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GALERIE JÉRÔME POGGI
N.41 | MARS 2014
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JULIEN CRÉPIEUX
Corpusculum Flotans
Du 22 mars au 3 mai 2014
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La Galerie Jérôme Poggi est heureuse d’inaugurer son nouvel espace dans le Marais avec
la seconde exposition personnelle qu’elle consacre à Julien Crépieux.
Faisant suite à sa récente exposition au Carré d’art - Musée d’Art Contemporain de Nîmes,
l’exposition intitulée Corpusculum Flotans réunit un ensemble d’oeuvres nouvelles autour
de sa récente installation vidéo L’Opérateur. Julien Crépieux présentera également un
ensemble inédit d’oeuvres cristallines en deux dimensions à mi-chemin entre la sérigraphie
et l’aquarelle, empruntant leurs motifs de nuages à des gravures du XVIIIème siècle.
S’inscrivant dans la collection de textes critiques que la galerie a initiée il y a maintenant
deux ans, Vincent Romagny, commissaire de l’exposition du CEEAC de Strasbourg dans
laquelle était présenté L’Opérateur de Julien Crépieux, a été invité à écrire sur l’exposition
Corpusculum Flotans un texte publié dans ce livret.
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Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Montpellier, Julien Crépieux (1979) vit et travaille
à Paris. Son travail suscite depuis quelques années un intérêt croissant de la part de
plusieurs critiques et commissaires d’exposition qui l’ont invité dans le cadre de nombreuses
expositions en France (Palais de Tokyo, CAPC de Bordeaux, FRAC Ile-de-France, Musée d’Art
contemporain de Nîmes, MAMAC de Nice, Centre d’art contemporain de Quimper, CRAC
de Sète), et à l’étranger (Hermes Und Der Pfau à Stuttgart, French Institute, South London
Gallery, GAMEC, Musée d’art moderne et contemporain de Bergame en Italie, Centre d’Art de
Nijny en Russie, Mercer Union-Centre for Contemporary Art à Toronto et la fondation GODIA
à Barcelone).
Lauréat du prix LOOP 2012 (Barcelone), Julien Crépieux a récemment intégré plusieurs
collections publiques importantes: FRAC Ile-de-France, FRAC PACA, FRAC HauteNormandie, Frac Languedoc-Roussillon, fondation KADIST, GAMEC (musée d’art moderne et
contemporain de Bergame, Italie), etc.
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La galerie remercie particulièrement Jean-Conrad et Isabelle Lemaître, ainsi que Vincent Romagny
PETIT JOURNAL | N.41 | GALERIE JÉRÔME POGGI
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Labilité de Crépieux
par Vincent Romagny
Il semble parfois que les oeuvres de Julien Crépieux résonnent avec les interrogations
métaphysiques des philosophes grecs et les réponses mythologiques des poètes latins. Quand
rétrospectivement nous pensons qu’ils établissaient les bases d’une rationalité, ils donnaient
en fait forme à une rêverie liée aux éléments, tâchaient de donner sens au changement, et
produisaient des traités dans lesquels l’intelligence le dispute à la poésie (Aristote n’expliquaitil pas que «les oiseaux ferment les yeux par le bas?»). Peut être la perte de nombre de
leurs traités, leur forme essentiellement fragmentaire devrait-elle nous inciter à en partager
des intuitions et à réaliser de nos jours de vraies expériences de pensée. On saura gré aux
oeuvres de Julien Crépieux d’en proposer des actualisations d’autant plus pertinentes qu’elles
n’en partagent pas une forme antique : informées par des connaissances sur l’histoire des
techniques et des formes de la culture qu’une poésie légère n’hésite pas à renverser, elles
invitent leur spectateur à partager des intuitions créatrices de nouvelles catégories autant que
déstabilisatrices d’anciennes. L’artiste s’attache à épouser les formes du mouvement et du
changement, objet de prédilection des Anciens, à partir de l’histoire des formes culturelles et
techniques contemporaines. Principalement en jouant de l’écart entre un enregistrement et sa
restitution, il propose autant d’oeuvres dont la mise en forme est aussi mise en abîme.
