LES ARBRES Plantation, soins et entretien
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LES ARBRES Plantation, soins et entretien
LES ARBRES Plantation, soins et entretien Dans le cadre de son plan de communication 2014, la Ville de Prévost publie, chaque mois, une rubrique d’information sur les arbres. Éléments importants de notre patrimoine et de notre environnement urbain, les arbres sont souvent méconnus et les interventions sur ceux-ci, mal effectuées malgré la bonne volonté de tous. Cette rubrique mensuelle traitera brièvement de plusieurs aspects de ces végétaux, allant du choix de l’arbre à planter, à l’entretien des arbres matures en passant par les fausses idées répandues et le choix d’un professionnel arboriculteur. Chapitre 3 – Fausses croyances et mauvaises pratiques répandues Dans le domaine de l’arboriculture, nombreux sont les mythes véhiculés et pratiqués en toute bonne foi. Ceux-ci sont parfois anciens et ont été récemment modifiés par les dernières recherches et d’autres proviennent de l’horticulture et sont faussement transférés à l’arboriculture. La prolifération « d’experts du dimanche » ou « d’experts d’une autre génération » sur Internet fait aussi la vie dure à ces croyances en propageant ces faussetés. Voyons ici les principales ou celles ayant les plus grands impacts sur les arbres. Cliquez directement sur le mythe pour accéder au chapitre du document. 1. On doit recouvrir une coupe ou remplir une plaie ou une cavité avec un ciment, une peinture ou une pâte spéciale. 2. Une plaie est automatiquement une zone de faiblesse du tronc. 3. Il est possible de tailler un arbre pour lui donner la forme que l’on désire. 4. Étêter un arbre le fera « fournir » et élargir. 5. Des racines peuvent percer un solage ou une conduite. 6. Les arbres ont un système racinaire profond. 7. Le système racinaire d’un arbre mature a sensiblement le même diamètre que ses branches.¸ 8. Lorsque l’on plante un arbre, il faut tailler des branches de façon à en retirer un certain pourcentage. 9. Lorsque l’on plante un arbre à racines nues, il faut tailler les racines. 10. Seul le tronc d’un arbre est à protéger des blessures durant une construction pour permettre de le conserver sans dommages. 1. On doit recouvrir une coupe ou remplir une plaie ou une cavité avec un ciment, une peinture ou une pâte spéciale. FAUX. On a longtemps cru que c’était le cas (et plusieurs intervenants le pensent encore…), mais les études récentes sur le sujet ont démontré sans équivoque que ces pratiques ne facilitaient pas la cicatrisation d’une plaie et n’empêchaient pas les infections et la pourriture d’entrer. En fait, ces « remplissages » offrent rapidement des abris pour les insectes et des zones humides où proliféreront les champignons et la pourriture. Protéger une coupe fraîche ne sert à rien, tout est dans la qualité de la coupe. Plusieurs centres jardin et plusieurs « professionnels » parlent encore de ces méthodes, voire les pratiquent toujours. Si quelqu’un vous le recommande ou si vous lisez ces recommandations sur un site Internet, vous pouvez immédiatement savoir que la personne ou le site en question n’est plus à jour dans ses connaissances. 2. Une plaie est automatiquement une zone de faiblesse du tronc. FAUX. Une plaie bien cicatrisée avec un cal (lèvre qui se forme autour d’une plaie et qui tend à la refermer) en santé et bien formé, dont le bois intérieur n’est pas pourri (ne pas confondre sec et pourri), n’est pas un problème au niveau de la résistance du tronc. Le cal est en fait plus solide que le bois habituel pour compenser la faiblesse engendrée par un trou. Il faut toutefois porter une attention particulière à l’évolution d’une plaie et de son cal. Ainsi, lorsque la pourriture s’installe ou si la cavité s’agrandit, le tout peut effectivement devenir une zone de faiblesse. 