Le programme d`intervention rapide et intensive "IRI" au Centre

Transcription

Le programme d`intervention rapide et intensive "IRI" au Centre
Le programme d’intervention
rapide et intensive "IRI"
au Centre jeunesse de Montréal –
Institut universitaire :
une redéfinition
Josette Laframboise
Coordination du développement des programmes, de l’enseignement et de la recherche
du Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire
Janvier 2003
Dépôt légal
Bibliothèque nationale du Québec, 2003
Bibliothèque nationale du Canada, 2003
ISBN : 2 – 89218 – 148 - 8
© Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire, 2003
Tous droits réservés
Distribué par la bibliothèque du Centre jeunesse de Montréal
Téléphone : (514) 896-3396; Télécopieur : (514) 896-3483
Courriel : [email protected]
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos …………………………………………………………………………..…ii
Sommaire …………..……………………………………………………………………..v
Introduction .…………………………………………………….…….……………….....1
Les fondements théoriques du programme IRI ……………….……..………………..….4
Le programme IRI dans le Centre jeunesse de Montréal ..…………..……………….…18
La clientèle du programme IRI ...…………………....………………………………..…23
Les objectifs du programme et la nature des services donnés : une correspondance ?….29
L’avant et l’après de l’intervention IRI ………………..………………………………..34
Les ressources humaines ..……………………….………………………………………39
Le programme IRI, aujourd’hui et demain………………..….………………….………47
Recommandations du Comité de suivi de la révision du programme IRI ……………....52
Bibliographie……………………..…..……..…………………………………………....59
i
AVANT-PROPOS
Un grand nombre de personnes ont été, à un moment ou l’autre, impliquées dans la
démarche de révision du programme IRI :
v Gestionnaires responsables de la coordination de la révision du programme
Serge Bisaillon, avril à fin septembre 2001
Lucie Delorme, à partir d’octobre 2001
v Conseillère responsable des travaux liés à la révision du programme
Josette Laframboise, Conseillère en planification et évaluation des programmes
v Comité opérationnel (avril à fin septembre 2001)
Serge Bisaillon, alors Coordonnateur du Territoire 1, responsable du comité
Danielle Veillette, Chef de service soutien T1
Gaëtan Paquette, Chef de service soutien T2
Benoît Martimbault, chef de service soutien T3
Marcel Héroux, Chef de service soutien T4
Jacques Dubé, chef de service soutien T5
Roger Germain, chef de service soutien T6
Claude Lafond, chef de service soutien T7
v Comité de suivi (à partir d’octobre 2001)
Lucie Delorme, alors Coordonnatrice assignée à la DRD, responsable du comité
Serge Bisaillon, alors Coordonnateur du Territoire 1
Michel Malenfant, Chef de service Accès (T1-T4)
Raymond Labelle, Adjoint au DPJ
Serge Descôteaux, Chef de service Accueil DPJ
Roger Germain, Chef de service soutien T6 (jusqu’au 3 novembre 2002)
Gaëtan Paquette, Adjoint au Directeur du Territoire Sud-Est (depuis avril 2002)
Claude Hamel, Adjoint au Directeur du Territoire Nord-Ouest (depuis avril 2002)
Mario Cyr, Chef de service, Équipe de réadaptation externe, Territoire Nord-Ouest
(depuis le 3 novembre 2002)
André Sauvé, Chef de service, Équipe de réadaptation externe, Territoire Sud-Est
(depuis le 3 novembre 2002)
Jean-François Renaud, Coordonnateur professionnel au programme IRI
Josette Laframboise, Conseillère en planification et évaluation des programmes,
DSPR
ii
v Participants aux groupes de consultation
GROUPE I
GROUPE II
Animation : Michel Malenfant
Co-animation : Jean-François Renaud
Rédaction : Josette Laframboise
25 septembre 2002
Animation : Claude Hamel
Co-animation : Jean-François Renaud
Rédactionr : Josette Laframboise
18 septembre 2002
Jacques Dubé – Chef serv. Soutien T5
Chantal Gariépy – CLSC de Verdun
Johanne Dancause – IRI T7
Richard Longval – IRI T5
Robert d’Aragon – IRI Accueil-DPJ
Pierre Demers – CLSC de Verdun
Marie Alary – IRI T1
Réal Généreux – Accès T1-T4
Hughes Bergeron – CLSC de Rosemont
Danielle Gaudreau – IRI T3
Martin Stockmayer – IRI T5
Nourredine Razik – IRI Accueil-DPJ
Robert-Antoine Gingras – IRI T3
Suzanne Poirier – Accès Ouest
Mario Cyr – Chef de service – T6
Jean-Claude Jeanson – IRI T6
Robert D’Aragon – IRI Accueil-DPJ
Johanne Tousignant – Révision & Int.-terrain
Sylvie Piché – Accueil DPJ
Nicole Désilets - Accueil DPJ & Vér. Compl.
Pierre Clermont - IRI T5
Diane Rose - CLSC de Rosemont
Julie Racine - IRI Accueil-DPJ
GROUPE III
GROUPE IV
Animation : Gaëtan Paquette
Co-animation : Jean-François Renaud
Rédaction : Josette Laframboise
17 septembre 2002
Animaion : Lucie Delorme
Co-animation : Jean-François Renaud
Rédaction : Josette Laframboise
23 septembre 2002
Roland Desmarais – Chef de service T5
Alain Turner – Chef de service E/O Nord
Johanne Archambault – Coordonn. Support
Lise Bouchard – Conseillère Formation
André Sauvé – Chef de service T2
Alain Lavallée – IRI T2
Éric Quevillon – Éducateur T2
Roger Germain – Chef serv. Soutien T6
Robert d’Aragon – IRI Accueil-DPJ
Claude Lafond – Chef serv. Soutien T7
Claude Boucher – IRI T7
Gaétan Manseau – Accès T1-T4
François Lamy - CLSC de Montréal-Nord
Roger Germain – Chef serv. Soutien T6
Michel Doray – Cons.-cadre au Partenariat
Jean-Paul Cyr – Accès Nord
Nathalie Lamothe – DPJ E/O Ouest
Jacques Adam – Chef serv. Soutien T4
Danielle Veillette – Chef serv. Soutien T1
Josée Laurendeau – ARH T2
Sylvie Giard – CLSC Mercier Est/Anjou
Robert d’Aragon – IRI Accueil-DPJ
iii
v Préparation de la base de données pour le traitement avec SPSS (Statistical
Package for the Social Sciences)
Donald Morrisson, Agent de recherche, IRDS
v Assistance documentaire
Jeanne Bazinet, bibliothécaire
Hélène Neilson, bibliothécaire
Suzanne Payeur, bibliotechnicienne
-------------
iv
SOMMAIRE
Mandat
Réviser les grandes composantes du programme IRI, tout en y intégrant le fondement
théorique qui sous-tend ce type d’intervention.
Nature du programme
Le programme IRI : un programme d’intervention de crise rapide, intensive et de courte
durée, mis sur pied en septembre 1997 dans les Centres jeunesse de Montréal afin d’aider
des familles aux prises avec une situation de crise ou d’urgence pouvant mener au retrait
d’un enfant de sa famille. Il s’inspire du modèle Homebuilders, élaboré aux Etats-Unis
dans les années ’70, qui a donné naissance à divers autres programmes d’intervention de
crise, tel le Programme de Préservation de la famille.
Méthode de travail
Stratégies utilisées pour réaliser ce mandat :
⇒ Une recension d’écrits récents sur des programmes analogues au programme IRI aux
Etats-Unis et au Canada.
⇒ Une analyse des données disponibles sur le programme IRI, notamment celles
recueillies au cours d’une période de trois mois – avril à juillet 2002 – suivant l’ajout,
aux équipes IRI dans les territoires du CJM, d’une équipe IRI à l’Accueil-DPJ.
⇒ L’organisation de sessions de consultation avec quatre groupes d’intervenants et
gestionnaires du CJM et de quelques CLSC. Une rencontre ultérieure de validation
des recommandations avec des représentants de ces groupes.
⇒ La préparation, par le Comité de suivi de la révision du programme, d’une série de
recommandations quant à la forme que devrait prendre le programme IRI dans
l’avenir.
1.
La littérature en bref
✟
Les principaux fondements théoriques : le concept de crise dans une famille et
la prévention du placement de l’enfant. L’objectif d’une intervention de crise
de cette nature est d’aider la famille à faire face à une situation stressante, à
laquelle elle est incapable de trouver par elle-même des façons appropriées de
réagir et qui implique pour un (ou des) enfant(s) un risque imminent de
rupture du milieu familial qu’il s’agit de prévenir, lorsqu’indiqué.
✟
Quelques résultats atteints dans des programmes intensifs de préservation de
la famille, aux Etats-Unis :
v
§
§
§
2.
la prévention du placement dans une proportion significative de cas,
qui va toutefois en décroissant au cours des mois suivant la fin de
l’intervention, et dont le pourcentage se révèle moins important dans
les recherches utilisant des groupes contrôle;
une durée de placement moins longue et le recours à un mode
d’encadrement plus souple (e.g. famille d’accueil plutôt que centre de
réadaptation) pour les enfants des groupes expérimentaux qui ont
néanmoins dû être placés, comparativement à l’expérience de ceux des
groupes témoin qui ont connu une mesure analogue;
des améliorations dans le fonctionnement des familles soumises à un
programme d’intervention intensive par rapport, notamment, au soin
des enfants, aux habiletés ménagères, aux techniques de discipline des
enfants, aux relations intra-familiales, à la disponibilité d’un réseau de
soutien adéquat pour les parents, etc.
Quelques données sur le programme IRI dans le CJM
Au cours d’une période de 3 1/2 ans,
le programme IRI a desservi 2700 familles
Un coup d’œil sur le programme entre le 1er avril et le 30 juin 2002
✟
285 familles ont reçu des services IRI …
§ 1/3, de la part de l’équipe IRI-Accueil DPJ
§ 2/3, de la part des équipes IRI-Territoires.
✟
Les jeunes impliqués
Garçons : 48,1%
Filles : 51,9%
✟
0-5 ans = 4,6%
6-11 ans = 26,6%
12-17 ans = 68,8%
Âge moyen : 12,3 ans
Âge médian : 13,0 ans
Heure d’arrivée :
9-17 hres. dans la semaine :
82,3%
Soirs ou fins de semaine :
17,7%
Contexte légal :
LSSSS : 61,8%
LPJ : 37,9%
La demande de service
Provenance :
E/O : 38,9%
CLSC et CH : 23,3%
Urgence sociale : 20,1%
RTS : 13,8%
Autres: 3,9%
vi
✟ L’intervention IRI a été …
§
§
§
§
§
rapide : dans près de 50% des cas, la famille a été rejointe
en moins d’une heure ; 4 heures après la demande, 70%
l’avaient été;
intensive : l’intervenant a consacré en moyenne un peu
plus de 9 heures à chaque famille – au cours de 5,2 visites
à domicile, 1,8 entrevues au bureau et 8,1 téléphones –
pendant une période d’environ 3,5 semaines;
souple : les intervenants ont été disponibles aux familles
le soir et les fins de semaine.
effectuée surtout à domicile : les entrevues à la maison
impliquaient généralement tous les membres de la
famille.
de durée limitée : en moyenne, 24,5 jours/famille.
✟ Suites de l’intervention
Un placement d’urgence a été évité dans 96,8% des cas
Hébergement dans un autre
milieu :
Foyer de groupe : 2,5%
Campus : 2,8%
Famille d’accueil : 2,1%
Réseau familial élargi : 2,5%
3.
Orientation vers des services
internes :
Éducateur externe : 7,7%
É/O : 5,6%
Prise en charge : 2,5%
Orientation vers des services
externes :
CLSC : 16,8%
CH : 1,4%
Org. comm. : 2,1%
Autre CJ : 0,4%
Les sessions de consultation : principaux constats
3.1
La clientèle du programme IRI
§
§
Les participants estiment qu’en général, l’intervention IRI s’adresse
actuellement aux clientèles pouvant tirer le meilleur profit de ce
programme. Ils déplorent toutefois, à l’occasion, le recours trop rapide à
ce programme de la part de quelques intervenants de l’extérieur ou de
l’interne, qui devraient d’abord mieux en évaluer la pertinence, surtout
dans des cas connus.
Certains segments de la clientèle devraient parfois être plutôt dirigés
vers d’autres types de services, le programme IRI ne devant pas être
utilisé pour pallier au manque de disponibilité des ressources.
§
vii
§
3.2
Les services donnés dans le cadre du programme
§
§
§
3.3
La nature des services demandés du programme IRI correspond dans
l’ensemble à sa raison d’être initiale.
Les modes d’intervention présentement utilisés respectent en général les
critères de rapidité, intensité, lieu et durée de l’intervention IRI.
Certaines contraintes influencent quelquefois les modes d’action – e.g.
certains cas gardés trop longtemps dans le programme IRI en raison des
délais encourus pour obtenir les services réguliers nécessaires à la
poursuite de l’intervention auprès de la famille.
L’avant et l’après de l’intervention IRI
§
§
§
§
3.4
On s’oppose toutefois à l’exclusion systématique de certains cas ou à
l’installation d’un automatisme dans la référence, soit à IRI, soit à
d’autres services. L’Accès a un rôle important à jouer à ce niveau.
L’accès aux services du programme IRI est généralement aisé pour les
intervenants et/ou organismes qui en font la demande.
Le protocole de collaboration CJM-CLSC favorise dans plusieurs cas le
partage des expertises et le travail conjoint.
Une réponse rapide à une demande de référence aux partenaires internes
et externes, suite à l’intervention IRI, est souvent difficile à obtenir.
Cependant, des ententes particulières avec certains CLSC ont amélioré
la situation à cet égard.
Les délais encourus pour la prise en charge ultérieure de certaines
familles, au CJM, ont un impact négatif sur la motivation des clients et
le succès éventuel des efforts thérapeutiques amorcés lors de
l’intervention de crise.
Les ressources humaines
§
§
§
Les intervenants du programme IRI sont tous des éducateurs, dont la
plupart proviennent de l’Adolescence (tel était le cas avant le 3-11-02).
En plus de la formation de base et de l’expérience acquise en cours
d’emploi, l’intervenant IRI doit pouvoir bénéficier d’une formation
complémentaire – notamment, sur l’intervention de crise, le contexte
légal de la DPJ, les techniques de résolution de problème, l’intervention
en contexte multiethnique, etc.
Une supervision clinique souple et adaptée au contexte souvent difficile
de l’intervention IRI est essentielle au soutien de l’intervenant et à une
véritable intégration du modèle d’intervention retenu.
viii
4.
Recommandations du Comité de suivi de la révision du programme IRI
4.1
Considérations préalables
Depuis le 3 novembre 2002, le programme IRI comprend trois volets où des jeunes et leur
famille peuvent vivre des crises :
✟
IRI-Accueil DPJ - clientèle-cible :
§
§
jeunes 6-17 ans signalés à la DPJ re : articles 38H et 38 1b – cas
non connus ou inactifs.
(exceptionnellement) jeunes desservis dans leur milieu ou placés
en milieu familial (service demandé en-dehors des heures
régulières).
✟
IRI-Territoire – clientèle-cible : tous les jeunes 0-17 ans référés par un CLSC ou un
CH (LSSSS), ou par l’Évaluation/Orientation (LPJ).
✟
IRI-Cas actifs – clientèle-cible : jeunes 12-17 ans en milieu naturel ou d’accueil, et
recevant des services par les équipes intégrées du CJM.
4.2
Recommandations au sujet de …
A. La problématique en cause et la clientèle visée par le programme :
1.
Que, tel qu’initialement défini, le programme IRI s’adresse aux familles vivant une
situation d’urgence ou de crise, lorsqu’il y a imminence de placement du jeune.
2.
Que le programme IRI soit exclusivement utilisé pour la clientèle pour laquelle il a été
mis en place.
B. Les objectifs du programme IRI :
1.
Que soient maintenus les objectifs actuels du programme IRI :
§
§
§
2.
Dénouer la crise dans la famille;
Prévenir, si indiqué, le placement du jeune;
À IRI-Accueil DPJ : Contribuer à éviter que le DPJ ne retienne
inutilement un signalement lorsque, suite à l’intervention IRI, l’on
reconnaît que la situation du jeune ne le commande pas.
Lorsque, dans le cadre d’une intervention IRI, le retrait de l’enfant de sa famille doit
néanmoins avoir lieu : que, dans un souci de continuité, l’intervenant IRI voie lui-
ix
même à préparer, ou contribue à l’action de l’intervenant responsable visant à préparer le
jeune et sa famille au placement ou au déplacement qui doit être effectué en contexte
d’urgence ou de crise.
C. Les modes d’intervention :
1.
Que l’on s’assure, grâce à la formation et à l’encadrement clinique, que l’action des
intervenants IRI reflète le modèle choisi d’intervention de crise.
2.
Que l’organisation du travail témoigne d’un souci constant de mettre en vigueur les
principes de base du programme IRI et les modalités d’opération s’y rattachant.
D. L’accès aux services
1.
Que les modalités d’accès soient modulées de façon différente selon le volet du
programme IRI :
§
§
§
IRI-Accueil DPJ : accès direct par intervenants RTS-US selon le
protocole en vigueur.
IRI-Territoire : annulation du protocole IRI-E/O-Accès, tout en
maintenant la première intervention conjointe IRI-E/O après
concertation avec conseiller à l’Accès; lors d’une référence d’un CLSC
ou d’un service territorial du CJM au volet IRI-Cas actifs, évaluation
préalable de la demande et engagement des services par un conseiller à
l’Accès.
IRI-Cas actifs : L’Accès fait l’évaluation de la demande et engage les
services.
E. Les suites de l’intervention IRI
1.
Que les directions territoriales s’assurent périodiquement que le mandat du programme
IRI, son champ d’action, ses modes d’intervention tout autant que sa capacité d’accueil
soient connus de ses partenaires externes (CLSC, CH) et internes (autres équipes
territoriales, équipes DPJ).
2.
Que soit appliqué le guide de collaboration CLSC-CJM en matière de référence.
3.
Que, dans le cas où un transfert à un service du CJM (service territorial ou autre) est
nécessaire à la fin de l’intervention IRI, l’Accès et les dispensateurs de services
s’assurent d’une réponse prioritaire à cette demande.
4.
Que, dans les cas où l’intervention IRI se termine par une référence (interne ou
externe), les chefs de service s’assurent que soit respecté un processus de transfert
personnalisé.
x
5.
Que le Comité de gestion matricielle des services de réadaptation externe (programme
IRI) étudie la pertinence et la faisabilité d’inclure dans le programme IRI des activités
de follow-up, effectuées par l’intervenant IRI après la conclusion de l’intervention.
F. La formation et l’encadrement clinique des intervenants IRI
1.
Que, pour instaurer chez l’ensemble des intervenants IRI une pensée commune en
regard de l’intervention en situation de crise, on formalise l’approche théorique
privilégiée dans l’intervention IRI (modèle systémique et intervention brève
stratégique).
2.
Que tous les intervenants assignés au programme IRI reçoivent au préalable une
formation spécifique.
3.
De concert avec la Direction des ressources humaines (secteur Formation), que l’on
développe un profil de compétences attendues pour l’intervention IRI, ainsi qu’un
programme de formation continue.
4.
Que la supervision professionnelle vise à assurer une harmonisation des pratiques
cliniques dans la poursuite des objectifs du programme. Qu’à cet égard, le mandat du
coordonnateur professionnel s’étende à tous les intervenants du programme IRI, quel
que soit le volet dans lequel ils opèrent.
5.
Que les intervenants puissent aisément avoir accès, au besoin, à une personne
responsable de leur fournir le soutien nécessaire dans les décisions que leur pratique les
amène à devoir prendre.
G. Le modèle organisationnel
1.
Que l’on reconnaisse la spécificité des trois volets du programme IRI et qu’on assigne
à ces volets des intervenants dédiés.
2.
Que l’on maintienne la proximité physique des intervenants dédiés au volet IRIAccueil DPJ avec les intervenants US et RTS.
3.
Que l’on identifie des moyens visant à assurer une compréhension mutuelle des
mandats et rôles entre les intervenants IRI, les intervenants DPJ – Accueil et
Évaluation/Orientation – et les conseillers à l’Accès.
4.
Que l’on recherche avec la DRH des moyens de disposer de ressources humaines
préparées à assumer, en tout temps, l’intervention en situation de crise.
xi
H. Recommandations générales
1.
