I COMMENT LE CONTROLE SOCIAL S`EXERCE-T

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I COMMENT LE CONTROLE SOCIAL S`EXERCE-T
COURS PREMIERE ES – LVH – STRATAKIS – 2012/2013
Partie 2 Sociologie Chapitre 3 : Contrôle social et déviance
SOCIOLOGIE
Chapitre 3 :
CONTROLE SOCIAL ET DEVIANCE
★Questions centrales du chapitre 3 :
Comment le contrôle s’exerce-t-il dans les sociétés modernes ?
Comment expliquer la déviance ?
Qu’est-ce que la délinquance et comment la mesurer ?
Objectifs du chapitre 3 :
Acquérir des savoirs :
Savoir définir les notions essentielles du programme de première :contrôle
social, formel, informel, stigmatisation, dissuasion, déviance primaire/secondaire,
anomie, chiffre noir de la délinquance, enquête de victimation.
Il faut savoir :
Montrer l’évolution du contrôle social dans les sociétés modernes, du contrôle
informel par les groupes primaires, au contrôle formel par les institutions
spécialisées.
Montrer l’impact des nouvelles technologies dans le contrôle social.
Définir la déviance et ses différentes formes selon les groupes sociaux et les
époques.
Expliquer les processus qui mènent à la déviance.
Définir la délinquance et expliquer les modes de construction des statistiques
produites par la police et la justice concernant la délinquance.
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Acquérir des savoir-faire :
savoir lire et interpréter des tableaux à double entrée et différents types de
représentations graphiques (diagrammes, représentations de séries
chronologiques)
savoir lire et interpréter, utiliser les taux de répartition, taux de croissance, taux
de croissance moyen, indice simple (de base 100), pour établir des comparaisons
dans le temps et l’espace.
Plan du cours :
I Comment le contrôle social s’exerce-t-il aujourd’hui ?
II Quels sont les processus qui conduisent à la déviance ?
III Comment mesurer le niveau de la délinquance ?
I COMMENT LE CONTROLE SOCIAL S’EXERCE-T-IL AUJOURD’HUI ?
(A partir de Hatier p 272 et 273 )
Activité de sensibilisation n°1
Commentaires sur les documents : « Facebook : une menace pour la vie privée ? »
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Partie 2 Sociologie Chapitre 3 : Contrôle social et déviance
Pauline 28 ans travaille depuis deux ans dans une
association
professionnelle
liée
à
la
grande
distribution. Pendant son temps libre, elle entretient
un journal intime sur un blog, protégé par son
pseudonyme, mais rempli d’informations sur sa vie
privée. Elle fréquente aussi beaucoup Facebook. Or,
récemment, une collègue lui a confié qu’avant son
embauche, leur patron lui avait demandé de faire une
recherche sur son nom. « Elle avait même découvert
des trucs anciens que j’avais oubliés : que j’avais
participé à un concours de danse dans ma ville natale
quand j’avais 14 ans, que j’étais allée à une manif
quand j’étais étudiante….(..) ça m’a choquée, j’en ai
vraiment voulu à mon patron ».
Pauline décide alors de se désinscrire de Facebook : «
Je me suis renseignée sur la démarche à suivre mais
au moment de passer à l’acte, je n’ai pas pu.
Facebook c’est trop génial, j’aurais du mal à m’en
passer. » Elle a quand même fait le tri dans ses
photos. Quand on lui demande quelle sera son
attitude le jour où elle devra recruter son assistant, le
ton change : « je ferai peut-être une recherche pour
en savoir plus sur la personnalité des candidats. »
Q1. Expliquez pourquoi pauline
est choquée. Qu’en pensez-vous ?
Yves Eudes « Nos vies sur Internet à perpète », le
Monde, 1er avril 2009
Q2. En quoi son attitude envers Facebook est-elle ambigüe ?
Q3. Facebook favorise-t-il la liberté d’expression ou le contrôle de la vie privée ?
Activité de sensibilisation n°2 :
Extraits du film : Persepolis, par MarjaneSatrapi :marjaneStrapi dépeint son enfance
passée en Iran au moment de la révolution iranienne en 1979.
