Voir le sommaire - Nestlé Nutrition Institute
Transcription
Voir le sommaire - Nestlé Nutrition Institute
Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 DOI: 10.1159/000278754 La dénutrition dans les pays en voie de développement – des aspects évolutifs Noel W. Solomons Centre d’Étude sur l’Altération sensorielle, le Vieillissement et le Métabolisme, Guatemala City, Guatemala Mots-clés Pays en voie de développement ⴢ Dénutrition protéinoénergétique ⴢ Dénutrition en micronutriments ⴢ Transition nutritionnelle ⴢ Obésité ⴢ Syndrome métabolique Résumé La malnutrition est la conséquence des troubles liés à une suralimentation ou à une dénutrition. Les pays en développement sont caractérisés par une pauvreté généralisée due à de faibles ressources économiques ou à une distribution inéquitable des richesses dans la société. Les états de dénutrition de la population (retard pondérale et retard de croissance) et la gestion des cas sévères nécessitant une nutrition clinique à l’hôpital, ont longtemps été les préoccupations prioritaires des pays en voie de développement. A présent, le processus de transition nutritionnelle a modifié cette situation, avec un double fardeau de dénutrition et de suralimentation à prendre en considération au sein de la population et dans les hôpitaux. Alors que la dénutrition est en déclin, la croissance démographique entraîne une augmentation mécanique du nombre d’enfants sous-alimentés dans le monde. Ainsi, sans qu’il y ait de nouveaux événements, les carences en vitamine A, en iode, en fer, en zinc, en vitamine D et en vitamine B12 sont à nouveau au centre de l’attention de la santé publique. En outre, les taux de surcharge pondérale et d’obésité sont également en hausse dans certaines sous-populations des pays en développement, et le syn- © 2010 Nestec Ltd., Vevey/S. Karger AG, Basel 0250–9644/09/0672–0074$26.00/0 Fax +41 61 306 12 34 E-Mail [email protected] www.karger.com Accessible en ligne à: www.karger.com/anf drome métabolique est en train de s’installer dans les populations à faibles revenus. Il est donc important que les concepts et les priorités des pays en voie de développement soient continuellement mis à jour; c’est ce qu’essaie de proposer cet article, afin de ne pas se baser sur les constats des dernières décennies et créer des mythes qui minimisent l’évolution contemporaine de la malnutrition dans le monde. Copyright © 2010 Nestec Ltd., Vevey/S. Karger AG, Basel La malnutrition a pour origines étymologiques malus (mauvais) et nutrire (nourrir) [1]. Elle définie un statut nutritionnel défavorable, hors des valeurs de référence, avec soit une dénutrition (carence d’un ou de plusieurs nutriments essentiels) soit une suralimentation (consommation excessive d’un ou plusieurs nutriments) [2]. Historiquement, les préoccupations nutritionnelles des sociétés pré-industrialisées à faibles revenus des régions tropicales et subtropicales sont plutôt du côté de la dénutrition avec des carences en nutriments. Mais des bouleversements dans la nature de ces sociétés en voie de développement et notre meilleure compréhension de la nutrition humaine et clinique ont permis de mettre en exergue des aspects évolutifs sur le problème de la malnutrition dans ces pays. La présente revue tente d’exposer les principales nouveautés scientifiques et pédiatriques dans ce domaine en pleine évolution. Noel W. Solomons, MD CeSSIAM 17a Avenida #16-89, Zona 11 Guatemala City 01011 (Guatemala) Tel./Fax +502 2473 3942, E-Mail [email protected] Historique et problèmes de définitions Aujourd’hui, pour de nombreuses raisons incluant la pauvreté, la dégradation de l’environnement, les maladies endémiques et pandémiques, les pays en développement sont le chaudron des problèmes liés à la dénutrition en médecine clinique et santé publique. Certains problèmes nutritionnels et carences alimentaires sont connues depuis des siècles. Les famines de l’antiquité ont permis au monde médical de comprendre que le jeûne cause une inanition et un épuisement des stocks corporels de graisses et de muscles. Les premiers explorateurs ont souvent noté que les habitants autochtones rencontrés lors des expéditions sur les côtes ou les îles maritimes du monde sont souvent de plus petite taille que les marins et les soldats européens. Cependant, il a aussi été récemment documenté que les groupes ethniques européens du 19ème siècle étaient plus petits que ceux d’aujourd’hui [3], un phénomène attribué à des régimes alimentaires moins nourrissants. Les prémices de la nutrition médicale en santé publique sont généralement attribuées à la description du syndrome de «kwashiorkor» par Williams [4], qui travailla dans la région nommée à l’époque «Côte-de-l’Or» (Ghana) en Afrique de l’Ouest dans les années 1930. Ce syndrome était fortement létal, et pouvait être traité et guéri par l’administration d’une alimentation de haute qualité [5]. En fait, la dénutrition est reconnue comme un problème clinique de santé publique que depuis 7 décennies. Après la description du kwashiorkor, l’attention nutritionnelle du monde s’est focalisée sur la dénutrition sévère. La première échelle diagnostique pour la classification clinique de la dénutrition protéino-énergétique a été proposée en 1956 par une équipe de pédiatres dirigée par le Dr. Federico Gomez [6] à l’Hôpital Pédiatrique de Mexico (Mexico City). Ils ont défini trois degrés de dénutrition, le troisième degré étant caractérisé par un poids inférieur à 60% du poids de référence rapporté à l’âge, associé à des signes cliniques de la dénutrition. Alors que la classification de Gomez était utilisée dans les services cliniques et médicaux, elle n’était pas satisfaisante pour répondre à des besoins de santé publique. Dans les années 1970, le Wellcome Trust a proposé un système de classification de la dénutrition basé sur 3 critères [7, 8]. Le premier était une taille trop petite par rapport à l’âge, un arrêt de croissance indiquant une dénutrition chronique. Le deuxième était une maigreur excessive par rapport à la taille, une fente musculaire permettant de diagnostiquer une dénutrition aigüe. Le troisième, dérivé de la clasDénutrition dans les pays en voie de développement sification mexicaine, était un faible poids comparé à la valeur de référence par rapport à l’âge. Le poids étant systématiquement mesuré avec une précision raisonnable, contrairement à la taille, le poids rapporté à l’âge est devenu un critère universel utilisé par les épidémiologistes de santé publique et les organismes des Nations Unies. Néanmoins, il a été reconnu très tôt que ce critère de poids en fonction de l’âge présentait des limites [9]. Si une personne était trop petite, elle ne pouvait pas s’attendre à avoir le poids d’un enfant du même âge mais beaucoup plus grand. Un petit enfant pouvait donc avoir une composition corporelle normale – voire une obésité – tout en ayant un faible poids par rapport à la valeur de référence pour son âge. De même, un enfant très grand pouvait être extrêmement maigre pour sa taille mais avoir un poids similaire à la valeur de référence pour son âge. Il était alors nécessaire de normaliser le poids par la taille, par un indice tel que celui de masse corporelle de Quetelet (IMC, kg/m2), pour pouvoir comparer des populations de taille différente. Il a cependant fallu attendre jusqu’en 2000 pour que des valeurs de référence d’IMC pour les enfants de la naissance à 20 ans soient publiées et puissent être utilisées internationalement [10, 11]. La suralimentation, caractérisée par un excès de graisse corporelle, est restée en marge des préoccupations de classifications nutritionnelles en nutrition pédiatrique jusqu’à une époque très récente. Ceci est vrai tant pour les pays développés que pour ceux en voie de développement. En 1994, Popkin [12] a introduit le concept de «transition nutritionnelle». C’est un processus stéréotypé évolutif et généralisé dans le lequel des excès nutritionnels avec des conséquences négatives sur la santé apparaissent et coexistent avec des problèmes traditionnels de dénutrition et carences nutritionnelles. La transition nutritionnelle est associée à un changement de comportement alimentaire, avec l’augmentation de la consommation de protéines et de graisses d’origine animale, de graisses et huiles séparées, ainsi que de sucres simples au détriment de la consommation de sucres complexes [13]. Les excès et déséquilibres de cette alimentation ne sont pas restreints qu’aux macronutriments. Des limites supérieures de tolérance