Les villes du monde et leurs problèmes.

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Les villes du monde et leurs problèmes.
Les villes du monde et leurs problèmes.
Introduction:
Toute une série de documents (planisphère de l'urbanisation du monde, extraits
d'articles de journeaux, extraits d'ouvrages, tableaux statistiques, documents
photographiques, schéma urbain de la ville de Chicago) mettent en relief les caractères
originaux des villes du monde. Ces documents présentent des constats, montrent des
évolutions, soulèvent des problèmes. Ils symbolisent en raccourci les contrastes entre le
nord et le sud; ils expriment des inquiétudes, parfois un peu d'espoir. Qu'en est-il?
I/ Les contrastes dans l'urbanisation du monde sont une évidence. (doc. 1 et 2)
1/ une urbanisation inégale comme l'indique le planisphère (document 1)
a. des espaces fortement urbanisés:
ceux regroupant les pays développés (au delà de 65% d'urbains). Quatre ensembles se
dégagent:
§ L'Europe de l'ouest (Suède, Allemagne)
§ L'ex "Empire soviétique" (ex-URSS, Europe centrale)
§ L'Australie
§ L'Amérique du nord (Etats-Unis, Canada)
dans les espaces en voie de développement:
§ L' Amérique du Sud (Venezuela, Argentine, Pérou, Brésil notamment)
§ Quelques pays d'Afrique (Lybie, Afr. du Sud) et du Proche Orient (Arabie Saoudite).
b. Des espaces faiblement urbanisés (moins de 55% d'urbains).
§ Notamment l'Afrique noire et l'Asie (Inde, Chine, Indonésie)
c. des explications nombreuses:
◊ La forte urbanisation:
dans les pays développés elle est ancienne et remonte aux révolutions industrielles
(les villes du nord français se sont construites autour des puits de charbon). Aux Etats-Unis
l'immigration des 17,18 et 19è siècle explique la forte urbanisation de la Nouvelle Angleterre
(Boston...). Ailleurs (Australie, Suède...) ce sont les conditions naturelles hostiles qui ont
imposé les regroupements urbains.
dans les pays pauvres les mêmes facteurs se conjuguent:
§ historiques: dans les principaux états d'Amérique du Sud, la colonisation
européenne s'est fixée dans les villes littorales.
§ économiques: urbanisation et cycles économiques au Brésil: Sao Paulo et le cycle
du café, Belo Horizonte et le cycle de l'or.
§ naturelles: En Arabie Saoudite, en Libye, le désert a chassé l'homme et l'a
contraint au regroupement.
◊ La faible urbanisation en Afrique du nord et en Asie montre des pays à dominante
rurale: l'Inde et la Chine sont les pays du riz (la faible productivité rurale implique une main
d'oeuvre nombreuse travaillant et vivant sur place).
2/ des croissances urbaines contrastées (document 2. extrait d'un article du journal "Le
Monde" datant de 1992 et citant l'ONU.)
a. Ralentissement de la croissance urbaine dans les pays développés. (0,7% de croissance
annuelle en Europe). Dans ces pays l'urbanisation est un phénomène ancien (révolutions
industrielles). Par ailleurs les conditions de vie, la fiscalité expliquent le "désengorgement"
des villes. De plus en plus on travaille dans la cité mais on vit à la campagne: la
"rurbanisation" est un phénomène qui s'amplifie.
b. explosion urbaine du tiers-monde. Le cas de l'Afrique noire est le plus significatif (5,6% de
croissance au cours de la période 1985-1990; près de 7% pour l'Afrique orientale!). Pour ce
continent deux facteurs sont à prendre en compte: le facteur démographique (accroissement
naturel) et les migrations internes (exode rural) ou internationales (Mauritaniens, Burkinabés,
Maliens chassés par la misère ou l'oppression fuient vers le Sénégal ou la Côte d'Ivoire).
II/ Des évolutions urbaines bien marquées (documents 1 à 4)
1/ La multiplication et le renforcement des villes multi-millionaires va se poursuivre
(documents 1 et 4):
a. multiplication: en l'an 2000 on comptera 25 agglomérations de plus de 10 millions
d'habitants contre deux seulement en 1950.
b. Ce renforcement est un phénomène général et concerne aussi bien les villes du nord
industriel (Europe de l'Ouest avec Londres, Paris; Etats-Unis avec les villes de la mégalopole
et des grands lacs...) que les villes du Tiers-monde (Pékin, Shangaï en Chine, Le Caire en
Egypte, Rio, Sao Paulo au Brésil.).
c. cet accroissement profite surtout à des villes polyfonctionnelles qui rassemblent souvent
les fonctions de capitale politique, économique et culturelle. (Tokyo est à la fois un port, une
capitale politique, une capitale financière, et une capitale culturelle avec ses théâtres, ses
cinémas, sa presse... Mexico, comme le montre Cl.Bataillon, correspond également à ce
schéma).
2/ la hiérarchie urbaine se modifie sous nos yeux:
a. en 1950 les agglomérations multi-millionaires étaient au nord (New-York et Londres en
tête) tout en demeurant modestes (New York dépasse à peine 14 millions d'habitants, et
Londres plafonne à 10,4 millions d'habitants).
b. en 2000 ce sont les villes de l'actuel tiers-monde qui s'imposeront. Ainsi les villes
d'Amérique latine grâce à Mexico et Sao Paulo, ou d'Asie grâce à la Chine (Shangaï atteint
près de 23 millions d'habitants, Pékin 20 millions) et grâce à l'Inde (Bombay et Calcutta
compteront respectivement 17,1 et 16,7 millions d'habitants). A l'inverse les villes du nord
reculent dans la hiérarchie mondiale: New-York, première en 1975, recule au quatrième
rang, Tokyo-Yokohama passe du deuxième au troisième rang.
c. A terme ce sont les pôles de puissance dans le monde qui se trouveront déplacés.
