Contrôle social et analyses de la déviance
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Contrôle social et analyses de la déviance
Contrôle social et analyses de la déviance "Montrer du doigt c’est la certitude d’être du bon côté du doigt." Frédéric Lordon, économiste et chercheur au CNRS, France Inter, 23 septembre 2009 I. Déviance et délinquance : deux termes à ne pas confondre A) La déviance est la transgression d'une norme sociale B) La délinquance se définit par rapport à la loi C) Une séparation parfois peu étanche II. Un contrôle social qui s'exerce de différentes manières sur les individus A) Qu'est-ce que le contrôle social ? B) Un contrôle social exercé par différents biais III. Comment devient-on déviant ? A) L'affaiblissement des liens sociaux comme origine de la déviance ? B) Un étiquetage qui enferme l'individu dans la déviance ? C) La déviance comme moyen de parvenir à ses fins TD en lien : Analyse des chiffres de la délinquance. Contrôle social et analyses de la déviance I. Déviance et délinquance : deux termes à ne pas confondre A) La déviance est la transgression d'une norme sociale Cochez les comportements qui vous apparaissent comme des comportements déviants. Déviance Un couple qui divorce Un dirigeant de société qui profite d'une information confidentielle pour acheter des actions Fumer dans les toilettes du lycée Cracher par terre S'embrasser en public Fumer du cannabis Les seins nus sur la plage Rouler à 65 km/h en ville S'habiller en style gothique Q1 : Rappelez ce qu'est une norme sociale et essayez de donner une définition provisoire du terme déviance. Q2 : À votre avis, quels sont les problèmes que peut rencontrer le sociologue pour étudier la déviance dans le temps ? Doc.2 : L'homosexualité, une déviance ? Mon Petit Mec Et Moi, chanson des Wriggles extrait de l'album Moi d'abord, 2005. https://www.youtube.com/watch?v=DTmF3cGtmOI&feature=kp Mon petit mec et moi... On se fait des câlins On se fait des mamours Et les autres on s'en fout Mon petit mec et moi... On se tient par la main Et les gens tout autour Ne regardent que nous Mon petit mec et moi On s'embrasse sur la bouche ... Quand je lui change sa couche ! Ton petit mec et moi On a rien besoin de se dire Et quand on se comprend C'est souvent par hasard Ton petit mec et moi On s'observe grandir Tous les deux on s'apprend Beaucoup par le regard Ton petit mec et moi On s'embrasse pas sur la bouche Quand je lui change sa couche ! Depuis le divorce, pour la justice Je vis tout seul avec mon fils Mon ex étant hôtesse de l'air Ça lui laisse peu d'temps pour être mère Elle sait que j'suis dev'nu homo (Frédo) Qu'on lui f'ra pas d'enfants dans l'dos (Tonio) Elle t'apprécie, te trouve super (Frédo) Elle dit qu'on fait une super paire de pères (Frédo & Tonio) Pour les voisins, c'est différent (Frédo) Deux pédés ça fait pas des parents (Frédo & Tonio) Pour la «morale», n'en parlons pas (Tonio) Même si Jésus avait deux papas (Frédo) Pour la rumeur, ce s'rait trop dur (Frédo) On s'rait deux pédophiles, c'est sûr (Frédo & Tonio) Alors on joue les hétéros, on invite des copines au resto (Tonio) Mon petit mec et moi (Frédo) Ton petit mec et toi (Frédo & Tonio) On est bien tous les trois, on est bien comme ça ! Q1 : Pour les voisins, qu'est-ce qui est différent ? Q2 : Pourquoi invitent-ils des « copines au resto » ? B) La délinquance se définit par rapport à la loi L'ouvrier que l'on attend à 8h00 arrive plus tard. L'enfant dont on attend que tout le monde soit servi avant de commencer à manger se jette sur son assiette à peine celle-ci remplie. L'automobiliste dont on attend qu'il laisse passer le piéton engagé sur un passage clouté ne s'arrête pas et s'arrange même pour passer dans la flaque d'eau qui éclaboussera les personnes sur le trottoir... De tels écarts […] menacent l'homogénéité sociale et les plus graves d'entre eux appellent des sanctions. La déviance n'est pas un problème d'ordre juridique mais sociologique. La sanction de la déviance est en premier lieu le regard désapprobateur porté sur le déviant. Toute déviance n'implique pas une sanction pénale ou physique. Si la norme du groupe social est le port de la cravate et des cheveux courts, le « look punk » constitue une déviance