pour la consommation de vitamines et minéraux ont été établies par le comité de Nutrition et d’Alimentation de l’Institut de Médecine des États-Unis (Food and Nutrition Board of the US Institute of Medicine) [14]. L’introduction croissante de l’enrichissement des aliments de base et de produits industriels a commencé à devenir une préoccupation légitime concernant la toxicité des quantités excessives de micronutriments [15]. Avec le temps, ce double fardeau de la malnutriAnn Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 75 tion – carences et excès – pose un dilemme pour le développement de la politique de santé et la conception puis la mise en place de programmes nutritionnels [2]. La nature des pays en voie de développement Il n’existe pas de définition satisfaisante et consensuelle des pays ou des sociétés en voie de développement. En fait, les organismes des Nations Unies n’ont cessé de développer des classifications de plus en plus adaptées pour définir le statut socioéconomique des différents groupes de pays [16], en vain, en raison de la grande diversité des caractéristiques d’une nation à l’autre. Un lexique original avait inclus les termes pays sous-développés et moins développés comparés à pays développées et plus développés. Une alternative contemporaine parlait de pays pré-industrialisés et industrialisés. La confrontation Est-Ouest de la guerre froide a donné naissance aux termes de Premier Monde (pour les pays riches en général, en particulier les pays démocratiques de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de l’Océanie) et de Second Monde (les pays autoritaires, en particulier les pays partiellement industrialisés du bloc socialiste de l’Europe et de l’Asie), le reste du monde étant le Tiers Monde, sur lequel les premiers ont exercé leur influence et leur hégémonie. La nature péjorative des termes sous et moins liés au développement ou tiers dans un classement à trois niveau a conduit à un rejet endogène par les régions ainsi nommées. Les caractéristiques climatiques et géographiques permettent de mieux comprendre la classification. Les termes tempéré, subtropical et tropical offrent une certaine différenciation, les 2 derniers étant les plus concernés par le développement socio-économique. En dépit de toutes les caractéristiques géographiques, ethniques, linguistiques, politiques et les ressources liées à ces caractéristiques, la pauvreté et l’attirail de la pauvreté (analphabétisme, mauvaise santé, privation des libertés, instabilité sociale et familiale et aliénation) dans une majorité de pays ou de régions du monde, ont incité à utiliser le terme suivant dans le présent article: «les sociétés à faibles revenus». L’autre terme employé est «les pays en voie de développement», pour sa connotation dynamique et optimiste, et la volonté de sortir du sous-développement. Une localisation dans un climat chaud et humide ou chaud et sec, un manque d’infrastructures et la pauvreté rendent l’accès difficile aux besoins vitaux de première nécessité (un régime alimentaire adéquat, l’eau potable, des soins médicaux corrects, un logement salubre et solide). Les conséquences négatives des déséquilibres ali76 Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 mentaires et le stress environnemental peuvent prendre de nombreuses formes chez les habitants les moins favorisés de la planète. Cela conduit à l’hétérogénéité inévitable des conditions qui prévalent chez ceux ayant comme dénominateur commun de faibles revenus. Les généralisations faites ici sur des caractéristiques communes d’une nutrition perturbée doivent toujours être considérées dans un contexte de diversité des conditions imposées à une société par l’exclusion sociale et les faibles ressources. Interaction entre nutrition et infection Un des concepts essentiels et récurrents lié au problème de la dénutrition dans les pays en voie de développement est celui de l’interaction entre nutrition et infection. Il a été décrit pour la première fois par Scrimshaw et al. [17] dans un article princeps publié en 1959. Il a ensuite été affiné et étendu dans des séries de monographie comme les Interactions entre nutrition et infection [18]. La thèse centrale était qu’il existe simultanément des interactions synergiques et antagonistes entre la dénutrition et l’infection. Pour la dimension synergique, la plus importante, le stress de l’infection produit une détérioration du statut nutritionnel, alors que la dénutrition déjà existante potentialise les effets désastreux des maladies infectieuses (sensibilité, sévérité et durée). Inversement, concernant la dimension antagoniste, il y a eu des cas où la dénutrition renforçait la résistance aux infections, en particulier lors des carences en fer (voir ci-dessous). Au cours du dernier demi-siècle, on a beaucoup appris sur les effets métaboliques indésirables induits par les infections sur la perte des réserves énergétiques, des tissus corporels et des micronutriments. La phase aiguë de la réaction en réponse à une inflammation et à une infection est médiée par la libération d’hormones et de cytokines, par les cellules immunitaires circulantes ou in situ, responsables de la fièvre, d’une série d’activations de mécanismes inflammatoires, et de changements des métabolismes cellulaires. Ceci conduit à la séquestration de nutriments dans la circulation, ou leur libération à partir des protéines de liaison, ainsi qu’à la sollicitation des acides aminés musculaires pour la synthèse de glucose et la multiplication des lymphocytes [19, 20]. Une grande quantité d’azote, de zinc et de vitamine A, parmi d’autres nutriments, est perdue dans l’urine au cours des épisodes infectieux, conduisant à un perte de poids et des carences en micronutriments. La croissance et les fonctions cellulaires sont aussi directement altérées par les processus inflammatoires. KlaSolomons sing and Johnstone [21] ont démontré l’implication de cytokines pro-inflammatoires dans l’altération de la croissance des poulets élevés dans des conditions insalubres. Notre groupe affirmait il y a déjà 2 décennies qu’un retard de croissance était médié en partie par une immunostimulation chronique [22]. Thurnham and NorthropClewes [23] ont aussi démontré comment l’inflammation interfère avec l’utilisation de plusieurs micronutriments impliqués dans l’érythropoïèse, contribuant ainsi à l’altération de la production d’hématies. Les mécanismes par lesquels la dénutrition influence la réponse à l’invasion des agents pathogènes comportent presque tous les niveaux de défense de l’hôte. Tout d’abord, les barrières physiques telles que la peau et les muqueuses peuvent ne plus jouer leur rôle; des fissurations ou des ulcérations caractéristiques de certaines carences favorisent le passage des agents pathogènes dans le corps. Ensuite, il peut y avoir des dysrégulations ou des dysfonctionnements des réponses cellulaires et humorales à l’invasion d’agents pathogènes. Des manuels entiers ont été consacrés à documenter la manière dont les carences en presque tous les macro- et micronutriments peuvent nuire aux mécanismes de défense de l’hôte tant au niveau cellulaire que moléculaire [24]. Ainsi, une dysimmunité causée par une mauvaise alimentation et une altération de la résistance aux maladies ont des conséquences épidémiologiques; Ashworth [24], en 1982, fut un des premiers à décrire une plus forte mortalité causée par des maladies infectieuses chez les enfants dénutris. Au cours des décennies qui ont suivi, une association épidémiologique détaillée entre nutrition et infection a été décrite, avec environ 53% des décès d’enfants de moins de 5 ans dus à une infection étant associés à un retard pondéral sous-jacent [26]. Une autre conséquence étonnante de la dénutrition sur l’infection a été décrite dans le travail de Beck [27] au cours des deux dernières décennies. En utilisant un modèle de rongeurs, elle a montré que la virulence et la pathogénicité d’agents viraux, par ailleurs bénins, peut être augmentée par leur inoculation chez des animaux carencés en sélénium ou en vitamine E. Notons que seule la carence en sélénium est pertinente chez l’homme. L’auteur a néanmoins conclu que «l’état nutritionnel de l’hôte doit être considéré comme une force motrice pour l’émergence de nouvelles souches virales ou de nouvelles souches pathogènes de virus connus» [27]. L’interaction antagoniste entre dénutrition et infection présente un intérêt pour la santé publique. La plus représentative est liée au statut ferrique