L`IF n°2 - Les tempêtes de décembre 1999 - inventaire forestier

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L`IF n°2 - Les tempêtes de décembre 1999 - inventaire forestier
n° 2, décembre 2003
LES TEMPÊTES DE DÉCEMBRE 1999
BILAN NATIONAL ET ENSEIGNEMENTS
Après les tempêtes Lothar et Martin, l’Inventaire forestier national (IFN) a été chargé de cartographier les peuplements
atteints et d’estimer le volume de bois endommagé, informations de haute importance pour l’organisation de l’exploitation des chablis et la reconstitution des peuplements détruits. Ce document présente une synthèse nationale de ces
travaux : 968 000 hectares touchés sur plus de 10 % de leur couvert dont la moitié détruits à 50 % ou plus, 97 millions
de mètres cubes de chablis. Ce dernier résultat ne constitue toutefois qu’une estimation partielle. Le volume total de
bois cassé ou déraciné, incluant les chablis diffus (ou isolés), non détectés par la méthode cartographique mise en place
par l’IFN, dépasse en effet certainement l’estimation initiale de 140 millions de mètres cubes. L’ampleur et la difficulté
de la tâche ont été largement sous-estimées dans un premier temps. L’expérience et le matériel accumulés, enrichis par
la réalisation d’études méthodologiques complémentaires, ont cependant fourni des enseignements précieux, qui
pourront être mis à profit en cas de nouvel accident climatique.
Près d’un million d’hectares de forêt atteint de manière
significative par la tempête
Sommaire
L’ouragan1 Lothar du 26 décembre 1999 et l’ouragan Martin des 27 et
28 décembre 1999 ont provoqué des dégâts sans précédent dans la forêt française.
Un huitième de celle-ci (environ deux millions d’hectares) a été parcouru par des
vents supérieurs à 140 km/h. La moitié des départements français
(45 départements) a relevé des dégâts importants dans ses forêts, soit sur
l’ensemble de leur territoire, soit dans une partie de celui-ci (fig. 1).
Près d’un million d’hectares de
forêt atteint de manière
significative par la tempête
1
97 millions de mètres cubes de
chablis hors dégâts diffus
2
La moitié des dégâts en Aquitaine
et en Lorraine
3
Plus de peuplements rasés en forêt
privée mais proportionnellement
moins de dégâts en volume
5
La futaie de conifères la plus
durement touchée
6
La méthode IFN de cartographie
des dégâts
7
Dégâts massifs
Dégâts sévères
Dégâts notables
Dégâts diffus
Pas de dégâts ou aucune évaluation
Source : IFN, 2003.
Fig. 1 : Représentation de la sévérité des dégâts par généralisation des cartes départementales
1
Ouragan : vent violent d’une force supérieure à 12 sur l’échelle Beaufort (soit environ 115 km/h).
Les forêts de production des
45 départements les plus touchés
(entièrement ou partiellement) ont
fait l’objet d’une estimation des
dégâts par cartographie des zones de
chablis sur la base d’images aériennes2 (cf. méthode de cartographie des
dégâts, p. 7-8). La surface totale ainsi
cartographiée s’élève à 6,9 millions
d’hectares. Sur celle-ci, la surface de
forêt de production endommagée sur
plus de 10 % de son couvert a été
évaluée à 968 000 hectares. Sur l’ensemble de la France, on estime à
6,9 % la superficie boisée ainsi
endommagée. Compte tenu de la
méthode utilisée, cette estimation est
minimale. Les retours sur le terrain
dans neuf départements l’ont
confirmé (encadré 1). D’une part,
seules les zones de dégâts de plus
d’un hectare ont été prises en
2
3
compte3. D’autre part, les dégâts très
diffus (inférieurs à 10 % du couvert)
ont été ignorés (cf. méthode de
cartographie des dégâts, p. 7-8).
Les dégâts cartographiés en forêt de
production se répartissent en 50 %
de dégâts faibles à moyens, 30 % de
dégâts importants et 20 % de
peuplements rasés.
97 millions de mètres cubes de
chablis hors dégâts diffus
Le volume de bois sur pied avant la
tempête pour la zone cartographiée
était de 1,5 milliard de mètres cubes.
