Le Nouvel Observateur

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Le Nouvel Observateur
H 5 – La question ouvrière en Allemagne depuis 1875 (correction).
Doc. 1 page 94 :
 Quels buts idéologiques et politiques le Parti socialiste allemand se fixe-t-il ?
Sur le plan idéologique, le programme du Parti apporte une réflexion sur la société capitaliste qui règne en
Allemagne à la fin du XIXe siècle. Cette analyse se fonde, au moins en partie, sur les travaux théoriques de
Marx. Elle affirme l’exploitation de la classe ouvrière par « la classe capitaliste » qui détient « le monopole »
des « moyens de travail ». Cette exploitation est génératrice de « misère » et de « servitude ». L’objectif est
donc à terme de substituer à ce modèle capitaliste une société socialiste égalitaire (« abolir l’exploitation sous
toutes ses formes, d’éliminer toute inégalité sociale et politique »). Elle doit se fonder sur l’apparition de
« sociétés ouvrières de production » prenant en main les moyens de production, le tout sous la tutelle de « l’Etat
libre de la société socialiste ». Sont développées des propositions politiques, objectifs à court terme, qui
répondent aux aspirations démocratiques du peuple ouvrier : « droits et […] libertés politiques, « suffrage
universel », « éducation générale et égale pour tous », « droit de coalition », « journée normale de travail »,
« protection de la vie et de la santé du travailleur ».
 Que système économique combat-il ?
L’ensemble de ces résolutions est incontestablement dirigé contre le système capitaliste dominant
(« monopole de la classe capitaliste ») qu’il s’agit d’améliorer « par tous les moyens légaux » avant de le faire
disparaître et de le remplacer par « l’Etat libre de la société socialiste ».
 Quelles sont les revendications sociales des partis socialistes et des syndicats allemands ?
Le Parti socialiste et les syndicats sont favorables à une amélioration sensible de la condition de la classe
ouvrière grâce à des réformes sociales de grande envergure : améliorer au quotidien les conditions de travail et
de vie des travailleurs (« droit de coalition », « journée normale de travail en rapport avec les besoins de la
société », « amélioration de la situation économique, sanitaire et morale »), les protéger des difficultés de
l’existence (« protection de la vie et de la santé du travailleur », « création d’un fonds d’aide pour les camarades
sanctionnés »). Mais on remarquera surtout l’insistance sur l’éducation (« éducation générale et égale pour
tous », « éducation des ouvriers », « création d’une école de propagandiste »), puissant moyen d’émancipation,
et sur la mise en place d’une culture ouvrière (« organisation de conférences, discussions […], diffusion de
tracts […] de revues […], construction d’une bibliothèque, création de clubs de chant »).

Quelles sont les structures qui encadrent et permettent de diffuser les idées socialistes au sein
du mouvement ouvrier ?
Les structures qui encadrent le mouvement ouvrier sont multiples : le parti politique (SPD), les syndicats, les
« écoles » et associations culturelles diverses (« clubs de chant »). Elles tissent un réseau serré qui entoure les
ouvriers et permet de développer le concept de « contre-société » ouvrière face à la société bourgeoise. On peut
également citer la presse (« revues social-démocrates ») qui s’adresse aux militants, électeurs et sympathisants
du Parti.
Doc. 4 page 97 :
 Sur quels aspects R. Luxemburg et E. Bernstein s’opposent-ils ?
A la fin du XIXe siècle, le parti social-démocrate est soumis à des contradictions profondes. Une aile
« réformiste », révisionniste, et une aile plus « révolutionnaire » s’opposent en son sein. Deux exemples
d’affrontement sont développés dans le document 4.
Le premier thème d’opposition est l’action politique à mener. Pour les réformistes, dont Bernstein est le
principal théoricien, le prolétariat peut et doit s’intégrer dans la société allemande (« parti réformiste, socialiste
et parlementaire »). Le suffrage universel fait de l’ouvrier un citoyen à part entière et lui permet de faire
entendre sa voix et d’arracher des réformes. On peut même entretenir l’espoir d’un accès au pouvoir par le
parlementarisme. Ce qui ne rend plus nécessaire un recours à d’autres formes de discours ou d’action (« se
libérer d’une phraséologie dépassée »). Pour l’aile gauche, incarnée par R. Luxemburg, la prise de pouvoir par
les ouvriers ne peut se faire que par la « grève de masse » (« action révolutionnaire de masse »). Le rôle du Parti
est de préparer les masses à l’action, de stimuler leur conscience de classe (« la social-démocratie est l’avantgarde la plus consciente du prolétariat »). Le parlementarisme ne peut permettre les changements profonds que
suppose la Révolution car trop lent (« attendre avec fatalisme »).