chez l’homme. La plupart des parasites intracellulaires et tous les parasites protozoaires et helminthiques se nourrissant de sang ont des besoins spécifiques en fer et recherchent donc les tissus et cellules riches en fer. Weinberg [28] a décrit un mécanisme protecteur de l’immunité, basé sur les effets d’une carence en fer, qui réduit la virulence de certaines infections causées par des agents pathogènes fer-dépendants. Un exemple notoire de cette relation antagoniste a été mis en évidence dans les îles de Zanzibar en Tanzanie, une zone holoendémique pour le paludisme à Falciparum, où une complémentation universelle en fer et acide folique pour traiter une anémie sévère s’est conclue par des résultats défavorables (excès de décès et d’hospitalisation) pour les patients qui présentaient des statuts ferrique et hématologiques normaux au début de l’étude [29]. Il est suggéré qu’une carence en divers nutriments impliqués dans la phase aiguë de la réponse aux infections pourrait se révéler protectrice contre d’autres infections. Certaines maladies ou situations septiques conduisent à la libération massive de cytokines inflammatoires [30]. La forte mortalité de la grippe pandémique de 1918– 1919 était due à une réponse inflammatoire surdimensionnée, qui pourrait aussi être une caractéristique de la grippe aviaire contemporaine (H5N1) [31]. Il a été émis l’hypothèse que le système immunitaire moins réactif des personnes nutritionnellement carencées pourrait être responsable d’une moindre réponse cytokinique et ainsi améliorer la survie lors d’infections. Dénutrition dans les pays en voie de développement Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 Conséquences pour l’enfant de la dénutrition maternelle Dans les sociétés où les enfants deviennent souvent dénutris, le statut nutritionnel maternel doit être compromis dès la grossesse. En d’autres termes, le fœtus doit être exposé à des carences nutritionnelles in utero. C’est ainsi que Barker exprime ses idées [32, 33]: une réduction de la croissance fœtale et un faible poids à la naissance sont associés plus tard à un risque de maladie cardiovasculaire, de diabète de type 2 et d’intolérance au glucose. Ce risque doit être associé aux «conséquences de la plasticité du développement, c’est-à-dire le phénomène par lequel un génotype peut donner lieu à différents états physiologiques et morphologiques en fonction des conditions environnementales auxquelles il est exposé pendant le développement» [32], autrement appelé la programmation métabolique. Ces conséquences ont été décrites par Gluckman et al. [34, 35] comme les origines développementales de la santé et des maladies. Ils décrivent un scénario «concor77 dance – discordance» dans lequel les conséquences de la programmation métabolique sont un environnement nutritionnel in utero en harmonie avec celui de la vie extrautérine pour limiter les risques de développer plus tard des maladies. Des carences nutritionnelles intra-utérines suivies de restrictions alimentaires est un scénario de développement harmonieux, de même qu’une alimentation abondante durant la vie fœtale et pendant la vie plus tard. En revanche, des carences nutritionnelles intra-utérines suivies d’excès alimentaires plus tard dans la vie représentent un scenario en décalage avec la programmation métabolique, modifiant les réponses programmées qui ne sont alors plus adaptées pour une bonne santé métabolique. Comme l’ont souligné Prentice and Moore [36], c’est précisément dans les pays pauvres, là où la nutrition maternelle est précaire, que les conséquences pratiques de l’origine du développement sont les plus préoccupantes. La dénutrition dans le monde L’évolution de l’épidémiologie de la dénutrition dans le monde Les statistiques de l’UNICEF montrent que dans les années 1990, le nombre d’enfants atteints de retard pondéral dans les pays en voie de développement a diminué de 177 à 149 millions. Les prédictions de l’OMS sont les suivantes: «Dans le monde, le nombre d’enfants dénutris devrait diminuer de 163,8 millions en 1990 à 113,4 millions en 2015, soit une baisse de 31% (IC 95%: –40 à –20%). Cette décroissance devrait avoir lieu partout, excepté dans les régions subsaharienne, orientale, occidentale et moyen-orientale de l’Afrique, qui devraient au contraire voir une hausse substantielle des enfants en retard pondéral» [37]. De même, la prévalence du retard de croissance dans les pays en développement est passée de 47 à 33% de 1980 à 2000 [38], avec, en 2004, une prévalence d’enfants présentant un retard de croissance estimée à 164 millions, soit un enfant sur 3 parmi les moins de 5 ans [39]. Il est quasiment inutile d’estimer une prévalence statistique pour la dénutrition aiguë, définie comme une perte de poids, un déficit pondéral par rapport à la taille. C’est en effet une situation amenée à évoluer en fonction de chaque individu, de sorte que chaque enfant affecté est sujet à une amélioration imminente (correction) ou à une mort éventuelle. A l’échelle de la population, on pourrait s’attendre à ce que la dénutrition aiguë soit localisée dans les régions subissant certains facteurs environnementaux ou circonstanciels, comme de mauvaises récoltes ou le déplacement des réfugiés. 78 Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 Pour les enfants de moins de 5 ans, il y a eu une discontinuité dans les estimations mondiales du retard pondéral au cours des 3 dernières années, c’est à dire depuis que les nouvelles courbes de croissance de l’OMS [40] ont été adoptées par les organismes des Nations Unies. En général, les poids de référence pour un âge donné sont plus faibles que ceux du NCHS (National Center for Health Statistics) [41], de sorte que la prévalence du retard pondéral chez ces enfants serait réduite. En revanche, les conséquences de l’adoption de ces nouvelles courbes de croissance de l’OMS [40] est moindre sur les estimations des enfants de petite taille et ceux présentant un retard de croissance, dans la mesure où ces nouvelles courbes de croissance sont similaires aux précédentes [42]. Depuis 2006, l’International Food Policy Research Institute (l’Institut International de Recherche sur les politiques Alimentaires) a proposé un nouvel indicateur, l’indice de la faim dans le monde, comme une estimation des capacités nationales à nourrir durablement leur population. Trente trois pays sont en déficit grave au regard de l’indice de la faim dans le monde en 2008 [43]. Les régions à forte densité endémique pour le sida, qui continue à se propager de manière pandémique, doivent s’attendre à une augmentation de l’incidence de toutes les formes de dénutrition à moyen terme [44]. Prise en charge clinique de la dénutrition protéino-énergétique sévère aiguë Un faible poids par rapport à la taille ne doit pas être ignoré et doit être traité avant qu’il évolue en dénutrition protéino-énergétique (DPE) sévère, ou en troisième degré de retard pondéral initialement décrit par Gomez et al. [6], nécessitant une prise en charge clinique. En plus des maladies, les causes de ces états de dénutrition extrême sont la pauvreté, la famine, la situation des réfugiés, la maltraitance et la privation de nourriture, et les causes iatrogènes, y compris les mauvaises prises en charge cliniques. En ce qui concerne les maladies, au cours du dernier quart de siècle, de graves DPE sont de plus en plus observées au cours d’infections chroniques, telles que le sida et son compagnon, la tuberculose [44]. Les altérations physiologiques observées lors d’un kwashiorkor ou d’un marasme chez l’enfant peuvent conduire à la mort si l’enfant n’est pas traité, et augmenter la mortalité lors d’une prise en charge nutritionnelle et médicale [45]. Une surinfection aiguë est une menace toujours présente pour un enfant dénutri. Elle doit donc être diagnostiquée et traitée. Ces enfants doivent aussi être protégés contre les risques iatrogènes et les risques Solomons d’un «syndrome de renutrition», à savoir les conséquences d’une réalimentation excessive. Il y a environ 20 ans, des experts internationaux ont pris conscience d’un taux inacceptable de mortalité hospitalière chez les enfants présentant une DPE. La recherche formative a alors montré que la formation des médecins qui soignent les enfants souffrant de dénutrition sévère s’était éloignée des pratiques ayant fait leurs preuves lors des décennies précédentes. Sous l’initiative de la Fondation Nestlé pour l’Étude des Problèmes d’Alimentation dans le Monde et de l’Organisation