Abstraction faite des dégâts diffus et
des dégâts sur petits massifs, l’IFN
estime à 97 millions de mètres cubes
l’importance des chablis ainsi cartographiés, soit un taux de dégât en
volume de 6,6 % sur la zone concer-
née et de 4,6 % France entière. Le
volume de bois sur pied dans les
forêts de production s’élevait avant la
tempête à 2,0 milliards de mètres
cubes : 1,2 milliards de mètres cubes
de feuillus (61 %) et 800 millions de
mètres cubes de conifères (39 %). Sur
les 97 millions de mètres cubes de
chablis, 54 sont constitués de conifères (55 %) et 43 de feuillus (45 %).
Le taux de dégât pour les conifères
atteint 6,8 %. Il est supérieur à celui
des feuillus (3,5 %). Les dégâts dus
aux tempêtes de 1999 représentent
plus d’une fois l’accroissement annuel
moyen. Si l’on y ajoute une estimation grossière des dégâts diffus, c’est
plus de trois années de récolte qui ont
été anéanties par ces deux tempêtes.
La France a été, devant l’Allemagne et
la Suisse, le pays européen le plus
touché (encadré 2).
Quelques départements supplémentaires dont le Cher, la Sarthe et la Mayenne ont fait l’objet d’une estimation des dégâts par des mesures sur
le terrain, soit dans le cadre de l’évaluation des dégâts de tempête, soit dans le cadre des opérations courantes d’inventaire.
L’utilisation d’images satellitaires en Gironde, dans les Landes et dans le Lot-et-Garonne n’a permis de cartographier que les zones de dégâts de
plus de 4 hectares.
Encadré 1 : Les enseignements des retours sur le terrain
Afin de disposer de données homogènes sur tout le territoire, seuls les chiffres issus de la méthode cartographique ont été pris en compte
dans cette publication. Cependant les retours sur le terrain ont été riches d’enseignement.
Ceux-ci ont eu lieu dans neuf départements. La réalisation de nouvelles mesures a permis en premier lieu d’estimer la précision statistique des évaluations des volumes de chablis : environ 10 % pour un volume départemental de 2 à 3 millions de mètres cubes de chablis
au niveau de confiance de 66 %. Dans quatre départements (Corrèze, Gironde, Landes et Yonne), ces retours ont été réalisés conjointement avec la cartographie des dégâts. Il en résulte que :
– les dégâts diffus (c’est-à-dire ayant une superficie inférieure à un hectare et non pris en compte par la méthode cartographique) sont
la principale explication des écarts constatés. Ils représentent un volume important, souvent supérieur à la moitié du volume des
chablis estimé par la méthode cartographique ;
– l’analyse détaillée des résultats obtenus montre que les dégâts de plus d’un hectare donnent lieu à deux estimations relativement
cohérentes, avec (sauf exception) une différence de l’ordre de 10 à 20 % entre les deux valeurs obtenues.
Enfin la comparaison des estimations issues du
retour sur le terrain avec l’évaluation rapide réalisée
par les SRFB en 2000 (tableau a ci-contre) montre
que dans 6 départements sur 9 l’estimation IFN
terrain donne des valeurs plus élevées (+ 21 %).
Cette moyenne n’a cependant pas beaucoup de
sens, et nous ne l’extrapolerons pas à l’ensemble du
territoire national. Néanmoins, l’évaluation initiale
de 140 millions de mètres cubes de chablis apparaît
plutôt comme une estimation par défaut.
Les chiffres fournis par la méthode cartographique
sont dans tous les cas nettement inférieurs à ceux
fournis par le retour sur le terrain (divisés par deux
pour les six départements où une comparaison est
possible). C’est cependant la seule qui couvre la
quasi-totalité des zones de dégâts.
2
Estimation
basée sur
la méthode
carto. de l’IFN
Estimation
basée sur
les estimations
terrain de l’IFN
Estimation
SRFB
Écart
Écart
IFN terrain / IFN terrain /
carto
estim. SRFB
Département
Gironde
Corrèze
Landes
Yonne
Haut-Rhin
Lot-et-Garonne
Cher
Sarthe
Mayenne
14 355
1 732
1 605
1 868
481
277
n.d.
n.d.
n.d.