Q1. Quelles sont les différentes formes de contrôle social visibles dans ce film ? Prenez
des exemples précis.
Q2. Quel est le comportement de Marjane ? Comment l’expliquer ?
Document 1 : l’évolution du contrôle social
Les pères fondateurs de la sociologie distinguent les rapports sociaux qui se nouent dans
une communauté et qu’Emile Durkheim résume dans la notion de solidarité mécanique.
Le lien social obéit alors au principe de fusion dans le « nous » communautaire. Les
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Partie 2 Sociologie Chapitre 3 : Contrôle social et déviance
rapports entre individus sont proches, physiquement et mentalement, ils sont
naturellement chaleureux et fondés sur la similitude.
Ils opposent à cette forme du lien social celle qui apparaît dans des groupes plus
complexes et qui suppose que chacun soit conscient de son rôle dans le bon
fonctionnement de la société. Cependant, ces rapports sont caractérisés par des relations
plus froides et plus lointaines : les relations de face à face sont plus nombreuses mais
plus superficielles.
D’après M. Xiberras, Les théories de l’exclusion, MerdidiensKlincksieck, 1992, Nathan 2011 .
Q1 : Des enfants jouent au pied d’un immeuble. Ils lancent trop régulièrement la balle
vers les vitres et les voitures en stationnement. Comment ce comportement sera-t-il
réprimé dans une petite copropriété où tout le monde se connaît ?
Dans un grand ensemble d’immeubles où les familles se connaissent peu ?
Exercice : Les différents délits et crimes associés aux différents tribunaux ( cf Hatier doc 2
p 276) : Listez les différents types de tribunaux en France et donnez un exemple de
litige, délit ou crime associé à chacun.
Synthèse du I : Comment le contrôle social s’exerce-t-il aujourd’hui ?
Le contrôle social, c’est l’ensemble des ressources matérielles et symboliques dont
dispose une société pour assurer la conformité du comportement de ses membres à un
ensemble de règles et de principes prescrits et sanctionnés. Définition de Raymond
Boudon et François Bourricaud, Dictionnaire critique de la sociologie, PUF 2000.
La conformité des comportements aux normes dominantes est obtenue par
l’intériorisation de ces normes au cours de la socialisation mais aussi par la dissuasion,
qui désigne le fait que des individus renoncent à transgresser les normes par peur de la
sanction.
Les sanctions peuvent être formelles (amendes, peines de prison…), et donc
explicitement données par des autorités reconnues dans la société (police, justice,
administration d’une école…).On parle alors de contrôle social formel.
Les sanctions peuvent être informelles (réprobation, moqueries, mise à l’écart…) et venir
alors d’individus ou groupes sociaux tels que la famille, les groupes de pairs, le voisinage,
les collègues de travail…Il s’agit alors de contrôle social informel.
Dans les sociétés traditionnelles et les petits groupes sociaux, le contrôle social est
surtout informel, assuré par les groupes primaires (famille, voisinage, pairs …). Les
individus sont en permanence sous le regard des autres. Dans les sociétés modernes
urbanisées, le contrôle social de proximité est affaibli. Le contrôle social est davantage
formel, aux mains des institutions spécialisées (école, police, justice…).
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Partie 2 Sociologie Chapitre 3 : Contrôle social et déviance
II QUELS SONT LES PROCESSUS QUI CONDUISENT A LA DEVIANCE ?
Activité de sensibilisation
« Quand le port du pantalon dérange » Belin documents « réagir » p 306
Q1. Pourquoi empêcher le port du pantalon par les femmes ?
Q2. Comment une femme qui porte un pantalon en France au XIXème siècle est-elle vue
perçue dans la société ?
Document 2 : La déviance, une notion relative Belin doc 1 p 306
Q1. Un comportement peut-il être considéré comme déviant en soi ?
Document 3 Comment devient-on déviant ? De l’école à la bande Belin doc 2 p 311
Q1. Comment s’est opérée la rupture de LamenceMadzou avec l’école ?
Q2. Comment expliquer le processus de la déviance dans cet exemple-ci ?
Document 4 : La déviance comme tendance juvénile Belin doc 1 p 310
Q1. Pourquoi la jeunesse se prête-t-elle particulièrement à la réalisation d’actes
déviants ?