Que l’on prenne les moyens de planifier dès maintenant une évaluation de
l’implantation du programme IRI révisé – et éventuellement, une évaluation de ses
effets sur la clientèle.
2.
Que le groupe de gestion matricielle des services de réadaptation externe (programme
IRI) assume la responsabilité de préparer un plan pour la mise en œuvre de ces
propositions et d’en coordonner l’actualisation, en collaboration avec les intervenants.
xii
INTRODUCTION
Origine du mandat
Le programme d’intervention rapide et intensive (IRI) a été mis sur pied en septembre
1997 dans les Centres jeunesse de Montréal afin d’aider des familles à résoudre certaines
situations de crise ou d’urgence vécues avec leur enfant. Grâce à une action immédiate
dans le milieu du jeune, on cherche à épauler la famille pour résorber la crise et diminuer,
le cas échéant, le recours à un retrait du jeune de son milieu familial, ou du moins, éviter
un placement en urgence.
Le programme IRI a fait l’objet de bilans à différents moments de son existence. En
novembre 1999, un examen plus exhaustif donnait lieu à un certain nombre de
recommandations à la direction générale en vue d’améliorer la prestation de ces services.
En 2001, le comité opérationnel du programme IRI – composé des chefs de service soutien
responsables des intervenants IRI dans leurs territoires respectifs – a discuté de la
pertinence que soit menée, avec l’aide d’un membre de la Coordination des activités de
l’Institut universitaire, une révision des grandes composantes de ce programme en vue
d’une réécriture tenant compte des paramètres du Cadre de référence pour le
développement et l’évaluation des programmes aux Centres jeunesse de Montréal
(Paquette et Chagnon, 2000), «afin d’y intégrer tout le fondement théorique qui sous-tend
ce type d’intervention et, s’il y a lieu, d’y apporter les compléments et correctifs
nécessaires».
Une demande en ce sens a donc été acheminée à la Coordination des activités de l’Institut
universitaire (Direction de la recherche et du développement (DRD) par le coordonnateur
du Territoire 1, qui assumait à ce moment la responsabilité globale de ce programme pour
la Direction des Services à la jeunesse. Un plan de travail a alors été élaboré et soumis en
avril aux membres du Comité opérationnel, qui se sont dit en accord avec les étapes
proposées pour la réalisation de cette révision.
Afin de préciser en premier lieu le cadre théorique sur lequel s’appuient les interventions
du programme IRI, une recension des écrits a été amorcée sur-le-champ. Cependant, les
divers changements organisationnels qui se sont produits dans les mois qui ont suivi ont eu
un certain impact sur l’évolution prévue des travaux subséquents.
En octobre, une coordonnatrice assignée depuis peu à la Direction de la recherche et du
développement s’est vu confier un mandat relatif au fonctionnement de divers programmes
à la porte d’entrée en Protection de la jeunesse - soit IRI, la Vérification complémentaire et
l’Intervention-terrain. Ce mandat était ainsi explicité : «Dans le plan d’action 2001-2004
du Centre jeunesse de Montréal, dans une visée d’améliorer l’intensité et la continuité des
1
services, l’une des actions privilégiées porte sur la nécessité de s’assurer d’une
intervention intensive et concertée dans les situations d’urgence et de crise. L’enjeu sousjacent consiste ici à s’attaquer au surnombre persistant dans les ressources d’hébergement
de tout ordre, surnombre que le placement en urgence contribue à maintenir»1.
Diverses stratégies à court et moyen terme ont alors été proposées au Comité de direction
et retenues : «la mise en place de deux protocoles de référence et de suivi concertés DPJDSJ; l’affectation d’intervenants IRI dédiés à l’application du protocole IRI-Accueil-DPJ
et leur localisation au 1001 de Maisonneuve; l’engagement d’un coordonnateur
professionnel au programme IRI; la mise sur pied d’un comité conjoint Accès-DPJ-DSJ
sous la responsabilité de la DRD»2. La révision amorcée du programme IRI et celle qui
devait être entreprise pour les programmes de Vérification complémentaire et
d’Intervention-terrain à la Direction de la Protection de la jeunesse ont alors été inscrites à
l’intérieur de ce mandat global. Un Comité de suivi a été mis sur pied pour accompagner
les étapes d’implantation des diverses stratégies, y compris la révision d’ensemble du
programme IRI.
Méthode de travail
Un programme est essentiellement développé à partir de deux pôles : 1) un cadre théorique
élaboré à partir d’une recension d’écrits portant sur la nature, les causes et les
conséquences du problème que l’on cherche à traiter, sur les besoins de la clientèle touchée
ainsi que sur divers types d’intervention expérimentés auprès de ce type de clientèle; 2) un
regard critique porté sur la situation existante dans l’établissement qui a jugé de la
pertinence de développer un programme particulier en réponse aux besoins spécifiques de
cette clientèle.
Dans le cadre de la révision du programme IRI, il était essentiel de préciser le cadre
théorique et vérifier sa pertinence actuelle à la lumière de travaux relativement récents. La
première démarche a donc consisté à examiner dans la littérature, tant aux États-Unis qu’au
Canada, les écrits portant sur les divers paramètres constitutifs d’un programme,
notamment ceux à considérer dans un programme tel qu’IRI3. Une attention particulière a
été portée aux implications, pour la révision de ce type d’intervention, des résultats de
l’évaluation de programmes et projets analogues expérimentés dans d’autres milieux.
En second lieu, nous avons examiné les données recueillies sur l’application du
programme IRI dans le CJM. Les questions que nous nous posions étaient de divers ordres
– par exemple, combien de familles ont-elles été desservies depuis l’implantation du
programme IRI ? Les caractéristiques actuelles des services sont-elles ou non conformes à
1
Delorme, L. Document de travail, le 6 novembre 2001, p. 3.
Idem, p. 2.
3
Les banques de données bibliographiques consultées ont été les suivantes : PsycINFO, Social Work
Abstracts, Social Work Abstracts +, Sociological Abstracts, Dissertations, BADADUQ, ainsi que la
bibliothèque du CJM.
2
2
celles d’un programme de cette nature ? Le mode actuel d’organisation de ces services
correspond-il au modèle le plus efficace en regard des buts visés ? Les intervenants ont-ils
tous reçu la formation nécessaire? Sont-ils encadrés et soutenus d’une façon qui leur
permette de rendre les services les plus adéquats à la clientèle ?
Afin de compléter et enrichir la vision de la réalité du programme IRI, telle qu’elle nous
apparaissait à travers les données disponibles sur son application dans l’organisation, nous
avons ensuite réuni quatre groupes de consultation sur les thèmes suivants : I. La clientèle
du programme; II. Les services donnés dans le cadre de ce programme; III. L’avant et
l’après de l’intervention IRI; et IV. Les ressources humaines affectées au programme IRI.
Les membres du Comité de suivi ont pris une part active à la constitution et à l’animation
de ces groupes. Les participants ont reçu au préalable un document-synthèse leur
permettant, non seulement de connaître les questions à débattre quant au thème spécifique
sur lequel ils étaient consultés, mais aussi d’obtenir une perspective d’ensemble sur les
enjeux de la démarche.
Une cinquantaine d’intervenants, gestionnaires et conseillers, parmi lesquels on comptait
quelques représentants de CLSC ayant déjà fait appel au programme IRI, ont ainsi
participé, en septembre dernier, à la redéfinition de ce programme en partageant avec nous
les réflexions et suggestions issues de leur expérience, directe ou indirecte, de ses activités.
Un certain nombre d’entre eux ont par la suite participé à un groupe de validation des
recommandations du Comité de suivi de la révision du programme IRI.
Le rapport qui suit présente une synthèse des différentes perspectives à partir desquelles
nous avons ainsi pu jeter un regard critique sur le programme actuel d’Intervention rapide
et intensive au Centre jeunesse de Montréal. Au terme de cette démarche, le Comité de
suivi formule un certain nombre de recommandations quant à la forme que devrait prendre
le «nouveau» programme IRI, compte tenu de l’apport spécifique d’autres programmes qui
lui sont apparentés (e.g. Intervention-terrain, Vérifications complémentaires), afin de
mieux répondre aux situations d’urgence et de crise susceptibles d’apparaître, à un moment
ou l’autre, dans les familles qui font présentement appel aux services des CJM et le feront
aussi dans les années à venir.
3
LES FONDEMENTS THÉORIQUES DU PROGRAMME
IRI
Bref rappel historique
Le programme d’Intervention Rapide et Intensive (IRI) au Centre jeunesse de Montréal
(CJM) a été développé à partir d’un modèle d’intervention de crise mis sur pied aux EtatsUnis dans les années ’70, le programme Homebuilders (Kinney & al., 1977; Kinney & al.,
1990) : dans ce programme, l’intervention est rapide, intensive et de courte durée; elle se
fait la plupart du temps à domicile et implique tous les membres de la famille. La crise est
vue, non seulement comme une souffrance collective à soulager, mais comme une
opportunité de mobiliser les membres de la famille au changement. Plutôt que de se centrer
sur les faiblesses des individus, ce modèle s’appuie sur une reconnaissance des forces dans
la famille, forces que l’intervenant ira chercher pour amener la famille à résoudre le
problème autrement qu’en recourant au placement d’un (des) enfants(s). Au besoin, il lui
procurera des services concrets; il la référera aux programmes réguliers de l’agence; il
pourra également la mettre en contact avec divers organismes de la collectivité en mesure
de lui fournir par la suite le soutien requis, créant ainsi un filet de sécurité autour d’une
famille demeurant vulnérable.
Le programme Homebuilders a inspiré la création de divers autres programmes de soutien
intensif à la famille (notamment, les programmes de Préservation de la famille) dans
diverses régions de ce pays ainsi qu’au Canada.
À Montréal, à partir des années ’80, des expérimentations ont été menées dans quelques
centres de réadaptation pour jeunes en difficulté, afin de fournir aux familles aux prises
avec une crise des services rapides et soutenus, visant à les aider à la résorber tout en
évitant que l’urgence d’intervenir ne se traduise par le retrait précipité du jeune de son
milieu familial – par exemple, les Services d’intervention dans le milieu (S.I.M.) du centre
La Clairière (Puskas, 1989); La crise apprivoisée, du centre Marie-Vincent, en
collaboration avec la DPJ (Carignan & Lajoie, 1991; Renaud & al., 1994; Renaud, 1996);
le projet PRIME (PRojet d’Intervention Massive à l’Enfance) (Généreux & al., 1994;
Dagenais, 1994; Tourigny & al., 1995; Dagenais & Turner, 1997; Dagenais & al., 199899; Dagenais & Bégin, 1999; Dagenais & al., 2000).
Enfin, en septembre 1997 a été mis sur pied le programme IRI – un programme
d’Intervention Rapide et Intensive, dont les paramètres tenaient compte, non seulement du
modèle initial Homebuilders, mais des enseignements de la pratique résultant des diverses
expériences d’intervention de crise et d’urgence dans le CJM.
4
Les principales orientations théoriques des programmes intensifs
de soutien à la famille
Un examen de la littérature sur ce type de programmes tel qu’implantés aux Etats-Unis
révèle qu’en général, le contexte théorique n’est pas explicite; en outre, la recherche à ce
sujet n’est pas fondée sur la théorie. C’est la conclusion à laquelle en arrive Ello (1998) au
terme d’une méta-analyse sur l’effet des services de Préservation de la famille (dérivés du
programme Homebuilders) sur le placement des enfants hors de leur milieu familial.
L’auteur décèle toutefois certaines orientations conceptuelles associées à ce type de
programmes :
•
L’intervention de crise : le concept de crise a été développé par Lindemann en 1944 et
repris plus tard par Parad et Caplan (1960). Ces derniers ont observé que la crise dans
une famille suit les mêmes étapes qu’une crise au plan individuel; de plus, quand une
famille est en crise, elle serait plus réceptive à une intervention clinique. Dans le cas
des programmes de Préservation de la famille, la crise serait l’imminence du placement
d’un enfant en-dehors de sa famille.
•
Le système familial : la famille est vue comme un système à l’intérieur du système
plus grand de la collectivité. Le clinicien travaille à des changements systémiques qui
amélioreront le fonctionnement de la famille (Morton & Grigsby, 1993).
•
L’apprentissage social : cette théorie soutient que les influences environnementales
contrôlent le comportement d’apprentissage. Les phases d’apprentissage social sont les
suivantes : être exposé au comportement des autres; acquérir ce qui a été observé;
accepter pour soi-même ce modèle de comportement. Le thérapeute enseigne, modèle
et récompense les comportements positifs chez la famille, ce qui améliore le
fonctionnement de cette dernière.
•
L’écologie : cette théorie soutient que l’individu et la famille ne peuvent être compris
que dans le cadre de leur environnement. Dans les programmes de Préservation de la
famille, on donne donc des services en portant attention aux besoins psychologiques et
concrets de la famille dans son environnement – la maison.
Le développement du programme IRI s’est inspiré d’orientations théoriques relativement
analogues. Le besoin de répondre de façon plus adéquate aux situations d’urgence et de
crise, qui se soldaient souvent par un retrait du jeune de son milieu familial, justifiait le
bien-fondé de mettre sur pied, au CJM, un programme d’intervention immédiate dans la
famille confrontée à une telle situation. Le programme IRI a donc été élaboré à partir de
deux idées maîtresses : la crise dans une famille et la question du placement.
5
Le concept de crise
Une des raisons d’être du programme IRI est donc le besoin de résorber une crise dans la
famille – ce qui exige de préciser, non seulement ce qu’est une crise, mais quels types de
crise peuvent affecter les membres de cette famille.
Tel que mentionné auparavant, Parad et Caplan (1960) ont traité du concept de crise
lorsqu’ils ont proposé un cadre de référence pour étudier les familles qui sont
momentanément déséquilibrées; elles expérimentent un événement dangereux, ou perçu
comme tel parce qu’il menace l’équilibre psychologique des individus qui composent la
cellule familiale. Selon eux, les facteurs qui contribuent à déstabiliser la famille sont
l’importance de la situation stressante et l’incapacité de la famille d’y faire face d’une
façon qui lui est familière. Certains problèmes appellent en effet des solutions qui peuvent
être en-dehors de son registre habituel de réactions et qui exigent un changement dans les
modes d’interaction entre les individus. Comme, à un moment donné, les mécanismes
d’évitement ne sont plus efficaces, l’incapacité à résoudre la situation crée dans la famille
une tension croissante qui fait éclater la crise.
Par la suite, Caplan (1964) a développé plus avant le concept de crise, décrivant les
circonstances dans lesquelles elle peut émerger, les phases de son évolution ainsi que les
facteurs qui influencent la façon dont elle se termine. Pour lui, la signification d’une crise
réside dans le fait qu’elle télescope dans le temps le développement des personnes. Des
changements importants peuvent apparaître dans leur fonctionnement au cours d’un laps de
temps relativement bref et se maintenir ensuite pendant une longue période. Par ailleurs,
l’issue de la crise dans une famille dépend jusqu’à un certain point du poids des anciens
conflits non résolus réveillés chez ses membres – d’où l’importance, reconnue dans le
programme IRI, d’une aide extérieure pour éviter la cristallisation des tensions et
l’attribution de la responsabilité du conflit ayant amené la déstablisation de la famille à une
seule personne - en l’occurrence, le jeune - que la famille peut alors chercher à exclure afin
de retrouver son équilibre antérieur.
Dans le programme initial IRI, qui propose une «Intervention rapide et intensive en amont
en situation d’urgence et de crise» (Archambault & Desgroseillers, 1997), on donne de la
crise une définition inspirée de celle que l’on retrouve dans le Dictionnaire clinique des
thérapies familiales systémiques (1988) - laquelle reprenait par ailleurs les éléments
apportés par Parad et Caplan (op. cit.) près de trente ans auparavant : la situation de crise y
est décrite comme une situation où sont mises à l’épreuve les capacités d’adaptation de la
famille face à une situation immédiatement nouvelle pour elle, nécessitant à la fois la mise
en place de réponses appropriées et le changement des modes habituels d’interaction.
D’autre part, elle diffère d’une situation d’urgence, laquelle a un caractère ne pouvant être
différé, d’où la nécessité d’agir vite. L’urgence est reliée à une notion de danger et
implique une réponse sans délai. (Dans un centre jeunesse) on réfère aux situations où le
jeune est en danger pour lui-même ou dans son rapport avec l’environnement (op. cit.,
p. 11).
6
Les divers types de crise
Baldwin (1977) propose un modèle de classification des crises émotionnelles et identifie
leurs implications pour le type d’intervention à adopter. Les crises peuvent être regroupées
en six catégories :
1. Crises liées au besoin de résoudre un problème immédiat qui affecte le client : l’action
requise est de l’ordre de l’information, la référence à des ressources, etc., plutôt qu’une
intervention au plan émotionnel.
2. Crises de transition anticipée dans la vie : l’intervention vise à guider le client dans
l’identification de moyens de s’adapter aux changements qu’amènera la situation.
3. Crises résultant d’un stress traumatique : une crise émotionnelle résultant d’un stress
intense peut être précipitée par un seul événement traumatique – e.g. une mort subite
dans la famille – ou par une combinaison d’événements qui se suivent. Le client est
submergé au plan émotionnel, est incapable de faire appel à ses mécanismes habituels
d’adaptation et il doit faire face à une situation qu’il n’a jamais eu à confronter
auparavant. Le thérapeute doit apporter du support au client et comprendre l’impact de
la situation tout en aidant la personne à mobiliser ses ressources ou à développer de
nouveaux mécanismes d’adaptation.
4. Crises liées à la maturation ou au développement. : il s’agit de crises émotionnelles
résultant d’une tentative de faire face à une situation interpersonnelle reflétant une lutte
avec un problème antérieur qui n’a pas été résolu. Cette crise représente un essai
d’atteindre la maturité émotionnelle.
5. Crises qui reflètent une psychopathologie : il s’agit de crises précipitées par une
psychopathologie préexistante, ou dans lesquelles la psychopathologie empêche les
mécanismes d’adaptation d’aider à la résolution du problème. L’intervention doit viser
à soutenir le client et à encourager ses tentatives de s’adapter à la situation du mieux
qu’il peut. Le but général est de réduire le stress à des niveaux tolérables afin de
prévenir une décompensation qui pourrait compliquer davantage la résolution de la
crise.
6. Crises d’urgence psychiatrique : on fait alors face à des situations de crise dans
lesquelles le fonctionnement général a été sérieusement perturbé et où l’individu est
incapable d’assumer des responsabilités personnelles. Ce type de crise requiert parfois
une hospitalisation en milieu psychiatrique. En plus de répondre au dysfonctionnement
aigu du client dans une urgence psychiatrique, le thérapeute peut aussi agir comme
coordonnateur de services après la phase aigue. Une référence est parfois nécessaire,
ainsi qu’une intervention auprès de la famille du client.
L’intervenant IRI est appelé à contribuer à résorber une crise présentant les caractéristiques
de l’une - ou plusieurs - de ces situations; en outre, il doit confronter le fait que souvent, la
7
crise se complique de la volonté de la famille d’exclure, au moins temporairement, le jeune
impliqué dans l’origine et la culmination de cette crise.
La question du placement
Le recours à des solutions cliniques alternatives au placement du jeune pour résoudre la
crise dans la famille est un autre concept de base du programme IRI : la prévention d’un tel
placement y est en effet définie comme un objectif à poursuivre. On veut agir de façon à
éviter qu’une situation de crise ne dégénère en un retrait d’urgence du jeune de son milieu
familial – demande expresse de plusieurs parents dans ces circonstances.
Pour agir à temps sur cet aspect, la question de l’imminence du placement revêt à certains
moments une importance déterminante dans la priorité à accorder aux diverses demandes
d’intervention adressées à l’organisme. À cet égard, on peut se demander jusqu’à quel
point ce facteur a une incidence significative sur le placement du jeune ou son maintien
dans le milieu familial. On peut aussi se poser des questions quant à la façon dont le
caractère imminent d’un placement peut être décelé par les intervenants.
•
L’imminence du placement
Une étude effectuée aux Etats-Unis il y a une dizaine d’années jette un certain éclairage sur
la question. Dans l’évaluation qu’elle faisait d’un Programme de préservation de la famille,
dont le but est précisément de prévenir le placement d’un enfant en famille d’accueil lors
d’une crise dans la famille, Berry (1991) a analysé la façon dont est évaluée l’imminence
d’un placement. Elle a comparé deux groupes de familles, l’un présentant, selon le
jugement des intervenants, un risque imminent de placement, l’autre, pas. Elle a ensuite
étudié l’impact réel de ce facteur sur le taux comparatif des placements à la fin de
l’intervention.
