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CENTRE REGIONAL D’OBSERVATION DU COMMERCE DE L’INDUSTRIE ET DES SERVICES ENJEUX L’économie francilienne en bref LES CYBERMARCHÉS : LE MARCHÉ SE STRUCTURE AUTOUR DE L’ILE-DE-FRANCE La quasi-totalité des grands groupes alimentaires présents sur le marché français a développé une offre dédiée aux cyberconsommateurs, leur permettant de faire leurs courses en ligne. Par rapport aux autres produits disponibles sur Internet, la vente en ligne de produits alimentaire a tardé à se développer en France, et reste très largement concentrée sur la région Ile-de-France. Presque 10 ans après une première étude du CROCIS qui mettait en avant les difficultés des acteurs du secteur à se positionner, qu'en est-il aujourd'hui du développement de ce segment très spécifique du commerce en ligne ? n°124 - janvier 2010 Un cybermarché est un supermarché en ligne, permettant de passer commande sur le web et de se faire livrer à domicile des produits de consommation courante. LES ENSEIGNES ALIMENTAIRES À LA RECHERCHE DE NOUVEAUX CANAUX DE VENTE Après une année 2008 difficile, marquée par un recul des ventes des produits de grande consommation (PGC) (-2 % au second semestre), l'année 2009 semble se présenter sous de meilleurs hospices. Avec un chiffre d'affaires d'environ 72 milliards d'euros réalisés en hyper et en supermarchés, la vente de PGC a ainsi enregistré une hausse de 2 % au premier semestre 2009. Néanmoins, les grandes enseignes alimentaires doivent affronter un bouleversement profond des habitudes de consommation qui tend à remettre en cause leur modèle traditionnel. Désormais, les clients souhaitent bénéficier d'un éventail plus large de services et recherchent davantage de proximité à travers une individualisation de l'offre. Ils sont par ailleurs de plus en plus attentifs aux prix. Les acteurs du secteur se retrouvent ainsi face à une nécessaire restructuration de leur offre qui se caractérise par le développement, notamment, de nouveaux canaux de vente. Les cybermarchés en constituent un et sont, à ce titre, un réel relais de croissance pour ce secteur. ETAT DES LIEUX DU MARCHÉ Les premiers cybermarchés ont vu le jour dès la fin des années 90 (1998 pour Telemarket, 1999 pour Ooshop), mais l'activité a mis du temps à se développer en France. Bien que les cybermarchés se soient rapidement imposés comme des canaux de vente complémentaires des supermarchés traditionnels, l'offre a pris du temps à se structurer, pour des raisons liées à la spécificité même des cybermarchés, notamment les coûts élevés liés à la logistique. Depuis 2007 enfin, l'émulation est sensible dans le secteur, avec l'apparition de nouveaux acteurs tels que Monoprix, Super U ou Casino. Par ailleurs, les groupes déjà présents sur le marché ont développé ces dernières années une offre élargie, avec Retrouvez toutes nos publications sur www.crocis.ccip.fr ENJEUX L’économie francilienne en bref notamment des services complémentaires proposés aux cyberconsommateurs (recettes en ligne, extension des rayons disponibles, …). Enfin, alors que la grande majorité des livraisons concernent encore Paris et sa banlieue, les supermarchés en ligne tentent d'élargir leur zone de chalandise aux grandes villes de Province et, à terme, à toute la France. L'Ile-de-France est non seulement une région pionnière en termes de vente en ligne des produits alimentaires, mais ses habitants sont également une cible majeure dans la mesure où ils sont les principaux demandeurs des services offerts par les cybermarchés. Les conditions de circulation, les modes de vie, et l'organisation des commerces, à Paris et en proche banlieue particulièrement, font de la région la principale cible des supermarchés en ligne. Le récent développement du secteur en fait un secteur encore en phase de "décollage", la part de l'e-commerce dans l'alimentaire serait ainsi inférieure à 2 % du