L’exposition Corpusculum Flotans
dans le nouvel espace de la galerie Jérôme
Poggi accueille en son centre l’installation
vidéo L’Opérateur, consistant en un grand
mobile portant à chacune ses extrémités un
vidéo projecteur et un écran. Le film projeté
a été réalisé dans un studio de danse : la
caméra est portée par une danseuse qui
réalise autant de mouvements nécessaires
à l’épuisement des mouvements possibles
d’une caméra (travelling/panoramique,
avant/arrière, de la gauche vers la droite/
de la droite vers la gauche), accompagnée
Julien Crépieux, L’Opérateur, 2013, Installation vidéo, écran
d’un pianiste interprétant les Vexations de
en tissu, structure en acier, corde, projecteur, lecteur et
Satie, composition musicale également
enceintes (12’15’’), Ed. 1/3 + 1 EA.
basée sur une combinatoire. Le mobile
devient par analogie ballerine : au mouvement du film se surimpose le mouvement du mobile
porté par le mouvement des spectateurs. Filmant éventuellement le miroir de la salle de danse,
le spectateur peut faire face à la caméra tenue par la danseuse, et portée par le bras du
mobile...donnant à L’Opérateur, en dépit de son imposante taille, les qualités flottantes de
nuages : ces derniers ne sont -ils pas aussi «suspendus au milieu du ciel» ( Virgile, Géorgiques,
I, 214)?
Dans la seconde série d’oeuvres de l’exposition, le nuage ne détermine plus le
mouvement de l’oeuvre mais sa forme finale - encore effet d’une continuité, que l’artiste a
brillamment orchestrée. Au travers de médiations techniques simples, qui copient un mode de
production naturel, Julien Crépieux réalise un ensemble de sérigraphies sur mdf noir teinté
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dans la masse. Leurs images reprennent des dessins de ciel que l’artiste a empruntés à des
gravures effectuées lors des voyages de Lapérouse et du Capitaine Cook. Il rapproche ces
images du traité de Luke Howard On the Modifications of Clouds (1803) qui leur est presque
contemporain, dans lequel l’auteur tentait une classification des nuages, non pas sur leur forme,
mais sur leurs modifications. « Par modifications des nuages nous entendons simplement
leur structure ou manière de s’agréger», indiquait Howards : Crépieux conserve ce mode
de production de nuage, à même leur image,
puisqu’il recourt à l’évaporation d’eau salée, et
au dépôt de sel qu’elle occasionne sur le bois,
et dont le dessin fait apparaître, en négatif, les
traits de gravure qui les représentent - sels
non plus argentique mais sels tout court. Un
même mouvement (agrégation/évaporation)
donne lieu au nuage et à son dessin, mais
explique aussi le passage entre deux formes
de nuages. La nomenclature de Howard,
indéterminée dans l’espace du ciel, puisque les
nuages ne sont que mouvement, renvoie ici à
un espace géographique vierge que seul le titre Julien Crépieux, Cumulus D’après « Canoe of Port des
de la sérigraphie indique. L’intuition de Crépieux Français» de François Michel Blondela (1799), 2014,
de lier le nuage à une portion de terre retrouve Encre à sérigraphie et sel sur medium teinté
un sens également ancien: selon Aristote, «il
reste encore beaucoup de la chaleur venant du feu qui a vaporisé le liquide enlevé de la terre»
(Météorologiques, I,XI,3).
Le déplacement est à nouveau multiple : mouvement dans le mouvement, continuité
et contiguïté. C’est aussi à un double mouvement que renvoie le titre de l’exposition,
Corpusculum Flotans, qui emprunt celui d’une oeuvre vidéo plus ancienne de l’artiste, qui
combine les propriétés des deux oeuvres présentées ici en vis-à-vis : à des plans sur des
nuages en mouvements se succédant les uns aux autres, ainsi les mouvements du regard
sur le ciel, l’artiste a surimposé des corps flottants, propose au sujet regardant, présents par
l’effet de persistance rétinienne. Un double mouvement dont l’agent est dans cette vidéo le
regardeur, dans L’Opérateur le mobile, et dans le mouvement, c’est mon propre corps, mètreétalon de ma découverte du monde.
