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Chroniques bleues
Les Bleus sous le degré zéro (de latitude)
jeudi 27 mai 2010, par Bruno Colombari
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Après sa victoire face au Costa-Rica, c’est dans la nuit du 31 mai au 1er juin que l’équipe de France franchira
l’Equateur pour se rendre à la Réunion puis en Afrique du Sud. Depuis 1904, les Bleus n’ont joué que 17 matches
dans l’hémisphère sud. La dernière fois, c’était il y a neuf ans. Flash-back historico-géographique sous la latitude
zéro.
Cent six ans d’existence pour l’équipe de France, sept cent vingt-quatre matches joués et combien dans l’hémisphère sud ? Vous ne
vous êtes jamais posé la question, probablement, moi non plus d’ailleurs, du moins jusqu’à avant-hier. Et comme toute question
appelle une réponse, la voilà.
Donc, les Bleus ont franchi l’équateur à huit reprises seulement pour disputer dix-sept matches au total, ce qui est fort peu. Si on se
penche vers le bas du globe pour y voir de plus près, on y trouve bien entendu des matches contre l’Argentine (six), le Chili (deux),
le Brésil (un seul), mais aussi le Mexique, la Colombie, l’Italie, la Hongrie, l’Afrique du Sud et l’Australie. Et, plus original, deux
matches contre des sélections continentales, l’Afrique et l’Amérique centrale (appelée aussi dans les archives CONCACAF, du nom
de la fédération locale).
Plus étonnant, ces rencontres se concentrent sur quatre périodes relativement resserrées : juillet 1930 (première coupe du monde
en Uruguay), 1971-72 (tournée en Argentine et participation à la coupe de l’Indépendance au Brésil), 1977-78 (tournée en Argentine
et au Brésil, puis coupe du monde en Argentine) et 2000-2001 (matches amicaux en Afrique du Sud, au Chili et en Australie). Le
reste du temps, rien, uniquement des rencontres en Europe ou, très exceptionnellement, aux Etats-Unis (1979), en Extrême-Orient
(1994, 2001-2002) ou en Afrique du Nord (1998, 2000 et 2002).
Tout a donc commencé il y a très, très longtemps, en juillet 1930 avec la toute première coupe du monde organisée par l’Uruguay.
Le voyage, qui a duré quatorze jours sur le navire Conte Verde, fait désormais partie de la grande histoire des Bleus, avec un bal
masqué gagné par la fille de Jules Rimet au passage de l’équateur [1]. Les Français ont d’ailleurs passé plus de temps en haute mer
que sur la terre ferme, éjectés dès le premier tour malgré une victoire initiale contre le Mexique (4-1, avec le gardien Alex Thépot
blessé d’entrée et remplacé par le défenseur Augustin Chantrel), douchée par deux défaites face à l’Argentine (0-1) et au Chili (0-1).
Il faudra donc attendre quarante-et-un ans pour revoir les Bleus franchir la ligne médiane terrestre, puisque les coupes du monde
sud-américaines en 1950 (Brésil) et 1962 (Chili) se jouèrent sans la France. La deuxième tournée (amicale) a été organisée en
janvier 1971 avec deux matches amicaux contre l’Argentine à Mar del Plata et Buenos Aires. Une Argentine en crise qui a manqué le
Mundial mexicain sept mois plus tôt, et qui s’incline tout d’abord (3-4) après avoir tiré pas moins de huit fois sur les poteaux [2],
avant de prendre sa revanche cinq jours plus tard (2-0).
L’année suivante, en juin 1972, les Bleus se rendent au Brésil (à Salvador de Bahia et Maceio) où ils sont invités à participer à la
Coupe de l’Indépendance. Ils battent d’abord facilement une sélection d’Amérique centrale (5-0, triplé d’Hervé Revelli) composée
d’Haïtiens et de Honduriens, avant de souffrir face à une bonne sélection africaine (2-0). Ce match est historique puisque c’est le
premier dans l’histoire des Bleus contre une équipe d’Afrique. Le match nul contre une Argentine prudente (0-0) éliminera la France
de la suite de la compétition.
La tournée suivante, fin juin 1977, vise à préparer le Mundial argentin. Emmenés par Michel Hidalgo, les Bleus comptent six Nantais
autour de Michel Platini, qui a alors 22 ans. Après un 0-0 intéressant à Buenos-Aires contre l’Argentine, la France fait une grosse
frayeur au Brésil, invaincu au Maracana depuis vingt ans. Menés 2-0, les Tricolores reviennent dans le match par Six [3] puis
égalisent par Trésor à cinq minutes de la fin (2-2).
Italie-France à Mar del Plata le 2 juin 1978.
Lacombe marque après trente secondes de jeu.
C’est en Concorde que l’équipe de France et sa réputation flatteuse (championne du monde des matches amicaux !) rejoignent
l’Argentine en juin 1978. Placés dans le groupe de la muerte avec l’Italie, l’Argentine et la Hongrie, les Bleus tombent d’entrée à Mar
del Plata (1-2) et malgré un très bon deuxième match, sont éliminés ensuite par l’Argentine (1-2). La dernière rencontre, contre la
Hongrie à Mar del Plata, voit les Français jouer en maillot vert et blanc, celui du club local de Kimberley (victoire 3-1).
Argentine-France au Monumental de Buenos Aires, le 6 juin 1978.
Grand match des Bleus, mais défaite éliminatoire.
Quand les Bleus remettront le pied en Amérique du Sud, en septembre 2001, ce sera avec un double titre de champion du monde et
d’Europe. Ce qui n’empêchera pas les Chiliens de Zamorano de l’emporter (2-1). Un an avant, la sélection de Roger Lemerre avait
commencé sa tournée mondiale post-Euro par un voyage à Johannesbourg, à l’Ellis Park Stadium contre l’Afrique du Sud (0-0). Et
c’est le 11 novembre 2001 à Melbourne que les Bleus ont disputé leur dernier match dans l’hémisphère sud, au cours d’une partie
très oubliable contre l’Australie (1-1) qui ne restera dans l’histoire que pour le trajet le plus long. En attendant un hypothétique
Nouvelle-Zélande-France à Auckland...
Notes
[1] La coupe du monde, 1930-1970, éditions L’Equipe, p18
[2] L’intégrale de l’équipe de France de football, First éditions, pp 219-220
[3] qui a reconnu après coup s’être aidé de la main après un amorti et avant d’armer sa volée victorieuse, L’intégrale de l’équipe de France de
football, First éditions, p247