total. Ainsi, même en termes de progression, alors que les autres secteurs de la vente en ligne connaissent généralement une croissance à deux chiffres, l'activité des cybermarchés progresserait de moins de 10 % par an. Néanmoins, le secteur est amené à se développer puisqu'il répond à un réel besoin exprimé par les consommateurs. D'ailleurs, les grandes enseignes alimentaires ne s'y trompent pas : toutes ont récemment misé sur le ecommerce (cf. tableau). Ainsi, même chez les acteurs historiques, les stratégies de développement évoluent. A l'origine, les enseignes s'étaient positionnées sur le e-commerce avec des noms différents : Houra pour le groupe Cora ou Ooshop par exemple pour le groupe Carrefour. La volonté était alors 2 de différencier les deux marques afin de légitimer les différences en termes de gammes, d'offres ou de prix. Désormais l'objectif est davantage de fidéliser le client, et donc de regrouper les différents canaux de distribution sous un même nom. C'est ainsi que Carrefour modifie depuis 2009 sa stratégie en regroupant tous les sites marchands du groupe sous le nom de son enseigne. Il existe en réalité deux types de cybermarchés : Les cybermarchés "indépendants" qui utilisent des entrepôts dédiés : les commandes sont préparées sur des plateformes centrales, généralement situées dans la région parisienne (Houra, O o s h o p , Te l e m a r k e t , Auchandirect). Les cybermarchés qui favorisent le "picking" : les commandes sont préparées dans un magasin physique, le cybermarché rayonne donc sur sa zone de chalandise. Le stock du magasin est commun aux deux activités. Cette solution, plus souple, est utilisée par Monoprix et Intermarché notamment. SPÉCIFICITÉS DES CYBERMARCHÉS élevé qui justifie cet écart de prix. Parallèlement, pour des raisons logistiques, les cybermarchés proposent une gamme de produits beaucoup moins étendue qu'un magasin physique : entre 20 000 et 40 000 références sont traitées dans un cybermarché, contre plus de 50 000 dans un hyper traditionnel. Enfin, la question du seuil de rentabilité des cybermarchés est cruciale : ces derniers doivent faire face à de tels coûts logistiques (préparation des commandes et surtout livraison), qu'ils peinent souvent à atteindre la rentabilité. Le cybermarché Houra a ainsi atteint ce seuil en 2006, soit six ans après sa création, et au prix de nombreux efforts de restructuration et de fidélisation des clients. A l'inverse, le cybermarché CmesCourses qui faisait partie des quatre pionniers du secteur, a finalement fermé ses portes en avril 2002. A l'époque, les dirigeants ont expliqué qu'en dépit d'un fort développement de l'activité au cours de l'année 2001, le cybermarché n'avait pas atteint au début de l'année 2002 la rentabilité escomptée. L'ENJEU DE LA LIVRAISON DES MARCHANDISES Le lent démarrage de l'activité dans le secteur de la vente en ligne de produits alimentaires tient aux nombreuses spécificités de cette activité. Tout d'abord, contrairement à l'ecommerce en général, les prix sont plus élevés dans les cybermarchés que dans les magasins physiques. En effet, les grandes surfaces alimentaires fonctionnent selon un modèle dans lequel les clients assument une grosse partie des "efforts". A l'inverse, lorsque les achats sont faits en ligne, le client délègue de nombreuses tâches au distributeur (constitution du caddy, emballage et bien sûr livraison). La prise en charge de ces tâches par le cybermarché a un coût Mais l'enjeu le plus crucial pour les cybermarchés est d'optimiser la phase de livraison, service complexe à mettre en œuvre et dont le coût est très élevé. La première difficulté tient à la gestion de trois flux logistiques distincts. Les produits alimentaires peuvent ainsi être classés dans trois catégories selon leur température de stockage (surgelés, produits frais et produits "secs"). C'est une problématique nouvelle pour les cybermarchés puisque leurs "ancêtres" s'étaient plutôt spécialisés sur l'un ou l'autre de ces flux, comme c'est le cas des entreprises de livraison de produits surgelés à domicile. ENJEUX Site Internet Telemarket Ooshop Groupe Enseigne Initialement filiale du groupe Galeries Lafayette, mais racheté par ses dirigeants en 2007 Carrefour Franprix Leader Price CA 2008 (source : xerfi) 1998 70 ME 1999 80 à 85 ME - Début 2009 : passage des sites marchands du groupe sous une seule bannière, carrefour.fr Cora Juin 2000 80 ME Auchandirect Auchan Mars 2001 80ME Expressmarché Intermarché Coursengo Casino Franprix et Leaderprice Actualités - 2008 : retour du cybermarché en Province (Lyon, Lille, Marseille-Aix), avec l'objectif de livrer à terme la France entière - Développement d'une offre non alimentaire, visant à créer un " centre commercial " en ligne Houra 2004 2007 nc 2.5 ME Monsupercasino Casino Fin 2007 nc Coursesu Système U Super U - Hyper U - U Express Mai 2008 nc Monoprix Casino et Galeries Lafayette Septembre 2008 nc Par ailleurs, le client doit être livré en direct afin justement de permettre aux produits frais ou surgelés d'être stockés dans de bonnes conditions, sans rupture de chaine du froid. Pour cela, les livraisons doivent répondre à un double impératif : être regroupées par zone et correspondre aux horaires choisis par le client. L'enjeu principal est donc d'optimiser les tournées tout en respectant ce double impératif, afin de répondre à des objectifs à la fois économiques (rentabilité des déplacements et des 3 Date de lancement - Août 2008 : ouverture de nouveaux entrepôts permettant la livraison de Toulouse et Lille - Livraison de Marseille en projet pour 2009 - Cybermarché en " picking " : les magasins physiques sont les espaces de stockage du cybermarché - Environ 150 magasins du réseau sont recensés sur le site - Objectif à terme : 350 à 400 points de vente - Initialement proposé à quelques arrondissements parisiens - Extension récente à Paris et ses alentours - Objectif : l'extension à la Province - Livraison de Paris mais également de nombreuses villes de Province : Bordeaux, Toulouse, St Etienne, Lyon, Grenoble, Montpellier, Marseille, Toulon - Cybermarché en " picking " : les magasins physiques sont les espaces de stockage du cybermarché - Environ 30 magasins du réseau proposent la vente en ligne - 900 magasins peuvent potentiellement proposer ce service à terme - Cybermarché en " picking " : les magasins physiques sont les espaces de stockage du cybermarché - A l'origine uniquement sur Paris, mais livre depuis mars 2009 Marseille et Nice livraisons) et écologiques (limiter au maximum les déplacements et donc le bilan carbone de l'entreprise). Il apparaît enfin que le dernier kilomètre est à la fois le plus difficile à gérer, le plus coûteux, mais également le plus important pour la qualité du service. Or les acteurs du secteur travaillent pratiquement tous avec le même prestataire pour la livraison finale, créant une situation de quasi monopole qui rend les coûts logistiques finaux difficilement compressibles. LES "DRIVE" : UNE SOLUTION INTERMÉ- DIAIRE POUR FAIRE DU COMMERCE ALIMENTAIRE EN LIGNE UNE ACTIVITÉ RENTABLE ? Les "drive" proposent de réaliser ses courses en ligne et de retirer ensuite soi-même ses produits, soit dans un magasin, soit dans un point aménagé pour les voitures (Auchandrive et Chronodrive gérés par Auchan, et Expressdrive créé en 2007 par Leclerc). Les "drive" existant connaissent une activité très dynamique : Auchandrive a annoncé récemment le doublement de ses ENJEUX effectifs et le Groupe Carrefour prévoit la création de ce type de service courant 2010. Deux solutions sont proposées en termes d'organisation logistique : soit l'internaute est invité à retirer sa commande dans le magasin physique le plus proche de chez lui (c'est le cas de Système U), soit des entrepôts spécifiques sont créés comme c'est le cas pour la filiale