On ne saurait dire si Julien Crépieux détourne des contenus de connaissance
scientifique en poésie scientifique ou s’il y parvient en les prolongeant. Quoi qu’il en soit, ses
oeuvres ont en commun ce même effet de participation au monde : non pas de redoublement
mais de poursuite d’un mode de production dont la beauté se révèle à mesure que l’on
prend conscience qu’elle est aussi fonction de nos moyens humains, techniques et culturels
de perception. À l’instar de la rêverie que selon Jackie Pigeaud, partagent Homère, Platon,
Virgile, Epicure, Galien, Winckelmann et quelques autres, c’est là un mouvement qui «traverse
les frontières des disciplines partagées, (...) saisit la fluidité des choses, la labilité du monde
lorsque celui-ci vient à paraître, moment d’indécision dans le temps et dans l’espace où la
forme surgit, déjà discernable et dicible, pas encore figée» (Jackie Pigeaud, L’Art et le vivant,
Paris, Gallimard, coll «Nrf essais», 1995, p.11). Crépieux prolonge indéniablement cette liste.
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La Galerie Jérôme Poggi mène essentiellement un travail de prospection orienté d’abord vers la
jeune création contemporaine mais aussi vers des figures déjà plus repérées, voire historiques,
dont elle soutient le processus de reconnaissance aussi bien dans la sphère économique que
critique et historique, liant valeur économique et critique dans une équation globale où se
rejoignent spéculations intellectuelles et économiques.
La galerie a été créée en 2009 par le critique et historien de l’art Jérôme Poggi, associé à ses
débuts avec Peter Bertoux. Située à l’origine dans le quartier de la Gare du Nord à Paris, elle
a ouvert un second espace dans le quartier du Marais à Paris au printemps 2014. Situé en
face du Centre Pompidou, ce nouvel espace de 150 m2 est désormais l’adresse principale de la
galerie où sont présentées les expositions publiques, tandis que l’ancien local de 200 m2 situé
rue La Fayette développe une activité parallèle liée à l’étude et à la recherche (accrochages
spécifiques, séminaires, rencontres), ainsi qu’à la production à travers la structure Objet de
production. Créée et dirigée aujourd’hui par Jérôme Poggi, cette structure associative sans
but lucratif a pour vocation de faire apparaître et promouvoir toute forme d’art au sein de notre
société, aussi bien dans l’espace public que privé, notamment par le biais de la commande dans
le cadre de l’action des «Nouveaux commanditaires» initiée par la Fondation de France.
Convaincus que les mutations profondes que connaît la scène de l’art nécessitent de
nouveaux outils de production, de diffusion et de réflexion, la Galerie Jérôme Poggi et Objet
de Production ont décidé de s’associer pour créer ainsi un nouvel outil hybride, conjuguant
des modes d’action commerciaux et politiques, critiques et pédagogiques pour inventer un
nouveau modèle d’économie politique pour l’art contemporain.
Anna-Eva BERGMAN - Bertrand LAMARCHE - Cédrick EYMENIER - Georges Tony STOLL
- Juliana BORINSKI - Julien CRÉPIEUX - Kees VISSER - Larissa FASSLER - Oleg TCHERNY SOCIÉTÉ RÉALISTE - Sophie RISTELHUEBER - Vittorio SANTORO
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GALERIE JÉRÔME POGGI - du mardi au samedi de 11h à 19h
2, rue Beaubourg - 75004 paris - +33 (0)9 8438 8774 - www.galeriepoggi.com
--------------------------------------------------------------------------------------SOPHIE RISTELHUEBER
SOLO SHOW
17.05 > 14.06.2014
ANNA EVA BERGMAN
SOLO SHOW
28.06 > 08.08.2014
en collaboration avec la Fondation Hartung/
Bergman et avec le soutien de l’Ambassade
Royale de Norvège
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FOIRES
--------------------------------------------------------------------------------------GEORGES TONY STOLL
DRAWING NOW, Paris (FR)
26.03 > 30.03.2014
WESLEY MEURIS
ART BRUSSELS, Brussels (BE)
25.04 > 27.04.2014
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