3. Il est possible de tailler un arbre pour lui donner la forme que l’on désire. FAUX. Tout arbre a une forme naturelle typique et tendra vers celle-ci si on le taille autrement. Par exemple, si on essaie de tailler un érable à sucre en forme évasée (en V) pour l’empêcher de frotter sur la gouttière, il développera continuellement de nouvelles branches et des gourmands pour retrouver sa forme globulaire (ovoïde), dépensant inutilement beaucoup d’énergie dans ce processus. On parle ici d’arbres isolés, ce qui est habituellement le cas en foresterie urbaine. En forêt, le port d’un arbre est relatif à d’autres facteurs, mais tendra vers le port typique naturel. TOUTEFOIS, il est possible, pour un professionnel en la matière, de tranquillement, à l’aide de tailles directives soigneusement et judicieusement effectuées et sur un long laps de temps, de faire tendre un arbre vers une forme désirée. Ainsi, certains professionnels sont capables de donner des formes de personnages ou d’animaux à des arbres d’essences choisies. Il en va de même de l’art du bonzaï. Sans compétences très particulières et connaissances approfondies de la morphologie et de la croissance des arbres, essayer de sculpter un arbre lui fera nécessairement du tort. 4. Étêter un arbre le fera « fournir » et élargir. FAUX. Un arbre ne réagit pas comme un arbuste. On ne doit jamais étêter un arbre puisque cela lui fera produire des gourmands qui sont peu solides. Cette méthode est souvent utilisée dans le but de diminuer les risques de bris, mais cela rend les arbres plus dangereux à long terme en plus de les affaiblir substantiellement, les rendant ainsi moins résistants aux maladies. Il y a des façons de réduire la hauteur d’un arbre, cela s’appelle l’écimage, mais cette technique est réservée aux professionnels. 5. Des racines peuvent percer un solage ou une conduite. FAUX. Idée tout de même très répandue, le concept de la racine « perceuse » est en fait totalement faux. La croissance d’une racine, débute par des tissus mous qui n’ont en fait aucune force et qui ne peuvent que remplir des espaces vides. Par la suite, ceux-ci durcissent et se transforment en bois, mais en conservant la forme des tissus mous, sans exercer de force capable de casser du béton ou une conduite. Si on dégage une fondation de bâtiment et que l’on remarque des racines dans une fissure, la fissure était là avant la racine qui n’a fait qu’occuper un espace vide et cette racine ne va jamais profondément dans l’épaisseur de la fondation. De même, si une conduite est bouchée par des racines, cela indique qu’initialement, ladite conduite une de ses connexions était fendue et que les racines sont entrées par cette ouverture. Si de l’eau ou des éléments nutritifs sont présents à l’intérieur de la conduite, les racines vont alors proliférées pour les capter. Il est aussi faux de croire que la racine « détecte » l’eau et encore plus à travers un obstacle solide. Si aucun élément nutritif n’est présent dans un milieu (par exemple dans une fondation de gravier net sous du pavé) et s’il n’y a pas non plus d’eau ou si l’arbre ne manque pas d’eau à proximité, les racines ne proliféreront pas dans ce milieu. On croit souvent que les racines poussent sous l’asphalte, mais, en réalité, lorsque cela se produit, le problème vient de l’absence de fondation adéquate et bien drainée comme c’est souvent le cas pour les entrées résidentielles. Ainsi, un drain français (par définition troué), qui est obstrué par des racines, est nécessairement mal drainé et conserve de l’eau alors qu’il devrait l’évacuer sans délai. L’obstruction par les racines est donc une conséquence de mauvaise conception ou de mauvais fonctionnement du drain et non la cause des problèmes. 6. Les arbres ont un système racinaire profond. FAUX. Chez la grande majorité des essences d’arbres, 85 % du système racinaire se situe dans les deux premiers pieds (60 cm) de profondeur. Quelques essences possèdent en plus une racine verticale (appelée pivotante ou pivot), qui peut descendre profondément, mais qui ne s’étend pas en largeur. Exceptionnellement, dans certaines conditions, des racines latérales peuvent descendre plus profondément dans le sol pour différentes raisons, mais cela demeure en faible proportion par rapport au système racinaire global. Il s’agit de regarder un arbre mature déraciné pour constater, même dans un sol profond, la faible épaisseur de la motte de racines. C’est en prenant en considération cette faible profondeur de la majeure partie des racines que l’on comprend le fort impact qu’a la compaction du sol au-dessus des racines sur la santé d’un arbre. 