Les financières entraînent l`économie dans l`abîme
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Les financières entraînent l`économie dans l`abîme
Jacques Chahine 1er Mars 2008 Les financières entraînent l’économie dans l’abîme Nous vivons pour une fois une entrée en récession au ralenti avec tous les ingrédients qui sont en place. Cette fois ci, ce n’est pas une bulle Internet qui éclate mais une bulle immobilière et financière qui a fait prendre aux banques les risques les plus fous afin d’assouvir la soif de plus en plus de milliards de profits et qui a transformé certaines institutions financières en un vaste casino. Beaucoup y laisseront leur peau, comme c’est le cas de plusieurs prêteurs de subprimes aux Etats-Unis. L’encre à peine sèche sur les résultats 2007, les provisions pour risques continuent de plus belle en ce début 2008 et la contagion aux crédits autres que les subprimes est patente. Face à ce défi, la Fed a adopté une politique agressive de baisse des taux et le marché table maintenant sur un taux d’escompte de 2% lors de la réunion du mois d’avril, chiffre nettement en dessous de l’inflation qui rugit. Ceci rend difficile la tâche de la Fed et une vraie relance de la consommation qui pèserait encore plus sur les prix. Mais la baisse des taux est loin de se répercuter à l’économie réelle, les banques ne prêtant plus ni pour l’immobilier, ni pour les entreprises. Mais la pentification de la courbe des taux permettra aux banques de reconstituer leurs profits avant de pouvoir prêter à nouveau. Il faudra attendre… La baisse du $, aussi brutale qu’elle en a l’air, aura au moins l’avantage de réorienter l’économie américaine vers l’export, et d’éponger les $ émis pendant 20 ans de déficit commercial ininterrompu. C’est un facteur de soutien pour le PIB sur les trimestres à venir. Mais si un particulier ou une entreprise peut aisément basculer vers l’Euro, il n’en va pas de même pour les Etats souverains dont les réserves regorgent de $ et qui ne peuvent pas les convertir. Ils n’auront pas d’autre choix pour se protéger que d’acheter des actifs réels américains, que ce soit de l’immobilier ou des entreprises. Cette tendance va s’accélérer tout au long de 2008 et permettra de trouver un plancher au prix des actifs comme les crédits hypothécaires. Le consensus des analystes de FactSet reste encore très optimiste pour la croissance des résultats 2008, la meilleure preuve étant les révisions permanentes à la baisse dans quasiment tous les secteurs sauf l’énergie. La croissance à deux chiffres attendue risque d’être proche de zéro aux Etats-Unis et négative en Europe si ce rythme de révisions devait se poursuivre. Notre modèle de prévision de la croissance mondiale montre une chute de 0.7 points de PIB, imputable uniquement aux pays développés. Le Brésil et la Russie échappent à cette tendance grâce à leur économie qui profite à fond des prix des matières premières. La Chine et l’Inde sont stables, mais leurs cours de bourse en forte baisse laissent craindre une inversion de tendance. Dans ce tableau relativement sombre, la bonne nouvelle est que toutes ces mauvaises nouvelles sont très largement dans les cours, et jamais la Prime de Risque sur les actions n’aura été aussi élevée. Une chute des profits de 30% en Europe en 2008, du jamais vu, montre que le marché serait encore sous évalué. A moins que nous ne vivions les derniers jours avant la fin du monde… 29/02/2008 Un sombre tableau pour les financières L’encre sur les comptes de 2007 à peine sèche, voilà les financières reparties dans un nouveau round de dépréciations à venir tout au long de cette année 2008. Le consensus FactSet affiche d’ores et déjà une révision de 9% sur les résultats des financières américaines au premier trimestre en à peine un mois. Du coup, l’ensemble des profits prévus au premier trimestre vient de basculer dans le rouge, et le deuxième trimestre est à peine meilleur. Les espoirs sont reportés vers le 3ème et surtout le 4ème trimestre, qui devraient « normalement » jouir d’un effet de base favorable. Le rebond des profits espéré en 2008, qui avait atteint des hauteurs peu crédibles il y a deux mois, est en train de s’effriter à grande vitesse à la cadence de 1.8% depuis fin Janvier, date à laquelle le dernier trimestre 2008 était à peu près connu. La crise du subprime ne finit pas de faire ses ravages, aux Etats-Unis bien sûr, mais également en Europe avec des banques très affectées comme UBS. Et les analystes vont bon train pour donner des estimations sur les pertes à attendre de cette crise, sur le subprime bien entendu, mais de plus en plus sur d’autres types de crédits immobiliers, à la consommation via les cartes de crédit, les entreprises et les opérations de fusions acquisitions qui reposent sur des forts effets de levier. Les estimations des pertes vont de 400 Mds de $ jusqu’à plus de 600Mds. Ces pertes sont à prévoir sur les banques en général, mais aussi les institutions financières usant d’un fort effet de levier comme les Hedge Funds. On a d’ailleurs commencé à voir des Hedge Funds arrêter certains de leurs fonds suite à des appels de marge ou suspendre les remboursements. Les chiffres de pertes potentielles peuvent être rapprochés des profits des institutions financières américaines du S&P500 qui ont totalisé 217Mds $ pour leur meilleure année 2006. Les signes de propagation de la crise du subprime sont de plus en plus nombreux. Certains Hedge Funds ont spéculé sur les marchés de crédit. Ils se sont mis long sur les Municipal Bonds et short sur les emprunts d’Etat. La baisse brutale des taux longs d’emprunt d’Etat suite au refuge vers la qualité a entraîné une hausse des cours des emprunts d’Etat et une désaffection sur les municipal Bonds, entraînant des lourdes pertes et des appels de marge immédiats. La seule solution était pour les Prime Broker de liquider à tout prix les Bons Municipaux entraînant la fermeture parfois de ces fonds. Le rendement de ces Bons Municipaux non imposables a bondi à 5.42% (soit plus de 8% en équivalent avant impôt) contre 4.81% début Février. L’emprunt d’Etat à 10 ans est tombé à 3.5% vendredi dernier, soit MOINS que le niveau de l’inflation. La crise de l’immobilier est loin d’avoir atteint le creux de la vague, même si les prix moyens ont chuté de 15% depuis leur plus haut pour l’ancien et de 18% pour le neuf. Et chaque baisse représente un risque additionnel pour les banques qui ont prêté parfois plus de 100% de la valeur des biens. Les saisies immobilières qui ne font que s’accélérer n’arrangent pas les choses. Certains analystes estiment que les prix ont encore une marge de baisse supplémentaire de 10 à 12%. La raréfaction des crédits et leur niveau de taux élevé n’améliorent pas les choses, spécialement dans le haut de gamme où les banques ne peuvent pas se refinancer au-delà d’un plafond de 500.000$ auprès des institutions comme Freddie Mac ou Fannie Mae. Une contagion du subprime vers les autres crédits Du subprime, la crise s’étend aux autres catégories de crédit immobilier. C’est ainsi que le taux de défaut sur les crédits Alt A (juste au dessus du subprime) était à 7.2% décembre dernier contre 1.65% un an plus tôt, Les crédits Prime les plus solides ont un taux de défaut de 0.73% contre 0.29% un an plus tôt. Sur les crédits à risque subprime le taux de défaut est à 23.3% contre 10.1% un an plus tôt ! Des prix commencent à émerger sur la valeur de certains crédits. C’est ainsi que le Alt A cote aux alentours de 60 cents pour le $, ce qui implique un scénario catastrophe quant au futur taux de défaut et surtout la valeur des propriétés qui servent de garantie à ces crédits. Les banques européennes et canadiennes avouent l’une après l’autre détenir des actifs plus ou moins importants de ces crédits toxiques qui leur permettaient d’améliorer substantiellement leur profitabilité ces dernières années. On a découvert à cette occasion la généralisation de l’utilisation des SIV (Special Investment Vehicle) créées hors bilan pour acheter tout type de