Mondiale de la Santé, un conseil a été convoqué pour concevoir et diffuser un algorithme décisionnel pour la prise en charge des DPE sévères à l’hôpital. Ce travail a porté ses fruits au tournant du millénaire avec les publications de l’OMS suivantes: Management of Severe Malnutrition: a Manual for Physicians and Other Senior Health Workers [46] (Prise en charge des dénutritions sévères: un guide pour les médecins et les autres professionnels de santé) et Management of the Child with a Serious Infection or Severe Malnutrition. Guidelines for Care at the First-Referral Level in Developing Countries [47] (Prise en charge de l’enfant atteint d’une infection grave ou de dénutrition sévère. Recommandations pour les premiers soins dans les pays en voie de développement). Le premier de ces manuels est un guide destiné aux cliniciens pour le diagnostic et le traitement des dénutritions sévères, le deuxième est utilisé comme «check-list» pour estimer l’aptitude des institutions hospitalières à prendre en charge efficacement les DPE sévères. Bhan et al. [48], en Inde, ont diffusé et résumé les éléments essentiels de ces directives (tableau 1). Une étude prospective en Afrique du Sud a montré un déclin de 7% de la mortalité hospitalière due à une DPE sévère après 3 ans de mise en pratique de ces recommandations [45]. Utilisation d’aliments prêts à l’emploi Des inquiétudes renouvelées concernant la prise en charge de le DPE ont conduit à une autre forme d’intervention nutritionnelle avec de multiples répercussions: l’utilisation d’aliments prêts à l’emploi (APE) [49]. En effet, les aliments de première nécessité tels que les laits maternisés et les bouillies de céréales, utilisés dans la réalimentation des nourrissons et jeunes enfants dénutris, posent des problèmes de conservation (durée et qualité). Conditionnés en poudre, ces aliments sont sujets à des infestations par des insectes ou des parasites. Pire, leur reconstitution avec de l’eau présente un double risque: la contamination bactérienne de l’eau utilisée ou la prolifération rapide d’agents pathogènes dans ces liquides ou Dénutrition dans les pays en voie de développement Tableau 1. Résumé des recommandations de l’OMS pour la prise en charge des enfants sévèrement dénutris Le taux de mortalité élevé chez les enfants atteints de dénutrition sévère peut être sensiblement réduit par l’adoption de protocoles thérapeutiques standardisés Les enfants avec un poids rapporté à la taille <70% de la médiane du National Center for Health Statistics (Centre national des statistiques de santé des États-Unis), des œdèmes des membres inférieurs, ou une perte de poids sévère visible devraient être hospitalisés pour être dans un premier temps stabilisés et, de manière optimale, jusqu’à complète guérison Chez les enfants sévèrement dénutris avec des diarrhées, les liquides apportés par la voie intraveineuse devraient être limités aux patients montrant des signes de choc; les autres enfants sévèrement dénutris devraient recevoir des solutions salines de réhydratation orales avec une plus faible concentration en sodium et une plus forte concentration en potassium que les normes recommandées par l’OMS pour ces solutions salines de réhydratation La prévention et le traitement précoce de l’hypoglycémie et de l’hyperthermie réduisent la mortalité Les enfants sévèrement dénutris ont besoin de compléments (jusqu’à deux fois les doses journalières recommandées) en vitamines, potassium, magnésium, zinc, cuivre, sélénium, et iode. Le fer devrait être administré une fois que l’enfant a retrouvé l’appétit Pendant la première semaine de traitement, seulement 330 à 420 kJ/kg et 1 à 1,5 g de protéines/kg devraient être administrées pour éviter un stress métabolique Au cours de la renutrition, les apports en énergie et en protéines doivent progressivement atteindre respectivement 630 à 920 kJ/ kg/jour et 4 à 5 g/kg/jour, pour atteindre un gain de poids >10 g/kg/jour jusqu’à complète récupération Modifié d’après Bhan et al. [48]. Reproduit avec permission. semi-solides mal manipulés et soumis à la température ambiante élevée des tropiques. Le risque de surexposition à des toxi-infections alimentaires dues à l’utilisation d’une eau insalubre a conduit à l’idée d’utiliser des APE. Le premier argument est qu’ils sont hermétiquement conditionnés dans des sachets en aluminium et ne demandent pas de manipulation préalablement à leur administration. Le deuxième, c’est leur nature chimique. Les APE sont d’appétissantes pâtes à tartiner, similaire au beurre de cacahuètes ou de noix de cajou, composées exclusivement de protéines et de lipides, sans glucides [49]. En excluant l’eau et les glucides, le milieu propice à la prolifération bactérienne ou fongique est pratiquement éliminé, ces microbes ne poussant pas dans un environnement lipidique. Ces APE ont une longue durée de vie dans les climats les plus chauds Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 79 Tableau 2. Principales solutions économiquement efficaces proposées par le Consensus de Copenhague en 2008 Solution Domaine Complémentation en micronutriments chez les enfants (vitamine A et zinc) Programme de Doha pour le développement Enrichissement en micronutriments (fer et sel iodé) Renforcement de la couverture vaccinale pour les enfants Enrichissement des aliments Déparasitage et autres programmes nutritionnels à l’école Faire baisser le prix de la scolarité Accroître et améliorer la scolarisation des filles Promouvoir la nutrition dans les villages Apporter un soutien aux femmes en matière de reproduction Dénutrition1 1 Commerce Dénutrition1 Maladie Dénutrition1 Dénutrition1 et formation Formation Femmes Dénutrition1 Femmes Solutions liées à une intervention nutritionnelle. et ne se dégradent pas rapidement même lorsque l’emballage est ouvert. Ils ont été utilisés pour des enfants hospitalisés avec de graves DPE, et aussi dans des camps de réfugiés au Sahara occidental [50]. La dénutrition en micronutriments Lutter contre la faim cachée: une action de santé publique D’une part, comme mentionné ci-dessus, les syndromes de DPE sévères impliquent généralement des carences en micronutriments. D’autre part, des comportements alimentaires inadaptés et des conditions environnementales hostiles peuvent provoquer des carences ou des excès en micronutriments sans signes cliniques apparents de dénutrition. Le concept de la faim cachée vient des connaissances acquises sur la carence marginale en vitamine A dans les années 1980 et a été institutionnalisé au moment où on s’intéressait également aux carences en iode et en fer [51]. Le consensus de Copenhague a analysé les interventions les plus efficaces et les moins onéreuses pour améliorer la santé publique mondiale [52]. Parmi les 10 premières solutions, les interventions nutritionnelles étaient représentées 5 fois (tableau 2). 80 Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 Hypovitaminose A Sommer et al. [53] ont ajouté une nouvelle dimension à la vitamine A (1) quand ils ont observé, dans une grande enquête effectuée en Indonésie, une mortalité supérieure à court terme chez les enfants présentant de légers signes oculaires d’hypovitaminose A, et (2) quand ils ont décrit, dans une étude interventionnelle prospective, une réduction de 34% de la mortalité due à des maladies infantiles lors d’une complémentation systématique et périodique en vitamine A [54]. Une série d’essais interventionnels réalisés en Asie et en Afrique confirme les effets d’une complémentation en vitamine A sur la réduction de la mortalité chez les enfants en âge préscolaire [55]. Il a alors été recommandé de mettre en place une complémentation systématique en vitamine A dans les pays endémiques pour l’hypovitaminose A [56]. Cette mesure a été classée première, avec la complémentation en zinc, dans le classement des investissements avec le meilleur rapport coût-efficacité par le Consensus de Copenhague [52]. Une complémentation avec 200 000 UI de vitamine A est également recommandée par l’OMS comme un important traitement adjuvant pour réduire la mortalité lors d’une rougeole avec des complications respiratoires. Les analyses systématiques d’efficacité Cochrane mettent en évidence une telle efficacité lorsque 2 doses sont administrées [57]. Carence en Iode La carence en l’oligo-élément qu’est l’iode est connue comme la cause du goitre endémique. Ce n’est cependant que récemment qu’il a été compris qu’une réserve corporelle inadaptée en ce micronutriment pouvait avoir une