Auchandrive. La différence, par rapport au cybermarché classique, concerne les prix et les promotions, qui sont garantis identiques à ceux pratiqués en magasin. Ce service que l'on peut qualifier d' "intermédiaire" apporte le double avantage de répondre à la préoccupation financière des cyberconsommateurs qui sont nombreux à déplorer les prix élevés pratiqués sur Internet, et d'éviter les coûts liés à la livraison. Néanmoins, s'il paraît amené à se développer, ce service reste complémentaire de celui apporté par les cybermarchés traditionnels qui proposent la livraison à domicile : ces deux offres répondent à deux demandes différentes. D'un point de vue géographique, les cyberconsommateurs situés à Paris et sa banlieue préfèreront probablement la livraison, alors que les "drive" s'adressent davantage aux usagers de Province où l'utilisation de la voiture est plus systématique. PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION DU MARCHE Après une période de décollage de l'activité relativement longue, le secteur de la vente en ligne de produits alimentaires s'est rapidement structuré. Les cybermarchés étant de plus en plus nombreux sur le segment, ils doivent nécessairement tenter de se différencier. Afin de se démarquer, ils proposent ainsi des services annexes, notamment des services de proximité personnalisés : envoi de recettes, promotions ciblées,…. Les cybermarchés " traditionnels " ont d'autant plus besoin de se démarquer qu'il est fort probable que les hard discounters arrivent prochainement sur ce marché : Lidl et ED seraient actuellement en train de préparer le lancement de leur propre cybermarché. Par ailleurs, il se développe de plus en plus de supermarchés en ligne spécialisés sur un segment : c'est le cas de Natoora, cybermarché innovant présent sur la France entière, spécialisé dans les produits frais en provenance directe des producteurs. D'autres sont hyper spécialisés sur un produit : chateauonline pour la vente de vin, Picard pour le surgelé, Paysans ou Lemarchécitoyen pour les produits bio. Enfin, si l'extension de la zone de chalandise à toutes les régions françaises est actuellement une priorité pour la majorité des acteurs du secteur, l'Ile-de-France reste un marché prioritaire. Ainsi, la région capitale concentre sur un territoire relativement restreint un marché de plus de 11 millions de consommateurs regroupés au sein de 4,8 millions de ménages, et constitue ainsi un terrain de prédilection pour les cybermarchés. Aurélie TERLIER-DEUDON Pour en savoir plus : Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution (FCD) (www.fcd.asso.fr) Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD) (www.fevad.com) Les grandes surfaces alimentaires - Xerfi 700 - novembre 2009 E-commerce, le magazine - www.ecommercemag.fr Le journal du Net - www.journaldunet.com CROCIS de la CCIP - 27 avenue de Friedland - 75382 PARIS cedex 08 tél. : +33 (0) 1 55 65 82 00 - fax : +33 (0) 1 55 65 82 62 - e-mail : [email protected] Retrouvez toutes nos publications sur www.crocis.ccip.fr Secrétaire général : Isabelle SAVELLI-THIAULT, [email protected] Industrie - Démographie d’entreprise : Yves BURFIN, [email protected] Commerce - Europe - Développement durable : Aurélie TERLIER-DEUDON, [email protected] Conjoncture - Enquêtes : Mickaël LE PRIOL, [email protected] Services : Bénédicte GUALBERT, [email protected] Veille économique : Marielle GUERARD ; Catherine PICQ PAO - Multimédia : Nathalie PAGNOUX, [email protected] Administration - Secrétariat : Vanessa BUSSCHOTS, [email protected] A paraître prochainement : février 2010 : Zone d’Activité Economique Directeur de la publication : Pierre TROUILLET Directeur de la rédaction : Jean-Louis SCARINGELLA Rédacteur en chef : Isabelle SAVELLI-THIAULT Maquette et mise en page : Nathalie PAGNOUX Reproduction autorisée à la condition expresse de mentionner la source Dépot légal : janvier 2010 ISSN : 1266-3255