Q2. Listez les différents facteurs explicatifs de la déviance énoncés dans ce texte.
Document 5 : La bande comme « contre-société » Belin doc 3 p 311
Q1. D’après l’auteur, qu’est-ce qui, au départ, peut rapprocher les membres d’une
bande ?
Q2. Que peut apporter la bande à ses membres ?
Q3. La finalité de la bande est-elle de commettre des actes déviants ?
Synthèse du II : Quels sont les processus qui conduisent à la déviance ?
La déviance est la transgression des normes propres à un groupe social. Dans ce sens,
elle est relative à un groupe social, à une époque donnée.
Elle peut être expliquée par la faiblesse des normes dans une société ou des groupes
sociaux
où le contrôle social ne s’exerce pas suffisamment. On parle d’anomie
(affaiblissement ou absence de normes).
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Partie 2 Sociologie Chapitre 3 : Contrôle social et déviance
Elle peut aussi être liée au fait de vouloir atteindre les buts proposés par la société, par
d’autres moyens que les moyens conventionnels (dont certains ne disposent pas). Dans
une société de consommation où les biens se multiplient, certains individus ou groupes
qui n’y ont pas accès (faiblesse ou absence de revenus) optent pour des moyens
déviants afin de les obtenir. Cf le sociologue fonctionnaliste Merton.
La déviance peut également s’expliquer par le fait que les normes dominantes ne sont
pas nécessairement intériorisées par les individus, s’ils appartiennent à des groupes
sociaux dont les normes diffèrent (c’est le cas par exemple des individus exposés
quotidiennement à la violence verbale et/ou physique au sein de leur famille).
Enfin les sociologues interactionnistes Comme Becker insistent sur l’étiquetage dans le
processus de déviance. Ici, on distingue la déviance primaire (acte de transgression
de normes) de la déviance secondaire (acte de transgression de normes repéré et
étiqueté comme tel par les autorités ou des groupes sociaux plus informels). Est déviant
celui qui est désigné comme tel par le groupe social, par la société. On aboutit alors à la
stigmatisation, c'est-à-dire le fait d’attribuer à un individu des comportements
particuliers, du fait de ses caractéristiques sociologiques (âge, sexe, origine sociale, …)
ou de ses actes précédents. Les individus s’approprient alors peu à peu cette identité de
déviant, dans les interactions quotidiennes avec les autres, notamment les autorités en
présence.
Les groupes d’individus jugés déviants (comme les « bandes ») peuvent recréer une
société avec d’autres normes et valeurs que la société globale, où les individus peuvent
avoir une reconnaissance sociale, des échanges (don/contre-don) etc…en se conformant
aux normes de ce groupe.
III COMMENT MESURER LE NIVEAU DE LA DELINQUANCE ?
Activité de sensibilisation
Qu’est-ce qu’un délinquant selon vous ? Illustrez avec plusieurs exemples de votre choix.
Document 6 : Le « chiffre noir » de la délinquance Belin doc 1 p 312
Q1. Les statistiques de la police enregistrent-elles l’ensemble des actes délictueux ?
Pourquoi ?
Q2. Qu’appelle-t-on le « chiffre noir » de la délinquance ?
Q3. Par quelles méthodes peut-on tenter d’évaluer ce chiffre noir ?
Document 7 : l’inflation des gardes à vue Belin doc 2 p 313
Q1. Calculez l’évolution des gardes à vue entre 2001 et 2008 ?
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Partie 2 Sociologie Chapitre 3 : Contrôle social et déviance
Q2. Cette hausse reflète-t-elle selon vous seulement celle des actes délinquants ?
Q3. Quels sont les principaux motifs de gardes à vue ? Qu’ont-ils en commun ?
Document 8 : Batailles de criminologues Belin doc 3 p 313
Q1. Peut-on affirmer facilement que la délinquance juvénile a augmenté ?
Q2. La définition des actes délinquants reste-t-elle la même au fil du temps ?