qui suscite l'étonnement ou la réprobation des individus conformistes mais pas de sanctions pénale ou physique […]. Seules les plus graves des déviances, celles qui consistent dans la violation des règles que les sociétés ont pris le soin d'inscrire dans la loi, constituent des actes de délinquance. La délinquance n'est pas qu'un problème sociologique, c'est un problème juridique qui appelle une politique de prévention et de répression de la part des pouvoirs publics. Elle se mesure statistiquement, c'est un phénomène objectif. La déviance ne se mesure pas dans la mesure où toutes les formes de déviance ne peuvent être recensées et dépendent largement de la subjectivité de celui qui se fait « juge ». « Conformité, déviance et délinquance », Séquence 10 : Régulation et cohésion sociale, CNED Q1 : Expliquez la phrase soulignée. Q2 : Donnez des exemples de lois que chacun d'entre nous se doit de respecter sous peine de sanctions pénales. C) Une séparation parfois peu étanche Le Code pénal distingue les éléments constitutifs et les sanctions attachés aux délits de vagabondage et de mendicité. Ce cadre juridique de la répression sera abondamment utilisé jusqu'aux premières années du XX ème siècle. Ces délits, révisés à la marge, seront supprimés le 1er mars 1994 lors de la mise en application du Nouveau Code pénal. L'article 269 de l'ancien code (« Le vagabondage est un délit ») criminalise un mode de vie supposé faire courir un danger à la société. L'article 271 édicte contre les vagabonds une peine de trois à six mois d'emprisonnement. Les articles 274 à 276, concernant la mendicité, sont plus vagues. La mendicité constitue un délit subordonné à l'existence, dans le département où il se commet, d'un dépôt de mendicité. Les mendiants doivent y être conduits. Dans les départements où il n'existe pas de dépôts, la mendicité n'est autorisée qu'aux invalides. Les mendiants valides y sont punis d'un emprisonnement qui peut aller de un mois à deux ans. La mendicité en elle-même n'est donc pas délictueuse. Le soin d'apprécier les éléments constitutifs du délit est laissé aux tribunaux. Par des dispositions communes (articles 271 à 282) les peines sont aggravées lorsque les agissements des mendiants et des vagabonds s'accompagnent d'états susceptibles de les rendre dangereux (déguisement, menaces, ports d'arme). La mendicité et le vagabondage constituent également des circonstances aggravantes pour d'autres infractions, notamment le vol. Le flou des éléments d'appréciation des délits, notamment sur le registre de l'intentionnalité, laissait une grande place à l'arbitraire, ce qui permettait d'arrêter ou repousser tous ceux qui dérangeaient. Ces délits auront ainsi été appliqués de façon très élastique, et les vagabonds (et assimilés) plus ou moins sévèrement réprimés selon les lieux, les époques et les juges. Julien Damon, Vagabondage et mendicité, Flammarion, 2007 Question : Pourquoi peut-on dire que la mendicité est à la fois un acte de délinquance et de déviance ? II. Un contrôle social qui s'exerce de différentes manières sur les individus A) Qu'est-ce que le contrôle social ? Le contrôle social recouvre plus largement l'ensemble des moyens (matériels et symboliques) mis en œuvre par une société pour s'assurer de la conformité de ses membres aux normes en place. Ce contrôle peut s'exercer par le biais d'institutions contraignantes, productrices de lois et de règlements (institutions scolaires, policières, judiciaires, religieuses, médicales, travail social), mais aussi par des formes de contraintes intériorisées au cours de la socialisation familiale, scolaire, urbaine et professionnelle : [c'est] « l'auto-contrôle ». […] Cette première distinction (contrôle imposé/intériorisé) s'assortit d'une seconde […] entre contrôle social formel et informel : le contrôle social exercé par les institutions peut faire l'objet de procédures formalisées, mais aussi d'interactions plus individualisées. Une autre ligne de partage peut être tracée entre coercition et incitation. Serge Paugam, Les 100 mots de la sociologie, PUF, 2010. Q1 : Quelle est la fonction du contrôle social selon le texte ? Q2 : Qu'est-ce qui différencie le contrôle social formel du contrôle social informel ? Graphique résumé (à faire avec les élèves) B) Un contrôle social exercé par différents biais La vidéosurveillance Une patrouille de police Les parents et l'utilisation de la fessée Question : Vous-même avez-vous donné ou donnezvous la fessée à vos enfants ? (en %) Parents interrogés (75% de l'échantillon) Souvent 2,00% De temps en temps 19,00% Exceptionnellement 46,00% Total de OUI 67,00% Jamais 33,00% D'après Les Français et la fessée, TNS-Sofres et La Croix-UNAPEL, novembre 2009. Le commérage, une forme subtile de contrôle social informel Dans une étude portant sur les relations entre habitants d'un faubourg d'une ville industrielle anglaise, Norbert Elias fournit une illustration d'une modalité de contrôle social, à travers l'exemple du commérage. Il remarque que la population résidente, majoritairement d'origine ouvrière, se divise en deux catégories clairement distinctes : alors que ces deux groupes sociaux sont proches à plus d'un titre (type d'emplois, lieux de travail, revenus...), ils s'opposent par leur mode de vie (pratiques de voisinage, rapports entre générations, relations communautaires...). La principale différence entre les deux communautés repose en fait sur l'ancienneté d'installation dans le faubourg : le groupe le plus ancien défend son unité, qu'il estime menacée, par l'arrivée « d'intrus » en faisant circuler des commérages à leur sujet. Il s'agit, pour le groupe « installé », par le biais de cette technique de contrôle social, de conserver sa suprématie sur le « nouveau » groupe afin que ce dernier prenne conscience de son infériorité sociale […]. [Le commérage] peut être ainsi être utilisé comme un moyen de disqualification de « l'adversaire ». Philippe Riutort, Premières leçons de sociologie, PUF, 2010. Q1 : D'après ces quatre documents, quels acteurs effectuent un contrôle social ? Trouvez-en d'autres qui agissent dans votre quotidien. Q2 : Quelle peur, qui va conduire à la conformité, véhiculent les exemples de la vidéosurveillance et de la police ? Q3 : La fessée est-elle une modalité de contrôle social des enfants répandue dans les familles françaises ? Donnez d'autres exemples d'encouragements ou sanctions donnés par la famille pour inciter à la conformité. Q4 : Quelle est la fonction sociale du contrôle social via l'exemple donné par Norbert Elias ? Réfléchir ensemble : Pour vous, quel est le type de contrôle social le plus efficace ? Justifiez. III. Comment devient-on déviant ? A) L'affaiblissement des liens sociaux comme origine de la déviance ? « La violence peut résulter d'un relâchement du contrôle social et de l'intériorisation des normes, de ce que l'on peut appeler rapidement l'anomie ou la désorganisation sociale. Une des manifestations de ce mécanisme tient à la constitution et à l'évolution des zones de déviance tolérée. Toutes les sociétés, y compris les plus intégrées, ont toujours aménagé, pour les enfants et pour les jeunes notamment, des espaces de déviance tolérée, des moments et des lieux où la déviance est relativement permise, voire encouragée. Pensons aux fêtes de carnaval, aux chahuts scolaires, aux bagarres des sorties de bal, aux " virées " des étudiants, aux jeux des enfants sur les places et dans les rues, aux chapardages divers... Ces débordements ne sont pas nouveaux mais ils ne peuvent être considérés comme des déviances tolérées que dans les sociétés qui les contrôlent et les contraignent comme des sortes de moments initiatiques. Il est clair qu'aujourd'hui cette logique est très affaiblie avec l'épuisement des liens communautaires. Le contrôle social des divers groupes et des diverses communautés n'est plus aussi fort qu'il pouvait l'être, la surveillance collective des enfants et des adolescents n'a plus cours dans les quartiers où les enfants et les jeunes sont loin du regard des adultes et les frontières du permis et de l'interdit s'estompent. Ainsi, les jeux ludiques dérivent vers la violence sans que les acteurs aient toujours le sentiment qu'il ne s'agit plus d'un jeu. Plus largement, l'installation de ce que l'on appelle la crise sociale tend à multiplier les "incivilités" et celles-ci envahissent les espaces qui en étaient relativement protégés. C'est notamment le cas du système scolaire