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Le deuxième terrain d’opposition concerne l’attachement à la nation, à la patrie. Pour les réformistes,
l’ouvrier, « qui est un électeur » et qui bénéficie du soutien de la « communauté » nationale (« dont les enfants
sont instruits par la communauté, dont la communauté protège la santé, que la communauté assure contre les
coups du sort »), doit défendre les intérêts de cette communauté partout où ils sont mis en cause (« prétentions
des intérêts étrangers ». D’où l’adhésion à l’impérialisme, au militarisme. Pour la gauche, le prolétaire doit
refuser cette théorie. Il ne doit pas prendre en compte la défense d’intérêts qui sont d’abord ceux de la
bourgeoisie. Il faut donc lutter contre l’impérialisme et le militarisme (« il ne peut y avoir de guerre de défense
nationale ») qui sont des manifestations de l’Etat capitaliste bourgeois (« politique capitaliste d’agression »).
 Quel est leur point de vue sur une éventuelle guerre ?
Les divergences entre E. Bernstein et R. Luxemburg sur l’attachement à la patrie font que le premier
soutiendrait une éventuelle guerre tandis que la seconde y serait opposée.
Doc. 3 page 98 :
 Que décident les syndicats social-démocrates et le patronat ?
Les accords évoqués dans le document 3, qui réunissent représentants du patronat (Hugo Stinnes) et des
syndicats (Karl Legien), permettent à la classe ouvrière d’accéder à des réformes sociales substantielles :
reconnaissance des syndicats « comme des représentants qualifiés de l’ensemble des ouvriers », liberté
syndicale (« une limitation de la liberté d’association […] est illicite »), création de « conventions collectives »,
« comité de travailleurs » « dans toute entreprise d’au moins 50 salariés », création de « commissions
d’arbitrage » paritaire (« constituées à part égale de représentants des salariés et des employeurs »), journée de
8 heures (« la durée réglementaire du travail ne doit pas excéder 8 heures par jour »).
 Pour quelle raison ces accords sont-ils signés ?
Ces accords sont signés au moment de la chute de l’empire pour maintenir le calme parmi les ouvriers et
ainsi faciliter la construction d’un nouvel Etat. Il s’agit aussi de convaincre les ouvriers de l’inutilité de
rejoindre les révolutionnaires spartakistes.
 En quoi montrent-ils une rupture dans le mouvement ouvrier ?
Ces accords montrent une rupture dans le mouvement ouvrier car, pendant que certains se révoltent pour
prendre le pouvoir par la force et ainsi renverser le patronat, d’autres préfèrent négocier avec celui-ci afin
d’obtenir des progrès sociaux et politiques.
Doc. 3 page 100 :
 Comment Kautsky justifie-t-il la nécessité d’un gouvernement de coalition ?
Kautsky justifie la nécessité d’un gouvernement de coalition car le SPD est dans un « stade où le prolétariat
n’a pas encore assez de force pour édifier et consolider un gouvernement purement socialiste ». Cependant,
pour lui, il s’agit d’une « période de transition » avant la mise en place d’un « Etat démocratique […]
prolétarien ».
 En quoi fait-il du SPD un parti républicain ?
Attaché à la démocratie (« sur la base de la démocratie ») et refusant la violence, il se rallie à la solution de
gouvernements de coalition avec des partis bourgeois, avec l’objectif de défendre et de fortifier la République.
Il situe le SPD dans une intégration totale à la démocratie parlementaire, caractérisant un régime républicain.
Doc. 1 page 102 :
 Quelle est l’attitude du KPD par rapport à la social-démocratie et au nazisme ?
Die Internationale définit l’attitude du KPD, en 1932, par rapport à la social-démocratie. Alors que la
montée en puissance des nazis n’est pas contestable, la direction du Parti réaffirme que le SPD est l’ennemi
principal. Celui-ci, qui depuis longtemps trahit la révolution (« principal soutien de la bourgeoisie »), retient
une partie importante de la classe ouvrière qu’il trompe systématiquement. C’est donc la tâche numéro un du
KPD d’en finir avec le SPD, de conquérir la totalité des ouvriers et ensuite de vaincre le nazisme (« sans la
victoire dans notre lutte contre la social-démocratie, nous ne pourrons pas vaincre le fascisme »).
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 D’après le document 3 de la page 100, comment peut-on expliquer cette attitude ?
L’attitude du KPD vis-à-vis du SPD s’explique par le choix de ce dernier d’un gouvernement de coalition
aux côtés de partis proches du patronat.
Doc. 2, 3 et 5 pages 104 et 105 :
 Pourquoi la cogestion est-elle essentielle pour les travailleurs ?