crédit et se refinancer à bas prix avec la signature de leur maison mère. Après les premières institutions allemandes qui étaient frappées de plein fouet comme IKB, quasiment toutes les banques affichent des provisions plus ou moins colossales pour 2007 et surtout continuent d’en prévoir pour 2008. UBS est ainsi très exposé et alors qu’on croyait son concurrent Crédit Suisse mieux immunisé, des erreurs comptables et des fortes provisions vont impacter 2008. La Société Générale a cumulé la perte frauduleuse d’un trader 2 29/02/2008 à des provisions non négligeables sur le subprime. Mais le cas des banques européennes reste quelque peu énigmatique, car les résultats 2007 du secteur sont en baisse de seulement 11%, et seraient largement dans le vert si on excluait UBS. Néanmoins, les cours de bourse sont en chute libre, avec 17.0% de baisse en 2007 et déjà la même baisse en 2008. Leurs collègues américains affichent des profits en baisse de 31.5% sur 2007 et les cours ont corrigé de 20.9% en 2007 et 12.0% en 2008, soit sensiblement la même chose qu’en Europe. Si le marché a raison, il y a fort à parier que le virus du subprime affectera le vieux continent sous une forme encore à définir. Le Canada souffre également de la crise et le marché des billets de trésorerie (indispensable au fonctionnement des entreprises) est en pleine crise. Une politique agressive de baisse des taux de la Fed Il n’est pas étonnant de voir dans ces conditions la Fed manifester la plus grande inquiétude face à une crise dont l’ampleur la dépasse. D’où le maintien d’une politique agressive de baisse des taux, dans un environnement où l’inflation fait rage. Après avoir baissé son taux d’escompte de 1.25 points depuis le 22 Janvier, la courbe des taux anticipe une baisse à 2% du taux d’escompte en Avril, alors que l’inflation reste obstinément accrochée à 4.1% depuis quelques mois. Et pour s’assurer qu’il y a des liquidités suffisantes dans le système, elle a accepté de prendre en garantie des obligations adossées à des crédits hypothécaires subprimes pour les grandes banques ! L’incendie le plus urgent à éteindre pour la Fed est le sauvetage du système financier, qui ne peut pas tomber en cessation de paiement sous peine d’une réaction en chaine aux conséquences incalculables. La baisse des taux de la Fed a pour but essentiel la pentification de la courbe et de permettre ainsi aux banques de reconstituer leurs marges de profit et de relancer leur activité de prêts à l’économie. Après le fameux scandale de la faillite d’Enron, qui a entraîné le vote de la redoutable loi Sarbannes Oxely, on croyait que le maintien de véhicules hors bilan était une chose du passé. Manifestement, et le plus légalement du monde, quasi toutes les banques avaient ce type de véhicules hors bilan du nom barbare de conduit ou SIV (Special Investment Vehicle). Nul doute que les mises à jours des normes comptables devraient rendre transparents ce genre de véhicules hors bilan. La baisse des taux ne profite pas pour le moment à l’économie US De même que la crise de l’immobilier est aggravée par la raréfaction des crédits immobiliers, les taux longs consentis aux entreprises classées Bbb n’ont fait que se tendre depuis le début de la crise, et affichent des primes de risque qu’on retrouve lors de la dernière récession de 2001. Heureusement que pour le moment la situation financière des entreprises est plutôt saine. La dette nette des entreprises non financières représentait 168% des profits 2006, 185% des profits 2007 et est prévue à 157% pour 2008. La hausse de la dette en 2007 s’explique par une tendance générale à profiter d’un effet de levier par rapport à des taux bas, notamment pour racheter ses propres actions ou des concurrents. Cette tendance va clairement s’inverser en 2008. Les entreprises non financières craignent avant tout les conséquences d’un ralentissement, voire d’une récession très probable. Néanmoins, la chute du $ les rend de plus en plus compétitives et le consensus FactSet affiche des prévisions de hausse de 12.3% des résultats, revus modestement à la baisse de 0.66% depuis fin janvier, contre 6.7% pour les sociétés financières. Pour le moment, on remarquera le 4ème trimestre record de profits des sociétés non financières qui semblent avoir profité de l’effet persistant d’une baisse massive du $ pour profiter des marchés à l’international. Les entreprises donnent généralement des bonnes estimations sur leurs perspectives pour le trimestre en cours, et celui-ci affiche une hausse de 10%, porté par le secteur industriel, l’informatique et l’énergie. 