qui voit les conduites délinquantes du quartier s'immiscer dans l'école elle-même avec le racket, les bagarres, les règlements de compte entre bandes... Bref, la violence peut être définie comme le produit de l'affaiblissement des mécanismes de contrôle social et du caractère distendu des liens sociaux dans les familles, les quartiers, et les institutions. Quand on décrit la violence comme un produit de l'anomie et de la désorganisation sociale, il ne faut pas croire que celles-ci n'engendrent que de la solitude et du flottement normatif. En effet, si les individus se détachent des normes et des identités collectives de la " grande société " comme aurait dit Émile Durkheim, c'est pour mieux se reconnaître dans les appartenances limitées du quartier, de la bande et du groupe. Ces identifications sur la base de territoires, d'"ethnies", de cultures diverses, appellent souvent le recours à la violence dans la mesure où l'identité est d'autant plus forte qu'elle repose sur un conflit, une sorte de " guerre larvée " contre d'autres groupes. On entre alors dans le jeu continu de la défense de l'"honneur" et des vengeances, de l'insulte et de l'appel à la dignité. On retrouve parfois la même logique dans les oppositions de groupes de supporters des équipes de football qui choisissent des " noms de guerre " et qui défient leurs adversaires à travers des injures plus ou moins ritualisées entraînant parfois des " passages à l'acte ". Autrement dit, l'affaiblissement du contrôle social dans une société qui ne propose plus des régulations collectives fortes, peut engendrer à la fois plus d'individualisme et plus de "tribalisation" des relations sociales. Quand je ne peux plus me reconnaître dans ma classe sociale, dans mon Église ou dans mon pays, j'adhère à la sous-culture de ma bande et de mon groupe qui n'existent que dans leur opposition à d'autres ». F. Dubet, « Violences urbaines », in La société française contemporaines, les Cahiers Français, n°291, juin 1999. Q1 : À partir du texte, construisez une définition du terme « anomie » et donnez des exemples de situation anomique. Q2 : Que faut-il entendre par « épuisement des liens communautaires ? Q3 : Comment l’auteur explique-t-il la violence ? Q4 : Expliquez la dernière phrase du texte (soulignée) B) Un étiquetage qui enferme l'individu dans la déviance ? « Tous les groupes sociaux instituent des normes et s’efforcent de les faire appliquer, au moins à certains moments et dans certaines circonstances. Les normes sociales définissent des situations et les modes de comportement appropriés à celles-ci : certaines actions sont prescrites (ce qui est “ bien ”), d’autres sont interdites (ce qui est “ mal ”). Quand un individu est supposé avoir transgressé une norme en vigueur, il peut se faire qu’il soit perçu comme un type particulier d’individu, auquel on ne peut faire confiance pour vivre selon les normes sur lesquelles s’accorde le groupe. Cet individu est considéré comme étranger au groupe [outsider]. (…) Les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme des déviants. De ce point de vue, la déviance n’est pas une qualité de l’acte commis par une personne, mais plutôt une conséquence de l’application, par les autres, de normes et de sanctions à un “ transgresseur ”. Le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès et le comportement déviant est celui auquel la collectivité attache cette étiquette. (…) je considérerai la déviance comme le produit d’une transaction effectuée entre un groupe social et un individu qui, aux yeux du groupe, a transgressé une norme ». H. Becker, Outsiders (1963), Éditions A.M. Métailié, 1985. Q1 : Qu’est-ce qu’un « outsider » dans ce texte ? Q2 : Expliquez la phrase soulignée Attribut identitaire (homosexualité, alcoolisme...) Stigmatisation, labelisation Perte de valeur aux yeux des autres On voir bien que la déviance est un processus. Possibilité de retournement du stigmate avec affirmation de celui-ci (comme le mouvement queer aux USA). Utilisation d'un argot spécifique qui permet de se reconnaître, codes spécifiques. La personne endosse le rôle Modification des relations sociales. La personne commence à rechercher des gens ayant le même stigmate que lui. Début de la