Des résidences pour seniors

Transcription

Des résidences pour seniors
Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous
Dossier coordonné par
Maude Milekovic-Leroy
C
De s résid ences
pour s eniors
d’un nouveau genre
Autonomes, alertes et à la recherche de confort
et de services personnalisés,
les jeunes retraités trouvent leur bonheur dans de
nouveaux lieux de vie. Des logements spécifiques et
alternatifs se développent actuellement, à mi-chemin
entre l’habitat classique et les résidences spécialisées.
RACINES
16
juin 2007
omme à tous les âges de la
vie, les seniors ont la volonté
de trouver un logement qui
convienne à la fois à leurs besoins,
à leur état d'esprit et à leur avenir.
Selon une étude rendue publique en
novembre 2006 et réalisée par l'université Paris-Dauphine pour le
compte du Crédit Foncier, les jeunes
retraités développent en priorité une
stratégie de "mobilité de confort".
Une fois les enfants partis définitivement, le domicile familial se fait
trop grand, on recherche alors un
logement confortable mais plus
modeste, dans une région agréable
ou dans le périmètre familial.
Les auteurs de l'étude évoquent
également une "mobilité de précaution". Les seniors anticipent une perte
éventuelle d'autonomie, privilégiant
des logements adaptés, sécurisés,
proches du centre-ville et des commerces, et de plain-pied pour s'assurer une parfaite accessibilité.
Le marché des habitations privées
en location ou en propriété, avec
parfois des services annexes adaptés aux besoins, est donc en plein
développement. Parmi ces nouvelles
offres : les résidences services (appartements individuels avec services collectifs à la carte), les résidences
sécurisées (avec système de surveillance et assistance médicale) ou bien
encore les villages retraite (pavillons
individuels implantés en zone rurale).
Les municipalités s'y adaptent aussi
en proposant ce même type de logements spécifiques, avec des loyers
attractifs (souvent en partenariat avec
les offices HLM).
Avec l'allongement de la durée
de vie et l'amélioration de ses conditions, la demande dans le domaine
de l'habitat des plus de 60 ans est
en forte croissance : c'est d'ores et
déjà une préoccupation essentielle,
qui s’accentuera dans l’avenir. Le
nombre de retraités va presque doubler d'ici 2050 : les plus de 60 ans
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Témoignage
seront 22,3 millions, soit un Français sur trois, contre 12,6 millions
en 2005(1). Les "maisons de retraite"
d'aujourd'hui ne portent ainsi plus
vraiment bien leur nom : arrivés à
l'âge de la retraite, hommes et
femmes préfèrent souvent rester à
leur domicile. Les maisons de
retraite, devenues des lieux plus
médicalisés, accueillent des personnes en perte d'autonomie. Au
contraire, les jeunes retraités, loin
de leur fin de vie, n'ont pas ces
mêmes besoins et ne sont pas attirés par ces structures, qui apparaissent de plus en plus comme une
solution d'urgence.
Des préjugés
"Les maisons de retraite classiques ont un gros travail à faire
pour améliorer leur image", indique
Pascaline Berteraut, directrice d'une
Maison d'accueil rurale pour personnes âgées (Marpa) en Vendée.
"Les gens de 70 ans qui souhaitent
placer leurs parents de 90 ans, pensent encore que les maisons de
retraite ressemblent à des hospices
tenus par des “bonnes sœurs à cornette”. Ils en ont une image dégradée où les résidents restent assis
dans leurs fauteuils en face d'une
pendule à regarder le temps passer", déplore la directrice.
Les établissements de type maison de retraite tentent donc eux
aussi de s'adapter à l'évolution des
besoins des seniors, et de nouvelles
résidences alternatives apparaissent en conséquence, intensifiant
la différence entre établissement
médicalisé (Ehpad, centres et unités de long séjour, etc.) et non médicalisé (Marpa, foyers soleils, etc.).
"La maison de retraite ? Pas question !"
"A
ller en maison de retraite, il Il y a aussi M. Lucas, qui s'occupe de
n'en était pas question ! toutes les réparations dans l'immeuD'abord elles sont suffisam- ble. Si on a des problèmes de matément encombrées, elles sont chères, riel, par exemple, c'est à lui qu'on
et puis à 80 ans passés on a encore s'adresse.