3 29/02/2008 La baisse des taux ne profite nullement aux entreprises Interest rate on Government bond and corporate debt 7.5 7.5 7.0 7.0 6.5 6.5 6.0 6.0 5.5 5.5 5.0 5.0 4.5 4.5 4.0 4.0 3.5 3.5 3.0 3.0 Dec 04 Mar 05 Jun 05 Sep 05 10 Year Government Bond Dec 05 Mar 06 Jun 06 Sep 06 Dec 06 Us Corporate Benchmarks Aaa Rated, 10 Years, Yield Mar 07 Jun 07 Sep 07 Dec 07 Mar 08 Us Corporate Benchmarks Bbb Rated, 10 Years, Yield Les sociétés non financières pourront –elles échapper à la crise ? Quarterly % EPS Change S&P 500 Ex Financials 35% 35% 31% 30% 30% 30% 25% 25% 21% 20% 20% 19% 19% 19% 18% 18% 20% 19% 17% 15% 15% 14% 15% 15% 14% 13% 12% 12% 11% 10% 10% 10% 10% 11% 10% 7% 6% 5% 4% 5% 4% 0% 0% 0% 2003 2004 2005 2006 4 2007 2008 2009 29/02/2008 L’action de la Fed fortement gênée par l’inflation La Fed a reconnu que la gestion de la crise actuelle est plus complexe que celle qui a suivi l’éclatement de la bulle Internet. En effet, on assiste depuis plusieurs mois à un embrasement de l’inflation sur tous les fronts, ce qui empêche toute relance sérieuse de la consommation des ménages. Du secteur de l’énergie, l’inflation a atteint les matières premières et s’est maintenant étendue sérieusement aux denrées alimentaires. Il est heureux que l’Occident soit pour une fois le grand exportateur de ces denrées, que ce soit les Etats-Unis, le Canada, l’Australie ou la France. Pour une fois ce sont les agriculteurs qui sont à la fête et l’Europe n’a plus besoin de subventions agricoles et peut libérer les terres en jachère. Jamais l’adage n’aura été aussi vrai pour de la nourriture contre du pétrole. L’Amérique condamnée à se réorienter vers l’export Toute relance de la consommation aux Etats-Unis entraîne une augmentation des importations énergétiques et met encore sous pression les prix de toutes les matières premières. Nous pensons que le consommateur américain est condamné à se serrer la ceinture au moins tout le long 2008 et à consacrer son énergie à exporter des biens et services aux pays émergents assoiffés. En effet, cela fait plus de 20 ans que le déficit commercial américain se creuse et que le consommateur américain s’endette pour consommer de plus en plus ! La masse des $ qui a été semée de par le monde doit maintenant retourner à leur émetteur, et la réorientation de l’économie américaine vers l’export est essentielle. Nous assistons d’ailleurs à un quasi affolement des détenteurs de $ au niveau des particuliers vivant en Amérique Latine ou en Asie. Tous les jours la diversification des actifs entraîne la réappréciation de la devise européenne, seule capable d’offrir une alternative au $. Les Etats souverains, comme la Chine ou les pays de l’OPEP, qui ont accepté des $ jusque là sont également tentés de diversifier leurs avoirs. La baisse du $ trouvera son plancher dans le prix des actifs américains Dans l’impossibilité de convertir leurs avoirs énormes de $, qui entraînerait une chute encore plus brutale de la devise américaine, la tentation est énorme d’acheter des actifs réels qui vont trouver bientôt une valeur à la casse. Le prix d’une résidence en Floride peut attirer plus d’un européen, à la recherche du soleil en hiver. Des blocs d’immobilier mis sur le marché par des sociétés défaillantes trouveront également preneur dans des ventes aux enchères. En ce moment, des fonds sont levés par des sociétés spécialisées pour intervenir sur le marché le moment venu. Un tel mouvement ne