dossier de presse

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dossier de presse
Léandre Bernard-Brunel nous entraîne à la lisière d’une ville dont on entend parfois les
vrombissements assourdis, nous marchons dans les pas d’un jeune roi et de son page en
quête de Pamina. La végétation dense et luxuriante s’écarte devant la volonté de ces deux
jeunes indiens déterminés, qui se fraient un chemin. Mais à bien y regarder ils n’incarnent
pas vraiment leur personnage, leurs apartés en hindi nous font tomber de nos fauteuils, nous
nous réveillons de notre rêve éveillé et réalisons que ça tourne, qu’on nous balade... A bien y
regarder cette jungle épaisse pleine de fantasmes effrayants n’est qu’une petite foret coincée
entre la ville de Baroda et son université, on nous balade encore...
Subtile mélange de makings off de tournage et de films asiatiques peuplés de mystères et de
phénomènes surnaturels, on n’y croit, on n’y croit plus?! Mais on marche quand même car
la nature parle d’elle-même, les couleurs et les effets spéciaux nous surprennent, la musique
nous emporte et l’homogénéité de ce «faux» nous convainc. Faire du faux avec du vrai qui
parait faux, c’est là toute la magie du cinéma!
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PETIT JOURNAL
N.27 | DÉCEMBRE 2012
DU 23 NOVEMBRE AU 27 JANVIER 2012
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STUDIO MEUBLÉ
EXPOSITION COLLECTIVE
Commissariat : Stéphanie Cottin
GREGORY BUCHERT - LÉANDRE BERNARD-BRUNEL
CHRISTOPHE HERREROS - GAËLLE CINTRÉ
Il n'y a pas que le jour et la nuit
il y a l'aurore et le crépuscule
Il n'y a pas que le fictif et le réel
il y a les faux semblants et le "mentir-vrai" 1
Stephanie Cottin, novembre 2012
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GALLERY JÉRÔME POGGI - UPCOMING
Louis Aragon, «Le mentir vrai»
1
En tant que spectateur on entre dans un film comme dans une nouvelle vie, dans un nouvel
appartement, où l'écueil du banal n'est plus pesant, où les meubles ont changé, ont gagné en
qualité; des meubles dans lesquels on s'assied confortablement pour s'identifier au personnage,
le temps que dure la projection.
Pour le créateur d'images en mouvement c'est grâce à un second appartement, le studio dans
lequel il va donner vie à un scénario, que le film existera, prendra forme. Lieu de toutes les tergiversations et tribulations du créateur, il est surtout synonyme de l'industrie du cinéma avec un
grand I, de ses studios Babelsberg, Cinecitta, Hollywood, Bollywood, tous ces noms mythiques,
ces usines à rêves hyperactifs ou endormis.
Mais après guerre on croit un peu moins aux grandes illusions hollywoodiennes. Les images de
cinéma changent, la caméra s'attarde plus en de longs plans-séquences, de longs travellings, on
est moins sûr de vouloir croire à la réalité de ces images fabriquées à la chaine; alors on sort, on
prend l'air, on se balade. Car peut-être que pour y croire plus à ces images il faut les ancrer dans
la réalité du dehors, filmer à l'extérieur et que les choses soient à leur place. Laisser s'exprimer "la
"parlure visible" des corps, des objets, des maisons, des rues, des arbres, des champs" 2.
PETIT JOURNAL | N.25 | WWW.GALERIEPOGGI.COM
Né en 1985 à Paris, étudiant aux Beaux-Arts de Paris, il développe un travail vidéo à la lisière du cinéma.
Les questions de la théâtralité, de la voix et de l'objet y tiennent une place centrale. Inspirés du langage
scandé des lanternes magiques et du prècinéma, ses films mettent en jeu une circulation heurtée de
signes.
Montré dans plusieurs festivals et expositions dont le 57e Salon de Montrouge en 2012, la Biennale de
Belleville, il était en lice pour le prix «Fête le mur» en octobre 2012. Il a également participé à l’exposition
«Traverse Vidéo» à la Chapelle des Carmélites. En dehors de sa pratique, il est aussi conseiller des
programmes auprès du comité de sélection d’ARTE France Cinéma.