La cogestion est un élément majeur de la structuration de la société allemande. Elle contribue à l’« ordre
social » de la République fédérale comme le document 2 le souligne à deux reprises. Elle fait des travailleurs
des acteurs essentiels de l’économie en les faisant participer à la gestion des entreprises. Elle leur permet
d’intervenir dans les grandes décisions (« planification des ventes, développement de la production,
investissements, mesures de rationalisation », « convoquer les membres de la direction et aussi les renvoyer »,
« exiger des informations étendues sur tous les sujets concernant l’entreprise ») par la participation des
représentants des salariés « au sein du conseil de surveillance » des entreprises (« les salariés collaborent à la
prise de décision au sein de leur entreprise »).
 En quoi contribue-t-elle à l’ordre social et démocratique ?
En favorisant le dialogue, la cogestion permet des rapports sociaux plus apaisés et cherche à éviter au
maximum les tensions sociales, source de perturbation de la vie démocratique. En favorisant le dialogue, elle
permet des rapports sociaux plus apaisés et cherche à éviter au maximum les tensions sociales, source de
perturbation de la vie démocratique.
 En quoi le système de négociation répond-il aux principes de la cogestion ?
Le système de négociation répond aux principes de la cogestion en associant les syndicats représentant les
salariés à l’élaboration de conventions collectives qui fixent les rémunérations (« accords salariaux ») et les
« conditions de travail (temps de travail, conditions de licenciement, congés, etc. ») dans les entreprises mais
aussi en les associant à la résolution de tensions sociales par l’intermédiaire de l’« arbitrage » paritaire.
Doc. 2 page 107 :

Sur quels principes le congrès de Bad Godesberg et Willy Brandt fondent-ils le programme
du SPD ?
Dans les principes évoqués au congrès de Bad Godesberg et l’influence de personnalités comme W. Brandt
se trouve l’affirmation de valeurs recherchées dans toute une tradition allemande et européenne – « éthique
chrétienne, […] humanisme, […] philosophie classique » – qui provoque une rupture fondamentale avec
l’héritage marxiste (« ni un parti politique, ni l’Etat n’ont à déterminer le contenu »), jusqu’ici revendiqué.
Willy Brandt, plus polémique, nie la prétendue « vraie démocratie » que les communistes envisagent
d’atteindre un jour. Elle se traduit surtout, selon lui, par une phase transitoire de « dictature » du prolétariat dont
la RDA constitue un exemple inacceptable pour le SPD. Il y affirme avec force les principes de la propriété
privée, même si des formes de propriété étatique peuvent être admises dans certains secteurs (« la propriété
étatique est une forme légitime de propriété […], « la propriété privée des moyens de production doit être
protégée »).
Doc. 2 page 110 :
 Quelles pratiques le Parti exige-t-il de ses militants ?
Le Parti communiste exige des militants dévoués, volontaires, présents à chaque fois qu’il a besoin d’eux :
intervention dans les affaires scolaires pour imposer les idées du Parti (« va d’un établissement à l’autre, fait de
la propagande »), participation à des chantiers urbains (« se porte volontaire pour la reconstruction de Berlin, il
porte des pierres, coule des fondations ») et à des manifestations (« à la manifestation du premier mai 1952 »).
 Quels bénéfices ceux-ci tirent-ils de leur engagement ?
Le régime leur accorde en retour des récompenses, matérielles avec l’allocation d’un appartement dans une
RDA où les logements sont rares (« tu seras logé dans un appartement de notre première rue socialiste »), et
plus symboliques comme les honneurs qui leur sont publiquement accordés (« reçoit un hommage
exceptionnel : une lettre du Comité central », « une cérémonie est organisée au Staatsoper »).
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Doc. 4 page 107 :
 En quoi ce discours s’inscrit-il dans l’héritage socialiste ?
Die Linke affirme son attachement à l’Etat-providence protégeant les travailleurs, c’est-à-dire à défendre un
certain nombre d’acquis sur les garanties accordées aux salariés, sur « l’assurance-maladie » ou les « retraites »
(« notre Etat social stable qui avait garanti à tant d’êtres humains en Allemagne une stabilité et une sécurité »).
Il défend aussi le principe de la « nationalisation des réseaux et la régulation étatique des prix » contre le
« délire de privatisation du néolibéralisme ».
 En quoi s’ouvre-t-il sur des projets d’avenir, sur un « renouveau » ?
Par ailleurs, il propose de se pencher sur des thématiques nouvelles, comme l’écologie (« parti de renouveau
écologique ») ou des formes de démocratie accordant plus de place au peuple (« le système représentatif est en
crise et nous avons besoin de participation).
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