tardera pas à mettre un prix plancher sur les titres hypothécaires, qui finiront enfin par trouver un prix. Outre l’immobilier, on peut penser que des sociétés cotées américaines seront attractives, comme on le voit déjà par l’audace des fonds souverains qui prennent des participations dans les financières. Des investissements directs sont également à anticiper notamment de la zone Euro afin d’échapper à des prix de revient prohibitifs dans cette devise. On voit des constructeurs automobiles, ou Airbus délocaliser une partie de leur production en zone $. Le yuan chinois poursuit son parcours d’appréciation par rapport au $, avec une accélération récente voulue par les autorités chinoises. Depuis son flottement contrôlé en Août 2005, la devise s’est appréciée de 16.5% par rapport au $. A cela, il faut ajouter une inflation chinoise qui a été de 9% supérieure à celle des Etats-Unis, ce qui fait que les produits importés ont renchéri de plus de 25% libellés en $. C’est loin d’être suffisant pour stopper le flux de marchandises à faible valeur ajoutée, mais rend par contre les produits américains beaucoup plus compétitifs. La même observation peut être faite sur l’Inde, et là on peut assister au ralentissement des délocalisations de certains services comme l’informatique dont les coûts ont fortement augmenté. Le consensus des analystes FactSet perturbé par le retournement de conjoncture Comme on pouvait le craindre, l’inversion du cycle a créé une grande incertitude au niveau des prévisions des analystes. Un peu plus de la moitié des sociétés européennes ont annoncé leurs résultats 2007, et les chiffres sont bien entendus impactés par les financières mais également par la dépréciation de 8% de la livre anglaise qui pèse pour 31% dans le poids de l’indice Stoxx 600. Les chiffres du consensus à ce jour affichent une maigre hausse de 1% des profits en 2007, qui peut devenir négative rapidement 5 29/02/2008 avec quelques surprises sur des financières non publiées. Hors financières, la hausse des profits s’établit à 5%. Les plus belles hausses de profits sont par ordre sur les secteurs Voyage Loisir, Chimiques, Automobiles, Industrielles et Construction. Si on retient l’indice Euro Stoxx de l’Euroland, la hausse des profits s’établit à 8% alors que le FTSE anglais affiche 5% de hausse. Il est probable que l’ensemble de ces chiffres soit encore revu à la baisse avec la poursuite des parutions, puisque pratiquement tous les secteurs ont vu des révisions à la baisse depuis la première crise du subprime en Juillet. Pour 2008, les prévisions font état de taux de croissance élevés, peu crédibles, les analystes reviennent souvent à des estimations « normales ». A leur décharge, même si on est convaincu que les financières vont afficher des pertes énormes, il est difficile de les imputer société par société, surtout qu’on sait que les surprises peuvent être énormes là où parfois on ne les attend pas. On est donc obligé de suivre les annonces et profits warning des sociétés qui vont être nombreux tout au long de 2008. Un indicateur très utile du consensus FactSet est le ratio des Révisions en hausse/Révisions en baisse. Pour l’année 2008, cet indicateur n’est pas beau à voir, et nous ramène en arrière vers les années 2001 ou 2002 pour voir des chiffres aussi bas. Ce qui est frappant dans le graphique ci-dessous, est que la plupart des secteurs affichent un ratio inférieur à 1. L’exception notable est le secteur de l’énergie, le secteur santé américain ainsi que les télécoms et utilities européennes. Des révisions à la baisse dans quasiment tous les secteurs 2008 Up/Down Ratio by sector and geographic zone 3.5 3.0 2.8 2.5 2.0 2.0 1.6 1.5 1.5 1.2 1.3 1.2 1.0 1.0 1.0 0.9 0.8 0.8 0.6 0.5 0.6 0.6 0.5 0.5 0.4 0.7 0.6 0.5 0.4 0.5 0.4 0.4 0.3 0.3 0.7 0.6 0.4 0.3 0.3 0.2 0.0 Total Cons Discretionary Cons Staples Energy Financials Health Care S&P500 Industrials MSCI Europe Inform Technology Materials Telecom Services Utilities MSCI Japan Le dernier consensus FactSet donne des