GALERIE JÉRÔME POGGI
HOW HIGH IS THE MOON - GROUP SHOW
JANVIER - FEVRIER 2012
KEES VISSER - EXPOSITION PERSONNELLE
MARS - AVRIL 2013
JULIANA BORINSKI - EXPOSITION PERSONNELLE
MAI - JUIN 2013
SOCIÉTÉ RÉALISTE - EXPOSITION PERSONNELLE
JUIN - JUILLET 2013
GALERIE +
JÉRÔME POGGI OBJET
+ DE PRODUCTION
PETIT JOURNAL | N.25 | +
115-117 RUE LA FAYETTE
F-75010 PARIS
+33 (0)9 5102 5188
+
DU MARDI AU SAMEDI
10H-19H ET SUR RDV
RDC, FOND DE COUR
GALERIE JÉRÔME POGGI Le studio n'est plus alors le lieu absolu et incontournable de toute création filmique. N'importe
quel espace peut devenir plateau de tournage et du même coup tout sujet peut mériter d'être
enregistré sur des mètres de pellicule. La prise réelle directe, comme les premiers films des opérateurs Lumière, pas d'affect, des faits.
Les quatre artistes que nous présentons sont habités par le cinéma, son histoire, avouent formellement leur fascination pour les productions américaines, pour le cinéma asiatique, certains
avouent aussi un attachement particulier pour les séries, les reality show et les images internet,
pour le documentaire et son objectivité partiale. Comme le cinéma et les médias en général sont
friands de faits-divers, nos artistes s'en emparent avec ampleur ou avec une apparente banalité. Quelqu'un a disparu? Un meurtre a-t-il eu lieu dans un sordide garni? La situation va-t-elle
dégénérer?
Brèves de comptoirs ou rubriques des chiens écrasés, le quotidien est leur affaire! Du plus trivial
au plus extraordinaire, nos quatre "Sam suffit" de la caméra, ils n'en feront ni trop, ni pas assez,
vont faire feu de tout bois; ils vont l'installer partout cet oeil portable et mécanique. D'un studio
meublé à Paris, à un bord de mer à Pont-aven en passant par une profonde jungle du Gujarat
en Inde et par Hollywood? Ils vont jouer avec les codes du genre, brouiller les frontières entre la
réalité et la fiction, mais ne nous feront jamais oublier que nous sommes les observateurs d'une
réalité arrangée, d'une réalité qu'ils ont souhaitée attraper dans leurs filets. Avec eux nous allons
pouvoir tester le confort très différent de ces meubles déjà utilisés qui trainent dans les studios,
dans leurs studios.
2
Robert Bresson,»Notes sur le cinématographe»,p.26
Stéphanie Cottin, novembre 2012
Stéphanie Cottin, est née en 1969 à Arcachon. Commissaire indépendante, elle co-fonde en 2009 l'association videoclub (www.videoclubparis.com): qui assure la diffusion de films et de vidéos d'artistes sur
internet et organise des projections dans différents espaces privés et publics dont "Impression, soleil" en
juin 2011, au 6b à Saint-Denis. Elle prépare actuellement avec Anne Couzon et Arnaud Bernus, "Stately,
Yes", une exposition pour l'Ecole des Beaux-Arts d'Angers qui aura lieu du 17 janvier au 22 février 2013
Gregory Buchert nous installe rapidement sur le petit siège pliant d’un peintre-amateur de
Pont-Aven en Bretagne et nous assistons fascinés à la naissance d’un paysage qui évolue en
fonction des heures de la journée. Comme les Impressionnistes en leur temps, précurseurs cent
fois moqués, qui allaient peindre sur le motif, les cameramen d’aujourd’hui sont aussi sur le terrain et c’est la belle complicité de ces deux manières de capturer la réalité que nous pouvons
mesurer. L’écran et la toile sont tous deux des surfaces planes et blanches à recouvrir et les
deux techniques ont besoin de l’éclairage d’un projecteur, de la lumière du soleil pour capter ce
qu’elles voient. Mais alors qu’au moment où le soleil va se coucher, le film se termine lentement
par un fondu enchaîné des plus naturels, une fin classique au cinéma, le tableau devrait quant
à lui se transformer en un monochrome crépusculaire; mais l’artiste a des scrupules, il est un
peintre réaliste et non abstrait, il a un cas de conscience que ne connait pas la caméra. C’est la
victoire de l’oeil-caméra sur l’oeil humain pour retranscrire le réel.