Le chercheur a observé que les familles à risque imminent de placement étaient plus
susceptibles de recevoir des services pour un abus de drogue ou d’alcool, un handicap chez
le parent ou encore, parce que le parent avait effectivement fait une demande de placement
pour son enfant. Les autres familles recevaient des services en raison de troubles émotifs
ou d’un handicap chez l’enfant, de négligence des parents à l’endroit des enfants ou
encore, lorsque la famille vivait dans des conditions difficiles au plan économique ou
environnemental. Il n'y avait pas de différences significatives entre les deux groupes quant
au nombre d’enfants à la maison, l’âge des enfants, celui de la mère et du père, l’ethnicité,
le type de logement ou le revenu de la famille. La condition de la maison au moment de la
prise de contact représentait un problème beaucoup plus grave pour les familles à risque
imminent, tout comme les pratiques éducatives. En outre, les parents de ces familles étaient
physiquement beaucoup moins en mesure de participer à l’intervention.
8
Quelle a été l’issue de l’intervention avec les familles sous étude ?
En dépit des différences entre les familles à risque élevé et celles où le risque était peu
élevé, le taux de placement des familles à risque élevé (13%) ne s’est pas révélé différent
de celui des autres familles.
Les familles à haut risque ont reçu en moyenne 96 heures de services, soit 30 heures de
plus que les autres familles. Parmi les heures qui leur ont été consacrées, une moyenne de
40 heures - comparativement à 23 heures pour les autres familles – ont été rendues à
domicile chez les familles à haut risque. L’intensité du service a été significativement plus
élevée pour ces familles (4,5 hres/jr. vs. 1 hre/jr.).
Les familles à haut risque ont fait des gains dans les habiletés parentales : leurs gains les
plus significatifs ont été dans les façons de favoriser le développement de l’enfant ainsi que
par rapport à l’acquisition de ressources pour la maison. Dans l’ensemble, les
améliorations ont été plus substantielles parmi les familles à risque peu élevé de placement,
par rapport aux ressources dans la maison, aux techniques de discipline des enfants, aux
habiletés dans le soin des enfants et la promotion de leur développement. Même si le taux
de placement dans les familles à risque élevé n’a pas été plus élevé que celui observé dans
les autres familles, les premières ont terminé le traitement à un niveau d’habiletés inférieur
au niveau moyen de celui des autres familles au moment de la prise de contact.
Lorsqu’on a comparé les enfants placés avec ceux qui ne l’avaient pas été, on a constaté
que, dans l’ensemble, les facteurs les plus importants pour prédire le placement étaient les
suivants :
•
•
•
•
Un nombre élevé d’enfants dans la famille
Un faible revenu
La négligence des parents à l’égard des enfants
La parenté à proximité de la famille (lorsque la parenté vivait près de la maison,
l’enfant avait plus de chance d’y être placé; toutefois, l’on ne sait pas lesquels ni
combien d’enfants ont été placés dans leur parenté).
Indépendamment de la classification du risque, le temps passé par l’intervenant à domicile
pour donner des services à la famille a été le prédicteur le plus significatif pour savoir si les
enfants demeureraient à la maison après la fin du traitement. L’importance du temps de
service a aussi été associée à des gains du client dans d’autres domaines, tels la discipline
et les soins de santé donnés aux enfants.
Comme cette recherche tend à le démontrer, une appréciation de l’imminence du
placement peut être utile, non pas comme critère d’inclusion ou d’exclusion de certaines
familles, mais pour mieux discerner celles qui, présentant un plus grand risque de
placement imminent de leur jeune, ont besoin d’une intensité accrue de services pour
apprendre à recourir à d’autres moyens de solutionner la crise qui les affecte.
9
•
La prévention du placement
Peut-on anticiper d’un programme d’intervention rapide, intensive et de courte durée qu’il
réussisse à maintenir à domicile la plupart des jeunes dont la famille traverse une crise les
touchant directement ? Les données d’évaluations de programmes semblables au
programme IRI confirment-elles - ou infirment-elles - le réalisme d’un tel objectif ? Quels
résultats peut-on vraiment atteindre avec des interventions de cette nature ?
Pecora & al. (1991) ont analysé les données de l’évaluation de six programmes intensifs de
préservation de la famille. On a offert aux familles avec des enfants à risque de placement
des services de préservation de la famille comme alternative au placement. Un enfant était
considéré à risque si l’agence référante se proposait de le placer d’ici une semaine. On a
défini le terme placement comme tout résultat du traitement dans lequel un enfant finit par
vivre en-dehors de sa famille ou de la famille de parents proches.
Des données pré- et post-traitement ont été recueillies auprès de 453 familles qui ont reçu
ces services. Un suivi a été effectué auprès d’un sous-échantillon de ces familles (n=263).
Peu d’enfants avaient été placés à la fin du traitement; 12 mois après le début du
traitement, leur proportion avait toutefois augmenté au tiers des enfants. Les auteurs ont
fait une comparaison avec un petit groupe de familles (n=26) ayant été référées au
programme, mais ayant plutôt bénéficié de services traditionnels. Le taux de placement a
été plus élevé chez les 27 enfants du groupe de comparaison : 12 mois après le début du
traitement, 85% d’entre eux avaient été placés, alors que seulement 44% de ceux du sousgroupe traité dont les caractéristiques étaient comparables à ce dernier groupe (n=27)
avaient été placés.
Au moyen de la même base de données, Spaid et Fraser (1991) ont tenté de déterminer
l’influence des facteurs liés à l’enfant, comparativement à ceux relevant de la famille, sur
l’issue de la situation de crise. Ils se sont demandé si le placement est plus facilement
prévenu lorsqu’il s’agit de problèmes liés à l’enfant plutôt que s’il s’agit de problèmes liés
au parent. Par ailleurs, quels facteurs spécifiques, liés au parent ou à l’enfant, sont présents
lorsque les familles demeurent ensemble ?
À partir des résultats au Family Risk Scale de Magura et Moses (1987), ils ont créé une
mesure globale de dysfonction parentale et une mesure de dysfonction de l’enfant.
Ils ont découvert deux types de familles : dans les premières, les parents ont des difficultés
à remplir leur rôle; ils ont généralement des enfants plus jeunes. Par contre, les autres
familles sont surtout caractérisées par les déficits et les problèmes des enfants; ces derniers
sont plus âgés, montrent plus d’opposition et sont souvent impliqués dans la délinquance et
la drogue.
Ils ont observé que les problèmes des parents avec le soin des enfants sont négativement
associés avec le placement des enfants; le programme a eu plus de succès avec ce type de
parents, ce qui a résulté en un taux de placement inférieur. Par ailleurs, les problèmes liés
10
aux enfants – absences fréquentes de l’école, délinquance et abus de substances – sont
associés à un risque plus élevé de placement; il semble que le programme ait eu moins de
succès avec ce type d’enfants, et par conséquent, avec la prévention du placement dans leur
cas.
À la même période, Schwartz et al. (1991) ont cherché à évaluer jusqu’à quel point un
programme de préservation de la famille avait servi d’alternative au placement de jeunes
dont le placement hors famille était jugé imminent. L’étude a utilisé un modèle
expérimental à deux groupes. Le groupe de comparaison (n=58) a été choisi de façon
aléatoire parmi les cas non desservis par le programme. Le placement antérieur a été
investigué pour tous les sujets pour une période allant de 12 à 16 mois avant le début du
programme. Au cours du traitement, les jeunes du groupe traité (n. final=55) ont
expérimenté un taux de placement inférieur à celui des jeunes dans l’autre groupe : 56% de
ces jeunes, comparativement à 91% des autres, ont été placés. Parmi les jeunes qui ont été
placés, ceux du groupe traité ont aussi expérimenté un nombre de jours de placement de
beaucoup inférieur à celui des jeunes de l’autre groupe. Les deux groupes n’ont toutefois
pas différé dans le nombre moyen de placements qui ont été effectués.
Selon Wells (1994), les facteurs suivants augmentent le risque de placement d’un enfant :
le séjour de l’enfant en-dehors de la maison au moment de la référence; le placement
antérieur de l’enfant; l’emploi du parent; l’abus de substances de la part de l’enfant; une
demande de placement de la part du parent; un usage limité de services concrets par les
familles; une réussite limitée des objectifs du traitement par les familles; et une maison
familiale inhabitable à la fin des services. Le nombre total de facteurs est aussi important.
Plus le nombre de facteurs est élevé dans un cas, plus il y a de chances que l’enfant soit
placé (Fraser et al., 1991). Pour sa part, Daro (1988) soutient que la sévérité du problème
serait le facteur le plus significatif pour prédire l’échec de l’intervention et le recours au
placement (tel que rapporté par Dagenais et Bouchard, 1996).
Dans trois évaluations ultérieures sur les Programmes de préservation de la famille, Wells
et Tracy (1996) ont testé, à partir de devis expérimentaux, l’hypothèse selon laquelle ce
programme est plus efficace qu’un programme régulier de services pour prévenir le
placement.
Les résultats démontrent que :
1. des enfants, tant dans le groupe expérimental que dans le groupe contrôle, sont
placés;
2. dans les deux groupes, le pourcentage de familles qui expérimentent un
placement augmente avec le temps;
3. en tout temps, le taux de placement dans les familles recevant des services de
préservation de la famille n’est jamais, et ce, de façon consistante, inférieur à
celui des familles recevant des services réguliers.
11
Dans l’ensemble, deux groupes de familles semblent particulièrement à risque
d’expérimenter un placement d’enfants, suite à leur participation dans le programme de
préservation de la famille : les familles pauvres monoparentales, dont le chef de famille est
une mère célibataire qui néglige ses jeunes enfants et qui présente des problèmes
importants au plan de la santé mentale et de l’abus de substances; les familles ayant des
adolescents présentant beaucoup d’opposition et qui peuvent avoir antérieurement connu
un placement – observation qui s’apparente, dans ce dernier cas, aux conclusions de Spaid
et Fraser (1991).
Dans une étude longitudinale (Coleman, 1995), le chercheur a explicitement remis en
cause la validité d’un objectif de prévention du placement dans le cadre d’un programme
d’intervention rapide et intensive.
Comme l’a observé ce chercheur, un grand nombre d’évaluations ont utilisé la prévention
du placement comme seul critère de succès. Certaines recherches ont toutefois démontré
un taux décroissant de prévention du placement dans la période suivant la fin du
traitement, lorsque les mesures étaient prises, non pas au moment où le programme se
termine, mais plusieurs mois ou années après. On en est venu à mettre en doute l’utilisation
de ce critère comme seule mesure de succès du programme – d’autant plus que les services
de bien-être à l’enfance doivent constamment soupeser le risque à l’enfant, lorsqu’ils
tentent de garder un équilibre entre le maintien de l’intégrité de la famille et le besoin de
prévenir les abus à l’égard de l’enfant.
Le chercheur a étudié sur une période de 3 1/2 ans ce qu’il était advenu de 104 familles qui
avaient bénéficié d’un programme de Préservation de la famille sous les auspices du
Department of Human Services de l’État du Utah. Elle a spécifiquement étudié la
trajectoire de vie des jeunes en terme d’abus, de placement et de délinquance juvénile,
suite à la fermeture de leur dossier.
Elle a découvert que les familles où il y avait initialement des problèmes de comportement
chez les jeunes et celles où on relevait de l’abus d’enfants présentaient des différences
quant à des caractéristiques importantes. Dans l’ensemble, la proportion de jeunes qui ont,
suite à la période d’intervention, expérimenté de l’abus et/ou connu un placement a été la
même dans les deux groupes, mais les sous-échantillons ont été différents par rapport au
moment où l’abus s’est produit (la récurrence de l’abus étant plus rapide pour les enfants
ayant déjà été abusés), ainsi que celui où un placement a eu lieu (plus rapidement chez le
groupe d’enfants avec des troubles de comportement). Par ailleurs, alors qu’un
comportement délinquant s’est éventuellement manifesté dans les deux groupes, il est
apparu deux fois plus souvent chez les jeunes ayant au départ des troubles de
comportement. Le taux de délinquance observé dans ce groupe est particulièrement
inquiétant : chez ces jeunes, les problèmes étaient plus souvent chroniques, et leurs
familles utilisaient beaucoup de ressources des services sociaux. Sur la base de ces
résultats, le chercheur se demande jusqu’à quel point les enfants ayant des troubles de
comportement sont des sujets appropriés pour un programme de Préservation de la famille.
12
Si un programme d’intervention intensive peut prévenir en certains cas le placement des
jeunes, ou, au contraire, ne peut l’empêcher, compte tenu de certaines variables, il semble
toutefois influer, le cas échéant, sur le caractère du placement. Dans une Recension des
écrits concernant l’impact des programmes de soutien intensif visant à maintenir les
enfants et adolescents dans leur famille, Dagenais et Bouchard (1996) ont relevé certains
résultats tendant à démontrer que l’intervention retarde les placements, réduit la durée du
placement et diminue l’intensité de l’encadrement (par exemple, le recours à une famille
d’accueil plutôt qu’à un centre de réadaptation). Par ailleurs, les caractéristiques de
l’intervention semblent en relation avec la probabilité qu’un placement soit évité : les
auteurs rapportent en effet que, dans deux recherches de Fraser et al. (1989, 1991), le
soutien concret et l’augmentation du nombre d’heures d’intervention ont été liés à une
diminution du taux de placement – résultat confirmé par la suite dans une étude de Nugent
et al. (1993) : se fondant sur l’observation de 8 000 familles suivies pendant trois ans, ces
chercheurs ont en effet constaté que la probabilité d’éviter un placement augmente avec le
nombre de sessions de thérapie familiale et la fréquentation assidue du programme.
Dans la méta-analyse d’Ello (1998) dont nous faisions précédemment état, l’auteur a tenté,
entre autres, de déterminer l’impact, sur le taux de placement, de la structure du
programme, du processus de traitement et des méthodes de recherche utilisées. Cinquantesept évaluations de programmes de préservation de la famille, qui avaient été publiées
entre 1972 et 1997, ont été retenues pour l’analyse.
Les résultats de la méta-analyse démontrent que le taux de prévention du placement des
enfants des groupes traités dans le programme de Préservation de la famille n’est pas
significativement différent de celui de l’ensemble des groupes témoins ou contrôle (la
famille étant l’unité d’analyse). En outre, dans les études utilisant un groupe contrôle, le
taux de prévention du placement s’est révélé inférieur à celui que l’on a trouvé dans les
études n’utilisant pas de groupe contrôle.
L’auteur observe que, dans l’ensemble, le type de méthodologie utilisé génère des résultats
sensiblement différents :
•
Les recherches utilisant des modèles non expérimentaux affichent des résultats positifs
quant au taux de placement : dans des recherches effectuées entre 1977 et 1993 sur des
programmes de Préservation de la famille, on rapporte que, parmi les enfants ayant
bénéficié de ce programme, 65% à 97% d’entre eux avaient, à la fin de l’intervention,
évité un placement. Dans quelques recherches, un follow up effectué de six à douze
mois après a révélé que, même si le taux de placement avait légèrement augmenté, les
deux-tiers des familles étaient néanmoins demeurées intactes.
•
Les modèles de recherche quasi-expérimentaux produisent des résultats mixtes :
✟
Résultats positifs : le taux de prévention du placement s’est révélé, pour les
familles ayant participé au programme, supérieur à celui des familles des groupes
13
de comparaison. Toutefois, ce taux était généralement inférieur à celui que l’on
trouvait dans les recherches du premier type : il variait approximativement de 40%
à 80%.
✟
Résultats négatifs : dans une recherche effectuée à New York en 1989, on a trouvé
que, parmi les deux groupes ayant bénéficié du programme, 24% et 27% des
enfants étaient placés après un an, alors que, à la même date, seulement 18% des
enfants d’un groupe n’ayant pu recevoir des services du même type avaient dû être
placés.
•
Les modèles de recherche expérimentaux amènent eux aussi des résultats mixtes.
•
Enfin, certains modèles de recherche expérimentaux produisent des résultats
statistiquement non significatifs.
Comme le concluait Wells au terme d’une de ses études (1994), si la recherche a
documenté le fait qu’un programme d’intervention rapide et intensive tel que le modèle
Homebuilders peut être implanté, elle a aussi mis en évidence que – comme en font foi les
quelques études dont nous avons fait état - la prévention du placement est plus complexe
qu’on ne le croyait auparavant. L’utilisation de la prévention du placement comme critère
unique pour juger de la valeur d’un programme d’intervention rapide et intensive est donc
sujette à caution. Tel que le soulignaient Pecora et al. (1991), un tel critère peut même se
révéler une mesure d’échec, et non de succès, dans le cas de certains enfants. Par ailleurs,
d’autres variables peuvent entrer en ligne de compte dans la décision de placer ou non un
jeune en-dehors du milieu familial au moment d’une crise – tels l’âge du jeune, la
problématique sous-jacente, etc. L’évaluation d’un programme d’intervention rapide,
intensive et de brève durée doit pouvoir faire apparaître ces distinctions, et fournir des
orientations quant aux façons de moduler l’intervention en fonction des particularités des
situations de crise et des caractéristiques des familles en cause.
Indépendamment de la prévention du placement, un programme d’intervention intensive peut-il provoquer certains changements souhaitables chez
les familles en situation de crise ?
Suite à une intervention de crise, des gains notables, autres que l’évitement du placement,
ont été observés dans le fonctionnement des familles; leur apparition a eu un impact
significatif sur la suite de l’intervention et/ou le maintien des acquis chez les membres
d’une famille ayant bénéficié d’une intervention de cette nature.
Ainsi, dans l’évaluation d’un programme pilote de Préservation de la famille, Smith (1995)
faisait état de gains assez substantiels relevés dans les familles, suite à une intervention
intensive avec un même travailleur social et un plan éducatif structuré. Les intervenants
avaient adapté leur action aux capacités cognitives des familles pour leur apprendre les
étapes de développement d’un enfant et des principes efficaces de communication
14
intrafamiliale et d’éducation des enfants. On aménageait un réseau social de soutien
disponible aux familles à la fin du programme, qui durait 90 jours. De plus, les familles
pouvaient contacter leur travailleur social lorsqu’elles réalisaient qu’elles étaient sur le
point d’atteindre leur seuil de tolérance à la frustration.
Il est intéressant de noter les résultats qu’a pu atteindre une intervention ayant un caractère
analogue à l’intervention IRI en terme d’intensité, de recours, au besoin, à des services
concrets, et d’une durée limitée (bien qu’un peu plus longue que dans le programme IRI) :
•
•
•
•
•
•
Les relations conjugales se sont améliorées, avec une réduction marquée dans la
fréquence des conflits et des agressions physiques.
Les communications au sein de la famille se sont améliorées, avec un accroissement
dans la fréquence des communications et dans le nombre de sujets discutés entre eux
par les membres de la famille.
Le réseau de soutien communautaire a pris plus d’influence, les familles augmentant
leur participation à des groupes sociaux tels que les organisations parents/professeurs
et les églises.
Les relations intrafamiliales se sont améliorées, avec des contacts physiques plus
fréquents, des communications verbales accrues et un partage des tâches ménagères.
Les habiletés ménagères se sont améliorées, tel qu’indiqué par des maisons plus
propres, des repas mieux préparés et de meilleures habiletés pour magasiner.
Le soin des enfants a connu une grande amélioration, les parents manifestant des
attentes et des techniques de discipline plus appropriées et se montrant plus attentifs
aux besoins de leurs enfants.
D’autres évaluations ont également permis de mettre en lumière certaines améliorations
chez les jeunes et leurs familles.
Wells et Whittington (1993) ont étudié le fonctionnement de 42 jeunes et de leur famille
après leur participation à un programme intensif de services de Préservation de la famille.
Les sujets ont été étudiés au moment de l’admission, à la fin du traitement et entre 9 et 12
mois après. Les analyses ont montré que, lors du follow up, les jeunes et leurs familles
fonctionnaient à un niveau moins élevé que celui d’un échantillon de comparaison;
toutefois, leur fonctionnement s’était amélioré au cours du traitement, et cette amélioration
s’était maintenue après le traitement. Les facteurs liés aux jeunes et à leur famille ont
semblé jouer un rôle plus important dans le fonctionnement de la famille au moment du
follow up que les facteurs liés au traitement. Les différences observées entre le groupe
ayant bénéficié de ce programme et des familles de comparaison semblent indiquer que le
groupe traité au moyen d’un programme intensif et de courte durée demeure vulnérable, et
cette vulnérabilité est toujours manifeste plusieurs mois après la fin du traitement.