multitude de conséquences fonctionnelles et sur la santé [58, 59] conduisant au trouble de la carence en iode [58]. Cette carence est l’une des carences dont la prévalence dans le monde a été sensiblement réduite au cours du dernier quart de siècle grâce à la mise en œuvre des programmes d’enrichissement du sel. Les données d’une enquête de suivi chez des écoliers permettent d’estimer que dans 54 pays, la carence en iode est endémique, avec 285 millions d’écoliers, soit, par extrapolation, 2 milliards de personnes dans le monde seraient carencées en iode [60]. L’importance de l’intervention visant à réduire la carence en iode a été classée troisième par le Consensus de Copenhague [52]. L’anémie nutritionnelle L’anémie nutritionnelle est probablement le plus répandu, ainsi que le plus résistant, de tous les problèmes nutritionnels de l’humanité. Les femmes en âge de proSolomons créer et les enfants de moins de 6 ans sont les populations les plus vulnérables [61]. La plupart des anémies nutritionnelles sont dues à une carence en fer. Là où l’anémie est considérée comme un problème sérieux de santé publique, c’est-à-dire où plus de 40% d’une tranche d’âge est touchée, il est recommandé une complémentation universelle. Pour les nourrissons et les tout petits, la posologie est de 12,5 mg de fer et 50 mg d’acide folique par jour [62]. La résistance de l’anémie au traitement vient de l’inefficacité relative de la complémentation et d’un enrichissement alimentaire par des formes et des doses inappropriées en fer. Comme mentionné ci-dessus, une complémentation alimentaire apportant plusieurs nutriments améliore le statut en hémoglobine [63]. L’enrichissement d’aliments à domicile est une nouvelle piste prometteuse qui pourrait apporter les bénéfices attendus là où d’autres mesures ont échoué [64]. L’importance de l’intervention visant à réduire l’anémie nutritionnelle a été classée troisième par le Consensus de Copenhague, comme celle visant à réduire la carence en iode [52]. Carence en zinc La majorité de l’alimentation traditionnelle étant à base de produits céréaliers non raffinés, la carence marginale en zinc est très répandue. Un récent compendium du Groupe Consultatif International sur le Zinc (International Zinc Consultative Group) [65] a suggéré qu’une complémentation prophylactique en zinc a des effets bénéfiques sur la prévention des infections respiratoires et sur la réduction de la mortalité: ces effets sont plus importants au cours de la première année de vie. Une controverse est en revanche apparue sur l’efficacité d’une complémentation en zinc pour favoriser une croissance régulière, une complémentation quotidienne en nutriments étant difficilement réalisable, et l’efficacité d’un enrichissement des aliments en zinc n’étant pas encore connue. Néanmoins, la complémentation en zinc est une mesure classée première par le Consensus de Copenhague, comme la complémentation systématique en vitamine A, dans le classement des investissements avec le meilleur rapport coût-efficacité [52]. Les troubles dus à une carence en vitamine D La vitamine D provient soit de l’alimentation, soit de la production cutanée sous l’action des rayons solaires (exposition aux UV). Étant donné que les aliments riches en cette vitamine sont limités aux abats, aux huiles de poisson, aux œufs et aux produits laitiers enrichis, il est généralement admis que l’exposition au soleil est la source la plus importante en vitamine D. Plus on vit près de Dénutrition dans les pays en voie de développement l’équateur, plus le rayonnement solaire atteignant la peau est constant et direct. Pourtant, le rachitisme par carence en vitamine D est largement observé dans les pays tropicaux en voie de développement [66, 67]. Ceci s’explique par le port d’habits traditionnels laissant peu de surface cutanée sans protection contre le rayonnement solaire. Lorsque les mères allaitantes portent des vêtements couvrant intégralement, comme dans les cultures islamiques, les niveaux de vitamine D dans le lait maternel ne suffisent pas à répondre aux besoins de leur progéniture [66]. De plus, l’enveloppement des bébés diminue concomitamment la synthèse de vitamine D chez ces nourrissons. Ces pratiques ont pour conséquence le rachitisme, même dans les pays ensoleillés du sud. Par ailleurs, des résultats récents chez l’adulte suggèrent que la vitamine D a des effets jusque-là méconnus au niveau de plusieurs systèmes métaboliques [68] et contribue à réduire le risque d’un certain nombre de maladies chroniques [69]. Vitamine B12 L’intérêt de l’acide folique pour la santé des enfants est avant tout lié à la prévention des malformations du tube neural chez les nouveau-nés, bien que la carence en vitamine B12 semble être la plus sous-estimée des carences dans les pays en développement. En effet, il a été récemment décrit qu’au moins au Mexique et au Guatemala, la carence en vitamine B12 est endémique [70–72]. Elle semble être associée à un statut déficient en acide folique de la mère lors de l’allaitement ainsi qu’à des problèmes de biodisponibilité intestinale restant encore mal compris. Au Kenya, la faible consommation d’aliments d’origine animale est associée à un mauvais statut en vitamine B12 [73]. Sur le plan mondial, l’ampleur de cette carence est difficilement estimable à cause d’une trop grande variété de méthodes diagnostiques et d’une hétérogénéité des valeurs seuils appliquées dans les études de suivi [74]. Utilisation des aliments prêts à l’emploi Au regard de ce panorama des problèmes nutritionnels, un consensus a suggéré qu’une complémentation apportant plusieurs micronutriments à la fois serait plus efficace qu’une approche par micronutriment individuel. Les APE initialement utilisés pour traiter la DPE ont alors été utilisés comme pâte à haute densité nutritionnelle vecteur de plusieurs micronutriments [76]. Il a ainsi été montré que l’addition de fer à ces pâtes traitait efficacement l’anémie chez les réfugiés précités [50]. Un essai interventionnel au Ghana a comparé une de ces pâtes à haute densité nutritionnelle à deux autres produits vecteurs de plusieurs micronutriments chez de jeunes enfants. La pâte Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 81 présentait une meilleure efficacité que les deux autres produits sur la croissance et le développement moteur, et permettait de contrôler la carence en fer et de traiter l’anémie [64, 77]. Surpoids et obésité: les changements d’un paradigme Surcharge pondérale dans les pays en voie de développement Traditionnellement, dans les pays développés, des repas structurés et la participation à des activités ménagères, scolaires, sportives et aux loisirs des quartiers sont autant de remparts contre une accumulation excessive de graisse. Ces mêmes facteurs, avec peut-être des sports pratiqués sur des terrains plus vastes et sablonneux, et beaucoup plus de tâches manuelles, sont également généralement existants dans les populations pauvres à faibles revenus. Comme discuté ci-dessus, ce n’est que récemment que sont apparus l’intérêt et les outils diagnostiques adéquats pour estimer l’excès de surcharge pondérale des populations jeunes et des patients pédiatriques. Il y a une douzaine d’années, la communauté de santé publique a été obligée d’admettre que le problème de l’obésité était devenu pandémique, impliquant également des pays en voie de développement [78]. Les données déjà existantes des enquêtes de suivi nationales commencèrent alors à être analysées, avec une attention particulière pour les populations juvéniles [79]. Côté diagnostic, le seul paramètre d’évaluation de la composition corporelle était le poids en fonction de l’âge [44]. Pourtant, le poids ajusté par la taille, c’est-à-dire l’IMC, est un critère plus approprié pour évaluer l’excès pondéral. En 2000, 2 courbes de croissance de référence analysant l’IMC des populations juvéniles ont été publiées, une par les États-Unis [10] et l’autre dans un cadre international [11]. Dans la première, se situer entre le 85ème et 95ème percentile a été défini comme être à «risque de surpoids» (correspondant à la surcharge pondérale dans la classification des adultes), tandis qu’être au-delà du 95ème percentile a été défini comme être en «surpoids» (correspondant à l’obésité des adultes). Lorsque des mesures précises de la taille sont disponibles, les anciennes et les nouvelles données d’enquêtes de suivi peuvent fournir un nouveau regard sur l’excès de poids. Sur la base d’un écart de 2 déviations standards