3. l'urbanisation dans le tiers-monde est un cas original (document 2)
a. Il s'agit d'un phénomène brutal (progression de près de 7% entre 1985 et 1990 pour
l'Afrique de l'est).
b. Cette brutalité conduit à une hypertrophie des villes notamment en Afrique, gangrénée par
le phénomène de "macrocéphalie" (pourcentage élevé de la population d'un pays massé
dans une seule ville). C'est le cas des grandes villes d'Afrique comme Abidjan, Le Caire mais
aussi d'Amérique centrale (Mexico) et d'Asie (Séoul). Ces villes tentaculaires gonflées par
l'exode rural sont l'exutoire de la misère et ne peuvent répondre aux besoins de la population
(travail, services insuffisants...). Toutefois ce phénomène demeure inégal, moins marqué par
exemple en Chine ou au Brésil où un tissu de villes moyennes relaie les grandes métropoles.
En Côte d'Ivoire le transfert d'Abidjan à Yamoussoukro des fonctions de capitale fut une
tentative peu concluante pour contrer ce phénomène (Ministères, sièges sociaux des
entreprises sont en fait restés dans l'ancienne capitale).
c. Malgrè tout le Tiers-monde reste encore peu urbanisé. "En 1990, 30% de la population
subsaharienne vivait en milieu urbain."
III/ Des paysages urbains à l'image de ces évolutions:
1/ des espaces différenciés.
a. Rio de Janeiro au Brésil symbolise les villes du Tiers-monde
Rio, ville portuaire du sud-est brésilien, s'ouvrant sur l'Atlantique, est le produit de
l'économie coloniale (XVIIè siècle, cycle de la canne à sucre).
Au fond sur la photographie apparaissent les gratte-ciel à l'américaine, plantés à la
périphérie du coeur historique. C'est le centre des affaires sur lequel s'appuient les beaux
quartiers ("ghettos de luxe"). Au premier plan sont les bidonvilles ("favela"), quartiers
populaires avec baraquements de fortune.
Ces deux espaces fortement contrastés sont imperméables l'un à l'autre et
symbolisent deux mondes opposés: celui de la richesse extrême et celui de la pauvreté.
b. Los Angeles et Chicago sont représentatives des villes du nord.
Le plan de Chicago reproduit le stéréotype des villes américaines. Le coeur
économique est matérialisé par le CBD (Central Business District). A l'arrière (en première
pépriphérie) sont les quartiers délabrés et les ghettos (ghettos ethniques souvent composés
de noirs et de latinos). La grande périphérie est celle des banlieues (zones pavillonaires pour
les hauts revenus et nouveaux quartiers industriels). Des radiales (grands axes routiers)
transpercent cet espace pour rejoindre le CBD.
La photographie de Los Angeles reproduit ce schéma et montre la densité du réseau
routier. (Los Angeles est bien la ville de l'automobile).
2/ de nombreux problèmes résultent de cette évolution.
a. les villes du Tiers-monde souffrent de macrocéphalie, elle-même responsable de la misère
(pauvreté, petits boulots, infrastructures déficientes): l'économie urbaine ne peut répondre à
la demande. Par ailleurs les clivages sociaux sont excessifs et opposent deux mondes, celui
de la richesse et celui de la pauvreté. Ces clivages entretiennent la ségrégation sociale,
l'incompréhension, la violence.
b.
◊ les villes des pays développés présentent des symptomes parfois identiques:
clivages sociaux et ghettoïsation sont la règle. Les centres-villes jadis vivants et prospères
se sont vidés de leur population riche, les plus pauvres (notamment les populations de
couleur) ont comblé le vide et aggravé le phénomène de paupérisation. Les services, les
infrastructures se dégradent (hôpitaux, voierie...); les impôts rentrent mal... Pour New-York,
Pittsburgh, Saint-Louis, c'est "Apocalypse Now" (document 3b).
◊ D'autres problèmes plus spécifiques se font jour:
§ L'étalement des quartiers périphériques le long des axes de communication où
se construisent de nouveaux ensembles industriels ("High Tech Corridors") comme à
Boston. Ce sont ainsi de nouvelles conurbations avec centres multiples qui voient le jour. On
parle, comme pour Los Angeles, de métropoles polycentriques.
§ Cet étalement pose à son tour des problèmes: celui des conditions de vie liées
notamment aux transports et au phénomène de "migration pendulaire", celui de la pollution,
des embouteillages... Toutefois un phénomène récent, la "gentrification" montre que la
réhabilitation des coeurs urbains est en cours. Ce mouvement trop tardif est de toute façon
inutile, les classes aisées chassant les classes modestes à la périphérie.
Conclusion:
Au total cette série de documents a montré l'importance et la complexité du
phénomène urbain dans le monde. Partout, au nord comme au sud, une meilleure
distribution des hommes dans l'espace s'impose. A condition que leur croissance soit
maitrisée, les villes du Tiers-Monde peuvent devenir des pôles de développement. C'est loin
d'être le cas aujourd'hui sauf exception (Mexico, document 3a).