Dans une autre étude, Keaney (1994) a apporté dans ses résultats un soutien à l’appui de
cette thèse. Il avait cherché à connaître l’opinion des parents sur la façon dont opéraient les
services de Préservation de la famille à l’intérieur d’une agence de protection de l’enfance.
Des entrevues qualitatives en profondeur ont été réalisées avec les parents de 30 familles
15
ayant reçu ce type de services entre avril et octobre 1993. La recherche a démontré que
l’approche utilisée dans les services de Préservation de la famille résultait en une
diminution des relations antagonistes et une amélioration des communications entre les
parents et les services de protection. Toutefois, 86% des parents ont trouvé que les services
étaient trop brefs et que la continuité dans les services constituait un sérieux problème. Ces
résultats confirment le fait que, pour plusieurs familles, ces services devraient être utilisés
comme une première réponse et non restreints à une mesure de dernier recours pour éviter
le placement des enfants. En outre, ils tendent à démontrer que les deux mandats de
protection de l’enfant et de support à la famille ne doivent pas constituer des objectifs
incompatibles en protection de la jeunesse. Pour accroître l’implication du parent dans
l’intervention, l’approche doit maximiser le soutien et minimiser le blâme et la menace.
Pour leur part, McCroskey et Meezan (1997) ont discerné des améliorations dans certains
aspects du fonctionnement de la famille : les interactions entre le parent et l’enfant; le
réseau de soutien disponible au parent; la stimulation du développement de l’enfant; les
conditions de vie de la famille. Par ailleurs, Schuerman & al. (1994) n’avaient dépisté
aucune de ces améliorations et Feldman (1991) avait dénoté quelques améliorations, mais à
court terme seulement.
Sur la base d’une revue de la littérature qu’ils effectuaient en 1995, Littell et Schuerman
concluent que les programmes de Préservation de la famille ont des effets relativement
modestes sur le fonctionnement de l’enfant et de la famille. Ils admettent cependant qu’il
n’est peut-être pas réaliste de s’attendre à des effets spectaculaires dans ce domaine, étant
donné le nombre de problèmes auxquels les familles font face et la nature brève des
services. En outre, les services sont centrés sur l’enfant et la famille; souvent, les
intervenants ne se préoccupent pas des conditions environnantes qui pourraient contribuer
à la situation.
Wells et Tracy (1996) vont jusqu’à suggérer que le rationnel à la base de l’implantation des
programmes de préservation de la famille – réduire le nombre d’enfants placés hors famille
et diminuer les coûts associés au placement – devrait peut-être être abandonné (opinion
ultérieurement remise en question par Fraser et al., 1997). Selon ces chercheurs, ces
programmes ne démontrent qu’un succès limité dans l’atteinte de tels objectifs, et les
besoins de la plupart des familles concernées ne sont pas satisfaits lorsqu’ils constituent le
seul service qu’ils reçoivent.
Toutefois, étant donné que ces programmes semblent avoir le potentiel d’améliorer le
fonctionnement de la famille, certains aspects de cette façon de fournir des services doivent
être retenus : l’emphase mise sur les forces et la prise de contrôle par la famille; la
disponibilité des intervenants à travailler avec les familles à domicile et à les aider à
obtenir accès à un éventail étendu de services; et enfin, l’importance accordée à accroître
les habiletés et le support social des parents.
Enfin, dans une étude visant à mesurer l’effet global de divers programmes de préservation
de la famille dont les retombées avaient fait l’objet d’une évaluation, Fraser et al. (1997) en
viennent à la conclusion que ces programmes semblent avoir une influence notable sur la
16
violence chez les jeunes. Lorsque cette approche a été utilisée en santé mentale, les
résultats ont tendance à démontrer une réduction des symptômes et une diminution du
risque d’hospitalisation. Dans le domaine du bien-être à l’enfance, les effets sur les
familles présentant de l’abus ou de la négligence d’enfants sont moins concluants, ce qui
semble dû en partie à la grande variabilité dans les programmes, qui rend difficile une
comparaison rigoureuse entre eux.
Selon les chercheurs, il faudrait investiguer davantage l’influence, sur l’issue des services,
de diverses variables, tel le sexe de l’enfant, la race ou l’ethnicité, le statut
socioéconomique; il faudrait aussi examiner la contribution différentielle, aux effets
obtenus, des divers éléments du programme.
En dépit des questions soulevées quant aux résultats de certaines recherches dont la
méthodologie n’était pas suffisamment rigoureuse, Fraser et ses collègues estiment que
dans l’ensemble, les bénéfices des services donnés à la clientèle dans le cadre des
programmes d’intervention de crise (tels le programme de Préservation de la famille et
d’autres programmes s’inspirant d’un mode analogue d’intervention) ne doivent pas être
mis en doute.
17
LE PROGRAMME IRI DANS LE CENTRE JEUNESSE DE
MONTRÉAL
Au printemps 2001, on évaluait que 2700 jeunes et leur famille avaient reçu des services
des intervenants IRI depuis l’implantation de ce programme dans l’organisation. L’équipe
d’intervenants regroupait à ce moment un total de 21 éducateurs qui offraient ce service à
moins de deux heures de la demande et ce, de 11h. à 23 h. du lundi au vendredi, et de 12h.
à 22h. les samedis et dimanches.
Depuis l’implantation, à la fin de janvier 2002, d’une équipe IRI à l’Accueil-DPJ, les
modes de travail ont quelque peu évolué. Un portrait de la situation, telle qu’elle se
présentait au cours d’une période subséquente de trois mois, a permis d’obtenir une idée
plus précise de la façon dont le programme fonctionne maintenant, le volume et les
caractéristiques de la clientèle rejointe, les modes d’opérations : accès, modalités
d’intervention, ainsi que les suites de l’action de l’intervenant IRI.
Dans l’ensemble …
v Entre le 1er avril et le 30 juin 2002, 285 familles ont reçu des services d’Intervention
Rapide et Intensive (IRI) : de ce nombre, près du tiers – 32,6% - ont été vues par les
intervenants de l’équipe IRI-Accueil-DPJ, alors que 67,4% des familles ont été suivies
par les intervenants IRI des territoires du Centre jeunesse de Montréal.
Quelques caractéristiques de la clientèle
v Lorsque l’on considère l’âge des jeunes qui ont été impliqués dans une intervention
IRI, l’on constate que le programme a desservi en majorité des adolescents : plus des
deux-tiers des jeunes - 68,8% - ont en effet entre 12 et 17 ans, alors que 26,6% sont
âgés de 6 à 11 ans; quant aux petits de 0-5 ans, ils représentent la plus faible proportion
du groupe – 4,6%. L’âge moyen des jeunes usagers est de 12,3 ans, alors que l’âge
médian se situe à 13 ans.
v Parmi les jeunes usagers du programme IRI, les garçons et les filles sont représentés en
proportion à peu près semblable, avec une légère prédominance de filles – 51,9%.
v Lorsque l’on regarde les territoires d’où proviennent les familles des jeunes, l’on note
que les territoires 6 et 5 (tels que désignés à ce moment) comptent la plus forte
proportion d’entre elles (18,6% et 17,5%, respectivement), alors que celles des
territoires 3 et 7 ont été les moins représentées au cours des trois mois sous étude
(10,5% et 10,9%).
18
v Quant aux CLSC desservant le quartier où vivent les familles, quatre d’entre eux
comptent une proportion un peu plus élevée d’usagers IRI : Hochelaga-Maisonneuve
(10,5%), Mercier-est/Anjou (7,7%), Rosemont (7,7%) et Rivière des Prairies (5,3%).
La demande de services
v La demande de services IRI est venue le plus souvent du service d’ÉvaluationOrientation de la DPJ : 38,9%. Par ailleurs, l’Urgence sociale et les CLSC ont formulé
sensiblement le même nombre de demandes – environ 20%, respectivement. Si l’on
regroupe CLSC et CH, les demandes se chiffrent à 23,3% de l’ensemble –ce qui
représente une baisse sensible, comparativement à la proportion de demandes
effectuées depuis 1999, dont le pourcentage annuel variait entre 42% et 46%. On peut
se demander si les différences observées sont simplement dues au fait de comparer des
périodes dissemblables en terme de durée, ou si elles représentent une tendance
nouvelle qui se confirmera au cours de la présente année.
v Dans la majorité des cas, le référent a demandé des services relativement à des clients
inconnus du programme IRI, alors que dans 13% des cas, il s’agissait du retour du
dossier d’un usager antérieur de ce programme.
v La plus forte proportion des demandes (42,8%) ont été faites aux services du
programme IRI le jeudi et le mardi, alors que les journées les moins occupées à cet
égard ont été le samedi (2,5%) et le dimanche (5,6%). Par ailleurs, lorsque l’on associe
l’heure et le jour de réception des demandes, on constate que la majorité de celles-ci 81,3% - ont été acheminées aux services à l’intérieur des heures régulières de travail
(soit, 9h.–17h. au cours de la semaine). Les autres demandes sont parvenues aux
services, soit le soir ou la nuit, soit en tout temps au cours de la fin de semaine.
v Dans la majorité des situations, la première réponse à la demande de services a été
rapide : dans près de la moitié des cas (46,7%), l’intervenant IRI a pris contact avec la
famille en-dedans d’une heure; lorsque l’on considère le nombre total de contacts
initiés dans moins de 4 heures, cette proportion grimpe à 71% des cas. Une faible
proportion des familles – 8,1% - ont été rejointes entre 4 et 12 heures après la demande,
et d’autres – 5,6% - l’ont été dans les 12 à 24 heures suivantes. C’est donc dire que
85% des familles ont eu avec l’intervenant IRI un contact initial dans les premières 24
heures suivant la demande.
Le contexte légal
v Au moment de la référence au programme IRI, 61,8% des demandes tombaient sous le
couvert de la LSSSS, alors que les dossiers LPJ représentaient 37,9% de l’ensemble
des demandes. La situation a été relativement la même au moment de la fermeture du
dossier IRI, pour les quelques 67% qui en sont arrivés à cette étape au cours de la
période sous étude. Par ailleurs, pour une même proportion de dossiers LSSSS et LPJ,
le contexte légal a changé dans le cours de l’intervention: dans chacun de ces cas, 12%
19
des dossiers sont passés de l’une à l’autre loi entre le moment de la référence et celui
de la fermeture.
L’intervention IRI
De quelles façons l’intervenant IRI procède-t-il avec les familles qui lui sont référées?
v Si l’on regarde les principales activités accomplies au cours des trois mois sous étude
auprès des 191 familles dont le dossier est maintenant fermé, on constate que, dans
91,6% des situations, 8,1 téléphones, en moyenne, ont été faits à la famille, à des
partenaires ou à d’autres personnes ou ressources. Dans 35% des cas, un certain
nombre d’entrevues (entre 1 et 6) ont eu lieu au bureau de l’intervenant – en moyenne,
1,8 par famille. Toutefois, ce sont les visites à domiciles qui ont représenté le mode
d’action privilégié pour réaliser avec la clientèle les entrevues nécessaires : dans 92%
des situations, de 1 à 23 visites ont été effectuées dans la famille – soit, une moyenne
de 5,2 visites à domicile par famille. Il faut noter que les activités mentionnées ne sont
pas mutuellement exclusives : l’intervenant peut avoir eu recours à plus d’un type
d’activités lors de l’intervention auprès d’une famille.
v Dans quelques cas (n=13), l’intervenant a dû avoir recours à un arrêt d’agir, alors qu’il
a procuré à la famille une ressource de répit dans cinq autres situations; c’est donc dire
que, pour la majorité des familles, aucune de ces mesures n’a été nécessaire.
v Dans les dossiers IRI où l’intervention est maintenant complétée, la durée totale de
l’intervention a été en moyenne de 9,3 h.. par famille; elle a varié de 0,5 h. à 52,5 h.
Par ailleurs, le nombre de jours où le dossier IRI a été ouvert – période de temps qui
s’est étendue jusqu’à 82 jours - a été en moyenne de 24,5 jours (avec une valeur
médiane de 22 jours).
Après l’intervention
Qu’est-il advenu des familles ayant reçu des services de la part d’un intervenant IRI ?
v Dans l’ensemble, le placement en urgence a été évité pour la presque totalité des jeunes
impliqués dans une intervention IRI : seuls, 3,2% d’entre eux ont en effet connu une
telle forme de placement.
v La proportion de jeunes qui ont dû être hébergés dans un milieu extérieur à leur famille
est relativement peu élevée : 2,5% sont allés dans un foyer de groupe, 2,8%, en
campus, 2,1%, dans une famille d’accueil, alors qu’un autre 2,5% des jeunes ont été
placés dans le réseau naturel élargi.
v Dans un certain nombre de cas, les usagers ont été orientés vers d’autres services du
CJM à la suite de l’intervention IRI : pour 7,7% des jeunes, on a requis les services
d’un éducateur en externe; 5,6% des familles ont été dirigés vers le service
d’Évaluation-orientation de la DPJ, et 2,5%, vers les services de prise en charge.
20
v Certains jeunes et leurs familles ont été orientés vers des ressources extérieures :
16,8%, vers des CLSC; 1,4%, vers des Centres hospitaliers, alors que 2,1% ont été
dirigés vers des organismes communautaires et 0,4%, vers un autre Centre jeunesse.
Quelques commentaires
Ce bref coup d’œil sur l’intervention IRI telle qu’elle s’est déroulée au cours d’une période
récente de trois mois a permis d’apprécier jusqu’à un certain point l’ampleur du travail des
intervenants, ainsi que la forme que prend leur action auprès des jeunes et de leurs
familles.
v Il est clair que, en ce moment, ce programme s’adresse en majorité à des adolescents,
garçons et filles. Dans la plupart des cas, la demande, dont la plus forte proportion
provient du service d’Évaluation-orientation du CJM, concerne une famille inconnue
des services du programme IRI. Comparativement aux années antérieures, la
proportion que représentent les demandes effectuées par les CLSC et les CH a baissé
de moitié.
v Les activités réalisées à l’intérieur du programme IRI confirment dans l’ensemble les
principaux paramètres de ce type d’intervention :
§ elle est rapide : dans plus de 70% des situations, un contact initial avec la famille a
été effectué dans les 4 heures suivant la demande; 24 heures après cette demande,
85% des familles avaient été rejointes par l’intervenant;
§ elle est intensive : les dossiers maintenant fermés témoignent du fait que les
activités réalisées au cours d’une intervention requérant au total un peu plus de 9
heures (en moyenne) ont été nombreuses : dans l’ensemble, 8,1 téléphones, 1,8
entrevues au bureau et 5,2 visites à domicile ont été effectués auprès de chacune
des familles au cours d’une période d’environ 3,5 semaines (il s’agit ici de
moyennes, qui ne s’appliquent donc pas à chacune des situations traitées, mais
donnent plutôt une vue d’ensemble du travail réalisé par les intervenants IRI).
§ elle est souple : si 80% des demandes pour un service IRI ont été faites à l’intérieur
des heures régulières de travail, la disponibilité des intervenants le soir et les fins de
semaine leur a permis d’accueillir à ce moment un certain nombre d’appels à l’aide
et d’y répondre sur-le-champ;
§ elle a lieu dans l’environnement familial et implique tous ses membres: tel que
mentionné plus haut, les intervenants ont effectué en moyenne un peu plus de 5
visites à domicile. Pour certaines familles, le nombre de visites a été très élevé – on
a même effectué jusqu’à 23 visites dans un cas. Par contre, dans un peu plus du
tiers des situations, des entrevues ont eu lieu au bureau de l’intervenant : on peut
peut-être s’interroger sur la pertinence du choix de ce lieu, au moins dans certains
21
cas, alors que le programme IRI reconnaît l’importance d’une intervention à
domicile permettant d’impliquer immédiatement, dans la résolution du problème,
tous les membres d’une famille en crise;
§ elle est généralement de durée limitée : le nombre moyen de jours où le dossier a
été actif a été de 24,5, ce qui correspond dans l’ensemble à la durée prévue de ce
type d’intervention. On peut toutefois se poser des questions sur les raisons pour
lesquelles certains dossiers ont été ouverts pendant une période relativement
longue, pouvant aller jusqu’à 82 jours dans une situation.
v Enfin, un des résultats très encourageants de ce bref examen de l’intervention IRI est le
fait qu’elle semble concourir de façon substantielle à la prévention du placement des
jeunes, notamment, en urgence : une telle mesure n’a en effet dû être prise que dans
une proportion minime des cas traités dans le programme IRI entre avril et juillet 2002.
Cet aperçu de la réalité du programme IRI a servi, conjointement avec un certain nombre
d’extraits pertinents de la littérature, à étayer les questions visant à orienter la discussion
des groupes de consultation sur quatre dimensions majeures du programme à revoir : la
clientèle, les services, l’avant et l’après de l’intervention IRI – i.e. les modes d’accès au
programme et, le cas échéant, la référence subséquente aux partenaires internes et externes
- et enfin, les ressources humaines impliquées dans la dispensation de ces services.
22
LA CLIENTÈLE DU PROGRAMME IRI
Le programme IRI a initialement été destiné à toutes les familles en situation de crise,
indépendamment de l’âge des enfants impliqués dans cette crise – familles dont le cas
n’était pas connu des services réguliers de l’organisme. On peut se demander jusqu’à quel
point l’ensemble des usagers rejoints ont effectivement tiré profit d’un tel programme, ou
si, pour certains, les bénéfices n’ont été que marginaux. Dans l’avenir, compte tenu de la
diversité des problématiques en jeu, ce programme devrait-il continuer à s’adresser à toutes
les familles, ou certains segments de la clientèle devraient-ils plutôt être dirigés vers
d’autres types de programmes convenant mieux aux besoins qu’ils présentent – tels
l’Intervention-terrain ou les Vérifications complémentaires de la DPJ, les services réguliers
du CJM, etc. ?
Tel que le révèle le portrait de l’intervention IRI dont nous venons de faire état, la majorité
des familles récemment desservies l’ont été en raison d’une crise impliquant un adolescent.
Lorsque l’on compare ces données avec celles de la clientèle ayant bénéficié des services
de l’Intervention-terrain de la DPJ au cours de la dernière année (programme visant entre
autres à s’assurer de protéger les enfants de façon adéquate lorsqu’on est inquiet pour leur
sécurité, en prenant toutes les dispositions requises à cet effet et ce, en-dehors des heures
régulières de travail), on constate que, si les adolescents représentent aussi, parmi la
clientèle de ces derniers services, la proportion la plus élevée des jeunes usagers – 45,2%,
ils sont tout de même beaucoup moins nombreux que dans le programme IRI (près de
70%). Par ailleurs, les tout-petits (0-5 ans) représentent près de 30% des usagers de
l’Intervention-terrain, alors qu’IRI en compte moins de 5%. Enfin, la proportion des jeunes
de 6-11 ans est à peu près la même dans les deux programmes (environ 26%).
Dans le cadre de la révision du programme IRI, on peut se poser à l’endroit de sa clientèle
des questions de cet ordre :
Une intervention de crise rapide, intensive et de courte durée est-elle
appropriée à tous les jeunes et toutes les familles ? Pour lesquels le
serait-elle moins ? Devrait-on établir des priorités parmi les divers
types de clientèle bénéficiant de ces services ? Certaines clientèles
devraient-elles être exclues d’un tel programme ? Certaines autres
devraient-elles y avoir accès ?
23
Ce qu’on en dit ailleurs
Tracy (1991) a exploré la définition de clientèle-cible pour les programmes intensifs de
préservation de la famille – faisant référence à la notion de risque imminent de placement
pour les enfants. Dans ces programmes, on présume que les familles desservies font face à
des crises plus aigues et expérimentent un nombre plus élevé de problèmes chroniques que
les familles bénéficiant de programmes préventifs. Il faut préciser que le but de ces
programmes n’est pas comme tel la prévention des placements, mais plutôt la prévention
des placements non nécessaires.