20 825
6 940
5 271
3 719
2 321
1 007
462
392
39
17 618
7 444
3 500
1 590
1 102
2 004
252
223
51
45 %
300 %
228 %
99 %
383 %
263 %
n.d.
n.d.
n.d.
18 %
–7%
51 %
134 %
111 %
– 50 %
83 %
76 %
– 25 %
Total
20 319
40 975
33 785
102 %
21 %
(février 2000)
Tableau a : Comparaison des volumes de dégâts selon les diverses estimations
(les volumes sont exprimés en milliers de mètres cubes)
n.d. : non déterminé
n° 2, décembre 2003
Encadré 2 : La France, pays européen le plus affecté par les tempêtes de décembre 1999
Si la forêt française a été la plus durement touchée, d’autres pays européens ont également subi des dommages importants (tableau b)
notamment l’Allemagne et la Suisse, selon les premières estimations des experts.
En Allemagne, les Länder les plus atteints ont été le Bade-Wurtemberg (25 millions de mètres cubes) et la Bavière (4,5 millions de mètres
cubes). Les autres régions ont été faiblement touchées. Dans l’ensemble, les chablis en Allemagne sont estimés à 30 millions de mètres
cubes, ce qui représente environ les trois quarts de la récolte annuelle moyenne allemande.
Proportionnellement, la forêt suisse a été beaucoup plus affectée que la forêt allemande avec un volume de chablis estimé à 12,8 millions
de mètres cubes, soit 2,8 fois la récolte annuelle moyenne du pays. La surface sinistrée s’élève à 26 600 hectares. Les chablis de résineux
(10,3 millions de mètres cubes) y
Date de la tempête
Chablis en
Récolte annuelle
Part de
sont quatre fois plus nombreux
la récolte
que ceux de feuillus (2,5 millions
millions de m3
en millions de m3 annuelle
de mètres cubes). Au total,
26 au 28 déc 1999
139,6
43
325 %
environ trois millions de mètres France
3 et 26 déc 1999
30,0
39
77 %
cubes de chablis ne seront pas Allemagne
Suisse
26 déc 1999
12,8
5
280 %
exploités.
3 déc 1999
5,0
58
9%
Géographiquement, les dégâts se Suède
Danemark
3 déc 1999
3,7
2
185 %
situent surtout sur le plateau. En
Pologne
2,0
23
9%
proportion de leur surface foresAutriche
26 déc 1999
0,4
14
3%
tière, les cantons les plus touchés Lituanie
0,4
5
8%
sont Nidwald (où les dégâts
Sous total
193,2
188
103 %
correspondent à 10 récoltes
mineur / aucun
183
annuelles), Fribourg (7 récoltes Autres pays européens
annuelles), Berne, Obwald,
Estimation globale
193,2
371
52 %
Lucerne, Zoug, Argovie, Schwyz
Tableau b : Les dommages des tempêtes de décembre 1999 en Europe
et Zürich (plus de 3 récoltes
Source : CCE/NU - Statistiques des dommages de la tempête
annuelles).
Situation dans les pays européens basée sur les estimations nationales au premier semestre 2000
La moitié des dégâts en Aquitaine et en Lorraine
Les deux ouragans Lothar et
Martin ont traversé les régions
françaises et leurs forêts avec des
violences variables. Les plus
touchées sont l’Aquitaine et la
Lorraine. Si les zones de chablis de
ces régions représentent un peu
moins d’un tiers des surfaces de
dégâts cartographiées, elles rassemblent plus de la moitié des surfaces
ayant subi des dégâts sur une
superficie supérieure à 10 % du
couvert. En volume, les proportions sont quasiment les mêmes
(fig. 2).
La Champagne-Ardenne, le
Limousin, le Poitou-Charentes et
la Bourgogne comptabilisent
encore une part non négligeable
des superficies de dégâts supérieurs
à 10 % sur leur territoire. Les
autres régions françaises prises
individuellement comptent pour
moins de 5 % des superficies de
Inventaire forestier national
dégâts supérieurs à 10 %. En
volume de chablis, c’est le
Limousin qui arrive en troisième
position (9 % des chablis), suivi
par Champagne-Ardenne, RhôneAlpes et Poitou-Charentes.
