Histoire de la sociologie du crime et théories sociologiques

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Histoire de la sociologie du crime et théories sociologiques
Histoire de la sociologie du crime et théories sociologiques de la déviance L’histoire des sciences et l’épistémologie constituent enfin l’un des axes de recherches du
CESDIP, recherches centrées naturellement sur la sociologie de la déviance, la sociologie du crime et la
criminologie. Le promoteur principal est Laurent Mucchielli (DR2), fondateur et codirecteur de la Revue
d’Histoire des Sciences Humaines, revue publiée grâce au soutien du CESDIP. Après avoir travaillé sur la
période 1870-1940 pendant une dizaine d’années, le chercheur s’est déplacé vers les lendemains de la
Seconde Guerre mondiale. Combinant analyse des textes, exploration des archives et entretiens avec
des personnes l’ayant bien connu, il a notamment réalisé une étude des travaux d’André Davidovitch
(1912-1986) et de sa place dans l’histoire de la sociologie du crime et de la justice pénale en France,
dans les années 1950-1970 1. Par ailleurs, une commande de la revue canadienne Criminologie a donné au
chercheur l’occasion de dresser un bilan des connaissances et de mettre en perspective toute l’histoire
de la criminologie et de la sociologie de la déviance et France, des années 1880 à nos jours.
Philippe Robert (DR émérite) consacre également une petite partie de ses activités à des travaux
épistémologiques et parfois historiques (comme l’évolution des thèmes de recherches dans la revue
Déviance et Société) ou rétrospectifs (comme son regard sur le développement des recherches sur les
déviances juvéniles depuis les années 1960). Il a notamment publié un travail de synthèse théorique
important proposant un bilan des théories sociologiques du crime.
Jean-Marie Renouard (Maître de conférences à l’Université Bordeaux II) consacre également une
partie de son activité à une réflexion sur les théories sociologiques de la déviance et prépare aussi un
ouvrage sur le sujet. Une recherche empirique sur la complexité du fonctionnement du système de
circulation routière, prolongée par une réflexion sur le rapport particulier aux normes qu’il induit
l’amène en effet à comprendre les transgressions comme l’effet du manque d’intérêt pour l’acteur de
respecter les normes, par opposition aux problématiques des sociologies traditionnelles saisissant les
transgressions comme l’effet de dysfonctionnements divers.
Emmanuel Didier (CR2) explore une socio-histoire des statistiques, domaine qui connaît
aujourd’hui un essor considérable, qui prend pour objet les nombreuses controverses politiques
associées à des débats statistiques : récemment, outre les débats traditionnels sur les « chiffres de la
délinquance », on a pu observer la controverse autours du taux de chômage de l’INSEE, les débats sur
les statistiques ethniques, le débat sur le pouvoir d’achat ou encore les difficultés autour des indicateurs
d’objectifs chiffrés (particulièrement dans le cadre de la LOLF)… Ces controverses ne sont pas
simplement techniques mais liées à des prises de positions politiques. Elles posent donc des problèmes
théoriques importants et nouveaux parce que la sociologie de la connaissance y entre en contact avec la
1
Ce travail a été réalisé en collaboration avec Jean-Christophe Marcel (maître de conférences à l’Université Paris IV).
sociologie du pouvoir. Dans ce domaine, le chercheur a d’abord étudié l’invention des sondages
aléatoires par l’administration américaine pendant le New Deal (une technique qui est aujourd’hui au
cœur des enquêtes de victimation), puis l’histoire et les usages des données de victimation en France
(passés de la lutte contre l’exclusion au management de la police). Dans le cadre de ses travaux, le
chercheur a été invité à deux reprises pour six mois par des collègues étrangers (Institut Max-Planck
pour l’Histoire des Sciences de Berlin et l'Université de Chicago) et un ouvrage est à paraître en 2009.
Enfin, les recherches de Bruno Aubusson de Cavarlay (DR2) sur les statistiques de long terme
s’accompagnent de travaux sur l’histoire de la production statistique avec, en particulier, un examen
précis du poids des contraintes techniques et de l’influence des cadres de formalisation quantitative en
interaction avec les sujets de préoccupation des contemporains (efficacité de la justice, récidive,
description des populations traitées par exemple).

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