Idéalement, les familles référées à un tel programme devraient avoir déjà utilisé ou épuisé
toutes les autres ressources de services moins intensifs. Dans la réalité, les services
intensifs de préservation de la famille se présentent souvent comme une option viable
permettant d’éviter que les enfants ne soient placés par défaut, parce qu’il n’existe aucune
alternative. Dans d’autres situations, les services traditionnels semblent insuffisants pour
faire face aux besoins des familles et des enfants. À l’heure actuelle, les programmes de
préservation de la famille apparaissent comme une alternative au placement, mais
seulement pour un certain groupe d’enfants à risque.
Fraser & al. (1989) rapportent que, dans les sites de l’État de Washington, les programmes
de Préservation de la famille ont eu des succès plus importants avec les familles des
minorités culturelles qu’avec les autres familles. Selon ces chercheurs, la flexibilité et
l’accessibilité des services de Préservation de la famille correspondent étroitement aux
besoins de services de plusieurs familles de minorités culturelles, qui pourraient hésiter à
faire appel aux services traditionnels ou même, ne jamais s’en prévaloir.
Par ailleurs, les mêmes chercheurs rapportent que le programme Homebuilders, évalué
dans des sites de deux États, a connu un nombre plus important d’échecs avec des enfants
plus âgés, qui avaient une histoire de placement, de fugues, de consommation de drogue
et/ou d’alcool, de délinquance, de troubles de comportement à la maison, et qui avaient
auparavant reçu des services en santé mentale.
L’expérience tend à démontrer que l’utilisation d’un programme de préservation de la
famille n’est pas approprié pour une problématique de négligence. Campbell (1997)
s’inscrit en faux contre une telle généralisation : elle soutient qu’on ne doit pas voir la
négligence comme une seule entité, alors que son étiologie et ses manifestations sont
multivariées.
Trois types de familles négligentes qui ont été aidées par un programme de Préservation de
la famille sont analysés.
•
La négligence chronique. La réponse thérapeutique à ce premier type de négligence
(impliquant l’abandon du rôle de parent) doit aborder plusieurs niveaux à la fois et est
par le fait même assez onéreuse. Même lorsque les parents ont des habiletés et forces
24
latentes, les effets de plusieurs années de vie dans un environnement social négatif
doivent être identifiés et «réparés» … En s’attaquant aux questions de base telles que
les valeurs, l’abus de substances, la violence, l’abandon physique et émotionnel, le
travailleur social, en association avec d’autres professionnels de la relation d’aide, doit
chercher à construire une infrastructure sociale formelle et informelle qui continuera à
soutenir les parents et les enfants après la fin du service.
•
La négligence liée à une crise de dépression réactionnelle doit être rapidement
identifiée. Elle requiert des stratégies d’appropriation qui tiennent compte des réactions
émotionnelles des membres de la famille et misent sur leurs compétences, ainsi que sur
les opportunités qui peuvent leur être disponibles. Des groupes de support peuvent
également épauler ces familles. Avec de l’aide donnée à temps, on peut éviter que ne
s’installe une négligence chronique.
•
La négligence touchant des familles isolées ou handicapées représente un déficit
chronique dans la structure de la famille. Cette négligence fait appel à des façons
d’améliorer la vie quotidienne de la famille pour qu’elle assume ses responsabilités de
façon continue à l’égard des rôles familiaux de base. Une intervention brève du
programme de Préservation de la famille peut donner le coup de barre initial, mais ce
modèle n’est pas efficace avec les familles requérant une aide permanente.
Pour sa part, dans l’évaluation d’un programme pilote de Préservation de la famille, Smith
(1995) rapporte que la participation à un tel projet a été jugée inappropriée pour les
familles des trois types suivants : 1) les familles dans lesquelles un parent avait tué ou
blessé grièvement un enfant, ou dans lesquelles les droits des parents leur avaient
auparavant été enlevés, et dont les circonstances n’avaient pas changé; 2) les familles qui
avaient une longue histoire de problèmes chroniques, et 3) les familles ayant déjà bénéficié
d’un même programme, sans faire de progrès appréciables. L’agence a considéré que ces
familles avaient besoin de services réguliers de protection plutôt que d’une intervention
préventive.
Ainsi, les auteurs ne s’entendent pas sur la pertinence d’un accès universel à un programme
d’intervention rapide, intensive et de courte durée. L’orientation choisie à ce sujet a des
implications pour les services : par exemple, serait-il plus approprié, comme le suggère
Coleman (1995) de diriger les familles de jeunes ayant des troubles de comportement vers
d’autres services ? Devrait-on exclure les familles en crise qui présentent des problématiques
chroniques, notamment, de négligence ? Par ailleurs, de quelles façons peut-on juger
adéquatement de la pertinence du programme pour telle ou telle famille ? L’application rigide
de critères d’inclusion ou d’exclusion ne risquerait-elle pas de priver d’une aide très
nécessaire certaines familles en crise, pour lesquelles de tels services permettraient de
retrouver un certain équilibre, si précaire soit-il ?
25
Ce qu’en ont dit les intervenants du CJM et de quelques CLSC
Les commentaires des intervenants sur la clientèle du programme IRI ont été orientés vers
trois aspects de ce thème de discussion, regroupés sous forme de questions.
✟
L’intervention IRI s’adresse-t-elle actuellement à la clientèle pouvant tirer le
meilleur profit de ce programme ?
Au Centre jeunesse de Montréal, le programme IRI cible en tout premier lieu les
adolescents présentant des troubles de comportement, et particulièrement, ceux qui ne
reçoivent pas de services. Certains intervenants estiment que les jeunes qui ont déjà reçu
beaucoup de services ne devraient pas être spécifiquement desservis par le programme IRI,
car souvent, ils présentent un certain nombre de problèmes chroniques masquant une
problématique sous-jacente beaucoup plus grave.
D’autre part, en CLSC, on a parfois recours trop rapidement au programme IRI; la crise
pourrait être calmée par une première entrevue en CLSC. Une évaluation préalable est
donc essentielle avant de faire appel à ce service.
Les familles à risque fonctionnent par crises. Dans leur cas, c’est à l’intérieur du processus
de traitement qu’il faudrait aborder la crise, et non en recourant à IRI. On convient
cependant que l’intervention IRI n’est pas inutile pour un cas déjà suivi : l’intervenant IRI
arrive parfois à un moment charnière, où l’on doit chercher un appariement entre les
besoins de l’heure et les services; son intervention procure à l’intervenant responsable du
cas le temps de le faire adéquatement. D’autre part, plus un intervenant agit en amont, plus
il est efficace.
✟
Certains segments de la présente clientèle devraient-ils parfois être plutôt dirigés vers
d’autres types de services ?
En général, la clientèle du programme IRI est définie par l’urgence et la crise et souvent,
par l’imminence du placement du jeune.
Au service IRI-Accueil-DPJ, l’Urgence sociale réfère les cas lorsqu’il faut envoyer un
intervenant à domicile le soir même. Dans les situations de crises et d’urgence se
présentant dans la journée, on estime que les parents doivent prendre leurs responsabilités
et s’adresser eux-mêmes aux ressources de la communauté dont ils ont besoin. Pour
l’intervention IRI, on devrait cibler les cas où il y a imminence d’un signalement à la DPJ.
Par ailleurs, d’autres services apparentés, telle l’Intervention-terrain de la DPJ, ont des
mandats quelque peu différents de celui du programme IRI : dans le cas précité,
l’intervenant-terrain se rend à domicile afin de mieux apprécier le danger pour le jeune,
lorsqu’un signalement reçu en-dehors des heures régulières de travail laisse planer des
doutes quant à la gravité de la situation. Une telle visite est importante pour permettre à
26
l’intervenant qui doit décider de la rétention du signalement de mettre la situation en
perspective et formuler un jugement plus éclairé à cet égard.
Même si, dans un certain nombre de cas, les intervenants IRI ont déjà accepté de pallier au
délai d’accès de la clientèle à d’autres services, on doit se rappeler qu’IRI n’est pas une
porte d’entrée pour l’ensemble des services du CJM; il n’est pas non plus un palliatif à
l’absence de certains services dans la communauté. On doit utiliser avec discernement ce
programme, qui vise essentiellement à réaliser une intervention de courte durée en
situation de crise, afin de résorber cette crise et permettre aux clients d’envisager au besoin
le recours à d’autres types de services à plus long terme.
On parle des intervenants IRI comme de «démêleurs» : parfois, les familles ne savent plus
s’y retrouver dans les services; c’est l’intervenant IRI qui va alors, non seulement les aider
à mieux discerner la nature des services nécessaires, mais les accompagner lorsqu’ils vont
se procurer ces services. L’intervenant IRI est d’autant plus efficace que la famille est
déstabilisée par la crise qui la secoue. Lorsque, en raison de la gravité de la situation, un
placement doit se faire en urgence, l’intervenant IRI est à même d’épauler la famille afin
que ce placement se fasse de façon adéquate.
On estime que le programme IRI n’est pas approprié lorsque la crise implique une tentative
de suicide ou un risque suicidaire : il s’agit nettement d’une situation exigeant des services
spécialisés en santé mentale. (À cet égard, on souligne que, à Laval, il y a des équipes
spécialisées en santé mentale dans les CLSC.)
Avec la clientèle LJC identifiée, on estime que le programme IRI peut être pertinent avant
l’ordonnance; toutefois, IRI n’aurait rien à voir avec ce type de cas, après qu’il y a eu
ordonnance.
Dans l’ensemble, lorsque l’on considère la clientèle à la porte d’entrée du CJM, on
s’aperçoit qu’il s’agit dans la majorité de cas d’enfants négligés et/ou battus. On estime
que le programme IRI devrait cibler cette clientèle beaucoup plus qu’il ne le fait
présentement.
Le protocole CJM-CLSC est venu clarifier les rôles de l’un et l’autre organisme,
notamment quant aux cas suivis en vertu de la LSSSS. Certains CLSC disposent
actuellement de quelques éducateurs.
✟
Certaines clientèles devraient-elles être exclues du programme IRI ?
On se demande si la question à se poser ne devrait pas être : Quel type de situation (plutôt
que de clientèle) devrait être du ressort des services réguliers du CJM ou d’autres services
dans la communauté, plutôt que d’un programme tel qu’IRI ?
Ainsi, un participant s’interroge quant à savoir si une intervention IRI serait toujours
pertinente pour …
27
§
§
un cas présentement suivi en application des mesures ?
un cas connu de la réadaptation, particulièrement lorsque ce cas a été fermé
depuis peu de temps ?
D’autre part, on s’oppose à l’exclusion systématique de certains cas. Même si les
protocoles en vigueur ont défini des clientèles pouvant profiter du programme IRI, on
souhaite qu’il n’y ait pas d’automatisme dans la référence, soit à IRI, soit à un autre
service. Il incombe au service de l’Accès de tenter de démêler d’abord les situations.
Toutefois, à l’occasion, un intervenant IRI pourrait accepter de rendre au conseiller de
l’Accès le service d’effectuer une intervention à domicile, afin de mieux saisir les enjeux
d’une situation présentant certains aspects de crise.
On souligne que l’intervention intensive et les situations de crise ne sont pas l’apanage
exclusif du programme IRI. On doit se rappeler que ce programme est de très courte
durée : bien que, dans la plupart des cas, l’intervention IRI soit terminale, elle représente
pour quelques familles une transition, un passage vers d’autres services. Pour cette raison,
on ne peut attendre d’un intervenant IRI qu’il réalise auprès d’une famille le travail
d’éducation ou de réadaptation qu’un éducateur externe pourrait entreprendre avec elle à
moyen ou à long terme, en réponse à un besoin adéquatement évalué.
28
LES OBJECTIFS DU PROGRAMME
ET LES SERVICES DONNÉS :
UNE CORRESPONDANCE ?
Les objectifs initiaux du programme IRI étaient de résorber la crise dans la famille et de
prévenir le placement du jeune impliqué dans cette crise; un troisième objectif avait trait
aux services de la Direction de la Protection de la jeunesse : on souhaitait que ce
programme contribue à réduire le taux de signalements retenus, en donnant aux familles le
soutien requis pour éviter, si possible, qu’elles n’entrent dans le système de protection de
la jeunesse.
L’analyse de la situation actuelle tend à démontrer la pertinence de ces objectifs. Elle est
confirmée, dans une certaine mesure, par les résultats atteints lors de la période repère de
trois mois : le taux de placements y a été relativement peu élevé (moins de 10%); d’autre
part, à la fin de l’intervention, seules 8% des familles ont dû être orientées vers les services
de protection de la jeunesse du CJM (dont 5,6% à l’Évaluation-orientation et 2,5%, à la
prise en charge), alors que pour 7,7% des jeunes, on estimait nécessaire la poursuite de
l’intervention avec un éducateur en externe.
Par ailleurs, la nature des services fournis dans le cadre du programme IRI respecte, à peu
de choses près, les paramètres d’une intervention rapide, intensive et de courte durée au
domicile de la famille en crise. Si le portrait d’ensemble est révélateur à cet égard, les
données recueillies ont néanmoins soulevé quelques questions sur la pratique, tel le
nombre relativement élevé d’entrevues au bureau ou la longueur de la durée de
l’intervention, relevés dans certains cas.
D’autre part, si l’on compare les données de l’intervention IRI à celles émanant des
services donnés dans le cadre de l’Intervention-terrain de la DPJ, le caractère distinct, bien
qu’apparenté, de leurs mandats respectifs apparaît clairement.
L’Intervention-terrain évoque un caractère d’urgence, qui est confirmé dans près de 65%
des cas traités entre le 1er avril 2001 et le 30 mars 2002, alors que l’on répondait
explicitement à une demande d’intervention immédiate. Dans 34% des cas, on a omis de
préciser quel était le code de priorité attribué à la demande de service; cependant, lorsque
l’on examine la répartition des interventions-terrain en fonction du motif de la demande
d’intervention, on retrouve une confirmation explicite de l’urgence de la situation dans
80% des cas.
La durée de l’Intervention-terrain ne dépasse généralement pas 4 heures (86,3% des cas) –
comparativement à une moyenne de 9,3 heures/famille pour l’intervenant IRI. Par ailleurs,
29
les interventions-terrain ont plutôt lieu le soir (73,6%), bien que 16,4% d’entre elles se
fassent entre 9h. et 16 h. et ce, un peu plus souvent en fin de semaine et lors de congés
fériés (51,5%) que durant la semaine (44,7%). Si les intervenants IRI sont aussi
disponibles en-dehors des heures régulières de travail, la majorité des demandes reçues au
cours des trois mois investigués leur sont parvenues durant la semaine entre 9h. et 17h.
Afin de préciser davantage la réalité des services donnés à l’intérieur du programme IRI,
on a fait appel à l’expérience des intervenants impliqués de près ou de loin dans le
programme IRI, à partir de questionnements se rapportant dans l’ensemble aux éléments
suivants :
La raison d’être du programme IRI au Centre jeunesse est-elle la même
qu’au début de son implantation ? Ce programme est-il utilisé en
concordance avec les objectifs et les paramètres spécifiques de ce
programme ? D’après votre expérience de ce programme, jusqu’à quel
point les modes d’intervention utilisés satisfont-ils les critères de rapidité,
d’intensité, de durée, ainsi que celui relatif au lieu privilégié de
l’intervention – le domicile des clients – que l’on a définis comme les
principales caractéristiques d’un programme d’intervention en situation
de crise, tel qu’IRI ?
Ce qu’on en dit ailleurs
Dans un chapitre précédent (Les fondements théoriques du programme IRI), nous avons
passé en revue un certain nombre de programmes analogues, avec leurs forces et leurs
faiblesses, ainsi que les résultats auxquels ils sont arrivés au plan de la prévention du
placement des jeunes et de l’amélioration des interactions entre les membres des familles
secouées par une crise. Cette recension des écrits a servi à la fois à illustrer la complexité
de l’intervention et celle des résultats auxquels elle peut aspirer, ainsi qu’à confirmer le
bien-fondé des programmes d’intervention de crise rapide et intensive en raison des
bénéfices réels qu’ils apportent aux individus et aux familles ainsi touchées.
Ce qu’en ont dit les intervenants du CJM et de quelques CLSC
✟
La nature des services demandés aux intervenants du programme IRI correspondelle dans l’ensemble à la raison d’être de ce programme ?
L’intervenant IRI pouvant être appelé pour une urgence ou pour une crise, il est d’abord
essentiel de rappeler la distinction qui a été faite entre les deux concepts, lorsque le
programme IRI a été implanté, ainsi que ses implications pour l’intervention. Ainsi,
30
l’urgence implique un danger pour le jeune, alors que dans la crise, il n’y a pas de danger
immédiat.
Tel qu’initialement prévu, un certain nombre de demandes d’intervention IRI proviennent
des CLSC. On constate qu’il s’agit, la plupart du temps, d’une vraie crise qui implique,
pour le CLSC référant, un nouveau cas; l’intervenant IRI agit alors très rapidement et
efficacement. Par ailleurs, dans les cas connus du CLSC qui se retrouvent en crise, on
estime que c’est à l’intervenant du CLSC de gérer cette crise.
Il arrive que le CLSC fasse une demande à IRI parce qu’ainsi, il lui est plus facile d’obtenir
plus rapidement les services d’un éducateur externe; toutefois, le recours à un intervenant
IRI pour cette raison peut avoir un effet pernicieux, parce que ce dernier doit se retirer
rapidement du dossier et le jeune, qui nécessite des services à plus long terme, se
retrouvera à nouveau sans service en raison des délais d’accès à un éducateur en externe,
lors d’un transfert.
Certains ont l’impression que les CLSC pensent facilement «placement» : on se questionne
sur la pertinence de certaines demandes en ce sens provenant de la prise en charge des
CLSC. On reconnaît cependant que souvent, l’intervenant du CLSC a très peu
d’alternatives lorsque la situation se dégrade. Une intervention de l’intervenant IRI,
complémentaire à la sienne, peut s’avérer très utile en certains cas pour éviter le placement
du jeune.
Qui doit décider s’il s’agit vraiment d’une situation requérant un intervenant IRI ? Qui doit
évaluer l’urgence d’une demande provenant d’un CLSC ?
On s’entend sur le fait que c’est la responsabilité du service de l’Accès, ainsi que du chef
de service du référent. On note que l’Accès envoie parfois l’intervenant IRI en éclaireur, à
domicile – ce qui est un peu en-dehors du mandat de ce dernier, bien qu’une telle
démarche puisse être très utile au conseiller à l’Accès, qui doit décider de l’acceptation ou
du refus de la demande et, le cas échéant, de son orientation vers les services, IRI ou autre,
du CJM. On convient que, règle générale, c’est le référent qui a la responsabilité de
clarifier la situation avant de transmettre une requête pour un service IRI et ce, que ce
référent provienne du CJM ou d’un CLSC.
✟
Jusqu’à quel point les modes d’intervention présentement utilisés respectent-ils les
critères de rapidité, d’intensité, de lieu ainsi que de durée de cette intervention ?
♦ La rapidité
Le programme IRI prévoyait que l’intervenant réponde à la demande dans un délai très
court. L’on constate que, si ce paramètre était respecté au début, l’implantation des
protocoles d’accès a apporté un certain changement dans la disponibilité de l’intervenant.
Maintenant, il est plus difficile de respecter les délais, ce qui est lié dans une certaine
mesure à la question des horaires.
31
Par ailleurs, il faut établir une distinction entre une réponse immédiate et la présence
effective de l’intervenant à la maison. Il est exceptionnel que l’intervenant ait à se rendre à
la maison en-dedans de deux heures pour effectuer la première intervention. Souvent, le
seul fait de téléphoner à la famille pour l’aviser que l’intervenant va s’occuper d’elle fait
considérablement diminuer la tension chez ses membres. En outre, dans environ 10% des
cas, la famille ne veut pas recevoir l’intervenant tout de suite.
♦ L’intensité
L’intervention IRI se fait selon une courbe d’intensité variable : l’intervenant a beaucoup
de contacts avec la famille au début – généralement, il va à la maison trois fois durant la
première semaine, pour une durée approximative de deux heures à chaque visite. Ensuite,
le rythme des visites diminue graduellement, selon les besoins des clients. Les délais
imposés par l’éducateur entre les visites lui permettent, entre autres, d’évaluer la capacité
de la famille à se reprendre en mains.
Pour certaines familles – en particulier, les jeunes familles – l’intensité de l’intervention
doit être plus importante. Les intervenants E/O demandent une intensité précise en fonction
du risque qu’ils ont à gérer. D’autre part, l’intensité de l’intervention à mener avec chaque
famille dépend dans une certaine mesure du nombre de cas avec lesquels l’éducateur IRI
doit simultanément travailler. Elle est aussi fonction de la disponibilité des parents. Enfin,
l’on estime qu’en certains cas, l’intensité n’est pas réellement nécessaire.