Le volume de chablis représente
16 % du volume sur pied en
Lorraine et environ 10 % en
Aquitaine, en Poitou-Charentes et
en Champagne-Ardenne (fig. 3).
Aquitaine
Lorraine
Champagne-Ardenne
Limousin
Poitou-Charentes
Bourgogne
Rhône-Alpes
Autres
Surface
Volume
0%
20 %
40 %
60 %
80 %
100 %
Fig. 2 : Répartition par région administrative des superficies
ayant subi des dégâts supérieurs à 10 % et des volumes des chablis
3
Encadré 3 : En cas de nouvelle
catastrophe naturelle majeure,
quels moyens mettre en œuvre ?
L’expérience et les chiffres présentés
montrent qu’une cartographie fiable
des dégâts et une estimation détaillée
des volumes détruits ne sont ni aisées
ni rapides à obtenir surtout à l’échelle
du territoire national, riche d’une forêt
très diversifiée.
Taux de dégâts en %
0-3
3-5
5 - 10
10 - 15
15 - 29
Zone non
cartographiée
Source : IFN 2003
Fig. 3 : Proportion de volume de chablis rapporté au
volume de bois sur pied par département
Les surfaces cartographiées détruites à plus de 50 % de leur couvert
s’étendent sur 485 000 hectares.
Dans certaines régions, plus de
75 % des zones de dégâts importants ont une superficie inférieure
à 10 hectares. C’est par exemple le
cas en Limousin et en Bourgogne
pour les régions relativement
en %
< 10 ha
10 à 25 ha
touchées, mais aussi en BasseNormandie, en LanguedocRoussillon, dans le Centre et en
Midi-Pyrénées. En revanche, en
Lorraine, en Champagne-Ardenne
et en Aquitaine, plus de la moitié
de ces surfaces ont une superficie
supérieure à 25 hectares (fig. 4).
25 à 50 ha
> 50 ha
90
Les potentialités des images satellitaires optiques et radar pour la
caractérisation de dégâts sont en cours
d’étude à l’IFN dans le cadre du
programme « Forêts, vents et risques »
du GIP ECOFOR. Les conclusions de
la première phase de cette étude montrent que les images radar sont peu
appropriées, tandis que les images
optiques de fin de printemps et d’été
donnent des résultats tout à fait satisfaisants en zone peu accidentée, même
pour des peuplements mélangés. La
méthode comprend une segmentation
automatique en classes de dégâts qui
permet de réduire la phase de photointerprétation (uniquement contrôle
de l’opérateur sur les résultats
obtenus). La deuxième phase de
l’étude devrait permettre de savoir si
ces images sont également utilisables
dans des zones au relief plus accentué
et d’améliorer un certain nombre de
points de la méthode.
Il reste cependant impossible de cartographier des entités inférieures au seuil
minimal de représentation (de l’ordre
de l’hectare), bien que celles-ci puissent inclure une part importante des
dégâts diffus comme cela fut le cas lors
des tempêtes de décembre 1999.
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Limousin
Bourgogne
PoitouCharentes
RhôneAlpes
Champagne- Lorraine
Ardenne
Fig. 4 : Répartition des classes de superficies détruites à 50 % et plus
pour les régions françaises les plus touchées
4
Aquitaine
Le recours à des mesures sur le terrain
reste indispensable pour évaluer les
dégâts dans leur globalité. Les principaux inconvénients sont alors le coût
et les délais (difficultés d’accès aux
peuplements après chablis notamment). Un inventaire plus réactif
nécessiterait une importante remise en
cause de la méthode actuelle. Un plan
d’échantillonnage systématique pour
l’ensemble du territoire, où environ un
dixième des points serait visité chaque
année, est une alternative envisagée.
Cela rendrait l’outil plus apte à estimer
les dégâts dans ce type de conjoncture
exceptionnelle.
n° 2, décembre 2003
Plus de peuplements rasés en
forêt privée…
Étant donné la distribution
géographique de la propriété forestière en France, les dégâts en forêt
privée se situent surtout en
Aquitaine : 47 % des dégâts en
forêt privée (fig. 6) et les dégâts en
forêt publique en Lorraine et en
Alsace (respectivement 53 % et
10 % des dégâts en forêt
publique).