Document 9 : A chaque milieu social ses déviances Hatier doc 4 p 287
A l’instar du scandale d’Enron (faillite frauduleuse aux Etats-Unis en 2001), chaque faillite
met en évidence son lot de pratiques illicites : faux en bilan, corruption, blanchiment
d’argent sale, etc.. Ainsi les places off-shore (paradis fiscaux) sont aujourd’hui aux
délinquants économiques et financiers ce que sont les quartiers désertés par les forces de
l’ordre pour les délinquants de nos espaces urbains. Le terme de « criminalité en col
blanc » est utilisé pour évoquer ce type de délinquance (…) : cette labélisation ne porte
pas sur l’objet des infractions, les « biens économiques et financiers », mais se focalise
plutôt sur leurs auteurs, les élites (économiques, financières, politiques) en opposition
aux « cols bleus », c’est-à-dire les travailleurs et exécuteurs appartenant aux classes
plus défavorisées, traditionnellement accusées des atteintes à la propriété.
Véronique Pujas, « délinquances économiques et financières » in En quête de sécurité, S. Roché,
Armand Colin 2003, in Hatier 2011.
Q1. Expliquez en quoi consiste chaque exemple évoqué dans la phrase soulignée.
Q2. Pourquoi cette forme de délinquance est-elle qualifiée de « criminalité en col
blanc » ?
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Partie 2 Sociologie Chapitre 3 : Contrôle social et déviance
Synthèse du III : Comment mesurer le niveau de la délinquance ?
La délinquance est une des formes de la déviance (toute déviance n’est pas
délinquance). Ce terme regroupe l’ensemble des actes qui enfreignent la loi, à des degrés
divers, du feu rouge brûlé, au vol, au détournement d’argent, au crime.
Compter les actes délinquants dans une société est complexe. Les institutions qui
recensent ces actes sont la police et la justice. * Mais tous les actes ne sont pas
recensés, car ils ne donnent pas tous lieu à des plaintes (découragement, peur, honte
etc… peuvent expliquer ces non déclarations). Des enquêtes de victimation menées
auprès d’échantillons représentatifs de la population d’un pays, d’une ville ou d’un
quartier, donnent un autre chiffre de la délinquance que les statistiques institutionnelles.
Les chiffres non visibles de la délinquance sont appelés le chiffre noir de la
délinquance : c’est la différence entre délinquance réelle et délinquance apparente.
Attention cependant les enquêtes de victimation ne font pas tout apparaître, par exemple
les délits tels que la corruption, la consommation de produits illicites, le blanchiment
d’argent, la corruption ne seront pas cités par … leurs auteurs.
Les enquêtes de victimation font apparaître cependant les mêmes tendances que les
statistiques officielles : baisse des atteintes aux biens et augmentation des atteintes aux
personnes.
Les chiffres de la délinquance doivent être abordés avec réserve dans la mesure où ils
évoluent avec les normes et donc avec le type d’actes incriminés (pour illustration, les
principales causes de condamnation au XIX et XXème siècles dans les tribunaux français
étaient le vagabondage et la mendicité ; ce ne sont plus des délits depuis 1994-cf
Mucchielli in Hatier 2011).
Ces chiffres dépendant aussi des méthodes utilisées par la
police et des objectifs visés. Si l’accent est mis par exemple sur l’immigration
clandestine, le nombre de gardes à vue peut augmenter très vite. De même que s’ il y a
pression sur la police pour montrer qu’elle est active (en affichant des arrestations), cela
peut inciter à davantage d’arrestations de petits délits. L’augmentation des actes de
délinquance enregistrés ne sera alors pas le reflet d’une réelle augmentation de la
délinquance.
Pour approfondir, à visiter, à lire, à voir :
Statistiques de la police et de la gendarmerie sur : www.inhesj.fr
Statistiques judiciaires et pénitentiaires sur : www.justice.gouv.fr
Le site Internet
www.carceropolis.fr, Le site d'information et de ressources multimédia sur les
prisons et l'univers carcéral en France.
Le film : Un prophète de Jacques Audiard, 2009, sur la socialisation dans l’univers carcéral.
Les livres : J’étais un chef de gang, de Lamence Madzou et Marie-Hélène Bacqué, La découverte,
2008 ; Outsiders de Howard Becker 1963, éditions Métailié
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