Il faut distinguer le concept d’intervention massive de celui d’intervention intensive. Le
premier fait référence à la durée du temps passé avec la famille, alors que le second fait
appel à la disponibilité réelle de l’intervenant face à la famille. À cet égard, on signale
certains problèmes amenés par le nouveau modèle de pagette que l’établissement a décidé
de donner aux intervenants IRI; il s’agirait d’un modèle moins performant : en certaines
circonstances, les intervenants perdraient une partie de leurs appels, ce qui s’avère un
irritant pour les parents et les partenaires …
♦ Le lieu de l’intervention
La majorité des interventions ont lieu au domicile des clients. L’intervenant peut aussi
accompagner le parent ou le jeune dans les organismes et ressources communautaires.
Parfois, une première intervention au bureau est nécessaire afin de formaliser la démarche
avec les parents et le jeune, dans les cas où les parents manifestent de la résistance à
s’impliquer dans l’intervention : une telle façon de faire s’est révélée particulièrement
fructueuse avec certains parents de milieux ethnoculturels différents.
♦ La durée de l’intervention
On fait état du danger pour l’intervenant IRI de prendre sur son dos tous les problèmes de
la famille et ceux de l’établissement : ainsi, en certains cas, il peut étirer son implication
32
avec une famille à cause du délai encouru avant qu’elle n’ait accès aux services réguliers
dont elle a besoin.
On se demande si un placement met automatiquement fin à l’intervention IRI. On estime
que, si le placement est de courte durée, l’intervenant IRI peut continuer à être impliqué,
afin que ce placement serve à favoriser la résorption du problème en donnant à la famille
l’espace nécessaire pour mettre en perspective les éléments ayant précipité la crise.
Au CJM, la mesure de placement est utilisée pour 24 heures ou pour 30 jours. On
souhaiterait, dans le programme IRI, pouvoir utiliser une période de temps mitoyenne – par
exemple, 5 jours, ce qui représente un espace de temps parfois suffisant pour offrir à la
famille le répit dont elle a besoin.
Lorsque le placement est de 30 jours, on se questionne quant à savoir qui a la
responsabilité du suivi : s’agit-il de l’intervenant IRI ou un intervenant de la prise en
charge ne devrait-il pas alors s’impliquer dans le cas ? Par ailleurs, on estime que
l’intervenant IRI a la responsabilité de travailler, le cas échéant, au maintien des liens entre
parents et enfant en cas de placement.
Pour un programme tel qu’IRI, certains se demandent s’il ne pourrait y avoir, dans chaque
territoire, un certain nombre de places réservées en hébergement pour une courte période
d’évaluation, au besoin.
Enfin, selon un participant, la question des horaires poserait problème en certaines
situations : par exemple, en fin de semaine, des familles ne voudraient pas voir
l’intervenant IRI. Le moment le plus propice pour cette intervention serait l’après-midi et
la soirée, durant la semaine. L’établissement des horaires des intervenants doit donc tenir
compte des données de l’expérience pour permettre la souplesse requise pour les visites
aux familles.
33
L’AVANT ET L’APRÈS DE L’INTERVENTION IRI
L’accès aux services du programme IRI et les suites de l’intervention représentent deux
dimensions contribuant au succès ou à l’échec de cette intervention. En effet, jusqu’à quel
point est-il facile ou difficile d’obtenir les services d’IRI ? Et si, à la fin de l’intervention
IRI, la famille ayant réussi à se sortir de la crise qui l’ébranlait a besoin de continuer à être
épaulée pour maintenir et renforcer ses acquis, pourra-t-elle recevoir, dans un délai
raisonnable, les services d’un intervenant d’un autre secteur du CJM ou d’un autre
organisme ?
L’étude de l’intervention IRI au cours des mois récents a permis de constater que, si la DPJ
demeure toujours la source de la majorité des demandes, les CLSC et les CH continuent,
bien qu’en proportion beaucoup moins importante qu’avant, à faire appel au programme
IRI. Par ailleurs, les références aux partenaires internes et externes, suite à l’intervention
IRI, concernent une proportion relativement peu élevée des familles. On peut se demander
quelle est, en ce cas, la qualité de la continuité des services.
Avec le groupe d’intervenants consultés, nous avons donc cherché à clarifier le processus
entourant l’intervention IRI :
L’accès aux services IRI
L’accès aux services IRI par les intervenants du CJM ou les partenaires
externes est-il généralement assez aisé ou plutôt difficile ? Les critères
d’accès au programme sont-ils ou non généralement respectés par ceux
qui en font la demande et ceux qui la reçoivent? Les modalités d’accès à
ce service, tant à l’Accueil-DPJ que dans les territoires, sont-elles les plus
appropriées ou devraient-elles être modifiées ? Si oui, de quelles façons ?
La référence aux partenaires internes et externes
À la fin de leur intervention, jusqu’à quel point est-il facile ou
problématique pour les intervenants IRI d’obtenir une réponse favorable
à une référence jugée nécessaire à d’autres services du CJM ou à des
partenaires externes, tels les CLSC ou autres ? En quoi et comment
pourrait-on, au besoin, améliorer la continuité des services pouvant ainsi
être requis par certains clients, suite à l’intervention IRI ?
34
Ce qu’on en dit ailleurs
Plusieurs recherches ont souligné la vulnérabilité des familles traitées dans le cadre d’un
programme d’intervention de crise. À cet égard, comme le suggérait Feldman (1991), les
intervenants devraient peut-être initier des visites de follow up durant la première année
suivant la fin du traitement. Le but serait de renforcer ce qui a été enseigné, s’assurer que
les familles utilisent au besoin les ressources de la collectivité et leur procurer le soutien
social nécessaire. Par ailleurs, un grand nombre d’évaluations de programme ont confirmé
l’importance d’aménager autour de la famille un réseau de soutien et d’entraide sur lequel
elle pourra s’appuyer pour surmonter dans l’avenir les difficultés analogues à celles ayant
conduit à la situation de crise.
Ce qu’en ont dit les intervenants du CJM et de quelques CLSC
✟
Jusqu’à quel point l’accès aux services IRI est-il facile ?
Pour les intervenants E/O, il est assez aisé d’obtenir les services IRI. Dans les Code 1
relatifs à une situation de crise en raison de troubles sévères du comportement (L.P.J.
article 38H), l’intervenant de ce service peut appeler directement l’intervenant IRI – ce qui
représente une nette amélioration sur la situation passée. Il n’y a pas de délai entre la
demande et la première action de l’intervenant IRI auprès de la famille. On peut faire une
première visite conjointe de l’intervenant E/O et de l’intervenant IRI dans la famille, ce qui
permet de clarifier plus vite la situation, de voir s’il y a ou non place à une intervention
IRI, et de décider de l’orientation du dossier. À cet égard, on estime que les protocoles ont
été aidants.
D’autre part, en dépit de la complicité entre ces intervenants, il n’y a pas toujours de
continuité dans les dossiers, suite à cette première rencontre exploratoire. On déplore aussi
le fait qu’en certains endroits, quelques jeunes intervenants E/O peu expérimentés ont
monopolisé pendant un certain temps les intervenants IRI, en leur faisant faire ce qui
relevait en fait de leurs responsabilités – avec le résultat que les intervenants IRI avaient
moins de disponibilité pour les autres cas. En d’autres occasions, les mêmes intervenants
IRI ont agi comme dépanneurs, ce qu’ils estiment ne pas être leur rôle.
Dans les signalements non retenus, certains intervenants IRI ont l’impression que parfois,
les intervenants RTS ont d’abord recours à eux pour éclairer leur jugement, grâce à une
visite à domicile, avant de prendre leur décision. On verrait l’intervenant IRI comme les
yeux de la DPJ, alors que les intervenants de l’Urgence sociale ou du service RTS en
seraient les oreilles.
Dans les CLSC, on observe parfois une confusion entre le besoin de services cliniques et le
besoin de services IRI. On réitère la nécessité d’effectuer une bonne évaluation de la
famille dès la première rencontre. En général, il y a une excellente concertation et un
travail complémentaire entre l’intervenant du CLSC et l’intervenant IRI.
35
Un participant rapporte voir dans son CLSC un grand nombre de jeunes présentant des
troubles sévères du comportement (L.P.J. article 38H) dont la gravité entraînerait un risque
imminent de placement. On considère l’intervenant IRI comme une personne qui peut
recadrer les rôles et soulager ainsi les parents. Par ailleurs, on a besoin de souplesse quant à
l’exigence d’éviter à tout prix le placement, car certains cas sont très détériorés. On
rencontre aussi des familles qui ont de la difficulté à s’investir, surtout lorsqu’elles doivent
faire face à plusieurs intervenants en même temps. Parfois, on a l’impression d’arriver, ou
trop tôt, ou trop tard dans la famille. Souvent, la première activité consiste à demander un
arrêt d’agir, lorsque le jeune est trop désorganisé. Les familles où il y a des problèmes de
santé mentale chez l’un ou l’autre de leurs membres expérimentent fréquemment des crises
et font partie des cas qui reviennent à IRI.
À l’Accès, les demandes de la part du CLSC commencent souvent par une consultation.
Les critères utilisés pour demander une intervention IRI sont l’intensité de la crise, la
désorganisation du milieu, l’épuisement des parents et le risque de placement du jeune.
L’Accès obtient généralement une bonne réponse des CLSC à la demande que le cas soit
priorisé pour une intervention complémentaire de leur part. L’évaluation conjointe de la
situation permet de cibler les objets d’intervention qui peuvent être simultanément
poursuivis par divers intervenants. On remarque que le protocole de collaboration CJMCLSC favorise le partage des expertises.
Il est important d’avoir une grille commune d’évaluation des situations de crise, qui serait
aussi utilisée par les partenaires. Plusieurs partenaires sont généralement impliqués auprès
des familles suivies par les intervenants IRI. Il est important de spécifier le champ d’action
du programme IRI, préciser la cible d’intervention, les critères d’accès, et les faire mieux
connaître à nos partenaires; il faut générer des alliances, alimenter la collaboration avec
eux, afin que les activités professionnelles auprès des familles ne soient pas divergentes.
La diminution des demandes provenant des CLSC pour le programme IRI, qui a été
observée dans les derniers mois, est peut-être imputable, au moins en partie, au fait que
certains CLSC ont amélioré leurs services pour prévenir les crises : on donne en exemple
les groupes mis sur pied pour les parents d’adolescents. En outre, les CLSC discernent
mieux les situations qui font appel à des services spécialisés.
D’autres partenaires ont aussi évolué dans leur approche des situations de crise : on fait
état de services psychiatriques dans l’ouest de la ville qui référaient souvent les cas à IRI
plutôt que de s’engager, au préalable, dans un travail clinique soutenu. Des discussions
avec certains des professionnels en cause ont amené ces derniers à remettre en question la
pertinence de leurs demandes. Ils utilisent maintenant les services IRI de façon beaucoup
plus judicieuse.
36
✟
Une réponse rapide à une référence aux partenaires internes et externes est-elle
facile ou difficile à obtenir ?
On signale certains problèmes quant aux suites données à la référence que fait l’intervenant
IRI à un partenaire : ainsi en est-il dans les dossiers où, à la demande d’un CLSC, un
intervenant IRI intervient le soir même auprès d’une famille. Lorsque, le cas échéant, il
doit référer le cas le lendemain à un éducateur externe, ce dernier se retrouve seul au
dossier, le CLSC s’étant retiré du cas. Par la suite, quand le travail de l’éducateur externe
avec le jeune est terminé, il n’y a pas de relève pour donner à la famille le soutien dont elle
a besoin, et qui devrait lui venir du CLSC.
Les problèmes de référence après l’intervention IRI peuvent se présenter à l’interne aussi
bien qu’à l’externe. À l’interne, il est parfois impossible d’obtenir rapidement les services
d’un autre intervenant pour poursuivre le travail amorcé par l’intervenant IRI, lorsque ce
dernier termine son mandat. À l’externe, on se demande parfois comment retourner le cas
au CLSC. On déplore l’absence d’un mécanisme formel d’output, qui serait le pendant du
processus déterminé pour accéder aux services IRI. Un transfert personnalisé s’avère en
effet très important pour les parents.
D’autre part, certains travaux en ce sens ont été amorcés pour des cas particuliers. On
mentionne le «Guide de collaboration avec les CLSC», qui cible les cas vus par un
intervenant IRI en fin de semaine et référés le lundi suivant au CLSC, lequel s’engage à
agir le jour même. Depuis l’adoption de ce guide de collaboration, on note une nette
amélioration dans ces références. Le frein à la continuité des services n’est plus dans la
disponibilité de l’intervenant du CLSC, mais dans celle de certains clients.
On signale à l’occasion quelques problèmes de communication entre l’intervenant IRI et
celui du CLSC : ce dernier éprouverait parfois de la difficulté à connaître ce qui a été fait
par l’intervenant IRI auprès de la famille.
On observe en général qu’une approche multi-systémique est très efficace avec une
problématique de troubles graves du comportement. Le travail en réseau n’est
malheureusement pas encore une pratique courante.
Il y a beaucoup de travail à faire avec les écoles, les hôpitaux, etc. On cite en particulier les
longues listes d’attente des hôpitaux, qui ont un impact sur la réponse aux références d’IRI,
tout comme à celle donnée aux références d’autres professionnels et organismes.
Enfin, alors que ce service devrait être un facilitateur, on signale des problèmes avec
l’Accès dans certains territoires, lorsque l’on cherche à transférer un cas d’IRI-AccueilDPJ à un intervenant IRI d’un territoire ou à un intervenant de la prise en charge. Les
délais dans la prise en charge ont par ailleurs un impact négatif sur la motivation du client.
À cet égard, on souligne l’importance de la communication entre l’intervenant de la prise
en charge et l’intervenant IRI, auquel le client a accordé sa confiance dans un moment de
grande vulnérabilité. Il est crucial, pour la suite de l’intervention, que l’intervenant IRI soit
37
en mesure de faire le lien entre ce client et le nouvel intervenant. Compte tenu des
difficultés rencontrées en certains endroits, on souhaite qu’il y ait une révision du rôle de
l’Accès à la sortie des cas IRI.
Les problèmes de continuité après l’intervention IRI illustrent les difficultés d’une
approche complémentaire, pourtant essentielle au succès de l’intervention auprès de
certaines familles. Les premiers gains résultant du processus d’aide entamé lors de
l’intervention de crise risquent en effet d’être annihilés par une rupture dans l’intervention.
Les intervenants IRI ont été à même de constater l’effet néfaste que le cloisonnement des
services peut avoir sur leur travail. Les premiers jalons du changement amené dans une
famille par une intervention de crise auraient besoin d’être reconnus et renforcés de façon
adéquate par l’intervenant qui prend le relais, afin d’accroître les chances de succès des
efforts thérapeutiques amorcés auprès de cette famille.
38
LES RESSOURCES HUMAINES
La question des ressources humaines à affecter à un programme particulier évoque divers
aspects : les caractéristiques professionnelles à privilégier pour s’assurer que les
intervenants sélectionnés possèdent effectivement les connaissances de base et
l’expérience requise pour assumer les responsabilités définies dans ce programme; la
formation spécifique à prévoir pour habiliter ces intervenants aux modes particuliers
d’intervention inhérents à la dispensation de ce programme; et enfin, l’encadrement et le
soutien cliniques à assurer, afin de permettre aux intervenants d’intégrer les connaissances
nouvelles, tester au besoin la pertinence clinique de leurs interventions et enfin, surmonter
le stress provoqué par certaines situations difficiles rencontrées au cours de ces
interventions.
Les intervenants du Programme IRI proviennent tous du milieu de la réadaptation. Par
contre, dans les programmes semblables mis sur pied aux Etats-Unis, on note que les
intervenants sont surtout des travailleurs sociaux ou des personnes ayant reçu une
formation de nature psychosociale.
Dans certains programmes expérimentés dans ce pays, on a observé que les travailleurs
sociaux avaient plus de succès avec les familles de jeunes enfants, alors que dans une
proportion significative de cas, l’intervention avec des enfants plus âgés ou des adolescents
présentant des troubles de comportement se soldait par un échec à plus ou moins long
terme, certains jeunes en arrivant même à un comportement délinquant. Au CJM, les
éducateurs du programme IRI semblent par contre obtenir des résultats très intéressants
avec ce type de jeunes, qui forment d’ailleurs la plus grande partie de leur clientèle. On
note que, avant de s’engager dans le programme IRI, la plupart de ces intervenants ont
acquis une expérience substantielle dans la réadaptation des adolescents. Par ailleurs, dans
l’hypothèse où le portrait de l’intervention IRI récemment obtenu correspondrait dans
l’ensemble à la réalité de ce programme, il semblerait que ces intervenants sont
relativement peu présents auprès les familles des tout-petits. Le cas échéant, une telle
situation pourrait avoir un certain rapport avec l’importance que prend cette clientèle dans
l’action de l’Intervention-terrain de la DPJ; elle pourrait être en partie imputable à la
décision prise au cours des derniers mois de prioriser la clientèle présentant des troubles
graves du comportement – où l’on retrouve en majorité des adolescents; elle pourrait aussi
être liée, dans une certaine mesure, au manque de familiarité de plusieurs intervenants
actuels avec ce genre de clientèle.
Lorsque l’on compare, aux résultats différentiels obtenus aux Etats-Unis par des
travailleurs sociaux avec divers segments de leur clientèle, les retombées, sur la clientèle,
de l’action des intervenants IRI, notamment auprès des adolescents, et le type de clientèle
effectivement desservie, on peut peut-être se poser la question suivante : jusqu’à quel point
le type de formation et d’expérience des intervenants IRI a-t-il une incidence sur les
39
caractéristiques des usagers rejoints, ainsi que sur les familles et les jeunes avec lesquels ils
obtiennent un succès plus évident et plus permanent? Si besoin est, y aurait-il lieu de leur
donner un supplément de formation à l’intervention avec des familles autres que celles
d’adolescents ? Devrait-on envisager la possibilité d’adjoindre aux équipes IRI quelques
professionnels dont l’expertise a été développée auprès des familles de jeunes enfants –
qu’il s’agisse d’éducateurs ou de travailleurs sociaux ?
Qu’en est-il des moyens mis en place dans l’établissement afin de préparer et encadrer les
intervenants qui intègrent le programme IRI?
Étant donné le caractère particulier d’un programme d’intervention axé essentiellement
vers les situations de crise dans les familles, les intervenants reçoivent au départ une
formation pertinente aux modes d’intervention à privilégier dans ces cas; ils sont initiés
aux processus à suivre, particulièrement lors de la première visite à domicile, aux
précautions à prendre en cas de violence appréhendée, etc. Par la suite, l’intégration de cet
enseignement est favorisée par un mode de soutien clinique assez étroit des intervenants.
Toutefois, dans les dernières années, une certaine variabilité dans l’encadrement des
intervenants IRI répartis à travers les territoires du CJM est apparue à certains endroits.
Jusqu’à quel point cette variabilité dans l’encadrement clinique a-t-elle eu un impact sur la
fidélité des intervenants au modèle d’intervention préconisé – modèle qui se distingue des
modes plus traditionnels d’intervention, tels ceux utilisés la plupart du temps dans les
services de prise en charge - e.g. une prédominance d’entrevues au bureau, une
intervention pouvant s’étendre sur une période de temps relativement longue, etc. ?
Les questions soumises à la discussion ont donc touché les points suivants :
Les caractéristiques professionnelles
Les caractéristiques professionnelles d’intervenants affectés à un
programme d’intervention de crise ont-elles une incidence sur la
prestation de ces services et les résultats observés chez la clientèle ? Les
intervenants devraient-ils ou non posséder ou acquérir des qualifications
spécifiques pour travailler dans un programme tel qu’IRI ?
Les besoins de formation
La formation donnée aux nouveaux intervenants du programme IRI est-elle
suffisante pour leur permettre d’intégrer et maintenir les valeurs à la base
d’un tel programme et maîtriser les modes particuliers d’intervention qu’il
commande ? Certains intervenants disposant déjà d’une certaine
expérience dans le programme IRI auraient-ils besoin d’une formation
supplémentaire par rapport à des problèmes rencontrés dans leur pratique
auprès de clientèles particulières ?