Classes de dégâts
La forêt française appartient pour
74 % à des propriétaires privés,
10 % à l’État et 16 % aux communes ou collectivités locales. En part
relative, les superficies ayant subi
des dégâts supérieurs à 10 % du
couvert ont été plus importantes
en forêt domaniale qu’en forêts
communales et privées (fig. 5).
Cependant la forêt privée a été
proportionnellement légèrement
plus touchée pour les peuplements
détruits à plus de 90 % : elle
concentre 76 % des superficies de
cette classe de dégâts.
forêt domaniale
autres forêts publiques
forêt privée
France entière
14 044 000 ha
sup. à 90 %
217 804 ha
50 - 90 %
308 400 ha
10 - 50 %
482 700 ha
0%
20 %
40 %
60 %
80 %
100 %
Fig. 5 : Répartition de la propriété en France
et répartition de la propriété selon les classes de dégâts
forêt domaniale
autres forêts publiques
forêt privée
Aquitaine
Lorraine
Limousin
Champagne-Ardenne
Poitou-Charentes
... mais proportionnellement
moins de dégâts en volume
Le volume de bois sur pied de la
forêt française se distribue pour
68 % en forêt privée et 32 % en
forêt relevant du régime forestier
(à parts égales entre forêt domaniale et autres forêts soumises). Les
chablis en forêt privée représentent
63 % de l’ensemble : en volume, la
forêt privée a donc été proportionnellement moins atteinte. À
l’opposé, les chablis en forêt
communale représentent 20 % du
total pour un volume sur pied de
16 %. La forêt domaniale a été
touchée à une hauteur légèrement
supérieure au volume qu’elle
représente (17 %).
Les dégâts en forêt privée sont
concentrés en Aquitaine et dans le
Limousin (34 % et 14 % du
volume de chablis en forêt privée).
La Lorraine rassemble 60 % des
volumes de chablis des forêts
communales et domaniales (fig. 7).
Inventaire forestier national
Rhône-Alpes
Bourgogne
Autres
0
50 000
100 000
150 000
ha
Fig. 6 : Superficie en hectare des zones à reconstituer (dégâts > 50 %)
en fonction de la propriété forestière par région administrative
forêt domaniale
autres forêts publiques
forêt privée
Aquitaine
Lorraine
Limousin
Champagne-Ardenne
Poitou-Charentes
Rhône-Alpes
Bourgogne
Autres
0
5
10
15
20
25
30
en millions de mètres cubes
Fig. 7 : Volume de chablis par propriété forestière et région administrative
5
futaie de feuillus
surface touchée à
plus de 50 %
(à reconstituer)
futaie de conifères
mélange futaie de
feuillus et taillis
mélange futaie de
conifères et taillis
surface touchée
à plus de 10 %
autres types de
peuplement
0%
20 %
40 %
60 %
80 %
100 %
Fig. 8 : Part des types de peuplement ayant subi plus de 10 % de dégâts et à reconstituer
La futaie de conifères la plus
durement touchée
Les dégâts répartis par type de
peuplement pour l’ensemble de la
zone cartographiée montrent que
la futaie de conifères a été la plus
affectée en superficie. Avec
440 000 hectares, elle représente
45 % des surfaces touchées à plus
de 10 % et plus de la moitié des
surfaces à reconstituer (fig. 8).
Or ce type de peuplement ne
représente que 35 % de la
superficie cartographiée. Le
mélange de futaie de feuillus et
taillis arrive en seconde position
avec 307 000 hectares (32 % des
surfaces ayant subi des dégâts
supérieurs à 10 % et 23 % des
surfaces à reconstituer). Les autres
types de peuplement ont été
moins durement concernés
(moins de 10 % de l’ensemble
des surfaces cartographiées).
La figure 9 montre comment les
types de peuplement ont été
touchés par rapport à la moyenne
dégâts > 90 %
nationale. Le type peupleraie a été
le plus atteint avec des dégâts supérieurs à 10 % sur presque un quart
de sa surface cartographiée et
14 % de ses surfaces à reconstituer.