prévisions de hausse Bottom Up de 15% pour le S&P500, 10% pour le DJ Stoxx 600 et 11% pour l’Euro Stoxx pour 2008. Mais ces prévisions ont été amputées de 1.8% depuis fin Janvier en Europe et aggravées par la chute de la Livre de 2.4% sur le mois de Février. Si on retient la zone euro, les prévisions ont été amputées de 1.2% en 1 mois. Pour le S&P500, les prévisions ont été amputées de 1%. Si on extrapole ce rythme de révisions sur les 12 mois, on s’aperçoit qu’il restera du négatif en Europe et un petit positif aux US, qui ont l’habitude de purger plus vite les retournements de profits (voire les comparatifs des années 2001/2002). Cela dit, un investisseur aguerri n’a pas forcément peur d’une correction des profits de ce type, et il faut guetter le moment où on pense que toutes les mauvaises nouvelles sont sorties. Nous pensons que cela viendra des Etats-Unis ou de la Grande Bretagne plus rapidement qu’en Europe. 6 29/02/2008 La croissance mondiale revue à la baisse Les investisseurs attendent toujours le salut en provenance des pays émergents et de la Chine en tête. Mais si les cours de bourse font leur travail d’anticiper l’économie, la Chine, Hong Kong et l’Inde affichent les plus mauvaises performances en ce début d’année, après certes des performances stellaires en 2007. Le panel des économistes, sondés régulièrement par la société Consensus Macroeconomics sont également saisis par le doute. Notons d’abord la révision importante sur l’historique de la croissance mondiale en parité de pouvoir d’achat. En effet, la Chine et l’Inde ont vu leur contribution significativement réduite, alors que celle des Etats-Unis a été fortement revue à la hausse. Cela ne change pas les grandes tendances, mais les progressions à plus de 5% ont disparu du passé. 2007 a marqué une légère inflexion de la croissance mondiale, à cause des pays développés et s’établit maintenant à 4.7% contre 4.9% en 2006. Mais les dernières prévisions pour 2008 montrent un retrait de 0.8 point, en dessous du seuil des 4%. Prévisions d’un clair ralentissement de l’économie mondiale en 2008 World GDP growth at Purchasing Power Parity 8% 7% 6% 4.9% 4.9% 5% 4.7% 4.6% 4.4% 4.3% 4.1% 4% 3.9% 3.6% 3.3% 3.2% 3.5% 3.5% 3.2% 3% 2.5% 2.7% 2.5% 2.2% 1.8% 2% 1.9% 1.1% 1% 0% 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 E 2008 F Source: EIU/Consensus Macroeconomics/Factset Le ralentissement observé reste pour le moment imputable aux économies développées, qui tournent en rang serré autour de 2% que ce soit les Etats-Unis, l’Europe ou le Japon. Le Brésil et la Russie voient leurs prévisions de croissance revues à la hausse (merci les matières premières). Les contrats d’export du minerai de fer à partir du Brésil sont en hausse de 80% pour 2008… Pour le moment, on n’assiste pas à des révisions en Chine ou en Inde, juste une certaine stabilité à des niveaux respectables. Mais l’inflation dans ces deux pays est à un tel niveau, impactée par le poids des denrées alimentaires dans le panier de la ménagère, que ces gouvernements seront obligés d’intervenir tôt ou tard. Le ralentissement américain et européen ne suffira probablement pas à calmer les prix de l’énergie et des matières premières. 7 29/02/2008 Révisions de croissance en baisse dans les pays développés et bonne tenue des pays émergents 2007 GDP Forecasts and Revisions for main contries % GDP Growth 12 China 10 India 8 Russia 6 Brazil 4 Eurozone US 2 Japan 0 Aug/06 Sep/06 Oct/06 Nov/06 Dec/06 Jan/07 Feb/07 Mar/07 Apr/07 May/07 Jun/07 Jul/07 Aug/07 Sep/07 Oct/07 Nov/07 Dec/07 Source: Consensus Macroeconomics Valorisation des marchés La baisse « anormale » des taux longs créée par la fuite vers le refuge des emprunts d’état a fait baisser les taux à 3.67%, voire 3.5% vendredi dernier. Avec un dividende de 2% et une croissance des profits égale au PIB sur longue période (3% + 2% d’inflation), la rentabilité s’établit à 7% et laisse une prime de risque honorable. Notre modèle trouve un CAGR de 2.3% sur 8 ans comme croissance implicite