40
L’encadrement et le support des intervenants
La façon dont sont présentement encadrés les intervenants IRI, anciens et
nouveaux, représente-t-elle le mode le plus efficace de leur apporter le
support nécessaire, ainsi que des occasions d’approfondir leur
connaissance des problématiques en jeu et de l’apport spécifique du
programme IRI à la réduction d’aspects particuliers de ces
problématiques?
La possibilité de consultations professionnelles sur des difficultés
rencontrées dans l’intervention est-elle aisément disponible aux
intervenants IRI, aussi bien dans les territoires qu’à l’Accueil-DPJ ?
Le cas échéant, de quelles façons pourrait-on améliorer le soutien aux
intervenants, de façon à garantir la qualité des services auprès de la
clientèle visée par le programme IRI ?
Ce qu’on en dit ailleurs
✟
Quelles habiletés l’intervenant d’un programme tel qu’IRI doit-il posséder?
Cole et Duva (1990) estiment que, dans un programme d’intervention de crise tel que celui
des programmes de Préservation de la famille implantés aux Etats-Unis, le rôle de
l’intervenant est plutôt celui d’un conseiller. Il requiert les habiletés nécessaires pour
accomplir les activités suivantes :
♦ Identifier un problème
♦ Faire l’analyse des problèmes ou des questions en jeu et en interpréter les résultats au
client
♦ Communiquer adéquatement avec toutes sortes de «systèmes-clients»
♦ Aider les personnes à s’adapter au changement
♦ Faire face au conflit et à la confrontation
♦ Formuler des objectifs avec le client
♦ Aider d’autres personnes à apprendre comment apprendre
♦ Promouvoir une démarche de croissance et de développement
♦ Évaluer les résultats
♦ Être créatif et innovateur en travaillant avec les clients
♦ Être capable de se renouveler (Lippitt et Lippitt, 1978).
41
✟
Quels éléments de stress confrontent les intervenants qui doivent agir en situation de
crise ?
Dagenais (2000) a réalisé une étude à deux volets. Le premier consiste en une cartographie
des concepts réalisée avec 12 intervenants ayant eu des expériences d’intervention en
situation de crise auprès de familles desservies au CPEJ de Lanaudière. Dans la seconde
partie, des entrevues ont été réalisées auprès de 27 autres intervenants auxquels il a été
demandé de décrire trois interventions récentes tirées de leur charge de cas. Une analyse de
contenu a ensuite été effectuée à partir du matériel ainsi recueilli.
La cartographie des concepts a mis en évidence les faits suivants :
♦ le stress vécu par les intervenants constituerait, selon eux, un élément central de leur
pratique dans un contexte de crise;
♦ les caractéristiques à partir desquelles les intervenants identifient une famille en crise
sont généralement axées sur ses déficits;
♦ les limites organisationnelles se retrouvent dans la grappe la moins importante de la
carte;
♦ les rapports avec les partenaires (tribunal, intervenants de la santé, etc.) figurent plus
souvent comme des obstacles que comme des éléments facilitants.
Les résultats produits par les deux méthodes mettent en lumière les modèles qui guident les
actions des intervenants et permettent de mieux comprendre pourquoi et dans quels
contextes les interventions sont mises en œuvre. Ils révèlent que …
♦ les intervenants sont confrontés à trois types distincts de crises qui se définissent
respectivement par :
• l’état de détresse de la famille
• les réactions d’un ou des membres de la famille
• l’urgence d’intervenir.
♦ le stress vécu par les intervenants affectés aux familles signalées pour abus physique
constitue un élément central dans l’intervention en situation de crise;
♦ la volonté de maintenir les adolescents dans leur milieu constitue un objectif
omniprésent;
♦ la qualité du partenariat repose essentiellement sur la confiance établie avec les
partenaires.
✟ À quel type de support l’intervenant devrait-il avoir accès ?
Cole et Duva (1990) affirment que, dans un programme d’intervention de crise,
l’encadrement doit être différent de celui qui est propre à un autre programme. La
supervision doit présenter les mêmes caractéristiques que celles du travail entre
l’intervenant et la famille : elle doit être intense, accessible et concentrée; en plus de la
42
gestion du programme, le rôle du superviseur inclut le soutien clinique, l’aide à la prise de
pouvoir et l’enseignement.
En examinant le type de supervision donnée dans des programmes de Préservation de la
famille, les auteurs notent l’importance accordée par les superviseurs à ces éléments
spécifiques :
♦ L’intensité : les superviseurs de ce programme passent plus de temps avec les
intervenants qu’ils ne le font avec des intervenants d’autres types de programme. La
brièveté des services, la gravité des crises, le besoin de planifier et de choisir des
stratégies appropriées exigent en effet des sessions de supervision plus fréquentes et
plus longues.
♦ L’accessibilité : l’accessibilité de 24 heures du praticien à l’égard de la famille requiert
que le superviseur lui soit accessible sur une même base. Le superviseur est souvent
utilisé en tant qu’intervenant soutien ou de remplacement auprès de la famille.
♦ La concentration : à cause du chaos dans lequel se trouvent les familles, l’intervenant
est souvent inondé d’informations et de messages conflictuels. Une des tâches
majeures du superviseur est de l’aider à discerner l’information nécessaire et
d’identifier les objectifs d’intervention à poursuivre. Il doit aussi aider l’intervenant à
limiter ses objectifs de façon réaliste et s’assurer que les activités entreprises
concourent à leur atteinte.
♦ La prise de pouvoir : le superviseur doit avoir la conviction que l’intervenant a le désir
et la capacité de faire son travail. La plupart des intervenants et des familles peuvent
réussir, et toute approche fondée sur l’attente d’un échec est susceptible d’en arriver
précisément à un tel résultat.
♦ Le support : le soutien des familles aux prises avec des crises et une multitude de
problèmes est susceptible à certains moments de saper l’énergie de l’intervenant. Le
superviseur doit lui offrir beaucoup de support et l’aider à reconnaître les progrès
accomplis par la famille ; l’intervenant a parfois tendance à les minimiser, tout comme
à sous-estimer son propre rôle dans l’acquisition de ces gains.
Ce qu’en ont dit les intervenants du CJM et de quelques CLSC
✟ Quel profil professionnel les intervenants du programme IRI présentent-ils ? Quelles
caractéristiques spécifiques les intervenants d’un programme de cette nature
devraient-ils posséder ?
Initialement, le choix des intervenants pour le programme IRI s’est porté sur des
éducateurs. Parmi ceux qui étaient intéressés à s’engager dans ce programme, la sélection
s’est faite par ancienneté. La plupart proviennent de l’Adolescence alors que, dans les
programmes antérieurs, la majorité des éducateurs venaient plutôt de l’Enfance.
43
Au début, on accordait beaucoup d’importance à l’imminence du placement, privilégiant
l’aide aux familles où l’on détectait ce risque. On préconisait une approche la plus concrète
possible, le «faire avec», la débrouillardise. On en est venu à reconnaître l’importance,
pour aider les familles en crise, d’une approche conjuguant une double expertise psychosociale et de réadaptation. On a aussi réalisé que, pour être en mesure d’aider les
familles de jeunes enfants en situation de crise – où souvent, la gestion du risque entre en
ligne de compte - il est nécessaire pour l’intervenant de bénéficier d’une formation
préalable différente de celle requise pour travailler avec des familles d’adolescents.
En plus de maîtriser un éventail adéquat de connaissances sur l’intervention en situation de
crise, l’intervenant IRI doit adhérer aux principes de base de ce type d’intervention. Il doit
également posséder certaines habiletés et faire montre d’attitudes particulières. Il doit avoir
beaucoup de sécurité personnelle et une grande ouverture à l’autre; il doit être capable de
faire face au stress, à la crise. Non seulement doit-il connaître les processus PJ, mais il doit
savoir gérer le risque et assumer au besoin un rôle d’autorité. Il doit comprendre le
développement de l’adolescent ainsi que du jeune enfant, et avoir acquis de l’expérience
pour décoder le comportement d’un jeune. Enfin, il doit être doué d’une capacité
d’adaptation très rapide aux événements.
Pour réussir dans un tel rôle, certaines conditions doivent être présentes chez l’intervenant,
entre autres : être bien situé lui-même; ne pas être en crise dans sa vie personnelle ou
professionnelle. En outre, il doit posséder des qualités particulières – être créatif, pouvoir
se faire confiance dans l’évaluation, mais aussi, être prêt à se remettre en question au
besoin; savoir utiliser la crise, être capable de faire une synthèse rapide de la situation, de
cibler les priorités, d’être en action. En même temps, il doit avoir la patience de travailler
avec le flou, l’incertitude, le paradoxe.
En plus de ses connaissances professionnelles et de ses qualités personnelles, l’intervenant
doit aussi connaître certaines techniques. À cet égard, une formation spécifique – telle la
médiation entre les personnes – peut lui fournir des outils efficaces pour juguler la crise
dans une famille; elle peut aussi éveiller chez lui des idées nouvelles pour raffiner son
intervention.
La disponibilité de l’intervenant en-dehors des heures régulières de bureau est une autre
condition essentielle dans un programme d’intervention de crise.
La réussite du travail avec des partenaires, tant à l’interne que dans la collectivité, demande
de l’intervenant IRI une certaine habileté dans la concertation. Les résultats en seront
d’autant plus positifs que cette concertation sera fondée sur une juste compréhension des
rôles respectifs et une confiance mutuelle entre les protagonistes. À cet égard, on souligne
l’importance de susciter dans l’établissement la confiance des référents par une animation
continue quant au rôle précis des intervenants IRI, leur champ d’expertise et la clientèle
visée par le type d’intervention qui leur est propre. Une telle démarche devrait également
être entreprise et réactivée de façon périodique auprès des autres établissements et
organismes de la collectivité.
44
À un autre niveau, la notion d’équipe est particulièrement importante pour les intervenants
IRI. Parce qu’ils ont un défi commun, ils sont à même de partager les succès et les échecs
de l’intervention, se donner du support dans les moments difficiles, découvrir des façons
inédites de faire face aux situations de crise dans les familles. Ainsi, ils peuvent apprendre
à compenser dans l’échange la solitude, maintes fois éprouvée, d’avoir à inventer pour une
famille en colère, chaotique, désorganisée, des moyens à la fois efficaces, acceptables et
acceptés de retrouver dans la maison un état d’équilibre où le jeune est toujours présent.
✟ De quel type de formation complémentaire un intervenant IRI a-t-il besoin ?
Les intervenants IRI reçoivent au départ une formation spécifique sur l’intervention en
contexte de crise ainsi que diverses consignes quant aux façons d’affronter certains aspects
plus épineux de cette intervention. On se questionne sur la pertinence d’ajouter, à la
formation de base, quelques sessions subséquentes sur des sujets ayant soulevé des
difficultés dans le travail.
Ainsi, à l’heure actuelle, on estime qu’une formation additionnelle au niveau des lois,
notamment la Loi sur la Protection de la jeunesse, pourrait être utile aux intervenants IRI.
Certains contestent encore le rôle de l’intervenant E/O; un rafraîchissement de
l’information à ce sujet pourrait leur permettre une meilleure compréhension de ce rôle,
facilitant d’autant la collaboration entre les deux types d’intervenants.
Une autre formation qui serait de nature à aider les intervenants qui ne l’ont pas reçue
concerne la médiation familiale. Peut-être certains modèles d’intervention de crise
pourraient-ils également être approfondis, en particulier, ceux qui seraient les plus
pertinents à utiliser dans le cadre de la DPJ, tenant compte des responsabilités des
intervenants à l’égard de la gestion du risque ainsi que des limites imposées par la LPJ.
On se demande jusqu’à quel point le Programme de Développement des Pratiques, qui
doit être implanté dans le CJM, pourrait être pertinent pour la formation IRI. On signale
qu’en effet, il pourrait être aidant sur certains aspects : toutefois, on rappelle qu’au début,
l’enseignement est plutôt générique. Des modules d’enseignement plus spécialisés
pourraient éventuellement être développés à la demande des intervenants IRI : à cette fin, il
faudrait d’abord identifier plus précisément les besoins auxquels la formation de base n’a
pas complètement répondu. Pour toute formation, initiale ou complémentaire, on reconnaît
la valeur de faire appel à des professionnels du CJM ayant développé une expertise
spécifique dans des approches pertinentes à ce mode particulier d’intervention.
Information n’est pas synonyme d’intégration. L’enseignement reçu lors des sessions de
formation ne pourra être pleinement assimilé et utilisé par l’intervenant IRI qu’à travers,
entre autres, un encadrement clinique soutenu, permettant de guider l’application, dans la
pratique, des orientations théoriques dont il aura acquis une meilleure connaissance.
45
✟ L’encadrement clinique des intervenants IRI devrait-il avoir un caractère
particulier?
La supervision clinique est essentielle à l’intervenant IRI. Toutefois la formule
d’encadrement doit être souple. Le superviseur doit en tout premier lieu être sensible au
programme, bien en connaître les ramifications et en saisir les exigences pour
l’intervenant. Il doit de plus faire preuve d’une grande disponibilité, afin d’être en mesure
d’épauler l’intervenant qui doit affronter une situation particulièrement cruciale, et qui, ce
faisant, aurait besoin à très court terme de l’opportunité de mettre en perspective les
actions professionnelles qu’il a menées ou encore, de faire confirmer la pertinence de
l’orientation qu’il a choisi de prendre à l’égard de la famille ou du jeune en cause.
L’intervenant a souvent besoin de faire appel à ses ressources d’inventivité pour imaginer
tout ce qui pourrait être fait pour éviter le placement d’un jeune; il a aussi besoin qu’on
stimule sa créativité. Le superviseur a un rôle significatif à jouer à cet égard, à la fois pour
nourrir cette créativité et pour s’assurer que les intervenants disposent des conditions leur
permettant de l’exercer – comme pourrait l’être, par exemple, la possibilité d’utiliser au
besoin une formule plus souple d’hébergement permettant un répit de plus de 24 heures,
mais à court terme, lequel pourrait s’avérer suffisant pour éviter le retrait prolongé du
jeune d’un milieu familial en crise.
46
LE PROGRAMME IRI, AUJOURD’HUI ET DEMAIN
La révision du programme IRI a permis de mieux connaître la façon selon laquelle les
paramètres initiaux du programme sont appliqués au CJM. Elle a donné lieu à des
réflexions sur les succès et les difficultés de l’intervention auprès de familles en situation
de crise, réflexions étayées par l’étude des résultats d’un certain nombre d’évaluations de
programmes analogues mis sur pied aux États-Unis depuis plus de trente ans. Les
retombées de quelques expériences récentes effectuées au Québec et s’inspirant de ces
sources ont également fourni un apport intéressant quant à la précision des conditions
nécessaires à la réussite d’un programme de cette nature.
✟
La problématique en cause et la clientèle visée par le programme: le programme IRI
est fondé sur une vision de l’action que l’on peut entreprendre pour aider les familles
de jeunes qui connaissent un déséquilibre temporaire. Souvent, ce malaise les incite à
demander l’exclusion de leur jeune pour soulager la souffrance engendrée par la
situation de crise qu’elles sont incapables de résoudre par leurs mécanismes habituels.
Elles sont momentanément inaptes à considérer des solutions alternatives au placement
du jeune et à inventer des façons nouvelles, non seulement de faire face au problème
ayant précipité la crise, mais de changer certains modes négatifs d’interaction entre les
membres de la famille pour éviter la récurrence de ce problème. Dans le programme
IRI, on estime qu’une action rapide, intensive et de courte durée à domicile, auprès de
tous les membres de la famille, est de nature à les aider à résorber la crise; ce faisant,
prévenir le placement non nécessaire du jeune; et enfin, commencer à leur apprendre de
nouvelles façons d’être ensemble, afin qu’ils évitent la reproduction de la situation
vécue ou, le cas échéant, qu’ils sachent réduire la crise avant qu’elle n’atteigne des
proportions insoutenables.
Dans les débuts du programme IRI, l’imminence du placement a représenté un critère
important pour prioriser les familles où l’on décelait un risque significatif à cet égard.
Certaines recherches effectuées aux Etats-Unis tendent à démontrer qu’un tel critère
aurait en définitive peu d’impact sur le placement ultérieur du jeune. Une étude attire
cependant l’attention sur la pertinence d’accorder aux familles à risque une aide plus
intensive qu’aux autres familles, afin de dénouer la crise tout en assurant le maintien du
jeune dans son milieu familial.
Jusqu’à maintenant, le programme IRI a surtout été orienté vers l’aide aux familles
inconnues du CJM, que la référence vienne des services d’accueil et d’évaluation de la
DPJ ou encore, des CLSC. L’évolution des demandes pour ce type de services tend à
faire croire que ce programme pourrait, en certains cas, être également utile pour des
familles connues du CJM qui traversent momentanément une crise, à laquelle les
intervenants responsables du dossier ne sont pas en mesure, pour diverses raisons –
dont le moment de l’appel à l’aide - d’apporter un soutien immédiat et intensif.
47
✟
Les objectifs de l’intervention : les objectifs majeurs de l’intervention IRI visaient au
départ, non seulement à résorber la crise dans la famille, mais à prévenir le placement
du jeune, et surtout, son placement en urgence. Un troisième objectif, dont
l’importance a pris une plus grande envergure depuis le rapprochement des
intervenants IRI des services d’accueil de la DPJ, consistait à prévenir si possible
l’entrée formelle dans le système de protection de la jeunesse de certains jeunes ayant
fait l’objet d’un signalement.
L’examen des données sur l’intervention IRI tend à démontrer qu’il est possible
d’atteindre de tels objectifs dans un grand nombre de cas – par exemple, en ce qui a
trait au troisième objectif, un examen effectué par le coordonnateur professionnel, en
collaboration avec le Chef des services d’Accueil DPJ, des 95 dossiers fermés à IRIAccueil DPJ depuis plus de six mois (soit avant le 5 juin 2002) révèle que 67% d’entre
eux n’ont fait l’objet d’aucun autre signalement (retenu ou non-retenu) depuis la fin de
l’intervention IRI. Dans 5% des cas, le jeune était déjà pris en charge par le CJM dans
le cadre de la LPJ; l’intervention de crise s’est limitée à une seule intervention. Dans un
autre 5% des cas, le jeune a fait l’objet d’un nouveau signalement, qui n’a cependant
pas été retenu pour évaluation. Les jeunes qui, après la fermeture du cas par
l’intervenant IRI-Accueil-DPJ, ont fait l’objet d’un signalement retenu pour
évaluation/orientation, à la suite de laquelle la sécurité et le développement du jeune en
cause ont été déclarés compromis, représentent 15% de l’ensemble des cas. Par
ailleurs, en accord avec le référent RTS ou US, un processus identique a été mené pour
un autre 7% des jeunes après la première intervention de l’intervenant IRI-Accueil
DPJ.
Dans l’ensemble, les objectifs du programme IRI devraient être maintenus dans
l’avenir. Cependant, les écrits recensés sur divers programmes d’intervention de crise
expérimentés auprès des familles, aux Etats-Unis, ont confirmé la nécessité d’apporter
des nuances quant à l’objectif de prévenir le placement du jeune impliqué dans cette
situation. Si un tel objectif peut s’avérer très pertinent dans l’intervention auprès de la
plupart des familles en crise, il peut se révéler en certaines circonstances contraire aux
besoins immédiats du jeune, particulièrement dans les cas où sa sécurité est clairement
mise en cause, ainsi que dans ceux où l’intervenant a de bonnes raison de soupçonner
qu’il en soit ainsi.
✟
Le mode d’intervention : l’expérience des intervenants IRI semble confirmer qu’il est
possible, et non seulement pertinent, d’utiliser les modalités d’intervention définies
pour un programme d’intervention de crise tel qu’IRI : de façon générale, l’on constate
que les intervenants respectent les paramètres de rapidité, d’intensité, de lieu et de
durée de l’intervention prévus dans le programme.
Certaines données sur l’intervention réalisée au cours de quelques mois récents ont
toutefois soulevé des questions à ce sujet : même si, de toute évidence, la majorité des
intervenants ont véritablement adopté le «mode IRI», on peut se demander si, à
48
l’occasion, certains n’auraient pas tendance à mêler intervention traditionnelle et
intervention IRI – par exemple, en privilégiant des entrevues au bureau, parfois sur
plusieurs mois, plutôt qu’en travaillant à domicile avec tous les membres de la famille.