Et puis, en ville, il y a l'hôpital pour
les moyens de se débrouiller seuls, surles radios, et la clinique… si on a
tout que Maurice est valide.
Nous nous sommes donc installés besoin d'y aller, c'est tout près. L'apil y a six ans dans un appartement dans partement est en plein centre-ville, on
le centre-ville de La Roche-sur-Yon, va aux commerces, à la Poste… on
apprécie cette
dans une résiproximité. D'aildence pour
leurs on aime
personnes
bien sortir, Mauâgées gérée
rice fait du vélo
par Oryon (1) .
et de la marche
Auparavant,
à pied, et on va
nous habitions
souvent voir nos
dans une HLM
amis.
à Luçon, mais
Ce qui nous
on voulait se
rassure enfin,
rapprocher de
c'est qu'on se
nos enfants.
sent en sécurité
De
plus,
dans la résiMarcelle a subi
dence. La porte
neuf opérad'entrée est élections, et depuis
trique et on a un
elle a des prointerphone. Perblèmes pour se
sonne ne peut
déplacer. La
entrer à l'intérésidence a été
rieur si on ne le
conçue spéciaMarcelle et Maurice habitent un lui permet pas.
lement pour les
appartement coquet en centre-ville de
Le parking pour
retraités et les
La Roche-sur-Yon.
les voitures est
personnes hanlui aussi sécudicapées. Les
salles d'eau et les toilettes sont donc risé : la grille s'ouvre avec un biper.
Seul regret : En cas de coupure de
adaptées, et surtout il y a un ascenseur. C'est parfait pour nous et très courant, la porte d'entrée électrique et
l'ascenseur sont bloqués. Et dans l'escalme.
Nos voisins, on ne les côtoie pas calier, il n'y a pas d'éclairage de secours
plus que ça, mais au rez-de-chaussée pour nous guider vers la sortie. Il fauil y a le clic Entour'âge (information de dra s'en occuper…"
coordination gérontologique). Les
Maurice et Marcelle Fournier,
employés sont très gentils, et même
81 et 84 ans
s'ils ne s'occupent pas directement de
nous, ils nous connaissent et on sait (1) Oryon (agence de développement éconoqu'ils sont là si on a besoin d'aide. mique du Pays Yonnais), tél. : 02 51 37 23 08.
(1) Source projection Insee janvier 2006.
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Habiter en village retraite,
ou comment échapper au ghetto ?
e me suis aperçu que l'habitat des anciens n'était pas
adapté", résume Jean-Luc
Drapeau, président de la communauté de communes du Val de
Sèvre dans les Deux-Sèvre. "À un
certain âge, ils s’installent en ville
pour être près des services. Mais
malgré la proximité, ils n'ont jamais
été aussi seuls et isolés. 20 % des
personnes vivant en maison de
retraite y sont par défaut. En milieu
rural, nous avons tous les services
à domicile nécessaires, mais
encore faut-il qu'il y ait un
domicile !"
Un seul remède selon
lui : garder les anciens
dans la commune, créer
des logements adaptés
pour ceux qui n'en ont pas,
puis favoriser l'intergénération et la mixité sociale, afin de
développer la solidarité et les
échanges entre les habitants.
C'est l'objectif du projet de résidences "Mon Village", mené par le
Centre intercommunal d'action
sociale du Val de Sèvre à Azay-leBrulé (79). Quarante-neuf loge-
"J
ments locatifs de type 2 et 3, adaptés et répondant aux normes d'accessibilité, seront construits sur sept
communes d'ici 2009, à raison de
six à huit logements par commune :
à Azay-le-Brulé, Sainte-Éanne, Soudan, Cherveux, Pamproux, SainteNéomaye et Souvigné.
Chaque logement sera ouvert et
tourné vers l'extérieur, aura un petit
espace privatif où jardiner, mais si
cela n'intéresse pas le locataire
celui-ci sera entretenu par la commune. Les animaux de compagnie seront autorisés.