audelà de la valeur de référence (score Z supérieur à 2), de Onis and Blössner [79] ont estimé les taux de surpoids des enfants en âge préscolaire de 94 pays à moyens et faibles 82 Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 revenus. Le taux global de surpoids était de 3,3%. Ce taux pouvait cependant aller jusqu’à 6,6% (soit 2 fois la moyenne) dans les pays comme la Bolivie, la Jamaïque, le Maroc, l’Egypte, l’Algérie, l’Afrique du Sud, avec à l’extrémité supérieure de cette distribution, principalement les pays de l’Amérique latine, du Moyen Orient et l’Afrique du nord. Ce faible taux de prévalence a été corroboré par un autre recueil international de données d’enquêtes de suivis d’enfants en âge préscolaire dans 50 pays en voie de développement, en utilisant le même critère de surpoids [80]. Quarante-six pour cent de ces pays ont enregistré des taux de prévalence dépassant les 2,3% de la prévalence de référence, et ceux-ci correspondaient aux pays précités. En considérant comme critère de surpoids la zone correspondant à un score Z supérieur à 1, qui englobe 17% de la distribution, Martorell et al. [81] ont montré chez des enfants de 1 à 5 ans en Amérique latine et dans la Caraïbe, des taux de prévalence de surpoids allant de 6% en Haïti à 24% au Pérou. Cependant, les enfants étant souvent de petite taille, ce critère de poids en fonction de l’âge sous-estime l’excès de poids qui pourrait être mis en évidence par l’IMC. Les enquêtes de suivi gouvernementales n’étant réalisées que chez des enfants de moins de 5 ans, les données de prévalence nationale de surpoids et d’obésité avec, comme critère, l’IMC en fonction de l’âge [10, 11], n’existent pas. Au cours de notre propre expérience au Guatemala, nous nous sommes intéressés aux enfants en âge d’être scolarisés mais l’échantillon n’était pas représentatif. Des collaborateurs de notre institution ont suivi des enfants scolarisés de 8 à 11 ans dans les 2 plus grandes villes du pays: Guatemala City et Quetzaltenango [82, 83]. A ces 2 endroits, le nombre d’enfants situés au-delà du 85ème et du 100ème percentile, caractérisés comme en surpoids ou obèses selon les références du CDC, était le double de celui auquel on s’attendait chez les enfants issus de familles privilégiées. Les enfants pauvres des écoles publiques de cette dernière étude ne présentaient pas d’excès de poids [83], ces résultats étant similaires à ceux documentés dans une autre étude urbaine basée à New Dehli où une distinction par classes sociales était également réalisée [84]. Ceci est en accord avec le phénomène exposé par Monteiro et al. [85] au Brésil, dans lequel les personnes ayant les revenus les plus élevés sont affectées par un excès pondéral dans la phase précoce de l’obésité endémique d’un pays en développement, avec une transition vers une plus grande vulnérabilité des pauvres. Ceci est du à un changement du comportement alimentaire des plus riches et à une dépendance accrue des plus pauvres à des aliments prêts à consommer riches en caloSolomons ries. D’autre part, les données longitudinales d’une étude transgénérationnelle réalisée dans une province orientale du Guatemala sur une durée de 40 ans, montrent que la taille rapportée à l’âge a augmenté de génération en génération, alors que l’IMC n’a pas évolué [86]. Le syndrome métabolique chez les enfants des pays en voie de développement Le syndrome métabolique (SM) est un ensemble d’anomalies comprenant une altération des métabolismes du glucose et de l’insuline, une hypertension artérielle, une obésité centrale et des troubles du métabolisme lipidique. Il pourrait avoir une origine commune avec la résistance à l’insuline. Sa prévalence grandissante a été attribuée aux taux croissants d’obésité et ses conséquences sont une mauvaise santé et une mortalité prématurée. L’occurrence de ce syndrome chez l’enfant, et notamment dans les pays en développement, présente un intérêt grandissant. Les taux d’obésité des enfants de New Delhi sont passés de 16% en 2002 à 24% en 2006–2007, et ceci a été associé à une augmentation des taux de résistance à l’insuline et du SM dans cette région [84]. Dans une perspective comparative, les taux de SM varient considérablement selon les régions étudiées. Une enquête réalisée chez des adolescents à Beijing, en Chine, a montré une prévalence globale du SM de 3,3%, prévalence qui pouvait atteindre jusqu’à 28% quand seuls les adolescents obèses étaient considérés [87]. Parmi des adolescents brésiliens de plusieurs races à Salvador, Bahia et Brazil, le taux global de SM était de 22,6%, et de 59,3% chez les sujets obèses [88]. Plus au sud, à São Paulo et chez des enfants en âge préscolaire, un taux global de SM de 9,3%, et de 25,0% chez les enfants obèses, a été documenté [89]. Toutefois, dans certains habitats et certains types de corps, le SM peut survenir chez des enfants sans antécédent d’obésité. Parmi des adolescents aborigènes suivis près de Darwin au nord de l’Australie, 14% présentaient un SM et ceci était associé à une forte prévalence d’un tour de taille élevé (26,3%), plus de la moitié de ces adolescents n’étant ni obèses, ni en surpoids [90]. Dans une revue systématique du département de Cardiologie Pédiatrique Préventive du centre de Recherche Cardiovasculaire Isfahan en Iran (Department of Preventive Pediatric Cardiology of the Isfahan Cardiovascular Research Center in Iran), s’intéressant aux pays en développement, le Moyen Orient et l’Asie du Sud présentaient respectivement les taux de surpoids pédiatriques les plus hauts et les plus bas [91]. Dans la littérature où les taux de SM chez les enfants dans les pays en développement sont présentés, ces taux augmentent plus rapideDénutrition dans les pays en voie de développement ment dans les pays à faibles revenus que dans les pays industrialisés. Vers une réduction du surpoids et de l’obésité juvénile dans les pays en voie de développement Le rapport technique de l’OMS [92] propose une analyse et des solutions pour tous les âges, enfants compris. Comme c’est le cas pour les adultes, le rôle de l’alimentation et de l’activité physique dans le déclenchement et le maintien du surpoids chez l’enfant a été discuté. La consommation de boissons sucrées pourrait favoriser l’obésité tant dans les pays industrialisés [93] qu’en voie de développement [94]. En effet, le pourcentage des calories apportées par les boissons a doublé en 10 ans au Mexique. Au Guatemala, chez des enfants scolarisés et en zone urbaine, la consommation de fruits et de légumes est en deçà des 5 portions quotidiennes recommandées [95]. Une logique politique de lutte contre l’obésité et le surpoids des enfants vivant dans les pays en voie de développement serait de valoriser les activités agricoles extérieures. Cependant, l’évaluation de la prévalence du surpoids reste difficile car seulement 23% des pays relèvent les mesures de poids et de taille dans leurs enquêtes nationales [96]. Le monde change rapidement, avec une population de plus en plus urbanisée, et l’insécurité, le manque d’infrastructures de loisirs, un temps excessif passé à regarder la télévision ou devant un ordinateur encouragent un mode de vie sédentaire dans les villes des pays en développement. Conclusions Il fut un temps où l’on pouvait accepter l’idée qu’un individu était à risque d’être soit sous-alimenté, soit trop gras. On ne pouvait pas alors imaginer la possibilité de voir ces 2 situations au sein d’une même famille ou bien chez un même individu durant sa vie. Le miroir reflétant cette dualité innocente est à présent brisé peut-être pour toujours, pour les populations des pays en voie de développement. Le principal message de cette revue est la sensibilisation et la prise de conscience au fait que la malnutrition dans les sociétés à faibles revenus n’est pas le stéréotype décrit et transmis de manuels scolaires en manuels scolaires. La dénutrition reste encore largement répandue et commune, mais elle a de nouveaux contextes, tel que l’épidémie du sida [42], pour se montrer en Afrique, en Asie et en Amérique latine. La malnutrition dans les sociétés à faibles revenus, qui doit être perçue comme un problème nutritionnel, évolue rapidement. Ainsi, tel JaAnn Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 83 nus, la nutrition présente deux visages antinomiques: la dénutrition classique et ses carences associées et un axe émergent lié à la suralimentation et à l’excès. Une deuxième priorité mise en avant dans cette revue est d’assimiler et comprendre