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Gregory Buchert est né en 1983 à Haguenau (67). Diplômé de l’ESAD Strasbourg, il a également étudié la
critique d’art et est actuellement en post-diplôme au Fresnoy, Studio National. Ses vidéos et ses performances furent, entre autres, présentées au Festival Hors-piste du centre Georges Pompidou, au Festival
Loop à Barcelone, au Crac Alsace ou encore à la Kaskadenkondensator de Bâle. Entre humour et réflexion
critique, elles jouent sur les notions d’échec et d’irrésolu et proposent, par leurs gestes ténus, des pistes
de réflexion sur l’être au monde de l’artiste mais aussi, par extension, de chacun d’entre nous.
C’est dans les sièges en velours rouge des salles obscures que nous jette Christophe ­Herreros.
Il amorce sa narration en plantant le décor: une ruelle des bas-fonds de Chicago, peu fréquentée, où l’herbe pousse entre les pavés disjoints, zébrée par les halos diaphanes des réverbères.
Déjà l’angoisse nous saisit et nous pensons crime, suspens, course poursuite, quand après un
long travelling sur un mur de briques qui suinte de pauvreté, nous caressons du regard la carrosserie lustrée d’une mercedes blanche tous phares allumés. Mais la voiture a une plaque française
et est immatriculée dans le 59! Nous ne sommes pas aux Etats-Unis mais à Roubaix, nous y
avons cru l’espace d’un instant. Le temps que nous réalisions l’imposture, l’artiste a éteint le
projecteur et tout disparait dans la nuit de nos fantasmagories...
Cinéma quand tu nous tiens !
Né en 1981, jeune cinéaste diplômé du California Institute of Arts CALARTS, de l’ENSBA Paris et du
Fresnoy, Christophe Herreros fait de la boucle une véritable signature artistique. Ses œuvres racontent
des micro-histoires durant lesquelles l’artiste insiste sur des instants, des moments suspendus, des trêves
temporelles où l’action se fige. La gestion des couleurs alliée à la fixité de la caméra introduit une dimension mystérieuse où tout semble tangible, le suspens perdure au-delà de l’image pour céder à nouveau
au cycle narratif ou à la surprise que le premier plan dissimule. Lauréat 2010 du prix Jeune Création, il
participe la même année au 55e Salon de Montrouge et expose à la galerie Air de Paris. En 2011, il sera
exposé à la galerie Gaudel de Stampa ainsi qu’à Lightbox au Centre Georges Pompidou et en 2012 à la
Galerie de Multiples, au Central House of Artists à Moscou et dans la programmation Paris/Berlin/Madrid
au Palais de Tokyo.
Gaëlle Cintré fait le portrait de spectateurs, alors qu’ils racontent un film ou parlent de cinéma.
Reprenant le principe du micro-trottoir à la sortie d’une séance, elle va capturer de faux dialogues,
plus vrais que nature, sur ce qu’ils viennent de voir. La déconcertante justesse de ces dialogues
très pauvres, nous renvoient une image peu flatteuse, mais touchante et drôle, de nos habitudes
sociales. L’identification se fait toute seule mais à nos dépens, sur des fonds anodins comme une
cour d‘immeuble, un appartement. Quoi de plus ordinaire alors qu’un studio d’habitation, qu’une
cour d’immeuble deviennent les studios de tournage de mini-documentaires de fiction: intérieur
jour, extérieur jour, fonds anodins et urbains, plan fixe face caméra et le tour est joué, l’artiste
documentarise les sentiments !
Née en 1986 à Paris, Gaëlle Cintré a été lauréate du Prix Pézieux 2011, ses projets ont été montrés dans
différents festivals et expositions, dont plus récemment la programmation de la Saison Vidéo, la Biennale
de Mulhouse 012 et l’exposition Les Enfants du Sabbat XIII au Creux de l’Enfer, elle participe également à
l’Unité de Recherche DatAData de l’ENSBA Lyon.
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