Même si cette pratique est plutôt exceptionnelle, il n’en demeure pas moins que, tel
que souligné antérieurement, les intervenants qui s’engagent dans le programme IRI
doivent être fondamentalement en accord avec ses principes de base et ses modes
particuliers d’opération. Il est de la responsabilité des personnes qui les encadrent de
veiller à ce qu’il en demeure ainsi, et de leur assurer les ressources cliniques et
matérielles nécessaires à l’application de ce mode spécifique d’intervention.
✟
L’accès aux services : les modalités d’accès aux services IRI ont évolué au cours des
ans. Dans les derniers mois, on a mis en application des protocoles d’accès, dont
l’efficacité a récemment fait l’objet d’une consultation avec des gestionnaires et des
intervenants. Une proposition à cet égard devrait être soumise incessamment aux
autorités compétentes.
D’autre part, quelques études ont remis en cause la pertinence d’une intervention de
crise rapide et intensive pour certains types de clientèles. À la lumière de leur
expérience, les intervenants IRI auraient plutôt tendance à favoriser un accès universel
à leurs services. À leur avis, une évaluation préalable de la situation effectuée par le
référent du CJM ou du CLSC et appuyée au besoin par un avis du conseiller à l’Accès
devrait fournir les éléments nécessaires pour être en mesure de discriminer, parmi les
familles en besoin de services, celles qui paraissent en mesure de tirer un réel profit du
programme IRI et celles qui devraient plutôt être orientées ailleurs.
✟
Les suites de l’intervention IRI : l’expérience des intervenants IRI révèle des
difficultés importantes à assurer une certaine continuité dans les services lorsque, à la
fin de leur intervention, la famille traitée devrait pouvoir bénéficier de services
additionnels pour poursuivre le cheminement entrepris avec cet intervenant au moment
où elle était en crise. La préoccupation à l’égard du caractère aléatoire de la réponse à
leur demande de transfert conduit même certains intervenants IRI à garder plus
longtemps que prévu la responsabilité de l’intervention – ce qui a des impacts sur leur
disponibilité à donner des services à de nouvelles familles en crise.
Certains problèmes de cette nature en rapport avec des demandes spécifiques des
CLSC ont connu une nette diminution, suite à des ententes conclues entre le CJM et les
CLSC à cet égard. L’on souhaite que, à l’avenir, on prenne les mesures nécessaires
pour nourrir de façon périodique les connaissances que peuvent avoir les divers
services du CJM et les CLSC quant au mandat précis du programme IRI, son champ
d’action, ses modes d’intervention tout autant que ses limites d’opération. Une telle
démarche devrait permettre aux partenaires de mieux apprécier à quels moments le
recours à ce programme peut être indiqué pour leurs clients, et de devenir plus
sensibles aux attentes des intervenants IRI à leur égard, afin d’améliorer la continuité
du suivi clinique qui pourrait s’avérer nécessaire pour certaines familles à la fin de
l’intervention IRI.
49
✟
La formation et l’encadrement clinique des ressources humaines affectées au
programme IRI : en raison des particularités de son intervention, le programme IRI
requiert de ses intervenants une formation spécifique, qui s’ajoute à leurs qualifications
initiales et à l’expérience professionnelle acquise dans le travail auprès des jeunes et de
leurs familles. Cette formation est systématiquement donnée aux nouveaux
intervenants par un professionnel ayant développé une expertise en ce domaine.
Des sessions additionnelles de formation pourraient, le cas échéant, aider l’intervenant
IRI à étendre le champ de ses connaissances dans l’intervention de crise et les
approches à privilégier avec certains types de clients. Il serait souhaitable que les chefs
de service demeurent vigilants à cet égard et suscitent les occasions de s’interroger sur
les moyens de mieux outiller les intervenants dans leur action.
Par ailleurs, l’encadrement clinique demeure un moyen privilégié d’aider les
intervenants à intégrer les connaissances relatives à leur mode particulier d’intervention
ainsi qu’aux problématiques diverses des familles : ces dernières peuvent présenter,
dans un état identique de crise, des réactions qui leur sont propres en raison de la nature
des problèmes sous-jacents et des capacités de changement des individus concernés.
L’encadrement clinique a également une fonction cruciale de soutien aux intervenants,
lesquels sont constamment placés, de par leur rôle, devant des situations difficiles
qu’ils doivent réussir à contrôler et ce, souvent seuls face à une famille en crise.
Alors que dans le passé, l’encadrement clinique n’a pas toujours été systématique, pour
des raisons diverses, il faudra prévoir les moyens d’apporter dorénavant aux
intervenants, sur une base appropriée à leurs besoins, le soutien nécessaire pour
supporter leurs interventions, reconnaître la valeur de leur apport particulier et ce
faisant, contribuer à leur éviter le piège de l’épuisement professionnel.
Une dernière observation …
Afin d’implanter les quelques modifications suggérées pour les demains du programme
IRI, certaines démarches restent à prévoir ou à compléter – par exemple, quant aux
mécanismes d’accès au programme IRI; aux mécanismes de référence après
l’intervention IRI, lesquels, selon les intervenants, devraient être repensés par le service
de l’Accès. Il faudrait aussi revoir les modes d’encadrement clinique et identifier dès
maintenant la nature des formations spécifiques susceptibles d’outiller davantage les
intervenants. Enfin, il faudra prévoir le moment où une évaluation formelle de
l’implantation – et éventuellement, de l’impact - du programme IRI «révisé» devrait
être entreprise; identifier les questions auxquelles on aimerait trouver réponse grâce à
cette démarche (par exemple, jusqu’à quel point, tel que le soutenait Wells (1994) est-il
plus difficile d’éviter le placement d’un enfant qui a déjà connu une telle expérience,
ou d’un adolescent qui, en plus, présente beaucoup d’opposition (Fraser, 1991) ? …
d’un enfant dont la mère monoparentale présente des problèmes au plan de la santé
mentale et/ou de l’abus de substances (Fraser, 1991) ? … etc.); et enfin, élaborer les
50
outils nécessaires à la collecte des données (suivi du programme, évolution de la
clientèle, éventuellement, mesures de l’impact des activités professionnelles sur la
réduction effective des placements non nécessaires ainsi que sur divers aspects du
fonctionnement des familles, etc.).
Le programme IRI a démontré la valeur de son apport à l’éventail des services offerts à
la clientèle du Centre jeunesse de Montréal, ainsi qu’à celle de plusieurs partenaires du
réseau local des services sociaux. Il est à espérer que les démarches complémentaires
qui seront entreprises ou finalisées, suite à la révision de ses divers paramètres, seront
garantes du maintien de la qualité de ses services, dont témoigne déjà le portrait qui
nous est apparu lors du regard d’ensemble que nous avons porté sur ce programme.
51
RECOMMANDATIONS
du Comité de suivi de la révision du programme IRI
Considérations préalables
Depuis la réorganisation des directions clientèle au CJM, le 3 novembre dernier, le
programme IRI comprend trois volets :
✟
IRI-Accueil DPJ : ce volet d’intervention s’adresse à des jeunes entre 6 et 17 ans qui
sont signalés à la Protection de la jeunesse en vertu de l’article 38 H (troubles sérieux
du comportement) et en vertu de l’article 38 1b (non-fréquentation scolaire). Il s’agit
d’un signalement dans des cas non connus du CJM ou inactifs.
De plus (et ce, de façon exceptionnelle), à ce volet d’intervention du programme IRI
s’ajoute la clientèle CJM desservie dans le milieu ou placée en milieu familial et vivant
une crise pouvant provoquer le retrait ou le déplacement du jeune – et ce, lorsque le
service est demandé en-dehors des heures régulières de travail.
Ce volet d’intervention a été mis en place dans le cadre d’un protocole intervenu entre
les Directions clientèles, la DPJ et l’Accès CJM en janvier 2002.
✟
IRI-Territoire : dans ce volet d’intervention sont inclus tous les jeunes entre 0 et 17
ans pour lesquels une situation d’urgence ou de crise nécessite une intervention
immédiate afin de prévenir le placement ou une situation de rupture familiale.
L’intervention est faite en vertu de la LSSSS à la suite d’une demande provenant des
CLSC ou CH. Elle peut également être effectuée dans le cadre de la LPJ, à la demande
d’un intervenant de l’Évaluation/Orientation de la DPJ.
Ce volet d’intervention existe depuis la mise en place du programme IRI en septembre
1997.
✟
IRI-Cas actifs (clientèle recevant des services par les équipes intégrées) : dans ce volet
d’intervention IRI sont ciblés des jeunes entre 12 et 17 ans dans leur milieu naturel ou
d’accueil et recevant présentement des services dans le cadre des équipes intégrées.
Ces jeunes ou leur milieu sont en situation de crise au point où le placement du jeune,
ou son déplacement vers une ressource institutionnalisée ou une autre famille d’accueil
est imminent.
Ce volet d’intervention vient d’être mis sur pied en novembre 2002 et sera revu en
décembre 2003.
52
Les recommandations qui suivent ont été formulées en tenant compte de ces modalités
organisationnelles.
A.
1.
PROBLÉMATIQUE
PROGRAMME
EN
CAUSE
ET
CLIENTÈLE
VISÉE
PAR
LE
Que, tel qu’initialement défini, le programme IRI s'adresse aux familles vivant une
situation d’urgence ou de crise, lorsqu’il y a imminence de placement du jeune.
Au delà des orientations organisationnelles prises depuis la constitution des équipes de
réadaptation externe, le programme IRI doit demeurer centré sur la situation d’urgence
ou de crise touchant un jeune et sa famille, alors que la possibilité de retrait du jeune de
son milieu apparaît imminente.
Certains se demandent s’il n’y aurait pas lieu de préciser davantage le type de crise à
laquelle peut répondre chacun des volets du programme IRI. La catégorisation
proposée par Baldwin (1977) fournirait à cet égard des indicateurs d’appréciation
suffisants pour les conseillers à l’Accès. En ce qui a trait au programme IRI-Cas actifs,
le formulaire que doit compléter l'intervenant référent pour obtenir ce service permet
de bien discriminer le recours à IRI versus un autre type d'intervention. Le Comité mis
en place pour la gestion matricielle des services de réadaptation externe (programme
IRI) pourra juger, selon l’évolution de ce programme, de la pertinence d’entamer des
travaux supplémentaires de définition.
2.
Que le programme IRI soit exclusivement utilisé pour la clientèle pour laquelle il a
été mis en place.
Le programme IRI est un programme spécifique d’intervention de crise, qu’on ne doit
pas chercher à utiliser pour pallier au manque de disponibilité des ressources de
l’établissement ou des organismes de la communauté. Ainsi, on ne doit en aucun cas
tenter de lui faire jouer un rôle de suppléance en raison des délais d’attente ou de
l’engorgement des secteurs dont le client devrait recevoir les services véritablement
appropriés à ses besoins.
B.
1.
LES OBJECTIFS DE L’INTERVENTION IRI
Que soient maintenus les objectifs actuels du programme IRI :
✟
Dénouer la crise dans la famille, en l’aidant à en résorber les symptômes et en
favorisant la mobilisation du système familial pour effectuer dans les
interactions entre les individus les changements nécessaires.
53
2.
✟
Prévenir, si indiqué, le placement du jeune (particulièrement, le placement
effectué faute d’alternatives).
✟
À IRI-Accueil DPJ : Contribuer à éviter que le DPJ ne retienne inutilement un
signalement lorsque, suite à l’intervention IRI, l’on reconnaît que la situation du
jeune ne le commande pas.
Lorsque, dans le cadre d’une intervention IRI, le retrait de l’enfant de sa famille doit
néanmoins avoir lieu, que, dans un souci de continuité, l’intervenant IRI voie luimême à préparer, ou contribue à l’action de l’intervenant responsable visant à
préparer le jeune et sa famille au placement ou au déplacement qui doit être effectué
en contexte d’urgence ou de crise.
Le but de cette intervention est de maintenir et préserver de façon optimale le lien
parents-enfant pendant la période de retrait du milieu familial.
C.
1.
LES MODES D’INTERVENTION
Que l’on s’assure, grâce à la formation et à l’encadrement clinique, que l’action des
intervenants IRI reflète le modèle choisi d’intervention de crise, notamment :
✟
✟
2.
Ses principes de base, en particulier, une centration sur les forces de la famille
plutôt que sur ses faiblesses;
Ses modalités d’intervention : rapide, intensive, de courte durée, et effectuée au
domicile de la famille en crise.
Que l’organisation du travail témoigne d’un souci constant de mettre en vigueur les
principes de base du programme IRI et les modalités d’opération s’y rattachant.
Dans le programme IRI, on pourrait organiser la charge de travail (charge d’équipe
plutôt que charge individuelle de cas) et la couverture de la plage-horaire du service en
l’ajustant aux besoins de la clientèle visée par une intervention de crise rapide,
intensive, de courte durée, à domicile.
Lors des périodes où les demandes augmentent de façon importante, on devrait adapter
la capacité de répondre à ces demandes par une organisation de services flexible
permettant une ré-allocation ponctuelle d’autres intervenants de l’équipe au volet du
programme le plus en demande.
54
D. L’ACCÈS AUX SERVICES
1.
Que les modalités d’accès au service soient modulées de façon différente selon le
volet du programme IRI :
✟
IRI-Accueil DPJ : poursuite de l’accès direct par les intervenants RTS-US selon le
protocole en vigueur.
✟ IRI-Territoire :
§
✟
Annulation du protocole IRI–E/O-Accès, tout en maintenant la première
intervention conjointe IRI–E/O après une concertation rapide avec un conseiller
à l’Accès. Dans une telle perspective, il faudra …
§
assurer la disponibilité d’un conseiller à l’Accès (entre 9 et 12 heures et
13 et 16h30) afin de recevoir rapidement les demandes des intervenants
E/O, particulièrement lorsque la situation est en code 1;
§
ouvrir le service à l’ensemble des clientèles signalées, sans systématiser
cette procédure;
§
maintenir les horaires de garde IRI afin de conserver la rapidité de la
disponibilité de ces intervenants. Cet horaire pourrait avantageusement
débuter à 10 heures plutôt qu’à 9 heures;
§
après une première rencontre conjointe IRI et E/O avec la famille, ces
intervenants devraient revoir le conseiller à l’Accès afin de valider leur
engagement, compléter les informations manquantes, formuler une autre
demande s’il y a changement d’orientation, et confronter leurs points de
vue, s’il y a désaccord entre eux au sujet de l’orientation à prendre avec
cette famille.
§
Maintien du rôle de l'Accès en ce qui a trait à l'évaluation préalable de la
demande et l'engagement des services, lors d’une référence d’un CLSC au volet
IRI-territoire, ou d’un service territorial du CJM au volet IRI-Cas actifs.
§
Nécessité de préciser des critères d'accès au programme IRI et d'en assurer
l'animation auprès des équipes E/O et des CLSC (ex. : intensité de la crise,
épuisement des parents, imminence de placement, désorganisation du milieu,
etc.).
IRI- Cas actifs : l’Accès fait une évaluation de la demande et engage les services.
Il faut que le programme IRI fasse vraiment partie du continuum de services du CJM et
qu'il soit protégé dans son mandat - intervention en situation de crise, alors qu’il y a
55
imminence de rupture entre le jeune et son milieu, dans la perspective d’éviter le retrait du
jeune de ce milieu (naturel, élargi, famille d’accueil), ou de stabiliser sa situation en attente
d’un déplacement vers une autre ressource.
E.
LES SUITES DE L’INTERVENTION IRI
1.
Que les directions territoriales s’assurent périodiquement que le mandat du
programme IRI, son champ d’action, ses modes d’intervention, tout autant que sa
capacité d’accueil soient connus de ses partenaires externes (CLSC, CH) et internes
(autres équipes territoriales, équipes DPJ). Une démarche à cet égard devrait être
entreprise de façon prioritaire, afin de faire connaître le programme dans sa facture
nouvelle, tant aux intervenants de l’interne qu’à nos partenaires externes.
2.
Que soit appliqué le guide de collaboration CLSC-CJM en matière de référence. Un
protocole est prévu à cet effet.
3.
Que dans le cas où un transfert à un service du CJM (service territorial ou autre) est
nécessaire à la fin de l’intervention IRI, l’Accès et les dispensateurs de services
s'assurent d'une réponse prioritaire à cette demande. Le protocole Accès-DPJ-DC
serait alors à actualiser.
4.
Que, dans les cas où l’intervention IRI se termine par une référence (interne ou
externe), les chefs de service s'assurent que soit respecté un processus de transfert
personnalisé impliquant les intervenants concernés et la famille. Le protocole AccèsDPJ-DC pourrait être une avenue de concertation pour la référence vers des services
internes.
5.
Que le Comité de gestion matricielle des services de réadaptation en externe
(programme IRI) étudie la pertinence et la faisabilité d’inclure dans le programme
IRI des activités de follow-up, effectuées par l’intervenant IRI après la conclusion de
l’intervention. Le coordonnateur professionnel pourrait avoir une certaine
responsabilité quant à l’application de cette modalité.
F.
1.
LA FORMATION ET L’ENCADREMENT CLINIQUE DES INTERVENANTS
IRI
Que, pour instaurer chez l’ensemble des intervenants IRI une pensée commune en
regard de l’intervention en situation de crise, on formalise l’approche théorique
privilégiée dans l’intervention IRI (modèle systémique et intervention brève
stratégique). Que cette approche serve à orienter les stratégies et modalités
d’intervention, afin d’assurer une unité de pensée et d’action dans les trois volets du
56
programme IRI. Ceci apparaît fondamental pour en arriver à la cohésion recherchée, et
donnera un sens aux formations à venir et à l’encadrement clinique des intervenants.
2.
Que tous les intervenants assignés au programme IRI reçoivent au préalable une
formation spécifique, incluant des éléments portant sur …
§
§
§
§
§
l’intervention de crise selon le modèle choisi (principes et modalités);
le contexte légal de la LPJ;
les techniques de résolution de problème;
l’intervention en contexte multiethnique;
les modules cliniques du Programme National de Formation (principalement
ceux sur l’orientation famille et sur le placement).
3.
De concert avec la Direction des ressources humaines (secteur Formation), que l'on
développe un profil de compétences attendues pour l'Intervention IRI, ainsi qu’un
programme de formation continue.
4.
Que la supervision professionnelle vise à assurer une harmonisation des pratiques
cliniques dans la poursuite des objectifs du programme. Qu’à cet égard, le mandat
du coordonnateur professionnel s’étende à tous les intervenants du programme IRI,
quel que soit le volet dans lequel ils opèrent.
L’encadrement clinique est sous la responsabilité des chefs de service. Le
coordonnateur professionnel vient en appui à ces chefs de service pour assurer la
cohérence de la mise en application du programme IRI dans les deux directions.
5.
G.
Que les intervenants puissent aisément avoir accès, au besoin, à une personne
responsable de leur fournir le soutien nécessaire dans les décisions que leur pratique
les amène à devoir prendre.
LE MODÈLE ORGANISATIONNEL
1.
Que l’on reconnaisse la spécificité des trois volets du programme IRI et qu’on
assigne à ces volets des intervenants dédiés.
2.
Que l’on maintienne la proximité physique des intervenants dédiés au volet IRIAccueil DPJ avec les intervenants US et RTS.
3.
Que l’on identifie des moyens visant à assurer une compréhension mutuelle des
mandats et rôles entre les intervenants IRI, les intervenants DPJ - Accueil et
Évaluation/Orientation - et les conseillers à l’Accès, afin de maintenir et/ou favoriser la
complémentarité de leur action auprès des familles référées en situation de crise. Que
l’on prenne aussi des moyens de poursuivre les mêmes objectifs avec les CLSC.
57
4.
H.
Que l’on recherche avec la DRH des moyens de disposer de ressources humaines
préparées à assumer, en tout temps, l’intervention en situation de crise.
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
1.
Que l’on prenne les moyens de planifier dès maintenant une évaluation de
l’implantation du programme IRI révisé – et, éventuellement une évaluation de ses
effets sur la clientèle. Ces démarches sont essentielles au développement continu de ce
programme (ajustements, modifications, améliorations, etc.).
2.
Que le groupe de gestion matricielle des services de réadaptation externe
(programme IRI) assume la responsabilité de préparer un plan pour la mise en
oeuvre de ces propositions et d’en coordonner l’actualisation, en collaboration avec
les intervenants. Que, en particulier, il s’assure que les modalités organisationnelles et
le support technique soient agencés de façon à supporter l’intervention dans le cadre du
modèle IRI tel que redéfini.
58
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