l’implication de la transition nutritionnelle [12] et ce double fardeau qui en découle [2] dans les pays en développement. Les cliniciens doivent être prêts à répondre dans leur pratique quotidienne aussi bien aux problèmes engendrés par des carences qu’à ceux causés par des excès. Les politiques de santé publique et les programmes communautaires devraient également être prêts à traiter ces deux sujets simultanément. L’ennemi majeur au service des patients dans les sociétés à faibles revenus pourrait bien être l’héritage d’une vue simple et simpliste de la malnutrition (stéréotypes), soit comme exclusivement une dénutrition, soit comme une dénutrition due à un problème alimentaire. Une sensibilisation clinique à la malnutrition et aux nouvelles subtilités des stratégies de diagnostics doit par conséquent avoir lieu. La mesure et l’enregistrement de la taille devient une routine nécessaire [40] dans la nutrition mo- derne. De plus, le diagnostic d’un problème alimentaire chez un enfant mince ou sous-alimenté doit faire rechercher une dénutrition secondaire liée à une infection commune dans la région considérée. L’interaction entre nutrition et infection [17, 18] est tellement omniprésente que les solutions au retard pondérale doivent autant impliquer un traitement contre un agent pathogène que la restauration d’une alimentation adaptée apportant les nutriments nécessaires. Concernant la prise en charge nutritionnelle, de nouveaux principes et de nouvelles formulations pourraient améliorer sa rapidité et son efficacité à restaurer une bonne santé nutritionnelle. Enfin, il est important de prendre conscience que l’occidentalisation des modes de vie a déjà solidement planté les graines du surpoids et de l’obésité dans les sociétés à faibles revenus. La nutrition fœtale est liée à l’état nutritionnel de la mère et le SM associé à un excès pondéral pourrait préparer le terrain pour l’émergence de maladies chroniques, un bel exemple étant l’apparition du diabète de type 2 chez les adolescents d’Asie du Sud. Bibliographie 1 Mosby Medical Dictionary, ed 8. St. Louis, Elsevier, 2009. 2 Uauy R, Solomons NW: The role of the international community in addressing the dual burden of malnutrition with a common agenda. SCN News 2006;32:27–34. 3 Fogel CD, Helmchen LA: Economic and technological development and their relationship to body size and productivity; in Caballero B, Popkin BM (eds): The Nutrition Transition: Diet and Disease in the Developing World. London, Academic Press, 2002. 4 Williams CD: A nutritional disease of childhood associated with a maize diet. Arch Dis Child 1933;8:550–560. 5 Ashworth A: Progress in the treatment of protein-energy malnutrition. Proc Nutr Soc 1979;38:89–97. 6 Gomez F, Ramos-Galvan R, Frenk S, et al: Mortality in second and third degree malnutrition. J Trop Pediatr 1956;8:77–82. 7 Waterlow JC: Classification and definition of protein calorie malnutrition. Br Med J 1972; 3:566–569. 8 Waterlow JC: Note on the assessment and classification of protein energy malnutrition in children. Lancet 1973;ii:87–89. 9 Trowbridge FL: Clinical and biochemical characteristics associated with anthropometric nutritional categories. Am J Clin Nutr 1979;32:758–766. 84 10 National Center for Health Statistics: 2000 CDC Growth Charts: United States. www. cdc.gov/GrowthCharts. 11 Cole TJ, Bellizzi MC, Flegal KM, Dietz WH: Establishing a standard definition for child overweight and obesity worldwide: international survey. BMJ 2000;320:1240–1243. 12 Popkin BM: The nutrition transition in lowincome countries: an emerging crisis. Nutr Rev 1994;52:285–298. 13 Drewnowski A, Popkin BM: The nutrition transition: new trends in the global diet. Nutr Rev 1997;55:31–43. 14 Institute of Medicine, Food and Nutrition Board: Dietary Reference Intake: A Risk Assessment Model for Establishing Upper Levels for Nutrients. Washington, National Academy Press, 1998. 15 Allen LH, de Benoist B, Dary O, Hurrell R: Guidelines for Food Fortification with Micronutrients. Geneva, World Health Organization, 2006. 16 United Nations Development Programme: Human Development Report, 2007/2008. http://hdr.undp.org/en/reports/globa l/ hdr2007–2008/. 17 Scrimshaw NS, Taylor CE, Gordon JE: Interactions of nutrition and infection. Am J Med Sci 1959;237:367–403. 18 Scrimshaw NS, Taylor CE, Gordon JE: Interaction of nutrition and infection. Monogr Ser World Health Organ 1968;57:3–329. Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 19 Stephensen CB: Burden of infection on growth failure. J Nutr 1999; 129(2S suppl): 534S–538S. 20 Powanda MC, Beisel WR: Metabolic effects of infection on protein and energy status. J Nutr 2003;133:322S–327S. 21 Klasing KC, Johnstone BJ: Monokines in growth and development. Poult Sci 1991; 70: 1781–1789. 22 Solomons NW, Mazariegos M, Brown KH, Klasing K: The underprivileged, developing country child: environmental contamination and growth failure revisited. Nutr Rev 1993;51:327–332. 23 Thurnham DI, Northrop-Clewes CA: Infection and the etiology of anemia; in Kraemer K, Zimmermann MB (eds): Nutritional Anemia. Basel, Sight and Life Press, 2007, pp 232–256. 24 Ashworth A: International differences in infant mortality and the impact of malnutrition: a review. Hum Nutr Clin Nutr 1982; 36C:7–23. 25 Black RE, Morris SS, Bryce J: Where and why are 10 million children dying every year? Lancet 2003;361:2226–2234. 26 Gershwin E, German B, Keen C (eds): Nutrition and Immunology: Principles and Practice. Totowa, Humana Press, 2000. 27 Beck MA: Selenium and vitamin E status: impact on viral pathogenicity. J Nutr 2007; 137:1338–1340. Solomons 28 Weinberg ED: Infection and iron metabolism. Am J Clin Nutr 1977;30:1485–1490. 29 Sazawal S, Black RE, Ramsan M, et al: Effects of routine prophylactic supplementation with iron and folic acid on admission to hospital and mortality in preschool children in a high malaria transmission setting: community-based, randomised, placebo-controlled trial. Lancet 2006;367:133–143. 30 Link H: The cytokine storm in multiple sclerosis. Mult Scler 1998;4:12–15. 31 Wong SS, Yuen KY: Avian influenza virus infections in humans. Chest 2006; 129: 156– 168. 32 Barker DJ: The developmental origins of insulin resistance. Horm Res 2005; 64(suppl 3):2–7. 33 Barker DJ: Adult consequences of fetal growth restriction. Clin Obstet Gynecol 2006;49:270–283. 34 Gluckman PD, Hanson MA, Bateson P, et al: Towards a new developmental synthesis: adaptive developmental plasticity and human disease. Lancet 2009;373:1654–1657. 35 Gluckman PD, Hanson MA, Cooper C, Thornburg KL: Effect of in utero and earlylife conditions on adult health and disease. N Engl J Med 2008;359:61–73. 36 Prentice AM, Moore SE: Early programming of adult diseases in resource poor countries. Arch Dis Child 2005;90:429–432. 37 de Onis M, Blössner M, Borghi E, et al: Estimates of global prevalence of childhood underweight in 1990 and 2015. JAMA 2004;291: 2600–2606. 38 de Onis M, Frongilo EA, Blössner M: Is malnutrition declining? An analysis of changes in levels of child malnutrition since 1980. Bull World Health Organ 2000; 78: 1222– 1233. 39 Milman A, Frongillo EA, de Onis M, Hwang JY: Differential improvement among countries in child stunting is associated with long-term development and specific interventions. J Nutr 2005;135:1415–1422. 40 World Health Organization: WHO Child Growth Standards. Geneva, WHO, 2006. 41 Hamill PV, Drizd TA, Johnson Cl, et al: Physical growth: National Center for Health Statistics percentiles. Am J Clin Nutr 1979; 32:607–629. 42 Yang H, de Onis M: Algorithms for converting estimates of child malnutrition based on the NCHS reference into estimates based on the WHO Child Growth Standards. BMC Pediatr 2008;8:19. 43 Von Grebmer K, Fritschel H, Nestorova B, et al: The Challenge of Hunger 2008. Washington, International Food and Nutrition Policy Institute, 2008. 44 Solomons NW, O’Donnell GE: HIV and the ramifications for food security and child health in affected communities. Ann Nestlé [Engl] 2007;65:9–28. Dénutrition dans les pays en voie de développement 45 Ashworth A, Chopra M, McCoy D, et al: WHO guidelines for management of severe malnutrition in rural South African hospitals: effect on case fatality and the influence of operational factors. Lancet 2004: 363: 1110–1115. 46 World Health Organization: Management of Severe Malnutrition: A Manual for Physicians and Other Senior Health Workers. Geneva, WHO, 1999. 