Une pièce de vie commune assurera le lien
entre chaque groupement de maisons, mais
sera laissé libre d'utilisation aux résidents. Enfin,
une personne sera employée
pour assurer le lien social avec le
reste de la commune, organiser des
transports si besoin, ou bien encore
donner des renseignements : "On
ne veut pas laisser les gens partir
de leur logement, pour qu'ils se
retrouvent à nouveau seuls…"
Les résidences "Mon Village"
Lydie Pénigaud et Jean-Luc Drapeau
travaillent sur le projet “Mon Village”.
seront en priorité destinées aux personnes originaires de la commune
concernée, ou voulant se rapprocher de leur famille. Les logements
seront proposés à la location pour
environ 400 € par mois, certains
en logement social aidé, et d'autres
en location normale : "Ce n'est pas
parce qu'on est pauvre qu'on n'a pas
le droit de rester dans son village.
Mais ce n'est pas non plus parce
qu'on a des moyens financiers qu'on
n'a pas le droit de rester dans son
village !"
Contact : Centre
d'action sociale,
tél. 05 49 06 87 45.
intercommunal
Lydie Pénigaud,
La Vallée verte, quartier intégré à La Génétouze
“P
eut-être qu'un jour, on ne
pourra plus conduire. Alors
on se rapproche du centre. On veut rester à La Genétouze,
tous nos amis sont ici." Le 16 juillet
dernier, Élie et Thérèse Besson, respectivement 72 et 71 ans, ont intégré l'un des dix nouveaux pavillons
de la Vallée verte, à La Genétouze.
L'originalité de ce quartier résidentiel destiné aux seniors, c'est qu'il est
ouvert sur l'extérieur, et complètement
intégré au cœur du village de La
Genétouze. Il a volontairement été
placé à proximité du centre-bourg et
des commerces, mais surtout de
l'école et du centre périscolaire afin
de favoriser les rencontres intergénérationnelles. La bibliothèque du
village sera également rapatriée au
centre du quartier, au terme des travaux de construction, dont le début
est prévu pour le mois de novembre
2007.
Car selon la municipalité et l'office public des HLM de Vendée, partenaires dans la réalisation du projet,
"pour une bonne intégration des résidents dans la commune, il faut un
quartier vivant".
Contact : Office HLM de la Vendée,
tél. 02 51 09 85 85.
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juin 2007
Élie et Thérèse Besson ont reçu les
clefs de leur pavillon le 16 juillet dernier.
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Bientôt un quartier sécurisé à Sérigné
Sérigné, un type d'établissement novateur, encore presque
inexistant dans le département
vendéen, ouvrira en 2009 : un quartier sécurisé réservé aux seniors, composé de 40 logements indépendants
avec des services à la carte.
"Nous sommes partis d'un cas
concret : la mère de mon épouse,
encore indépendante et autonome, a
une grande maison à la campagne.
Pour rompre son isolement, elle voudrait aller en maison de retraite. Mais
pour une personne valide et en forme,
c'est difficile moralement. Il manque
des établissements qui répondent simplement aux attentes des seniors autonomes : rompre l'isolement, se savoir
en sécurité et bénéficier de services
tout en étant chez soi.
Nous avons décidé, avec ma femme
et un groupe de professionnels et personnes intéressées par le projet, de
créer l'association l'Ancre d'Or et de
faire appel à un promoteur pour fonder une résidence pour seniors. Une
sorte de "Club Med du troisième âge",
destiné aux personnes à partir de 60
ans, où chacun achète ou loue son
pavillon adapté.
Plusieurs types de services sont prévus, qui seront gérés par l'association :
animations (ateliers manuels, clubs,
Internet) et des services à la personne
selon les besoins (courses, transport).
(Maquette réalisée par Alain Le Febvrier pour Arcady)
À
Nadine Muller : "les logements de
la résidence service sécurisée feront entre 48 m2 et 73 m2”.
Les repas du midi seront pris en
commun, parmi les services proposés,
c'est la seule chose obligatoire, afin
d'être sûrs qu'un repas équilibré sera
pris chaque jour. C'est une sécurité.
De plus, si une personne est absente
sans l'avoir signalé auparavant, on se
déplace pour vérifier que tout va bien.
En ce qui concerne la sécurité, le
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terrain est clôt, surveillé, avec un système d'appel d'urgence dans les logements et un gardien à demeure."
Roland Muller,
de l'association l'Ancre d'Or.
Informations et pré-réservations auprès de
l'Ancre d'Or au 02 51 51 48 31.
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