7. Le système racinaire d’un arbre mature a sensiblement le même diamètre que ses branches. FAUX. Bien que le système racinaire se retrouve en majeure partie dans la portion de sol située sous la ramure, plusieurs racines importantes peuvent s’étendre jusqu’à deux voire trois fois cette distance du tronc. Il est en fait impensable que les racines d’un arbre de forme columnaire ou à port étroit se restreignent aux premiers mètres à partir du tronc. 8. Lorsque l’on plante un arbre, il faut tailler des branches de façon à en retirer un certain pourcentage. FAUX. On ne doit pas causer plus d’un stress à la fois à un arbre. La plantation dans un nouveau milieu crée un certain stress pour un arbre, on ne doit donc pas lui en causer un supplémentaire en diminuant sa superficie foliaire et donc sa surface de photosynthèse en plus de lui demander de refermer des plaies causées par un émondage. On a tendance, à tort, de croire que la plantation d’un arbre n’est pas cause de stress, mais celui-ci doit s’adapter à de nouvelles conditions d’humidité, d’ensoleillement, de sol et de vent. Lors de la plantation, on ne doit couper que les branches mortes ou brisées. On doit impérativement attendre quatre saisons complètes avant de tailler un jeune arbre pour la première fois. Voir la rubrique du mois de mars au point 12 pour plus de détails. 9. Lorsque l’on plante un arbre à racines nues, il faut tailler les racines. FAUX. Il faut conserver le plus de racines possible lors de la plantation d’un arbre à racines nues. Tailler les pointes des racines ne stimulera pas leur croissance donc ne tailler que les racines endommagées. Il faut savoir que les éléments nutritifs et l’eau sont puisés dans le sol par les radicelles (parfois appelées « cheveux ») qui poussent en majeure partie à l’extrémité des racines. En les taillant, on restreint les capacités d’un arbre nouvellement planté à puiser les éléments vitaux dont il a besoin, en plus de lui causer un stress supplémentaire. 10. Seul le tronc d’un arbre est à protéger des blessures durant une construction pour permettre de le conserver sans dommages. FAUX. Bien qu’il soit nécessaire de protéger le tronc, entre autres, contre les coups de pelle mécanique, on doit aussi délimiter un périmètre de quelques mètres autour d’un arbre mature en éloignant toute circulation de machinerie afin de protéger les racines contre la compaction du sol. Les dimensions de ce périmètre dépendent de plusieurs facteurs dont la composition du sol, le niveau de tolérance de l’essence à la compaction, son diamètre ainsi que son âge estimé. Devant l’impossibilité d’avoir ces informations, de même que les chartes de calcul de la zone de protection optimale, il faut éviter toute circulation à une distance du tronc équivalente au deux tiers du rayon de la ramure. En réalité, la cause principale de mortalité à moyen terme des arbres conservés sur un terrain récemment construit est la compaction du sol au-dessus et autour des racines. Ainsi, faute de pouvoir respecter un périmètre de protection optimal, on doit mettre en place des éléments de protection contre la compaction (épaisseur substantielle de paillis, plaques de métal de grandes dimensions, etc.) dans le secteur où la circulation est inévitable. Il est important de toujours se rappeler que l’arboriculture n’est pas de l’horticulture et que les connaissances dans ce domaine sont en perpétuelles révisions et améliorations. À l’heure actuelle, beaucoup d’études se font sur les arbres et plusieurs inconnus sont encore présents en arboriculture. Les « essais et erreurs » se font à très long terme lorsque l’on parle de végétaux qui atteignent leur maturité en 40 ans voire plus et ainsi, plusieurs facteurs peuvent influencer, au cours des années, les résultats et donc les conclusions tirées. La formation continue est très importante pour tout spécialiste dans ce domaine et savoir couper un arbre et se servir d’une scie mécanique ne veut pas dire, loin de là, que l’on sait entretenir un arbre ou que l’on connaît la physiologie de ces végétaux.