Les massifs forestiers de moins de
4 hectares n’étant pas pris en
compte, ces derniers chiffres sont
largement sous-estimés (cf.
méthode de cartographie des
dégâts, p. 7-8). La futaie de conifères a aussi été proportionnellement
plus touchée que la moyenne, avec
des dégâts sur 18 % de sa surface
cartographiée et 11 % de forêt à
reconstituer. Le mélange de futaie
de conifères et taillis a également
plus souffert que la moyenne.
Chaque type de peuplement a été
soumis à des vents d'intensité
différente selon sa situation
géographique
(encadré 4).
L'exposition aux vents n'explique
pourtant pas entièrement la
répartition des dégâts (fig. 9).
La futaie de conifères a subi des
vents violents sur moins de 10 %
de sa superficie mais possède l’un
des taux de dégât les plus importants. Ces résultats confirment la
réalité de vulnérabilités différentes
selon les peuplements.
dégâts 50 - 90 %
dégâts 10 - 50 %
futaie de feuillus
futaie de conifères
futaie mixte
mélange futaie de feuillus et taillis
mélange futaie de conifères et taillis
taillis
forêt ouverte
peupleraie
0%
5%
10 %
15 %
20 %
25 %
Fig. 9 : Part relative des différentes classes de dégâts au sein de chaque type de peuplement
(les différentes moyennes nationales sont représentées par les traits verticaux)
6
n° 2, décembre 2003
La méthode IFN de cartographie des dégâts
Des cartes des dégâts ont été
réalisées pour la grande majorité
des départements touchés
(fig. 10). Au total, la cartographie
effectuée pour évaluer les dégâts
de tempête couvre une superficie
de 6,9 millions d’hectares. Les
cartes des dégâts ont été produites
principalement à partir de photographies aériennes mais aussi à
partir d’images satellitaires.
L’échelle des photographies aériennes varie du 1/20 000 au 1/30 000
selon les départements. À partir de
celles-ci, les normes suivantes ont
été adoptées pour la cartographie
des dégâts : géoréférencement
Lambert II étendu, référentiel
Scan 25® de l’IGN, précision
géométrique de 50 mètres, seuil de
représentation de 1 hectare et une
ventilation des dégâts selon 4 classes
de couvert détruit :
– peuplement
indemne :
0 - 10 % ;
– peuplement avec dégâts faibles
à moyens : 10 - 50 % ;
– peuplement avec dégâts
importants : 50 - 90 % ;
– peuplement rasé : 90 - 100 %.
Les images satellitaires ne
semblaient appropriées que pour
la délimitation des dégâts dans les
milieux de plaine et dans le cadre
de forêts monospécifiques. Leur
utilisation s’est donc essentiellement limitée à la cartographie des
dégâts du massif landais. Le traitement de données de télédétection
à une résolution de 30 mètres a
permis d’y réaliser dans un délai
court la carte des dégâts. Le seuil
de représentation retenu était de
4 hectares et 5 classes d’intensité
de dégâts ont été distinguées :
0 - 20 % ; 20 - 40 % ; 40 - 60 % ;
60 - 80 % et 80 - 100 % de
couvert détruit.
Dans cette publication, les classes
de dégâts du massif landais ont été
agrégées ainsi : classe 20 - 40 % et
80 - 100 % affectées respectivement aux classes 10 - 50 % et
90 - 100 %, classes 40 - 60 % et
60 - 80 % affectées à la classe
50 - 90 %.
À partir de la cartographie des
dégâts réalisée, des croisements
sont effectués avec les bases de
données cartographiques et
dendrométriques de l’IFN (après
actualisation du volume sur pied),
les volumes détruits sont alors
estimés en appliquant les taux
suivants :
– taux nul pour la classe inférieure
de dégâts ;
– taux de 100 % pour la classe
supérieure ;
– taux égal à la médiane de la classe
pour les classes intermédiaires.
La limitation de la cartographie à
des entités forestières supérieures
à 4 hectares, conduit à négliger
les dégâts dans les bosquets et
boqueteaux et dans une partie
des peupleraies dont le volume
peut être significatif dans des
zones où ces formations sont bien
représentées.