des profits. Le scénario de profit à 0% en 2008 et 5% en 2009 donne un cours de 1722. Avec des taux à 4.5%, le marché vaut 1444 points. Nous gageons qu’il y a énormément de capitaux à l’affût d’une stabilisation de la situation pour rentrer massivement sur le marché. Une énorme Prime de Risque sur le marché américain S&P 500 Valuation 10 Years Gvt bonds CAGR Compounded Annual growth rate from 2007 3.25% 3.50% 3.67% 4.00% 4.50% Slowdown 2008-2009 Earnings to 0% and 5%. Normative 10% in 2010. CAGR = 5.73% 1 900 1 791 1 722 1 602 1 444 Implied Scénario CAGR 2.27% over 8 years 1 504 1 421 1 368 1 275 1 153 Consensus Scenario =12.9% in 2010 (CAGR 10.15% over 8 yrs) 2 601 2 451 2 355 2 189 1 969 Current Index Standard and Poors 1 368 Le constat est identique sur les marchés européens, qui jouissent d’un taux de dividende plus élevé et de multiples plus bas. L’Europe sera plus impactée en cas de ralentissement marqué des pays émergents. Un scénario à la « casse » d’une chute de 8 29/02/2008 30% des profits en 2008 (jamais vu dans le passé) suivi du consensus à 10% en 2009 donne un marché sous évalué de 7% ! Les profits à l’horizon 2015 ne retrouveraient même pas leur niveau de 2007. L’Europe très nettement sous évaluée DJ Stoxx 600 Valuation 10 Years Gvt bonds CAGR Compounded Annual growth rate from 2007 3.75% 4.00% 4.19% 4.50% 5.00% Slowdown 2008-2009 Earnings to -5% and -5%. Normative 10% in 2010. CAGR = 2.84% 453 430 414 390 356 Implied Scénario CAGR -1.76% over 8 years 351 335 323 306 282 Consensus Scenario =8.8% in 2010 (CAGR 5.87% over 8 yrs) 577 548 527 497 453 Current Index DJ Stoxx 600 323 En conclusion, nous vivons pour une fois une entrée en récession au ralenti avec tous les ingrédients qui sont en place. Cette fois -ci, ce n’est pas une bulle Internet qui éclate mais une bulle immobilière et financière qui a fait prendre aux banques les risques les plus fous afin d’assouvir la soif de plus en plus de milliards de profits, et qui a transformé certaines institutions financières en un vaste casino. Beaucoup y laisseront leur peau, comme c’est le cas de plusieurs prêteurs de subprimes aux Etats-Unis. L’encre à peine sèche sur les résultats 2007, les provisions pour risques continuent de plus belle en ce début 2008 et la contagion aux crédits autres que les subprimes est patente. Face à ce défi, la Fed a adopté une politique agressive de baisse des taux et le marché table maintenant sur un taux d’escompte de 2% lors de la réunion du mois d’avril, chiffre nettement en dessous de l’inflation qui rugit. Ceci rend difficile la tâche de la Fed et une vraie relance de la consommation qui pèserait encore plus sur les prix. Mais la baisse des taux est loin de se répercuter à l’économie réelle, les banques ne prêtant plus ni pour l’immobilier ni pour les entreprises. Mais la pentification de la courbe des taux permettra aux banques de reconstituer leurs profits avant de pouvoir prêter à nouveau. La baisse du $, aussi brutale qu’elle en a l’air aura au moins l’avantage de réorienter l’économie américaine vers l’export, et d’éponger les $ émis pendant 20 ans de déficit commercial ininterrompu. C’est un facteur de soutien pour le PIB pour les trimestres à venir. Mais si un particulier ou une entreprise peut aisément basculer vers l’Euro, il n’en va pas de même pour les Etats souverains dont les réserves regorgent de $ et qui ne peuvent pas les convertir. Ils n’auront pas d’autre choix pour se protéger que d’acheter des actifs réels américains, que ce soit de l’immobilier ou des entreprises. Cette tendance va s’accélérer tout au long de 2008 et permettra de trouver un plancher au prix des actifs comme les crédits hypothécaires. Le consensus des analystes de FactSet reste encore très optimiste pour la croissance des résultats 2008, la meilleure preuve étant les révisions permanentes à la baisse dans quasiment tous les secteurs sauf l’énergie. La croissance à deux chiffres attendue risque d’être proche de zéro aux Etats-Unis et négative en Europe si ce rythme de