carrière de déviant 3 idées sur la notion de déviance : 1. Déviance = transgression d'une norme 2. Déviance = changement du regard des autres (lors des interactions) 3. Déviance = processus Stigmate et identité sociale L'individu stigmatisé peut donc attendre un certain soutien d'un premier ensemble de personnes ; ceux qui partagent son stigmate, et qui, de ce fait, sont définis et se définissent comme ses semblables. Le second ensemble se compose – pour reprendre une expression d'abord employée chez les homosexuels – des « initiés », autrement dit, de normaux qui, du fait de leur situation particulière, pénètrent et comprennent intimement la vie secrète des stigmatisés, et se voient ainsi accorder une certaine admission, une sorte de participation honoraire au clan. L'initié est un marginal devant qui l'individu diminué n'a ni à rougir ni à se contrôler, car il sait qu'en dépit de sa déficience il est perçu comme quelqu'un d'ordinaire. (…) Une première façon d'être initié consiste à travailler dans un établissement qui pourvoit aux besoins des personnes affligées d'un certain stigmate, ou bien qui se charge d'exécuter les actions que la société engage vis-à-vis d'elles. C'est ainsi que le personnel hospitalier et les rééducateurs peuvent être initiés : ils en savent souvent plus sur tel type de prothèse que le patient qui doit apprendre à s'en servir afin de réduire sa difformité. (…) Un deuxième type d'initié est représenté par l'individu que la structure sociale lie à une personnes affligée d'un stigmate, relation telle que, sous certains rapports, la société en vient à les traiter tous deux comme s'ils n'étaient qu'un. Ainsi, la loyale épouse du malade mentale, la fille de l'ancien condamné, le parent de l'infirme, l'ami de l'aveugle, la famille du bourreau, sont tous obligés de prendre sur eux une partie du discrédit qui frappe la personne stigmatisée qui leur est proche. Face à un tel destin, ils peuvent l'embrasser, et vivre dans le monde du stigmatisé. Ajoutons que ceux qui attrapent ainsi une portion de stigmate peuvent avoir eux-mêmes des relations qui en contractent à leur tour un peu, au deuxième degré. Les problèmes des personnes stigmatisées se diffusent comme des ondes, d'intensité toujours moindre. D'une façon générale, cette tendance du stigmate à se répandre explique en partie pourquoi l'on préfère le plus souvent éviter d'avoir des relations trop étroites avec les individus stigmatisés. Erving Goffman, Stigmate, les usages sociaux des handicaps (1963), Les éditions de minuit, 1975. Question : Après avoir expliqué la phrase soulignée, vous vous demanderez si le stigmate touche uniquement la personne qui dispose d'un handicap. C) La déviance comme moyen de parvenir à ses fins Le voleur « J'avais l'air un peu zone, avec mon survet', c'est même pas une marque comme Nike, c'est un que ma reum elle a acheté à Auchan. Même mes pompes c'est pas des vraies. Y a rien d'écrit dessus. Djamel il m'a expliqué que si je voulais faire reurti*, comme lui, je pouvais. - T'es pas grand, tu peux faire le chouf**, vas-y, personne se méfiera de toi ! J'avais un peu la trouille, parce que reurti, ça finit mal, des fois ; dans la cité y a un copain du grand-frère à Farid qu'a pécho six mois ferme, j'ai déjà dit. Mais d'un autre côté, j'allais pas rester sapé comme ça, c'était nul, je voyait bien comment elle me regardait Clarisse. Avant je m'en foutais de la sape, mais maintenant j'ai pigé que c'était pas que pour la frime. Un keum on va le respecter ou pas, d'un coup d’œil, si c'est un bouffon, ça se voit tout de suite. […] Alors j'ai dit bon, je veux bien faire reurti. Djamel il m'a demandé de revenir le lendemain soir, parce qu'il avait repéré un parking de richards avec des super bagnoles. […] J'étais super content. Du fric, j'en ai jamais ou pas assez. Cédric ou Nathalie ils me donnent, ou Monsieur Hardouin quand il a gagné au Tac au tac, mais c'est relou de dépendre des autres. La thune, ça se gagne. » Thierrry Jonquet, la vie de ma mère !, Gallimard, 1994. Q1 : Quelles sont les motivations qui poussent le narrateur à devenir le complice de voleurs ? Q2 : Quel est le rôle de Djamel vis-à-vis du narrateur ? Q3 : En quoi la dernière phrase est-elle paradoxale ?