus mettre la
poussière sous le tapis en refourguant aux générations qui viennent le fardeau du remboursement de
ce que nous dépensons sur leur dos pour notre confort à nous.
Et puis,la crise...permettez-moi une réflexion très personnelle, mais depuis que je suis né, c'était à la
fin des années 70,mais je pense que cela est vrai également pour ceux qui sont nés depuis le début
de cette décennie, depuis cette époque donc, je n'entends parler que de crise. Je n'ai JAMAIS connu
autre chose que la crise. Je n'ai jamais vécu dans un Etat qui ne fait pas de déficit, je n'ai jamais
connu une France où on ne compte pas les chômeurs en millions, je n'ai quasiment pas connu la
France sans les Restos du cœur, Je n'ai jamais respiré un air avec moins de 330 ppm de CO2 quand
la valeur pré-industrielle était de 270 et que nous dépassons aujourd'hui 400.
Ça fait 40 ans que ça dure, et on appelle toujours ça une crise ?
Alors oui, faire des efforts, ça coûte, mais on doit sortir de la logique de fuite en avant qui a prévalu
jusqu'à présent. Cessons de reporter les efforts sur les générations qui viennent mais au contraire
donnons-leur les moyens de leur épanouissement.
En cela, mes chers collègues, le Président de la République est constant ! Lui qui a fait de la
jeunesse sa priorité. Cela passe par là aussi.
Il y a la création de postes dans l'éducation nationale, il y a la garantie jeunes, il y a les emplois
d'avenir aussi, mais il y a aussi cela : ne pas leur laisser le fardeau de notre confort.
Il y a aussi cette décision de sanctifier l'enseignement supérieur car, là aussi, il s'agit de l'avenir de
notre pays. Le président a exclu d'y toucher dans un arbitrage récent.
Il y a la loi pour la transition écologique et la biodiversité portée par Ségolène Royal. Là aussi, il
s'agit de ne pas transmettre aux jeunes et aux générations qui viennent une dette environnementale
qui ne cesse de gonfler : hausse du niveau de CO2 dans l'atmosphère, perte de biodiversité,
amenuisement de certaines ressources...
Mes chers collègues, changer de paradigme est compliqué, est long : drogué à l'emprunt pour
financer la vie de tous les jours, notre monde doit évoluer.
Jeunesse, recherche, éducation, transition écologique et énergétique, ressources premières... autant
de sujets qui seront aussi à l'ordre du jour de notre session, non seulement avec l'examen de notre
budget, mais avec l'examen du point d'avancement de l'élaboration des programmes européens.
L'Europe, justement, dont les programmes d'intervention nous invitent à nous tourner vers l'avenir.
Car, c'est aussi une nouveauté dans ce budget, pour la 1ère fois, nous, le Conseil régional, sommes
les gestionnaires des fonds européens en région. Ces fonds européens qui, eux, sont en forte
hausse : +20 M€ sur FEDER/FSE pour l'innovation/formation, plus qu'un doublement sur le
développement rural, +50% pour la pêche, l'aquaculture et les territoires littoraux. A nos propres
interventions, nous pouvons ainsi ajouter des fonds européens pour renforcer l'effet sur le terrain. Je
ne vous parle pas là d'une vision éthérée de l'Europe, lointaine, bruxelloise, maniant les milliards
par centaines. Non, je vous parle là de cette Europe qui se construit par les petits pas, sur le terrain,
de l'Europe qui accompagne l'agriculture, le développement rural, de l'Europe qui accompagne les
centres de recherche, d'innovation, qui accompagne la formation des demandeurs d'emploi, de
l'Europe qui se préoccupe de la ressource en poissons, de cette Europe qui trouve naturellement le
niveau régional comme niveau pertinent de mise en œuvre.
Alors à Bruxelles justement, alors que les PO sont en cours de validation. (D'après les échos de la
semaine dernière d'ailleurs, nous pourrions avoir la validation du nôtre (je parle du PO
FEDER/FSE) comme cadeau au pied du sapin). A Bruxelles donc, au moment où une nouvelle
Commission prend ses marques, la réflexion sur la future politique régionale, c'est-à-dire celle qui
sera en œuvre à partir de 2021 est engagée.
Ce sera un enjeu pour nous ! Il faut d'ailleurs se féliciter, Monsieur le Président, que vous ayez déjà
pris contact avec les nouveaux Commissaires pour les rencontrer et qu'un certain nombre aient déjà
été invités à venir dans notre Région pour voir, sur le terrain, les enjeux, les attentes de
demain. Face aux euro-septiques, nous avons, nous, Région historiquement tournée vers l'Europe,
un rôle à jouer dans le débat européen. Pour ma part, à vos côtés, je continuerai de porter le message
auprès des gouvernants, des institutions et par le biais de nos réseaux de régions, le message de
l'importance de la cohésion territoriale, aujourd'hui explicitement reconnue comme compétence de
l'Union. La cohésion territoriale, ce concept qui échappe aux plus libéraux et qui pourtant sans
laquelle une société aussi prospère qu'elle soit ne pourrait le rester. Il ne s'agit pas de faire l'aumône
aux territoires excentrés, ni de construire des autoroutes partout. Non, il s'agit de nous assurer que
les talents, les sources de développement, les bonnes idées, d'où qu'ils viennent puissent profiter à
l'ensemble du territoire régional, national et européen. C'est le sens de notre programme Bretagne
Très haut débit d'ailleurs. C'est le sens de notre engagement pour les EMR. C'est tout simplement le
sens du développement de la Bretagne !
Sur cette question européenne, Monsieur le Président, je souhaite que nous puissions organiser un
débat au sein de cet hémicycle au 1er semestre de l'année 2015.
Monsieur le Président, cette session marque à la fois la fin de ressources nationales à la hausse, une
demande jamais moindre de services de la part des Bretons, et le début de notre maîtrise des fonds
européens. Grâce aux fermes convictions et à l'esprit de responsabilité et de rassemblement qui ont
présidé à l'action de cette majorité depuis 10 ans, nous pouvons continuer à avancer sereinement
pour le bien de la Bretagne et à proposer un chemin étroit mais réaliste et ambitieux pour son
avenir.
Alors, que vous avez signé le protocole culture, que vous avez installé la conférence de l'eau. Alors
que vous avez fait un point sur le pacte agri/agro qui aux dires des acteurs est une avancée Je vois
que certains font des articles dans la presse pour se plaindre de n'avoir point eu le choix dans la date
pour ce qui concerne la visite du Premier Ministre, je me dis que décidément, nos préoccupations,
comme votre action, Monsieur le Président, sont, elles, résolument tournées vers l'avenir de notre
Région.