47 World Health Organization: Management of the Child with a Serious Infection or Severe Malnutrition. Guidelines for Care at the First-Referral Level in Developing Countries. Geneva, WHO, 2000. 48 Bhan MK, Bhandari N, Bahl R: Management of the severely malnourished child: perspective from developing countries. BMJ 2003; 326:146–151. 49 Briend A, Lacsala R, Prudhon C, et al: Readyto-use therapeutic food for treatment of marasmus. Lancet 1999;353:1767–1768. 50 Lopriore C, Guidoum Y, Briend A, Branca F: Spread fortified with vitamins and minerals induces catch-up growth and eradicates severe anemia in stunted refugee children aged 3–6 y. Am J Clin Nutr 2004;80:973–981. 51 Maberly GF, Trowbridge FL, Yip R, et al: Programs against micronutrient malnutrition: ending hidden hunger. Annu Rev Public Health 1994;15:277–301. 52 Copenhagen Consensus, 2008. www.copenhagenconsensus.com. 53 Sommer A, Tarwotjo I, Hussaini G, Susanto D: Increased mortality in children with mild vitamin A deficiency. Lancet 1983;ii:585– 588. 54 Sommer A, Tarwotjo I, Djunaedi E, et al: Impact of vitamin A supplementation on childhood mortality. A randomised controlled community trial. Lancet 1986;i:1169–1173. 55 Beaton GH, Martorell, L’Abbé KA, et al: Effectiveness of Vitamin A Supplementation in the Control of Young Child Morbidity and Mortality in Developing Countries. Final Report to CIDA. Toronto, University of Toronto Press, 1992. 56 Innocenti Micronutrient Forum Meeting on Strengthening the Evidence-Base for Programs that Reduce Micronutrient Deficiencies and Improve Health and Development, Florence, September, 2008. www.micronutrientforum.org/InnocentiMicronutrientProgramMeeting_Description.pdf. 57 Huiming Y, Chaomin W, Meng M: Vitamin A for treating measles in children. Cochrane Database Syst Rev 2005;4:CD001479. 58 Hetzel BS, Dunn JT: The iodine deficiency disorders: their nature and prevention. Annu Rev Nutr 1989;9:21–38. 59 Zimmermann MB: Iodine deficiency in pregnancy and the effects of maternal iodine supplementation on the offspring: a review. Am J Clin Nutr 2009;89:668S–672S. 60 Andersson M, Takkouche B, Egli I, et al: Current global iodine status and progress over the last decade towards the elimination of iodine deficiency. Bull World Health Organ 2005;83:518–525. 61 McLean E, Cogswell M, Egli I, et al: Worldwide prevalence of anaemia, WHO Vitamin and Mineral Nutrition Information System, 1993–2005. Public Health Nutr 2009; 12: 444–454. 62 Stoltzfus RJ, Dreyfuss ML: Guidelines for the Use of Iron Supplements to Prevent and Treat Iron Deficiency Anemia. Washington, ILSI Press, 1998. 63 Adu-Afarwuah S, Lartey A, Brown KH, et al: Home fortification of complementary foods with micronutrient supplements is well accepted and has positive effects on infant iron status in Ghana. Am J Clin Nutr 2008; 87: 929–938. 64 Zlotkin S, Tondeur M: Successful approaches: sprinkles; in Kraemer K, Zimmermann MB (eds): Nutritional Anemia. Basel, Sight and Life Press, 2007, pp 270–283. 65 Brown KH, Hess SY (eds): International Zinc Nutrition Consultative Group Technical Document No. 2: systematic reviews of zinc intervention strategies. Food Nutr Bull 2009; 30(suppl):S5–S184. 66 Arnaud J, Pettifor JM, Cimma JP, et al; Convergence Rickets Group: Clinical and radiographic improvement of rickets in Bangladeshi children as a result of nutritional advice. Ann Trop Paediatr 2007;27:185–191. 67 Al-Mustafa ZH, Al-Madan M, Al-Majid HJ, et al: Vitamin D deficiency and rickets in the Eastern Province of Saudi Arabia. Ann Trop Paediatr 2007;27:63–67. 68 Norman AW: From vitamin D to hormone D: fundamentals of the vitamin D endocrine system essential for good health. Am J Clin Nutr 2008;88:491S–499S. 69 Thurnham DI: Current issues surrounding vitamin D. Sight Life Magazine 2008; 1: 44– 49. 70 Allen LH, Rosado JL, Casterline JE, et al: Lack of hemoglobin response to iron supplementation in anemic Mexican preschoolers with multiple micronutrient deficiencies. Am J Clin Nutr 2000;71:1485–1494. 71 Casterline JE, Allen LH, Ruel MT: Vitamin B-12 deficiency is very prevalent in lactating Guatemalan women and their infants at three months postpartum. J Nutr 1997;127: 1966–1972. 72 Rogers LM, Boy E, Miller JW, et al: High prevalence of cobalamin deficiency in Guatemalan schoolchildren: associations with low plasma holotranscobalamin II and elevated serum methylmalonic acid and plasma homocysteine concentrations. Am J Clin Nutr 2003;77:433–440. 73 Jones KM, Ramirez-Zea M, Zuleta C, Allen LH: Prevalent vitamin B-12 deficiency in twelve-month-old Guatemalan infants is predicted by maternal B-12 deficiency and infant diet. J Nutr 2007;137:1307–1313. Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 85 74 McLean ED, Allen LH, Neumann CG, et al: Low plasma vitamin B-12 in Kenyan school children is highly prevalent and improved by supplemental animal source foods. J Nutr 2007;137:676–682. 75 McLean E, de Benoist B, Allen LH: Review of the magnitude of folate and vitamin B12 deficiencies worldwide. Food Nutr Bull 2008; 29(2 suppl):S38–S51. 76 Nestel P, Briend A, de Benoist B, et al: Complementary food supplements to achieve micronutrient adequacy for infants and young children. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2003; 36:316–328. 77 Adu-Afarwuah S, Lartey A, Brown KH, et al: Randomized comparison of 3 types of micronutrient supplements for home fortification of complementary foods in Ghana: effects on growth and motor development. Am J Clin Nutr 2007;86:412–420. 78 Popkin BM, Doak CM: The obesity epidemic is a worldwide phenomenon. Nutr Rev 1998; 56:106–114. 79 de Onis M, Blössner M: Prevalence and trends of overweight among preschool children in developing countries. Am J Clin Nutr 2000;72: 1032–1039. 80 Martorell R, Kettel Khan L, Hughes ML, Grummer-Strawn LM: Overweight and obesity in preschool children from developing countries. Int J Obes Relat Metab Disord 2000;24:959–967. 81 Martorell R, Khan LK, Hughes ML, Grummer-Strawn LM: Obesity in Latin American women and children. J Nutr 1998;128:1464– 1473. 86 82 Alvarado VJ, Mayorga E, Molina S, Solomons NW: Nutritional status of an economically-privileged convenience sample of urban children in Guatemala City. Int J Food Sci Nutr 2009;22:1–11. 83 Groeneveld IF, Solomons NW, Doak CM: Nutritional status of urban schoolchildren of high and low socioeconomic status in Quetzaltenango, Guatemala. Rev Panam Salud Publica 2007;22:169–177. 84 Bhardwaj S, Misra A, Khurana L, et al: Childhood obesity in Asian Indians: a burgeoning cause of insulin resistance, diabetes and subclinical inflammation. Asia Pac J Clin Nutr 2008;17(suppl 1):172–175. 85 Monteiro CA, D’A Benicio MH, Conde WL, Popkin BM: Shifting obesity trends in Brazil. Eur J Clin Nutr 2000;54:342–346. 86 Stein AD, Wang M, Digirolamo A, et al: Height for age increased while body mass index for age remained stable between 1968 and 2007 among Guatemalan children. J Nutr 2009;139:365–369. 87 Xu YQ, Ji CY: Prevalence of the metabolic syndrome in secondary school adolescents in Beijing, China. Acta Paediatr 2008; 97: 348–353. 88 Guimarães IC, Moura de Almeida A, Guimarães AC: Metabolic syndrome in Brazilian adolescents: the effect of body weight. Diabetes Care 2008;31:e4. Ann Nestlé [Fr] 2009;67:74–86 89 Strufaldi MW, Silva EM, Puccini RF: Metabolic syndrome among prepubertal Brazilian schoolchildren. Diab Vasc Dis Res 2008; 5:291–297. 90 Sellers EA, Singh GR, Sayers SM: Large waist but low body mass index: the metabolic syndrome in Australian Aboriginal children. J Pediatr 2008;153:222–227. 91 Kelishadi R: Childhood overweight, obesity, and the metabolic syndrome in developing countries. Epidemiol Rev 2007;29:62–76. 92 World Health Organization: Diet, nutrition and the prevention of chronic diseases. World Health Organ Tech Rep Ser 2003; 916:i–viii, 1–149, backcover. 93 Popkin BM, Armstrong LE, Bray GM, et al: A new proposed guidance system for beverage consumption in the United States. Am J Clin Nutr 2006;83:529–542. 94 Rivera JA, Muñoz-Hernández O, Rosas-Peralta M, et al: Beverage consumption for a healthy life: recommendations for the Mexican population (in Spanish). Salud Publica Mex 2008;50:173–195. 95 Montenegro-Bethancourt G, Vossenaar M, Doak CM, Solomons NW: Contribution of beverages to energy, macronutrient and micronutrient intake of third and fourth grade schoolchildren in Quetzaltenango, Guatemala . Matern Child Nutr 2009, in press. 96 de Onis M: The use of anthropometry in the prevention of childhood overweight and obesity. Int J Obes Relat Metab Disord 2004; 28(suppl 3):S81–S85. Solomons