Encadré 4 : L’exposition au vent des différents types de peuplement
Les différents types de peuplements ont été exposés au vent de manière assez hétérogène. Futaie de feuillus, futaie
mixte, mélange futaie de feuillus et taillis et peupleraie ont été les plus concernés, avec plus de 18 % de leur surface
confrontée à des vents dépassant les 140 km/h. En revanche, futaie de conifères, taillis et mélange de futaies de conifères et taillis ont été beaucoup moins exposés. En valeur absolue, c’est le mélange de futaie de feuillus et taillis qui a
été le plus soumis aux vents forts (872 000 hectares), suivi par la futaie de feuillus (314 000 hectares) et la futaie de
conifères (360 000 hectares).
Vent de 140 à 160 km/h
Vent de 160 à 180 km/h
Vent supérieur à 180 km/h
Futaie de feuillus
Futaie de conifères
Futaie mixte
Mélange futaie de feuilluset taillis
Mélange futaie de conifères et taillis
Taillis
Autre forêt fermée
Forêt ouverte
Peupleraie cultivée
0%
5%
10 %
15 %
20 %
25 %
Fig a : Pourcentage de surfaces exposées à une vitesse de vent supérieure à 140 km/h des différents types de peuplements
NB : forêt fermée : couvert supérieur à 40 % - forêt ouverte : couvert de 10 à 40 %
Inventaire forestier national
7
Les dégâts diffus sont eux sous-estimés par la combinaison de deux
phénomènes :
– pour les surfaces et les volumes, la non prise en compte des superficies de
dégâts inférieures à 1 hectare (4 hectares dans le massif landais) ;
– pour les volumes, l’application du taux nul à la classe inférieure de dégâts
(0-10 %).
Pour en savoir plus
IFN : www.ifn.fr rubrique Les tempêtes de fin
décembre 1999.
IFN, Projet suivi de la ressource pin maritime
en Aquitaine, Rapport final, 2001.
IFN, CEMAGREF, CESBIO, GIP
ECOFOR. Évaluation des dégâts de tempête
par télédétection satellitaire : aspects
méthodologiques et opérationnels. Première
phase, 2002, 148 pages.
couverture image satellite
couverture photographie aérienne
infrarouge au 1/20 000
couverture photographie aérienne
au 1/30 000
limites des vents 120 km/h
(Source : Météo France)
Fig. 10 : Types de couvertures aériennes réalisées pour les départements cartographiés
et limite des vents supérieurs à 120 km/h
WOLSACK (J.), PIGNARD (G.). Évaluation des
dégâts des tempêtes de décembre 1999 en
France.
Communication
pour
le
XIIe Congrès forestier mondial 2003, 2002,
13 pages.
L’application d’un taux unique au volume moyen à l’hectare dans les domaines cartographiés peut conduire à biaiser l’estimation. En effet, la vulnérabilité
des peuplements semble liée à leur hauteur dominante et donc, dans une
certaine mesure, à leur volume sur pied.
WENCÉLIUS (F.). Tempêtes de décembre 1999 :
évaluation des dégâts forestiers par
l’Inventaire forestier national. Revue
Forestière Française, LIV, numéro
spécial 2002, 2002, p. 20 – 30.
Sigles utilisés
PITON (B.). Évaluation de la sensibilité au vent
des peuplements à l’aide des données de
l’IFN relatives aux tempêtes de décembre
1999, mémoire de fin d’études FIFENGREF, Nancy, juin 2002, 131 pages
et annexes.
PIGNARD (G.) Évolution de la forêt
française : une vulnérabilité accrue face aux
tempêtes, in DROUISSEAU (S.) et al., Expertise
collective sur les tempêtes, la sensibilité des
forêts et sur leur reconstitution. Dossier de
l’environnement de l’INRA n° 20, INRAME&S, Paris, 336 pages.
CEE/NU
Cemagref
CESBIO
FIF - ENGREF
Commission économique pour l'Europe des Nations unies
Centre de recherche pour l’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement
Centre d’études spatiales de la biosphère
Formation des ingénieurs forestiers - École national du génie rural des
eaux et forêts
GIP ECOFOR Groupement d’intérêt public sur les écosystèmes forestiers
IGN
Institut géographique national
SRFB
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