révisions devait se poursuivre. Notre modèle de prévision de la croissance mondiale montre une chute de 0.7 points de PIB, imputable uniquement aux pays développés. Le Brésil et la Russie échappent à cette tendance grâce à leur économie qui profite à fond des prix des matières premières. La Chine et l’Inde sont stables, mais leurs cours de bourse en forte baisse laissent craindre une inversion de tendance. Dans ce tableau relativement sombre, la bonne nouvelle est que toutes ces mauvaises nouvelles sont très largement dans les cours, et jamais la Prime de Risque sur les actions n’aura été aussi élevée. Une chute des profits de 30% en Europe en 2008, du jamais vu, montre que le marché serait encore sous évalué. A moins que nous ne vivions les derniers jours avant la fin du monde… 9 29/02/2008 Main ratios for markets and sectors as of 29/2/08 (in local currency) Capi Weight Perf Weighted Per % Wted EPS Chge 2 008 2007 2 008 2007 2 008 2 007 Net 07 2 006 Div Yield Revision vs M-3% Fiscal 08 Fiscal 07 DJGI 360.0% -7.8% 8.3% 12.9 x 14.9 x 15% 8% 19% 2.6% -1.0% S&P 500 (US) 127.4% -9.4% 3.4% 13.6 x 15.6 x 15% -2% 16% 2.1% -3.8% -3.2% DJ Euro Stoxx 50 32.7% -15.3% 6.7% 10.1 x 11.2 x 11% 4% 12% 4.2% -2.3% -5.0% DJ Euro Stoxx -2.5% 52.6% -14.0% 4.9% 10.7 x 11.9 x 11% 8% 14% 3.8% -2.5% -3.1% Nikkei 225 0.0% -10.9% -12.8% 14.9 x 15.9 x 7% 15% 14% 1.5% -3.7% -1.1% AEX (NL) 0.0% -13.4% 4.1% 9.6 x 10.5 x 9% 2% 7% 3.8% -3.2% -6.8% ATX (AT) 1.0% -14.2% 1.0% 10.6 x 11.4 x 8% 32% 1% 2.6% -2.6% -0.5% Bel 20 (BE) 0.0% -9.1% -6.0% 11.1 x 11.7 x 6% 1% 20% 4.0% -0.8% -2.1% CAC 40 (FR) 14.5% -14.7% 1.3% 10.5 x 11.9 x 13% -1% 8% 3.5% -3.5% -6.7% DAX Price (DE) 11.0% -16.6% 19.2% 10.7 x 11.8 x 10% 17% 23% 3.4% -3.4% -1.7% FTSE 100 (GB) 30.3% -8.9% 3.8% 11.1 x 11.8 x 7% 5% 12% 3.9% -0.8% -0.5% Ibex 35 (ES) 7.5% -13.3% 7.2% 11.2 x 12.3 x 10% 10% 24% 4.0% -0.9% -1.2% OMXC20 (DK) 2.0% -7.0% 5.8% 12.7 x 14.8 x 16% 11% 3% 1.8% 0.6% -4.9% Mib 30 (IT) 8.3% -12.4% -6.6% 10.3 x 11.7 x 14% 3% 11% 5.2% -0.7% 0.1% OBX (NO) 1.6% -12.8% 17.6% 11.5 x 12.4 x 8% -1% 37% 3.9% -3.0% 3.3% OMXS30 (SE) 4.2% -10.7% -5.7% 11.1 x 11.4 x 3% 1% 32% 4.8% -5.0% 0.4% OMXH25 (FI) 1.4% -7.9% 3.7% 12.6 x 10.7 x -15% 42% 31% 5.1% -2.2% 29.9% PSI 20 (PT) 0.5% -15.9% 16.3% 14.9 x 14.3 x -4% -1% 14% 4.0% -7.4% -3.6% SMI (CH) 9.2% -11.2% -3.5% 12.2 x 15.6 x 29% -15% 28% 3.0% -5.4% -7.2% 100.0% -12.5% -0.2% 11.0 x 12.1 x 10% 1% 16% 3.8% -3.3% -2.4% 72.9% -11.4% 7.3% 12.6 x 13.8 x 10% 5% 13% 3.2% -2.1% -0.6% 2.7% -15.7% 24.4% 9.0 x 10.9 x 21% 21% 10% 3.1% -4.7% -3.2% 17.5% -17.0% -16.9% 8.1 x 9.4 x 17% -11% 16% 5.5% -7.0% -10.4% -2.2% DJ Stoxx 600 600 ex financials Automobiles Banks Basic Resources 5.5% 0.9% 28.0% 12.2 x 13.1 x 8% 2% 42% 1.9% -4.1% Chemicals 3.3% -10.2% 25.7% 13.1 x 14.2 x 8% 22% 10% 2.6% 1.6% 1.7% Construction 2.6% -11.0% -1.4% 11.0 x 11.5 x 5% 14% 29% 3.2% -1.5% 2.7% Financial Service 3.0% -11.5% -12.7% 13.1 x 14.2 x 8% -17% 59% 3.1% -3.3% -4.7% Food & Beverage 6.0% -9.5% 10.9% 16.1 x 17.5 x 9% 7% 7% 2.6% -1.2% -0.9% Healthcare 7.4% -9.8% -10.9% 13.3 x 14.2 x 6% 2% 14% 3.1% -2.5% -0.3% Industrial G&S 8.2% -12.1% 9.5% 12.8 x 14.8 x 16% 16% 21% 2.8% -2.9% -0.1% Insurance 6.5% -13.1% -12.0% 7.5 x 7.2 x -4% 11% 24% 5.0% -2.7% 5.5% Media 2.4% -14.8% -5.9% 12.4 x 13.5 x 9% 3% 8% 4.1% -3.2% 0.0% Oil & Gas 9.2% -11.2% 7.3% 10.0 x 11.0 x 10% -9% 3% 3.8% 0.9% -2.7% Personal & Household Goods 3.9% -13.2% 6.0% 14.5 x 15.3 x 6% 7% 11% 2.8% -2.6% -0.7% Retail 3.0% -15.9% -1.3% 13.6 x 14.9 x 9% 7% 12% 3.1% -5.2% 0.0% Technology 3.4% -13.1% -1.1% 14.8 x 17.0 x 15% 5% 9% 2.1% -6.3% -1.9% Telecom 6.8% -14.3% 14.6% 12.6 x 13.3 x 5% 4% 12% 5.1% -1.3% 2.4% Travel & Leisure 1.4% -15.9% -16.5% 11.3 x 11.7 x 4% 27% 3% 3.5% -6.5% 0.2% Utilities 7.3% -12.5% 17.9% 14.7 x 16.1 x 10% 5% 23% 3.7% -1.9% -1.0% 10 3/5/2008 Disclaimer We do not warrant, endorse or guarantee the completeness, accuracy, integrity, or timeliness of the information provided in this publication. 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